Règlement 2021: l'impasse
Le règlement technique de la saison 2021 doit être dévoilé à la fin du mois d'octobre, et l'incertitude demeure autour des normes qui seront adoptées. Voilà qui donne le tournis aux staffs techniques qui doivent pourtant déjà plancher sur les monoplaces qui rouleront dans moins de dix-huit mois. « Nos ressources sont poussées et tirées dans de nombreuses directions et les changements proposés pour 2021 sont énormes. Ce n'est pas une évolution comme ce que nous avons connu entre 2016 et 2017, et cela va être assez difficile de tout assumer », souligne ainsi Paul Monaghan, l'ingénieur en chef de Red Bull. Les écuries hésitent sur le volume de ressources à allouer à la conception de leur F1 de 2021, alors qu'elles doivent déjà finaliser celles de 2020. « La nature précise des nouvelles règles est toujours discutée », rappelle James Allison, de Mercedes. « Et donc, devant ce flou, la quantité réelle de travail qui peut être effectuée actuellement est relativement limitée. Cela promet des moments pénibles... »
D'autre part, les négociations entre les constructeurs, la FIA et Liberty Media achoppent encore sur des points essentiels, ce qui fait craindre un énième report de l'officialisation du futur règlement. Les écuries elles-mêmes sont divisées. Mercedes et Ferrari freinent des quatre fers toute réforme d'envergure, officiellement afin de préserver la « convergence des performances », c'est-à-dire le spectacle en piste, en fait afin de préserver leur position de force. A contrario, Honda menacerait de quitter la F1 si les idées avancées par Ross Brawn n'étaient pas entérinées ! Ce faisant, le motoriste nippon se dresse contre son partenaire Red Bull qui se montre sceptique face à ces propositions. À Suzuka, il apparaît que seules Renault, McLaren, Alfa Romeo et Williams sont prêtes à donner leur feu vert. Une réunion cruciale doit se tenir à Genève avant le GP des États-Unis, et celle-ci décidera probablement du sort du règlement de 2021.
Néanmoins subsistent quelques lueurs d'espoir. Un consensus semble par exemple émerger autour de l'idée de geler le développement des moteurs thermiques à compter de 2021, et ce afin de réduire les coûts de production. Le resserrement des performances des quatre unités de puissance Mercedes, Ferrari, Renault et Honda, sensible en cette saison 2019, facilite cette évolution. Les motoristes développeront seulement les turbos et les systèmes hybrides qui sont les éléments qui délivrent le plus de puissance. « Développer les parties hybrides serait meilleur pour la durabilité », reconnaît ainsi Toto Wolff. « Pour l'instant, le MGU-K produit 20% de la puissance totale. On pourrait imaginer porter ce chiffre à 50%, ce qui servirait à toute l'industrie automobile qui se dirige vers une électrification de masse lors des dix prochaines années. » Tous les constructeurs ont ainsi déjà accepté de réduire le temps de développement au banc moteur de la partie thermique.
En contrepartie, la fédération internationale recule sur d'autres dossiers, et notamment sur la standardisation des pièces et l'interdiction de certains accessoires qu'elle jugeait superflus. On l'a vue ainsi abandonner l'idée des freins uniques. Début octobre, on apprend que les couvertures chauffantes pour les pneumatiques, qui devaient être interdites dans deux ans, seront finalement toujours admises, sous la pression de Pirelli, qui souhaite pouvoir conserver des références pour le développement des nouveaux pneus de 18 pouces. Cela veut dire que les écuries investiront dans de nouvelles couvertures adaptées à ces roues plus larges...
Présentation de l'épreuve
Mercedes peut décrocher au Japon son sixième titre mondial des constructeurs de rang et égaler ainsi le record établi par Ferrari entre 1999 et 2004. Pour cela, la firme à l'Étoile doit inscrire ici quatorze points de plus que Ferrari. La Scuderia espère pour sa part retrouver le chemin du succès après le fiasco de Sotchi. En outre, la presse italienne fait ses choux gras de la rivalité naissante entre Sebastian Vettel et Charles Leclerc qui a failli conduire au « clash » sur les bords de la mer Noire. Pourtant, les deux hommes affichent leur bonne entente et assurent avoir « beaucoup discuté » avec Mattia Binotto afin d'aplanir les différends survenus ces dernières semaines.
