Purges à la FIA et départ de Niels Wittich
Gabriel Borteleto chez Stake-Sauber
Le 12 novembre 2024, l'écurie Stake-Sauber, future Audi, officialise la fin de ses collaborations avec Valtteri Bottas et Guanyu Zhou, et le recrutement de Gabriel Bortoleto comme coéquipier de Nico Hülkenberg en 2025. Le jeune Pauliste, actuel leader du championnat de Formule 2, sera le premier Brésilien titulaire en F1 depuis 2017. Âgé de seulement 20 ans, ce fils d'un self-made-man a d'abord brillé en karting, avant de connaître une ascension rapide en monoplace. Cinquième de la FECA en 2022, il a étonné tout le monde en remportant d'emblée le championnat de Formule 3 en 2023 avec Trident. Cette année, passée en F2 avec Invicta Racing, il a connu un démarrage délicat avant de moissonner les points avec une magnifique régularité. Une trajectoire-éclair qui n'est pas sans rappeler celle d'Oscar Piastri... Bortoleto possède en outre d'un bel atout en la personne de Fernando Alonso qui le conseille via son agence A14 Management. C'est lui qui l'a d'abord placé dans l'orbite de McLaren, avant de favoriser un accord à l'amiable entre le team de Woking et celui d'Hivill. McLaren n'ayant pas de volant disponible pour Bortoleto, ce dernier peut rejoindre Sauber qui mise ainsi sur un très jeune talent, pour une parfaite complémentarité avec le vétéran Hülkenberg.
Quant aux deux exclus, leurs carrières en Formule 1 semblent s'arrêter là. Valtteri Bottas n'a certes pas démérité cette saison au volant d'une très mauvaise machine, mais son profil de vieux briscard était trop proche de celui d'Hülkenberg pour séduire Sauber et Audi. Il devrait sans doute retourner chez Mercedes comme réserviste de luxe. Guanyu Zhou ne restera pour sa part dans les annales que comme le premier Chinois à avoir couru en F1. Après des débuts convenables en 2022, le natif de Shanghai a vite « plafonné » et sa campagne 2024 est tout bonnement catastrophique. Mais cet ancien élève de l'Académie Ferrari pourrait trouver un point de chute à Maranello comme réserviste, un poste qu'il occuperait en tandem avec Antonio Giovinazzi. Les portes de la F1 se ferment en revanche devant les autres prétendants à ce volant chez Sauber. Mick Schumacher, malgré l'intense lobbying de son oncle Ralf, n'est pas parvenu à séduire Audi, et va céder sa place de réserviste chez Mercedes à Valtteri Bottas. Il ne lui resterait plus qu'à s'installer durablement en Endurance avec Alpine. Robert Shwartzman, qui a piloté deux fois la C44 cette année, quitte son poste de réserviste chez Ferrari pour migrer en IndyCar avec Prema. Quant à Théo Pourchaire, champion de F2 en titre mais sans avenir en F1, il devrait quitter la galaxie Sauber pour voler de ses propres ailes, en Endurance ou IndyCar.
Transferts: un chassé-croisé Colapinto - Pérez ?
Le jeune prodige argentin Franco Colapinto est au centre de toutes les spéculations en cette fin de saison. A priori, il ne reste plus aucun volant de disponible pour 2025, mais certains seraient prêts à lui faire une petite place. Le souci est le montant de la clause de libération exigée par Williams: 20 millions de dollars selon certaines sources. Red Bull, qui s'était renseignée, aurait reculé devant pareille somme. Mais d'autres pourraient être plus généreux. Le toujours bavard Bernie Ecclestone indique ainsi au journal Blick que son ami Flavio Briatore, conseiller exécutif d'Alpine, serait prêt à débourser cette somme pour recruter Colapinto, quitte à éjecter son protégé Jack Doohan, pourtant confirmé pour l'année suivante. Alpine dément toutefois ce bruit en publiant sur les réseaux sociaux une vidéo montrant Doohan à l'entraînement « pour préparer 2025 ». Mais la presse avance des spéculations encore plus capillotractées. Red Bull et Williams discuteraient non seulement de Franco Colapinto, mais aussi de Carlos Sainz ! Christian Horner envisagerait de racheter le contrat de l'Espagnol pour le mettre dans le baquet de Sergio Pérez. Cela étant, on ne voit pas pourquoi Red Bull, qui refuse de signer un gros chèque pour Colapinto, se ruinerait pour Sainz... D'autant que ce dernier n'apprécierait sans doute pas d'être relégué au rang de porteur d'eau au bénéfice de Max Verstappen. Les relations entre les deux pilotes (et leurs paternels respectifs Jos et Carlos Sr.) sont notoirement médiocres.
