Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Ferrari
Damon HILL
 D.HILL
Williams Renault
Gerhard BERGER
 G.BERGER
Benetton Renault

586th Grand Prix

XVI Gran Premio di San Marino
Sunny
Imola
Sunday, 5 May 1996
63 laps x 4.892 km - 308.196 km
Affiche
F1
Coupe

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Constructor
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Accords Concorde 1997: Ecclestone contre le Triumvirat

Depuis de longs mois, Bernie Ecclestone négocie avec les constructeurs la signature des nouveaux Accords Concorde qui régiront la Formule 1 à compter de 1997. Il se heurte cependant à l'opposition d'un trio comprenant Ron Dennis, Frank Williams et Ken Tyrrell. Ceux-ci contestent le transfert des droits commerciaux de la FOCA à la FOM, la société de promotion d'Ecclestone, fomenté en 1995 par le Grand Argentier et Max Mosley dans l'opacité la plus totale. Très remonté, Ron Dennis dénonce un conflit d'intérêts: selon lui, Ecclestone a roulé dans la farine les constructeurs qu'il est pourtant censé défendre en tant que président de la FOCA, et ce pour son propre profit. Les discussions entre les deux hommes sont particulièrement virulentes. « Nous avons donné les droits commerciaux à la FOCA, pas à la FOM ! Tu as joué double-jeu, tu es malhonnête ! » lance ainsi le dirigeant de McLaren au « dictateur ». Frank Williams, qui depuis les « affaires » des années 1992-1993 est revenu de son ecclestonisme d'antan, se joint à Dennis, de même que le vieux Ken Tyrrell, qui depuis vingt-cinq ans n'a jamais cessé d'émettre une sourde opposition à la mainmise d'Ecclestone sur la Formule 1.

 

Ce dernier ne se tourmente pas outre-mesure. D'abord parce que le contrat qu'il a signé avec la FIA est juridiquement inattaquable (l'avocat Max Mosley le certifie...). Ensuite parce qu'il peut compter sur le soutien de membres éminents de la FOCA comme Flavio Briatore, Eddie Jordan et, bien entendu, Luca di Montezemolo. Ainsi, au printemps 1996, huit écuries sur onze ont ratifié les Accords Concorde 1997. Ecclestone est persuadé de venir à bout de la résistance du triumvirat Dennis - Williams - Tyrrell, qu'il traite d'ailleurs avec son détachement coutumier: « Ces trois-là sont fâchés parce qu'ils voudraient gagner autant d'argent que moi ! Mais quand je leur ai proposé de leur vendre le business au rabais, ils ont refusé ! » Bernie Ecclestone répète en effet à l'envi que, fin 1994, las et fatigué, il désirait vendre la Formule 1 à la FOCA et que, devant le refus de ses membres, il a dû, la mort dans l'âme, se dévouer et garder entre ses mains le timon de ce sport...

 

Présentation de l'épreuve

À Imola, Michael Schumacher peut mesurer le bond spectaculaire de sa popularité en Italie. L'an passé, l'annonce de son engagement par Ferrari avait suscité une certaine défiance teintée d'hostilité de ce côté-ci des Alpes. Réputé froid, hautain et calculateur, allemand de surcroît, Schumacher n'était pas apprécié par les tifosi, d'autant plus qu'il prenait la place du très aimé Jean Alesi. Mais toutes ces réserves sont oubliées. Le double champion du monde paraît déjà en mesure de ramener quelques trophées à la Scuderia, comme en témoigne sa seconde place au Grand Prix d'Europe. Et qu'importe si « Il Barone Rosso » reste prudent et déplore toujours la tenue de route très perfectible de sa F310: on attend de lui une victoire à Imola, où aucun pilote Ferrari n'a triomphé depuis Patrick Tambay en 1983.

