CapEx: Williams brise le plafond
La FIA change de nouveau le règlement financier. Pour 2024, le plafond des dépenses d'investissements (CapEx) jusqu'alors fixé à 45 millions de dollars est relevé pour tous les teams, mais selon trois échelons. Les petites équipes (AlphaTauri, Sauber, Haas et Williams) se verront allouées un budget de 65 millions de dollars afin de combler une partie de leur retard en termes d'infrastructures (soufflerie, simulateur, mise à jour des logiciels, des machines etc.). McLaren, Alpine et Aston Martin pourront elles débourser 58 millions de $ tandis que Red Bull, Ferrari et Mercedes se contenteront de 51 millions de $. A compter de 2025, cette règle évoluera à nouveau, avec cette fois un montant limite de 56 millions de $ pour les petites écuries et de 42 millions pour les « top teams ». Cette mesure est appréciée diversement selon la fortune des uns et des autres. James Vowles, qui en fut son plus ardent militant, est satisfait puisqu'il va pouvoir moderniser la très vieillissante usine Williams à Grove... même s'il estime le coût de ce plan à 100 millions de $. Frédéric Vasseur (Ferrari) est beaucoup plus sévère, estimant que toucher aux budgets plafonnés revient à ouvrir une boîte de Pandore: « Je ne suis pas convaincu. Nous devons garder à l'esprit la situation de 2019. Ce n'est pas parce que les affaires vont bien aujourd'hui qu'il faut tout changer et revenir à des dépenses illimitées. Hélas, on profite de chaque occasion pour tout casser, ce qui est dangereux. »
Présentation de l'épreuve
Deux ans après une première escale, la Formule 1 retrouve l'émirat du Qatar et le circuit de Losail. L'organisation d'un Grand Prix dans un pays aussi démocratique et libéral titille encore un chouïa certaines consciences, un an après que la Coupe du monde de football s'est tenue sur le territoire de la gazomonarchie du Golfe. Lewis Hamilton affiche de nouveau les couleurs arc-en-ciel des LGBT tandis que George Russell, directeur du GPDA, prétend que la Formule 1 peut aider à faire progresser la cause des droits de l'homme. Nul doute que les citoyens qataris, pour la grande majorité wahhabite, seront sensibles à ces arguments... Un autre problème est que ce Grand Prix est programmé début octobre, soit dans une période où la chaleur est encore extrême dans le petit émirat désertique. Le jour, la température oscille entre 38 et 40°C et la nuit le mercure descend à peine en dessous des 30°C...
Le circuit de Losail a aussi fait l'objet de vastes travaux depuis 2021, si bien que pilotes et écuries ne pourront guère se référer aux données de 2021, d'autant que les monoplaces ont totalement changé depuis. Le circuit bénéficie de nouvelles infrastructures au niveau des stands et des tribunes et la surface de la piste a été intégralement refaite pour la première fois depuis 2004. Les zones de dégagement en asphalte ont été repensées, si bien que la FIA considère qu'il s'agit en quelque sorte d'un circuit inédit. Les pilotes s'inquiètent cependant de nouveaux trottoirs en forme de pyramides, encore plus traîtres que leurs prédécesseurs. « Il y a clairement un grand écart entre le vibreur et l'extérieur de la piste, soulève Yuki Tsunoda. Rouler sur le vibreur ne posera pas de problème. Mais dès qu'on en sortira, ce sera comme un effet de glissade complet. » Pirelli s'alarme des premières impressions des pilotes. Déjà en 2021, les gommes italiennes avaient souffert sur les précédents vibreurs... Toutefois, de nombreux pilotes franchissant allègrement les lignes blanches, ces entraves paraissent indispensables.
Max Verstappen devrait décrocher ce week-end son troisième titre mondial consécutif. Pour ce faire, il ne doit pas rendre plus de cinq points à son équipier Sergio Pérez, hypothèse peu probable tant il écrase celui-ci depuis six mois. Verstappen pourrait même être consacré dès samedi, lors du sprint. Cela ne manquerait pas de piquant puisqu'il abhorre cette mini-course qu'il juge inutile... Toujours est-il qu'il entame ce rendez-vous sans grande pression, et toujours aussi peu soucieux d'imprimer sa marque dans l'histoire de la discipline. « Je suis ici pour gagner, pas pour forger une légende », clame-t-il. Son destin rencontre néanmoins celui de ses proches puisque sa petite amie Kelly n'est autre que la fille de Nelson Piquet, autre triple champion du monde !
Sergio Pérez songe moins à repousser le couronnement de son équipier qu'à conserver sa seconde place au classement des pilotes. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le Mexicain, doté de la voiture qui a gagné 15 des 16 Grands Prix disputés cette saison, n'a que 33 points d'avance sur Lewis Hamilton et pourrait laisser échapper le titre honorifique de vice-champion du monde. Alors qu'il sort d'un week-end calamiteux au Japon, Pérez prétend ne plus se sentir à l'aise avec la RB19 depuis au moins le GP d'Espagne. Course après course, il ne parvient pas à dénicher les réglages optimaux et explique ne pas pouvoir copier ceux de son équipier. « Ils sont trop spécifiques. Verstappen adore conduire une voiture très survireuse, mais ce n'est pas du tout mon cas. Je dois chercher ma propre voie. » Du reste, afin de faire face à la pression grandissante, il reconnaît recourir depuis quelques mois à un « coach mental ». Mais il n'est pas certain que Christian Horner et Helmut Marko lui laissent le temps de se ressaisir. Les rumeurs autour de sa prochaine éviction repartent de plus belle. Et Pérez n'est pas aidé par une récente sortie de son père Antonio. Ce dernier affirme que Red Bull a conçu sa monoplace pour le seul Verstappen et que son fils (« le pilote le plus solide du peloton », sic) est astreint à toujours finir deuxième. Le souci est que Pérez n'est même plus capable depuis quelques temps de monter sur le podium...
