Présentation de l'épreuve
Les Brésiliens accueillent toujours la Formule 1 avec ferveur, et ce bien qu'aucun de leurs compatriotes ne fréquente régulièrement les grilles depuis cinq ans. Les plus chauvins commencent à trouver que l'époque de Felipe Massa remonte à très loin. En vérité, le Brésil souffre moins d'une pénurie de talents que des coûts de plus en plus exorbitants exigés par le karting qui découragent les meilleures volontés. On ne reverra pas de sitôt un Brésilien au départ d'un Grand Prix de F1. Certes, Felipe Drugovich vient de remporter le titre mondial de Formule 2, mais le natif de Maringá n'appartient à aucune filière et se contentera d'un poste de réserviste chez Aston Martin en 2023. Or les Brésiliens veulent voir un pilote auriverde sur la piste, non dans un simulateur. Le salut viendra peut-être encore de la famille Fittipaldi. Enzo Fittipaldi, le petit-fils d'Emerson et le frère cadet de Pietro, vient d'intégrer le Red Bull Junior Team et évoluera l'an prochain dans l'écurie Carlin de F2, en lieu et place de Logan Sargeant, promu chez Williams. « Fittipaldi V » a déjà réalisé une belle saison 2021 en décrochant six podiums avec la petite écurie tchèque Charouz. S'il brille avec Carlin en 2023, les portes d'AlphaTauri pourraient s'ouvrir devant lui en 2024...
Faute de compatriotes à encourager, les Brésiliens reportent leur amour sur Lewis Hamilton, le fils spirituel de leur « dieu » Ayrton Senna. Le septuple champion du monde ne cache pas sa fascination pour le Brésil et ce pays le remercie de façon solennelle en lui accordant le titre de citoyen d'honneur. Le 7 novembre, il se rend à Brasília, au siège de la Chambre des députés, pour recevoir sa médaille des mains du président Arthur Lira, avant d'être ovationné par les parlementaires. Puis Hamilton visite Rio de Janeiro et São Paulo, où il visite une école publique en compagnie de Viviane et Lalalli Senna, la sœur et la nièce d'Ayrton.
Ce Grand Prix sera le théâtre de la troisième et dernière course sprint de la saison 2022, une épreuve qui reviendra à six reprises en 2023, et ce bien qu'elle soulève un enthousiasme pour le moins modéré. Les pilotes comme les spectateurs ont du mal à percevoir l'intérêt de ces mini-courses, outre le fait qu'elles rapportent quelques points supplémentaires au championnat du monde. Au Brésil, Max Verstappen les critique ouvertement. Selon lui, puisqu'elles déterminent la grille de départ pour la « vraie » course du dimanche, les pilotes ne prennent aucun risque et offrent donc un spectacle minimal. « Il n'y a pas de stratégie, pas d'arrêts aux stands, on se contente de mettre les pneus qui iront jusqu'au bout », ajoute-t-il. « Certes, avec les nouvelles F1, il y a un peu plus de dépassements, mais ce n'est tout de même pas très amusant. On joue la sécurité pour ne pas tout perdre avant le Grand Prix. ». Pour remédier à cela, la fédération envisage de ne plus faire dépendre la grille de départ du dimanche du résultat de la course sprint, ce qui redonnerait aux qualifications « traditionnelles » leur vraie fonction, tout en faisant du sprint une épreuve indépendante. Les pilotes pourraient ainsi se donner à fond le samedi après-midi sans risquer de partir le lendemain en fond de peloton.
Pierre Gasly entame cette fin de saison avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de son casque. En effet, le jeune Normand accumule les pénalités depuis quelques semaines et compte désormais 10 points sur 12 possibles sur son « permis de conduire ». Comme il ne pourra récupérer aucun point d'ici le printemps 2023, il est donc à la merci d'une nouvelle sanction qui entraînerait très probablement une course de suspension. Cela inquiète notamment sa future écurie Alpine qui n'aimerait pas être contrainte de lui trouver un suppléant début 2023...
Red Bull annonce début novembre les modalités de la succession de Dietrich Mateschitz, disparu le 22 octobre. Son fils et héritier Mark Mateschitz, en accord avec ses partenaires thaïlandais, crée un nouveau comité de direction qui place les écuries Red Bull Racing et AlphaTauri sous la double responsabilité d'Oliver Mintzlaff, directeur des projets d'entreprise, et d'Alexander Kirchmayr, directeur financier. Mintzlaff est le plus connu des deux hommes puisqu'il présidait jusqu'ici aux destinées du club de football Red Bull Leipzig. Mark Mateschitz assure que Christian Horner et Franz Tost bénéficieront toujours d'une grande autonomie dans la gestion de leurs écuries, comme sous le règne de son père. Mais certains bruits affirment qu'Olivier Mintzlaff pourrait se séparer du redoutable Dr. Helmut Marko, l'éminence grise de Mateschitz père, dont les propos à l'emporte-pièce suscitent toujours d'intenses polémiques. A 79 ans, l'ancien pilote autrichien a largement atteint l'âge de la retraite, mais il ne manifeste aucune envie de décrocher.
Début novembre, Mercedes perd un de ses principaux sponsors, la plate-forme d'échange de crypto-monnaies FTX, dont la faillite retentissante et la mise sous enquête par la justice américaine agitent les milieux financiers. Cet événement met en lumière la récente lune de miel entre la Formule 1 et le monde des crypto-monnaies, puisque huit des dix écuries sont alliées à un organisme de ce genre: Ferrari (Veleas), Red Bull (Bybit), Alpine (Binance), Alfa Romeo (Floki), AlphaTauri (Fantom), Aston Martin (Crypto), McLaren (Tezos et OKX), et donc jusqu'à tout récemment Mercedes avec FTX. Ce scandale incite les constructeurs à la prudence envers des partenaires aussi exposés, moins en raison des risques financiers que des dégâts potentiels en termes d'image...
