Sergio PEREZ
 S.PEREZ
Red Bull RBPT
Max VERSTAPPEN
 M.VERSTAPPEN
Red Bull RBPT
Charles LECLERC
 C.LECLERC
Ferrari

1075. Großer Preis

XLVII Japanese Grand Prix
Regen
Suzuka
Sonntag, 9. Oktober 2022
28 Runden x 5.807 km - 162.296 km
(Offset: 300 m)
info
Das Rennen war für 53 Runden angesetzt, wurde in der 3. Runde wegen eines Unfalls unterbrochen und nach 3 Stunden abgebrochen.
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F1
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Max VERSTAPPEN ist Weltmeister
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Motor

Transferts: Gasly et de Vries casés, Ricciardo à pied

Le 8 septembre, Alpine annonce l'engagement de Pierre Gasly à compter de la saison 2023 tandis que simultanément AlphaTauri révèle que le jeune Français sera remplacé par Nyck de Vries. Les deux transferts sont en effet intimement liés. Red Bull n'aurait pas libéré Gasly de son contrat (qui s'achevait fin 2023) si elle n'avait pas eu la certitude de le remplacer par un très bon élément dans son écurie - sœur. C'est pourquoi les négociations entre Otmar Szafnauer (Alpine) et Franz Tost (AlphaTauri) furent d'abord peu fructueuses. Un temps, Red Bull a cru tenir une alternative avec le jeune Américain Colton Herta, mais la FIA a refusé de donner sa super-licence à ce dernier. L'excellente « pige » effectuée par Nyck de Vries chez Williams à l'occasion du Grand Prix d'Italie a tout débloqué. Le champion 2019 de Formule 2, qui trépignait depuis trois ans à la porte de la catégorie reine, a démontré en achevant son premier Grand Prix à la neuvième place qu'il méritait la confiance d'une bonne équipe. Son compatriote Max Verstappen l'a enjoint d'appeler Helmut Marko pour postuler chez AlphaTauri. L'accord a été conclu fin septembre, entre Monza et Singapour. Le Néerlandais, pilote estampillé Mercedes, file chez l' « ennemi », le Taureau rouge, après s'être libéré de ses engagements en Formule E et en Endurance. De Vries fera donc à 28 ans ses grands débuts en F1 en 2023, avec une forte pression sur les épaules, puisque Marko et Tost comptent sur lui pour prendre le relais de Gasly, c'est-à-dire devenir le leader d'AlphaTauri face au jeune et brouillon Yuki Tsunoda.

 

L'arrivée de de Vries à Faenza permet à Red Bull de relâcher Pierre Gasly de tout engagement. Le Rouennais signe avec Alpine un contrat de deux ans, avec une saison en option. C'est une union de raison: après les « trahisons » de Fernando Alonso et d'Oscar Piastri, la firme française n'avait guère de sérieuses alternatives sur le marché des transferts. Daniel Ricciardo, abandonné par McLaren, aurait pu être une option, mais l'Australien est un pilote en déclin, et Enstone comme Viry-Châtillon lui gardent rancune de la façon cavalière avec laquelle il les a abandonnées en 2020. Le jeune et solide Pierre Gasly fut donc la cible n°1 de Laurent Rossi et Otmar Szafnauer, pas rebutés à l'idée d'aligner un duo 100 % tricolore qui sera porteur sur le marché français. De son côté, Gasly ne pouvait pas tergiverser. Il se morfond chez AlphaTauri car cette équipe a depuis longtemps son « plafond de verre » pour ce qui est de ses performances. Du reste, puisque Sergio Pérez a resigné chez Red Bull pour deux ans, tous ses espoirs de redevenir un jour l'équipier de Max Verstappen se sont envolés. Ferrari et Mercedes affichant complet jusqu'en 2024, Gasly ne pouvait que signer avec Alpine.

 

« Made in Normandie » : en 2023, Alpine, basée à Dieppe, alignera donc Esteban Ocon (natif d'Évreux) et Pierre Gasly (né à Rouen). Tout irait pour le mieux... si les deux jeunes Normands étaient encore amis. Or, s'ils ont le même âge et ont roulé leur bosse ensemble dès l'enfance sur les pistes de karting françaises et européennes, leur relation s'est tendue à l'adolescence suite à quelques incidents en piste. Depuis, leur inimitié est un secret de polichinelle, même si leurs entourages affirment aujourd'hui que la presse a beaucoup noirci le tableau. Toujours est-il que Gasly affirme que la paix est faite: « Nous ne sommes plus les mêmes qu'à 6 ou 15 ans, nous sommes des adultes matures et responsables. Je ne m'inquiète pas du tout. Avec Esteban, nous allons effacer le passé ». De son côté, Ocon, qui ne s'est jamais exprimé sur leurs différends, estime sobrement « qu'ils peuvent écrire ensemble une belle histoire ». De toute manière, Laurent Rossi ne leur demande pas d'être copains comme cochons, mais de susciter une émulation qui tirera l'équipe au A fléché vers le haut. A voir comment cela tournera...