 

Les reporters qui n'ont pas les yeux dans leur poche s'étonnent de voir Jacques Villeneuve déambuler dans le paddock au bras d'une charmante... brune. Où est donc la blonde aperçue à Buenos Aires ? En fait, Sandrine Gros d'Aillon, la petite amie du Québécois, a tout simplement changé de teinture ! Lionel Froissart, du quotidien Libération, nous apprend d'autre part que cette jeune Montréalaise, issue d'une très bonne famille, vient de se lancer dans la communication. Plus sérieusement, Villeneuve fait l'objet d'une vive attention de la part des Italiens qui n'ont évidemment pas oublié son père Gilles. Les journalistes transalpins ne manquent pas de l'interroger sur Ferrari. « Je vois où vous voulez en venir », sourit-il. « C'est évidemment une écurie prestigieuse. Mais je suis très bien là où je suis. » Ainsi, à défaut d'une victoire de Schumacher ou d'Irvine, les tifosi se satisferaient de voir « Giacomino » sur la plus haute marche du podium. L'intéressé ne peut manquer une banderole dressée juste en face de son stand: « Gilles vive, Jacques vince ».

 

Deux ans après les terribles drames d'Imola, le souvenir d'Ayrton Senna demeure très vivace. Comme l'an passé, et pour sans doute encore longtemps, le virage fatal de Tamburello est fleuri par les pieux supporteurs de « Magic ». Rubens Barrichello ne manque pas de s'y recueillir, tout en cherchant à exorciser les souvenirs qu'il conserve de cet affreux week-end de 1994, où lui-même a failli perdre la vie. « Rubinho » tente de dépasser ce traumatisme: « En 1995, j'étais chargé de mission de pole position pour honorer Ayrton. C'était trop lourd pour moi. Ma carrière a changé de signification... » En outre, Barrichello ne peut guère dissimuler son regret de végéter chez Jordan tandis que son ex-équipier Eddie Irvine, réputé moins bon, a été promu chez Ferrari, l'écurie de ses rêves (il a des origines italiennes). « Maintenant je n'y pense plus. Enfin, pas trop », corrige le Pauliste.

 

Pendant ce temps-là, la justice italienne s'apprête à clore son enquête autour des circonstances de la mort d'Ayrton Senna. L'absence remarquée de Patrick Head nourrit à cet égard tous les fantasmes. Selon certaines rumeurs, le procureur Maurizio Passarini disposerait de suffisamment d'éléments pour inculper Frank Williams, Patrick Head et Adrian Newey, et même la société Sagis, gestionnaire du circuit. Un dossier de 600 pages, dont le contenu est pour l'heure tenu secret, a été remis au tribunal de Bologne. Y aura-t-il un « procès Senna » ?

 

La crise couve chez Benetton après un Grand Prix d'Europe désastreux. Autoproclamée italienne depuis cet hiver, l'écurie d'Enstone doit relever la tête à Imola. Mais Flavio Briatore ne cache pas son désarroi, non seulement devant une B196 visiblement ratée, mais aussi les piètres performances de Jean Alesi, qui multiplie les bourdes, et de Gerhard Berger, déjà démobilisé. « Avec Jean et Gerhard, je parle à des enfants qui veulent du chocolat. Eux pourtant ne sont pas angoissés... » soupire Flavio Briatore. « L'ère Schumacher est bien révolue », ajoute en chuchotant un de ses collaborateurs. Pour balayer les doutes, Briatore convoque à Imola un « conseil de guerre » réunissant, outre les deux pilotes, les techniciens Ross Brawn et Pat Symonds, récemment rejoints par le Français Jean-Claude Migeot et l'Anglais Nick Wirth, l'ex-patron de Simtek. Cette conférence débouche sur... peu de choses, en grande partie parce qu'Alesi peine à suivre les débats en anglais ! « Pour Jean, j'ai pris la peine de faire traduire en italien le nouveau plan de travail des ingénieurs. Il est payé 5 millions de dollars et il n'a pas eu le temps de s'inscrire à des cours d'anglais ! » s'emporte Briatore qui, pourtant, ne cache pas sa réelle affection pour l'Avignonnais.

 

Il était resté très discret en Allemagne. Cette fois, il répond de bonne grâce aux questions des journalistes. Hiroshi Yasukawa, le directeur sportif de Bridgestone, confirme que son entreprise se lancera en Formule 1 en 1997. L'écurie TWR-Arrows sera sa première cliente: un contrat a récemment été signé avec Tom Walkinshaw. Mais les Japonais souhaitent fournir au moins deux autres équipes. On parle de contacts avec Minardi, Stewart ou encore Forti. Par ailleurs, Bridgestone installera son unité opérationnelle en Grande-Bretagne. Les premiers essais de pneumatiques nippons sont prévus pour cet été. Reste à guetter la réaction de Goodyear...

