Les règlements de 2021
Moteur Ferrari: un parfum de tricherie
Depuis le début de la saison, la puissance délivrée par le groupe propulseur Ferrari engendre des soupçons de tricherie dans le paddock. La FIA a déjà procédé à une vérification du moteur au cheval cabré, sans rien déceler d'illégal, mais cela ne suffit pas à apaiser la concurrence. Le net regain de forme des Ferrari depuis la fin de l'été, et surtout leur domination en qualifications (sept poles positions consécutives depuis le GP de Belgique) accréditent l'idée d'un avantage caché et indu. Selon plusieurs sources, les rivales de Ferrari soupçonneraient celle-ci de jouer avec le débitmètre afin de faire tourner le turbo plus rapidement. Red Bull adresse un courrier à la FIA pour lui demander d'ouvrir une nouvelle enquête en ce sens. Mercedes soutient cette initiative. Toto Wolff a ainsi récemment qualifié d' « insensée » la puissance délivrée par le V6 Ferrari. À Austin, Helmut Marko demande à la fédération de tout mettre en œuvre pour lever le doute. « Le gain de performance des Ferrari est extraordinaire », déclare l'Autrichien. « Je préfère ne pas commenter les suspicions. Mais lorsqu'on regarde leur courbe de puissance, on se dit qu'il est incroyable qu'un moteur puisse se démarquer de la sorte. Attendons de voir ce qui va se passer. La FIA doit clarifier ça. »
Face à ces accusations, Mattia Binotto joue les indignés et prend les devants en réclamant lui-même une enquête aux officiels. « Ces rumeurs sont stupides et il faut y mettre fin », martèle le directeur de la Scuderia. Ce dernier renvoie aussi Wolff et Marko dans leurs cordes: « Nous sommes agacés par les rumeurs car par le passé, quand d'autres avaient un énorme avantage avec l'unité de puissance, notre seule réaction chez Ferrari a simplement été de travailler encore plus. Nous ne les avons jamais accusés de tricher. Je crois que d'autres équipes sont actuellement plus rapides que nous en courbe. Nous ne les accusons pas de tricher dans les virages, donc je serai plus qu'heureux si elles se concentraient sur leurs efforts et sur le développement de leur voiture. »
Cependant, le 2 novembre, le responsable technique de la FIA, Nikolas Tombazis, publie une note technique destinée à toutes les équipes et reprenant dans le détail la réglementation sur l'usage des carburants. Il y rappelle que le fonctionnement du débitmètre est contrôlé par un capteur électronique et que l'essence injectée dans l'unité de puissance doit obligatoirement passer par cet instrument. « Tout système ou procédure dont le but et/ou l'effet est d'augmenter le débit ou de stocker et recycler du carburant après le point de mesure est interdit », conclut cette note. Ainsi, l'équipe qui contreviendrait à ces règles serait implacablement sanctionnée.
Présentation de l'épreuve
La Formule 1 poursuit son œuvre de séduction aux États-Unis et produit un « show » le mercredi 30 octobre à Los Angeles. Valtteri Bottas, Max Verstappen, Alexandre Albon et Daniel Ricciardo font ainsi crisser leurs gommes sur Hollywood Boulevard dans le cadre d'un concours de donuts remporté par Bottas. Le prochain festival se déroulera le 9 novembre à São Paulo et sera un hommage à Ayrton Senna, pour le vingt-cinquième anniversaire de sa disparition.
Chase Carey a confirmé lors de la présentation de la future réglementation que les calendriers des saisons futures pourraient être encore plus étoffés, jusqu'à atteindre vingt-cinq Grands Prix par an, soit la limite fixée par Liberty Media. Les propriétaires américains de la Formule 1 souhaitent évidemment organiser une deuxième épreuve dans la patrie de l'Oncle Sam, et en particulier à Miami. Mais cette idée se heurte à la farouche opposition des écologistes et des autorités locales. Le comté de Miami-Dade multiplie ainsi les obstacles techniques et administratifs, et deux projets de circuit, le premier sur le front de mer, le second vers le Hard Rock Stadium, ont ainsi été sabotés. Carey conserve malgré tout des contacts avec des promoteurs floridiens, mais la F1 se tourne désormais aussi vers Las Vegas qui aimerait retrouver un Grand Prix, près de quatre décennies après une première expérience peu concluante.
