La chasse au marsouin (2)
La directive « anti-marsouinage » publiée à la veille du Grand Prix du Canada, à la grande colère de certains patrons d'écuries, n'entrera finalement en vigueur que lors du Grand Prix de France fin juillet. Se fondant sur les données enregistrées à Montréal, le pouvoir sportif a établi un seul d'accélération verticale, défini en g, que les bolides ne pourront pas franchir durant les Grands Prix. Les équipes mèneront leurs propres analyses techniques lors des GP de Grande-Bretagne et d'Autriche afin de déterminer les réglages qu'elles devront modifier le cas échéant pour se plier à cette norme. Une écurie ne pourra dépasser celle-ci que trois fois avant sanction. Par ailleurs, au soir de l'épreuve montréalaise, un élément a fait particulièrement grincer les dents: l'autorisation d'apposer un second renfort reliant la voiture au plancher afin de rigidifier ce dernier et donc de limiter les rebonds, une pièce que Mercedes a sorti de son chapeau dès la seconde session libre ! Colère des autres écuries qui se demandent si la FIA et le constructeur allemand n'agissent pas de concert...
Reste que les teams qui sont parvenus à maîtriser le rebond, Red Bull en tête, s'agacent de voir la FIA s'ingérer dans les réglages des monoplaces. Christian Horner prévient qu'il ne doit pas s'agit d'un funeste précédent. D'autre part, certains suggèrent que cette directive ne serait qu'un moyen pour Mohammed Ben Sulayem de reprendre la main sur le plan politique, alors que l'autorité de la FIA est de plus en plus battue en brèche par Liberty Media et contestée par le paddock depuis le scandale d'Abou Dhabi de décembre 2021.
Présentation de l'épreuve
Au cours de la semaine précédant le GP de Grande-Bretagne, resurgissent des propos tenus l'an passé à la télévision brésilienne par Nelson Piquet, triple champion du monde de F1 et papa de Kelly Piquet, la petite amie de Max Verstappen, au sujet de la terrible collision survenue entre celui-ci et Lewis Hamilton lors du GP de Grande-Bretagne 2021. Prenant parti pour son « gendre », Piquet jette la responsabilité de cet incident sur le Britannique, qu'il nomme au passage « neghuinho ». Stricto sensu, ce mot signifie « p'tit noir », mais selon l'Urban Dictionnary, il peut aussi être utilisé pour désigner un « mec », un « gars », indépendamment de sa couleur de peau, dans un contexte certes bien particulier. Bien évidemment, sans le moindre début de réflexion, c'est la première interprétation qui est retenue, à tort ou à raison, par la sphère médiatique. Lewis Hamilton se prétend victime de racisme et réclame que des sanctions soient prises contre son contempteur. Piquet présente de plates excuses, tout en précisant que dans sa bouche le terme employé n'avait rien de raciste, mais son discours est inaudible. La Formule 1 bannit ainsi sine die des paddocks celui qui fut l'un des plus grandes pilotes de son histoire. Cela ne suffit pas à Hamilton qui jette également l'anathème sur Jackie Stewart, qui l'a récemment appelé à prendre sa retraite, et Bernie Ecclestone qui a pris la défense de son ami Piquet. Selon le septuple champion du monde ces « vieilles personnalités » ne devraient plus être interrogées car leurs mentalités archaïques n'auraient plus lieu d'être en ces temps civilisés.
Au-delà de cette énième polémique, Lewis Hamilton n'aborde pas son Grand Prix national avec le statut de grand favori pour la première fois depuis... longtemps. Les terribles rebonds engendrés par la fort revêche Mercedes W13 l'autoriseront-ils seulement à se battre pour le podium ? Le septuple champion du monde se montre pourtant optimiste et donnera son maximum, galvanisé par une foule entièrement acquise à sa cause. A contrario, celle-ci réserve sa vindicte à Max Verstappen, hué à chacune de ses apparitions. Les fans britanniques n'ont pas oublié l'effrayant accrochage qui avait impliqué les deux hommes ici en 2021, ni surtout les propos controversés du Néerlandais qui avait accusé Hamilton de l'avoir délibérément sorti à 300 km/h. Hamilton souhaite pourtant calmer le jeu et demande à ses supporters de ne pas siffler Verstappen, mais il ne sera pas entendu.
Le 24 juin, AlphaTauri confirme la reconduction de Pierre Gasly pour 2023. Le jeune pilote français, déçu des piètres performances de l'écurie italienne cette saison, et définitivement éloigné de Red Bull Racing par la prolongation de Sergio Pérez, espérait sans aucun doute changer d'air, mais aucun autre volant ne s'offrait à lui. Gasly se projette donc vers 2024, avec l'espoir de donner un second souffle à sa carrière. Depuis ses débuts dans la discipline, fin 2017, il n'a en effet pas quitté le giron Red Bull, un écueil pour qui n'est pas Sebastian Vettel ou Max Verstappen...