 

Malgré les dénégations de Patrick Faure et de Christian Contzen, la rumeur court que Renault aurait décidé de se retirer fin 1997, au terme de ses contrats avec Williams et Benetton, après avoir tout gagné en Formule 1. La décision aurait été arrêtée ces jours-ci par le président Louis Schweitzer et devrait être annoncée au Grand Prix de France. Néanmoins, les puristes français refusent pour le moment de donner crédit à ces bruits, d'autant plus que ceux-ci sont colportés par des journalistes japonais...

 

Pour ce Grand Prix à domicile, Ferrari lance la première évolution de son V10, longuement testée par Schumacher et Irvine à Fiorano en essais privés. Selon l'Allemand, ce moteur bénéficie d'une plage d'exploitation plus large. Jean Todt précise que d'autres améliorations apparaîtront bientôt. La F310 est aussi dotée d'un nouvel embrayage fourni par la firme japonaise Daikin et Shell apporte un nouveau carburant. L'aileron avant de la McLaren-Mercedes reçoit un support rigidifié, avec deux dérives verticales centrales et une petite section horizontale qui améliore l'appui. La Jordan-Peugeot de Barrichello est équipée d'un nouvel aileron arrière très inspiré de celui de la Williams FW18. La Minardi 195B bénéficie d'une première évolution, avec une nouvelle géométrie de suspension avant. Enfin, la Forti FG03, présenté au Nürburgring apparaît entre les mains de Badoer, Montermini se contentant de la vieille FG01.

 

Essais et qualifications

Le circuit d'Imola été resurfacé à 40% au cours de l'hiver, ce qui a permis d'araser de nombreuses bosses et améliore grandement la tenue de route des monoplaces. La séance libre du vendredi débute sur une piste humide suite à une averse matinale. L'après-midi, sur le sec, Schumacher réalise le meilleur chrono en dépit d'une sortie de route. La séance est interrompue par un drapeau rouge provoqué par Katayama qui a est tombé en panne de moteur sur le circuit. Samedi matin, Hill effectue le meilleur chrono devant Schumacher pour seulement trois millièmes.

 

Samedi après-midi, Schumacher réalise sa première pole position pour Ferrari (1'26''890'''). L'Allemand achève toutefois sa séance dans les graviers suite à la rupture d'un tirant de suspension. Son retour aux stands en camion lui vaut un triomphe romain de la part des tifosi. C'est la première pole d'une Ferrari à Imola depuis treize ans. Irvine réalise le sixième chrono avec l'autre voiture rouge, à plus d'une seconde de son équipier. Pour la première fois de la saison, les Williams-Renault sont battues en qualifications. Hill (2ème) et Villeneuve (3ème) ont cependant vécu des essais sans histoire et demeurent les favoris de la course. Coulthard (4ème) se dit enchanté du comportement de sa McLaren-Mercedes. Son collègue Häkkinen (11ème) est moins heureux: il casse sa boîte de vitesses samedi matin et peine à trouver le bon équilibre. La première journée est désastreuse pour les Benetton-Renault, reléguées en fond de classement. La B196 est très instable à vide et peine à faire chauffer ses pneus. Alesi (5ème) et Berger (7ème) limitent les dégâts en qualifications, mais doivent pour cela rouler avec un demi-plein...

 

Jolie performance de Salo qui amène sa Tyrrell-Yamaha au huitième rang. Son collègue Katayama (16ème) est, on l'a dit, coupé dans son élan par une casse moteur. Les Jordan-Peugeot sont ici en retrait: Barrichello (9ème) use pas moins de trois trains de pneus en qualifications et Brundle (11ème) subit des problèmes hydrauliques. Les Sauber-Ford souffrent toujours de sous-virage chronique. Frentzen (10ème) devance Herbert (15ème) qui se charge d'éprouver l'accélérateur électronique. Les Ligier-Mugen manquent de grip: Panis (13ème) et Diniz (17ème) sortent tous deux de la piste lors des essais. Chez Arrows-Hart, Verstappen (14ème) abîme samedi son train avant avant de rencontrer un problème de moteur et Rosset (20ème) se distingue par plusieurs séjours dans les graviers. Lamy (18ème) parvient à placer sa Minardi-Ford devant celle de Fisichella (19ème), frappé d'une panne de boîte. Enfin, Badoer (21ème) parvient à qualifier la nouvelle Forti-Ford. Montermini (22ème) roule avec le vieux modèle avant de grimper la voiture de Badoer à la fin des qualifications. Il s'approche de la barre des 107 %, mais pas suffisamment pour gagner sa place sur la grille.