Ross Brawn poursuit sa réflexion autour de la refonte du format des Grands Prix. Et si son idée de course qualificative - qui pourrait être testée dès 2020 - suscite toujours une franche hostilité dans le paddock, il parvient à réduire la durée des Grands Prix de quatre à trois jours. Les activités médiatiques du jeudi seront ainsi reportées au vendredi matin à compter de 2021. Les écuries seront donc présentes une journée de moins sur les circuits, ce qui permettra de réduire les frais d'hébergement.
À l'issue du GP de Russie, l'inénarrable Guenther Steiner, team manager de Haas, s'est distingué en insultant Michael Masi et les commissaires sportifs, qualifiés d'« idiots » suite à la pénalité assez sévère infligée à Kevin Magnussen. Le pouvoir sportif n'a pas apprécié cette sortie, et l'Italien est convoqué à Suzuka devant ce même collège des commissaires. Il écope d'une amende assez coquette de 7500 euros pour avoir tenu des propos injurieux « portant un préjudice moral à la fédération », en vertu du Code sportif international.
Voilà cinq ans qu'un pilote japonais n'a pas pris part à un Grand Prix de Formule 1, et le retour de Honda dans la discipline en 2015 n'a pas permis jusqu'ici à un nouvel espoir nippon d'émerger. Cependant, vendredi matin, à l'occasion de la première séance libre, Pierre Gasly laisse sa Toro Rosso-Honda à Naoki Yamamoto, un des piliers du sport automobile dans l'archipel, très éclectique puisqu'il a triomphé en 2018 aussi bien en Super Formula qu'en Super GT, catégorie où il s'est distingué au volant de la Honda NSX qu'il partage avec un certain Jenson Button. Âgé de 31 ans, Yamamoto n'est cependant pas un espoir et il faut considérer cette courte pige comme un cadeau de Honda à un de ses plus valeureux employés.
Dans l'espoir de recoller aux Ferrari, Mercedes apporte à sa W10 un nouveau package aérodynamique. On aperçoit ainsi sur les pontons de nouvelles aubes de déviation, sur lesquelles on distingue cinq éléments horizontaux au lieu de quatre précédemment. La plaque fixée au ponton est quant à elle rehaussée et divisée en deux, sans doute afin de générer des vortex. Mercedes joue régulièrement avec ces aubes afin de maîtriser la traînée générée par les pneumatiques. « Le mélange de pièces horizontales et verticales crée davantage d'options pour les aérodynamiciens lorsqu'il s'agit d'annihiler les turbulences, voire de les transformer en flux d'air utiles », explique le journaliste Jake Boxall-Legge pour le site Motorsport.com.
Renault lance à Suzuka un nouvel aileron avant et une lame de châssis modifiée, afin d'accroître les appuis et réduire le sous-virage de la R.S.19. L'aileron affiche dorénavant des volets supérieurs raccourcis agrémentés de fentes supplémentaires destinées à détourner le flux d'air des roues avant. Williams se pare aussi d'un train avant remanié qui annonce en fait la FW43 de 2020. Comme sur la majorité des monoplaces, c'est désormais la section intérieure de l'aileron qui génère la majorité de l'appui tandis que les éléments extérieurs sont quelque peu raccourcis afin de dévier les flux d'air. Enfin, Red Bull, qui accumule un certain retard sur Ferrari et Mercedes depuis quelques courses, essaie plusieurs modèles d'aileron arrière afin d'améliorer le comportement de la RB15.
Typhon Hagibis: tous aux abris !
