Clay REGAZZONI
 C.REGAZZONI
Williams Ford Cosworth
Jody SCHECKTER
 J.SCHECKTER
Ferrari
Carlos REUTEMANN
 C.REUTEMANN
Lotus Ford Cosworth

320th Grand Prix

XXXVII Grand Prix Automobile de Monaco
Sunny
Monaco
Sunday, 27 May 1979
76 laps x 3.312 km - 251.712 km
Affiche
F1
Coupe

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Driver
Constructor
Engine

Décès d'Amédée Gordini

Le 25 mai 1979 disparaît un personnage légendaire du sport automobile, Amédée Gordini. Cet Italien immigré en France, véritable passionné de mécanique, était devenu dans les années 1930 pilote et préparateur des « Fiat françaises » baptisées Simca. Après la Seconde Guerre Mondiale il devint constructeur à part entière et, après des succès en F2, participa au championnat du monde de Formule 1 à compter de 1950, d'abord avec Simca puis sous son propre nom. Il n'obtint pas le succès, même si la T16 réussit de jolies performances en 1952-53 aux mains de Robert Manzon, Jean Behra et Maurice Trintignant.

 

En 1956 Gordini signe un accord avec Renault et se reconvertit dans les voitures de série. D'où les célèbres Dauphine, R8 et R10. Lorsque dans les années 70 Renault Sport se lance dans la compétition automobile, les moteurs prennent le nom de Renault-Gordini, y compris le fameux moteur turbocompressé de Formule 1. La Régie Renault rend bien sûr hommage à ce pionnier de la compétition automobile.

 

Présentation de l'épreuve

Ce Grand Prix de Monaco fête ses cinquante ans. C'est l'occasion d'évoquer les grandes figures du passé, dont l'inévitable Louis Chiron, vainqueur de l'épreuve en 1931, qui, s'il ne donne plus depuis une dizaine d'années le départ de la course, reste un hôte de marque. Monte-Carlo est aussi une épreuve chère à Gilles Villeneuve, Jody Scheckter, Clay Regazzoni et Carlos Reutemann, tous les quatre étant résidents monégasques.

 

Comme souvent le Grand de Monaco a lieu en même temps que le festival de Cannes. Guy Ligier et Jacques Laffite se sont rendus sur la Croisette pour parader avec la JS 11. Plus sérieusement, les « Bleus » ont mené des essais au Paul-Ricard en même temps que les « Jaunes » de Renault. Jean-Pierre Jabouille se démène pour réduire le temps de réponse du turbo et obtient quelques avancées notables.

 

Après des années de tensions avec l'association des constructeurs, le président de l'Automobile Club de Monaco Michel Boeri a obtenu que la grille de départ de sa course soit limitée à vingt voitures. En 1972 Bernie Ecclestone lui avait arraché de haute lutte une extension de la grille. Cette fois-ci l'ACM et la FISA se sont alliés pour faire triompher le pouvoir sportif. Mais ceci n'embête guère Ecclestone qui se désintéresse du sort des plus petites équipes, pour la plupart non affiliées à la FOCA. Il n'empêche, cette limitation n'offre aucune chance de qualification à ces écuries. Furieux de ce règlement, Hector Rebaque déclare forfait.

 

Enzo Ferrari est assez inquiet de la rivalité naissante entre ses deux pilotes Gilles Villeneuve et Jody Scheckter. Même si le Commendatore apprécie toujours quand ses coureurs se battent entre eux, il comprend que cette situation peut dégénérer et plomber la saison de la Scuderia. Aussi décide-t-il de réaffirmer la prépondérance de Jody Scheckter, en tant que « doyen » (Scheckter a 29 ans tandis que Villeneuve fait croire qu'il en a 27). Afin de ne pas blesser Villeneuve qu'il aime beaucoup, Ferrari annonce à Monte-Carlo que son contrat est prolongé jusqu'à fin 1980, avec une option pour 1981. En échange il espère que le Québécois ne tentera pas l'impossible pour vaincre son équipier.