Lance Stroll est aussi sous le feu des critiques à cause de sa saison calamiteuse (47 points contre 174 pour Fernando Alonso) et on se demande s'il bénéficiera encore longtemps de la protection de son père. A moins qu'il ne faille prendre le problème à l'envers: voilà plusieurs mois que la motivation du jeune Montréalais vacille et certains proches de la famille Stroll affirment que c'est le milliardaire qui impose à son fils de poursuivre une carrière qui lui sied de moins en moins. On sait que, tout petit, le jeune Lance était traîné, parfois de force, sur les pistes de karting, Lawrence Stroll rêvant de le transformer en champion. Or, si Stroll Jr. n'est pas un mauvais pilote, il n'a clairement pas sa place dans un top team en devenir comme Aston Martin et ne soutient pas la comparaison face à une authentique étoile comme Alonso. Le Canadien est conscient de ses limites et à seulement 25 ans pourrait être tenté de changer de voie. Tout cela pourrait se dénouer en famille: après le sérieux accident de Lance à Singapour, sa mère Claire-Anne lui aurait suggéré de raccrocher son casque avant qu'il ne lui arrive quelque chose de grave...
Pirelli restera le manufacturier de la Formule 1 jusqu'en 2027. La marque italienne a en effet triomphé de Bridgestone lors de l'appel d'offres lancée par la discipline, et fournira également les championnats de Formules 2 et 3. Ce choix s'est effectué sur des bases financières, Pirelli ayant accepté de verser 20 millions de dollars de plus tandis que les écuries paieront leurs pneus moins chers. Dans le même temps, le manufacturier de Milan renonce au WRC pour se concentrer sur la F1, mais il pourrait s'agir d'une fin de cycle. Le bruit court que Pirelli se retirera fin 2027 et que la FIA aurait déjà invité Bridgestone à prendre le relai à compter de 2028. La marque japonaise ne manquait pas d'arguments dans son dossier de candidature, notamment sa nouvelle technologie Enliten conçue pour les véhicules électriques. Le P-DG Shuichi Ishibashi déclare ainsi que ce n'est que partie remise avant un retour de Bridgestone en F1.
Le 27 septembre, Luca de Meo, directeur général du Groupe Renault, effectue une visite-surprise à l'usine Alpine d'Enstone. Officiellement, il réaffirme l'engagement de sa marque en F1 après que quelques rumeurs de retrait ont filtré dans la presse. Mais en fait, l'Italien tape aussi du poing sur la table pour rappeler la nécessaire synergie entre les entités d'Enstone et de Viry-Châtillon. Il n'a par exemple pas apprécié de voir les ingénieurs britanniques et français déjeuner chacun de leur côté sur les Grands Prix. « La Guerre de Cent Ans est finie depuis longtemps ! » aurait-il lancé. Le journal L'Équipe rapporte en outre que de Meo songerait à installer en France une sorte de « camp d'entraînement » de type militaire qui regrouperait 50 employés d'Enstone et 50 employés de Viry afin de les contraindre à faire preuve de solidarité. On ne rigole plus chez les Bleus (et Roses)...
Daniel Ricciardo fait l'impasse sur le Grand Prix du Qatar afin d'achever sereinement sa rééducation et préparer au mieux son retour à la compétition à Austin quinze jours plus tard. Le pilote australien annonce d'ailleurs en personne à son suppléant Liam Lawson qu'il pilotera de nouveau l'AlphaTauri à Losail. « J'ai eu un coup de fil d'un numéro inconnu en FaceTime, ce que j'ai trouvé assez étrange car en général, les gens que vous ne connaissez pas ne vous appellent pas de cette façon », raconte Lawson tout sourire. « J'ai décroché, et j'ai vu la tête de Daniel en gros plan ! Il m'a dit que j'aurais un week-end de plus dans la voiture. »
Le jeudi 5 octobre, Kevin Magnussen fête son 31ème anniversaire. Lorsqu'on lui demande ce que lui a offert à cette occasion son équipier Nico Hülkenberg, le Danois répond avec quelque embarras: « Une brosse pour les W.C. » ! Son explication est particulièrement intéressante: « Je ne sais pas si vous voulez tous les détails, mais pendant la saison européenne, les chambres des pilotes sont à l'arrière des camions, et nous partageons des toilettes et une douche. C'est tout ce que je peux dire ! »
Vendredi: essais, qualifications et pneus abîmés
Au crépuscule se tient l'unique séance d'essais libres sur une piste toute neuve, poussiéreuse, balayée par le vent, et par conséquent très glissante. Verstappen est le plus rapide (1'27''428''') et devance les Ferrari.