Le Grand Prix du Japon est hélas menacé par le typhon Hagibis qui doit frapper la région de Tokyo et de Suzuka dans la journée du samedi 12 octobre. Cette perturbation s'annonce virulente puisqu'elle est classée par les météorologues juste en dessous du niveau d'alerte maximum. Des rafales de vent très violentes sont attendues et on redoute de nombreux dégâts matériels. Dans ces conditions, la FIA décide d'annuler purement et simplement les événements prévus le samedi. Les qualifications sont reportées au dimanche matin matin. La Formule 1 n'est pas le seul sport touché par ce typhon, puisque plusieurs matchs de la Coupe du Monde de rugby, qui se déroule au même moment au Japon, sont aussi annulés. À noter que c'est la quatrième fois en quinze ans (après 2004, 2010 et 2014) que le GP du Japon est perturbé par ce type de cyclone.
Vendredi, pilotes et écuries s'activent lors des deux séances libres pour dénicher les meilleurs réglages en un minimum de temps. Le matin, les deux Mercedes précèdent les deux Ferrari et les deux Red Bull, alors que Yamamoto impressionne en ne concédant qu'un dixième à Kvyat. L'après-midi, Bottas réalise le meilleur chrono devant Hamilton.
Dans l'attente du typhon, de grandes précautions sont prises pour assurer la sécurité des personnes et des biens. Le circuit de Suzuka est bien sûr interdit à la presse et au public pour la journée du samedi. Seuls les mécaniciens et les ingénieurs jugés indispensables à l'entretien du matériel peuvent restés sur place. Dès vendredi soir, ceux-ci entreprennent un fastidieux travail pour mettre à l'abri les équipements. Les panneaux placés à l'avant et l'arrière des garages sont démontés, de même que les passerelles installées sur le muret des stands. Tout le matériel est soigneusement calfeutré et rangé sur des hauteurs, dans la crainte d'une éventuelle inondation.
Samedi 12 octobre, Hagibis souffle comme attendu sur le sud de l'archipel nippon et cause des dommages impressionnants ainsi que pas moins de 35 victimes. L'autodrome de Suzuka est cependant épargné et seuls des dégâts minimes sont constatés. Quant aux pilotes, cloîtrés dans leurs hôtels de luxe, ils s'occupent comme ils peuvent. Les « jeunes » Max Verstappen, George Russell, Carlos Sainz et Lando Norris retrouvent par exemple les « vieux » Daniel Ricciardo et Sergio Pérez autour d'une partie de FIFA 20 sur PlayStation. Plus studieux, Romain Grosjean se consacre au montage minutieux d'une maquette de la fameuse Tyrrell P34 à six roues !
Les qualifications
Dimanche 13 octobre, le typhon s'est enfui et le soleil brille de nouveau sur Suzuka. La séance de qualifications pourra donc se tenir à dix heures du matin, soit quatre heures avant le coup d'envoi du Grand Prix. On note toutefois que le vent souffle encore très fort, ce qui favorisera les monoplaces les moins bien pourvues en matière aérodynamique.
La hiérarchie du vendredi n'est pas respectée. Les Ferrari monopolisent de nouveau la première ligne, mais cette fois Vettel s'empare de la pole position (1'27''064'''), deux dixièmes devant Leclerc (1'27''253'''). C'est la première fois qu'il bat son jeune équipier dans cet exercice depuis Montréal ! Les Mercedes (Bottas 3ème, Hamilton 4ème) sont repoussées en seconde ligne, mais leur retard sur les Ferrari est faible: moins de trois dixièmes. Viennent ensuite, plus distancées, les deux Red Bull-Honda. Albon (6ème) réussit l'exploit de signer exactement le même chrono que Verstappen (5ème, 1'27''851'''). Le Hollandais part devant le Thaïlandais en vertu de sa position au championnat. Les McLaren-Renault (Sainz 7ème, Norris 8ème) s'installent en quatrième ligne. Gasly (9ème) se montre très performant sur ce tracé qu'il connaît bien pour avoir roulé en Super Formula. Sur l'autre Toro Rosso, Kvyat (14ème) rend huit dixièmes à son équipier.