 

Les deux pilotes Ligier sont fêtés comme des vedettes à Monte-Carlo. Pourtant Jacques Laffite et Patrick Depailler ne sont pas au mieux car tous deux traînent de mauvaises blessures aux poignets. Depailler s'est foulé le poignet à Zolder et souffre beaucoup. Quant à Laffite, il fait face à une conséquence de l'accident de moto subi à Dijon en 1977. Tous deux vont devoir utiliser de la novocaïne durant le week-end.

Ligier installe sur les JS 11 des freins en carbone, déjà testés en Espagne, et qui offrent un allégement de huit kilos.

 

Arturo Merzario a chuté dans un escalier de son atelier et s'est fracturé le poignet. Il laisse le volant de sa voiture à Gianfranco Brancatelli. Celui-ci a été laissé libre par Willy Kauhsen qui, après deux expériences désastreuses en Espagne et en Belgique, a sagement décidé de ne pas poursuivre son aventure en Formule 1. L' « Alfa-Alfa » est aussi absente et fera son retour au Grand Prix de France.

 

McLaren apporte une nouvelle évolution de sa voiture, la M28C, confiée au seul John Watson. Elle possède un train avant plus étroit et plus court que la version B.

Chez Wolf James Hunt utilise la WR7 puisqu'il a endommagé la WR8 à Zolder. Cette voiture est toujours aussi instable et Hunt ne cache son agacement à Walter Wolf et à Harvey Postlethwaite.

Renault Sport n'a pas de grands espoirs sur ce circuit peu favorable aux moteurs turbocompressés. Les R10 vont toutefois intégrer pour de bon la suralimentation par double turbo. Ces deux turbocompresseurs de petite taille ont été commandés auprès du spécialiste allemand KKK. Ce système donne mille chevaux supplémentaires au V6 et surtout améliore le temps de réponse à l'accélération. René Arnoux étrenne enfin sa propre Renault RS10, tandis que Jabouille étrenne un RS11 dotée d'un nouvel aileron.

 

Essais et qualifications

Les essais du jeudi sont perturbés par une panne d'essence du camion chargé de transporter les pneus Goodyear... Paul Lauritzen ne peut donc fournir des pneus de qualifications avant le samedi. Encore un mauvais point pour la firme américaine. Michelin apporte un type de pneus de qualifications très tendres, la gamme 174.

 

Les Ferrari dominent la première séance et Villeneuve devient le premier pilote à passer sous la barre d'1' 27''. Mais le samedi Scheckter est le plus rapide et réalise sa première pole position pour Ferrari.... pour seulement sept centièmes de seconde. Les pilotes Ferrari utilisent l'aileron large et avancé qu'avait monté Scheckter à Long Beach. La première ligne est toute rouge...et toute Michelin. Depailler est troisième et précède Lauda qui a utilisé ses pneus de course pour réaliser un tel chrono. Laffite est cinquième devant les Tyrrell de Jarier et de Pironi. Mass obtient une belle huitième place sur l'Arrows. Accidenté le jeudi, Jones a dû changer de voiture et se contente du neuvième rang. Son équipier Regazzoni n'est que seizième. Hunt est dixième avec la Wolf. Les Lotus ne sont pas du tout performantes ici : Reutemann est 11ème, Andretti 13ème. L'Américain déclare que sa 80 n'a aucune adhérence. Ils encadrent l'ATS de Stuck. Watson, Patrese, Fittipaldi et Piquet sont aussi qualifiés. Ce circuit n'est bien sûr pas adapté aux Renault d'Arnoux et de Jabouille mais au moins parviennent-elles à se qualifier en dernière ligne.

 

Brancatelli a été éliminé lors de la séance pré-qualificative. Les Shadow de de Angelis et de Lammers, l'Ensign de Daly et surtout la McLaren de Tambay ne sont pas qualifiées.