 

L'arrivée de Pierre Gasly chez Alpine prive pour de bon Daniel Ricciardo d'un volant en 2023, l'Australien n'envisageant pas de conduire pour Haas ou Williams. « J'étais au courant que Gasly discutait avec Alpine. La vérité est que je ne serai pas sur la grille l'an prochain », admet-il. « Je me tourne maintenant vers 2024. Je fais une petite pause, mais mon objectif est de saisir une opportunité et revenir en course dans deux ans ». Ricciardo aura alors 35 ans et il n'est pas certain qu'une bonne écurie fera appel à lui, surtout après une année sabbatique.

 

Présentation de l'épreuve

La Formule 1 retrouve avec un plaisir non dissimulé le Japon, ses fans chaleureux et son magnifique circuit de Suzuka, trois ans après la dernière édition. La page de la Covid-19 n'est toutefois pas encore tout à fait tournée au Pays du Soleil Levant, comme le montrent les masques faciaux qui réapparaissent brusquement dans les tribunes et même dans les garages. Mais les Japonais sont toujours aussi férus de F1 et plus de 200 000 personnes sont recensés dans les tribunes sur l'ensemble du week-end. Cet engouement jamais démenti est aussi ravivé par la présence d'un pilote nippon, Yuki Tsunoda. Certes, le jeune samouraï d'AlphaTauri ne s'est toujours pas affirmé en authentique espoir. Ses performances sont très irrégulières et il casse beaucoup de bois. Son caractère impulsif a aussi besoin d'être policé. Par chance, il entretient une relation complice avec son équipier Pierre Gasly, mais ce dernier ne sera plus là l'an prochain. Sa prolongation pour une troisième saison chez AlphaTauri en 2023 est un pis-aller, Red Bull n'ayant pas d'autre jeune pilote en réserve. Pour l'heure, Tsunoda savoure le privilège de piloter à domicile, une première pour un Japonais depuis Kamui Kobayashi en 2014.

 

Le public japonais est très chauvin, mais il voue aussi un culte aux grands champions venus d'ailleurs, comme jadis Alain Prost ou Ayrton Senna. De nos jours, Sebastian Vettel est particulièrement révéré en raison de ses quatre victoires conquises à Suzuka en 2009, 2010, 2012 et 2013, mais aussi de la véritable passion qu'il porte à ce fascinant circuit. « Seb » est ici une icône. Son « fan club » y est même plus développé qu'en Allemagne ! Cette année, alors qu'il s'apprête à prendre sa retraite, ses fans nippons lui offrent des adieux fort émouvants. Il est assailli par les cadeaux et les demandes d'autographes, tandis que des « sosies » revêtent des répliques de son casque et de sa combinaison pour être pris en photo avec leur idole. Dimanche soir, alors qu'il a conquis une superbe sixième place et délivré sa meilleure prestation de la saison, il adresse un « Arigato » au public qui lui répond à sa façon, en allumant des veilleuses vertes alors que la pénombre s'abat sur Suzuka. Un spectacle touchant.

 

Après son mauvais week-end singapourien, Max Verstappen peut ici conquérir sa deuxième couronne mondiale. Il doit pour cela inscrire huit points de plus que Charles Leclerc et six de plus que Sergio Pérez. Le scénario idéal pour lui serait de gagner la course et d'obtenir en sus le point du meilleur tour. Verstappen n'a jusqu'ici jamais gagné au Japon, mais ce rendez-vous a pour lui une saveur toute particulière, puisque c'est ici qu'il a effectué ses premiers tours de roue en Formule 1, sur Toro Rosso, lors des essais libres du tragique Grand Prix de 2014. Le jeune Max avait alors tout juste 17 ans et sa promotion par Red Bull au pinacle du sport automobile si jeune, après seulement quelques courses de monoplace, suscitait une vive polémique.

