Jody SCHECKTER
 J.SCHECKTER
Ferrari
Gilles VILLENEUVE
 G.VILLENEUVE
Ferrari
Jean-Pierre JARIER
 J.JARIER
Tyrrell Ford Cosworth

316th Grand Prix

XIII Grand Prix of South Africa
Very changeable
Kyalami
Saturday, 3 March 1979
78 laps x 4.104 km - 320.112 km
Race interrupted on lap 2 due to heavy rain.
Affiche
F1
Coupe

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Constructor
Engine

J-M. Balestre s'attaque au règlement technique

Échaudé par l'affaire Watson survenue au Brésil, Jean-Marie Balestre décide de passer aux choses sérieuses et aborde le dossier du règlement technique. Il crée une commission au sein de la FISA afin de faire des propositions. Officiellement il souhaite associer les constructeurs à cette réflexion mais sait qu'il ne pourra pas compter sur leur soutien. Car en effet les propositions de la FISA sont pour le moins radicales : interdiction des « jupes » et donc de l'effet de sol, limitation de la cylindrée des moteurs, de la largeur des pneumatiques, nouvelles règles concernant le poids et la largeur des voitures. Bref, de quoi susciter l'ire des constructeurs britanniques regroupés au sein de la FOCA.

 

Pour ne rien arranger Balestre s'aliène aussi la Régie Renault en menaçant d'interdire la suralimentation.

 

Présentation de l'épreuve

Colin Chapman a signé un contrat avec un nouveau et important sponsor. Il s'agit du pétrolier Essex dirigé par l'homme d'affaires David Thieme. Ce jeune milliardaire de 37 ans, toujours orné d'un chapeau espagnol, est devenu depuis plusieurs mois une silhouette familière du paddock. Cet accord s'est conclu par l'entremise de l'ancien pilote François Mazet. Lotus devient l'équipe la plus financée du paddock : avec Martini, Essex, Valvoline, Tissot, NGK etc. l'équipe de Chapman est sponsorisée à hauteur de 200 millions de francs. Le manque à gagner provoqué par le départ de John Player Special est maintenant comblé.

 

Ferrari lance sa nouvelle voiture la 312 T4. Après quelques hésitations Mauro Forghieri s'est décidé à construire une « voiture aile ». Compte tenu du handicap que représente le douze cylindres à plat pour l'exploitation de l'effet de sol, la largeur de chaque culasse a été diminuée pour augmenter l'appui généré par les pontons. Ceux-ci enserrent la coque et se terminent par un large plateau en guise de train avant. La surface déportante est moins large que sur la Lotus 79 ou la Ligier JS11, et l'ensemble est assez laid, mais Forghieri apparaît très satisfait de sa création. Selon lui elle n'est « ni trop longue, ni trop large, ni trop volumineuse. »

 

D'autres équipes apportent de nouveaux modèles. Si la Lotus 80 se fait toujours attendre, Emerson Fittipaldi présente sa Copersucar F6 imaginée par Ralph Bellamy et qui se singularise par la position très reculée des pontons. Cette voiture n'est guère au point et « Emmo » avoue que le GP d'Afrique du Sud sera pour lui une grande séance d'essais. Enfin Ensign lance la N179, œuvre de Mo Nunn et Shahab Ahmed et confiée à Derek Daly. C'est une machine volumineuse dont les radiateurs d'eau et d'huile sont empilés sur la calandre, comme sur la Wolf WR5... ce qui est d'une rare laideur. Mais le principal objectif est d'assurer le refroidissement...

 

Avec l'arrivée de ces nouveaux modèles, seules Williams et Renault Sport utilisent encore des voitures sans effet de sol.

 

Depuis le début de l'année Ken Tyrrell ne fait pas mystère de ses problèmes financiers et déclare même qu'il ne sera peut-être pas en mesure de finir la saison. La 009 ne fonctionne pas trop mal mais l'équipe n'a pas d'argent pour la développer. Aussi Didier Pironi et Jean-Pierre Jarier pourraient céder leurs baquets en cours d'année à des pilotes payants.