Grosjean (10ème) est content d'atteindre la Q3 avec la Haas-Ferrari. Magnussen (19ème) tape les glissières de l'ultime courbe en Q1. Le Scandinave était de toute façon sous le coup d'une pénalité de cinq places pour changement de boîte de vitesses. Chez Alfa Romeo, Giovinazzi (11ème) connaît vendredi une panne hydraulique, mais n'en devance pas moins une nouvelle fois un décevant Räikkönen (13ème). Stroll et sa Racing Point-Mercedes (12ème) ont un bon rythme, alors que Pérez (17ème), moins à l'aise, passe à la trappe dès la Q1. Renault perd toute sa journée du vendredi à régler son nouvel aileron avant. Puis, Hülkenberg (15ème) subit une panne hydraulique en Q2 et Ricciardo (16ème), victime d'un problème de suspension, ne franchit même pas la Q3. Russell (18ème) fait de son mieux au volant d'une Williams très instable. À l'instar de Magnussen, Kubica (20ème) sort violemment dans le dernier virage au début de la première manche, occasionnant ainsi un drapeau rouge. Il s'élancera depuis la pit-lane.
Le Grand Prix
Pirelli annonce une course à un ou deux arrêts: le typhon ayant complétement nettoyé le bitume, celui-ci est peu abrasif et il est difficile de préjuger de l'attrition des gommes. La majorité du peloton s'élance en pneus tendres (C3). Ricciardo, Giovinazzi, Räikkönen, Magnussen, Russell et Kubica partent avec les pneus médiums (C2) et prévoient donc un long premier relais.
Départ: Vettel bouge avant l'extinction des feux. Il rattrape son embrayage mais rate son envol. Leclerc démarre à peine mieux. Bottas bondit depuis la deuxième ligne, déborde les Ferrari par l'extérieur et vire en tête au premier virage. Verstappen tente de faire l'extérieur à Leclerc à l'entame de la deuxième courbe, mais le Monégasque freine trop tard, sous-vire et emboutit la Red Bull qui part en tête-à-queue. Derrière, Hamilton résiste à Sainz, non sans frôler la McLaren.
1er tour: Leclerc demeure en piste, bien qu'un de ses volets d'aileron racle le bitume. Verstappen a repris la piste devant les deux Williams. Bottas précède Vettel, Leclerc, Hamilton, Sainz, Norris, Albon, Gasly, Stroll et Hülkenberg.
2e: Vettel demeure au contact de Bottas. Leclerc perd plusieurs éléments de carbone dans la pleine charge qui mène au 130R. Ces débris viennent frapper la Mercedes de Hamilton et démolissent même un de ses rétroviseurs. Curieusement, la direction de course ne présente pas le drapeau noir et orange au Monégasque.
3e: Leclerc rejoint finalement son stand pour remplacer son aileron et chausser des pneus médiums. Il repart bon dernier.
4e: Bottas compte deux secondes de marge sur Vettel. Albon tente de faire l'intérieur à Norris à la chicane. Le jeune Anglais se rabat devant son compatriote et leurs roues se tamponnent. Norris doit tirer tout droit. Il rejoint ensuite les stands pour remplacer ses gommes et nettoyer ses écopes de frein encrassées par des débris provenant de la Ferrari de Leclerc.
6e: Bottas précède Vettel (2.4s.), Hamilton (5.3s.), Sainz (12.5s.), Albon (13.8s.), Gasly (17.1s.), Stroll (18.2s.), Hülkenberg (19.5s.), Pérez (20.8s.) et Giovinazzi (23.2s.). Ricciardo prend la onzième place à Magnussen. Verstappen roule en seizième position.
7e: Les commissaires sportifs annoncent qu'ils traiteront le cas de l'accrochage entre Leclerc et Verstappen après la course. Albon menace Sainz. Ricciardo prend la dixième place à Giovinazzi.
