C'est à l'âge de dix-sept ans que Christian se lance dans la course automobile. En 1981 il parvient en Formule 2, l'antichambre de la F1. Mais la saison est catastrophique pour le jeune playboy. Aux accrochages se succèdent les accidents et les sorties de route. Terminant dix-huitième du championnat, il redouble avec cette fois-ci la volonté de finir les courses et, si possible, dans les points. Mais c'est encore un échec : treisième au classement final. Les années 83 et 84 lui permettent d'enfin monter sur le podium, mais le classement du championnat lui échappe les deux fois assez largement : cinquième à chaque fois.
Néanmoins, Christian parvient à convaincre l'écurie BS Automotive de lui confier le volant d'une F3000, la discipline remplaçante de la F2. Et cette année 85 est celle de la consécration pour Danner. Vainqueur de quatre courses à Pau, Dijon, Zandvoort et Donnington, Danner est sacré champion avec sept points d'avance sur son poursuivant, le néo-zélandais Mike Thackwell. Danner rentre dans l'histoire comme le premier champion international de F3000.
Cette belle réussite lui ouvre enfin les portes de la discipline reine : la F1. Ainsi, à la fin de l'année 85, titre en poche, il débute au sein de la modeste écurie Zakspeed. Mais ni en Belgique, ni pour le Grand Prix d'Europe Christian ne parviendra à franchir la ligne d'arrivée.
Qu'à cela ne tienne, il trouve un volant pour la saison suivante au sein de la toute aussi modeste Squadra Osella. Mais là aussi, c'est un cuisant échec. S'élançant le plus souvent de la dernière ligne, il accumule encore les abandons, allant même jusqu'à regarder le Grand Prix de Monaco depuis les tribunes puisque non qualifié. Mais, pour une fois, la chance lui sourit. Chez Arrows, Marc Surer vient de se blesser et doit laisser son baquet vacant pour le reste de la saison. Equipée d'un moteur BMW l'écurie britannique souhaite privilégier un pilote allemand et porte son dévolu sur Danner. Enfin, Christian a entre les mains une machine capable de lui apporter quelques satisfactions. Mais celles-ci ne seront pas si nombreuses. Le Grand Prix d'Autriche fera figure d'exception où Christian franchit la ligne en sixième position, marquant ainsi son premier point en Formule 1.
Mais, à la fin de l'année, Christian n'est pas conservé par son écurie et se tourne alors, de nouveau, vers l'écurie allemande Zakspeed. Danner va se retrouver confronter à Martin Brundle, qui bien que peu réputé en F1 reste un pilote de valeur. Et la confrontation va largement tourner à l'avantage du britannique. Brundle parvient même à marquer deux points à Imola alors que Danner doit se contenter d'une septième place ce jour-là. Il réédite cette performance lors du Grand Prix d'Australie mais cela n'est pas suffisant pour sauver sa tête. A pied pour la saison 88, Danner décide de prendre une année sabbatique afin de mieux se pencher sur son avenir. Recherches de sponsors, négociations avec des patrons d'écuries, tel est son programme pour cette année. Au final, cela s'avère fructueux puisque Christian retrouve la F1 en 1989.
C'est en effet au sein de l'écurie, allemande bien sûr, Rial que Danner se retrouve pour 1989. Aux côtés du jeune Volker Weidler, cette écurie possède l'avantage de ne pas avoir à passer par la redoutable épreuve des préqualifications. Néanmoins, tout ne sera pas facile. Lors de l'épreuve inaugurale au Brésil, il parvient à joliment se qualifier en dix-septième position et conclut la course en quatorzième et dernière position. Non qualifié à San Marin et à Monaco, Christian attend de pied ferme la tournée nord-américaine. Et c'est, en effet, une bonne période pour lui. Il se hisse sur la onzième ligne de la grille de départ au Mexique, finissant à une belle douzième place. Mais le meilleur reste à venir !
Aux Etats-Unis, Christian parvient à se hisser sur la grille de justesse, en vingt-sixième et dernière position. Néanmoins, la course va très bien se dérouler. Profitant des nombreux abandons et accrochages, Danner remonte petit à petit dans le classement. Au 46e tour il prend l'avantage sur Johnny Herbert qu'il suivait depuis le départ et se retrouve septième. Quatre tours plus-tard il se fait dépasser par Johansson mais ce dernier abandonne le tour suivant. Il se retrouve sixième, synonyme de point, après l'abandon de Caffi au 52e tour puis cinquième suite à l'abandon de Berger dix tours plus-tard et enfin quatrième après l'abandon de Palmer dans le 70e tour. Cette quatrième place est plus que satisfaisante et ouvre de nouveaux horizons pour l'écurie germanique.
Pour le Grand Prix suivant, au Canada, l'embellie se poursuit puisque si Danner ne marque pas de points, il finit à une jolie huitième place à une encablure des points. Mais le retour sur le vieux continent sera terrible pour Danner et Rial. Les finances de l'écurie ne sont pas glorieuses, les séances de développement rarissime et il devient difficile pour Danner de faire progresser sa voiture. Le résultat est sans appel : Christian ne prendra plus un seul départ de la saison. La situation est si catastrophique que Danner préfère jeter l'éponge à l'issue du Grand Prix du Portugal, bien aidé en cela par son patron qui voyait d'un bon œil le portefeuille de Foïtek s'intéresser à son écurie.
De nouveau sans volant pour 90, Christian préfère se tourner vers les courses de voitures de tourisme puis il décide de tirer un trait définitif sur la F1. En 1993, il traverse l'Atlantique et fait ses grands débuts en Indycar. Mais son meilleur résultat sera une bien modeste onzièmz place à Elkhart Lake...
Fortement déçu, il retraverse l'Atlantique pour revenir en Allemagne, au sein du relevé DTM. Dès sa première saison, il signe de bons résultats, plusieurs podiums et finit à une jolie neuvième place. En 1995, il continue sur sa lancée, signant deux victoires, à Helsinki & au Norisring, mais une certaine irrégularité l'empêche de faire mieux qu'une treizième place au classement du championnat. En 1996, la situation se dégrade et l'Alfa Roméo ne permet plus de lutter pour les premières places. Sentant que sa situation ne peut plus s‘améliorer en Allemagne, Christian décide de s'expatrier. Vers où ? Les Etats-Unis bien sûr. Donc, Danner retraverse pour la énième fois l'Atlantique pour reprendre du service dans le championnat CART. S'il marque un point à Détroit, Danner préfère privilégier sa seconde casquette de manager puisqu'il a amené avec lui un jeune pilote allemand, Arnd Maier.
On croit alors que c'est la fin de la carrière de Danner, mais non, il continue à participer à quelques courses, pour s'amuser, notamment en V8 Star en 2002. Avec la création du GP Master, circuit réservé aux pilotes vétérans, Danner reprend une nouvelle fois du service, allant même jusqu'à participer à une manche du championnat italien de F3000.
Alex Mondin