 

Les Ligier JS 11 ont nettement dominé les deux premières manches en Amérique du Sud et par conséquent la plupart des équipes s'inspirent de ce modèle. On voit ainsi apparaître de nouvelles jupes et des flancs relevés avec élévation des ailes vers l'arrière. De très longs essais privés se déroulent sur le tracé de Kyalami quelques semaines avant la course. Les Ligier sont absentes : Patrick Depailler et Jacques Laffite sont partis en safari en Afrique centrale...

 

Pour cette nouvelle manche de la guerre des pneus, Michelin sort l'artillerie lourde en apportant 800 pneus de type 135, une gomme plus performante, pour les Renault et les Ferrari. Chaque pilote de ces deux équipes dispose de cinquante trains de pneus pour les qualifications ! Goodyear n'apporte en revanche que mille pneus pour vingt voitures.

 

Essais et qualifications

Les essais sont dominés par Ferrari et sonnent le glas de la domination exercée jusqu'alors par les Ligier. Et pourtant, c'est un outsider qui va obtenir la pole position, en la personne de Jean-Pierre Jabouille. Il décroche sa première pole en carrière, qui est aussi et surtout la première pour Renault et pour un moteur turbocompressé. Renault est nettement avantagée car la puissance des moteurs atmosphériques Ford-Cosworth chute de 500 à 410 chevaux sur cette piste, tandis que le moteur turbo y dispose encore d'une puissance de 460 chevaux.

 

Presque tous les meilleurs temps sont réalisés le jeudi par un temps orageux. Jabouille réalise une superbe performance puisqu'il bat de trois secondes le précédent record de la piste ! Il devance Scheckter et Villeneuve. Brabham a apporté des améliorations sur sa BT48, en retirant notamment les moustaches, et le résultat est là puisque Lauda obtient le quatrième temps Les Ligier sont reléguées en troisième ligne, Depailler devant Laffite. Cela apparaît comme une contre-performance mais Guy Ligier, présent à Kyalami, affirme que « tout va bien ». Pironi obtient une excellente septième place mais il est aussi victime d'un gros accident. Les Lotus ne sont pas à la fête à cause de soucis de freins. Andretti et Reutemann ne sont que huitième et onzième. Ils encadrent les Français Jarier et Arnoux. Les onze premiers se tiennent en moins d'une seconde.

Piquet est douzième avec la seconde Brabham, Hunt treizième avec la Wolf. Les McLaren sont décidément trop lourdes et peu rapides : Watson est 14ème et Tambay 17ème. A noter la belle performance du jeune de Angelis, quinzième avec sa modeste Shadow. Fittipaldi qualifie sa nouvelle voiture en 18ème position. Les Williams continuent de souffrir car Jones et Regazzoni ne sont respectivement que dix-neuvième et vingt-deuxième. Rebaque et Stuck ferment la marche. Daly et Merzario ne parviennent pas à se qualifier.

 

Le moteur turbo a un net avantage sur ce tracé en altitude mais la chaleur est aussi son ennemi : « Les turbos chauffent beaucoup ici, en raison de la raréfaction de l'air. Il faudra être prudent... » prévient François Castaing, l'ingénieur en chef de Renault.

 

Le samedi Didier Pironi est victime d'une grosse sortie lorsqu'une de ses roues se détache dans l'enchaînement dit de Jukeski Sweep. La roue heurte la tête du pilote tandis que la Tyrrell se pulvérise dans les protections. Pironi est un miraculé car il ne souffre que d'un léger traumatisme crânien et de douleurs aux côtes. Malgré tout il décide de prendre le départ de la course.

 

Le Grand Prix

Il fait chaud sur Kyalami avant la course, mais les nuages s'amoncellent dans le ciel, ce qui laisse craindre un sérieux orage. Didier Pironi subit encore de fortes douleurs, conséquence de son accident de la veille, et ne part qu'après avoir subi des injections d'antalgiques. Mais dans tous les virages à droite il va devoir appuyer un bras contre la carrosserie pour ne pas trop souffrir.

 

Départ: Scheckter prend le meilleur envol et passe aussitôt Jabouille, imité par Villeneuve. Mais la ligne droite est longue et, profitant de son turbo, Jabouille parvient à se glisser à l'extérieur et à repasser les Ferrari au premier freinage. Suivent Lauda, Jarier et Laffite. A cause de son embrayage Patrese peine à démarrer et se retrouve dernier.