Le 29 juin, le Conseil Mondial de la FIA se réunit à Paris et entérine quelques changements de règles. Ainsi, la conférence de presse de pré-Grand Prix est replacée le jeudi après-midi afin d'offrir plus de temps aux pilotes avant les essais libres du vendredi matin. En outre, face aux nombreux soucis de fiabilité rencontrés cette saison, les autorités permettent de remplacer une unité de puissance par une spécification plus récente sous régime de parc fermé, afin d'éviter au pilote concerné de s'élancer depuis la voie des stands. Enfin, et surtout, la fédération reporte à 2026 l'entrée en vigueur de la nouvelle motorisation, signe que les débats autour de celle-ci ne sont pas clos. On attend encore et toujours la confirmation de l'engagement de Volkswagen via Porsche et Audi...
Silverstone fête le trentième anniversaire du titre mondial de Nigel Mansell par une exhibition exceptionnelle: ce dimanche, peu avant la course, Sebastian Vettel prend la piste au volant de la Williams-Renault FW14B avec laquelle le champion britannique a conquis sa couronne en 1992. L'Allemand a lui-même acquis ce bolide voici plusieurs années et, pour se conformer à ses convictions écologistes, il le fait tourner au moyen d'un carburant neutre en CO2. Vettel ne cache pas sa fascination pour ce splendide bolide, l'un des premiers bijoux signés Adrian Newey. « Ces voitures sont incroyables à piloter. Elles sont très spéciales, légères, très différentes des nôtres: vous êtes à l'air libre, vous avez presque les épaules dehors, vous voyez tout, et il n'y a pas de direction assistée. C'est bien plus rude que nos voitures. » Nigel Mansell est bien entendu présent pour encourager son cadet. Lui-même a eu l'occasion de reprendre le volant de sa vieille compagne quelques jours plus tôt, lors du Festival de Goodwood.
Plusieurs équipes choisissent le Grand Prix de Grande-Bretagne pour lancer les principales évolutions de leurs monoplaces de 2022. Mercedes apporte ainsi de profondes modifications à sa W13. Un volume est rajouté aux poussoirs de la suspension avant pour rediriger le flux d'air vers les flancs et créé ainsi un vortex. Les aubes directrices sises devant les pontons sont redessinées afin de faciliter refroidissement. L'aileron arrière est retouché pour réduire la traînée, l'un des gros points faibles de la Flèche d'Argent. Le plancher est enfin très remanié pour faciliter l'écoulement de l'air et obtenir plus d'appui. La Red Bull RB18 est quant à elle équipée d'un nouveau capot moteur et d'un nouveau plancher. La Ferrari F1-75 affiche une nouvelle découpe dans la zone de l'« undercut ». Alpine-Renault remodèle les pontons de son A522, en creusant une forme de sillon central pour accélérer le flux d'air dans cette zone. Son fond plat est aussi évolué. Alfa Romeo apporte quelques évolutions à sa C42, notamment au niveau du refroidissement afin d'améliorer une fiabilité très imparfaite. L'Aston Martin reçoit un plancher inédit, mais celui-ci est endommagé par Vettel dès le vendredi. Enfin, Williams présente une version « B » de FW44, confiée au seul Albon... et qui sera très endommagée lors du départ chaotique.
Essais et qualifications
Les premiers essais du vendredi débutent sous la pluie et, même si la piste s'assèche au fur et à mesure de la séance, seuls dix pilotes réaliseront un chrono. Bottas se hisse pour l'honneur en haut de la feuille des temps (1'42''249'''), muni de pneus intermédiaires, une demi-seconde devant Hamilton qui a osé sortir en slicks. La seconde séance libre se déroule sur le sec, mais c'est alors le vent qui perturbe les pilotes. Sainz réalise le premier chrono de référence du week-end (1'29''942'''). Hamilton, Norris et Verstappen le suivent à moins de 2/10e. Samedi, en début d'après-midi, Verstappen obtient le meilleur chrono (1'27''901''') sous un ciel menaçant.