Mauro Forghieri, le légendaire ingénieur de la Scuderia Ferrari, est mort le 2 novembre 2022 à l'âge de 87 ans. Avec lui disparaît sans doute le personnage le plus important de l'histoire de la firme au cheval cabré, après le Commendatore lui-même. Forghieri fut en effet un concepteur incroyablement prolifique et ses créations permirent à Ferrari de briller en Formule 1 et en Endurance dans les années 1960 et 1970. Sa plus belle œuvre fut sans doute la série des 312T qui permirent à Niki Lauda puis à Jody Scheckter de glaner trois titres mondiaux entre 1975 et 1979. Pour lui rendre hommage, les F1-75 arborent ce week-end des autocollants flanqués du message « Ciao Furia », le surnom de Forghieri.
Jeudi, Lando Norris n'apparaît pas dans le paddock et garde la chambre suite à des maux de ventre qui font songer à une intoxication alimentaire. Pour prévenir un éventuel forfait du jeune Anglais, McLaren se tourne vers Nyck de Vries, réserviste attiré des écuries motorisées par Mercedes. Le Néerlandais moule son baquet pour piloter la MCL36, mais vendredi Norris se sent mieux et les médecins de la FIA le déclare apte à conduire. « On ne se débarrasse pas de moi aussi facilement ! » ironise-t-il sur Twitter.
Vendredi: essais et qualifications
La séance libre du vendredi revêt une grande importance puisqu'elle se déroule trois heures seulement avant les qualifications. Pérez réalise le meilleur temps (1'11''853'''), 4 millièmes devant Leclerc, 8 millièmes devant Verstappen.
La pluie s'invite avant les qualifications mais cesse néanmoins avant le coup d'envoi de cette séquence cruciale, ce qui permet aux pilotes, partis en intermédiaires, de chausser rapidement les slicks. Toutefois, le crachin revient au début de la Q3. Là-dessus, alors que les pilotes n'ont couvert qu'un ou deux tours, Russell provoque un court drapeau rouge suite à une sortie de route. Lorsque cesse la neutralisation, l'averse redouble et interdit toute amélioration.
Grâce à ces circonstances particulières, Magnussen réalise à la surprise générale sa première pole position (1'11''647''') après 139 Grands Prix, la première aussi de l'écurie Haas. Le chanceux Danois a eu la bonne fortune de prendre la piste le premier en Q3, mais il faut souligner qu'il a su conduire sa machine jusqu'à cette dernière étape, contrairement à son équipier Schumacher qui lui s'élancera 20e et dernier... Chez Red Bull, Verstappen (2e) manque la pole pour 2/10e suite à une petite erreur dans son seul tour lancé. Pérez (9e) prétend pour sa part avoir été gêné par la Ferrari de Leclerc. Toutefois, la RB18 déçoit ici. Mal réglée, elle maltraite ses gommes avant et génère du sous-virage. Russell positionne sa Mercedes au troisième rang avant de se planter dans les graviers de la courbe du lac. Hamilton (8e) n'a pas de chance puisqu'il est l'un des derniers à avoir pris la route en Q3. Norris (4e) brille au volant de sa McLaren et ce bien qu'il se sente encore vaseux. Ricciardo (14e) ne franchit pas la Q2.
Encore une mauvaise journée pour Ferrari. Sainz obtient la cinquième position, mais il écopera de cinq places de pénalité sur la grille dominicale suite à un changement de moteur à combustion. Leclerc commence la Q3 muni de pneus intermédiaires, alors que le bitume n'est pas encore tout à fait humide. Le Monégasque accomplit un tour au ralenti avant de rentrer aux stands pour mettre les slicks. C'est alors que survient le drapeau rouge et que l'averse redouble... Il partira seulement 10e. Les Alpine-Renault (Ocon 6e, Alonso 7e) se montrent très performantes. Albon (11e) amène sa Williams aux portes de la Q3 tandis que Latifi (16e) aurait pu passer en Q2 sans un problème de freins. Gasly (12e) est relativement satisfait de son AlphaTauri alors que Tsunoda (19e) regrette un manque d'adhérence. Les Aston Martin (Vettel 13e, Stroll 15e) ne franchissent pas la deuxième étape des qualifications et ne profitent pas des déboires des Alfa Romeo de Zhou (17e) et de Bottas (18e) qui ont commis l'erreur de chausser les slicks trop tardivement en Q1.
Longtemps incrédule, Kevin Magnussen rugit de bonheur lorsqu'il apprend qu'il a hérité de la pole position. Voilà un présent bien inattendu pour ce baroudeur de 30 ans qui, rappelons-le, n'a hérité de ce volant chez Haas que deux semaines avant le début de la saison, suite à l'éviction à caractère politique de Nikita Mazepin. Doit-il remercier MM. Poutine et Zelensky ? Plus sérieusement, si cette pole est aussi chanceuse qu'incongrue, elle récompense les efforts de la très dédaignée écurie Haas, reléguée en queue de peloton depuis 2019, mais qui a su enfin produire cette saison une monoplace convenable. Magnussen ne peut sérieusement viser la victoire lors du sprint, et encore moins lors du Grand Prix, mais il entend vendre chèrement sa peau, comme il en a l'habitude: « Mon état d'esprit sera: attaque maximum ! J'espère que ce sera fun ! » Avec Max Verstappen derrière lui, sans nul doute...
