Nouvelle chicane à Monte-Carlo
Le tracé monégasque est modifié en deux endroits. Tout d'abord la chicane du port est élargie grâce à une plate-forme gagnée sur la mer. Elle se décompose désormais en trois courts virages. Cet aménagement était nécessaire car les bolides déboulaient beaucoup trop rapidement devant le front de mer. Ils négocient désormais ce nouveau freinage à 60 km/h, contre plus de 200 km/h autrefois. Cela aurait pu faciliter les dépassements, mais malheureusement le dévers de la route à l'intérieur rend toute attaque trop hasardeuse. Au moins cette chicane est désormais équipée d'une échappatoire digne de ce nom qui permettra de garer les bolides. Le virage du Gazomètre est aussi redessiné. Sa fameuse bosse a été arasée et sa trajectoire ne se referme plus sur elle-même. Il pourra donc être franchi en seconde et non plus en première. Le coût de ces travaux s'élève à près de dix millions de francs.
A signaler enfin que, deux ans après l'imbroglio qui lui avait valu une suspension fédérale, Jacky Ickx redevient directeur de course du Grand Prix de Monaco.
L'avenir de Renault F1 en question
Un petit homme trapu à l'accent du pays d'Oc arpente le paddock, encerclé par une kyrielle de solliciteurs. C'est Patrick Faure, le nouveau président de Renault Sport, chargé de répandre la bonne parole du « big boss », Georges Besse. « Nous voulons rester en Formule 1 pour vaincre, et en conservant deux équipes au lieu de trois » proclame-t-il. Il n'annonce rien de concret. En fait, Faure et son lieutenant Bernard Casin ont proposé à Lotus un partenariat très étroit pour 1987. Or Peter Warr et Gérard Ducarouge n'ont pour le moment pas donné suite. Ils mènent en effet des pourparlers secrets avec Honda...
De son côté, Guy Ligier continue de clamer que le prix des moteurs Renault est trop élevé. Il reçoit à Monte-Carlo la visite du nouveau secrétaire d'État aux Sports Christian Bergelin qui lui déclare ne pas pouvoir contraindre la Régie à réduire ses tarifs. « Nous ne gagnons pas d'argent avec le département moteurs Formule 1. Nous souhaitons à terme limiter le coût de revient de ces turbos. L'avenir de la F1 est en jeu. Nous n'avons pas les moyens, comme certains autres, de fournir gratuitement des moteurs uniquement pour récolter des retombées médiatiques » déclare Patrick Faure. La feuille de route de Renault commence à se dessiner: développer une alliance avec Lotus et conserver Ligier comme « simple client »... ce dont ne veut pas l'entrepreneur vichyssois. Quant à Ken Tyrrell, il n'existe plus aux yeux de Viry-Châtillon et peut déjà se chercher un nouveau motoriste.
Présentation de l'épreuve
Les résidents monégasques profitent de cet événement pour inviter leurs amis. Nelson Piquet a ainsi convié sa mère et son frère Geraldo. Keke Rosberg se promène avec le consul de Finlande. Stefan Johansson a un hôte de marque: le roi de Suède Charles XVI Gustave en personne. Côté français, le ministre du Commerce extérieur Michel Noir est l'invité de Guy Ligier, soucieux de s'attirer les bonnes grâces du nouveau gouvernement. On voit aussi dans son garage Jean-Michel Schoeler, attaché au cabinet du ministre de l'Intérieur Charles Pasqua et grand ami de René Arnoux. Quelques jours avant la course, l'écurie McLaren a reçu la visite du premier ministre britannique, Mme. Margaret Thatcher. Ron Dennis n'a pas osé l'inviter en Principauté...
Tous les bolides ont adopté une configuration type « circuits lents »: gros ailerons et rapports de transmission plus courts. Benetton a retouché ses volets avant en les équipant de cloisons verticales amovibles. En s'affaissant légèrement, les moustaches devaient créer un léger effet de sol. Mais Gabriele Cadringher, l'ingénieur de la FISA, estime que ces pièces sont assimilables à des éléments aérodynamiques mobiles et exige qu'elles soient démontées.