La question de la succession de Sergio Pérez est tout aussi brûlante. Après une campagne américaine calamiteuse (7 points inscrits en trois courses), le sort du Mexicain a semblé scellé. Red Bull n'a en effet que l'embarras du choix pour le remplacer en 2025: Liam Lawson, Yuki Tsunoda, Isack Hadjar... Sa pépinière regorge de talents. C'est en tout cas ce que pense Helmut Marko, mais Christian Horner paraît plus circonspect devant cette perspective. Le patron de Red Bull Racing, en désaccord avec son encombrant compère, tenterait de persuader le board de Red Bull de sortir le chéquier pour arracher Franco Colapinto à Williams. Mais à Las Vegas, surgit soudain une autre hypothèse: et si Sergio Pérez gardait finalement sa place ? Selon le quotidien espagnol Marca, le Mexicain serait une fois de plus sauvé par son protecteur Carlos Slim Domit qui s'engagerait à payer l'intégralité de son salaire, estimé à 10 millions d'euros. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les sponsors de « Checo » drainent chaque année plus de 30 millions d'euros vers Red Bull Racing... Du reste, la rupture du contrat de Pérez, envisagée par le Dr. Marko, coûterait au bas mot 20 millions d'euros... Bref, en dépit de ses contre-performances, Pérez semble parti pour rester, et peut ainsi clamer à Las Vegas avoir eu « deux opportunités » de transfert cette saison, toute repoussées afin de pouvoir rester chez RBR.
Présentation de l'épreuve
Liberty Media organise la seconde édition de son grand show à Las Vegas. Malgré quelques couacs, l'édition 2023 fut globalement une réussite pour la cité du jeu, laquelle a enregistré un record d'audience télévisuelle. Le président de l'événement Steve Hill annonce des retombées économiques exceptionnelles: « C'est deux ou trois fois plus de valeur marketing que ce à quoi nous nous attendions. En général, novembre n'est pas un très bon mois pour Las Vegas. Mais le mois de novembre 2023 fut le second meilleur de tous les temps ! » Pour 2024, de nouvelles attractions sont prévues pour les spectateurs, notamment des concerts aux T-Mobile et East Harmon Zones. Les artistes OneRepublic, Ludacris, Vandelux, Snakehips ou Big Boi seront à l'affiche. Dimanche, les vedettes sont évidemment fort nombreuses à déambuler sur le Strip de Vegas: Brad Pitt, Paris Hilton, Paul Mescal, Winnie Harlow... et Sylvester Stallone qui sera chargé de présenter le drapeau à damiers.
Cette année, ce Grand Prix pour privilégiés (1350 dollars pour un billet « bon marché »...) se déroule sans le moindre accroc. Le seul bémol est l'intense odeur de cannabis qui envahit le paddock ! L'usage de cette plante est en effet légal dans l'État du Nevada depuis 2016, et ses fragrances sont très souvent perceptibles lors des événements sportifs. Jeudi soir, après les premiers essais, les pilotes s'en plaignent ou s'en amusent. « J'étais plutôt stone dans la voiture » plaisante Max Verstappen. « Ce n'est pas idéal parce qu'on peut sentir le joint en conduisant, et c'est assez extrême comme sensation. » « Si nous étions testés à la marijuana, les vingt pilotes seraient positifs ce soir ! » renchérit Franco Colapinto. Mais le vrai défi sera une nouvelle fois la fraîcheur de la nuit névadaine: comment faire chauffer les pneus quand la température de l'asphalte ne dépasse pas les 15°C ? Comment éviter le « graining » ?
Grâce à sa victoire au Brésil trois semaines plus tôt, Max Verstappen a fait un très grand pas vers sa quatrième couronne mondiale. Il peut s'assurer de celle-ci à Las Vegas. Pour cela, il ne doit pas céder plus de deux points à Lando Norris. Dans le cas contraire, sa consécration serait reportée la semaine suivante au Qatar. Le Néerlandais table d'ailleurs plutôt sur cette éventualité, car la Red Bull devrait normalement être dominée par la McLaren dans le Nevada. « Si vous regardez les dernières courses sur le sec, nous n'avions pas le rythme, commente-t-il. Ce n'est pas parce que nous avons gagné sous la pluie au Brésil que soudainement tout est réparé et que tout semble parfait. J'espère que nous pourrons être compétitifs ici. Il y a encore beaucoup d'inconnues comme les températures de piste très froides, et leurs conséquences sur les pneus. »
Lando Norris n'a guère d'illusions sur ses chances de devenir champion du monde en 2024. Le jeune Anglais ne peut s'en prendre qu'à lui-même: de l'avis général, il a commis beaucoup trop d'erreurs cette saison alors qu'il a bénéficié, au moins à compter de Miami, de la meilleure voiture du peloton. On glosera longtemps sur ses multiples départs ratés et sa récente prestation plus que médiocre sous la pluie brésilienne. À l'évidence, Norris n'a pas encore l'étoffe d'un champion du monde. « Cet hiver, Lando doit se regarder longuement un miroir et méditer sur ses erreurs de cette saison, tacle Eddie Jordan. S'il veut devenir un grand champion, il a beaucoup à apprendre. Il doit se repasser les vidéos de ses départs manqués, de ses erreurs, pour comprendre ce qui s'est passé. » Mais pour ne rien arranger, Norris a sur le dos un équipier encore plus jeune et plus ambitieux en la personne d'Oscar Piastri, lequel jouera sans nul doute en 2025 sa propre partition.