 

1er tour: Jabouille et Scheckter franchissent côte à côte les premiers virages. Le Français garde sa ligne à l'intérieur, et du coup s'impose au virage à gauche de Clubhouse. Après Leeukop Scheckter attaque encore la Renault, sans succès.

 

2e: L'orage éclate et la pluie fait son apparition. Villeneuve déborde Scheckter à Crowthorne. Plus loin, Laffite s'impose face à Jarier et Lauda. Au même endroit Arnoux rencontre des soucis électriques et se fait passer par tout le peloton en redémarrant.

A Leeukop Villeneuve puis Scheckter débordent Jabouille par l'extérieur. Mais les pilotes sont très prudents car la piste est déjà humide, et tous sont en slicks.

 

3e: Dans la longue ligne droite de départ, Jabouille prend l'aspiration derrière Scheckter et le passe ainsi que Villeneuve dans la foulée. Scheckter double son équipier dans le premier virage. Mais avant Clubhouse le pilote Renault doit lever le pied et se fait encore doubler par les Ferrari.

 

Mais tout ceci est sans importance car le président de la FISA Jean-Marie Balestre agite lui-même le drapeau rouge. L'averse est trop importante pour que les pilotes puissent continuer à rouler dans ces conditions, et surtout avec des slicks. Le classement est arrêté à la fin du second tour, et Villeneuve est donc considéré comme le leader.

 

Au cours de ces trois tours il a été intéressant de constater à quel point la Renault turbo était rapide dans la longue ligne droite, mais aussi qu'elle était nettement moins rapide que les Ferrari dans les virages, n'étant pas une « wing car ».

 

Une heure passe. Au moment du second départ, le temps est toujours incertain. Scheckter, Depailler, Tambay, Piquet et Lammers décident de repartir en slicks, et ce bien que la piste soit encore assez humide, surtout dans la partie haute du tracé. Les autres concurrents chaussent des gommes rainurées.

Une nouvelle grille de départ se met donc en place. Elle se compose ainsi: Villeneuve, Scheckter, Jabouille, Laffite, Pironi, Lauda, Jarier, Andretti, Reutemann, Depailler, Tambay, de Angelis, Hunt, Jones, Arnoux, Watson, Stuck, Mass, Lammers, Regazzoni, Piquet, Rebaque, Fittipaldi et Patrese.

Le résultat du Grand Prix sera calculé par addition des temps des deux manches.

 

Tour de formation : Depailler et Lauda démarrent avec peine. Depailler doit même être poussé par ses mécaniciens pour rejoindre le peloton.

 

Deuxième départ: Villeneuve part largement en tête, suivi par Scheckter et Jabouille qui résiste à Lauda. Laffite et Depailler prennent un départ épouvantable et se retrouvent perdus au milieu du peloton, surtout Depailler. C'est encore pire pour Arnoux dont la Renault est restée scotchée quelques secondes.

 

3e: Villeneuve mène avec deux bonnes secondes d'avance sur Scheckter, qui lui-même compte deux secondes d'avance sur Jabouille. Ce dernier retient un groupe composé de Lauda, Jarier, Andretti, Reutemann, Pironi et Watson. Laffite est dixième. Plus loin, Rebaque et Lammers entrent en contact. Le Hollandais termine sa course dans les protections. Le Mexicain continue. Regazzoni entre aux stands pour chausser des slicks.

 

4e: Jarier déborde Lauda dans la longue ligne droite. Dans le même temps Pironi passe Reutemann. Plus loin, Watson se fait passer par Jones et par Laffite. Regazzoni revient à son stand pour remettre des pneus rainurés : la piste n'est pas assez sèche pour les slicks. La partie nord du circuit est très humide, surtout devant les stands, mais pas la partie sud, et les performances des machines s'en ressentent évidemment.

 

5e: Jabouille passe Scheckter dans le premier virage. Les deux hommes sont déjà à cinq secondes de Villeneuve. Pironi double Andretti. Depailler sort de la piste et atterrit dans les grillages de protection. Le Français était tombé au dix-septième rang à cause de ses pneus slicks.

 

6e: Très rapide, Jones passe Reutemann. Watson fait une excursion hors-piste à Crowthorne et chute en quatorzième position. En fin de tour Villeneuve a dix secondes d'avance sur Jabouille.

