Pneus Pirelli: pas de marche arrière
C'est quasi un mantra: à chaque fois que le spectacle laisse à désirer en Formule 1, ce qui est indéniablement le cas en cette saison 2019, des index accusateurs se tournent vers Pirelli, coupable de fournir des pneus trop tendres ou trop durs, ou convenant trop bien à une des équipes de peloton. Cette année, plusieurs constructeurs, Ferrari en tête, estiment que les nouveaux produits mis en service en 2019, dotés d'une bande de roulement plus fine, profitent à Mercedes. Pirelli a en effet introduit cette modification afin de conjurer les problèmes de surchauffe et de « cloquage » qui ont inquiété pilotes et ingénieurs en 2018, et en particulier ceux de la firme à l'Étoile. La fenêtre des températures d'exploitation des pneumatiques s'en est trouvée modifiée. Du coup, Mercedes a résolu presque tous les soucis qu'elle rencontrait l'an passé. Mais Ferrari et son « équipe B » Haas ont en revanche beaucoup de mal à faire monter leurs pneus à bonne température, ce qui expliquerait leurs piètres performances depuis le début de la saison. Appuyées par Red Bull et Toro Rosso, ces deux écuries demandent donc à la fédération internationale de remédier à leurs misères en revenant aux gommes de 2018.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Vendredi 28 juin, le responsable technique des monoplaces au sein de la FIA, l'ex-ingénieur ferrariste Nikolas Tombazis, organise au Red Bull Ring une réunion entre les constructeurs et le représentant de Pirelli, Mario Isola. Ils doivent se prononcer sur l'opportunité de revenir aux pneus utilisés en 2018. Or, changer la spécification des pneus en cours de saison nécessite l'acquiescement de sept écuries sur dix. Un chiffre qui ne sera pas atteint, puisque les constructeurs se séparent en deux camps égaux: cinq votent pour la réintroduction des enveloppes de 2018, cinq votent contre. Dans le camp des « pour », on retrouve sans surprise Ferrari et ses deux clientes, Haas et Alfa Romeo, ainsi que Red Bull et Toro Rosso. Les « contre » rassemblent les structures motorisées par Mercedes et par Renault, soit les deux équipes d'usine, plus McLaren, Racing Point et Williams. Ferrari et Red Bull devront donc dénicher un autre stratagème pour revenir sur Mercedes... De manière générale, les tenants des gommes actuelles craignent qu'un retour en arrière n'accroisse les risques pour les pilotes. « Nous avons surtout écouté les arguments de Mario Isola », explique Andrew Green, le directeur technique de Racing Point. « De ce que nous avons compris, il n'était pas assuré du tout que revenir à la bande de roulement plus épaisse des composés de l'an passé s'avérerait positif. Cela nous paraissait être un risque significatif. De notre point de vue, c'est trop tard pour cette saison. Il faut se concentrer pour améliorer les pneus et le spectacle en piste, mais pour la prochaine saison. »
Présentation de l'épreuve
La Formule 1 arrive en Autriche, sur le domaine privé de sa boisson énergisante favorite, le Red Bull Ring. Red Bull Racing espère rééditer l'exploit de l'an passé, lorsque Max Verstappen avait ici même triomphé des Mercedes et des Ferrari. Comme c'est le cas depuis maintenant deux années, le circuit autrichien est submergé par une marée orange: des dizaines de milliers de Bataves ont en effet traversé l'Allemagne pour encourager Verstappen. Leurs cris et leurs chants vont résonner pendant trois jours dans les montagnes de Styrie, assurant le succès populaire de cette épreuve. Par ailleurs, Red Bull rend hommage à Niki Lauda, décédé en mai dernier, en donnant son nom au premier virage (jusqu'ici appelé « Castrol Edge »). Voilà un geste élégant qui fera peut-être oublier que, lors du rachat de circuit par Dietrich Mateschitz, celui-ci avait fait débaptiser le précédent « virage Lauda », l'actuelle dernière courbe, renommée... Red Bull Mobile !