En tout cas, la probable consécration de Max Verstappen provoque quelques remous chez Sky F1, la chaîne de télédiffusion britannique qui s'est distinguée cette année par un « norrisme » constant. Plusieurs de ses consultants ont tenu des propos très durs à l'égard de Verstappen, d'où un soupçon justifié de partialité. Sky F1 réagit en montrant la porte au plus virulent d'entre eux Damon Hill, qui avait jugé au soir du GP de Mexico que le Hollandais se battait « en utilisant la peur et l'intimidation ». Le champion du monde 1996 sert en vérité de fusible, car c'est la paire de commentateurs habituelle David Croft - Martin Brundle qui s'est montré la plus critique envers le pilote Red Bull. Autre consultant de Sky, récemment mis en cause par Jos Verstappen, Johnny Herbert prend la défense de Hill en déclarant que ce dernier a été l'objet d'une cabale sur les réseaux sociaux de la part des fans néerlandais...
Début novembre, la FIA clôt le dossier du T-tray, ce dispositif installé par Red Bull afin de modifier la hauteur de caisse de sa monoplace, et que plusieurs concurrents soupçonnaient d'avoir été utilisé illégalement sous régime de parc fermé. Les autorités sportives ont d'abord missionné un groupe d'enquêteurs à l'usine de Milton Keynes, lequel a complétement innocenté Red Bull. Cette conclusion était insatisfaisante pour les autres écuries, notamment McLaren, qui ont pressé la FIA de pousser plus loin les investigations. En vain. La fédération décide de blanchir totalement l'équipe anglo-autrichienne. De même, elle ne donne pas suite à une accusation symétrique: à São Paulo, Red Bull a déclaré soupçonner plusieurs équipes, et notamment McLaren (!), de refroidir leurs pneus de façon illicite en injectant un liquide, peut-être tout simplement de l'eau. L'enquête menée par le délégué technique Jo Bauer, en compagnie d'ingénieurs de Pirelli, n'a toutefois rien révélé de suspect, et ce deuxième dossier est refermé.
La FIA surveille aussi de près les planchers des monoplaces, à l'heure où l'effet de sol commande de rouler avec une voiture la plus basse possible. Cet automne, ses experts se sont aperçus que plusieurs équipes exploitaient une « zone grise » du règlement en installant sur les fonds plats des patins de soutien dont l'épaisseur n'était pas spécifiée, ce qui revenait concrètement à réduire la hauteur de caisse de quelques millimètres. Avant le GP de Las Vegas, ces écuries sont sommées de retirer ces matériaux supplémentaires. Seraient concernées Ferrari, Mercedes et Alpine. Quant au « dénonciateur » qui aurait alerté la FIA après le GP de São Paulo sur ces pratiques, il s'agirait une fois encore de Red Bull...
Rui Marques fait ici ses premières armes en tant que directeur de course F1. Il remplace au pied levé Niels Wittich, débarqué par Mohammed Ben Sulayem après le GP de São Paulo. Ses premiers contacts avec les pilotes sont positifs, puisqu'il prend aussitôt en compte leurs quelques critiques à l'égard de la piste. Il accepte ainsi d'élargir l'entrée des stands, jugée dangereuse, et de réviser les limites trop restrictives du virage n°4. Marques veut manifestement rétablir la confiance entre le pouvoir sportif et les pilotes, et semble parvenir à ses fins. « Ce fut la réunion la plus constructive depuis longtemps », salue Carlos Sainz. « Rui Marques veut vraiment travailler avec... C'est une très bonne surprise », renchérit Esteban Ocon.
Le directeur général de Liberty Media Greg Maffei, âgé de 64 ans, va prendre sa retraite à la fin de l'année après dix-neuf ans de bons offices. L'homme d'affaires américain a laissé son empreinte avec les rachats de DirecTV, de la radio SiriusXM, mais aussi et surtout de la Formule 1 en 2016 et du Moto GP en 2024. Sous sa gouvernance, la F1 a connu une formidable expansion économique et commerciale, avec un chiffre d'affaires de 3,2 milliards de dollars en 2023, une hausse de 45 % par rapport à 2021. Le gâteau est tellement juteux que l'on se demande quand Liberty Media va le revendre... Justement, certains bruits annoncent que le départ de Maffei serait le prélude à la vente de la F1 au Fonds public d'investissement saoudien (PIF). En vérité, le départ de Maffei marque le début d'un changement de stratégie globale pour Liberty Media qui va se concentrer sur la F1 et le Moto GP, et se séparer de sa filière événementielle Liberty Five, accusée par la justice américaine d'exercer un monopole illégal. Le propriétaire du groupe John C. Malone, 83 ans, recueille la direction générale par intérim, en attendant la nomination d'un successeur.
Le 12 novembre, Aston Martin officialise le départ de son directeur technique Dan Fallows, relativement attendu après les arrivées d'Enrico Cardile et surtout d'Adrian Newey. L'aérodynamicien britannique, ancien bras droit de ce même Newey chez Red Bull, était pourtant la pierre angulaire du spectaculaire redressement de l'équipe de Silverstone opéré en 2023. L'année précédente, son AMR23 avait réussi à hisser Aston Martin parmi les top teams. Hélas, son développement ne fut pas une réussite, et depuis le team ne cesse de reculer dans la hiérarchie, comme en témoigne une saison 2024 plus que morose, avec seulement 86 points inscrits jusqu'ici contre 280 en 2023... Fallows a pâti de cet échec qui justifie son éviction. Le P-DG Andy Cowell précise néanmoins qu'il ne quitte pas le groupe Aston Martin, mais il ne s'agit peut-être que d'une mise au placard avant un prochain départ.