Quelques instants plus tard, une averse s'abat sur Silverstone et les qualifications se déroulent sur une piste détrempée. Les pilotes évoluent en pneus intermédiaires durant toute la séance. Sainz arrache la première pole position de sa carrière (1'40''983''') dans les derniers instants de la Q3 et ce bien qu'il estime avoir effectué un tour « qui n'avait rien de spécial » ! Sur l'autre Ferrari, Leclerc (3e) perd sans doute la pole dans un tête-à-queue malvenu. Red Bull tâtonne vendredi dans les réglages de sa RB18, mais samedi celle-ci est de nouveau très rapide. Verstappen (2e) échoue à quelques centièmes de Sainz, mais peut s'estimer heureux d'avoir magistralement rattrapé une pirouette à la sortie de Stowe. Pérez (4e) connaît une séance sans histoire. La satisfaction règne chez Mercedes puisque Hamilton (5e) évolue dans le rythme des Ferrari et des Red Bull. Russell (8e) commet quelques petites erreurs sous la pluie qui lui coûtent une meilleure position de départ. Norris amène sa McLaren en sixième position, une belle performance car il subit aussi un fort marsouinage. Ricciardo (14e) est éliminé dès la Q2: il manque son premier tour dans cette séquence, puis est surpris par le retour de la pluie.
Les Alpine-Renault rebondissent beaucoup mais sont véloces. Alonso décroche une belle septième place. Ocon (15e) ne va pas plus loin que la Q2 suite à une surchauffe de batterie. Zhou (9e) conduit pour la deuxième fois son Alfa Romeo en Q3 tandis que Bottas (12e) ne parvient jamais à faire chauffer ses gommes. Chez Williams, Latifi (10e) étonne son monde en atteignant pour la première fois de sa carrière la Q3, qu'il achève cependant par une sortie de piste. Albon (16e) se dit content de la FW44 évoluée, mais il est très tôt éliminé car il a effectué un tour de refroidissement quand tous ses rivaux amélioraient. Gasly (11e) et Tsunoda (13e) font des prouesses au volant d'une AlphaTauri instable et toujours privée de développement. Les Haas-Ferrari (Magnussen 17e, Schumacher 19e) ne sont absolument pas compétitives sous la pluie. Enfin, les Aston Martin (Vettel 18e, Stroll 20e) sombrent corps et biens en qualifications, mais elles sont généralement plus performantes en course...
Le Grand Prix
Dimanche, une averse tombe sur le circuit de Silverstone en début d'après-midi, mais le vent chasse très vite les lourds nuages et assèche le bitume. La course se déroulera sur le sec. La majorité des coureurs s'élance en pneus médiums (C2). Verstappen choisit cependant de partir en pneus tendres (C3), tout comme Latifi, Albon, Vettel et Magnussen. Russell ose sélectionner les gommes dures (C1).
Départ: Grâce à ses pneus tendres, Verstappen démarre plus facilement que Sainz et s'empare du commandement avant le premier tournant. Très bien parti, Hamilton se place devant Leclerc et Pérez. Plus loin, Russell, à la dérive avec sa monte dure, se frotte à Gasly. Déstabilisé, l'Anglais accroche la roue arrière-gauche de Zhou à plus de 200 km/h. Sous la violence du choc, l'Alfa Romeo décolle, part en tonneaux, traverse le bac à graviers sur le toit, avant de rebondir brusquement à quelques mètres des barrières de pneus. La voiture folle passe derrière celles-ci et n'est stoppée que par les grillages placés au pied des tribunes. Ce crash sème la confusion dans le peloton: Vettel percute Albon et expédie ce dernier à vive allure dans la glissière interne. La Williams rebondit vers la piste, heurte Ocon, puis Tsunoda, avant de retrouver la Mercedes de Russell dans l'échappatoire.
1er tour: Alonso prend l'ascendant sur Pérez dans les premiers virages, mais le drapeau rouge est brandi après le carnage du départ. Russell sort seul de sa Mercedes et court au secours de Zhou qui gît dans son Alfa Romeo. Celle-ci est couchée sur son flanc droit entre la pile de pneus et les grillages. Albon, très sonné, s'extrait pour sa part à grand peine de sa Williams. Tsunoda et Ocon regagnent les stands au petit trot, l'un privé d'aileron avant, l'autre avec une suspension avant-droite endommagée.
L'incertitude autour du sort de Guanyu Zhou dure dix interminables minutes, le temps pour le médecin fédéral et les commissaires de l'extraire de son épave. Par bonheur, le jeune Chinois est parfaitement indemne, seulement coincé entre son habitacle et les barrières. Par bonheur, l'Alfa n'a pas pris feu. Surtout, Zhou doit une fière chandelle au Halo qui a protégé sa tête durant son impressionnante embardée cul-par-dessus-tête, alors que l'arceau s'est rompu sous la violence du premier choc. Il est finalement évacué sur une civière vers le centre médical du circuit. Quelques heures plus tard, Zhou sera libéré sans la moindre fracture: un vrai petit miracle ! En revanche, Albon est orienté vers l'hôpital de Coventry pour des contrôles supplémentaires, mais l'écurie Williams précise que son état n'inspire aucune inquiétude, et le Thaïlandais rentrera chez lui dans la soirée.
