Ce pilote irlandais, rouquin comme il se doit, fut en son temps, un grand espoir du sport automobile. Mais suite à de mauvais choix, son étoile s'est un peu ternie au fil des ans, avant qu'il ne connaisse une ultime désillusion alors qu'il avait un matériel de pointe.
C'est au début des années 70 que le jeune Derek fait ses premières armes en sport automobile. Il participe à des courses de voitures de tourisme avec son copain David Kennedy, autre futur pilote de Formule 1. Au volant de leurs Minis, les deux compères réalisent de bons résultats sur le sol irlandais. Mais les fonds sont rapidement venus à manquer. Derek, toujours accompagné de Kennedy, décide de partir vivre en Australie où il est plus facile, à l'époque, de mener de front une carrière sportive tout en ayant un travail permettant d'assouvir sa passion. Quelques années plus tard, et avec quelques billets en poche, ils reviennent en Grande Bretagne et Derek entame alors le cycle classique de tout pilote britannique : Formule Ford, Formule 3 & Formule 2. Brillant champion d'Angleterre de F3, la carrière de Derek va tout à coup connaître un sacré coup d'accélérateur. Dès sa première course en F2, à Estoril, fin 1977, il obtient le record du tour et la cinquième place. C'est décidé : pour la saison 78, Derek accumulera F2 chez Chevron et F1 chez Hesketh...
Il effectue ses premiers pas à l'International Trophy de Silverstone en début de saison, et stupéfie tout le monde en dominant sous la pluie le gratin de la Formule 1. Une erreur de jeunesse, via une sortie de route, lui coûte une victoire qui serait restée gravée dans l'histoire. Si les résultats en F2 apportent de nombreuses satisfactions à Derek, avec des victoires au Mugello et à Rome, les débuts en F1 sont difficiles car, en trois tentatives, il ne parvient pas à arracher une seule fois sa place sur la grille. C'est ainsi que pour le Grand Prix de France, il émigre chez Ensign, mais rate une nouvelle fois sa qualification. Il faudra attendre le prochain Grand Prix, à Silverstone, pour voir l'Irlandais prendre son premier départ officiel, mais au volant de la modeste Ensign, Derek ne récolter qu'un point pour cette campagne 78, acquis lors du Grand Prix du Canada.
En 1979, il continue avec Ensign, mais les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances du petit irlandais. Accumulant non-qualifications et abandons, il préfère jeter l'éponge et se tourner vers la F2 en attendant des jours meilleurs. Une victoire à Donington lui permet de se rappeler au bon souvenir de tous, et lorsque Jean-Pierre Jarier est malade et forfait pour les deux derniers Grands Prix de l'année, Ken Tyrrell fait appel à lui pour le suppléer. Auteur de belles prestations, Derek est ainsi promu dans le second baquet des Tyrrell pour 1980. Malmené par le très rapide « Godasse de plomb » en qualifs, Derek parvient à faire jeu égal durant les courses puisqu'à la fin de la saison les deux pilotes finissent à égalité de points. Malgré ses prometteuses quatrièmes places à Buenos Aires et à Silverstone, Derek a détruit trop de matériel au goût d'Oncle Ken qui préfère embaucher Eddie Cheever à la place de l'irlandais pour 1981.
Pour cette nouvelle saison, Derek se retrouve chez March et avec ce retour dans une écurie de seconde zone, reviennent également les malheurs... Finies les spectaculaires figures des départs de 1980 (notamment à Monaco) et retour des non-qualifications et des classements à un (ou plusieurs tours). C'est cette année-là que l'étoile de Derek semble pâlir pour longtemps...
Ne parvenant pas à trouver un bon volant pour 1982, il doit accepter l'offre de Teddy Yip de conduire la Théodore... Une nouvelle saison de souffrance s'annonce pour Daly, mais au moins, il reste dans le milieu de la F1. C'est au bout de deux épreuves que le miracle va se produire. Chez Williams, devenue une écurie de pointe, Carlos Reutemann abandonne brusquement la compétition et Franck Williams fait appel à Derek pour le remplacer. Les rôles sont clairement établis : Keke Rosberg est là pour jouer le titre (aux points) et il est là pour être le parfait lieutenant. Et il tient parfaitement son rôle, en rentrant dans les points à cinq reprises. Néanmoins, en fin de saison, son contrat n'est pas reconduit et Derek préfère ne pas insister en F1.
Il se tourne dès lors vers l'Indycar. Sans grand succès, Derek connait la frayeur de sa vie lors d'un accident à Détroit. Cet accident le contraindra à un an et demi d'inactivité et lors de son retour, il ne parviendra jamais à se hisser au niveau des meilleurs. En sept saisons dans cette discipline, Derek ne parvient à monter qu'une seule fois sur le podium, à Milwaukee en 1987. Son meilleur classement au championnat restera une modeste neuvième place l'année suivante.
Derek Daly tourne définitivement la page du pilotage à l'occasion des 24H du Mans 1990, devenant ensuite l'un des meilleurs commentateurs des courses de monoplaces américaines.
Alex Mondin