Williams a quitté l'Amérique latine avec une ardoise extrêmement salée: ses pilotes Alexander Albon et Franco Colapinto ont subi à eux deux pas moins de cinq crashs lors des Grands Prix de Mexico et de São Paulo, occasionnant plus de trois millions d'euros de dégâts. L'équipe de Grove a reconstitué tant bien que mal son stock de pièces de rechange lors des trois semaines précédant ce rendez-vous de Las Vegas, mais ses finances en ont pris un coup. « Je n'avais jamais rien vu de pareil en 25 ans de Formule 1 ! soupire James Vowles. En tout, nous avons perdu cinq ailerons avant, cinq planchers, cinq ailerons arrière, trois boîtes de vitesses, deux moteurs, deux châssis. Incroyable ! Nous avons accompli un effort gargantuesque pour arriver ici. » Il fut même un temps question que Williams déclare forfait... Hélas, le nouvel accident de Colapinto vendredi soir n'arrange pas la situation.
Les écuries sont bien plus sobres qu'en 2023 en matière de livrées « spéciales Vegas ». RB célèbre le lancement de la « Glitter Card » de son sponsor Visa Cash avec une robe « paillettes », « scintillante », évoquant « une joie contagieuse et une expression personnelle audacieuse ». Sic. Alpine retrouve pour la fin de saison la livrée rose « BWT ». Stake F1 Team arbore des flammes stylisées sur sa robe verte et noire. Selon son directeur Alessandro Alunni Bravi, ces figures symbolisent l'état d'esprit toujours combatif d'une équipe qui n'a inscrit aucun point en 2024. Enfin, les Williams affichent encore un capot moteur jaune, cette fois-ci pour promouvoir le sponsor Keeper Security, un développeur de logiciels de sécurité.
Red Bull, Mercedes et Ferrari apportent un aileron avant spécifique pour ce tracé réclamant en général un faible appui. RBR, Ferrari et Haas présentent aussi un plancher retravaillé. Les plus gros changements se trouvent sur la VCARB qui adopte tout le train arrière (capot moteur, suspension, écopes) de sa « grande sœur », la Red Bull RB20, et ce afin de préparer le modèle de 2025. Stake apportent un diffuseur et un plancher inédits sur sa C44.
Essais et qualifications
Les premiers essais se déroulent jeudi soir, dans une atmosphère très fraîche (10°C) et sur une piste fort peu adhérente. Les blocages de roue sont nombreux. Les Mercedes sont en haut de la feuille des temps, et Hamilton réalise le meilleur chrono (1'35''001'''). Le septuple champion du monde est de nouveau le plus rapide (1'33''825''') lors des seconds essais, devant Norris et Russell. Vendredi soir, les derniers essais sont encore placés sous le signe de l'Étoile, mais cette fois Russell signe le meilleur temps (1'33''570''').
Un peu plus tard, Russell confirme en réalisant la pole position (1'32''312''') tout en admettant ne pas comprendre pourquoi la Mercedes est souveraine ici. Hamilton (10e) est en revanche très déçu: il commet une erreur en Q3, puis voit son meilleur chrono annulé pour un passage hors limites. Le vétéran britannique visait la pole... Sainz amène sa Ferrari en seconde position, à un 1/10e de Russell, et vise la victoire pour le lendemain. Leclerc (4e) n'est pas parvenu à bien faire chauffer ses pneus. Gasly signe un bel exploit en plaçant son Alpine-Renault en 3e position, à seulement trois dixièmes de la pole ! Son équipier Ocon (11e) déplore pour sa part du patinage. Après une première journée calamiteuse, Red Bull retire de l'appui à sa RB20 pour lui redonner de la vitesse de pointe. Verstappen (5e) sauve les meubles, mais Pérez cale encore en Q1 (15e). Les McLaren-Mercedes (Norris 6e, Piastri 8e) souffrent ici d'instabilité et paraissent en retrait.
Visa Cash RB modifie avec bonheur les réglages de sa monoplace au cours du week-end, ce dont profite Tsunoda (7e). Lawson (14e) déplore cependant un manque de grip. Les Haas-Ferrari (Hülkenberg 9e, Magnussen 12e ) se montrent correctes, sans plus. Zhou tire profit de l'évolution de la Kick-Sauber pour signer le 13e temps, sa meilleure qualification de la saison. Éliminé en Q1, Bottas partira 19e après avoir changé des éléments sur son groupe propulseur. Chez Williams, Colapinto est victime d'un énorme crash en Q2: il touche le muret dans l'enchaînement menant à la dernière ligne droite, puis s'écrase dans le mur opposé avec un choc de plus de 50 g ! Sonné, l'Argentin sera toutefois déclaré apte au service pour le lendemain, mais s'élancera des stands en raison des réparations apportées à sa machine. Victime la veille de nombreux soucis de fiabilité, Albon (17e) perd ses meilleurs chronos en Q1 suite à des passages derrière la ligne blanche. Enfin, Aston Martin se contente de tester des solutions en vue de 2025. Alonso (16e) et Stroll (18e, victime d'une avarie d'ERS en EL3), sont absolument hors du coup.