 

7e: La piste commence à s'assécher. Scheckter est revenu derrière Jabouille et reprend la deuxième place. Sortie de piste de Jones, qui ne repart qu'en seizième position.

 

8e: Jarier met la pression sur Jabouille et lui prend la troisième place. Derrière eux, Andretti passe Lauda et Pironi. Au huitième rang pointe désormais Laffite qui a passé Reutemann. En milieu de peloton Mass, Arnoux, Tambay et Watson se livrent une terrible bagarre.

 

9e: Après avoir été doublé par Pironi et Laffite, Lauda s'engouffre dans les stands pour chausser des pneus pour le sec. Stuck change aussi ses pneus.

 

10e: Villeneuve mène devant Scheckter (12s.), Jarier (23s.), Jabouille (25s.), Andretti (27s.), Laffite (29s.) et Pironi (30s). Suivent Arnoux, Tambay et Piquet. Mais l'asséchement de la piste contraint les pilotes partis en pneus pluie à songer à un changement de gommes. C'est le cas de Reutemann et de Hunt qui passent par les stands. Cependant la zone des stands demeure très humide...

 

11e: En cette fin de tour Jarier s'arrête pour changer de pneus. Le pilote Tyrrell repart douzième, juste devant Lauda. Watson s'engouffre aussi dans les stands mais part en tête-à-queue à l'entrée de la zone de décélération, manquant de peu de percuter Patrese qui le suivait. Finalement il parvient à repartir.

 

12e: En tête de la course, Villeneuve maintient l'écart avec Scheckter, alors que le Sud-Africain est déjà en pneus pour le sec. Curieusement Regazzoni suit leur rythme, bien qu'il ait un tour de retard. De Angelis chausse des slicks. Touchette entre Pironi et Tambay qui abîme son aileron avant.

 

13e: Laffite stoppe chez Ligier pour changer de pneus mais l'opération s'éternise et il chute au quinzième rang. Arrêt d'Andretti qui repart huitième, juste devant Jarier et Lauda. En fin de tour Pironi effectue également son changement pneus.

 

14e: Villeneuve a dix-sept secondes d'avance sur son équipier et est déjà en passe de prendre un tour au groupe Andretti-Jarier-Lauda. Le Français en profite pour doubler l'Américain. Jabouille change ses pneus et repart seulement onzième. Pironi passe aussi par les stands. Le troisième est désormais Tambay, parti en slicks, juste devant Arnoux. A la fin de ce tour Villeneuve entre dans les stands.

 

15e: Le soleil refait son apparition. Villeneuve s'arrête pour chausser des slicks. L'arrêt dure seize secondes et le Canadien ressort second derrière Scheckter. Arnoux change aussi de pneus et se retrouve dix-septième après un long arrêt. Rebaque passe par son stand car son moteur ratatouille.

 

16e: Le classement en piste est maintenant le suivant: Scheckter mène devant Villeneuve, Tambay, Piquet, Jarier, Andretti, Lauda, Jones, Reutemann, Hunt, Jabouille et Laffite.

 

17e: De Angelis se frotte à Stuck et finit sa course dans les barrières de protection. Le pilote allemand poursuit sa route. Reutemann passe Jones.

 

20e: La piste est désormais presque sèche. Scheckter prend un tour à Lauda. Jabouille prend la dixième place à Hunt.

 

21e: Très rapide, Jabouille se débarrasse de Jones et se retrouve neuvième. Depailler est revenu à pied à son stand où il reçoit une volée de bois vert de Guy Ligier qui lui reproche son erreur.

 

22e: Le temps est décidément très changeant à Kyalami puisque la température s'élève maintenant à plus de trente degrés.

 

23e: La situation est très confuse sur la piste, si bien qu'aucun commentateur n'est en mesure de donner le bon classement. Villeneuve signe le meilleur tour en course en 1'14''412'''.

 

25e: Scheckter a 25s. d'avance sur Villeneuve. Tambay est toujours troisième et mène une superbe course, d'autant plus que la moustache gauche de son aileron avant s'est détachée.

 

26e: Scheckter est gêné par Fittipaldi et Patrese qui sont en lutte pour la dix-neuvième place. Pironi abandonne à cause d'une panne d'accélérateur. C'est finalement un soulagement pour le jeune Français qui souffrait le martyr au niveau des côtes.