Samedi: sprint
Samedi en début d'après-midi se déroule la seconde séance libre. Ocon confirme la bonne tenue des Alpine en se montrant le plus rapide devant Pérez et Russell. Williams confie la monoplace d'Alex Albon à Logan Sargeant afin d'aider celui-ci à obtenir sa super-licence pour 2023.
Deux heures plus tard, la course sprint commence sous le soleil, dans une douce atmosphère (22°C). La quasi-totalité du peloton se munit de pneus Pirelli tendres (C4), à la curieuse exception de Latifi et surtout de Verstappen qui choisissent les médiums (C3).
Départ: Magnussen prend un bon envol alors que Verstappen contient Russell avec peine. Suivent Norris et Sainz.
1er tour: Alonso tente de réaliser l'extérieur sur Ocon à Subida do Lago. Les deux Alpine se tamponnent et l'Espagnol rattrape de justesse un début d'embardée. Plus loin, dans la remontée vers la ligne de départ-arrivée, Alonso prend l'aspiration de son équipier mais se décale un peu tard vers la droite et endommage son aileron avant contre l'autre Alpine. Magnussen précède Verstappen, Russell, Norris, Sainz, Ocon, Alonso, Hamilton, Pérez et Leclerc.
2e: Russell est plus rapide que Verstappen, handicapé par ses pneus médiums. Il tente en vain de faire l'extérieur au Batave aux virages n°1 et 4. Magnussen conserve pour le moment le commandement. Sainz déborde Norris au premier tournant. Alonso perd plusieurs positions avant de regagner son stand pour changer son aileron avant. Il se relance bon dernier.
3e: Verstappen double aisément Magnussen dans la ligne droite principale et s'empare de la première place. Hamilton déborde Ocon.
4e: Magnussen cède devant Russell au virage n°1, puis devant Sainz au n°4. Pérez déborde Ocon dont la machine est déséquilibrée depuis le double contact avec Alonso qui a endommagé son ponton droit.
5e: Verstappen compte 8/10e d'avance sur Russell. Hamilton double Norris. A noter que Schumacher effectue une belle remontée et pointe au 14e rang.
6e: Hamilton se défait à son tour de Magnussen au bout de la longue pleine charge tandis que Leclerc dépasse Ocon. Au tour suivant, le Normand cédera devant son futur équipier Gasly.
7e: Verstappen mène devant Russell (0.8s.), Sainz (2.4s.), Hamilton (5.1s.), Magnussen (6.5s.), Norris (7.3s.), Pérez (7.8s.), Leclerc (11s.), Gasly (13.1s.), Ocon (13.8s.), Stroll (14.4s.) et Vettel (14.8s.).
8e: Pérez s'empare de la sixième position aux dépens de Norris puis se lance à la poursuite de Magnussen.
9e: Pérez dépasse Magnussen. Vettel attaque son équipier Stroll au premier tournant, puis tente de lui faire l'extérieur dans la Recta Oposta. Le Canadien le serre alors très rudement contre la bordure et Vettel doit mettre deux roues dans l'herbe pour éviter la collision.
10e: Vettel parvient à se défaire de Stroll dans la ligne droite principale. Ricciardo dépasse ensuite le pilote canadien.
11e: Russell est revenu à moins d'une seconde de Verstappen qui est en difficulté avec ses pneus avant. Vettel se défait d'Ocon.
12e: Russell se montre dans les rétroviseurs de Verstappen avant le S de Senna. Puis il prend son aspiration, ouvre son aileron mobile et se porte à sa hauteur dans la seconde ligne droite, mais Verstappen garde l'ascendant au prix d'un freinage tardif. Leclerc passe devant Norris.
13e: Russell porte une nouvelle attaque contre Verstappen par la droite au premier virage, avant comme au tour précédent de parvenir jusqu'à sa hauteur dans la Recta Oposta. De nouveau, le Néerlandais freine tard et reste devant, mais cette fois l'Anglais pique vers l'intérieur et les deux hommes quittent la courbe côte à côte. Grâce à une meilleure traction, Verstappen garde l'avantage à la réaccélération. Albon se gare dans l'échappatoire du S de Senna après avoir roulé sur des débris.
14e: L'abandon d'Albon ne provoque qu'un court drapeau jaune, mais Russell ne peut pas attaquer Verstappen. Sainz et Hamilton recollent à ce duo. Ricciardo dépasse Ocon qui va dès lors dégringoler au classement tant sa monoplace est instable.
15e: Russell actionne son DRS dans la descente vers Descida do Lago, prend l'aspiration de Verstappen et le déborde par l'extérieur avant le virage n°4.
16e: Russell s'enfuit facilement. Hamilton tente d'attaquer Sainz dans la seconde ligne droite, mais ce dernier louvoie pour le priver d'aspiration. Leclerc prend la sixième place à Magnussen.
17e: Russell devance Verstappen (2.5s.), Sainz (3.3s.), Hamilton (4s.), Pérez (8.6s.), Leclerc (12.6s.), Magnussen (15.8s.), Norris (17.1s.), Gasly (21.1s.) et Vettel (22.7s.).
18e: Verstappen est désormais menacé par Sainz et Hamilton. Stroll reçoit dix secondes de pénalité en raison de sa manœuvre de défense dangereuse contre Vettel.
19e: Sainz prend l'aspiration de Verstappen et se jette à l'intérieur au S de Senna. Il passe, mais sa roue arrière-droite arrache la dérive gauche de l'aileron du Hollandais. Ce dernier est bientôt assailli par Hamilton qui l'attaque à l'entrée comme à la sortie de la courbe du lac, mais Verstappen résiste très fermement à son rival. Toutefois, privé d'équilibre, il devient une proie facile pour celui-ci.
20e: Hamilton dépasse sans peine Verstappen sur la ligne de chronométrage. Norris déborde Magnussen à la courbe du lac.