 

Formule 3: l'avènement d'Alain Prost

La course de Formule 3 est remportée par Alain Prost sur sa Martini-Renault de l'équipe Elf-Oreca. Il précède l'Italien Oscar Pedersoli et le Brésilien Chico Serra, tous deux sur March-Toyota. Prost domine le championnat d'Europe de F3 et est à 24 ans le nouveau grand espoir du sport automobile français. Son arrivée en F1 apparaît imminente.

 

La course de Procar a été très spectaculaire. Les coureurs s'en sont donnés à cœur joie, les contacts « portière contre portière » ont été nombreux, et Niki Lauda l'a emporté.

 

Le Grand Prix

S'il pleut le dimanche matin, le temps est au beau fixe pour le Grand Prix de l'après-midi.

 

Départ : Scheckter part très bien au contraire de Villeneuve qui se fait déborder par Lauda bien élancé à l'extérieur. Depailler tente de s'infiltrer à l'intérieur mais Villeneuve parvient à demeurer devant la Ligier, non sans escalader un vibreur.

 

1er tour : Scheckter mène devant Lauda, Villeneuve, Depailler, Laffite, Pironi, Jones, Mass, Jarier et Reutemann. Les Renault ferment la marche.

 

2e : Scheckter prend de l'avance tandis que Lauda est sous la menace de Villeneuve.

 

3e : Villeneuve déborde Lauda par l'extérieur avant Sainte-Dévote. De nouveau le Québécois monte sur un vibreur juste mais contrôle parfaitement sa Ferrari et se retrouve deuxième. Lauda est peu après sous la menace de Depailler.

 

4e : Scheckter a trois secondes d'avance sur Villeneuve. Lauda contient les Ligier ainsi qu'un train qui s'étend jusqu'à la Tyrrell de Jarier. Piquet s'accroche avec Arnoux mais les deux voitures repartent. Patrese revient à son stand avec un bris de suspension à l'avant droit et abandonne.

 

5e : Lauda emmène un peloton composé de Depailler, Laffite, Pironi, Jones, Mass, Jarier, Reutemann et Andretti. Hunt s'arrête dans la montée vers le Casino à cause d'une panne de cardan.

 

6e : Deux secondes et huit dixièmes séparent les Ferrari. Villeneuve a six secondes d'avance sur le groupe Lauda.

 

8e : L'écart est stable entre les pilotes Ferrari. Arnoux regagne le stand Renault pour renoncer, sa direction étant endommagée suite à son accrochage avec Piquet.

 

10e : Scheckter mène devant Villeneuve (1.8s.) et Lauda (13.7s.) qui emmène derrière lui Depailler, Laffite, Pironi, Jones, Mass, Jarier, Reutemann et Andretti.

 

11e : Villeneuve est revenu à une seconde et deux dixièmes de son équipier.

 

13e : L'écart entre les Ferrari et le groupe Lauda s'est réduit à onze secondes. Stuck, Regazzoni et Watson commencent à rattraper ce peloton qui compte neuf voitures.

 

15e : Scheckter et Villeneuve sont séparés par une seconde. Lauda est à moins de dix secondes de leader. Depailler commence cependant à s'impatienter derrière l'Autrichien.

 

16e : Après un contact avec Pironi, le pneu arrière gauche de Laffite commence à se dégonfler. Le Français parvient à regagner son garage pour faire changer la roue mais repart bon dernier... quelques centaines de mètres devant les Ferrari.

 

17e : Depailler et Pironi sont blottis derrière Lauda. Ils ont pris un peu d'avance sur les autres poursuivants. Jones est isolé tandis que Jarier menace Mass.

 

18e : Fittipaldi entre au stand Copersucar. L'avarie d'une soupape de son moteur l'oblige à renoncer.

 

19e : A l'épingle de la gare Pironi attaque Depailler mais heurte le flanc gauche de la Ligier. Pironi poursuit sa route tandis que Depailler reste bloqué dans le virage. Il a calé. Le peloton lui passe sous le nez avant qu'il puisse repartir en quatorzième position.