En toute logique, Lewis Hamilton devrait glaner à Austin son sixième titre mondial. Il jouit en effet de soixante-quatorze longueurs d'avance sur son équipier Valtteri Bottas, lequel doit donc lui reprendre ici pas moins de vingt-deux points afin de repousser la décision à São Paulo. En d'autres termes, l'Anglais n'a plus que quatre points à inscrire pour coiffer la couronne, une performance qui est largement à sa portée. « Je n'ai pas une grande pression », admet-il. « Cette course est pour moi aussi importante qu'une autre. Et au cas où, il y en a encore deux autres après et j'ai une bonne marge. » Bottas ne se fait quant à lui aucune illusion sur ses chances de décrocher la couronne, mais compte bien gagner les dernières courses de la saison, ne serait-ce que pour s'assurer de la distinction honorifique de vice-champion du monde.
L'écurie de Faenza, hier Minardi, aujourd'hui Toro Rosso, changera de dénomination à compter de la prochaine saison. Red Bull a en effet décidé de la rebaptiser AlphaTauri, du nom de la marque de vêtements fondée en 2016 par Dietrich Mateschitz. Plus de trente ans après Benetton, AlphaTauri sera donc la seconde firme du textile à donner son nom à une écurie de Formule 1. D'autre part, celle-ci ne devrait pas changer sa paire de pilotes composée des « recalés » Pierre Gasly et Daniil Kvyat. Alexander Albon, auteur de performances très solides depuis son arrivée chez Red Bull (il a jusqu'ici toujours fini dans les points), sera selon toute vraisemblance, conservé aux côtés de Max Verstappen chez Red Bull Racing en 2020.
En marge de ce GP des États-Unis, Alfa Romeo annonce qu'elle prolonge d'une saison le contrat d'Antonio Giovinazzi. Le jeune Italien revient de loin car son début de saison fut très difficile et scandé par de nombreuses sorties de route. Mais, depuis l'été, il prend peu à peu la mesure d'un Kimi Räikkönen passablement démotivé et commet bien moins d'erreurs qu'il y a quelques mois. Son bilan comptable (quatre points inscrits contre trente-et-un pour Räikkönen) n'est donc médiocre qu'en apparence. Ainsi, Frédéric Vasseur a décidé de lui offrir une seconde chance en 2020. Mais Giovinazzi devra encore progresser car dans la coulisse se profile Mick Schumacher que Ferrari désire placer en 2021 dans une de ses équipes vassales, Haas ou Alfa Romeo.
L'échec patent de la R.S.19 entraîne une réorganisation du staff technique du Renault F1 Team. Le 2 novembre, Marcin Budkowski annonce que Pat Fry rejoindra la direction technique d'Enstone pour prendre en charge le département châssis. Fry, 55 ans, connaît un peu la maison puisqu'il a fait ses premières armes chez Benetton entre 1987 et 1993. Après une brillante carrière chez McLaren puis chez Ferrari, il travaillait de nouveau à Woking depuis 2018 et peut se targuer d'avoir réussi sa dernière création, la McLaren MCL34. Il a dorénavant pour mission de produire un châssis Renault digne de ce nom. D'autre part, Renault congédie le responsable de l'aérodynamisme Peter Machin et le remplace par l'ingénieur sud-africain Dirk de Beer, qui a déjà occupé le même poste à Enstone entre 2008 et 2013. Celui-ci sera assisté d'un nouvel « aérodynamicien en chef », James Rodgers, qui était jusqu'ici chargé de la prospective.
