Al Pease fut l'un des meilleurs pilotes canadiens, lorsque les épreuves pour lesquelles il courait ne dépassaient pas les frontières du Canada.
Victor (son véritable prénom) quitte les îles Britanniques pour le Canada après la Seconde Guerre mondiale. Dès le début des années 1950, il commence à courir dans quelques épreuves locales sur une Riley. Vers la fin de la décennie, il rejoint l'équipe British Motor Corporation, dont il pilote les Mini et les MG dans de nombreuses courses, ponctuées par de nombreux succès, à tel point qu'il est élu pilote canadien de l'année 1964 par l'association des pilotes canadiens.
En 1962 et 1963, il participe au Grand Prix national canadien dans la catégorie des voitures de sport sur une Lotus 23 et se classe respectivement seizième et huitième. En 1964, il participe à sa première grande course automobile, les 12 Heures de Sebring, mais est contraint à l'abandon. L'édition suivante ne lui sera pas plus favorable, en binôme avec Brad Pickard, il se classe trente-deuxième avec quarante-cinq tours de retard. En 1967, il participe à une course de Formule A à St. Jovite, et est victime d'un accident. En association avec Castrol, Al court également dans de nombreuses épreuves mineures sur une Lotus 47, et remporte le Telegram Trophy du championnat USAC.
Cette même année, toujours avec le soutien de Castrol, il participe pour la première fois au Grand Prix du Canada de Formule 1 sur une Eagle T1F. Il doit se contenter de la seizième place sur la grille de départ, devant son compatriote Eppie Wietzes. ais la course sera exécrable pour le pilote canadien, avec une voiture victime de nombreux ennuis de batterie, changée à trois reprises ! Le verdict est sans appel : Al termine avec une dizaine de secondes et quarante-trois tours de retard sur Jack Brabham ! N'ayant parcouru qu'un peu plus de la moitié de l'épreuve, Al n'est logiquement pas classé.
En 1968, il se qualifie vingt-deuxième sur un circuit où il avait habituellement de bons résultats en voitures de sport, celui de St. Jovite. Mais la malchance continue de s'abattre sur lui : le moteur est retiré de la voiture et n'est pas remis à temps pour que le Canadien puisse disputer la course. En 1969, il se qualifie en fond de grille et, durant la course, sa lenteur fait de lui une « chicane mobile » qui pousse certains pilotes à l'abandon, notamment Jackie Stewart. Ken Tyrrell est alors en colère et, après une visite chez les commissaires de course, Al est disqualifié au bout de vingt-deux tours (alors que les leaders arrivaient à mi-course) pour sa lenteur !
Al décide donc de repartir dans les épreuves de Formule A canadienne, dont il avait déjà disputé deux courses en 1968, et de participer au championnat Gulf Canada Series dans une Lola T140 engagée par John Maryon. En 1970, il court à nouveau en Formule A, et malgré son grand âge pour un pilote automobile (la cinquantaine approche à grands pas), il réussit tout de même à remporter une victoire en course en fin de saison à Harewood.
Il a ensuite mis un terme à sa carrière, la jugeant trop coûteuse. Toutefois, il reste impliqué dans le sport automobile canadien. Il devient un membre influent du Comité d'administration du sport automobile du Canada (CASC), un organisme gouvernemental rattaché à ce sport, et participe notamment à l'obtention de l'autorisation d'apposer le nom des sponsors sur les monoplaces. Al reprendra même le volant de 1983 à 1988 pour participer à quelques courses canadiennes de voitures de collection.
En 1998, il est introduit au Hall of Fame du sport automobile canadien.
Julien