 

Malgré sa pole position, Michael Schumacher annonce ne pas viser la victoire pour le lendemain car il estime que la Ferrari est encore largement inférieure à la Williams-Renault. Mais il table sur d'éventuelles erreurs de Damon Hill qui, d'après lui, n'a finalement pas vraiment progressé depuis 1995: « On parle d'un super-Hill, d'un Hill plus fort... Pour moi, il est toujours le même. Il est bon pilote quand il dispose d'une bonne machine et qu'il est en tête. S'il rate son départ et se retrouve derrière, dans la bagarre, il commet des erreurs. Quand il est soumis à trop de pression, il se met dans des situations pas possibles ! On l'a encore vu au Nürburgring... »

 

Le Grand Prix

Les Williams dominent le warm-up du dimanche matin. Schumacher, dont la voiture a fait l'objet d'âpres réparations après son accident de la veille, est inquiet car il se retrouve à une seconde pleine de Hill. Du reste, Jean Todt et les motoristes de Ferrari ont choisi de ne pas utiliser le V10 Evolution en course, sa fiabilité étant encore aléatoire. Toujours lors de l'échauffement, Alesi sort de la route à Piratella et endommage l'avant de sa Benetton. L'Avignonnais devra disputer la course avec le mulet. Häkkinen démarrera aussi avec sa voiture de réserve. Il fait beau et chaud en ce dimanche 5 mai 1996.

 

Plus de 130 000 spectateurs, en grande majorité italiens, se massent dans les tribunes dans l'espoir d'assister au triomphe de Schumacher et de Ferrari. Deux arrêts aux stands sont prévus pour cette course.

 

Départ: Schumacher patine quelque peu au démarrage. Hill le dépasse lorsque Coulthard, très bien parti, surgit depuis l'extérieur. L'Écossais contourne la Williams et franchit en tête le premier virage devant Hill et Schumacher. Après avoir mis deux roues dans la poussière, Alesi se rabat au freinage devant Villeneuve qui tamponne la Benetton. Les deux hommes se frottent à nouveau dans l'enchaînement de Tamburello.

 

1er tour: Suite à ses touchettes avec Alesi, Villeneuve est victime d'une crevaison à l'arrière-gauche et traverse les graviers avant Tosa. Coulthard mène devant Hill, Schumacher, Salo, Berger, Barrichello, Alesi, Irvine, Brundle et Verstappen.

 

2e: Schumacher fait l'intérieur à Hill au premier freinage et s'empare de la seconde position. Berger dépasse Salo. Villeneuve rejoint son stand pour changer ses quatre roues et se retrouve bon dernier.

 

3e: Coulthard contient Schumacher qui campe sur ses talons. Parti avec beaucoup d'essence, Hill est repoussé à deux secondes.

 

5e: Coulthard mène devant Schumacher (0.5s.), Hill (2.6s.), Berger (4.1s.), Salo (8.1s.), Barrichello (8.8s.), Alesi (9.5s.), Irvine (11.7s.), Brundle (12.7s.), Verstappen (13.3s.), Frentzen (14.5s.) et Herbert (15.4s.).

 

6e: Coulthard n'a pas un rythme très élevé et ralentit Schumacher. Berger fait la jonction avec Hill qui mène une course d'attente.

 

8e: L'écart s'accroît entre les duos Coulthard - Schumacher et Hill - Berger. Grâce à une piste claire, Villeneuve enchaîne les meilleurs tours mais est encore loin de la Forti de Badoer.