En parallèle de ces événements, une petite dizaine de personnes trompent la surveillance de la police britannique et s'infiltrent sur le circuit. Il s'agit de militants écologistes radicaux de l'association « Just Stop the Oil » qui réclame l'abandon de l'usage des énergies fossiles. Ces activistes déambulent ainsi sur la pelouse bordant la piste alors que les bolides évoluent à quelques mètres d'eux à 200 km/h. Les policemen interpellent au final sept d'entre eux. Après la course, ils recevront le soutien de Lewis Hamilton qui, s'il désapprouve la méthode, fait sien leur message.
L'interruption dure une cinquantaine de minutes. La course va être relancée à partir du troisième tour, au moyen d'un départ arrêté. La grille sera celle établie lors des qualifications. Verstappen perd ainsi l'avantage de son formidable envol. Les commissaires réparent de leur côté les barrières du premier tournant, endommagées par les cabrioles de Zhou. De leur côté, les mécaniciens d'AlphaTauri et d'Alpine parviennent à remettre à neuf les monoplaces de Tsunoda et d'Ocon en un temps record. Ceux-ci pourront repartir, ce qui aurait été inenvisageable sans le drapeau rouge.
Près d'une heure après l'interruption, le peloton quitte les stands sous les ordres du Safety Car pour accomplir un second tour de formation. La grande majorité des pilotes, y compris cette fois Verstappen, sont munis de pneus médiums. Seuls Gasly, Tsunoda, Ocon, Latifi et Vettel sont en pneus tendres.
Second départ: Sainz se déporte immédiatement vers Verstappen et le serre vers le muret. Le Hollandais ne se laisse pas démonter et tous deux abordent Abbey côte à côte. Repoussé vers le vibreur, Verstappen doit cependant céder. Pérez déborde Leclerc.
3e: Leclerc repasse devant Pérez par l'intérieur de The Loop, non sans frotter la Red Bull. Le Mexicain laisse quelques morceaux de carbone dans cette touchette. Plus loin, Leclerc tente de faire l'extérieur à Verstappen à Brooklands, mais le Hollandais ne lui laisse aucun espace. Norris déborde Hamilton après Woodcote. En fin de tour, Sainz mène devant Verstappen, Leclerc, Pérez, Norris, Hamilton, Gasly, Alonso, Tsunoda et Latifi.
4e: Sainz compte une seconde d'avance sur Verstappen, trois secondes sur Leclerc. Ocon prend la dixième place à Latifi.
5e: Le DRS peut être utilisé. Pérez peine à contenir Norris et Hamilton. Il entre aux stands en fin de tour pour remplacer son aileron abîmé. Alonso dépasse Gasly.
6e: Hamilton déborde Norris à Brooklands. Pérez a repris la piste dernier, muni de gommes médiums.
7e: Sainz mène devant Verstappen (0.9s.), Leclerc (2.6s.), Hamilton (7.9s.), Norris (10s.), Alonso (11.8s.), Gasly (13.3s.), Tsunoda (18.8s.), Ocon (19.4s.), Latifi (20s.), Bottas (20.2s.) et Ricciardo (21s.). Vettel prend des pneus médiums.
8e: Verstappen s'est rapproché de Sainz et évolue dans la zone d'activation du DRS. Une demi-seconde les sépare.
9e: Verstappen attaque fort derrière Sainz mais ne parvient pas à porter d'attaque. Leclerc se place en embuscade, à trois secondes de son équipier.
10e: Sainz est déventé dans Becketts et doit couper le virage en roulant sur une plaque de gazon. Lorsqu'il revient en piste à Hangar Straight, il est une proie facile pour Verstappen qui le contourne par l'extérieur et s'empare du commandement.
11e: Verstappen compte une seconde et demie d'avance sur Sainz, désormais menacé par Leclerc. Hamilton est le plus rapide en piste (1'33''335'''). Tsunoda assaille Gasly par l'intérieur à Village, mais le Japonais ne réussit qu'à toucher son équipier: les deux AlphaTauri pirouettent de concert ! Gasly se relance 13e, Tsunoda 15e. Voilà de bons points qui s'envolent pour la petite scuderia...