La Brabham BT46 a encore une fois été remaniée. Les ingénieurs de Chessington et de Munich n'ont pas ménagé leurs efforts, les uns pour améliorer la traction des roues motrices, les autres pour accroître la puissance du quatre cylindres BMW « couché ». Tous les organes périphériques du moteur (échangeur, radiateur d'eau, turbo etc.) sont reculés d'une quarantaine de centimètres afin de changer la répartition des masses. « Je n'ai jamais autant travaillé de ma vie » soupire Gordon Murray qui affiche une mine bien fatiguée.
Ferrari revient aux étriers de frein Brembo tout en leur associant de nouvelles prises d'air. Le V6 italien reçoit en outre des turbos plus petits. Chez FORCE, Patrick Tambay dispose à son tour d'une Lola-Ford tandis que chez Tyrrell Philippe Streiff reçoit sa Tyrrell-Renault 015. Guy Ligier a conclu un accord avec le circuit du Castellet qui lui sera régulièrement ouvert pour des essais privés. En contrepartie, ses monoplaces arborent désormais le logo des pastis Ricard. Les six voitures motorisées par Renault reçoivent un V6 à distribution pneumatique. Enfin, Piercarlo Ghinzani roule toujours avec l'Osella de 1985, mais bénéficie d'un V8 Alfa Romeo à injection électronique.
Les qualifications
Les essais du jeudi sont dominés par Senna tandis que les Williams-Honda sont victimes d'une cascade de ruptures de moteurs suite à une erreur de gestion électronique. Mansell n'est même pas qualifié au terme de cette première séance.
Samedi pourtant, suite à un gros effort des motoristes nippons, Mansell bat le chrono de Senna. Mais c'est Prost qui subtilise la pole position, la seizième de sa carrière, franchissant le cap d'1'23''. Mansell se contente de la deuxième place. Handicapé par des soucis de sélecteur de vitesses, et de toute façon peu motivé par ce tracé qu'il déteste, Piquet est relégué en onzième position. Senna (troisième) doit cette fois s'avouer vaincu en qualifications. Faute d'expérience et victime de problèmes de transmission, son collègue Dumfries (22ème) n'est même pas qualifié. Alboreto réalise l'exploit de hisser sa Ferrari très instable et survireuse au quatrième rang. Le Milanais prouve ainsi qu'il n'a rien perdu de son talent malgré ses récents déboires. Johansson (15ème) n'est en revanche jamais dans le coup et se fait piteusement remarquer en renversant dans l'allée des stands Jean Sage, le manager de Renault Sport. Fort heureusement, celui-ci s'en tire avec une simple luxation d'épaule.
Malgré un style très spectaculaire, Berger (5ème) ne touche jamais les rails, au contraire du plus calme Fabi, seulement seizième. Les Brabham paraissent métamorphosées puisque Patrese se place aux côtés de Berger en troisième ligne, après avoir longtemps détenu la seconde position. De Angelis, vingtième et dernier qualifié, ne peut malheureusement pas s'exprimer à cause d'un moteur BMW qui refuse de tourner rond. Les Ligier sont ici très performantes mais Arnoux (12ème) gâche ses chances en s'accrochant bêtement avec Mansell tandis que Laffite (7ème) tarde à faire monter ses pneus en température. En dépit d'une faible pression de suralimentation, Tambay hisse sa nouvelle Lola-Ford au huitième rang, deux secondes devant Jones (18ème), gêné par un bris de suspension. Rosberg (9ème) est ralenti par du trafic et partage la dixième ligne avec Brundle. L'autre Tyrrell de Streiff se classe treizième. Les pilotes Arrows (Boutsen 13ème, Surer 17ème) doivent composer avec un châssis dépassé et un moteur trop pointu. Palmer (19ème) arrache sa qualification à l'énergie au volant d'une Zakspeed toujours aussi médiocre.
Ghinzani échoue à se qualifier pour seulement un dixième de seconde. Danner et Rothengatter sont aussi éliminés, tout comme de Cesaris et Nannini qui n'ont jamais pu faire fonctionner correctement leurs moteurs Motori Moderni.