Plus tard, à la nuit tombée, Verstappen réalise sa 30ème pole position (1'23''778''') avec une large avance sur toute concurrence. Au volant d'une Red Bull peu stable, Pérez (13e) perd son meilleur chrono en Q2 après avoir franchi les limites de la piste et est ainsi éliminé dès cette seconde étape. Les Mercedes (Russell 2e, Hamilton 3e) seront très bien placées dimanche, mais concèdent une demi-seconde à Verstappen. Alonso réalise une belle performance en hissant son Aston Martin en quatrième position. Stroll (17e) sombre à nouveau dès la Q1. Visiblement à cran, le Montréalais jette son volant de rage, puis a une algarade avec son physiothérapeute Henry Howe à la descente de sa voiture. Ce comportement lui vaudra un avertissement officiel. Leclerc place sa Ferrari en cinquième position après avoir subi un petit problème électronique. Sainz (12e) manque d'adhérence et ne franchit pas la Q2.
Les pilotes McLaren sont piégés par les lignes blanches en Q3. Piastri recule ainsi du troisième au sixième rang. Quant à Norris (10e), il se retrouve sans aucun chrono ! Les Alpine-Renault (Gasly 7e, Ocon 8e) jouissent ici d'une bonne adhérence et atteignent toutes deux la Q3 pour la première fois depuis trois mois. Bottas (10e) parvient en Q3 au volant de son Alfa Romeo. Beaucoup moins heureux, Zhou (20e) est gêné par Sargeant dans son dernier tour rapide. Tsunoda obtient une satisfaisante 11e place avec son AlphaTauri tandis que Lawson (18e) est plus en difficulté. Les Williams souffrent du vent et d'un manque équilibre. Pour une fois, Sargeant (16e) suit de près Albon (14e). Chez Haas, Hülkenberg (15e) atteint péniblement la Q2 tandis que Magnussen (19e) se contente de découvrir ce circuit qui lui est inconnu.
A l'issue de cette première journée, les ingénieurs de Pirelli constatent une dégradation anormale de leurs pneumatiques due au passage sur les hauts vibreurs des virages n°12 et 13. Nikolas Tombazis, responsable fédéral de la F1, et Steve Nielsen, directeur sportif, sont avertis qu'« une séparation dans le flanc entre la couche supérieure du composé et les cordons de la carcasse a été découverte sur de nombreux pneus inspectés. » Pirelli craint ainsi qu'une utilisation prolongée de ses enveloppes débouche sur des crevaisons. Dans l'immédiat, la fédération décide de modifier les virages n°12 et 13: les limites de la piste sont déplacées de 80 cm dans ces deux courbes rapides à droite pour que les pilotes évitent d'escalader le point le plus élevé des nouveaux vibreurs. Mario Isola annonce que Pirelli procédera à un nouvel examen après la course sprint.
Samedi: sprint et troisième titre de Max Verstappen
Samedi après-midi, la direction de course offre aux pilotes une mini-séance libre de 10 minutes afin qu'il se familiarisent avec les nouvelles limites des virages 12 et 13. Puis se tiennent les qualifications pour le sprint qui débouchent sur une première ligne 100 % McLaren: Piastri réalise la « pole » (1'24''454''') devant Norris qui détenait le meilleur chrono jusqu'à une faute dans le troisième secteur. Chez Red Bull, Verstappen se contente du troisième rang tandis que Pérez est un décevant huitième. Russell place sa Mercedes en quatrième position. Hamilton (12e) est éliminé en SQ2 après l'annulation de son meilleur chrono pour franchissement des limites. Les Ferrari (Sainz 5e, Leclerc 6e) camperont en troisième ligne. Hülkenberg arrache une belle septième place avec sa Haas alors que son collègue Magnussen (19e) est éliminé d'entrée de jeu. Du côté d'Aston Martin, Alonso (9e) perd son dernier chrono en SQ3 et Stroll (16e) est comme trop souvent immédiatement éjecté. Les Alpine-Renault (Ocon 10e, Gasly 11e) seront en embuscade pour glaner quelques points. Les Alfa Romeo (Bottas 13, Zhou 15e) atteignent la SQ2. Chez AlphaTauri, Lawson (14e) franchit la première étape, contrairement à Tsunoda (18e). Les Williams (Albon 17e, Sargeant 20e) ne passent pas la SQ1.
Le soir, la plupart des pilotes s'élancent en pneus médiums (C4). Russel, Sainz, Leclerc, Ocon, Gasly, Alonso, Stroll et Sargeant partent en pneus tendres (C5), même si une forte dégradation est redoutée en raison d'une chaleur intense (30°C). Pour certains, cette tactique est un simple sacrifice. C'est le cas de Leclerc qui part avec des pneus tendres usés pour préserver un train de médiums neufs pour la course.
Départ: Piastri prend un très bon envol, contrairement à Norris qui se fait déborder sur l'extérieur par Russell et Sainz. Leclerc emprunte la même voie et grimpe au quatrième rang. Verstappen se déporte vers la gauche, est gêné par Norris et se retrouve seulement sixième au premier tournant.
1er tour: Russell repousse une attaque de Sainz au virage n°2. L'Espagnol résiste ensuite à son équipier Leclerc tandis que Verstappen double Norris. Lawson perd le train arrière de son AlphaTauri au deuxième tournant, part en tête-à-queue et s'enlise dans le bac à graviers. La voiture de sécurité intervient pour évacuer la monoplace du Néo-Zélandais.
2e: La Safety Car est de sortie pour cette seule boucle. Piastri mène devant Russell, Sainz, Leclerc, Verstappen, Norris, Alonso, Ocon, Hülkenberg et Pérez.