21e: Russell repousse Sainz à quatre secondes. Le Madrilène se plaint de l'état de ses pneus. Vettel dépasse Gasly au virage n°1.
22e: Russell précède Sainz (3.7s.), Hamilton (5.1s.), Verstappen (7.6s.), Pérez (9.6s.), Leclerc (12.6s.), Norris (21s.), Magnussen (22.5s.), Vettel (25.8s.), Gasly (27.2s.), Ricciardo (34s.) et Stroll (35.8s.).
23e: Pérez demande par radio que Verstappen s'efface afin qu'il puisse gagner un point de plus au championnat. Cela ne lui sera pas accordé. En queue de peloton, Alonso se défait d'un Ocon à la dérive, puis de Tsunoda.
24e: George Russell remporte ce sprint devant Sainz et Hamilton. Verstappen se classe quatrième, Pérez cinquième. Leclerc termine sixième. Norris (7e) prend deux points précieux pour McLaren. Magnussen glane le point de la huitième place. Suivent Vettel, Gasly, Ricciardo, Stroll, Schumacher, Zhou, Bottas, Alonso, Tsunoda, Ocon et Latifi. Albon s'élancera en queue de peloton suite à son retrait.
Cependant, Stroll recule au 16e rang du fait de sa pénalité, alors que Alonso est sanctionné de cinq secondes pour avoir heurté son équipier. L'Espagnol glisse en 18e position, soit juste derrière Ocon...
Pour la première fois depuis son apparition en 2021, la course sprint nous a offert un spectacle riche en rebondissements. C'est un excellent samedi pour Mercedes qui monopolisera pour la première fois de la saison la première ligne de la grille de départ, puisque Sainz, second de cette mini-course, reculera de cinq places du fait de sa pénalité. George Russell, vainqueur du sprint, espère qu'il ne s'agit que d'un avant-goût de sa première victoire en Grand Prix. « Je ne m'attendais pas à ce que nous ayons autant de rythme, cela souligne tout le travail effectué depuis Austin », explique le jeune Anglais. Celui-ci n'a pas voulu prendre de risques inconsidérés et s'y est repris à trois fois pour dépasser Max Verstappen, relégué en troisième position sur la grille suite à une petite collision avec Carlos Sainz, mais aussi d'une dégradation accélérée de ses gommes. Le champion du monde affirme que le choix du composé médium n'entre pour rien dans ce constat et que cette usure aurait été similaire avec les enveloppes tendres.
Ce sprint a tourné à la bérézina pour Alpine en raison du double choc ayant opposé Esteban Ocon et Fernando Alonso lors du premier tour. Les deux équipiers ont déjà croisé le fer en piste cette année, mais cette fois, l'équipe française a perdu gros. Ses deux monoplaces partiront en fond de grille. Jugé coupable du second accrochage par les commissaires, Alonso laisse libre cours à sa bile: « Ce n'est pas la première fois qu'Esteban me serre cette saison, il y a eu Djeddah et puis Budapest... Il a déjà eu des problèmes par le passé avec Verstappen et Pérez... Mais bon ! L'an prochain, ce ne sera plus mon problème. Je n'ai qu'une hâte: essayer l'Aston Martin à Abou Dhabi ! » Ocon n'a bien sûr pas la même vision des choses, et lors du débriefing, Laurent Rossi et Otmar Szafnauer tapent du poing sur la table pour faire cesser cette querelle. Évoquant les mille employés de la structure Alpine-Renault dont les efforts ont été trahis, Rossi menace ses deux pilotes de licenciement immédiat en cas de récidive. A signaler que pour couronner le tout, l'Alpine d'Ocon s'est enflammée après l'arrivée, ce qui augure une longue nuit de réparations pour ses mécaniciens.
Le Grand Prix
Ce dimanche, la course se déroule sous un ciel chargé, mais les météorologues ne prévoient pas d'averse. La température est assez élevée (23°C dans l'air, 50°C au sol) et les stratégies sont variées. La plupart des pilotes partent en pneus tendres, mais Leclerc, Sainz, Magnussen, Schumacher, Stroll, Alonso, Latifi et Tsunoda sont en médiums. Seul Albon s'élance muni de pneus durs. Tsunoda a fait changer son fond plat et ses réglages de suspension durant le parc fermé et s'élancera depuis la voie des stands.
Départ: Russell démarre très bien et conserve l'avantage sur Hamilton et Verstappen. Norris tente de surprendre Pérez par l'intérieur au premier tournant, mais il doit finalement monter sur ses freins.
1er tour: Au cœur du peloton, Ricciardo touche Magnussen au virage n°8 et l'expédie en tête-à-queue. Il tente de contourner la Haas par la droite, mais celle-ci emboutit la McLaren en reculant. Ricciardo est projeté dans les glissières. Les deux pilotes sont out et la voiture de sécurité intervient pour retirer leurs monoplaces.
2e: La course est neutralisée. Russell précède Hamilton, Verstappen, Pérez, Norris, Leclerc, Sainz, Vettel, Gasly et Schumacher.
4e: Des grues retirent la Haas de Magnussen et la McLaren de Ricciardo. Albon passe aux stands pour mettre les pneus médiums.
6e: Après une longue intervention, la Safety Car s'efface à l'issue de cette boucle. Russell contient le meute et n'hésite pas à zigzaguer pour faire chauffer ses pneus dans la grande remontée, avant d'appuyer sur le champignon juste après le banking.