Le Grand Prix
Samedi soir, le Grand Prix se tient dans une douceur relative (18°C), un élément nouveau puisque les précédentes séances se sont déroulées dans une atmosphère beaucoup plus fraîches. Quelles seront les conséquences sur les pneumatiques ? Pirelli prédit cependant du « graining » et préconise deux changements en course. La majorité des pilotes partent en pneus médiums (C2). Pérez, Bottas et Colapinto sont en gommes dures (C1) et seul Alonso ose partir en tendres (C3). Pour Max Verstappen (5e sur la grille) l'enjeu est simple cette nuit: rester devant Lando Norris (6e) pour devenir le champion du monde 2024.
Départ: Russell conserve l'ascendant tandis que Sainz se protège de Gasly. Ce faisant, il ouvre involontairement la voie à Leclerc qui contourne ces deux pilotes par la gauche au premier tournant et conquiert la deuxième place.
1er tour: Russell mène devant Leclerc, Sainz, Gasly, Verstappen, Norris, Tsunoda, Piastri, Hülkenberg et Hamilton.
2e: Le DRS est activé. Russell a neuf dixièmes d'avance sur Leclerc. Hülkenberg surprend Piastri et prend la huitième place.
3e: Leclerc met la pression sur Russell pendant que Verstappen et Norris menacent Gasly.
4e: Leclerc attaque Russell sur le Strip et tente de se décaler à l'extérieur, en vain. Verstappen déborde Gasly au même endroit et s'impose. Alonso chausse déjà les gommes dures.
5e: Russell et Leclerc entament ce tour presque côte à côte. Le Monégasque tente de doubler l'Anglais au premier freinage, sans succès. Il décroche ensuite et son équipier Sainz le rattrape. Piastri puis Hamilton effacent Hülkenberg.
6e: Russell mène devant Leclerc (1.7s.), Sainz (2.3s.), Verstappen (4.8s.), Gasly (7s.), Norris (7.6s.), Tsunoda (8.8s.), Piastri (9.5s.), Hamilton (10s.), Hülkenberg (11.3s.), Ocon (12.4s.) et Zhou (13.1s.).
7e: Leclerc a déjà abîmé ses pneus et doit s'effacer devant Sainz, désormais second. Hamilton attaque Piastri sur le Strip, mais ce dernier garde pour l'instant l'avantage.
8e: Verstappen a rejoint Leclerc et le double sans peine au virage n°14. Au même endroit, Norris déborde Gasly, tandis que Hamilton se défait de Piastri.
9e: Russell s'envole et compte plus de cinq secondes d'avance sur Sainz. Gasly tente de garder le contact avec Norris. Hamilton déborde Tsunoda au bout du Strip. Pérez double Lawson et émerge en 13e position.
10e: Leclerc (2.5s.) et Norris (2.5s.) chaussent les pneus durs. Albon et Stroll rentrent aussi aux stands, mais le Canadien perd du temps car ses mécaniciens n'étaient pas prêts à la recevoir. Les pneus de Sainz s'effondrent et Verstappen le double sur le Strip. Piastri écope de 5 secondes de pénalité car il était positionné trop en avant sur la grille.
11e: Neuf secondes séparent Russell et Verstappen. Sainz passe en gommes dures (2.3s.), tout comme Gasly (3.7s.) et Tsunoda (2.3s.). Piastri change aussi d'enveloppes et subit sa pénalité. Pérez double Zhou et se retrouve sixième après tous ces arrêts.
12e: Verstappen chausse les pneus durs (2s.), laissant les deux Mercedes en tête. Il repart devant Colapinto et Sainz. Ocon arrive chez Alpine... où les pneus ne sont pas sortis du garage ! Le Français est renvoyé en piste. Zhou change de gommes.
13e: Russell s'empare de gommes dures (2.4s.) et cède le commandement à Hamilton. Il repart deuxième. Pérez prend la troisième place à Hülkenberg. Verstappen, Sainz et Leclerc doublent Magnussen, Colapinto et Bottas qui n'ont pas stoppé. Ocon revient aux stands, reçoit enfin des pneus durs et se retrouve en fond de classement.
14e: Hamilton se saisit de gommes blanches (2.7s.) et redémarre derrière Norris. Russell retrouve la première place, quatre secondes devant Pérez.
15e: Verstappen rejoint Pérez qui le laisse passer sans barguigner. Hülkenberg change de pneus. Gasly s'engouffre dans la voie des stands avec un moteur fumant.
16e: Russell a neuf secondes de marge sur Verstappen. Sainz efface Pérez à son tour. Hamilton déborde Norris au virage n°14. Gasly doit abandonner, trahi par son groupe propulseur.
17e: Leclerc double Pérez au virage n°3. Le Mexicain est ensuite dépassé par Hamilton et Norris. Arrêt de Colapinto.
18e: Pérez est chez Red Bull pour prendre des pneus médiums et repart en 14e position. Magnussen et Bottas changent d'enveloppes. Albon et Hülkenberg doublent Alonso et apparaissent dans les points.