3e: Le drapeau vert est agité. Russell attaque aussitôt Piastri et le déborde par l'intérieur à l'épingle n°6. Alonso assaille Norris... avant de se faire doubler par Ocon. Sargeant glisse au virage n°9 et s'ensable à son tour. La Safety Car réapparaît.
4e: L'épreuve est de nouveau neutralisée. Russell précède Piastri, Sainz, Leclerc, Verstappen, Norris, Ocon, Alonso, Hülkenberg, Gasly, Pérez et Hamilton.
6e: La Williams de Sargeant a été ôtée, la voiture de sécurité s'efface à l'issue de cette boucle.
7e: Le peloton est libéré. Sainz se porte à la hauteur de Piastri au virage n°1, mais placé à l'extérieur il ne peut doubler. Alonso repasse devant Ocon.
8e: Russell devance Piastri (2s.), Sainz (3s.), Leclerc (4.1s.), Verstappen (4.7s.), Norris (6s.), Alonso (7s.), Ocon (7.8s.), Hülkenberg (8.4s.) et Gasly (9s.).
9e: Les pilotes en pneus tendres commencent à être en difficulté. Verstappen double ainsi Leclerc au premier virage puis revient aisément sur Sainz. Pérez efface Gasly.
10e: Piastri recolle à Russell et va bénéficier du DRS. Verstappen double Sainz pendant que Hamilton déborde Gasly.
11e: Aileron mobile ouvert, Piastri déboîte facilement Russell avant même le virage n°1. Norris double Leclerc par l'extérieur au même endroit. Ocon est sous la menace de Hülkenberg, lui-même attaqué par Pérez. A la sortie du premier tournant, ceux-ci roulent à trois de front: Ocon à gauche, Pérez à droite et Hülkenberg pris en sandwich. Au freinage suivant, l'Allemand touche la roue arrière du Français qui pirouette et emmène avec lui Pérez dans le bac à graviers. Troisième intervention de la Safety Car !
12e: Pérez et Ocon quittent leurs bolides accidentés tandis que Hülkenberg rentre aux stands pour renoncer avec une suspension avant-gauche pliée. Grâce à l'abandon de son équipier, Verstappen est officiellement champion du monde 2023.
13e: Derrière la Safety Car, Piastri retient Russell, Verstappen, Sainz, Norris, Leclerc, Alonso, Hamilton, Gasly, Bottas, Albon et Tsunoda. Stroll, Zhou et Magnussen chaussent des gommes tendres.
14e: La voiture de sécurité rejoint les boxes à la fin de ce tour.
15e: La compétition reprend avec Piastri en tête. Les pneus tendres ressusciteraient-ils ? Leclerc dépasse Norris au premier virage alors que Gasly surprend Hamilton.
16e: Verstappen ouvre son DRS au passage de la ligne et dépasse facilement Russell. Le voici deuxième, à deux secondes et demie de Piastri. Albon a effacé Bottas.
17e: Verstappen réalise le meilleur chrono de la soirée (1'25''604''') et roule à deux secondes de Piastri. Cette fois-ci, les gommes tendres agonisent. Norris double ainsi Leclerc au virage n°1, puis Sainz au n°4, et se lance aux trousses de Russell. Gasly rate un freinage et cède devant Hamilton.
18e: L'écart est stable entre Piastri et Verstappen. Hamilton dépasse Alonso au premier tournant et revient sur les Ferrari qui se battent entre elles. Albon double Gasly.
19e et dernier tour: Norris conquiert la troisième place contre Russell, par l'extérieur au premier virage. Hamilton déborde Leclerc en début de tour, puis s'offre le scalp de Sainz dans les derniers mètres. Albon prend la huitième place à Alonso.
Oscar Piastri remporte ce sprint qatari devant Max Verstappen, titré pour la troisième fois. Norris se classe troisième devant Russell. Hamilton conclut une belle remontée au cinquième rang. Suivent les Ferrari (Sainz 6e, Leclerc 7e). Albon finit huitième. Alonso, Gasly, Bottas, Tsunoda, Stroll, Magnussen et Zhou coupent aussi la ligne. Leclerc reçoit ensuite cinq secondes de pénalité pour avoir franchi à plusieurs reprises les limites de la piste, ce qui le relègue au 12e rang. Alonso recueille ainsi le point de la 8e place.
Oscar Piastri affiche sa joie après cette première « victoire » en Formule 1, même si bien entendu ce sprint ne figurera pas à son palmarès. Mais l'exploit du jeune Australien en ce samedi n'est pas mince puisqu'il est le premier pilote à vaincre Red Bull lors d'un sprint en 2023. « C'était une course stressante, confie-t-il. Les gars en tendres m'ont posé problème au départ, mais leurs pneus se sont effondrés assez rapidement. Les Safety Cars étaient mes amies aujourd'hui, Max est revenu derrière moi mais le rythme était bon, j'ai réussi à gérer les pneus, et on a fait du très bon travail, je suis très heureux. » Le néophyte australien s'affirme décidément comme un as en devenir, mais sa joie demeure contenue. Gagner un sprint, ce n'est pas encore gagner un « vrai » Grand Prix...