 

9e: Coulthard prouve qu'il a de la ressource en réalisant le meilleur chrono provisoire (1'30''046'''). Hill se détache de Berger dont la Benetton devient instable au fur et à mesure de son allégement.

 

10e: Coulthard devance Schumacher (0.9s.), Hill (3.9s.), Berger (6s.), Salo (12s.), Barrichello (13.6s.), Alesi (15.6s.), Irvine (16.6s.), Brundle (18.3s.) et Verstappen (19.6s.).

 

11e: Schumacher répond à Coulthard (1'29''897'''). Hill évolue à quatre secondes du leader et attend tranquillement les ravitaillements.

 

13e: Schumacher est toujours dans le sillage de Coulthard mais ne peut se porter à sa hauteur. Panis est le premier pilote à effectuer un ravitaillement.

 

15e: Berger ne parvient plus à suivre Hill. Son coéquipier Alesi n'est pas mieux loti puisqu'il est sous la menace d'Irvine. Ravitaillements de Fisichella et de Badoer.

 

17e: Coulthard précède Schumacher (0.6s.), Hill (3.6s.), Berger (7.7s.), Salo (15.6s.), Barrichello (17s.), Alesi (23s.), Irvine (24.2s.), Brundle (25s.), Verstappen (26.6s.), Frentzen (30.8s.), Herbert (31.5s.) et Häkkinen (32.4s.).

 

18e: Coulthard et Schumacher arrivent sur Badoer. Verstappen, Häkkinen et Katayama effectuent un premier pit-stop. L'opération s'éternise pour le Hollandais d'Arrows qui repart après trente secondes d'immobilité.

 

19e: Badoer laisse passer les leaders. Alesi regagne le stand Benetton pour ravitailler. Suite à sa collision avec Villeneuve, ses mécaniciens redressent un triangle de suspension et composent avec une jante endommagée. L'Avignonnais doit même changer de volant. Il redémarre au bout de vingt secondes et se retrouve entre Häkkinen et Katayama.

 

20e: Coulthard entre aux stands pour remettre de l'essence et des pneus neufs (8.2s.). Il se réinsère entre Barrichello et Irvine. Frentzen, Rosset et Lamy sont aussi aperçus aux stands. Badoer observe une pénalité de dix secondes pour vitesse excessive dans l'allée des stands.

 

21e: Schumacher parcourt un tour en tête avant d'effectuer son ravitaillement (9.5s.). L'Allemand réussit à repartir juste devant Coulthard. Hill se retrouve en tête devant Berger et Salo. Brundle stoppe chez Jordan où ses mécaniciens tentent en vain d'accoupler le ravitailleur à son réservoir. L'Anglais est renvoyé en piste avec des pneus neufs mais sans carburant supplémentaire ! Arrêt aussi pour Diniz. Alesi écope de dix secondes de pénalité pour un excès de vitesse aux stands.

 

22e: Barrichello observe un premier arrêt-ravitaillement assez longuet (une quinzaine de secondes). Herbert ravitaille aussi. Lamy subit à son tour un « stop-and-go » de dix secondes pour avoir roulé trop vite dans la pit-lane.

 

23e: Hill compte cinq secondes et demie d'avance sur Berger, dix-sept secondes sur Schumacher. Salo effectue un ravitaillement. Herbert repasse par le stand Sauber pour faire examiner son moteur qui ratatouille. Brundle fait de nouveau halte chez Jordan et cette fois parvient à refaire le plein.

 

24e: Le moteur de Salo part en fumée à la Variante Bassa. Le Finlandais se gare dans une échappatoire. Badoer revient aux stands pour modifier les réglages de sa Forti.

 

25e: Dix-huit secondes séparent Hill et Schumacher. Berger effectue un pit-stop (7.4s.) et redémarre entre Irvine et Barrichello. Revenu au treizième rang, Villeneuve ravitaille et perd deux positions.

 

26e: Désormais très léger, Hill roule en 1'29''177''' et creuse l'écart sur Schumacher. Alesi subit son « stop-and-go » et se retrouve quatorzième devant Villeneuve. Herbert renonce: suite à une défaillance de la gestion électronique, son V10 Ford ne fonctionne plus. Badoer est de nouveau pénalisé pour excès de vitesse.