 

Mais Verstappen a noué aussi des liens avec le Japon grâce à Honda qui lui a permis de remporter en 2021 son premier titre mondial. Ceux-ci sont amenés à perdurer puisque Red Bull et le constructeur nippon viennent de prolonger et de renforcer leur partenariat technologique. Alors que Red Bull Powertrains devait progressivement prendre en main le développement du groupe propulseur japonais, Honda va finalement apporter son assistance technique à la nouvelle cellule de Milton Keynes jusqu'en 2025. Par ailleurs, suite à l'échec des tractations avec Porsche, Red Bull compte sur la collaboration des Nippons pour élaborer la partie électrique du groupe propulseur de nouvelle génération qui doit apparaître en 2026. Voilà sans doute quel était l'objectif du récent voyage de Helmut Marko à Tokyo. Pour l'heure, les deux firmes ravivent aussi leur alliance commerciale, puisque le logo Honda réapparaît sur les Red Bull et les AlphaTauri à compter de ce GP du Japon. De son côté, Max Verstappen se plie de bonne grâce à des exhibitions flattant l'orgueil national japonais. En 2019, il avait ainsi conduit la RA272 de la saison 1965 à Tochigi, cœur de la Honda Moto.r Company. Cette année, il effectue un tour de Tokyo déguisé... en personnage de Mario Kart !

 

Dimanche, le Premier ministre Fumio Kishida effectue une visite remarquée dans le paddock de Suzuka. C'est la première fois qu'un chef du gouvernement japonais assiste au Grand Prix national. Ce dernier a toutefois sans doute d'autres priorités que la Formule 1 car les tensions politiques sont fortes en Extrême-Orient. Quelques jours avant le Grand Prix, la Corée du Nord a tiré un missile balistique par-dessus l'archipel japonais, ce qui a mis le pays en alerte. Le Grand Prix n'est absolument pas menacé, mais après le tir de missile de Djeddah en mars, c'est la deuxième fois en 2022 que la F1 se retrouve au cœur d'agitations militaires internationales.

 

Ferrari continue de se creuser les méninges pour atténuer l'usure excessive des pneumatiques générée par sa F1-75, qui survient en outre de plus en plus rapidement depuis quelques Grands Prix. Si la voiture italienne a toujours subi du « grainage » à l'avant, les pneus arrière souffrent aussi depuis cet été, et ce après seulement quelques tours, quels que soient les conditions climatiques ou le composé choisi. Selon Jock Clear, l'ingénieur de Charles Leclerc, ce n'est pas le nouveau fond plat introduit à Silverstone, mais bien la directive « anti-marsouinage » entrée en vigueur au GP de Belgique qui serait à l'origine de ce dysfonctionnement. Les ingénieurs ont dû modifier la façon dont la planche s'attache au fond plat et cela entraîne semble-t-il une attrition prématurée des gommes. Au Japon, Ferrari apporte un nouveau soubassement, mais la pluie empêche toute évaluation probante. Du côté de Red Bull, on utilise un fond plat introduit à Singapour et destiné à améliorer la stabilité des déflecteurs latéraux, et ce dans toutes les conditions. Enfin, Alfa Romeo et AlphaTauri présentent de nouvelles versions de leurs museaux qui préfigurent sans doute leurs monoplaces de 2023.

 

Essais et qualifications

La pluie s'invite sur Suzuka pour les premiers essais du vendredi. Les pilotes évoluent en pneus « full wet », puis en intermédiaires, et Alonso réalise le meilleur chrono devant les deux Ferrari. La séance s'achève par un accident de Schumacher qui percute rudement les glissières à Degner après le drapeau à damiers, alors qu'il venait d'effectuer ses simulations de départ. Un peu plus tard, une nouvelle averse tombe sur le circuit, ce qui contraint Pirelli à annuler le test de ses composés 2023 qui était programmé pour ce vendredi après-midi. La deuxième séance libre, rallongée d'une demi-heure, se déroule sur une piste toujours humide. Cette fois, ce sont les Mercedes de Russell et de Hamilton qui occupent le haut du classement, alors que plusieurs pilotes, dont Leclerc, effectuent des escapades par les graviers. Samedi, le vent a chassé les nuages et la dernière session libre se déroule sur piste sèche. Verstappen réalise le premier chrono de référence (1'30''671''') du week-end et précède les deux Ferrari.