9e: Leclerc retrouve Verstappen pour le gain de la seizième place. Il lui fait l'intérieur au passage de la ligne, mais le Néerlandais le serre assez méchamment contre la bordure. Plus rapide, le pilote Ferrari s'impose au freinage.
10e: Bottas creuse peu à peu l'écart sur Vettel qui n'est pas content du comportement de ses pneus tendres.
11e: Bottas mène devant Vettel (3.5s.), Hamilton (5.5s.), Sainz (18.5s.), Albon (19.4s.), Gasly (25.1s.), Stroll (26.2s.), Hülkenberg (27.5s.), Pérez (29s.), Ricciardo (30s.), Giovinazzi (36s.) et Magnussen (38s.). Leclerc s'empare de la 15ème position aux dépens de Kvyat.
12e: Bottas attaque fort et allume même une roue au freinage de Degner, sans perdre trop de temps. Sainz contient la Red Bull d'Albon.
14e: Vettel est blanchi par le collège des commissaires pour son faux départ. Leclerc est treizième après avoir doublé Räikkönen puis Grosjean.
15e: Bottas porte son avantage sur Vettel à six secondes et demie. Leclerc double Magnussen. Verstappen rentre à son garage et abandonne: les freins de la Red Bull ont été endommagés lors de la collision avec Leclerc. Albon effectue un pit-stop et chausse les pneus médiums. Räikkönen stoppe chez Alfa Romeo et, comme la plupart des pilotes partis en médiums, sélectionne la gomme dure.
16e: Hamilton recolle à Vettel qui se débat avec des pneus très abîmés. L'Allemand rejoint le stand Ferrari en fin de parcours. Arrêt pneus pour Grosjean qui a connu un mauvais début de course.
17e: Vettel remet des pneus tendres (3.3s.), ce qui signifie qu'il devra repasser une seconde fois par les stands. Il reprend la piste en quatrième position. Arrêt de Magnussen.
18e: Bottas stoppe chez Mercedes et chausse des gommes jaunes (2.4s.). Il repart second, abandonnant le leadership à Hamilton. Mercedes a également planifié deux arrêts pour ses coureurs. Vettel se défait sans peine de Sainz. Gasly, Stroll et Giovinazzi passent aux stands pour remplacer leurs enveloppes.
19e: Hamilton précède Bottas de sept secondes, Vettel de dix-sept secondes. Albon prend l'ascendant sur Pérez. Changement de pneus pour Pérez et Hülkenberg.
20e: Vettel peine à faire monter en température ses pneus tendres puisqu'il concède une seconde par tour à Bottas qui est pourtant muni d'un composé plus rigide !
21e: Hamilton annonce à son stand que ses pneus crient grâce. Il regagne donc la pit-lane et s'empare de Pirelli jaunes (2.9s.). Il reprend la piste en troisième position. Albon double Ricciardo qui a adopté une stratégie décalée.
23e: Bottas devance Vettel (11.6s.), Hamilton (21.1s.), Sainz (29.6s.), Albon (36s.), Ricciardo (43.2s.), Leclerc (47.5s.), Kvyat (57.5s.), Norris (58.8s.), Gasly (59.1s.), Stroll (1m. 01s.) et Hülkenberg (1m. 02s.).
24e: Vettel parvient maintenant à tourner dans les mêmes chronos que Bottas. Gasly réussit l'extérieur sur Norris dans la première courbe. Kubica puis Russell passent par le stand Williams pour remplacer leurs enveloppes.
26e: L'intervalle demeure de onze secondes entre Bottas et Vettel. Sainz stoppe chez McLaren pour prendre des pneus jaunes. Il est resté trop longtemps en piste puisqu'il redémarre loin derrière Albon. Leclerc et Norris changent une seconde fois d'enveloppes: le premier choisit de la gomme tendre, le second de la gomme dure.
27e: En difficulté avec des pneus usés, Kvyat résiste fermement à Hülkenberg. Mais l'Allemand finit par déborder le Russe dans la ligne droite principale, et entraîne Pérez dans son sillage. Kvyat fait escale aux stands en fin de boucle.