 

27e: Jusqu'alors quatrième, Irvine exécute son premier pit-stop. L'Irlandais retrouve la piste en sixième position.

 

28e: Hill mène devant Schumacher (22.1s.), Coulthard (26s.), Berger (34.5s.), Barrichello (44.2s.), Irvine (50s.), Frentzen (1m. 05s.), Häkkinen (1m. 07s.), Diniz (1m. 13s.), Katayama (1m. 15s.) et Verstappen (1m. 17s.).

 

29e: Schumacher est gêné par l'attardé Rosset et cède ainsi de précieuses secondes. Häkkinen exécute un tête-à-queue à Rivazza. Il se retrouve à contre-sens mais se relance après avoir perdu cinq positions.

 

30e: Hill arrive chez Williams pour prendre de l'essence et des gommes neuves (7.6s.). Il redémarre une seconde devant Schumacher, sans avoir perdu les commandes de l'épreuve.

 

31e: Schumacher est maintenant aux trousses de Hill. Coulthard ne peut pas suivre le rythme de la Ferrari. Fisichella casse son moteur après Tamburello et gare sa Minardi dans la pelouse.

 

32e: Schumacher roule dans la même seconde que Hill. Frentzen regagne le stand Sauber et abandonne suite à une panne de freins.

 

33e: Hill précède Schumacher (1.3s.), Coulthard (12.7s.), Berger (21s.), Barrichello (31s.), Irvine (33s.), Diniz (1m. 05s.), Katayama (1m. 06s.), Verstappen (1m. 08s.), Panis (1m. 13s.), Häkkinen (1m. 14s.) et Brundle (1m. 16s.). Alesi et Villeneuve bataillent pour la treizième place.

 

35e: Hill repousse Schumacher à une seconde et demie et se prémunit ainsi contre une attaque.

 

37e: Schumacher a repris quelques dixièmes à Hill. Plus loin, Irvine menace Barrichello pour le gain de la cinquième place. Pressé par Alesi et Villeneuve, Brundle tire tout droit dans les graviers à Acque Minerale et s'y enlise. Le vétéran n'ira pas plus loin.

 

39e: Hill est premier devant Schumacher (1.1s.), Coulthard (17.6s.), Berger (25s.), Barrichello (36.6s.), Irvine (38s.) et Diniz (1m. 15s.). Katayama opère son second pit-stop, imité par Verstappen.

 

40e: Le ravitaillement de Verstappen tourne au désastre. Libéré trop tôt par le préposé à la « sucette », le Hollandais embarque avec lui le tuyau de remplissage, faisant choir le mécanicien qui le tenait ainsi que la machine à ravitailler. Verstappen coupe son moteur alors que les médecins s'affairent autour de David Lowe, le mécanicien blessé, qui gît au sol. Schumacher stoppe chez Ferrari pour un ravitaillement un peu long (11s.). Il repart troisième. Alesi passe aussi aux stands.

 

41e: Coulthard exécute son deuxième pit-stop. Il cale au redémarrage et ne remet les gaz qu'au bout de vingt secondes. Arrêts aussi pour Irvine et Panis. La cuve d'essence d'Arrows étant hors service, Rosset ne peut pas ravitailler et tombe en panne sèche sur le circuit ! Pendant ce temps-là, l'équipe médicale prend en charge David Lowe qui, par bonheur, souffre seulement d'une épaule luxée.

 

42e: Barrichello fait escale chez Jordan et fait une mauvaise affaire puisqu'il ressort derrière Irvine. Diniz, Häkkinen et Lamy ravitaillent une seconde fois.

 

43e: Hill devance Schumacher de vingt-six secondes. Deuxième arrêt de Villeneuve qui repart en neuvième position.

 

44e: Schumacher est bouchonné par Häkkinen qui pourchasse Diniz et ignore les drapeaux bleus. Berger fait une seconde escale chez Benetton. Il cale mais redémarre au bout de quinze secondes « seulement », ce qui lui permet de demeurer devant Coulthard.

 

45e: Schumacher se plaint de Häkkinen par des gestes explicites. Le Finlandais n'en a cure et dépasse Diniz à Piratella. Coulthard gare sa McLaren dans un bac à graviers. Le dispositif hydraulique de sa boîte a rendu l'âme. Katayama se retrouve sixième.