Vendredi, Pirelli teste à Austin l'un des nouveaux types de gommes (les « C4 ») qui seront proposés aux écuries en 2020. Ce galop d'essai ne donne pas du tout satisfaction aux pilotes qui dénoncent un pneu trop dur, peu adhérent. « Ma première impression est très mauvaise: nous avons essayé ces pneus avec beaucoup de capteurs et ils se révèlent étranges, médiocres », déclare ainsi Carlos Sainz. Le représentant de Pirelli Mario Isola dit comprendre le manque d'enthousiasme des pilotes devant ce produit: « On constate que ce pneu apporte un peu moins de grip mais il est plus constant sur un relais. Les pilotes veulent le maximum d'adhérence, donc je comprends qu'ils ne soient pas ravis. » D'autres essais de ces futures enveloppes sont prévus pour le mois de décembre.
Haas apporte ici de nouveaux types d'ailerons avant et arrière dans l'espoir d'améliorer quelque peu le comportement de sa VF-19 qui, du reste, « ne sera jamais une bonne voiture » selon Kevin Magnussen. Afin d'oublier quelque peu cette monoplace catastrophique, le Danois et son équipier Romain Grosjean s'offrent jeudi une distraction: quelques tours du circuit d'Austin au volant d'une Ford Mustang engagée en Nascar par Gene Haas et Tony Stewart.
Essais et qualifications
Les premiers essais se déroulent par un temps très frais (10°C) qui va peu à peu s'adoucir au fur et à mesure du week-end. Il sera donc délicat d'évaluer l'endurance des pneus. D'autre part, les pilotes s'aperçoivent que le revêtement du circuit des Amériques est très altéré et nombre d'entre eux se font piéger par les bosses. Verstappen se monte le plus rapide lors de la séance du vendredi matin alors que l'après-midi l'avantage revient à Hamilton. Samedi matin, Verstappen confirme la bonne tenue de la Red Bull-Honda en se plaçant une fois de plus en haut de la feuille des temps.
Jusqu'alors très discret, Bottas surprend en décrochant samedi après-midi sa cinquième pole position de la saison (1'32''029'''). Il devance nettement Hamilton (5ème) qui, un peu brouillon, admet ne pas être parvenu à réaliser un bon tour. Bottas et Mercedes mettent fin à une série de sept poles positions consécutives pour Ferrari. Les bolides rouges souffrent ici de leur manque d'appui aérodynamique. Néanmoins, Vettel (2ème) ne concède que douze petits millièmes à Bottas. Leclerc (4ème) est inquiet car il a subi samedi matin une fuite d'huile sur son moteur. Il faudra aussi compter avec les Red Bull-Honda: Verstappen (3ème) n'est qu'à 62 millièmes de la pole. Albon (6ème) délivre une belle prestation, même si son dernier tour lancé a été annulé à cause d'un passage sur les dégagements. Pour le troisième week-end de rang, les McLaren-Renault monopolisent la quatrième ligne et Sainz (7ème) précède Norris (8ème).
Les Renault (Ricciardo 9ème, Hülkenberg 11ème) paraissent progresser sur cette piste qui demande de solides appuis, le point faible de la monoplace anglo-française. Chez Toro Rosso, Gasly (9ème) prend de plus en plus le pas sur Kvyat (13ème) qui tâtonne pour trouver les bons réglages, et du reste perd son dernier chrono pour avoir roulé hors des limites du circuit. Magnussen (12ème) est plutôt satisfait de sa Haas. Ce n'est pas le cas de Grosjean (15ème) qui vit un week-end cauchemardesque: il se crashe vendredi dans les Esses puis participe aux qualifications avec un aileron arrière ancienne version qui lui fait perdre beaucoup de temps en ligne droite. Stroll (14ème) estime qu'il aurait pu hisser sa Racing Point-BWT en Q3 sans une erreur de pilotage. Pérez est puni pour ne pas s'être plié vendredi à un contrôle de pesée et devra s'élancer depuis les stands. Son équipe en profite pour remplacer son unité de puissance de fond en comble. Les Alfa Romeo (Giovinazzi 16ème, Räikkönen 17ème) sont de plus en plus inefficaces. Enfin, du côté de Williams, Russell (18ème) précède cette fois Kubica (19ème) d'une demi-seconde « seulement ».