29e: Ricciardo opère son unique pit-stop et redémarre pour un dernier relais muni de pneus tendres.
30e: Bottas mène devant Vettel (10.6s.), Hamilton (15.2s.), Albon (41.6s.), Sainz (1m. 06s.), Gasly (1m. 11s.), Stroll (1m. 13s.) et Hülkenberg (1m. 17s.). Leclerc prend la neuvième place à Pérez.
31e: Vettel voit ses pneus se détériorer. Hamilton le rattrape. L'Allemand rejoint donc son stand pour mettre des pneus médiums (2.5s.). Leclerc dépasse Hülkenberg.
33e: Treize secondes séparent les Mercedes de Bottas et d'Hamilton. Vettel évolue à trente-trois secondes. Leclerc double Stroll et se lance aux trousses de Gasly.
35e: Vettel grappille environ une seconde par tour à Hamilton. Leclerc dépasse Gasly à Spoon. Le voici sixième. Second arrêt pour Kubica qui troque ses pneus durs contre des médiums.
36e: Albon effectue son second changement de pneus et parvient à repartir devant Sainz. Sa quatrième place est assurée.
37e: Bottas s'engouffre dans la voie des stands pour s'emparer des gommes jaunes (2.6s.). Il redémarre neuf secondes derrière son équipier. Gasly, Stroll et Hülkenberg bataillent pour la septième place. Second pit-stop pour Räikkönen qui prend cette fois des pneus tendres. Ce qui n'améliore pas la compétitivité absolument nulle des Alfa Romeo cet après-midi...
38e: Hamilton précède Bottas (9s.), Vettel (16.8s.), Albon (55.6s.), Sainz (1m. 01s.), Leclerc (1m. 07s.), Gasly (1m. 19s.), Stroll (1m. 20s.), Hülkenberg (1m. 21s.), Pérez (1m. 22s.) et Ricciardo (1m. 23s.). Second arrêt pour Giovinazzi.
40e: La question est désormais de savoir si Hamilton va vraiment s'arrêter une seconde fois. Mais ses pneus, très endommagés, décident pour lui. Les mécaniciens de Mercedes se préparent à l'accueillir.
41e: Leclerc remonte peu à peu sur Sainz mais doit encore passer aux stands. Ricciardo exécute un dépassement difficile sur Pérez: il prend l'extérieur au premier virage et met deux roues sur la ligne blanche.
43e: Hamilton fait halte au stand Mercedes pour fixer des pneus tendres rodés (3s.). Il reprend la piste en troisième position, quatre secondes derrière Vettel. Pérez chausse aussi des enveloppes rouges pour achever l'épreuve.
44e: Ricciardo est très rapide grâce à ses gommes tendres. Il prend l'avantage sur son équipier Hülkenberg en début de tour, puis passe devant Stroll qui se débat avec des pneus abîmés. L'Australien de Renault apparaît en huitième position.
45e: Hamilton s'empare du meilleur tour en course (1'30''983''') et marquera donc un point supplémentaire. Il revient à moins d'une seconde de Vettel. Leclerc chausse un quatrième jeu de pneus et demeure sixième.
46e: Bottas précède Vettel (10s.), Hamilton (10.9s.), Albon (54.5s.), Sainz (1m. 11s.), Leclerc (1m. 33s.), Gasly (-1t.), Ricciardo (-1t.), Stroll (-1t.), Hülkenberg (-1t.), Pérez (-1t.), Norris (-1t.) et Kvyat (-1t.).
47e: Hamilton évolue à une demi-seconde de Vettel et peut donc utiliser l'aileron arrière mobile. Hülkenberg passe devant Stroll.
48e: Hamilton suce la roue de Vettel mais subit du coup des turbulences et ne peut se porter à sa hauteur. Ricciardo déborde Gasly et gagne une position supplémentaire.
49e: Pérez double son équipier Stroll et l'éjecte ainsi de la zone des points. Magnussen effectue un changement de pneus bien tardif.