 

46e: Schumacher concède maintenant trente-quatre secondes à Hill... et se retrouve maintenant gêné par Diniz ! Le bonheur de Katayama n'aura pas duré longtemps: trahi par sa transmission, le petit Japonais s'immobilise sur le bas-côté. Villeneuve recueille la sixième place.

 

47e: Hill mène devant Schumacher (38s.), Berger (1m. 03s.), Irvine (1m. 13s.), Barrichello (1m. 17s.), Villeneuve (-1t.), Panis (-1t.), Alesi (-1t.), Häkkinen (-1t.), Diniz (-1t.), Lamy (-2t.) et Badoer (-3t.).

 

48e: Schumacher s'est défait de Diniz et de Häkkinen. Alesi tente de faire l'intérieur à Panis à la dernière chicane, mais le Lyonnais ferme la porte au natif d'Avignon. Ce dernier part en tête-à-queue, puis se redresse et reprend sa route.

 

49e: Hill s'empare du meilleur chrono de la course (1'28''931'''). Nouvel arrêt pour Badoer.

 

50e: Hill observe son deuxième ravitaillement (8.3s.) et conserve le leadership. Häkkinen et Diniz écopent chacun de dix secondes de pénalité pour obstruction devant Schumacher. Il subissent leurs « stop-and-go » lors des tours suivants.

 

51e: L'intervalle entre Hill et Schumacher est désormais de vingt-deux secondes. Panis commence à perdre l'usage de ses freins et doit laisser passer Alesi.

 

53e: Hill devance Schumacher (21.9s.), Berger (48s.), Irvine (58s.), Barrichello (1m. 05s.), Villeneuve (-1t.), Alesi (-1t.) et Panis (-1t.).

 

55e: Pressé par Schumacher qui souhaite lui prendre un tour, Alesi met les quatre roues dans la poussière à la réaccélération après Acque Minerale. Barrichello remonte sur Irvine qui ménage sa mécanique.

 

56e: L'écart n'évolue pas entre Hill et Schumacher. La course est jouée. Panis stoppe à la Variante Alta, trahi par sa boîte de vitesses.

 

58e: Schumacher est revenu à dix-huit secondes de Hill. Villeneuve regagne le stand Williams avec un bris de suspension arrière-gauche et doit renoncer. Alesi récupère la sixième position.

 

60e: Hill précède Schumacher (17s.), Berger (50s.), Irvine (1m. 03s.), Barrichello (1m. 14s.), Alesi (-1t.), Häkkinen (-1t.) et Diniz (-1t.).

 

62e: Gêné par Lamy, Hill laisse Schumacher revenir à treize secondes en cette fin d'épreuve. Berger, troisième, roule isolé. Irvine s'est mis à l'abri de tout retour de Barrichello.

 

63ème et dernier tour: Le moteur de Häkkinen part en fumée. Le Scandinave clôt ainsi un après-midi fort pénible. Il sera tout de même classé huitième.

 

Damon Hill remporte sa quatrième victoire de la saison devant la Ferrari de Schumacher, saluée par les tifosi. L'Allemand a eu chaud: à cause d'un roulement de roue grippé à l'avant-droit, il doit stopper sitôt la ligne franchie ! Berger, troisième, grimpe sur son premier podium en 1996. Irvine termine quatrième, Barrichello cinquième. Alesi recueille la sixième place et un point inespéré. Diniz, Lamy et Badoer sont les seuls autres pilotes à recevoir le drapeau à damiers.

 

Sitôt arrêté, Schumacher est assailli par les tifosi qui envahissent la piste sans attendre que les autres bolides aient fini leur course. L'Allemand peine à se dégager de la cohue. Plus loin, Berger, également immobilisé, est aussi très entouré par les Italiens qui n'ont pas oublié ses six saisons passées en rouge.