Le contentieux entre Max Verstappen et Lewis Hamilton s'épaissit un peu plus: lors d'un tour de sortie en Q2, le Britannique dépasse Daniil Kvyat « à la hussarde » dans l'avant-dernier virage, sans prendre garde au jeune Hollandais qui évoluait sur sa gauche. Ce dernier doit couper par le gazon pour éviter une collision. Devant les micros, Verstappen peste contre le comportement de Hamilton et contre l'impunité dont ce dernier bénéficierait de la part des commissaires sportifs.
Le Grand Prix
Après deux journées passées dans une atmosphère très automnale, le mercure grimpe jusqu'à 21°C ce dimanche 3 novembre. Nul ne sait comment vont se comporter les gommes dans ces conditions. Les stratèges hésitent à planifier un ou deux arrêts en course. La majorité des pilotes, dont les leaders, s'élancent en pneus médiums (C3). Albon, Sainz, Norris, Gasly et Ricciardo sélectionnent les pneus les plus tendres (C4) pour un court premier relais. A contrario, Hülkenberg et Kvyat choisissent le composé dur (C2).
Départ: Bottas prend un bon envol alors que les Ferrari s'élancent péniblement. Verstappen surprend Vettel au premier virage et Hamilton dépasse Leclerc. Au sommet de la côte, Albon se frotte à la roue arrière-gauche de Sainz, bondit et retombe au sol sans aileron avant.
1er tour: Hamilton déborde Vettel par l'extérieur dans les Esses. Puis Leclerc s'impose face à son équipier au virage n°11. Vettel tente de répliquer dans la longue pleine charge, mais Leclerc conserve sa ligne. Les deux Ferrari se frôlent. En proie à un fort sous-virage, Vettel cède ensuite devant Norris. En fin de tour, Bottas précède Verstappen, Hamilton, Leclerc, Norris, Vettel, Ricciardo, Gasly, Sainz et Magnussen.
2e: Vettel se débat avec une tenue de route catastrophique et perd encore une position au profit de Ricciardo. Albon stoppe aux stands pour changer ses pneus et sa calandre. Il redémarre bon dernier.
3e: Bottas devance Verstappen d'une seconde et trois dixièmes. Comme Vettel, Leclerc manque complétement d'adhérence et ne peut pas suivre le trio de tête.
5e: Bottas mène devant Verstappen (1.8s.), Hamilton (3.6s.), Leclerc (8.4s.), Norris (12.7s.), Ricciardo (13.6s.), Vettel (14.4s.), Gasly (16.6s.), Sainz (17.5s.), Magnussen (19.7s.), Räikkönen (20.7s.) et Hülkenberg (21.3s.).
7e: Bottas porte son avance sur Verstappen à deux secondes. Vettel tente péniblement de recoller au duo Norris - Ricciardo.
8e: La suspension arrière-gauche de Vettel s'affaisse brutalement dans le virage n°9. Le quadruple champion du monde se laisse glisser en crabe sur quelques dizaines de mètres avant de se garer le long du rail, près d'un huis permettant l'évacuation des bolides. Sans doute a-t-il escaladé brutalement un haut vibreur un peu plus tôt. Ricciardo déborde Norris au virage n°12.
9e: Le drapeau jaune est déployé pour permettre aux commissaires d'évacuer la Ferrari de Vettel. Räikkönen et Hülkenberg passent devant Magnussen qui commence à rencontrer des soucis avec ses pneus.
10e: Deux secondes et demie séparent Bottas de Verstappen. Kvyat vient à bout de Magnussen au prix d'une rude bataille roue contre roue dans les Esses. Stroll remplace ses gommes et son aileron avant, endommagé lors d'une touchette au départ.