Le Grand Prix
L'épreuve de Formule 3 est remportée par le Français Yannick Dalmas sur une Martini de l'équipe Oreca. Son équipier Michel Trollé se classe troisième tandis que la seconde marche du podium est occupée par l'Italien Stefano Modena (Reynard-Alfa Romeo).
Contrairement aux trois années précédentes, c'est sous un beau soleil printanier que se déroule ce Grand Prix. Prost est le plus rapide lors de l'échauffement devant... Patrese ! La Brabham BT55 paraît décidément transfigurée. Tambay utilise son mulet suite à une fuite d'huile sur sa voiture de course. Laffite quitte les stands trop tardivement après que ses mécaniciens ont colmaté une fuite d'eau sur sa JS27. Il est contraint de s'élancer depuis la dernière position. Guy Ligier est furax... Les pilotes Goodyear choisissent des montes tendres et prévoient d'effectuer un changement à mi-parcours, au contraire de ceux chaussés par Pirelli qui prennent tous des pneus durs, à l'exception de Berger et de Fabi.
Départ: Excellent envol de Prost qui conserve l'avantage de sa pole. Senna double Mansell puis viennent Alboreto, Berger et Rosberg qui a pris un départ canon.
1er tour: Rosberg double Berger à Mirabeau. Prost mène devant Senna, Mansell, Alboreto, Rosberg, Berger, Patrese, Brundle, Tambay et Piquet. Fabi revient au stand au ralenti. Ses mécaniciens vont réparer son système d'injection.
2e: Prost commence à distancer Senna. Mansell est derrière la Lotus tandis que Rosberg met la pression sur Alboreto.
3e: Streiff, équipé de disques en fonte, freine trop tôt au Bureau de Tabac, au moment même où Jones lui fait l'intérieur. Les deux voitures s'accrochent et partent en toupie sans toucher les rails. Streiff redémarre tandis que Jones décide d'emprunter l'échappatoire de la chicane pour reprendre la piste en toute sûreté. Mais les commissaires postés à cet endroit refusent de l'autoriser à faire demi-tour ! Jones doit mettre pied à terre alors que sa Lola est parfaitement intacte.
4e: Prost compte trois secondes d'avance sur Senna. Mansell se cramponne derrière le Pauliste, suivi de près par Alboreto et Rosberg. Berger et Patrese luttent pour la sixième place. Laffite est revenu en quinzième position.
5e: Mansell est encore sur les talons de Senna. Arnoux prend la onzième place à Boutsen.
7e: Prost a quatre secondes de marge sur Senna et Mansell. Rosberg harcèle Alboreto, Patrese menace Berger, tandis que plus loin Brundle commence à jouer le bouchon devant Tambay et Piquet.
8e: Le moteur de Mansell bafouille dans les virages serrés. Le pilote britannique rend désormais une seconde et demie à Senna.
9e: Arnoux rattrape le trio Brundle - Tambay - Piquet. Johansson dépasse Boutsen qui est bientôt menacé par Laffite.
10e: Cela va mieux pour Mansell qui se rapproche de Senna. Rosberg met toujours une grosse pression sur les épaules d'Alboreto. Patrese dépasse Berger.
11e: Prost devance Senna (5.6s.), Mansell (6.5s.), Alboreto (8.6s.), Rosberg (8.9s.), Patrese (17.4s.), Berger (18.5s.), Brundle (20.5s.), Tambay (20.9s.), Piquet (21.8s.), Arnoux (22.2s.), Johansson (35.1s.), Laffite (37s.) et Boutsen (38s.).
13e: Grosse bagarre pour la douzième place entre Laffite et Johansson. A la Rascasse le Français déborde la Ferrari par l'extérieur. Johansson résiste mais Laffite ne cède pas lui non plus et s'empare ainsi brillamment d'une position supplémentaire. Devant lui, sur l'autre Ligier, Arnoux roule également très vite et double Piquet.
14e: Prost consolide son avance et précède Senna (8.3s.), Mansell (9.8s.), Alboreto (12.2s.), Rosberg (12.8s.), Patrese (22s.) et Berger (23s.).