Le succès de Piastri parvient presque à éclipser la troisième consécration mondiale de Max Verstappen qui était, il est vrai fort attendue. Le Néerlandais fera une petite fête ce soir avec son équipe et commente sobrement ce nouveau couronnement: « C'est un sentiment fantastique, cela a été une année incroyable, avec beaucoup de très bonnes courses. Je suis super fier du travail de l'équipe et être triple champion du monde est incroyable. C'était une course excitante aujourd'hui, dommage qu'on ait eu autant de Safety Cars, mais je me suis amusé. Je profite du moment présent et je vais essayer de continuer sur cette dynamique pendant longtemps. »
Dimanche: le Grand Prix
Dans la nuit de samedi à dimanche, les experts de Pirelli constatent de nouveau les mêmes inquiétantes dégradations sur les flancs de leurs pneus. Après une longue tergiversation qui agace les pilotes, Nikolas Tombazis et Niels Wittich publient dimanche après-midi une directive interdisant aux pilotes d'utiliser un jeu de pneus plus de 18 tours afin d'éviter tout incident. Chacun devra donc effectuer trois pit-stops. Cependant, comme beaucoup de pilotes partiront avec des trains déjà utilisés, il faut prendre en compte le nombre de rondes déjà parcourues par ceux-ci. Une vraie usine à gaz... Bien sûr, Pirelli ne sort pas grandie de cette affaire, mais Lewis Hamilton pointe aussi la responsabilité de la FIA qui a limité aux maximum les essais de pneumatiques, ainsi que la réglementation qui a créé des F1 à la fois très lourdes et très rapides en courbe, ce qui sollicite les pneus à l'excès.
Ce dimanche, la nuit est tombée sur le désert qatari, mais le mercure dépasse encore les 30°C au moment du coup d'envoi. Cette chaleur extrême est la norme dans l'émirat, mais cela semble avoir été négligé par la fédération. Il est vrai que l'édition 2021 avait eu lieu un mois et demi plus tard, fin novembre... En tout cas, les pilotes vont énormément souffrir dans cette fournaise nocturne. Par ailleurs, comme l'impose Pirelli, chacun effectuera trois pit-stops. La plupart s'élancent avec des pneus médiums (C4) usagés. Hamilton, Bottas, Magnussen et Lawson sont en gommes tendres (C5). Seul Pérez est muni de pneus durs (C3). Le Mexicain part finalement des stands après avoir changé des éléments sur son moteur. Ferrari est contrainte de retirer la voiture de Carlos Sainz avant même le départ. La n°55 est en effet victime d'une grave fuite d'essence, probablement causée par le passage sur les fameux vibreurs pyramidaux. Sainz passera son dimanche soir sur la murette rouge.
Départ: Verstappen reste aux commandes. Hamilton se porte à la hauteur de Russell et se glisse à l'extérieur au premier tournant, mais il se rabat trop tôt devant son équipier. La roue avant-gauche de celui-ci harponne la roue arrière-droite du septuple champion du monde. Les deux Mercedes partent en tête-à-queue. Derrière Verstappen évoluent Piastri, Alonso et Leclerc.
1er tour: Russell a repris la piste tandis que Hamilton est planté dans les graviers, privé de sa roue arrière-droite. La voiture de sécurité intervient. Verstappen devance Piastri, Alonso, Leclerc, Ocon, Norris, Gasly, Tsunoda, Bottas et Hülkenberg.
2e: Les commissaires évacuent la Mercedes accidentée de Hamilton. Russell passe à son stand pour changer de gommes.
3e: Bottas, Magnussen, Stroll et Lawson s'arrêtent très tôt. Tous chaussent les pneus médiums, sauf Lawson qui prend le composé dur.
4e: La Safety Car s'efface à l'issue de cette boucle. Verstappen précède Piastri, Alonso, Leclerc, Ocon, Norris, Gasly, Tsunoda, Hülkenberg, Albon, Sargeant, Zhou, Pérez, Russell, Bottas, Magnussen, Stroll et Lawson.
5e: Le drapeau vert est agité. Verstappen prend une seconde d'avance sur Piastri.
6e: Hülkenberg déborde Tsunoda par l'extérieur au virage n°1, mais il reçoit 10 secondes de pénalité car il n'était pas correctement positionné sur son emplacement sur la grille.
7e: Verstappen est le plus rapide (1'29''083'''). Alonso s'offre un travers et se retrouve menacé par Leclerc.
8e: Verstappen mène devant Piastri (2s.), Alonso (4.3s.), Leclerc (5.3s.), Ocon (7.4s.), Norris (8.4s.), Gasly (9.4s.), Hülkenberg (11.2s.), Tsunoda (12.1s.) et Albon (12.7s.). Russell dépasse Zhou.
9e: Tsunoda chausse les pneus médiums. Russell prend la 10e place à Sargeant. Peu rapide en pneus durs, Pérez bute sur Zhou.
10e: Verstappen compte deux secondes et demie d'avantage sur Piastri. Ocon passe chez Alpine pour remettre des pneus jaunes.
12e: Piastri concède près de trois secondes à Verstappen. Alonso et Gasly sont aux stands pour rechausser les pneus médiums. Russell efface Albon.
13e: Piastri s'empare de pneus médiums (3.2s.), tout comme Leclerc (2.6s.). Ils repartent respectivement 13e et 16e, derrière le trio Magnussen - Stroll - Lawson qui s'est arrêté très tôt. Leclerc se fait doubler par Alonso au virage n°4.
14e: Norris prend des enveloppes jaunes et se relance derrière Leclerc. Hülkenberg change de gommes et subit sa pénalité, ce qui le renvoie en queue de peloton. Arrêt aussi pour Sargeant.