11e: Hamilton comble une partie de son retard sur Verstappen. Arrêt pneus pour Kubica.
13e: Hamilton n'est plus qu'à une demi-seconde de Verstappen. Pérez et Albon remontent dans la hiérarchie et se défont notamment des Haas.
14e: Verstappen passe chez Red Bull pour entamer un second relais en pneus durs (2.6s.). Il ressort des stands au quatrième rang.
15e: Bottas s'arrête chez Mercedes et prend lui aussi des gommes blanches (3.2s.). Il repart derrière Leclerc. Comme Verstappen, le Finlandais a prévu un autre arrêt. Hamilton, qui a une stratégie à un seul pit-stop, s'empare des commandes de l'épreuve.
16e: Bottas puis Verstappen se débarrassent sans peine d'un Leclerc désespérément lent au volant d'une Ferrari inconduisible.
17e: Hamilton est premier devant Bottas (10.8s.), Verstappen (14.5s.), Leclerc (19.2s.), Riccardo (27.8s.), Norris (30.7s.), Gasly (35.7s.), Sainz (38.3s.), Räikkönen (40.7s.) et Hülkenberg (42.1s.).
18e: Bottas est extrêmement rapide et remonte à pas de géant sur Hamilton qui déplore du sous-virage. Arrêt pneus pour Giovinazzi.
19e: Sainz, Räikkönen et Magnussen passent aux stands pour chausser des pneus durs.
20e: Bottas est revenu à cinq secondes seulement de Hamilton. Norris et Gasly sont aux stands pour prendre des enveloppes blanches.
21e: Leclerc s'arrête chez Ferrari pour chausser des gommes dures. Suite à un problème de pistolet, ses mécaniciens peinent à caler sa roue arrière-gauche, et il perd sept secondes dans cette mésaventure. Le Monégasque reprend la piste derrière les Renault. Albon fait halte chez Red Bull pour mettre des pneus médiums. Pérez prend la septième position à Kvyat.
22e: Hamilton ne devance plus Bottas que de deux secondes. Verstappen est relégué à huit secondes. Leclerc reprend la quatrième position à Hülkenberg. Ricciardo stoppe chez Renault pour prendre des enveloppes blanches. Kvyat passe lui par le stand Toro Rosso pour mettre des Pirelli jaunes, mais l'arrêt dure longtemps à cause d'un écrou récalcitrant.
23e: Bottas est sur les talons de Hamilton qui choisit de demeurer un peu plus longtemps en piste, histoire de gêner son coéquipier. Ricciardo et Norris doublent Pérez qui n'a pas encore remplacé ses pneus.
24e: Bottas actionne son aileron arrière amovible dans la grande accélération et reprend la première position à Hamilton. Ricciardo et Norris dépassent Hülkenberg. Arrêt de Russell.
25e: Hamilton arrive chez Mercedes pour son unique pit-stop et prend de la gomme dure (2.4s.). Le Britannique se retrouve troisième. Changement de pneus aussi pour Pérez et Grosjean.
26e: Bottas est leader, six secondes devant Verstappen, vingt secondes devant Hamilton. Sainz dépasse Hülkenberg que Renault maintient en piste.
27e: Albon affiche un bon rythme malgré un fond plat endommagé et prend la huitième place à Gasly. Stroll, Kvyat et Pérez bataillent pour la onzième position. Hülkenberg observe enfin son premier arrêt aux stands et redémarre en gommes médiums.
28e: Bottas mène devant Verstappen (6.4s.), Hamilton (18.3s.), Leclerc (43.7s.), Ricciardo (58s.), Norris (59s.), Sainz (1m. 04s.), Albon (1m. 07s.), Gasly (1m. 09s.) et Räikkönen (1m. 13s.).
29e: Stroll se défend fermement face à Kvyat et lui coupe la trajectoire au bout de la longue pleine charge. Le Russe, surpris, se fait ensuite dépasser par Pérez alors que Stroll effectue un second changement de pneus.