 

Un peu plus tard, Verstappen réalise le pole position (1'29''304''') avec seulement dix millièmes d'avance sur Leclerc (1'29''314'''). Mais le Hollandais se signale aussi en Q3 par une manœuvre dangereuse: il franchit le 130R à petite allure lorsque déboule dans ses rétroviseurs la McLaren de Norris. Il donne un coup de gaz qui fait tanguer la Red Bull et contraint Norris à passer dans l'herbe à 250 km/h pour l'éviter. Verstappen est convoqué chez les commissaires mais s'en tire avec une simple réprimande. Comme toujours, les Ferrari sont très rapides en qualifications. Leclerc (2e) et Sainz (3e) frôlent tous deux la pole pour moins d'un dixième. Qu'en sera-t-il en course ? Sur l'autre Red Bull, Pérez (4e) rend 4/10e à son équipier. Les Alpine-Renault (Ocon 5e, Alonso 7e) se montrent ici sous leur meilleur jour. Les pilotes Mercedes (Hamilton 6e, Russell 8e) pâtissent de l'importante traînée générée par la W13 et perdent jusqu'à une demi-seconde dans les lignes droites.

 

Chez Aston Martin, Vettel (9e) brille sur ce circuit qu'il affectionne alors que Stroll (19e) ruine sa qualification par un blocage de roue au premier virage. Les McLaren déçoivent. Norris (10e) s'emporte suite à l'incident l'ayant opposé à Verstappen et accuse celui-ci d'avoir essayé de le bloquer. Ricciardo (11e) manque la Q3 pour seulement trois millièmes. Les Alfa Romeo (Bottas 12e, Zhou 14e) continuent de s'engluer dans la seconde partie du peloton et ne pouvaient pas atteindre la Q3. Tsunoda (13e) parvient à placer son AlphaTauri en Q2 malgré des problèmes de freins. Souffrant du même mal, Gasly est évincé dès la Q1 et peste contre son équipe qui l'a relâché en plein trafic. Il modifie ensuite ses réglages durant le parc fermé et s'élancera depuis les stands. Haas distribue des set-up différents à ses pilotes, et visiblement ceux de Schumacher (15e) sont meilleurs que ceux de Magnussen (17e). A noter que l'Allemand a manqué la seconde séance libre suite à l'accident décrit plus haut. Les Williams-Mercedes sont éliminées en Q1, mais Albon (16e) et Latifi (19e) sont dans le rythme de leurs concurrents immédiats. Le Canadien était en outre sous le coup d'une pénalité suite à sa collision avec Zhou à Singapour.

 

Le Grand Prix

Dimanche après-midi, une forte pluie tombe sur Suzuka une heure avant le coup d'envoi, puis cède la place à un léger crachin. La piste est détrempée, mais la procédure de prégrille se déroule normalement. Les équipes abritent les bolides sous des barnums. Comme les météorologues prévoient une accalmie dans la demi-heure qui suivra le départ, la direction de course décide de donner celui-ci comme prévu à 14 heures. Sur le conseil de Mario Isola, tous les pilotes démarrent en pneus intermédiaires.

 

Tour de formation: L'averse s'intensifie pendant cette ronde. Les premiers kilomètres s'annoncent fort périlleux.

 

Départ: Leclerc prend un meilleur envol que Verstappen et semble devoir s'imposer au premier tournant, mais le Hollandais reste à l'extérieur et, jouissant d'une excellente motricité, sort de la courbe devant le Monégasque. Suivent Pérez, Sainz, Ocon et Hamilton. Vettel est tassé vers la gauche par Alonso et part en tête-à-queue dans les graviers. Il parvient à reprendre la piste.

 

1er tour: En bagarre avec Latifi, Zhou exécute un tête-à-queue à Hairpin. Un peu plus loin, Sainz glisse sur une flaque dans le rapide droit qui conduit vers Spoon et heurte les barrières en marche arrière. Ce choc envoie en piste un panneau publicitaire qui vient se ficher sur l'aileron avant de Gasly ! Pendant ce temps-là, Albon se gare dans l'herbe car un de ses radiateurs a été endommagé dans une touchette, entraînant une chute de pression hydraulique.

 

2e: Verstappen et Leclerc se sont échappés mais la Safety Car est envoyée en piste. Gasly entre aux stands à l'aveuglette pour faire ôter le fâcheux panonceau. Après quelques réparations, il reprend la piste pied au plancher pour rattraper le peloton. Lorsqu'il atteint la très rapide courbe n°12, il aperçoit sur le bord de la piste une grue en train de tracter la Ferrari de Sainz. Une négligence impardonnable ...

 

3e: Eduardo Freitas présente le drapeau rouge pour permettre l'évacuation de la Ferrari abandonnée, mais aussi parce que la pluie redouble et que la visibilité est quasi-nulle. Les pilotes regagnent la pit-lane.