7e: Russell reste en tête, mais Verstappen assaille Hamilton par l'extérieur au premier freinage. Le Hollandais se retrouve ainsi à l'intérieur pour dévaler le S de Senna. Sa roue avant-gauche touche la roue avant-droite de la Mercedes et son aileron éclate. Tous deux virent au large et perdent de nombreuses positions. Un peu plus tard, Leclerc attaque Norris en quittant la courbe du lac. Le Monégasque prend l'extérieur en arrivant sur Ferradura mais Norris résiste, sous-vire et harponne la roue arrière-droite de la Ferrari qui part en toupie et heurte les glissières par l'avant. Par une chance inouïe, Leclerc parvient à repartir avec peu de dégâts.
8e: Russell est désormais leader devant Pérez et Norris. Hamilton est relégué en huitième position. Verstappen rejoint le stand Red Bull pour changer de museau et chausse des pneus médiums. Leclerc regagne son garage et ses mécaniciens vérifient que sa monoplace est intacte avant de le relancer avec un nouvel aileron et des gommes jaunes.
9e: Russell compte une seconde et demie d'avance sur Pérez. Sainz prend la troisième place à Norris. Hamilton entame sa remontée: il se défait de Schumacher puis de Gasly.
11e: Russell mène devant Pérez (1.3s.), Sainz (4.4s.), Norris (5.7s.),Vettel (6.7s.), Hamilton (7.1s.), Gasly (9.1s.), Schumacher (9.7s.), Stroll (11.2s.), Bottas (11.4s.), Ocon (11.9s.) et Alonso (12.5s.). Verstappen et Leclerc sont respectivement 17e et 18e.
12e: Hamilton menace Vettel qui lui-même roule sur les talons de Norris. Bottas puis Ocon dépassent Stroll.
13e: Verstappen et Norris sont jugés responsables de leurs accrochages respectifs avec Hamilton et Leclerc et écopent de cinq secondes de pénalité.
14e: Une seconde et demie sépare Russell et Pérez. Hamilton déborde Vettel en arrivant au S de Senna.
15e: Hamilton dépose très facilement Norris sur la ligne de chronométrage. Alonso stoppe chez Alpine pour mettre les gommes dures.
17e: Russell a repoussé Pérez à deux secondes. Vettel se défait à son tour de Norris qui roule avec un plancher endommagé depuis son contact avec Leclerc. Zhou chausse les gommes dures.
18e: Sainz arrive chez Ferrari alors qu'un tear-off est semble-t-il coincé dans une de ses écopes de freins. Il prend des pneus tendres (4.1s.) et se réinsère derrière Albon, qu'il double un peu plus loin.
20e: Pérez peine à préserver ses gommes et concède maintenant trois secondes à Russell. Gasly passe chez AlphaTauri pour mettre les pneus jaunes. Sainz se débarrasse de Stroll, puis de Schumacher. Verstappen a doublé Latifi et Tsunoda.
21e: Tsunoda chausse les gommes rouges, Latifi les gommes blanches.
22e: Russell précède Pérez (3s.), Hamilton (9.7s.), Vettel (18.3s.), Norris (21.8s.), Bottas (23.6s.), Ocon (25s.), Sainz (27.7s.), Schumacher (29.2s.), Stroll (31.4s.), Albon (37.5s.) et Verstappen (39.3s.). Leclerc prend des pneus tendres.
24e: Pérez fait halte chez Red Bull pour mettre les pneus médiums (2s.). Il retrouve le circuit derrière Bottas et met du temps à se défaire de celui-ci. Sainz dépasse Ocon. Verstappen subit sa pénalité puis repart muni de gommes médiums.
25e: Russell arrive chez Mercedes pour s'emparer des gommes jaunes (3s.) et ressort devant Vettel. Hamilton est le nouveau leader. Norris subit sa sanction et chausse les enveloppes médiums. Bottas, Ocon et Schumacher sélectionnent aussi ce composé.
26e: Hamilton compte neuf secondes d'avance sur Russell. Deuxième changement de pneus pour Albon.
27e: Vettel s'empare des enveloppes médiums (3.3s.) et se réinsère entre Bottas et Ocon.
28e: Russell reprend plusieurs dixièmes par tour à Hamilton. Bottas chipe la septième place à Gasly au premier virage.
29e: En fin de tour, Hamilton reçoit des gommes médiums (3.3s.) et redémarre en quatrième position. Stroll met aussi des pneus jaunes.
30e: Russell retrouve le leadership avec quatre secondes d'avantage sur Pérez. Ocon déborde Gasly pour la huitième place.
31e: Russell est premier devant Pérez (5.2s.), Sainz (8.2s.), Hamilton (14.2s.), Alonso (27.5s.), Bottas (29.3s.), Vettel (31.3s.), Ocon (32.4s.), Gasly (34.5s.), Norris (36.3s.), Zhou (38s.) et Schumacher (41s.). Leclerc est 13e, Verstappen 16e.
33e: Russell est content du comportement de ses nouveaux pneus et augmente son avance sur Pérez. Deuxième pit-stop de Latifi.
35e: Bottas menace Alonso alors que Norris est aux trousses de Gasly. Leclerc a pris l'ascendant sur Schumacher.
36e: Russell compte six secondes de marge sur Pérez. Alonso passe aux stands pour mettre les pneus médiums et Gasly s'empare des gommes tendres. Verstappen a effacé Tsunoda et Stroll.
37e: Sainz arrive chez Ferrari et chausse un train de pneus médiums neufs. Il redémarre en quatrième position. Second pit-stop pour Zhou.
38e: Russell mène devant Pérez (6.6s.), Hamilton (10.4s.), Sainz (29.4s.), Bottas (33s.), Vettel (35.7s.), Ocon (37.7s.), Norris (43.4s.), Leclerc (45.6s.), Schumacher (49.2s.), Verstappen (51.5s.) et Stroll (53.8s.).