 

20e : Scheckter a une seconde et demie d'avance sur Villeneuve. Ceux-ci roulent derrière la Ligier de Laffite. Scheckter a dix secondes d'avance sur Lauda, maintenant harcelé par Pironi. Ils sont suivis de près par Jones, Mass et Jarier. Les Lotus sont distancées.

 

22e : A l'approche de Mirabeau, Pironi se jette à l'intérieur pour doubler Lauda qui ne le voit pas. La roue avant gauche de la Tyrrell escalade la roue arrière droite de la Brabham. Pironi décolle et atterrit violemment dans le mur de pneus servant de protection. Il sort indemne de sa voiture tandis que Lauda regagne son stand avec un train arrière détruit. La course est aussi finie pour Andretti qui a cassé un triangle de suspension avant gauche.

 

23e : Lauda met pied à terre. Jones occupe désormais la troisième place à treize secondes des Ferrari. A Mirabeau un commissaire de piste en état de choc est évacué sur une civière. Le pauvre homme a vu la Tyrrell de Pironi lui foncer dessus avant d'être heureusement arrêtée par la barrière.

 

25e : Scheckter mène devant Villeneuve (1.3s.), Jones (11s.), Mass (14s.), Jarier (15s.) et Reutemann (21s.). Regazzoni est septième et précède Stuck, Watson et Piquet. Depailler et Laffite sont onzième et treizième.

 

27e : Jones est le plus rapide en piste et remonte rapidement sur les Ferrari. Son retard n'est plus que de cinq secondes et demie.

 

28e : Piquet prend la neuvième place à Watson.

 

29e : Jones reprend une seconde à chaque tour à Scheckter et à Villeneuve qui sont maintenant roues dans roues. Mais il semble que le Québécois respecte sons statut de n°2 et n'attaque pas le Sud-Africain.

 

30e: Scheckter est premier devant Villeneuve (0.8s.), Jones (3.5s.), Mass (18s.) et Jarier (19s.). Reutemann est sixième mais est rattrapé par la seconde Williams de Regazzoni qui est aussi rapide que son équipier.

 

31e : Stuck perd sa roue arrière gauche à la sortie du deuxième S de la Piscine. La roue folle heurte un réverbère avant de plonger dans la Méditerranée. L'Allemand s'arrête contre le rail tandis que les drapeaux jaunes sont agités dans le secteur.

 

32e : Jones est maintenant sur les talons de Villeneuve. Les trois premiers se tiennent en deux secondes.

 

33e : Jarier prend la quatrième place à Mass à l'épingle de la gare. De son côté Regazzoni prend la sixième place à Reutemann qui est un peu ralenti par un échappement cassé.

 

35e : Jarier stoppe à Sainte-Dévote avec un porte-moyeu cassé à l'arrière. Les deux Tyrrell sont hors course.

 

37e : Jones suit toujours le « train rouge » sans trouver d'ouverture. Mass est quatrième à seize secondes, Regazzoni cinquième à vingt-cinq secondes.

 

40e : Scheckter mène devant Villeneuve (0.9s.), Jones (1.8s.) Mass (17.6s.) et Regazzoni (21s.). Suivent Reutemann, Piquet, Watson, Depailler, Jabouille et Laffite. Seules onze voitures sont encore en piste.

 

41e : Laffite est très rapide et essaie de remonter au classement. Jabouille s'arrête chez Renault, victime d'une fuite dans le circuit de suralimentation. Il reprend la piste peu après.

 

43e : Regazzoni est revenu derrière Mass. Les deux hommes se battent pour la quatrième place.

 

44e : Jones touche les glissières au virage du Bureau de Tabac. Il parvient à ramener sa Williams à son stand mais doit abandonner car sa suspension avant droite est pliée. Mass récupère la troisième place.