Helmut Marko annonce en Autriche que Dan Ticktum n'est plus membre de la filière Red Bull. Quoique talentueux (il a gagné deux fois le GP de Macao de F3), le jeune Anglais paie son arrogance et ses frasques en piste. La marque de boissons met maintenant en avant le Mexicain Patricio O'Ward, âgé de 20 ans, champion en titre d'Indy Lights (la « F2 » américaine) et tout juste rapatrié en Formule 2 internationale. Mais l'impitoyable Docteur Marko sort aussi la mitraille contre Pierre Gasly dont les résultats au volant de la Red Bull RB15 contrastent trop à son goût avec ceux de son protégé Max Verstappen: « Être le coéquipier de Max n'est pas facile, car c'est un talent exceptionnel. Mais la performance et la vitesse que montre Gasly sont tout simplement inacceptables. Ses deux derniers Grands Prix, au Canada et en France, étaient en deçà du niveau attendu. L'écart entre Pierre et Max est trop grand ! » Et l'on parle maintenant d'un retour de Daniil Kvyat chez Red Bull Racing, alors que le jeune Français serait rétrogradé chez Toro Rosso...
Mercedes peut égaler ce week-end un record: celui des onze victoires consécutives remportées par McLaren-Honda en 1988. Toujours invaincues en 2019, les Flèches d'Argent demeurent en effet sur une impressionnante série de dix succès d'affilée initiée au GP du Brésil de 2018. Quant à Lewis Hamilton, il lorgne sur une cinquième victoire de rang qui assommerait définitivement son seul concurrent pour le titre mondial, son propre équipier Valtteri Bottas, visiblement fort marri de ne pas retrouver son niveau de performance du début du printemps.
Paddy Lowe quitte officiellement Williams le 25 juin 2019. L'ingénieur britannique avait déjà été mis sur la touche en mars suite au fiasco des FW41 et FW42. Il quitte désormais le conseil d'administration de l'écurie, tout en demeurant actionnaire. Claire Williams le remplace par un « triumvirat » comprenant Doug McKiernan (designer en chef), Adam Carter (directeur du département design) et Dave Robson (ingénieur de piste en chef). Le vétéran Patrick Head demeure présent dans la coulisse en tant que conseiller. Par ailleurs, la Williams FW42 reçoit depuis le mois de juin de nouvelles pièces qui semble apporter un mieux sensible, puisque George Russell est par moments capable de titiller les Racing Point ou les Alfa Romeo.
De nombreux pilotes vont être sanctionnés au Red Bull Ring en raison du remplacement de certaines pièces sur leurs bolides. La McLaren de Sainz accueille la dernière évolution de l'unité de puissance Renault. Tous les éléments du moteur doivent être changés, ce qui vaut au Madrilène une pénalité de... 60 places ! Chez Renault, Hülkenberg reçoit aussi l'évolution moteur adoptée par Ricciardo au Castellet, et reculera du coup de cinq rangs sur la grille. Enfin, Albon utilise à son tour la « spécification 3 » du moteur Honda, d'où une punition de quinze places.
Essais et qualifications
Les séances libres se déroulent sous une forte chaleur (30°C) tempérée par des rafales de vent qui perturbent les pilotes. Vendredi matin, Hamilton s'empare du meilleur chrono, un dixième devant Vettel. L'après-midi, les Ferrari prennent le pouvoir grâce à Leclerc. Bottas est victime d'une grosse sortie de route au virage n°6 et détruit son train avant contre les glissières. Verstappen tape pour sa part les barrières dans le dernier tournant. Samedi matin, Leclerc conserve le leadership et s'affirme peu à peu comme le favori du week-end.