40e: Hamilton réduit son retard sur Pérez. Loin de là, Leclerc est à la poursuite de Norris.
41e: Hamilton est revenu à moins de deux secondes de Pérez. Verstappen prend la 10e place à Schumacher. Alonso a doublé Stroll. Second arrêt de Tsunoda.
42e: Russell devance Pérez (8s.), Hamilton (9.3s.), Sainz (25s.), Bottas (37s.), Vettel (40s.), Ocon (42s.) Norris (48s.), Leclerc (48.5s.), Verstappen (52.5s.), Schumacher (54.6s.) et Alonso (56.6s.).
43e: Hamilton évolue dans le sillage de Pérez qui ne parvient pas à ménager ses pneus avant. Leclerc déborde Norris par l'extérieur au premier freinage.
44e: Hamilton actionne son DRS dans la seconde ligne droite, se décale vers la droite et se porte presque à la hauteur de Pérez, sans pouvoir le doubler.
45e: Hamilton ouvre son aileron mobile dans la grande remontée et déborde facilement Pérez sur la ligne de chronométrage, sous les hourras du public brésilien. Leclerc chausse des gommes rouges (2.2s.) et glisse au 14e rang.
46e: Les deux Mercedes sont en tête. Dix secondes séparent Russell de Hamilton. Bottas, Norris et Schumacher prennent des enveloppes tendres, Vettel des enveloppes médiums.
47e: Russell rencontre des attardés et perd ainsi un peu de temps. Leclerc se défait de Gasly.
48e: Pérez revient chez Red Bull pour mettre les pneus jaunes (2.3s.). Ocon est lui chez Alpine et sélectionne des gommes tendres.
49e: Hamilton regagne les stands, contre son gré car il était content de sa monte. Il repart avec des pneus rouges usagés (2.7s.) en troisième position. Verstappen se pare de pneus tendres neufs et ressort en 11e position. Seconds arrêts pour Albon et Stroll.
50e: Russell fait escale chez Mercedes, chausse des gommes tendres rodées (2.8s.) et quitte les stands une petite seconde devant Sainz. Hamilton réalise le meilleur chrono (1'14''103''').
51e: Leclerc dépasse Vettel tandis que Verstappen dépose Gasly. Russell devance Sainz (4s.), Hamilton (8s.), Pérez (13s.), Alonso (39s.), Bottas (48s.), Leclerc (48.8s.), Vettel (50s.), Ocon (51.4s.), Verstappen (55s.), Gasly (55.5s.) et Norris (1m. 01s.).
52e: Norris se range dans la pelouse après Pinheirinho suite à une panne de boîte de vitesses. La McLaren est mal placée et les drapeaux jaunes sont agités dans la portion sinueuse.
53e: La procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée. Alonso, Gasly et Latifi saisissent l'occasion pour s'emparer de nouveaux pneus tendres.
54e: Sainz fait escale chez Ferrari et prend des gommes rouges. Il repart en quatrième position. Pendant ce temps-là, trois malheureux commissaires tentent de pousser la McLaren de Norris sur un terrain en déclivité.
55e: Niels Wittich envoie en piste la voiture de sécurité. Tous les pilotes doivent se ranger derrière elle. Tsunoda change de pneus.
57e: Derrière la Safety Car, Russell devance Hamilton, Pérez, Sainz, Bottas, Leclerc, Vettel, Ocon, Alonso, Verstappen, Zhou, Schumacher, Stroll, Gasly, Albon, Latifi et Tsunoda. Ces trois derniers sont cependant attardés et intercalés dans le peloton.
58e: La direction de course autorise les retardataires à se dédoubler, sauf Tsunoda, victime d'un imbroglio informatique. Alors que la relance se précise, Josh Peckett, l'ingénieur d'Ocon, lui demande de ne pas se battre contre Alonso. Le Normand l'envoie paître...
59e: La Safety Car s'efface enfin à l'issue de cette boucle. Mercedes ne gêle pas les positions : Hamilton est libre d'attaquer Russell.
60e: La course reprend. Russell garde l'avantage devant Hamilton. Très rapide grâce à ses pneus neufs, Sainz tente une première attaque contre Pérez au virage n°4, sans succès. Leclerc se défait immédiatement de Bottas. Vettel, handicapé par des pneus usés, cède devant Ocon puis Alonso. En fin de tour, Alonso double Ocon sans résistance excessive de celui-ci. Stroll double Schumacher au prix d'une manœuvre hardie au premier virage.
61e: Russell s'adjuge le meilleur tour en course (1'13''785''') et repousse Hamilton à une seconde. Sainz assaille Pérez par l'intérieur avant le S, mais il est trop loin pour passer. Alonso déborde Bottas par l'extérieur à Ferradura.
62e: Russell précède Hamilton (1.2s.), Pérez (3.6s.), Sainz (4s.), Leclerc (5s.), Alonso (5.8s.), Bottas (9.5s.), Ocon (10s.), Verstappen (10.2s.), Vettel (11.8s.), Zhou (12.5s.) et Stroll (13.5s.).
63e: Sainz prend la troisième position à Pérez par l'intérieur de la courbe du lac. Verstappen dépasse coup sur coup Ocon et Bottas au bout de la longue accélération. Ocon déborde Bottas un peu plus loin. Stroll double Zhou.
64e: Pérez est à la peine avec ses pneus médiums abîmés. Leclerc le dépasse aisément au virage n°1. Alonso rattrape aussi le Mexicain.
65e: Pérez se défend vivement contre Alonso en changeant de trajectoire avant le S. Mais plus loin, dans la Recta Oposta, l'Espagnol ouvre son DRS et laisse sur place le pilote Red Bull. Stroll s'empare de la 10e place aux dépens de son équipier Vettel.
