D'origine iranienne par son père et canadienne par sa mère, Nicholas Latifi est le fils du dirigeant millionnaire du groupe Sofina Foods. Nicholas contraste avec la plupart de ses contemporains en commençant tardivement le karting, à l'âge de 13 ans.
Il débute la monoplace en 2012 en F3 Italie puis enchaîne l'année d'après dans le relevé championnat European, sans grands résultats. Il poursuit en 2014 avec l'équipe Prema, ténor de la grille, mais ce ne sera guère mieux, dixième avec un seul podium, quand son coéquipier rookie Esteban Ocon remporte le titre. Nicholas multiplie les participations ponctuelles dans divers championnats, Formule Renault 3.5, Porsche Cup, GP2, Florida Winter, puis s'engage à plein temps en GP2 en 2016. Il passe ainsi quatre ans dans l'antichambre de la F1 et ne décolle vraiment que lors de sa dernière, en 2019, avec un superbe début de saison (trois victoires lors des cinq premières courses). Il échoue toutefois dans la conquête du titre face à Nyck de Vries mais ses contacts avec les équipes de F1 sont déjà très avancés. Il est en effet tour à tour pilote d'essai Renault en 2016, Force India en 2018 et Williams en 2019. Un temps attendu comme titulaire chez McLaren suite à la participation de son père au capital de l'équipe, il est finalement officialisé en fin de saison par Williams pour disputer la saison 2020.
2020 : apprentissage à l'arrière du peloton
Nicholas nourrit peu d'espoir au volant d'une Williams abonnée aux fonds de grille, dernière équipe au classement constructeur les deux années passées. Il fait équipe avec l'espoir britannique George Russel, sous contrat Mercedes, qui a largement dominé son coéquipier Robert Kubica l'année précédente. Les objectifs modestes du canadien sont donc d'essayer de se porter à la hauteur de Russel et bien sûr inscrire quelques points. Qualifié dernier pour ses débuts en Autriche, Nicholas passe tout près de l'exploit de marquer son premier point le dimanche puisqu'il mène une course sage et, grâce aux faits de course, termine onzième et dernier, juste à la porte des points. Ce sera déjà là son meilleur résultat de l'année, qu'il reproduira trois fois. Après une nouvelle dernière place lors de la deuxième course, Williams confirme déjà son duo de pilote pour l'année suivante : Nicholas peut donc poursuivre sereinement son apprentissage.
Cette confirmation lui donne des ailes en Hongrie où il parvient à se qualifier en Q2 pour la première fois de sa carrière. Ce sera hélas la seule fois de l'année, et les courses sont toujours aussi compliquées à l'arrière du peloton. La Williams semble s'être rapprochée de la concurrence mais le peloton est si serré qu'il est difficile pour Nicholas (et autant pour son coéquipier) d'espérer quelques points à la régulière. Il conclut l'année vingt-et-unième au classement, seul pilote sur l'ensemble de la saison sans point, Russel marquant quelques unités lors de sa pige chez Mercedes. Si Nicholas a parfois pu donner le change à Russel en course, il fut largement battu en qualification, seize à zéro. Le canadien espère donc capitaliser sur son expérience, et sur les progrès par petits pas de Williams, pour lancer véritablement sa carrière et inscrire quelques points l'année suivante.
2021 : des progrès et les premiers points
En 2021, Nicholas débute sa seconde saison en F1 chez Williams, encore aux côtés de Russell, avec une voiture qui continue ses lents progrès. Si la course inaugurale est une triste de suite de la saison passée, Nicholas surprend pour la deuxième course à Imola en se qualifiant quatorzième, la seconde Q2 de sa carrière. La course débouchera hélas sur un deuxième abandon en autant de course. Ses performances restent loin de celles de Russell, tant en qualifications qu'en course, jusqu'à la manche hongroise au mois d'août. Profitant du carambolage au départ, Nicholas remonte en troisième position et s'y maintient pendant près de vingt tours ! Finalement classé septième, il ouvre enfin son compteur de points et égale le meilleur résultat de Williams depuis le très lointain Grand Prix du Brésil 2017 avec Felipe Massa ! La manche suivante en Belgique lui apporte également un point à l'issue d'une course d'un tour seulement.
Ce seront là ses derniers points, Nicholas se fera remarquer positivement en fin de saison en parvenant (enfin) à battre son coéquipier en qualification au Brésil et Abu Dhabi. Hélas ce qu'on retient surtout de cette dernière course de l'année est son crash à huit tours de l'arrivée, alors dernier. Immobilisé en piste, il provoque l'entrée de la voiture de sécurité et le cafouillage qui en découlera, et indirectement le titre de Max Verstappen. Malmené par cette aventure, pour laquelle il recevra même des menaces de mort, Nicholas n'en garde pas moins une forte motivation pour 2022 : le nouveau règlement fait naitre beaucoup d'espoirs chez Williams dont il sera le pilote le plus expérimenté, Alexander Albon prenant la place de Russell en partance chez Mercedes.
2022 : fin de parcours
Après l'embelli de 2021, l'année 2022 est beaucoup plus difficile pour Nicholas, il n'est pas à l'aise avec la nouvelle Williams - moins performante que celle de 2021 - et parallèlement son nouveau coéquipier Alex Albon, de retour après une année d'absence, en tire un bien meilleur parti. Il est dominé en qualification (ou il se qualifiera dix fois en dernière ligne) et ne marquera des points que lors du Grand Prix du Japon, terminant neuvième d'une course perturbée par le déluge et qui ne durera que 28 tours sur les 53 prévus.
Mais le coup de grâce pour sa réputation date du Grand Prix d'Italie quand le débutant Nyck de Vries, qui remplace au pied levé son coéquipier Albon malade, le domine aux essais comme en course, marquant deux points alors que le compteur de Nicholas est encore vierge à ce moment de la saison.
Sans grande surprise Nicholas n'est pas conservé en fin d'année et il annonce dans la foulée la fin de sa carrière à 27 ans pour reprendre des études à la London Business School !
Vincent & Frédéric