15e: Brièvement revenu au deuxième rang, Russell remet les pneus médiums (2.6s.) et repart 15e. Pérez vient enfin à bout de Zhou et se retrouve troisième. Piastri, Alonso, Leclerc et Norris doublent peu à peu les pilotes qui se sont arrêtés en début de Grand Prix.
16e: Verstappen précède Albon (21.3s.), Pérez (24.7s.), Zhou (27.3s.), Bottas (30.3s.), Stroll (31.7s.), Piastri (32.2s.), Alonso (34.6s.), Magnussen (36.6s.), Leclerc (37.1s.), Norris (37.4s.) et Lawson (38.5s.).
17e: Piastri dépasse Stroll et Leclerc double Magnussen.
18e: Verstappen apparaît chez Red Bull, s'empare de pneus médiums (2.4s.) et conserve la première place quelques secondes devant Albon. Pérez lui succède et prend aussi les Pirelli jaunes. Piastri efface Bottas au premier virage.
19e: Albon et Zhou sont les derniers pilotes à changer de pneus et prennent les enveloppes jaunes. Norris actionne son DRS et déborde Leclerc avant le premier virage. Stroll ouvre la voie à son équipier Alonso. Russell remonte à son tour et dépasse Magnussen.
20e: Alonso se défait de Bottas. En fin de tour, Verstappen devance Piastri (7.5s.), Alonso (11.7s.), Bottas (13s.), Stroll (14.1s.), Norris (15.3s.), Leclerc (16.3s.), Ocon (18s.), Gasly (19.4s.), Russell (20s.), Magnussen (22.7s.) et Lawson (23.4s.).
21e: Norris se débarrasse de Stroll. Russell assaille Gasly par l'extérieur dans la première courbe, mais le Normand se défend fermement, poussant son adversaire au-delà des limites de la piste.
22e: Bottas, Stroll, Magnussen et Lawson opèrent leur second changement de pneus et se retrouvent en queue de classement.
23e: Russell vient à bout de Gasly au premier virage. Second changement de pneus pour Tsunoda. Pérez se voit adresser le drapeau noir et blanc car il a déjà franchi trois fois la ligne blanche.
24e: Verstappen est premier devant Piastri (8.1s.), Alonso (15s.), Norris (16.7s.), Leclerc (21.4s.), Ocon (23.7s.), Russel (24.2s.), Gasly (25.8s.), Pérez (27.3s.), Albon (33.3s.), Sargeant (37.6s.) et Zhou (38s.).
26e: Piastri passe chez McLaren et reprend les pneus jaunes (2.5s.) tandis que Leclerc (2.3s.) et Ocon (3s.) sélectionnent les enveloppes blanches. Zhou passe devant Sargeant qui souffre d'une forte déshydratation.
27e: Verstappen compte 16 secondes d'avance sur Norris. Alonso s'empare des gommes dures (2.3s.), tout comme Gasly et Sargeant. Pérez reçoit 5 secondes de pénalité pour avoir roulé hors limites.
28e: Norris reprend des pneus médiums lors d'un arrêt exceptionnel (1.8s.!), un nouveau record dans la discipline. Il repart septième derrière Zhou mais surtout devant Alonso. Second arrêt pour Hülkenberg.
29e: Piastri a doublé Albon. Verstappen mène devant Russell (23s.), Pérez (29.4s.), Piastri (35.6s.), Albon (36.8s.), Zhou (41.3s.), Norris (42.5s.), Alonso (43.4s.), Bottas (48.2s.), Stroll (49.5s.), Leclerc (51s.) et Ocon (54.6s.).
30e: Norris passe devant Zhou et améliore le record du tour (1'26''216'''). Leclerc se défait de Stroll au tour suivant.
32e: Pérez fait escale chez Red Bull, prend des gommes jaunes et subit sa pénalité. Il tombe au 12e rang. Albon chausse des pneus durs.
33e: Trente-quatre secondes séparent Verstappen et Piastri. Alonso sort dans les graviers au virage n°2. Il regagne la piste en empruntant une échappatoire en asphalte, sous le nez de Leclerc qui le dépasse aussitôt après.
35e: Verstappen s'empare de pneus durs (2.5s.) sans céder le commandement. Russell prend la quatrième place à Zhou. Le Chinois change de pneus dans la foulée.
36e: Verstappen compte désormais six secondes d'avance sur Piastri. Ocon et Gasly doublent Stroll.
38e: Pérez reçoit une seconde sanction de cinq secondes: il a de nouveau franchi la ligne blanche... Les Alpine passent devant Bottas.
39e: Verstappen devance Piastri (7.4s.), Norris (11s.), Russell (22.5s.), Leclerc (29.2s.), Alonso (31.5s.), Ocon (37s.), Gasly (38.6s.), Bottas (39.4s.), Pérez (41s.), Stroll (43.5s.) et Albon (50s.).
40e: Norris revient à trois secondes de Piastri. Bottas et Magnussen chaussent des pneus durs, Stroll et Lawson des pneus médiums.
41e: Troisièmes changements de pneus pour Tsunoda et Hülkenberg. A bout de forces et au bord de la syncope, Sargeant rejoint son garage à faible allure. Le Floridien doit ensuite être soutenu par ses mécaniciens pour quitter son habitacle.