15e: Rosberg tente toujours en vain de surprendre Alboreto. Brundle, Tambay et Arnoux se battent pour la huitième position.
16e: Après avoir bien négocié le Gazomètre, Rosberg se porte à la hauteur d'Alboreto devant les stands. L'Italien essaie de l'intimider en le tassant contre le rail extérieur, mais le Finnois demeure impavide et se rabat devant la Ferrari à Sainte-Dévote.
18e: Neuf secondes entre Prost et Senna. Alboreto est incapable de suivre Rosberg. Arnoux prend la neuvième place à Tambay. Laffite rattrape Piquet qui se débat avec une boîte de vitesses qui « saute » par intermittence.
19: Rosberg est toujours aussi rapide et revient sur Mansell. Galvanisé, le pilote Williams hausse le rythme et réduit son retard sur Senna. De Angelis manque de pression de suralimentation et revient à son stand, avant de repartir quelques instants plus tard.
20e: Prost est premier devant Senna (10.1s.), Mansell (12.1s.), Rosberg (14.6s.), Alboreto (24.6s.), Patrese (36.8s.), Berger (37.2s.), Brundle (42.8s.), Arnoux (42.9s.), Tambay (44.4s.), Piquet (46.6s.) et Laffite (50s.).
21e: Rosberg n'est plus qu'à trois secondes de Mansell.
23e: Prost a une douzaine de secondes de marge sur Senna. Arnoux double Brundle. Le Grenoblois mène désormais un train de cinq voitures, Tambay, Piquet et Laffite étant aussi sur les talons du jeune Anglais. Johansson n'est pas capable de les rejoindre car il a perdu le pommeau de son levier de vitesses, ce qui particulièrement handicapant sur ce tracé.
24e: Arnoux part à la poursuite de Berger, laissant Brundle, Tambay, Piquet et Laffite s'expliquer. Fabi rentre à son garage en panne de freins.
25e: Prost et Senna sont séparés par neuf secondes. Rosberg est maintenant dans les roues de Mansell.
26e: Rosberg dépasse Mansell et se lance aux trousses de Senna.
27e: Prost est leader devant Senna (9.9s.), Rosberg (12.2s.), Mansell (17.3s.), Alboreto (31.8s.), Patrese (45.9s.), Berger (46.5s.) et Arnoux (49s.).
29e: Mansell s'arrête aux stands pour changer de pneus. Il ressort en cinquième position derrière Alboreto.
30e: Rosberg n'est qu'à une seconde de Senna. Arnoux rattrape le duo Patrese - Berger.
31e: Senna glisse dans la descente de Mirabeau et permet ainsi à Rosberg de se rapprocher encore un peu plus. Prost est dorénavant quatorze secondes devant son poursuivant immédiat. Arnoux dépasse Berger et entre dans les points.
32e: Rosberg arrive aux stands pour changer de pneus (13.2s.) et repart au bout de treize secondes en quatrième position. Patrese le suit pour mettre des Pirelli neufs. Mais il cale au redémarrage et reste bloqué très longtemps, chutant dramatiquement dans le classement. Boutsen change aussi ses pneus.
33e: Rosberg est reparti derrière Alboreto et le menace une nouvelle fois. Changement de pneus pour Tambay.
34e: Rosberg double Alboreto sur la ligne de chronométrage. Arrêt de Surer. Dépourvu de pression de turbo, de Angelis abandonne.
35e: Prost entre aux stands et observe son changement de gommes en neuf secondes. Il repart deuxième et laisse à Senna le commandement.
36e: Senna a cinq secondes d'avance sur Prost, vingt-cinq secondes sur Rosberg.
37e: Changement de pneus pour Brundle.
38e: Senna devance Prost (6.1s.), Rosberg (18s.), Mansell (16s.), Arnoux (38s.), Berger (51s.), Piquet (54s.) et Laffite (55s.).
39e: Prost revient facilement sur Senna dont les pneus crient grâce. L'intervalle entre eux se chiffre à quatre secondes. Alboreto regagne son garage avec un turbo cassé. C'est le neuvième abandon consécutif du pauvre Italien.