66e: Russell conserve une seconde d'avance sur Hamilton. Sainz ne parvient pas à rejoindre ce dernier. Gasly attaque Schumacher pour la 13e place et les deux hommes se frottent dans la descente après le S. Le Français s'imposera plus loin face à l'Allemand.
67e: Verstappen dépasse son équipier Pérez et va désormais tenter de rejoindre Alonso. Le Mexicain espère cependant que son équipier lui rendra cette position en cas d'échec.
69e: Russell finit l'épreuve devant Hamilton (1.1s.), Sainz (4.4s.), Leclerc (7.6s.), Alonso (8.8s.), Verstappen (10.1s.), Pérez (12s.), Ocon (15.8s.), Bottas (19.3s.), Stroll (20.5s.) et Vettel (22.2s.). Gasly dépasse Zhou.
70e: Leclerc demande à Ferrari d'ordonner à Sainz de s'effacer afin qu'il puisse marquer le plus de points possibles dans sa quête du titre de vice-champion du monde. Cette requête demeure lettre morte.
71e et dernier tour: George Russell remporte sa première victoire en F1 et Hamilton, deuxième, complète ce beau doublé Mercedes, le premier depuis deux ans. Sainz grimpe sur la troisième marche du podium. Leclerc termine quatrième. Bien remis de ses émotions de la veille, Alonso décroche une superbe cinquième place devant les Red Bull de Verstappen et de Pérez... qui n'ont pas interverti leurs positions. Ocon se classe huitième. Bottas (9e) et Stroll (10e) prennent les derniers points. Suivent Vettel, Gasly, Zhou, Schumacher, Albon, Latifi et Tsunoda. Gasly recule au 14e rang suite à une pénalité de cinq secondes pour excès de vitesse dans les stands.
Après la course: première victoire pour Russell
Mercedes aura attendu vingt-et-une courses pour remporter sa première victoire en 2022 et enchaîne ainsi une onzième saison consécutive avec au moins un succès. Mieux, grâce aux 58 points engrangés ce week-end, la marque allemande revient à seulement 19 longueurs de Ferrari au classement des constructeurs dont elle peut encore viser la deuxième place. En outre, grâce à George Russell, le God Save the King retentit enfin en 2022, et pour la première fois en l'honneur du nouveau roi Charles III. Le natif de King's Lynn devient le vingtième Britannique à remporter un Grand Prix de F1.
Bien qu'il n'ait que 24 ans, George Russell aurait pu s'imposer bien plus tôt, il y a deux ans, à Sakhir, lorsque Mercedes l'avait appelé pour remplacer Lewis Hamilton, atteint par la Covid-19. Le jeune Anglais avait alors fessé Valtteri Bottas, son équipier d'un jour, et aurait déjà triomphé si la malchance ne s'en était mêlée. Mais tout le monde a compris ce jour-là que ce jeune surdoué irait très loin. Après une (trop) longue attente chez Williams, Russell a éclos cette saison face à Hamilton, son idole de jeunesse, et par bonheur, cette cohabitation entre le Maître et l'Élève a débouché sur une saine émulation. Mercedes en avait grand besoin pour essayer de faire progresser cette diablerie de W13, au comportement insaisissable. D'ailleurs Toto Wolff, absent au Brésil, révèle plus tard qu'il ne sait pas pourquoi la Flèche d'Argent était aussi rapide à São Paulo ! C'est pourquoi cette victoire relève une double importance: elle consacre en Russell un des plus grands espoirs des années 2020 et récompense les immenses efforts fournis par Mercedes pour revenir au premier plan. Comme le rappelle le nouveau vainqueur, à Imola, il se battait contre les Alfa Romeo et les Haas...
Russell commençait néanmoins à trouver le temps long. Un pilote doute toujours de lui tant qu'il ne s'est pas dressé sur la plus haute marche du podium. C'est enfin chose faite à Interlagos. L'Anglais fond en larmes juste après l'arrivée au souvenir de tous les efforts que lui et les siens ont fournis pour en arriver là: « Cela a été une telle montagne russe émotionnelle pour ma famille, depuis le karting, les voyages à travers le pays dans le camping-car avec mes parents... Je pense au soutien de mon frère et ma sœur, celui de ma petite amie tout au long de cette saison. Ce n'est pas une vie simple en F1. » Russell n'oublie de remercie son mentor Gwen Lagrue qui lui a permis d'intégrer l'Académie Mercedes et de gravir un à un les échelons de la Formule 4 à la Formule 1. « Je le revois à l'âge de 16 ans, avec son costume, sa cravate et sa présentation PowerPoint » se souvient Toto Wolff. « Il était le premier de notre programmes juniors à gagner une course et le plus doué que nos poulains. » Son ascension fut en effet météorique: Russell a gagné les titres en GP3 (2017) puis en F2 (2018) l'année même de ses débuts dans ces catégories.
Il a de plus remporté ce Grand Prix en briscard, menant de bout en bout sans jamais commettre une seule erreur et ce malgré la pression que lui a imposée Lewis Hamilton dans les derniers tours. « La course a été bien gérée, tout était sous contrôle, commente-t-il. Je savais à quel point Hamilton était rapide et quand la voiture de sécurité est sortie, j'ai pensé "Mon Dieu, ça va être très délicat maintenant !" Mais j'ai fait une très bonne série de tours. Très peu d'erreurs même si Lewis m'a mis une immense pression. Je suis très fier de toute l'équipe. Les progrès que nous avons faits depuis le début de l'année sont tout simplement incroyables. Et quelle impulsion cela va nous donner pour la saison prochaine ! » Toute à sa joie, Russell apprend avec stupeur qu'il a bien failli ne pas voir le drapeau à damiers. En effet, sa W13 perdait de l'eau dans les derniers tours et aurait pu stopper à tout moment !