12e: Verstappen roule sur un débris dans la courbe d'Aintree. Celui-ci endommage tout le côté gauche de son fond plat. Un peu plus loin, le Hollandais lève le pied, croyant être victime d'une crevaison. Sainz le déborde dans Hangar Straight et récupère la première place. Le Batave regagne son stand en fin de parcours tout en montant sur ses freins, ce qui fusille son train de pneus.
13e: Les Ferrari dominent maintenant l'épreuve. Verstappen chausse de nouveaux pneus médiums (3.1s.) et reprend la piste en sixième position. Cependant, il s'aperçoit bien vite que sa tenue de route est toujours exécrable.
14e: Sainz devance Leclerc (0.8s.), Hamilton (5.7s.), Norris (15.6s.), Alonso (17s.), Verstappen (23s.), Ocon (25.8s.), Latifi (26.5s.), Bottas (27s.), Ricciardo (27.5s.), Magnussen (28s.) et Schumacher (28.3s.).
15e: Leclerc se montre menaçant derrière Sainz. Verstappen poursuit en dépit d'un rythme très médiocre. Derrière lui, Ocon retient un long peloton comprenant Latifi, Bottas, Ricciardo et les Haas. Schumacher a dépassé Magnussen. Changement de pneus pour Stroll.
16e: Leclerc peut actionner son DRS dans Hangar Straight, mais Sainz se défend en louvoyant pour couper l'aspiration de son équipier. Hamilton continue d'améliorer ses temps au tour (1'32''973''').
17e: Une demi-seconde sépare les pilotes Ferrari. Leclerc aimerait que son équipier s'efface, ne serait-ce que parce qu'il s'inquiète du retour de Hamilton. Gasly fait changer ses pneus. Tsunoda l'imite deux tours plus tard.
19e: Sainz précède Leclerc (0.6s.), Hamilton (3.8s.), Norris (18.6s.), Alonso (20.2s.), Verstappen (29.4s.), Latifi (32s.), Bottas (32.5s.) et Ricciardo (33s.). Pérez remonte et a doublé Magnussen.
20e: Leclerc s'impatiente derrière Sainz alors que Hamilton grappille toujours quelques dixièmes sur les Ferrari. Latifi et Schumacher passent aux stands pour mettre des pneus durs.
21e: Sainz apparaît aux stands et chausse les pneus durs (2.5s.). Il repart troisième, juste devant Norris. Ricciardo prend aussi des gommes blanches. Bottas met pied à terre suite à une panne de boîte de vitesses.
22e: Contrairement à ses espérances, Leclerc ne roule pas plus vite que Hamilton, même sans Sainz pour faire bouchon. Au contraire: le Britannique lui reprend encore quatre dixièmes ! Deux secondes les séparent.
23e: Hamilton ne concède plus qu'une seconde et demie à Leclerc. Ocon et Magnussen passent aux stands et s'emparent de gommes dures. Pérez se retrouve septième, à seulement trois secondes de son équipier Verstappen.
24e: Verstappen revient chez Red Bull pour mettre les enveloppes dures. En sortant des stands, il ne peut résister à l'Aston Martin de Vettel.
25e: Leclerc est premier devant Hamilton (1.2s.), Sainz (18.7s.), Norris (23.7s.), Alonso (26s.), Pérez (40s.), Vettel (1m.), Verstappen (1m. 02s.), Latifi (1m. 04s.) et Ocon (1m. 05s.).
26e: Leclerc entre aux stands pour s'emparer des gommes dures (2.8s.), puis repart derrière Sainz. Hamilton se retrouve aux commandes pour la plus grande joie du public. Pendant ce temps-là, Verstappen déplore un manque de grip complet avec ses pneus durs.
27e: Hamilton compte dix-huit secondes d'avance sur Sainz. Leclerc évolue une seconde derrière son équipier. Gasly abandonne après que des dégâts aient été détectées sur son aileron arrière, suite à son accrochage avec Tsunoda.
28e: Hamilton précède Sainz (18s.), Leclerc (19s.), Norris (28s.), Alonso (30s.), Pérez (40s.), Vettel (1m. 06s.), Verstappen (1m. 10s.), Latifi (1m. 11s.), Ocon (1m. 12s.), Schumacher (1m. 13s.) et Magnussen (1m. 14s.).
29e: Ferrari autorise Leclerc à doubler Sainz dans l'espoir de combler son retard sur Hamilton. Ocon prend la neuvième place à Latifi.
30e: Leclerc se montre dans les rétroviseurs de Sainz avant Stowe. Un simple avertissement...
31e: Sainz finit par ouvrir la voie à Leclerc avant Brooklands. Le Monégasque concède dix-neuf secondes à Hamilton.
32e: Leclerc s'empare du meilleur chrono (1'31''837'''). Schumacher dépasse Latifi et se retrouve dixième.