40e: Prost est dans les roues de Senna. Il pourrait attendre l'arrêt de celui-ci, mais il ne peut se permettre de perdre du temps car Rosberg remonte.
42e: Prost tente de doubler Senna sur le boulevard Albert Ier, mais le Brésilien résiste et ferme la porte à Sainte-Dévote. Après un tour passé à supporter la forte pression du Français, Senna entre dans les stands.
43e: Senna chausse un nouveau train de pneumatiques en seulement dix secondes, mais il repart derrière Rosberg et juste devant Mansell. Berger rentre à son stand pour mettre des gommes neuves, mais ses mécaniciens s'aperçoivent que les goujons de fixation de sa roue arrière-gauche sont cassés. C'est terminé pour l'Autrichien.
44e: Senna se retrouve sous la pression de Mansell.
45e: Prost accroît petit à petit son avance sur Rosberg. Mansell est gêné par les projections d'huile provenant de la Lotus de Senna et doit se laisser décramponner. Tambay prend la neuvième place à Johansson.
47e: Prost a onze secondes d'avance sur Rosberg. Laffite menace Piquet, qui n'a pas changé de gommes, pour le gain de la sixième place.
48e: Prost enchaîne les meilleurs tours et consolide sa domination sur le Grand Prix.
50e: Prost est premier devant Rosberg (13.5s.), Senna (31.6s.), Mansell (38.2s.), Arnoux (54.6s.), Piquet (1m. 12s.), Laffite (1m. 13s.), Brundle (-1t.), Johansson (-1t.), Tambay (-1t.), Boutsen (-2t.), Surer (-2t.), Palmer (-2t.) et Streiff (-2t.).
51e: Prost réalise le meilleur tour en course: 1'26''607'''. Laffite déborde Piquet sur la ligne de départ. Le voici sixième. Johansson est au stand Ferrari pour mettre des pneus neufs
52e: Piquet change de pneus et repart en huitième position entre Brundle et Tambay, ses compères depuis le départ.
53e: Senna a réussi à creuser un écart de plus de cinq secondes avec Mansell. Reparti dernier à plus de dix tours, Patrese renonce suite à une panne de pompe à essence. Il stoppe sa Brabham avant le Bureau de tabac.
55e: Pas de changement en tête de la course: Prost compte maintenant dix-neuf secondes d'avance sur Rosberg.
57e: Prost devance Rosberg (21s.), Senna (36s.), Mansell (46s.), Arnoux (1m. 01s.) et Laffite (1m. 28s.). Brundle, Piquet et Tambay sont proches les uns des autres et luttent pour la septième place.
59e: Tambay dépasse Piquet devant les stands.
60e: Vingt-deux secondes séparent Prost et Rosberg. Senna perd du temps derrière un quatuor de retardataires composé de Tambay, Piquet, Boutsen et Brundle (le Belge étant à un tour des trois autres). Comme on pouvait le craindre, Piquet ne s'efface pas devant Senna et ne cherche qu'à repasser devant Tambay.
61e: Le retard de Mansell sur Senna tombe à six secondes. Le Pauliste se débarrasse de Piquet et de Boutsen à Mirabeau.
62e: Tambay laisse passer Senna. Piquet se blottit derrière la Lola. Mansell n'est plus qu'à quatre secondes de Senna mais tombe à son tour sur les attardés. Johansson repasse par les stands pour mettre d'autres pneus.
63e: Mansell est plus rapide que Senna mais perd du temps derrière Palmer et Boutsen.
65e: Prost devance Rosberg (19s.), Senna (41s.), Mansell (46s.), Arnoux (1m. 14s.) et Laffite (-1t.).
66e: Piquet parvient à déborder Tambay sous le tunnel. Le Brésilien prend maintenant Brundle en chasse. Mansell remonte sur ce trio.
67e: Arnoux concède un tour à Prost.
68e: Mansell est bloqué derrière le trio Brundle - Piquet - Tambay et rend onze secondes à Senna.