42e: Verstappen précède Piastri (10.2s.), Norris (13s.), Russell (24s.), Leclerc (31.7s.), Alonso (37.7s.), Ocon (42s.), Gasly (45.4s.), Pérez (50s.), Albon (57.8s.), Zhou (1m. 04s.) et Bottas (1m. 16s.). Gasly et Stroll reçoivent chacun 5 secondes de pénalité pour roulage hors limites.
44e: Verstappen tourne en 1'25''475'''. Piastri fait escale chez McLaren, chausse les gommes dures (2s.) et se relance en quatrième position. Leclerc, Ocon et Pérez prennent eux des pneus médiums. Le Mexicain subit en plus sa punition.
45e: Norris se saisit de gommes blanches (2.1s.) et redémarre à quelques encablures de son équipier. Alonso reprend des pneus médiums, tout comme Gasly qui se plie en outre à sa sanction. Albon chausse les pneus durs.
46e: Verstappen prend un tour à son collègue Pérez.... Norris s'empare du meilleur chrono (124''881'''). Gasly écope à nouveau de 5 secondes de pénalité: il a encore roulé derrière la ligne blanche...
47e: McLaren demande à Norris de ne pas attaquer Piastri pour préserver un double podium en vue. Albon est sanctionné de 10 secondes pour s'être égaré hors limites.
48e: Verstappen mène devant Russell (26s.), Piastri (36.5s.), Norris (38.3s.), Leclerc (1m.), Zhou (1m. 07s.), Alonso (1m. 10s.), Ocon (1m. 15s.), Bottas (1m. 20s.), Stroll (-1t.) et Pérez (-1t.).
50e: La fin de course est pénible pour de nombreux pilotes déshydratés. Russell, Norris, Ocon, Stroll et Albon sont particulièrement éprouvés et ouvrent leur visière en ligne droite.
51e: Russell passe chez Mercedes pour prendre des gommes tendres (2.5s.) et se relance en quatrième position.
52e: Verstappen subit son dernier pit-stop. Ses mécaniciens peinent à ôter sa roue avant-gauche et il repart muni de pneus médiums au bout de quatre secondes, sans perdre la première place. Gasly déborde Stroll par l'extérieur en sortant de la première courbe, mais il roule derrière la ligne blanche.
53e: Gasly rétrocède la position à Stroll dans la ligne droite principale, mais il laisse aussi passer Pérez qui suivait de près le Canadien. Zhou change de pneus et repart en 12e position. Gasly et Stroll écopent de nouvelles pénalités pour passage hors-piste.
54e: Verstappen devance Piastri (4s.), Norris (5.5s.), Russell (28.5s.), Leclerc (35.3s.), Alonso (45.7s.), Ocon (54s.), Bottas (1m.), Stroll (1m. 07s.), Pérez (1m. 08s.), Gasly (1m. 09s.) et Zhou (1m. 11s.).
55e: Gasly surprend Pérez par l'extérieur au premier tournant. Mais tous deux sont pénalisés...
56e: Verstappen signe le meilleur chrono de la soirée (1'24''316'''). Norris évolue à moins d'une seconde de Piastri.
57e et dernier tour: Max Verstappen remporte le GP du Qatar devant les McLaren de Piastri et de Norris. Russell se classe quatrième malgré son accrochage avec son équipier. Leclerc finit cinquième, Alonso sixième. Ocon, très fatigué, termine septième. Bottas décroche une belle huitième place. Stroll, Gasly et Pérez viennent ensuite, mais du fait des pénalités successives, c'est Zhou qui hérite de la neuvième place, derrière son équipier. Alfa Romeo glane ainsi 6 points d'un coup. Pérez se contente du point de la 10e place. Viennent ensuite Stroll, Gasly, Albon, Magnussen, Tsunoda, Hülkenberg et Lawson.
Après la course
Max Verstappen fête son troisième titre mondial de la plus belle des façons en remportant sa 14ème victoire de la saison. Hormis la fournaise, rien n'a vraiment éprouvé le Néerlandais ce dimanche soir. « C'était globalement une bonne course », commente-t-il sobrement. « Nous avons été assez forts dans la gestion des pneus et j'ai pu rester un peu plus longtemps en piste que les McLaren. Avec le pneu dur, j'ai eu un peu plus de mal à me frayer un chemin dans le trafic. Mais j'ai pu assurer jusqu'à la fin. Les trois relais obligatoires n'étaient pas une bonne option pour nous car nous tenions bien les pneus. Mais bon, c'était pareil pour tout le monde... » En somme, une victoire parmi d'autres, la 49ème de sa carrière. Encore deux succès, et Verstappen rejoindra Alain Prost au palmarès... D'un ton monocorde, le pilote Red Bull affirme ne pas se soucier de l'avenir. Il veut gagner le plus de courses et de titres possibles, et arrêtera quand il aura assez. Il ne cache pas qu'il ne s'éternisera pas en F1 jusqu'à 40 ans, comme Fernando Alonso ou Lewis Hamilton. « Il y a un grand écart entre les 53 victoires de Sebastian Vettel et les 91 de Michael Schumacher », constate-t-il. « Si je finis quelque part, au milieu, ce sera déjà bien. »
Son équipier Sergio Pérez a de nouveau connu un nouveau week-end catastrophique. Si le Mexicain n'est pas responsable du carambolage qui a mis un terme à son sprint la veille, il s'est mal qualifié vendredi, puis s'est distingué ce dimanche en dérapant régulièrement hors-piste, d'où une cascade de pénalités qui ont obéré sa remontée. Ainsi Pérez n'a inscrit que 5 points lors des trois derniers Grands Prix. Christian Horner et Helmut Marko reprennent à son égard leur numéro des « bon et mauvais flics ». Le premier joue l'apaisement et affirme vouloir discuter sereinement avec son pilote et le second sort le gros bâton: « D'un côté du garage, tout se passe bien, c'est la fête. Et de l'autre nous avons un pilote qui est débordé par ce qui lui arrive. C'est un contraste qui devient difficile à tenir. » Marko menace à nouveau Pérez de licenciement à l'issue de cette saison: « Pour le moment, nous voulons respecter la situation contractuelle qui dure jusqu'en 2024. Mais cela dépend entièrement de lui maintenant. Nous avons trois pilotes relativement bons chez AlphaTauri si besoin. » Entre Yuki Tsunoda, Daniel Ricciardo et Liam Lawson, Red Bull a en effet l'embarras du choix...