 

Commence alors une de ces sempiternelles attentes d'accalmie météorologique dont la Formule 1 a désormais le secret. La voiture médicale arpente le circuit pour déterminer si celui-ci est praticable. A 14h30, Eduardo Freitas annonce qu'un départ lancé sera donné vingt minutes plus tard. Les pilotes grimpent dans leur cockpit, se harnachent, prêts à bondir hors de leur garage... Mais à 14h49, la pluie n'ayant pas cessé, un contre-ordre est donné: impossible de démarrer ! Cette nouvelle intempérie dure près d'une demi-heure, alors que le compte à rebours des 180 minutes réglementaires est lancé depuis 14 heures... Le spectre d'un « Spa 2021 bis » point à l'horizon. Dans le même temps, les réseaux sociaux s'agitent pour dénoncer l'inacceptable présence en piste d'un camion-grue. Pierre Gasly tempête, prétend avoir frôlé la mort... et explose lorsqu'il apprend que la direction de course le convoque pour excès de vitesse !

 

Finalement, un peu avant 16 heures, alors qu'il ne reste que soixante minutes selon le décompte officiel, les nuages se tarissent. Eduardo Freitas décide de renvoyer enfin les bolides en piste derrière la voiture de sécurité. Tous devront se munir des pneus Pirelli bleus, ou « full wet », pourtant réputés peu efficaces. A 16h15, le plateau s'ébranle derrière Bernd Mayländer. Verstappen devance Leclerc, Pérez, Ocon, Hamilton, Alonso, Russell, Ricciardo, Tsunoda, Schumacher, Stroll, Magnussen, Norris, Bottas, Latifi, Vettel, Zhou et Gasly. Cette épreuve ne doit durer que trois quarts d'heure et par conséquence pas plus de trente tours seront couverts.

 

4e: Le peloton boucle un premier tour derrière la Safety Car. Même si la visibilité demeure difficile pour les pilotes au cœur du peloton, la piste semble praticable

 

5e: La Safety Car est rappelée aux stands à la fin de ce tour. Un départ lancé va être donné.

 

6e: Le drapeau vert est brandi. Verstappen garde l'ascendant sur Leclerc. Pérez est aussitôt décroché alors que Hamilton menace Ocon. Vettel et Latifi passent immédiatement aux boxes pour mettre les pneus intermédiaires. Une bonne pioche, car la piste s'assèche quelque peu.

 

7e: Leclerc reste au contact de Verstappen. Vettel est le plus rapide en piste avec ses pneus verts (1'48''401'''). Norris et Bottas adoptent à leur tour ce composé.

 

8e: C'est la ruée aux stands pour s'emparer des gommes intermédiaires. Verstappen s'arrête (2.7s.), suivi par Leclerc (3.8s.). Pérez, Ocon, Hamilton, Russell, Tsunoda, Stroll, Gasly et Magnussen font de même. Alonso reste en piste et se retrouve leader devant Ricciardo et Schumacher. Zhou s'intercale entre Verstappen et Leclerc.

 

9e: Alonso puis Ricciardo prennent les intermédiaires. Le jeune Schumacher ne profite guère de son leadership puisque Verstappen le déborde sur la ligne de chronométrage. Leclerc s'est défait de Zhou, puis double facilement Schumacher, mais il concède maintenant cinq secondes à Verstappen. Zhou chausse les gommes mixtes en fin de boucle.

 

10e: Leclerc reprend une seconde dans ce tour à Verstappen. Pérez dépasse Schumacher. Pressé par Hamilton, Ocon double le pilote Haas après Spoon. Puis Hamilton déborde Schumacher par l'extérieur dans la dernière courbe, une manœuvre hardie sur piste humide.

 

11e: Leclerc voit ses pneus s'altérer et ne peut plus suivre Verstappen. Vettel et Alonso dépassent Schumacher qui glisse ensuite à Spoon et doit laisser passer Latifi et Ricciardo. L'Allemand regagne ensuite les stands pour chausser le dernier des pneus mixtes et se retrouve lanterne rouge.

 

12e: Verstappen est en tête devant Leclerc (6s.), Pérez (13.6s.), Ocon (19.6s.), Hamilton (20.2s.), Vettel (27s.), Alonso (28s.), Latifi (31s.), Norris (33s.), Tsunoda (34.5s.), Russell (35.5s.) et Stroll (37.2s.).

 

13e: Hamilton prend Ocon en chasse. Russell menace Tsunoda bien qu'il rencontre des problèmes de freins.