31e: Hamilton revient à dix secondes de Verstappen qui n'a pas su préserver ses pneus avant. Albon prend l'ascendant sur Sainz.
33e: Bottas est premier devant Verstappen (7s.), Hamilton (13s.), Leclerc (40s.), Ricciardo (1m. 03s.), Norris (1m. 05s.), Albon (1m. 06s.), Sainz (1m. 10s.), Gasly (1m. 13s.), Räikkönen (1m. 18s.), Pérez (1m. 24s.) et Kvyat (1m. 28s.). Kubica abandonne à cause d'une fuite d'eau sur sa Williams.
35e: Verstappen arrive chez Red Bull pour chausser des pneus médiums et redémarre en troisième position. Albon dépasse Norris au premier virage.
36e: Bottas fait halte chez Mercedes pour prendre lui aussi des gommes jaunes (2.4s.). Hamilton retrouve le leadership et doit maintenant emmener ses gommes jusqu'à l'arrivée. Albon fond sur Ricciardo.
37e: Bottas s'empare du meilleur chrono provisoire (1'36''957''') et reprend trois secondes à son équipier en un seul tour. Albon dépasse Ricciardo au virage n°12.
39e: Bottas évolue à cinq secondes de Hamilton. Hülkenberg, Kvyat et Giovinazzi passent aux stands pour achever l'épreuve en pneus tendres.
40e: Hamilton précède Bottas (4.7s.), Verstappen (11s.), Leclerc (34.5s.), Albon (1m.), Ricciardo (1m. 04s.), Norris (1m. 08s.), Sainz (1m. 10s.) et Gasly (1m. 13s.).
41e: Albon fait escale aux stands pour prendre les gommes tendres, puis redémarre entre Gasly et Pérez. Räikkönen et Magnussen prennent aussi un dernier train de pneus rouges.
42e: Bottas rencontre du trafic et ne réduit plus son retard sur Hamilton. Leclerc passe chez Ferrari pour prendre des pneus tendres. Norris change aussi ses enveloppes au cours d'un arrêt un peu longuet.
43e: Albon dépasse Norris. Hülkenberg combat contre Räikkönen pour le gain de la onzième place. L'Allemand double le Finlandais en mettant les quatre roues hors des limites de la piste. Il rend donc sa position sur ordre de son écurie au tour suivant.
44e: Leclerc est plus à l'aise avec les pneus tendres et réalise le meilleur tour de la course (1'36''169''').
45e: Bottas revient à trois secondes de Hamilton. Albon dépasse Sainz pour la seconde fois et se retrouve sixième.
47e: Bottas sonne la charge et reprend encore une seconde pleine à son coéquipier. Verstappen roule à six secondes du Finlandais. Hülkenberg repasse devant Räikkönen, proprement cette fois-ci.
48e: Albon déborde Ricciardo au sommet de la colline et retrouve donc la cinquième position. Dernier changement de pneus pour Russell.
49e: Une seconde et deux dixièmes sépare les deux Mercedes de tête. Norris s'est défait successivement de Pérez et de Gasly.
50e: À six tours du but, Hamilton mène devant Bottas (0.9s.), Verstappen (5.6s.), Leclerc (57s.), Albon (1m. 18s.), Ricciardo (1m. 22s.), Sainz (1m. 31s.), Norris (1m. 33s.), Gasly (1m. 40s.), Pérez (-1t.), Hülkenberg (-1t.), Kvyat (-1t.) et Räikkönen (-1t.).
51e: Les Mercedes sont dans le trafic. Bottas file le train de Hamilton et le déborde par l'extérieur dans la longue ligne droite, sans prendre l'ascendant. L'Anglais résiste autant que possible et contraint son équipier à virer au large au virage n°12 pour éviter la collision.
52e: En début de tour, Hamilton prend un tour à Gasly et bénéficie donc un temps du DRS. Mais il en est dépourvu à l'entame de la grande accélération. Bottas actionne son propre aileron arrière mobile et cette fois dépasse son leader sans coup férir, par l'intérieur. Norris conquiert la septième place aux dépens de son collègue Sainz.