33e: Dix-huit secondes séparent Hamilton et Leclerc. Latifi cède devant Magnussen. Ricciardo est le premier pilote à remettre les pneus tendres.
34e: Hamilton passe chez Mercedes pour prendre des pneus durs lors d'un arrêt un peu long (4.3s.). Il se réinsère quatre secondes derrière les Ferrari. Alonso chausse lui aussi le composé dur et glisse derrière Pérez.
35e: Leclerc retrouve la première place avec une seconde d'avantage sur Sainz. Norris fait escale chez McLaren et s'empare de Pirelli blancs (2.8s.). Il cède la quatrième place à Pérez. Verstappen est sous la menace d'Ocon.
36e: Leclerc creuse aisément l'écart sur Sainz. Ocon dépasse Verstappen par l'intérieur à Stowe. Le Hollandais espère seulement terminer l'épreuve... Schumacher et sa modeste Haas sont sur ses talons.
37e: Leclerc mène devant Sainz (3.1s.), Hamilton (6.5s.), Pérez (26s.), Norris (41s.), Alonso (43s.), Vettel (1m. 03s.). Ocon (1m. 08s.), Verstappen (1m. 10s.), Schumacher (1m. 11s.) et Magnussen (1m. 14s.).
38e: Ocon est trahi par sa pompe à essence et se gare, moteur muet, sur l'ancienne ligne de départ-arrivée.
39e: La voiture de sécurité intervient pour évacuer l'Alpine d'Ocon. Sainz et Hamilton entrent aussitôt aux stands pour mettre les pneus tendres. Inexplicablement, Ferrari n'a pas rappelé Leclerc ! Tsunoda et Ricciardo s'emparent aussi des gommes rouges.
40e: Pérez se munit de pneus rouges, tout comme Alonso, Verstappen, Schumacher et Latifi. Vettel sélectionne pour sa part les médiums.
41e: Les voitures attardées peuvent se dédoubler. Ferrari ne fera pas renter Leclerc qui perdrait alors la première place. Mais le Monégasque, lesté de pneus durs vieux de 25 tours, aura un redémarrage pénible ! Norris chausse à son tour les pneus tendres et reprend la piste derrière Alonso. Stroll remplace aussi ses chausses.
42e: Le classement s'établit comme suit: Leclerc précède Sainz, Hamilton, Pérez, Alonso, Norris, Vettel, Magnussen, Verstappen, Schumacher, Latifi, Stroll, Ricciardo et Tsunoda. Seuls Leclerc et Magnussen n'ont pas changé d'enveloppes. La Safety Car disparaît à l'issue de cette boucle. Sainz se place dans les échappements de Leclerc, prêt à le dévorer.
43e: Le drapeau vert est agité. En manque de grip, Leclerc vire un peu large à Aintree et Sainz saisit cette opportunité pour le dépasser. Le Monégasque se porte à la hauteur du Madrilène dans la courbe de Brooklands mais doit s'incliner. Un peu plus loin, Pérez prend l'ascendant sur Hamilton qui manque d'adhérence avec ses pneus rouges. Verstappen et Schumacher dépassent Magnussen.
44e: Sainz s'enfuit vers la victoire et s'empare du meilleur chrono (1'30''813'''). Hamilton a retrouvé du grip et assaille Pérez en vain, à Woodcote, puis à Stowe. Verstappen prend la septième place à Vettel.
45e: L'usage du DRS est autorisé. Pérez déborde Leclerc par l'intérieur à Hangar Straight mais le pilote Ferrari ne s'avoue pas vaincu et reste sur sa ligne, à la hauteur de la Red Bull. Tous deux franchissent Stowe roue contre roue et Leclerc, mieux placé, garde l'ascendant à la chicane Vale. Pérez coupe ce virage et revient en piste au niveau de Leclerc qu'il contraint à mordre sur l'extérieur. Hamilton, qui a bien observé cette bataille, surgit alors et double ses deux adversaires dans la courbe de Club ! Schumacher dépasse Vettel.
46e: Hamilton, Pérez, Leclerc, Alonso et Norris abordent ce tour en paquet serré. Pérez dépasse Hamilton à Village et emmène encore une fois son adversaire très à l'extérieur. Leclerc en profite pour contourner le Britannique à The Loop. Hamilton doit ensuite résister à Alonso.
47e: Sainz compte quatre secondes d'avance sur Pérez. Hamilton ouvre son aileron dans Hangar Straight, tente de déboîter Leclerc par l'extérieur, mais celui-ci lui barre la route.