 

14e: Verstappen compte huit secondes d'avance sur Leclerc. Pérez se rapproche de celui-ci.

 

15e: Russell déborde Tsunoda par l'extérieur dans les Esses et conquiert ainsi la dixième place. Il se défait ensuite de Norris à la chicane.

 

16e: Verstappen précède Leclerc (11s.), Pérez (15.8s.), Ocon (22s.), Hamilton (22.5s.), Vettel (27.5s.), Alonso (28.6s.), Latifi (37.2s.), Russell (40.5s.) et Norris (43s.).

 

17e: Leclerc perd une seconde par tour sur Verstappen et surveille maintenant le retour de Pérez. Hamilton évolue dans le sillage d'Ocon sans pouvoir l'attaquer en raison des projections d'eau, mais aussi du manque de vitesse de pointe de la Mercedes, trop appuyée.

 

18e: La piste commence à s'assécher. Peut-on passer aux slicks ? Zhou, qui regagne les stands, choisit plutôt de reprendre des pneus mixtes neufs.

 

19e: L'écart entre Verstappen et Leclerc atteint quatorze secondes. Hamilton se laisse aspirer par Ocon dans la grande montée vers le 130R. Il se décale vers l'extérieur sans pouvoir atteindre l'Alpine. Gasly reprend des pneus verts.

 

20e: Hamilton tente de pousser Ocon à la faute, sans résultat. Russell dépasse Latifi dans les Esses. Tsunoda change de pneus: une curieuse décision qui lui fait perdre toute chance d'inscrire un point chez lui. Zhou réalise le meilleur tour de la course (1'44''411''').

 

21e: Verstappen est premier devant Leclerc (16s.), Pérez (17.8s.), Ocon (30s.), Hamilton (30.4s.), Vettel (35.1s.), Alonso (36.2s.), Russell (45s.), Latifi (51s.), Norris (55s.), Ricciardo (1m. 01s.) et Magnussen (1m. 05s.).

 

22e: Le drapeau à damiers sera brandi dans dix minutes. Pérez est revenu à quelques dixièmes seulement de Leclerc. Alonso se munit de pneus intermédiaires neufs et repart à sa grande colère en dixième positon.

 

23e: Verstappen possède 21 secondes d'avance sur le duo Leclerc - Pérez. Si son équipier dépasse le pilote Ferrari, il sera en passe conquérir le titre mondial car la totalité des points sera attribuée... mais lui-même et son équipe ne sont pas au courant de cette nouvelle règle !

 

24e: Alonso remonte avec ses gommes neuves: il dépose Norris, puis Latifi, et se retrouve huitième.

 

25e: Verstappen devance Leclerc (21.4s.), Pérez (22s.), Ocon (40.5s.), Hamilton (41s.), Vettel (45.3s.), Russell (50.7s.), Alonso (59s.), Latifi (1m. 04s.), Norris (1m. 06s.), Ricciardo (1m. 11s.) et Stroll (1m. 16s.).

 

26e: Pérez se montre offensif contre Leclerc. Tous deux prennent des trajectoires différentes, notamment à l'épingle que le Mexicain franchit à l'intérieur et le Monégasque très à l'extérieur, sur la portion la plus humide, pour ménager ses gommes.

 

27e: Les trois heures réglementaires sont atteintes, la course s'achèvera au tour suivant. Verstappen a 25 secondes d'avance sur Leclerc et Pérez. Hamilton demeure blotti derrière Ocon. Alonso revient en trombe sur Russell et lui chipe la septième place.

 

28e et dernier tour: Pérez presse Leclerc jusqu'au bout. Le Monégasque manque son freinage à l'ultime chicane et tire tout droit. Il revient en piste juste devant son assaillant qui tente de le déborder par l'extérieur, mais Leclerc le tasse fermement contre la bordure. Un peu plus loin, Alonso a rejoint Vettel. Il se jette à l'intérieur à la chicane, mais l'Allemand résiste, et tous deux abordent la dernière accélération roue contre roue.

 

Max Verstappen remporte son premier GP du Japon et s'assure ainsi - sans le savoir - de son deuxième titre mondial. Leclerc coupe la ligne devant Pérez, mais le dernier incident les ayant opposés va être examiné par les commissaires. Ocon finit quatrième suite à une héroïque résistance face à Hamilton (5e). Après une superbe bagarre, Vettel garde la sixième place et devance Alonso sur la ligne pour 11 millièmes ! Russell se classe huitième. Latifi (9e) tire le bénéfice d'un changement de pneus anticipé et inscrit ses deux premiers points de la saison. Norris se classe 10e. Viennent ensuite Ricciardo, Stroll, Tsunoda, Magnussen, Bottas, Zhou, Gasly et Schumacher.