53e: Hamilton doit maintenant se mettre à l'abri du retour de Verstappen qui lui concède encore deux secondes. Pérez attaque Gasly pour le gain de la neuvième place et tous deux entrent en contact au virage n°13. Le Mexicain passe en force devant le Normand.
53e: Gasly se débat avec une direction tordue suite à son contact avec Pérez. Il se fait doubler par Hülkenberg et Kvyat, puis rejoint son stand pour changer de roues.
54e: Bottas roule tranquillement vers la victoire. Privé de freins, Magnussen tire tout droit au bout de la longue pleine charge et s'enlise dans les graviers. Les drapeaux jaunes sont agités à cet endroit, ce qui interdit tout dépassement.
55e: Verstappen est revenu à une seconde de Hamilton. Hülkenberg prend la huitième place à Pérez. Gasly met pied à terre: sa suspension a trop souffert du contact avec le Mexicain.
56ème et dernier tour: Verstappen a désormais l'usage du DRS mais il ne peut assaillir Hamilton au virage n°12 car les drapeaux jaunes sont encore déployés. Kvyat harcèle Pérez pour le gain de la dixième place. Il plonge à l'intérieur du virage n°15 et heurte l'aileron avant du pilote Racing Point, le contraignant à emprunter le dégagement. Le Russe est passé mais sa manœuvre déplaît aux commissaires...
Valtteri Bottas remporte la septième victoire de sa carrière devant son coéquipier Hamilton qui empoche son sixième titre de champion du monde. Verstappen grimpe sur la troisième marche du podium. Leclerc finit quatrième après un après-midi fort pénible. Albon a accompli une belle remontée et décroche la cinquième place. Ricciardo finit sixième avec sa Renault devant les McLaren de Norris et de Sainz. Hülkenberg se classe neuvième, Kvyat dixième. Viennent ensuite: Pérez, Räikkönen, Stroll, Giovinazzi, Grosjean et Russell.
Comme au Mexique, Kvyat est frappé d'une pénalité de cinq secondes, cette fois pour avoir provoqué une collision avec Pérez. Le pilote Toro Rosso rétrograde au douzième rang, ce qui permet à « Checo » de grappiller le point de la dixième place. « C'est de la c*nnerie pure et simple, il n'y a pas d'autres mots ! » s'emporte le jeune Russe.
Après la course: Hamilton dépasse Fangio
Lewis Hamilton gare sa Mercedes W10 sur l'emplacement réservé au champion du monde 2019 tracé par les organisateurs, puis se drape dans un drapeau britannique pour répondre aux questions de Martin Brundle et aux vivats de la foule texane. À 34 ans, il coiffe sa sixième couronne mondiale, laisse Juan Manuel Fangio derrière lui au palmarès et talonne désormais Michael Schumacher. De prime abord, ce championnat fut assez facile à remporter pour Hamilton qui a triomphé dix fois en dix-neuf Grands Prix et n'a guère été titillé qu'en début de saison par son équipier Valtteri Bottas. Mais la Mercedes W10 n'est pas une voiture ultra-dominatrice comme pouvaient l'être ses devancières des saisons 2014, 2015 et 2016. Les Flèches d'Argent ont surtout bénéficié des errements techniques de Ferrari qui s'est fourvoyée dans la conception de sa SF-90, et sur le manque de constance et de compétitivité des Red Bull-Honda. Hamilton, en vieux grognard, a toujours su saisir la victoire lorsqu'elle se présentait. « Ce ne fut pas le titre le plus simple à remporter », admet-il. « Au niveau des émotions, cela a été un peu les montagnes russes, notamment avec le décès de Niki [Lauda]... Nous avons connu une deuxième moitié de saison très difficile, car Ferrari était devant. Mais chaque aventure est différente, et puis nous avons eu des résultats même quand nous n'avions pas la meilleure voiture, ce qui montre à quel point Mercedes est une grande équipe. »
Sur le plan personnel, Lewis Hamilton a encore vécu une année faste. Le temps ne semble pas avoir de prise sur ce pilote d'exception qui semble se bonifier année après année. Si l'on excepte son calamiteux Grand Prix d'Allemagne, où il souffrait d'une grippe carabinée, il n'a une seule erreur majeure à se reprocher sur l'ensemble du championnat. « Je pense avoir vécu ma meilleure saison », commente-t-il. « J'ai été très régulier. Je n'ai pas eu de poles positions spectaculaires comme l'an passé, mais j'ai toujours été aux premiers rangs. Je vois cela comme travailler sur mon chef-d'œuvre et je n'en ai pas encore terminé. » Voilà la concurrence prévenue. Hamilton n'est en rien rassasié et ses prochains objectifs (son « chef-d'œuvre ») sont on ne peut plus clairs: décrocher une septième couronne en 2020 et battre le record de 91 victoires en carrière détenu par Michael Schumacher.