Le jeune Monégasque transforme l'essai l'après-midi en signant la seconde pole position de sa jeune carrière, avec un chrono record (1'03''003'''). Ce n'est en revanche pas le week-end de Vettel qui endommage vendredi sa Ferrari contre un trottoir, avant d'être touché samedi après-midi par une chute de pression d'air. Il ne peut pas participer à la troisième manche des qualifications et s'élancera neuvième. Hamilton réalise le second chrono de la séance qualificative, mais recule de deux rangs, sanctionné pour avoir ruiné un tour rapide de Räikkönen en Q1. Il a en effet involontairement bloqué le Finlandais au troisième virage (*). Bottas (3ème) est gêné par du trafic. Joie chez Red Bull-Honda: Verstappen se hisse en deuxième position à la faveur de la pénalité de Hamilton. Gasly (8ème) est de nouveau « largué » par son équipier et commet quelques petites fautes de pilotage. Norris (5ème) confirme le net regain de forme des McLaren-Honda. Son équipier Sainz (20ème) ne peut pas briller du fait de son avalanche de pénalités.
Après une période difficile, les Alfa Romeo ressuscitent en Autriche: Räikkönen se classe sixième, Giovinazzi septième ! Les monoplaces italo-hélvètes profitent de la grosse cavalerie de leur V6 Ferrari. Même constat pour les Haas à moteur italien. Cependant Magnussen, cinquième temps, tombe au dixième rang car sanctionné pour changement de boîte de vitesses. Grosjean (11ème) échoue aux portes de la Q3. Reste à voir si les monoplaces américaines sauront faire fonctionner leurs pneus en course... Les Renault manquent de rythme sur ce tracé. Ricciardo (12ème) fait de la figuration et Hülkenberg (16ème), déjà pénalisé, endommage vendredi son train avant sur un des « boudins » bordant la piste. Les Racing Point (Pérez 13ème, Stroll 14ème) passent une fois de plus à la trappe dès la Q1 mais gagnent des places grâce aux malheurs de leurs concurrents. Chez Toro Rosso, Kvyat (16ème) est éliminé en Q1 à cause de Russell qui le gêne dans la dernière courbe. Albon (19ème) considère ce Grand Prix comme une vaste séance d'essais pour le nouveau moteur Honda. Mais il atteint tout de même la Q2. Enfin, les Williams réduisent leur retard sur les meilleurs à trois secondes. Kubica (17ème) s'élancera devant Russell (18ème) qui est puni de trois positions pour avoir involontairement ruiné la séance de Kvyat.
(*) Hamilton, deuxième temps, partira quatrième malgré une pénalité de... trois places. C'est une conséquence d'un règlement passablement tarabiscoté. La position de départ du quintuple champion du monde est à mettre en relation avec la sanction reçue par Magnussen. Les pénalités s'appliquent en effet dans l'ordre chronologique. Lorsqu'il a signé le cinquième chrono, le Danois de Haas savait déjà qu'il reculerait sur la grille. Sa cinquième place est donc considérée un temps comme vacante. Hamilton étant sanctionné plus tard, il ne tombe qu'au quatrième rang tandis que la cinquième place est récupérée par Norris. Si Magnussen avait été frappé après Hamilton, ce dernier se serait retrouvé cinquième et Norris quatrième...
Le Grand Prix
Il se déroule dans une atmosphère étouffante, l'Europe occidentale étant frappée par une canicule. Le thermomètre affiche ainsi 35°C, près de 60°C sur le bitume. Pirelli ne prévoit que deux relais en course. La plupart des pilotes choisissent de s'élancer en pneus médiums (C3) avant de faire un second relais en gommes dures (C2). Mais on note que les deux Ferrari, dont celle du poleman Leclerc, font le pari de partir avec les gommes les plus tendres (C4). Ils sont imités par Norris, Gasly, Magnussen, Giovinazzi et Räikkönen.
Départ: Leclerc prend un bon envol, contrairement à Verstappen dont l'embrayage patine, d'où la mise en route du dispositif anti-calage sur la Red Bull. Le Hollandais perd de nombreuses places et sortira septième du premier tournant. Leclerc devance Bottas, Norris, Hamilton, Räikkönen et Vettel.
1er tour: Hamilton fait l'extérieur à Norris au second virage. Le jeune Anglais tente de résister à son aîné dans le bout droit suivant, mais il se fait surprendre par Räikkönen, toujours à l'extérieur. En fin de tour, Leclerc mène devant Bottas, Hamilton, Räikkönen, Norris, Vettel, Verstappen, Gasly, Giovinazzi et Magnussen.