Lewis Hamilton félicite très sportivement et chaleureusement son jeune équipier et voit dans ce succès un bon augure pour la saison 2023... même si l'on peut penser qu'il est froissé, voire peiné d'être devancé par Russell non seulement sur cette course, mais aussi au championnat des pilotes. Sans un nouvel accrochage avec son meilleur ennemi Max Verstappen, nul doute qu'il aurait saisi l'opportunité de remporter enfin sa 104ème victoire. Mais le septuple champion du monde n'en laisse rien paraître. « Quelle journée incroyable ! s'exclame-t-il. Toute l'équipe a traversé une année difficile, mais nous n'avons jamais abandonné l'espoir de retrouver le chemin de la victoire. Je suis vraiment très fier de nous. »
Red Bull, Ferrari, Alpine: tensions dans l'air
Nous n'avons pas vu ce week-end le meilleur Max Verstappen. Peu satisfait de sa Red Bull, le jeune double champion du monde a tenté le tout pour le tout face à Lewis Hamilton, et a fini par créer un nouvel accrochage qui a ruiné sa course. « Il était clair qu'il n'avait pas l'intention de me laisser la place et moi je n'avais pas l'intention de lâcher, assène-t-il. J'ai cassé mon aileron, mais nous étions lents de toute façon. On n'aurait pas pu faire grand-chose. » Mais ce dimanche soir, la houle souffle sur le stand Red Bull parce que Sergio Pérez reproche à son équipier de ne pas lui avoir rendu sa position dans les derniers mètres, faute d'avoir pu doubler Fernando Alonso, à l'encontre de ce qui avait été convenu avec le stand. Ainsi, il se retrouve ex-æquo avec Charles Leclerc à la seconde place du championnat des conducteurs à une épreuve de la fin de saison. Pérez est très remonté contre Verstappen et lui reproche son égoïsme: « On a vu le vrai visage de Max ce dimanche ! S'il a gagné deux titres mondiaux, c'est en partie grâce à moi ! Après tout ce que j'ai fait pour lui, je suis très déçu qu'il ne m'ait pas renvoyé l'ascenseur. »
Selon les médias néerlandais, Verstappen se serait tout simplement vengé d'un incident survenu à Monaco, dans les dernières minutes des qualifications. Pérez s'était alors crashé au virage du Portier, empêchant son collègue de signer un dernier chrono et de le devancer sur la grille. Le lendemain, le Mexicain gagnait en Principauté et aurait avoué à Christian Horner avoir volontairement mis sa voiture dans le mur... Une version qu'accréditent les propos de Verstappen, ce dimanche soir au Brésil: « Sergio sait très bien pourquoi je ne l'ai pas laissé passer. Mais ce ne sont pas des choses que je peux dire dans les médias. Je vous laisse juges de trancher si c'est ou non à cause de Monaco... » Helmut Marko tente de déminer la polémique et assure que Verstappen et Pérez ont fini par s'expliquer et se serrer la main avant de quitter le circuit. L'avenir nous dira ce qu'il en est de leur relation. Quoiqu'il en soit, de nombreux commentateurs jugent mesquine la conduite de Verstappen. « Max devrait être au-dessus de tout cela, mais il a toujours cet orgueil mal placé, commente son compatriote Christijan Albers. Rendre une position à un équipier, il ne sait pas faire. Son père lui botterait le c*l... »
Si Sergio Pérez est furieux, Charles Leclerc est pour sa part très irrité. Lui aussi n'a pas été épaulé par son équipier dans sa lutte pour le titre honorifique de vice-champion. Carlos Sainz ne l'a pas laissé passer en fin de parcours alors qu'il s'était engagé à le faire lors du briefing d'avant course. Ferrari n'a même pas cherché à faire respecter cet engagement. Laurent Mekies affirme cependant qu'il était « trop risqué » de demander à Sainz de ralentir devant Leclerc, alors que Alonso et les Red Bull n'étaient pas loin du Monégasque. La Scuderia aurait pu y perdre un podium. Elle risque en tout cas de céder la deuxième place du championnat des constructeurs à Mercedes, ce qui paraissait invraisemblable en début de saison. Mattia Binotto, resté à Maranello, se justifie en assurant que Ferrari a depuis longtemps abandonné le développement de sa monoplace alors que Mercedes y consacre encore de lourds efforts. Mais il pourrait bien s'agit d'un plaidoyer pro domo car de lourdes rumeurs annoncent qu'il pourrait être limogé d'ici quelques semaines.
Enfin, Alpine-Renault a redressé la barre ce dimanche après un samedi calamiteux. Les 14 points engrangés, couplés au double abandon des McLaren, permet au constructeur français d'être presque assuré de la quatrième place du championnat des constructeurs. Les Bleus ont pourtant eu très peu en fin d'épreuve lorsque Esteban Ocon a laissé entendre par radio qu'il ne laisserait pas passer Fernando Alonso, doté de pneus plus frais. Le rancunier Normand n'a manifestement pas encaissé les banderilles lancées par son aîné la veille au soir mais, par bonheur, il n'a créé aucun esclandre. Dans le cas contraire, Laurent Rossi aurait-il mis sa menace de licenciement à exécution ?... Ce qui ne signifie pas pour autant que la paix est faite entre les deux équipiers, même s'ils se répandent en propos lénifiants. Au classement des pilotes, Ocon (86 pts) devance encore Alonso (81 pts) qui souhaitera certainement quitter Alpine huit jours plus tard en position de force...
Tony