 

45e : Scheckter est en tête devant Villeneuve (1s.), Mass (16s.), Regazzoni (18s.), Reutemann (26s.), Piquet (28s.), Watson (31s.) et Depailler (32s.). Laffite est relégué à environ une minute tandis que Jabouille a deux tours de retard.

 

47e : La victoire semble devoir se jouer entre les deux pilotes Ferrari, toujours roues dans roues. Au troisième rang Mass tente de résister à Regazzoni.

 

48e : L'écart est tombé à quatorze secondes entre les deux Ferrari d'une part et le duo Mass - Regazzoni d'autre part. Jabouille passe pour la deuxième fois par le stand Renault pour changer de pneus.

 

50e : Le liquide de freins de l'Arrows de Mass commence à bouillir car elle a perdu une écope de refroidissement. L'Allemand se fait doubler par Regazzoni, puis par Reutemann et par Piquet. Il regagne le stand Arrows et ses mécaniciens vont remplacer l'écope.

 

51e : Désormais troisième, Regazzoni se lance à la poursuite des Ferrari. Il a quatorze secondes de retard sur Scheckter.

 

53e : Regazzoni est le plus rapide en course et est revenu à moins de treize secondes de Scheckter.

 

55e : Villeneuve s'arrête à l'entrée des stands suite à une panne de différentiel. Il est poussé vers les stands et abandonne. Scheckter n'a personne derrière lui pour la première fois depuis une heure.

 

56e : Scheckter a onze secondes d'avance sur Regazzoni. Reutemann est troisième à vingt-cinq secondes mais voit Piquet le rattraper. L'Argentin se débat avec une boîte de vitesses revêche et a du mal à contenir le retour de Piquet. Mass reprend la piste avec six tours de retard.

 

57e : Laffite s'arrête en bord de piste après la Piscine avec une boîte de vitesses cassée. Il n'y a plus que huit voitures en piste.

 

58e : Neuf secondes séparent Scheckter et Regazzoni.

 

59e : Regazzoni perd l'usage de sa deuxième vitesse au Bureau de Tabac. Il peut continuer mais a perdu quelques secondes.

 

60e : Scheckter mène devant Regazzoni (12.4s.), Reutemann (17s.), Piquet (18.5s.), Watson (20s.) et Depailler (20.5s.). Ils précèdent Mass et Jabouille qui ont de nombreux tours de retard.

 

63e: Scheckter parvient à maintenir une dizaine de secondes d'avance sur Regazzoni. En revanche Reutemann et Piquet semblent se rapprocher du Tessinois. Depailler menace la cinquième place de Watson.

 

64e : Piquet est en difficulté avec une voiture instable. Il rattrape un début de dérapage à la sortie du dernier S de la Piscine.

 

65e : Scheckter est premier devant Regazzoni (11.9s.), Reutemann (15.5s.), Piquet (18s.), Watson (19s.) et Depailler (19.7s.).

 

67e : Les écarts se réduisent : Scheckter n'a plus que huit secondes d'avance sur Regazzoni, onze secondes sur Reutemann, douze secondes sur Piquet.

 

68e : Regazzoni est à sept secondes de Scheckter. Depailler parvient enfin à déborder Watson

 

69e : Depailler réalise le meilleur chrono de l'après-midi : 1'28''82'''. Il rattrape facilement... Reutemann, car Piquet s'arrête à l'entrée du tunnel. Le jeune Brésilien, surpris par une faute de Reutemann au Portier, a voulu rétrograder et ce faisant a cassé un demi arbre de transmission...

 

70e : Désormais quatrième, Depailler est dans les roues de Reutemann. Watson, épuisé, se laisse quant à lui complètement décrocher.

 

71e : Scheckter est quelque peu gêné par Mass. Il a encore cinq secondes d'avance sur Regazzoni. Mass a perdu l'écope de freins qu'on lui a installée lors de son passage aux stands. Il continue quand même.

 

72e : Quatre secondes séparent Scheckter et Regazzoni. A dix secondes se trouvent Reutemann et Depailler, roues dans roues. Reutemann ne laisse pas un pouce de terrain au Français. Dans l'ardeur de la lutte Depailler abîme sa moustache contre un ponton de la Lotus.