19e: Russell mène devant Verstappen (9.7s.), Sainz (12.2s.), Leclerc (15.5s.), Hamilton (16s.), Norris (17.4s.), Tsunoda (25.7s.), Piastri (27s.), Albon (31s.), Hülkenberg (31.5s.), Alonso (33s.) et Zhou (34.5s.).
21e: Hamilton demeure au contact des Ferrari, sans pouvoir les attaquer car celles-ci sont trop puissantes en ligne droite. Transparent, Norris se plaint de l'usure de son pneu avant-droit.
22e: L'intervalle entre Russell et Verstappen atteint dix secondes. Hülkenberg dépasse Albon et Zhou se défait bientôt d'Alonso.
24e: Russell précède Verstappen (9.6s.), Sainz (11.7s.), Leclerc (13.8s.), Hamilton (14.3s.), Norris (20.3s.), Tsunoda (31.3s.), Piastri (32s.), Hülkenberg (34.5s.) et Albon (37s.).
25e: Piastri subit déjà son second pit-stop et reprend des pneus durs. Alonso se plie aussi à son deuxième arrêt.
26e: Sainz peine à maintenir ses pneus en vie. Leclerc et Hamilton sont sur ses talons. Albon rentre à son garage et renonce à cause d'une rupture de turbo. Pérez remonte après avoir doublé Lawson et Zhou.
27e: Onze secondes séparent Russell et Verstappen. Sur ordre de Ferrari, Sainz ouvre la voie à Leclerc, puis ferme la porte à Hamilton.
28e: Verstappen s'empare d'un deuxième jeu de pneus durs (3.4s.) et ressort en cinquième position. Hamilton reprend aussi des gommes blanches (2.6s.).
29e: Sainz se saisit de nouveau de pneus durs (2.2s.), trop tard, puisqu'il repart derrière Hamilton. Second arrêt de Stroll.
30e: Russell compte 15 secondes d'avance sur Leclerc. Verstappen remonte sur Norris qui entre aux stands en fin de tour. Tsunoda reprend des pneus durs.
31e: Norris change de gommes (2.1s.) et se relance en septième position. Très rapide, Hamilton rejoint Verstappen et le double par l'intérieur au bout du Strip.
32e: Leclerc reprend des pneus blancs (3s.) et quitte les stands devant Sainz. Néanmoins ce dernier l'attaque dans la foulée et le déborde au virage n°4. Piastri a doublé Ocon et Zhou, et se retrouve neuvième.
33e: Russell arrive chez Mercedes, remet des pneus durs (2.4s.) et reste leader. Hülkenberg et Pérez prennent des Pirelli blancs.
34e: Ocon reste en piste après son double arrêt raté, mais il va évidemment se faire doubler par des pilotes plus fraîchement dotés, à savoir Tsunoda, Hülkenberg, Alonso et Lawson. Deuxième arrêt de Zhou.
35e: Russell devance Hamilton (9.6s.), Verstappen (13s.), Sainz (16s.), Leclerc (17.8s.), Norris (29s.), Piastri (39s.) et Tsunoda (44s.).
36e: Hamilton reprend quelques dixièmes à Russell. Leclerc est toutefois le plus rapide en piste (1'36''285'''). Second arrêt de Bottas.
37e: Magnussen attaque Lawson par l'extérieur sur le Strip. Mais Pérez surgit sur ces deux pilotes, se place à l'intérieur et les double d'un même mouvement au freinage. Lawson change de pneus ensuite.
38e: Russell précède Hamilton (7.3s.), Verstappen (13s.), Sainz (14.3s.), Leclerc (15.4s.), Norris (28.4s.), Piastri (40.7s.), Tsunoda (49.5s.), Hülkenberg (50s.) et Alonso (52s.).
39e: Hülkenberg attaque Tsunoda pour une huitième place cruciale au championnat des constructeurs. En vain pour le moment.
40e: Hamilton est revenu à moins de sept secondes de Russell. Sainz et Leclerc sont sur les talons de Verstappen.
41e: Hamilton améliore le meilleur chrono (1'35''480'''). Sainz déborde Verstappen par l'intérieur au virage n°14. Le Néerlandais ayant la couronne sur le chef, il ne résiste pas...
43e: Cinq secondes entre Russell et Hamilton. Leclerc menace Verstappen sans l'attaquer pour le moment.
44e: Hülkenberg déborde Tsunoda et conquiert la huitième place. Haas repasse ainsi devant Alpine au championnat des constructeurs.
45e: Russell est premier devant Hamilton (5s.), Sainz (14.4s.), Verstappen (15.7s.), Leclerc (16.3s.), Norris (26.6s.), Piastri (47s.), Hülkenberg (58.6s.) et Tsunoda (1m.). Pérez prend la 10e position à Alonso.
46e: Leclerc déborde Verstappen sans difficulté au bout du Strip. Le Monégasque est désormais quatrième. Ocon chausse les pneus tendres.
47e: Hamilton coupe le virage n°7. Cette petite alerte l'incite à lever le pied. Russell a désormais course gagnée.
48e: Norris stoppe chez McLaren en fin de tour pour mettre des pneus tendres. Il part en quête du point du meilleur tour.