69e: Piquet double Brundle dans la montée du Casino. Quelques secondes plus tard, dans la descente vers Mirabeau, Tambay prend l'aspiration derrière la Tyrrell et se déporte à l'intérieur. Mais Brundle ne le voit pas et lui coupe la trajectoire. Coincée contre le trottoir, la Lola escalade la Tyrrell, décolle dans les airs, touche la tête du Britannique, se retourne et percute les glissières par l'arrière, avant de retomber sur ses quatre roues. Tambay s'en tire indemne, tandis que Brundle ramène sa voiture au garage. Les commissaires massés à cet endroit ont été chanceux car la Lola était arrivée à leur hauteur avant d'être stoppée par le rail.
70e: Prost survient sur les lieux de la collision entre Tambay et Brundle. Prévenu par un seul drapeau jaune, il se faufile difficilement entre les débris. Mansell a perdu trop de temps derrière les retardataires et n'a plus aucune chance de rattraper Senna.
71e: Brundle met pied à terre. Il retire son casque blanc et y aperçoit une trace de pneu laissée par la Lola de Tambay. Le jeune Anglais a beaucoup de chance de ne pas avoir été blessé.
72e: Mansell a vingt-deux secondes de retard sur Senna et va se contenter de sa quatrième place.
74e: Prost perd un peu de temps derrière Boutsen qui tarde à s'écarter pour la troisième fois.
75e: Prost contrôle tranquillement cette fin de Grand Prix. Il devance Rosberg (24s.), Senna (48s.), Mansell (1m. 14s.), Arnoux (-1t.), Laffite (-1t.) et Piquet (-1t.).
77e: Prost a vingt-six secondes de marge sur son équipier.
78ème et dernier tour: Alain Prost remporte son troisième Grand Prix de Monaco consécutif. Rosberg finit deuxième et assure ainsi le doublé pour Marlboro-McLaren. Senna termine troisième devant Mansell. Suivent Arnoux et Laffite qui apportent trois nouveaux points à Ligier-Renault. Piquet a été transparent durant tout le week-end qu'il achève au septième rang, hors des points. Boutsen, Surer, Johansson, Streiff et Palmer rallient également l'arrivée.
Après la course: Alain III de Monaco
Alain Prost a dominé ce week-end monégasque de la tête et des épaules. Avec trois succès de rang sur le Rocher, il égale la performance réalisée par Graham Hill entre 1963 et 1965. Après des débuts difficiles à Rio et à Jerez, les McLaren sont en mesure de rivaliser avec les Williams-Honda et les Lotus-Renault. Et sur ce tracé tortueux qui nécessite un excellent châssis, la MP4/2C de John Barnard a fait merveille. « L'année dernière notre châssis n'était pas parfait, admet Prost. Cette année il a favorablement évolué, particulièrement en diminuant les problèmes de motricité et la brutalité du train arrière. » En outre, le moteur TAG-Porsche autorise une plus grande souplesse d'utilisation, un autre atout en Principauté. Prost a exploité ce potentiel de main de maître tandis que Keke Rosberg a effectué une superbe remontée depuis le neuvième rang.
Vus ses antécédents ici, Ayrton Senna avait les faveurs des spécialistes mais rien n'a fonctionné pour lui: « Des freins qui bloquaient, un moteur manquant de puissance en sortie de virage, un châssis difficile à piloter... Physiquement, cette course m'a épuisé » commente le Brésilien. Quant aux Williams-Honda, archi-favorites en début d'année, elles n'ont finalement remporté jusqu'ici que le premier Grand Prix au Brésil. Mais elles devraient revenir en force sur des circuits qui leur conviennent comme Spa ou Montréal. Enfin, si les deux Ligier auraient pu faire mieux sans les incidents survenus aux essais et avant la course, les superbes prestations d'Arnoux et de Laffite font oublier au patron toute son amertume. Pas de doute, les « vieux » ont encore de la ressource !
Prost (22 pts) s'empare du commandement du championnat devant Senna (19 pts), Piquet (15 pts), Rosberg (11 pts) et Mansell (9 pts). McLaren-TAG-Porsche prend la première place du classement des constructeurs avec 33 points contre 24 à Williams-Honda et 19 à Lotus-Renault.
Tony