 

Après la course: deuxième couronne pour Super Max

Peu après le drapeau à damiers, Charles Leclerc reçoit une pénalité de cinq secondes pour avoir court-circuité la chicane dans les derniers mètres. Il recule ainsi au troisième rang, ce qui offre le doublé à Red Bull et surtout le titre mondial à Max Verstappen qui apprend cette bonne nouvelle alors qu'il est interviewé par Johnny Herbert. Le doute subsiste néanmoins quelques instants car les écuries comme les journalistes pensaient que la totalité des points ne serait pas attribuée, puisqu'à peine plus de 50 % de la distance prévue a été couverte. Mais une subtilité réglementaire introduite cette année a échappé a (presque) tout le monde : cette demi-attribution n'est valable que si la course s'achève sous drapeau rouge. Comme ce ne fut pas le cas cet après-midi, Verstappen empoche les 25 points de la victoire et conquiert une avance définitive sur Leclerc et Pérez. C'est Tom Wood, le délégué médias de la FIA, qui confirme au Batave la bonne nouvelle peu avant la cérémonie du podium. La joie éclate alors dans tout le clan Red Bull.

 

Cette seconde couronne de Max Verstappen n'a pas grand-chose à voir avec la première, conquise dans les conditions que l'on sait, à l'issue d'un long combat délétère avec Mercedes et Lewis Hamilton. « La saison entière est très différente, admet le Néerlandais. Les voitures sont nouvelles, la façon de conduire aussi. Et puis nous avons gagné chaque année dans des circonstances très diverses. L'an passé, tout dépendait des qualifications. Maintenant, même avec quelques pénalités, il est possible de revenir en tête. C'est une année très spéciale qui sera très difficile à égaler. C'est pourquoi je pense que nous devons l'apprécier et en profiter. » Après un début de saison laborieux (deux pannes mécaniques à Bahreïn et Melbourne), le rouleau compresseur Verstappen est très vite entré en action. Certes, le Belgo-Hollandais bénéficiait de la meilleure voiture du peloton, Adrian Newey ayant su encore une fois tirer le meilleur profit d'une révolution réglementaire. La concurrence n'était en outre pas à la hauteur: Lewis Hamilton n'avait pas la voiture pour rivaliser avec lui et Charles Leclerc a reçu mille balles dans le pied de la part de Ferrari.

 

Mais Verstappen paraissait de toute façon imbattable. Depuis son premier sacre, il semble débarrassé du poids de l'ambition que faisaient peser sur lui Red Bull et son envahissant paternel. Épanoui, « Super Max » s'est transformé en froide machine à gagner. Oubliés les bouderies, caprices et colères immatures dont il nous avait habitués par le passé, sans parler de certains coups de volant douteux. Calme, serein, déterminé, Verstappen a encaissé cette année ses rares revers avec un sang-froid digne d'un grand champion. Serait-il devenu un autre homme ? « Je crois qu'être titré l'an dernier au terme d'une bagarre de titans lui a permis de relâcher la pression », confirme Christian Horner. « Je suis très fier de lui, il est au top de sa forme. Son pilotage est remarquable et son travail atteint un niveau d'excellence incroyable. » Il l'a encore démontré à Suzuka: après un envol médiocre, il est parvenu à repasser devant Leclerc dès le premier virage, pour ensuite danser sous la pluie jusqu'au damier. Décidément, l'Ère Verstappen s'installe sur la F1. Et tant pis si le parfum du scandale flotte toujours autour de Red Bull Racing, soupçonnée d'avoir sciemment violé le fair-play financier en 2021. Dans une de ses rares colères de l'année, le nouveau double champion du monde n'a-t-il pas invité les journalistes trop curieux à « aller se faire voir » ? Au fond, chez lui comme chez jadis un certain Michael Schumacher, Mister Hyde affleure souvent derrière le Docteur Jekyll...