50e et dernier tour: George Russell remporte le GP de Las Vegas devant son équipier Hamilton. Sainz complète le podium. Leclerc finit quatrième. Verstappen se classe cinquième et décroche sa quatrième couronne mondiale. Suivent les McLaren. Norris (6e) décroche le record du tour (1'34''876'''). Piastri est septième. Hülkenberg décroche une 8e place précieuse pour Haas, devant Tsunoda (9e) et Pérez (10e). Viennent ensuite Alonso, Magnussen, Zhou, Colapinto, Stroll, Lawson, Ocon et Bottas.
Après la course: Mercedes réémerge
Une Étoile a brillé dans la nuit de Vegas. Mercedes a écrasé ici la concurrence et devient la quatrième écurie à signer un doublé cette saison, du jamais vu dans l'histoire de la F1. George Russell a dominé ce week-end et, avec cette troisième victoire, efface quelque peu la déception de celle perdue à Spa à cause d'un patin trop usé. Dans des conditions très fraîches, où chauffer les pneus sans générer de graining était un vrai casse-tête, le grand Britannique a été souverain. « J'ai été vraiment surpris de la qualité de notre rythme, dit-il. J'étais déjà très heureux de décrocher la pole samedi. Ensuite, je pense que nous avons gagné la course dans le premier relais. Celui-ci a été exceptionnel. Et je savais qu'à partir de là, le seul danger possible était le graining. Il s'agissait donc simplement de gérer mon rythme, de ménager les pneus et de ramener la victoire à la maison. » Lewis Hamilton a pour sa part effectué une superbe remontée de la 10e à la 2e place: « J'ai passé un excellent moment. Quand on progresse et qu'on va de l'avant, c'est toujours un grand sentiment. J'ai trouvé en course un excellent équilibre, bien meilleur qu'en qualifications. George a fait un excellent travail, et je suis heureux d'offrir un doublé à l'équipe. »
Mais comment expliquer ces performances de la versatile W15 ? Russell a son idée sur la question: « Nous avons du mal sur les circuits bosselés qui nous obligent à relever la hauteur de caisse. Les réglages doivent être beaucoup plus souples et souvent nous sommes sans appui aéro. Ce n'est pas que nous oublions soudainement comment régler la voiture, mais certains circuits nous obligent à la mettre dans une fenêtre qu'elle n'aime pas. Et sur des circuits comme celui-ci, où la piste est relativement lisse, nous pouvons placer la voiture assez bas, assez rigide, et nous volons. » Lewis Hamilton n'est cependant pas convaincu par cette explication: « Personne dans l'équipe ne peut expliquer ce résultat. Ce que je constate simplement, c'est que nous sommes meilleurs quand il fait frais et à la peine quand il fait chaud. » Toto Wolff élude pour sa part ces questions et savoure l'instant: « Revenir avec un doublé est une belle récompense. Mais ce qui me plaît encore plus, c'est la manière. Nous avons dominé la course, avec des tours où nous étions jusqu'à deux secondes plus rapides que les autres. Ça fait du bien de retrouver cette dynamique. » À certains moments, on se serait cru revenu en 2020...
Ferrari dresse un bilan en demi-teinte de son séjour dans le Nevada. Certes, la SF-24 n'a pas su cette fois ménager les pneumatiques et n'a pas rivalisé avec les Mercedes. Mais les Rouges ont tout de même repris de gros points à McLaren au championnat des constructeurs, et ne comptent plus que 24 longueurs de retard à deux étapes de la fin. Plus gênant, Charles Leclerc laisse éclater sa frustration après l'arrivée: s'il a accepté de retarder son second pit-stop, ce fut pour se faire aussitôt après dépasser par un Carlos Sainz doté de pneus chauffés. « Si je suis trop gentil, je me fais bais*r ! » lâche le Monégasque dans sa radio. « Je ne suis pas content de Carlos, mais je n'entrerai pas dans les détails », précise-t-il un peu plus tard. « Pourquoi ? Parce que je suis toujours le seul à respecter les accords conclus avant la course. À partir de maintenant, je ne penserai plus qu'à moi. » Sainz évite de répondre directement à son équipier et pointe plutôt les dysfonctionnements opérationnels de Ferrari, qui l'a selon lui laissé trop longtemps dehors avec des pneus médiums puis durs abîmés. « À la fin du second relais, j'ai dû ainsi laisser passer Charles plus tard que prévu, ce qui m'a fait perdre du temps, soupire l'Espagnol. Puis mon arrêt a été retardé. Charles n'est pas content, mais je ne suis pas heureux de la façon dont la course a été gérée. » Frédéric Vasseur devra calmer le jeu entre ses deux pilotes, et les rassurer, avant deux rendez-vous cruciaux dans l'optique du titre des constructeurs.