 

Après la course

Cette nouvelle victoire de Damon Hill s'est fondée sur une tactique bien inspirée: parti avec beaucoup d'essence, le Britannique a laissé Michael Schumacher ferrailler avec David Coulthard, puis a retardé au maximum son premier ravitaillement afin d'établir à vide les temps « canon » qui lui ont permis in fine de devancer ses adversaires. « Cette stratégie me tracassait car j'ignorais comme les freins allaient réagir avec cette surcharge d'essence », raconte le vainqueur. « Je ne pouvais pas freiner aussi tard que d'habitude. Pendant quelques tours, j'ai dû tâtonner pour modifier mon pilotage et voir comment les choses allaient tourner. Bon, finalement j'ai réussi à trouver une vitesse moyenne me permettant de demeurer dans mon plan de course sans me faire rattraper par Schumacher. Gagner dans ces conditions est vraiment superbe ! » Pour l'anecdote, il s'agit aussi de la seizième victoire de rang du moteur Renault, invaincu depuis le GP de France 1995 !

 

Michael Schumacher n'est pas déçu de sa seconde place: « Même si nous perdons un peu de compétitivité en course, notamment sur les Williams, nous avons prouvé être sur la bonne voie. Surtout, nous devrions être en mesure d'aligner notre moteur Evolution à Monaco. Si cette deuxième place est le maximum que nous pouvions espérer ici, la victoire sera notre objectif en Principauté ! » En outre, grâce à la quatrième place du solide Eddie Irvine, Ferrari place pour la première fois de l'année ses deux bolides dans les points. De quoi remonter le moral des tifosi qui, jusqu'ici, témoignent d'une confiance aveugle envers le nouveau « Baron rouge ». « L'ordre est rétabli, mais l'armée rouge n'attendra pas l'été pour gagner », prédit Frank Williams.

 

Gerhard Berger a comme à son habitude mené une course discrète qu'il achève en troisième position. Un résultat inattendu au regard des piètres prestations des Benetton-Renault en essais. Le pilote autrichien pointe du doigt les carences de la B196: « Nous devons absolument résoudre ce problème d'équilibre à vide, et même à plein dans certains virages. Mais, compte tenu du potentiel de notre matériel, je suis vraiment heureux de ce résultat. J'en avais réellement besoin après mon début de saison difficile. J'étais au fond du gouffre. Ce podium va me redonner le moral ! » Berger est plus souriant que Jean Alesi qui a accumulé les déboires ce week-end, et s'est de plus fait un nouvel « ami » en la personne de Jacques Villeneuve, dont il a ruiné la course au premier virage. « La première friction, je peux la comprendre, la seconde, je ne l'admets pas ! » tempête le Canadien. Alesi, penaud, se raccroche au point glané grâce à l'abandon de... Villeneuve. « Terminer ce Grand Prix mal parti depuis vendredi est un certain résultat pour moi... Mais j'ai vraiment besoin d'une bonne performance... »

 

Enfin, pour la première fois depuis 1994, une McLaren s'est distinguée en prenant les commandes de la course. David Coulthard a mené la danse durant 19 tours, pour rien, hélas, à cause d'une boîte défectueuse. « Plus que l'abandon, c'est le fait d'avoir raté une si belle occasion de podium qui est frustrant », soupire le jeune Écossais. « Vers le milieu de la course, je me suis aperçu que la boîte devenait de plus en plus paresseuse dans la descente de certains rapports. C'est d'ailleurs peut-être pour cela que j'ai calé lors de mon deuxième ravitaillement. La déception est à la mesure de l'énorme satisfaction que j'ai eue de me retrouver en tête d'un Grand Prix. C'était tellement bon ! Comme si je remboursais les efforts de chaque membre de McLaren et de Mercedes. » Jo Ramirez et Norbert Haug tempèrent la déception de Coulthard (sans parler de celle de Häkkinen, qui a vécu une course cauchemardesque) en mettant en avant ce premier tiers de course idyllique. À raison car si les McLaren-Mercedes manquent encore de fiabilité, elles s'affirment comme de réels outsiders. Ron Dennis croit à une victoire d'ici la fin de la saison.

 

Hill caracole en tête du championnat du monde des pilotes avec 43 points, loin devant Villeneuve (22 pts), Schumacher (16 pts) et Alesi (11 pts). Chez les constructeurs, fort de ses cinq victoires en cinq courses, Williams-Renault (65 points) est déjà inatteignable pour Ferrari (25 pts) et Benetton-Renault (18 pts).

Tony