 

Charles Leclerc a perdu la deuxième place dans les derniers mètres, suite à une petite faute d'appréciation, mais le pilote Ferrari ne s'en montre guère contrit. Comme à l'ordinaire, la monoplace italienne n'a pu rivaliser que quelques tours avec la Red Bull avant de maltraiter ses pneumatiques. « J'étais rapide en début de relais, mais très rapidement j'ai connu une énorme dégradation de mes gommes, surtout à l'avant, confie-t-il. Au bout de trois ou quatre tours, je n'avais plus de pneus, et vu leur état à l'arrivée, je m'estime heureux d'avoir pu terminer. Quant à mon erreur, elle est survenue alors que je ne pensais pas être dans le dernier tour. On m'avait dit qu'il en restait deux, mais bon, c'est comme ça ». Leclerc conclut en félicitant Max Verstappen pour son titre mondial. Mais chacun se rappelle que voilà six mois, après ses victoires inaugurales à Bahreïn et Melbourne, c'était lui-même qui semblait le mieux placé pour ceindre cette couronne...

 

Huit jours après le double K.O. de Singapour, Alpine-Renault relève magnifiquement la barre grâce à Esteban Ocon (4e) et Fernando Alonso (7e) qui inscrivent 18 points permettant au constructeur français de reprendre à McLaren la quatrième place du classement des constructeurs. Cela n'empêche pas Alonso de descendre en flammes la stratégie de son équipe. Il affirme que l'arrêter une seconde fois à six tours du but « n'avait aucun sens ». Visiblement, l'amer Ibère est pressé de quitter Enstone. En revanche, Ocon a délivré une prestation héroïque en résistant pendant toute l'épreuve à Sir Lewis Hamilton himself. « J'ai passé plus de temps à regarder derrière moi que devant ! » s'amuse le jeune Français. « Je viens de discuter avec Lewis et on s'est dit que nous nous sommes plus amusés que les autres pilotes ». « Au moins je n'étais pas tout seul dans le brouillard, j'avais quelqu'un avec qui me battre », confirme le Britannique, néanmoins déçu des performances toujours médiocres de sa monture. A quatre courses de la trêve hivernale, il semble bien que 2022 sera sa première saison vierge de toute victoire depuis ses débuts en F1 en 2007.

 

La grue de trop

Enfin, l'événement de cette course fut bien sûr la scandaleuse irruption d'un camion-grue en pleine piste lors du deuxième tour, destinée à évacuer la Ferrari accidentée de Carlos Sainz avant même que soit présenté le drapeau rouge. Pierre Gasly, en excès de vitesse, a frôlé ce véhicule à près de 250 km/h, se faisant la peur de sa vie. C'est une cruelle réminiscence du tragique accident qui a tué Jules Bianchi huit ans plus tôt. De retour à son stand après la neutralisation, Gasly éclate: « J'aurais pu me tuer ! D'abord, c'est irrespectueux envers Jules Bianchi, sa famille et tous ceux qui font de la course. Je ne vois pas pourquoi ils n'ont pas attendu une minute, le temps que nous soyons tous rentrés, pour lancer ce tracteur ! J'ai eu énormément peur. Si j'étais parti en aquaplaning à cet endroit, je ne serais pas là pour vous répondre ! » Gasly aurait aussi tué le commissaire japonais sis en bord de piste pour surveiller le tractage de la Ferrari...

 

Cet incident soulève un tollé dans le paddock. Pilotes, managers et journalistes, unanimes, dénoncent le dangereux amateurisme de la direction de course qui a laissé les commissaires japonais exécuter de nouveau cette périlleuse manœuvre. Philippe Bianchi, le père du malheureux Jules, sort de son silence pour exprimer son dégoût. Là-dessus, Eduardo Freitas et les commissaires convoquent Pierre Gasly afin de le mettre à l'amende pour sanctionner sa vitesse excessive sous drapeaux jaunes: 20 secondes de pénalité et un retrait de deux points sur son permis, ce qui le met à la merci d'une possible suspension d'ici la fin de la saison. Ce n'est que plus tard que la fédération annonce l'ouverture d'une enquête sur la présence incongrue de cet engin sur le circuit. De nouveau, les officiels soulèvent contre eux la critique. « Ce n'est pas une faute de Gasly, c'est une faute de la FIA ! » tonne ainsi George Russell, directeur du GPDA. L'ensemble de ses collègues partagent son point de vue, d'autant plus que le problème avait été évoquée lors d'une précédente réunion. « C'est la pire chose que nous ayons vue en F1 depuis des années ! Cela ne doit plus jamais arriver, jamais ! » s'emporte Sergio Pérez. Le briefing de la direction de course s'annonce bouillant à Austin, quinze jours plus tard...

 

Sources:

- Auto Hebdo n°2383 du 12 octobre 2022

- https://f1i.autojournal.fr/magazine/magazine-technique/la-technique-japon-suzuka-pourquoi-la-ferrari-si-lente/

Tony