Pour le moment, Hamilton se console facilement de cette victoire perdue dans les derniers tours pour ne retenir que sa consécration. « Ce fut une course difficile », reconnaît-il. « Je ne pensais pas qu'un seul arrêt était possible, mais j'ai bossé aussi dur que possible en piste. » Et de fait, à cinq tours près, sa stratégie hardie se serait révélée payante ! Valtteri Bottas est pour sa part satisfait de ce succès qui lui assure la seconde place au championnat des pilotes. Mais il concède une certaine déception: il visait bel et bien le titre mondial cette année: « Je me suis très bien senti hier avec la voiture et nous avions un rythme solide, donc je suis très, très heureux de cette victoire. Mais bien évidemment, ce n'était pas suffisant pour empêcher Lewis d'être sacré. Personnellement, j'ai échoué dans mon objectif, mais il y a toujours l'an prochain... » Bottas sera-t-il un jour autre chose qu'un brillant second ? On le sait capable de vaincre Hamilton sur quelques courses, mais le pourrait-il sur la durée d'un championnat ?
Effondrement des Ferrari - Accusations de Verstappen
La Scuderia Ferrari a vécu un dimanche cauchemardesque qui la plonge dans l'expectative. Mattia Binotto ne peut donner ni les causes du bris de suspension ayant frappé Sebastian Vettel ni surtout expliquer pourquoi Charles Leclerc fut incapable d'exploiter ses deux premiers trains de pneus. On peut certes inculper le manque d'appuis intrinsèque à la SF-90. Mais tout le monde a remarqué que cette voiture d'ordinaire surpuissante n'a pas affolé les compteurs dans la longue ligne droite du Circuit des Amériques. Aussi, dimanche soir, Max Verstappen lance tout haut ce que tout le monde pense tout bas: suite à la note publiée par la FIA, les Rouges ont retouché leur système d'injection litigieux. « Voilà ce qui arrive quand on arrête de tricher ! C'est tout à fait normal après ce que la fédération a publié à ce sujet. C'est bien, ils se sont correctement penchés sur cette question. Mais, maintenant, nous allons continuer à surveiller la situation de près, c'est évident. »
Binotto s'insurge évidemment contre les propos de Verstappen: « Ce sont des commentaires complétement injustifiés. C'est vrai que nous n'avons pas été aussi rapides en ligne droite que lors des courses précédentes, mais nous avons été aussi véloces que nos concurrents en virage, du moins en qualifications. Cela, ils ne l'ont pas signalé... Le compromis entre l'adhérence et la vitesse de pointe a été ce week-end comme un test pour nous, c'est aussi simple que cela. Nous étions compétitifs lors des qualifications et nous devons maintenant comprendre pourquoi nous ne l'avons pas été dimanche. Notre problème, ce fut l'adhérence lors des deux premiers relais. La directive édictée par la FIA n'a eu aucun impact. » Malgré ces dénégations, plane un doute lancinant...
Tony