 

29e: Les deux Ferrari continuent leur parade en tête mais Villeneuve rattrape Scheckter. Cela va mal en revanche pour les Brabham: Lauda se fait passer par Reutemann tandis que Piquet voit revenir derrière lui Jarier et Andretti.

 

30e: Jarier et Andretti doublent un Piquet en difficulté avec son moteur. Jabouille passe Lauda.

 

31e : Scheckter mène devant Villeneuve (15s.), Tambay (1m. 09s.), Jarier (1m. 14s.), Andretti (1m. 16s.), Piquet (1m. 19s.), derniers pilotes à ne pas avoir concédé un tour. A seize secondes de Tambay se trouve Reutemann qui précède Jabouille, Lauda et Laffite.

 

32e: Jarier et Andretti reviennent sur Tambay dont les pneus commencent à s'user. C'est au tour de Laffite de doubler Lauda dans la longue ligne droite.

 

34e: Jabouille prend l'avantage sur Reutemann et pointe désormais au septième rang. Il se lance à la poursuite de Piquet.

 

35e: Scheckter n'a plus que dix secondes d'avance sur Villeneuve. Ses pneus slicks se dégradent. Jarier se débarrasse de Tambay. Andretti est en embuscade, pendant que Jabouille fond sur Piquet. Celui-ci vient de concéder un tour au leader.

 

36e: Andretti double Tambay devant les stands. Scheckter est dans leur sillage.

 

37e: Jabouille déborde Piquet. Le jeune Brésilien voit désormais revenir Reutemann et Laffite.

 

39e: Dans la grande droite Jabouille s'infiltre à l'extérieur et passe Tambay. Scheckter se place derrière la Renault pour profiter de l'aspiration et prendre ainsi un tour au malheureux Tambay qui ne cherche plus qu'à limiter les dégâts.

 

40e: Laffite passe Piquet. Avec Reutemann, le Français fond sur un Tambay aux abois.

 

41e: Reutemann puis Laffite doublent Tambay. Le pilote McLaren a chuté en quelques tours de la troisième à la huitième place.

 

42e: Six secondes séparent les Ferrari. Laffite surprend Reutemann sur la ligne de chronométrage et se retrouve en sixième position.

 

43e: Villeneuve remonte sensiblement sur Scheckter mais il est aussi gêné par le trafic, notamment par Reutemann. Arnoux prend la dixième place à Lauda.

 

45e: Aux deux tiers de la course, Scheckter ne compte plus que cinq secondes d'avance sur Villeneuve. Laffite, relégué à un tour en sixième position, est plus rapide que le Sud-Africain et le rattrape.

 

46e: Dans les Esses Laffite perd soudainement le contrôle de sa machine à cause d'une crevaison. Il part en tête-à-queue et heurte le talus. C'est terminé pour le Français. Une course à oublier pour l'écurie Ligier. Tambay est aux stands pour changer de pneus et chute dans le classement.

 

47e : Villeneuve a pris un tour à Reutemann et reprend maintenant plus d'une seconde par tour à Scheckter.

 

48e: Jabouille est au stand Renault. La Yellow Teapot rencontre un problème de soupape et l'auteur de la pole position doit renoncer.

 

50e: Scheckter voit son train de pneus s'effondrer. Villeneuve est revenu à trois secondes.

 

51e : Scheckter mène devant Villeneuve (2.4s.), Jarier (1m.) et Andretti (1m. 4s.).

 

53e: Scheckter « allume » ses roues au freinage de Crowthorne. Il ralentit car un de ses pneus arrière commence à déchaper. Il entre dans les stands pour chausser un nouveau train de Michelin et ressort deuxième après un arrêt de 21 secondes. Villeneuve s'envole vers la victoire.

 

54e: Arnoux et Piquet sont en bagarre pour la sixième place. Le Brésilien conserve sa position.

 

55e : Villeneuve mène devant Scheckter (35s.), Jarier (46s.), Andretti (50s.) et Reutemann (1m. 08s.). Piquet est sixième, en bagarre avec Arnoux et Lauda. Suivent Hunt, Jones, Stuck et Fittipaldi.