Comme au Japon, McLaren place ses deux pilotes sur la « boîte » et célébrer ainsi son 500ème podium en Formule 1. Mais cette fois, c'est Oscar Piastri, vainqueur du sprint la veille, qui se classe deuxième devant son équipier. « Merci à mes petits camarades qui m'ont ouvert la voie au premier virage ! » rigole le jeune Aussie, en référence à la collision des Mercedes. Piastri a ensuite conservé cette position assez facilement, nonobstant la chaleur. Il a certes bénéficié d'une consigne d'équipe, McLaren demandant à Lando Norris de ne pas l'attaquer pour préserver ce résultat. L'Anglais n'en fut pas très content, mais il joue profil bas après la course: « Je ne pense pas que j'aurais doublé Oscar car plus je m'en rapprochais, plus je subissais de turbulences. Mon rythme était supérieur, mais il a fait du bon boulot. Il a commis moins d'erreurs et mérite ce résultat. » Norris est amer car il pense qu'il aurait pu jouer la victoire ce week-end, au sprint ou même lors du Grand Prix, sans ses errements lors des séances qualificatives: « Si je suis honnête avec moi-même, j'aurais dû me battre pour les poles positions et pour les victoires. C'est la raison pour laquelle je suis aussi déçu. C'est un week-end d'occasions manquées. J'aurais pu me battre avec Verstappen, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même... » Andrea Stella tente de le consoler en déclarant qu'il « est trop dur avec lui-même »... McLaren boucle en tous les cas un excellent week-end avec 47 points moissonnés (13 de plus que Red Bull). L'équipe de Woking (219 pts) ne devrait faire qu'une bouchée d'Aston Martin (230 pts) au championnat des constructeurs, et peut même viser la troisième place détenue par Ferrari (298 pts) qui est considérablement rentrée dans le rang depuis Monza et Singapour...
Très bien qualifiées, les Mercedes ont tout perdu au premier virage à cause de la collision entre Lewis Hamilton et George Russell. Le septuple champion du monde endosse humblement l'entière responsabilité de cet incident qui prive son équipe d'un excellent résultat, même si Russell a ensuite effectué une belle remontée. Mais le jeune Anglais est fort déçu car il pense qu'il était en mesure de menacer Max Verstappen. « Aucun des deux pilotes n'avait l'intention de percuter l'autre, souligne Andrew Shovlin, l'ingénieur de piste en chef. Lewis a pris la responsabilité de l'incident et George a constaté que ces F1 de grande taille empêchent de trouver un espace pour esquiver un contact. En fin de compte, tous deux sont mécontents car cela coûte beaucoup de points à l'équipe. » Par ailleurs, si Hamilton n'est pas sanctionné par la FIA pour son erreur, il écope de 50 000 $ d'amende pour avoir traversé la piste sans autorisation. Un week-end à oublier pour le septuple champion du monde...
Enfin, les conditions climatiques extrêmes de cette soirée (mercure dépassant les 30°C, taux d'humidité élevé) ont grandement mis à mal la santé des pilotes. Prisonniers de la fournaise (on a relevé jusqu'à 60°C dans les cockpits !), tous ont subi une forte déshydratation. « Aujourd'hui, nous avons dépassé la limite de ce qui était acceptable pour conduire, lâche George Russell. C'est fou ce qu'il faisait chaud, on était comme dans un four. Je me sentais sur le point de m'évanouir. Un peu plus, et je pense que j'aurais abandonné parce que mon corps allait dire stop. » Esteban Ocon admet avoir vomi dans son casque au bout de 15 tours. Fernando Alonso a pour sa part été brûlé par son siège, mais son équipe n'a pas été autorisée à lui verser de l'eau froide lors des pit-stops... Quant aux deux pilotes Williams, ils finissent carrément au centre médical. Déjà préalablement grippé, Logan Sargeant doit être réhydraté de toute urgence, tandis qu'Alexander Albon est placé en observation pour « exposition prolongée à la chaleur ». Cette triste situation est d'autant plus critiquable que les pilotes ont disputé deux courses en deux jours, sollicitant grandement leur organisme. A nouveau, on peut se questionner sur la pertinence des sprints... Du reste, la FIA était censée connaître le climat qatari, très aride sur presque l'ensemble de l'année, y compris en début de nuit... En 2024, le GP du Qatar aura lieu en décembre, comme la Coupe du monde de football 2022. Une sage décision...
Sources :
- Auto Hebdo n°2433, 12 octobre 2023.
Tony