50e: Bottas compte quatorze secondes de marge sur le duo Vettel - Hamilton, toujours en bagarre. L'Allemand bute un temps sur les attardés Hülkenberg et Gasly, puis sort assez mal de la chicane. Vettel et Hamilton « déboîtent » ensuite Gasly au passage devant les stands, mais l'Anglais ne parvient pas à déborder la Ferrari trop puissante.
51e: Hamilton n'est toujours qu'à une demi-seconde de Vettel. Pérez déborde Hülkenberg et se lance aux trousses de Gasly. Deuxième arrêt pneus pour Giovinazzi.
52ème... et dernier tour: Alors que Bottas coupe la ligne d'arrivée et croit entamer son ultime boucle, il a la surprise d'être salué par le drapeau à damiers, brandi un tour trop tôt ! Un « bogue » informatique est à l'origine de cette erreur...
53e: Pérez, qui n'a pas vu le drapeau à damiers, fait l'extérieur à Gasly au premier virage. Les deux bolides se touchent. Le Mexicain part en tête-à-queue et atterrit dans la barrière de vieux pneus. Heureusement pour lui, le classement de l'épreuve sera bien celui du 52ème tour !
Valtteri Bottas empoche la sixième victoire de sa carrière devant Vettel et Hamilton. En plaçant ainsi ses deux voitures sur le podium, Mercedes s'adjuge le titre mondial des constructeurs. Albon se classe quatrième et signe son meilleur résultat avec Red Bull. Sainz termine cinquième. Leclerc achève son après-midi mouvementé au sixième rang. Les Renault ont mieux fonctionné en course qu'aux essais: Ricciardo récolte la septième place. Gasly, le chanceux Pérez et Hülkenberg prennent les derniers points. Suivent Stroll, Kvyat, Norris, Räikkönen, Grosjean, Giovinazzi, Magnussen, Russell et Kubica.
Leclerc écope de deux pénalités: la première de cinq secondes pour avoir provoqué la collision avec Verstappen au départ, la seconde de dix secondes pour être demeuré ensuite en piste au volant d'une voiture dangereuse, munie d'appendices brinquebalants. Il recule ainsi au septième rang, et Ricciardo recueille les huit points de la sixième place.
Après la course: sixième étoile pour Mercedes
Valtteri Bottas a accompli un week-end exemplaire, dominant d'un bout à l'autre Lewis Hamilton à Suzuka, circuit pour « gros cœurs ». Le Finlandais repousse ainsi quelque peu le sacre de son leader, qu'il est désormais le seul à pouvoir menacer. « J'ai pris un excellent départ aujourd'hui, l'un des meilleurs de ma carrière », raconte-t-il. « Nous pensions que notre voiture serait rapide en course, mais les dépassements sont vraiment difficiles sur cette piste, donc devions prendre la tête au départ et je suis ravi que cela ait fonctionné. Suzuka a toujours été mon circuit préféré, même si je n'y avais jamais été particulièrement bon, mais maintenant je l'aime encore plus ! »
Lewis Hamilton est pour sa part quelque peu frustré par la stratégie adoptée par son équipe et reconnaît que les Ferrari possèdent toujours l'avantage en vitesse de pointe. Mais il préfère saluer le sixième titre des constructeurs glané par Mercedes et, à l'instar de Toto Wolff, le dédie à la mémoire de Niki Lauda, disparu en mai dernier. « Je ne dirais pas que je suis aussi heureux que pour les précédents succès parce que nous avons perdu Niki cette année, et ce n'est pas la même chose sans lui », déclare-t-il en conférence de presse. « Je suis naturellement très, très fier de l'équipe, et je sais que Niki saluerait ce résultat. » Ce sixième titre mondial est incontestable: contrairement à ce qui s'est produit en 2017 et 2018, Mercedes n'a jamais été menacée cette année par Ferrari. La W10 n'est pourtant une monoplace dominatrice, mais elle ne souffre d'aucun défaut majeur alors que sa rivale rouge a longtemps souffert d'un déficit d'appuis aérodynamiques. « Si Mercedes est champion, c'est parce qu'ils travaillent mieux que nous », admet lucidement Sebastian Vettel.