 

58e: Villeneuve perd un peu de terrain puisqu'il n'a plus que trente secondes d'avance sur Scheckter et quarante sur Jarier. Stuck sort de la route à Leeukop et atterrit dans les protections.

 

60e: Tambay est de nouveau aux stands et se retrouve dernier. Fittipaldi s'arrête chez Copersucar pour changer de pneus et perd beaucoup de temps.

 

62e: Villeneuve compte environ vingt-cinq secondes d'avance sur Scheckter. Jarier est à trente-sept secondes du Québécois.

 

65e: Suite à une rupture de suspension, Jones part en tête-à-queue à l'entrée de la longue ligne droite et se retrouve en travers de la piste, juste en face les stands. L'Australien sort de sa voiture et traverse très rapidement la piste pour se mettre à l'abri. Au même instant Watson entre dans les stands pour abandonner à cause d'un problème d'allumage.

 

66e: Les feux de départ passent au jaune pour inciter les pilotes à la prudence. Des commissaires de course traversent la piste en pleine ligne droite pour évacuer la Williams, ce qui rappelle bien sûr de très mauvais souvenirs. Fort heureusement l'opération se déroule très rapidement et sans dommage.

 

69e: Arnoux est victime d'une crevaison après avoir roulé sur les débris de la Williams de Jones. Il doit abandonner. Lauda récupère la septième place et remonte sur Piquet.

 

70e: Scheckter maintient un excellent rythme grâce à ses pneus neufs et remonte sur Villeneuve, mais sans espoir de le rattraper. L'écart est de dix-sept secondes.

 

72e: Rebaque abandonne suite à une panne de moteur. Mass est au stand Arrows pour changer son pneu avant gauche.

 

73e: Jarier tient solidement la troisième place. Il n'a rien à craindre des Lotus qui souffrent encore de problèmes de freins. Lauda double Piquet et lui chipe ainsi le dernier point encore en jeu.

 

75e: Sept secondes séparent encore Villeneuve et Scheckter. Jarier n'est qu'à une quinzaine de secondes du Québécois.

 

78ème et dernier tour: Gilles Villeneuve a tenu bon face au retour de son équipier et remporte son deuxième Grand Prix. Scheckter complète un impressionnant doublé Ferrari. Jarier monte sur la troisième marche du podium et démontre une nouvelle fois qu'il peut faire de grandes choses avec un matériel convenable. Andretti est quatrième, suivi par Reutemann. Lauda finit sixième et inscrit ainsi le premier point de l'année pour Brabham-Alfa Romeo. Piquet est septième puis viennent Hunt, Regazzoni, Tambay qui a mené une superbe fin de course, Patrese, Mass et Fittipaldi.

 

Après la course

Gilles Villeneuve est parvenu à triompher de Jody Scheckter dans des conditions difficiles alors qu'il a bien moins d'expérience que le Sud-Africain qui a appris à piloter sur cette piste de Kyalami. Néanmoins Scheckter n'a pas démérité et a superbement conduit en pneus slicks alors que l'asphalte était encore humide. Les deux coéquipiers promettent d'offrir de très beaux duels pour l'année à venir. Loin de se détester comme on le craignait, ils s'entendent très bien et se congratulent amicalement sur le podium.

Le jeune Québécois est ensuite interrogé par Jackie Stewart qui commentait la course pour la BBC. Il déclare que c'est « sa première vraie victoire » en Formule 1. Celle obtenue à Montréal l'année précédente n'a été en effet acquise qu'après l'abandon de Jean-Pierre Jarier qui dominait la course. Alors que cette fois-ci Villeneuve n'a pas cessé d'attaquer pour semer son équipier.

 

Après la démonstration des Ligier en Amérique du Sud, les Ferrari 312 T4 bouleversent complètement la hiérarchie par ce triomphe dès leur première sortie. Mauro Forghieri a réussi son pari de combiner Flat 12 et effet de sol. Après un hiver bleu de France, le rouge est mis.

 

Au classement général Laffite conserve l'avantage avec 18 points contre 12 à Reutemann, seul pilote à avoir inscrit des points à chaque course. Villeneuve est troisième avec 11 points. Chez les constructeurs, Ligier compte 27 points, Ferrari 18 et Lotus 17.

Tony