48e: Pérez reprend une seconde et demie à Sainz. Hamilton tente une attaque sur Leclerc par l'extérieur de Brooklands, en vain. L'Anglais repasse à gauche de la piste et réussit à contourner Leclerc à Luffield puis à prendre l'ascendant à la réaccélération. Mais le Monégasque résiste encore, se place à l'extérieur et repasse devant Hamilton à Copse, pris pied au plancher. Enfin, un peu plus loin, Hamilton le repasse facilement dans Hangar Straight grâce au DRS. Leclerc doit ensuite se défendre face à un Alonso pressant.
49e: Verstappen défend sa septième place face à aux attaques de Schumacher. Le jeune Allemand est toutefois prudent car il a en vue ses premiers points en F1.
50e: Sainz mène devant Pérez (2.6s.), Hamilton (5.6s.), Leclerc (7.5s.), Alonso (8.2s.), Norris (9.2s.), Verstappen (13.8s.), Schumacher (14.1s.), Vettel (17.8s.), Magnussen (20.4s.), Stroll (22.7s.), Latifi (23.8s.), Ricciardo (24.4s.) et Tsunoda (34s.).
52e et dernier tour: Verstappen et Schumacher bataillent jusqu'au bout: après un premier échec à Brooklands, le jeune Allemand tente de déborder la Red Bull à Stowe, puis à Vale, avant d'échouer sous le drapeau à damiers pour deux petits dixièmes !
Carlos Sainz Jr. remporte son premier Grand Prix de F1. Pérez finit deuxième après une belle remontée. Hamilton (3e) arrache le meilleur tour sur la ligne d'arrivée (1'30''510'''). Leclerc termine à une décevante quatrième place. Alonso se classe cinquième, Norris sixième. Verstappen décroche la septième place malgré un plancher abîmé. Schumacher (8e) inscrit enfin ses premiers points dans la discipline. Vettel (9e) et Magnussen (10e) prennent les derniers points. Stroll, Latifi, Ricciardo et Tsunoda rallient aussi l'arrivée.
Après la course: Ferrari joue Sainz... contre Leclerc ?
Carlos Sainz Vázquez de Castro aura attendu son 150ème Grand Prix pour inscrire enfin son nom au palmarès de la Formule 1. « C'est un grand jour pour moi et une sorte de soulagement de remporter mon premier Grand Prix », confie le jeune Madrilène. « Le faire avec Ferrari, devant ce super public et sur cette piste de Silverstone que j'adore est incroyable. J'ai eu un début de saison difficile, mais je suis bien revenu et je ne suis pas passé loin de la victoire à Monaco et à Montréal. Je savais que ce n'était qu'une question de temps, car la performance était là. C'était probablement l'une de mes courses les plus difficiles sur le plan mental. Il y avait énormément de paramètres à gérer, entre l'usure des pneus en début de course, les écarts avec Verstappen, Leclerc ou Hamilton, les dépassements ou encore la consommation d'essence. J'ai gardé la tête froide et même quand Max m'est passé devant, je n'ai pas cessé d'y croire. Quand la voiture de sécurité est entrée en piste, et après mon arrêt aux stands, lorsque je me suis retrouvé deuxième derrière Charles avec des pneus tendres, j'ai su qu'elle était pour moi. Il ne fallait pas que je laisse passer cette opportunité. Charles ne pouvait pas me résister, je me suis juste attaché à le dépasser proprement, ce que j'ai fait. »
Sainz ne s'étend guère sur la stratégie adoptée par Ferrari qui l'a indubitablement favorisé. Après l'arrivée, c'est un Charles Leclerc blême de rage, plus encore qu'à Monaco un mois plus tôt, qui apparaît devant les micros. Le natif du Rocher ne comprend pas pourquoi Ferrari l'a laissé parcourir la dernière phase de l'épreuve avec ses vieux pneus durs, alors qu'il aurait fort bien pu chausser des gommes tendres, comme Sainz. Aussi, ses superbes batailles face à Hamilton ou Pérez ne sont absolument pas une consolation. « Vous avez dû vous régaler à voir cela. Pas moi ! » lâche-t-il, furibard. Leclerc, qui n'est plus apparu sur un podium depuis Miami, perd encore une fois une victoire qui lui semblait acquise. Le gâchis est d'autant plus grand que dans le même temps Max Verstappen rencontrait des difficultés. Il ne reprend ainsi que six malheureux points à son rival, qui le devance de quarante-trois longueurs au championnat du monde. Pis: Sainz revient à seulement onze unités de son coéquipier... Après l'arrivée, Leclerc s'entretient longuement avec Mattia Binotto qui tente d'éclairer une stratégie a priori incompréhensible. « Nos deux voitures étaient trop proches pour qu'on les arrête toutes les deux », explique le patron de Ferrari. « Il n'y avait, à mon sens, pas d'écart suffisant entre elles et notre deuxième voiture aurait sûrement perdu du temps dans les stands. » Certes. Mais alors pourquoi arrêter Sainz et non Leclerc qui était en tête ? « Parce que Charles menait et était assuré de rester leader. Il avait des pneus plus frais que Carlos, avec six ou sept tours de moins, et on a considéré que Carlos pourrait protéger Charles dans les premiers tours suivant le démarrage. On espérait aussi qu'il y ait plus de dégradation sur les pneus tendres et que Charles serait en mesure de revenir à la fin. »