Quatre étoiles pour Verstappen
Max Verstappen rejoint ce samedi soir le club très fermé des quadruples champions du monde. Avec quatre titres de rang, il égale la performance de son prédécesseur chez Red Bull Sebastian Vettel. Cette dernière consécration est sans doute sa plus belle, sa plus aboutie. Il est inutile de revenir sur les circonstances de sa première victoire en 2021. En 2022 et surtout 2023, Verstappen a bénéficié d'une machine archi-dominatrice. Mais cette année, l'entité Red Bull a sérieusement tangué sous l'effet de graves querelles intestines auxquelles Max fut étroitement mêlé en raison de l'animosité entre son père Jos et son patron Christian Horner. Là-dessus, le génial Adrian Newey a quitté le navire, abandonnant le développement d'une RB20 qui fut loin d'être l'avion annoncé. Ce quatrième titre, le Néerlandais l'a conquis grâce à une moisson printanière de victoires (7 lors des 10 premiers Grands Prix). Mais dès le GP de Miami, il lui a fallu compter avec des McLaren supérieures à sa Red Bull, d'où une incroyable disette de dix Grands Prix sans succès. Au début de l'automne, alors que son avance au championnat sur Lando Norris fondait comme neige au soleil et que Red Bull glissait derrière Ferrari, voire Mercedes, son trône vacillait. Mais Verstappen fut inébranlable dans la tempête. Sûr de son talent, il savait en outre qu'il avait face à lui un Norris trop tendre, trop impressionnable. Il se défendit farouchement contre celui-ci à Austin, puis à Mexico, quitte à franchir les limites de l'éthique sportive, puis l'assomma à São Paulo avec une démonstration sous la pluie. Bref, la campagne d'un guerrier sans état d'âmes, qui est allé chercher chaque victoire, chaque podium, chaque point avec les dents, et sublimer une voiture décevante: Verstappen est le premier pilote titré avec une écurie qui ne figure pas parmi les deux premières du championnat des constructeurs depuis Nelson Piquet sur Brabham-BMW en 1983. Amusant, quand on le sait en couple avec la fille de l'ex-champion brésilien !
« Cette année, nous avons bien démarré, mais nous avons eu beaucoup de courses difficiles », commente-t-il après la course, une bière à la main. « Mais je suis très fier car, dans ces moments pénibles où nous n'avions certainement pas la voiture la plus rapide, nous sommes restés soudés et avons également travaillé très dur à l'usine. Et nous n'avons pratiquement pas commis d'erreurs. Nous avons vraiment maximisé, voire surperformé à certains endroits. De plus, nos adversaires n'ont pas non plus engrangé tous les points qu'ils auraient dû. » Le Hollandais s'offre au passage une petite pique à l'égard de McLaren et de Lando Norris: « En début d'année, je n'avais pas apprécié que Zak Brown minimise mes titres en insistant sur la supériorité de Red Bull. D'un autre côté, cette saison, je serais sans doute devenu champion avec la McLaren... et beaucoup plus tôt ! » Christian Horner couvre bien sûr d'éloges son champion, avec lequel les relations paraissent apaisées: « Max est dans une forme exceptionnelle. Tant que nous serons capables de lui donner une voiture performante, il continuera à repousser les limites et à nous surprendre. Nous sommes très fiers de lui. » Helmut Marko insiste quant à lui sur le rôle crucial d'un champion qui a permis à Red Bull de rester soudée dans la tourmente : « Max a connu un super début de saison, Il a couvert les faiblesses de la voiture grâce à ses talents. À certains moments, nous n'étions pas seulement derrière McLaren, mais aussi derrière Ferrari et parfois aussi derrière Mercedes. Et dans cette phase, il en a toujours tiré le maximum. Monza a été le point le plus bas et ensuite [...] nous nous sommes serré les coudes pour gagner ce championnat du monde. Max a adopté une position de leader, ce qui a ressoudé l'équipe et nous a remis sur la voie du succès. »
Du côté de McLaren, on ne peut qu'admettre la défaite au championnat des pilotes, d'autant plus cuisante que les Papayes furent très médiocres ce week-end. Seulement sixième, Lando Norris a rendu les armes sans pouvoir combattre: « Tout était mauvais, le rythme l'adhérence, la gestion des pneus... C'est juste un mauvais week-end. » Il n'oublie évidemment pas de saluer son ami et vainqueur, et reconnaît que celui-ci méritait davantage d'être sacré: « Max a fait une meilleure saison que moi et méritait le titre plus que n'importe qui d'autre, Il n'a tout simplement pas de faiblesse. Quand il a la meilleure voiture, il domine et quand ce n'est pas le cas, il est quand même là. Félicitations à lui. » Andrea Stella salue pour sa part en Max Verstappen « un des plus grands pilotes de l'histoire de la F1 » et se félicite que McLaren lui ait donné du fil à retordre: « Nous pouvons être fiers d'avoir mené la lutte pour le titre aussi loin. Hélas, nous avons perdu trop de points en début d'année, lorsque nous n'étions pas assez compétitifs. Une fois la voiture améliorée, nous avons prouvé que nous avions les qualités pour lutter pour les deux titres. » L'objectif est désormais limpide: le titre des constructeurs. « Nous avons limité les dégâts ce week-end, pense Stella. Le Qatar et Abu Dhabi devraient être des terrains plus propices pour notre MCL38, mais il y a quatre équipes en lice pour la victoire en permanence. C'est formidable pour la F1, mais cela signifie que nous devons être à notre meilleur niveau si nous voulons remporter le championnat des constructeurs. » Un sacre que McLaren attend depuis... vingt-six ans !
Sources :
- Auto Hebdo n°2488 et 2489, 20 et 27 novembre 2024
Tony