 

73e : Regazzoni est à moins de trois secondes de Scheckter. Il semble croire en ses chances de doubler le Sud-Africain dans les derniers mètres.

 

74e: Deux secondes entre Scheckter et Regazzoni.

 

75e : Rega se rapproche encore de Jody. Ils tombent sur Jabouille avant la Rascasse, lequel s'efface bien volontiers. Pendant ce temps-là le moteur de Depailler cesse de fonctionner. Il libère ainsi Reutemann et abandonne la quatrième place à Watson.

 

76ème et dernier tour : Regazzoni se montre dans les rétroviseurs de Scheckter à Mirabeau mais il lui manque quelques mètres pour l'attaquer.

 

Jody Scheckter gagne pour la seconde fois le Grand Prix de Monaco. Il précède Regazzoni de quarante-quatre centièmes. Reutemann est troisième et monte sur son quatrième podium depuis le début de l'année, malgré une Lotus en piteux état : échappement cassé, pneus usés et boîte récalcitrante ! Watson finit quatrième tandis que Depailler est classé cinquième malgré son abandon. Mass termine à six tours du vainqueur mais acquiert tout de même le point de la sixième place, une récompense méritée puisqu'il a fini l'épreuve privé de freins ! Jabouille est le seul autre pilote à rallier l'arrivée, avec sept tours de retard.

 

Après la course

Jody Scheckter a connu une course très éprouvante puisqu'il a dû surveiller dans ses rétroviseurs Gilles Villeneuve et Clay Regazzoni successivement. Mais il a tenu bon et cette deuxième victoire de rang l'installe confortablement en tête du championnat. Clay Regazzoni offre à cette surprenante Williams FW07 son premier podium qui n'est sûrement pas le dernier. Il est aussi content pour lui-même puisqu'il n'était plus monté sur un podium depuis son départ de Ferrari fin 1976.

 

Scheckter et son épouse Pam sont reçus sur le podium par la famille Grimaldi. Avec Regazzoni et Reutemann ce podium ne comporte que des résidents de la Principauté.

 

Ce deuxième succès d'affilée permet à Scheckter de s'installer confortablement à la première place du championnat avec 30 points contre 24 à Laffite et 20 à Reutemann, Villeneuve et Depailler. En effet seuls les quatre meilleurs résultats sont comptabilisés lors de ces sept premières courses. Pour la coupe des constructeurs, Ferrari possède 54 points contre 46 à Ligier et 37 à Lotus.

 

James Hunt quitte la Formule 1

Il est évident que depuis le début de l'année James Hunt a la tête ailleurs. Le champion du monde 1976 songe plus à faire la fête et à courir les filles qu'à développer ses médiocres Wolf WR 7 et 8. Cette seconde collaboration avec Harvey Postlethwaite qu'il a connu chez Hesketh ne porte pas ses fruits. De plus il ne se sent plus vraiment à l'aise dans cette Formule 1 en pleine mutation. Avec la surexposition médiatique de ce sport, Bernie Ecclestone souhaite que celui-ci offre au monde entier une image exemplaire. C'est ainsi que l'accès au paddock est désormais sévèrement réglementé et les pilotes tenus d'afficher une conduite décente. En bon hédoniste, Hunt ne supporte guère l'irruption de ce que l'on n'appelle pas encore le « politiquement correct ».

 

Ainsi, le 8 juin 1979, il annonce qu'il quitte l'écurie Wolf et se retire de la Formule 1 avec effet immédiat. Il n'a que 32 ans mais estime qu'il a fait le tour du sport automobile. Son départ n'émeut pas grand monde, tant il était évident depuis un an qu'Hunt était un « pilote fini ». Ce n'est que quelques années plus tard que l'on se rendra compte à quel point ce genre de personnage iconoclaste manquera à la Formule 1.

Tony