Que cela paraît alambiqué !... Comment Ferrari a-t-elle pu imaginer rendre service à Leclerc en le laissant en piste avec des pneus durs usés pendant que son équipier bénéficiait de pneus tendres frais ? Certains ne craignent pas d'affirmer que la Scuderia a délibérément sacrifié Leclerc au profit de Sainz. Mais pourquoi ? Binotto considérait-il que l'Espagnol méritait la victoire en vertu de sa pole de la veille ? Qu'il avait besoin d'un « coup de pouce » après un mauvais début de saison ? Si tel est le cas, l'effet sur Leclerc est en tout cas désastreux. Difficile en effet de ne pas en déduire que sa position du Monégasque à Maranello est plus fragile qu'on ne le croyait. Sainz semble être mieux en cour. Laborieux, souple et toujours très investi, le Madrilène a su mettre l'équipe dirigeante dans sa poche en 2021 et son crédit a peu souffert d'un début de saison 2022 fort médiocre. Il peut aussi s'appuyer sur un « clan » très influent qui gravite autour de son père Carlos Sr. et de son manager et cousin Carlos Oñoro. De son côté, Leclerc paraît plus turbulent, moins « corporate ». On se le serait à moins, après tous les déboires qu'il a rencontré ces trois derniers mois ! Mais chez Ferrari, il convient depuis toujours de savoir tenir sa langue. Il est difficile de ne pas percevoir une critique en creux de Leclerc dans l'éloge de Sainz que Binotto délivre ce dimanche soir: « Je suis très heureux du comportement de Carlos aujourd'hui, parce que, quand on lui a demandé d'échanger les positions, il l'a fait sans hésitation. Il a compris ce que nous voulions. Il est très bon dans sa compréhension comme dans sa manière d'agir. J'en suis très content. »
Carlos Sainz a mis fin à une superbe série de six victoires consécutives de Red Bull, mais l'écurie austro-britannique ne quitte pas Silverstone déçue. Sergio Pérez a conquis une très belle deuxième place et Max Verstappen a limité les dégâts en empochant six points malgré une monoplace très abîmée. « Ma voiture était excellente et j'ai rapidement vu que Sainz avait du mal avec ses pneus », narre-t-il. Quand il a fait son erreur et que j'ai pris la tête, je me suis dit: « Allez maintenant, y a plus qu'à ! » Hélas, j'ai roulé sur un débris de carbone situé en plein trajectoire, au virage n°5. Cela a détruit tout plancher sur le côté gauche. C'est un élément aérodynamique primordial donc ça m'a fait perdre entre 1''5 et 2'' au tour. J'ai fait toute la course comme ça, avec une voiture horrible à piloter, en perte d'équilibre. » Verstappen n'a toutefois pas à s'en faire, puisqu'il caracole toujours en tête du championnat, avec 34 points d'avance sur Pérez.
Ce Grand Prix de Grande-Bretagne est enfin très satisfaisant pour Mercedes qui, pour la première fois de la saison, a humé le parfum de la victoire. Selon Toto Wolff, Lewis Hamilton aurait gagné la course sans la voiture de sécurité qui l'a contraint à chausser des pneus tendres que sa W13 n'apprécie guère. En tout cas, Hamilton considère cette troisième place à domicile comme un grand succès et estime que les évolutions apportées à la W13 ouvrent la voie à une seconde partie de saison beaucoup plus intéressante. Il a en outre particulièrement apprécié la bagarre virile mais toujours correcte qui l'a opposé à Charles Leclerc: « Charles est un pilote très intelligent, on est passé à deux dans Copse sans problème. Très différent de ce que j'ai vécu l'an dernier... » On ne voit vraiment pas à quoi et à qui il fait allusion...
Sources:
- Auto Hebdo n°2370, 6 juillet 2022.
- https://f1i.autojournal.fr/magazine/magazine-technique/technique-f1-silverstone-red-bull-ferrari-affaiblies/
Tony