Pour la énième fois cette saison, la domination des Ferrari en qualifications débouche sur une défaite en course. Mais cette fois, la Scuderia peut s'en prendre à ses deux pilotes qui ont chacun commis une erreur grossière: Sebastian Vettel en volant le départ, Charles Leclerc en harponnant Max Verstappen. Mais si le Monégasque a été sanctionné, beaucoup s'étonnent que Sebastian Vettel ne fasse pas d'une punition. Le collège des commissaires explique qu'après avoir analysé aussi bien la vidéo que les données transmises par le capteur installé sur sa monoplace, il apparaît que le mouvement effectué par la Ferrari ne dépassait pas le seuil de tolérance autorisé. « Les feux sont restés allumés longtemps, et j'ai relâché l'embrayage trop tôt », explique Vettel. « J'ai perdu mon élan. C'était pire qu'un mauvais départ, c'était un très mauvais départ. » Par ailleurs, si Ferrari a adopté une bonne stratégie en anticipant le premier arrêt de Vettel, la SF-90 a davantage abîmé ses pneus que la Mercedes, d'où l'impossibilité pour l'Allemand de suivre Valtteri Bottas.
Enfin, le torchon s'embrase entre Robert Kubica et Williams. On s'en souvient, le Polonais avait déploré à Sotchi d'avoir dû abandonner dans le seul but d'économiser les pièces de rechange de l'écurie. Par ailleurs, il se plaint depuis des mois de ne pas disposer de la même voiture que George Russell. Cette fois, il affirme que le staff technique lui a imposé de rouler dimanche avec l'ancien modèle d'aileron avant qu'il juge inefficace, et sous-entend que cette modification serait à l'origine de son crash en qualifications. Comme Williams se refuse à tout commentaire, il est difficile de dénouer les fils de cette affaire. Mais il est certain que les deux parties sont pressées de clore leur collaboration. Il est triste que le come-back de Robert Kubica en Formule 1 s'achève de cette triste façon.
Disqualification des Renault
Après des qualifications désastreuses, Renault est parvenue à sauver les meubles en course en plaçant Daniel Ricciardo et Nico Hülkenberg dans les points, et ce à la faveur de deux stratégies complétement différentes. Mais Cyril Abiteboul admet que ses monoplaces ont été favorisées par les rafales de vent qui ont compensé leurs faiblesses aérodynamiques. Cependant, ce beau résultat est mis en suspens car Racing Point dépose une réclamation contre la firme au Losange, accusée d'avoir aligné des monoplaces non conformes. L'équipe britannique dénonce une infraction liée aux préréglages de la répartition de freinage. La fédération internationale accepte de diligenter une enquête et les commissaires techniques saisissent les systèmes électroniques et les volants des deux Renault afin de les « éplucher ».
Le mercredi 23 octobre 2019, le tribunal de la FIA se réunit à Genève et tranche en faveur de Racing Point. Il prononce l'exclusion des Renault du classement du GP du Japon. Pourtant, il s'avère que le système d'ajustement de l'équilibre des freins en question n'était pas préréglé en fonction de la distance comme le suspectait Racing Point. Mais il dispensait, malgré tout, les pilotes d'effectuer des modifications au volant. Il s'agit donc d'une infraction sportive et non pas technique, mais qui valide tout de même la disqualification. Renault conteste cette interprétation mais renonce à faire appel afin de ne pas se lancer dans une interminable bataille juridique. Ainsi, pour ce qui concerne le résultat de Suzuka, Ricciardo et Hülkenberg perdent leurs sixième et neuvième places respectives. Du coup, Leclerc récupère la position qu'il avait abandonnée du fait de sa pénalité tandis que Stroll et Kvyat grimpent dans les points.
Tony