2e: Leclerc garde les Mercedes à distance. Vettel met la pression sur Norris.
3e: Leclerc devance Bottas de deux secondes. Les pilotes peuvent user de leurs DRS.
4e: Vettel fait l'intérieur à Norris au sommet de la colline de Remus. Mais à la réaccélération, le pilote McLaren actionne son aileron arrière mobile et se porte à la hauteur de Vettel. Malheureusement pour lui, il se trouve à gauche de la piste, et le virage suivant tourne à droite. Vettel conserve l'ascendant. Pérez puis Hülkenberg doublent un Magnussen déjà aux prises avec ses pneus.
5e: Vettel prend en chasse Räikkönen tandis que Norris résiste vaillamment à Verstappen. Leclerc mène devant Bottas (2.3s.), Hamilton (4.6s.), Räikkönen (9.1s.), Vettel (9.4s.), Norris (11.4s.), Verstappen (11.9s.), Gasly (12.8s.), Giovinazzi (14s.) et Pérez (16.1s.).
6e: Vettel se défait de Räikkönen. Magnussen se fait doubler par Stroll puis par Ricciardo.
7e: Verstappen déborde Norris à Remus. Le voilà sixième.
8e: Deux secondes et demie séparent Leclerc de Bottas. Hamilton ne parvient pas à suivre son équipier et est relégué à plus de cinq secondes du leader.
9e: Verstappen fait l'intérieur à Räikkönen au virage n°3. Il tente désormais de recoller à Vettel qui évolue quatre secondes devant lui.
10e: Les Haas sont dépourvues de toute adhérence et dégringolent peu à peu au classement. Magnussen et Grosjean sont respectivement 15ème et 17ème.
12e: Leclerc devance Bottas (3.3s.), Hamilton (6.1s.), Vettel (10.5s.), Verstappen (14.8s.), Räikkönen (18.4s.), Norris (19.4s.), Gasly (20.6s.), Giovinazzi (22.6s.), Pérez (24s.), Hülkenberg (26s.) et Stroll (27.7s.). Magnussen fait remplacer ses pneus.
13e: Norris fait la jonction avec Räikkönen. Magnussen écope d'un « drive-through » pour ne pas s'être correctement positionné sur son emplacement de la grille.
14e: L'écart entre Leclerc et Bottas atteint quatre secondes. Les pilotes Mercedes doivent ménager leur moteur par crainte d'une surchauffe. Norris prend l'aspiration de Räikkönen, se jette à l'intérieur au bout de la grande côte et laisse sur place son aîné. Gasly est maintenant sur les talons du Finlandais.
15e: Hamilton escalade à deux reprises les hauts trottoirs et endommage ainsi quelque peu son aileron avant.
16e: Verstappen s'empare du meilleur tour provisoire (1'09''252''').
18e: L'intervalle est stable entre Leclerc et Bottas. Gasly tente de faire l'extérieur à Räikkönen avant le virage n°4, en vain.
20e: Leclerc est premier devant Bottas (4.6s.), Hamilton (6.1s.), Vettel (8.8s.), Verstappen (13.7s.), Norris (26.5s.), Räikkönen (29.4s.), Gasly (30.1s.), Giovinazzi (32.7s.), Pérez (34.1s.), Hülkenberg (36.7s.) et Stroll (38.5s.). Kubica change de pneus.
21e: Bottas stoppe chez Mercedes pour prendre les pneus durs (3.5s.). Vettel fait de même chez Ferrari, mais l'opération est longue (6.1s.) car, suite à un problème de communication entre la murette et les mécaniciens, les pneus n'étaient pas tout à fait prêts à l'arrivée de l'Allemand. Celui-ci se retrouve derrière Räikkönen et Gasly.
22e: Leclerc s'empare à son tour des gommes dures (2.6s.) et ressort troisième. Hamilton prend la tête de l'épreuve, sept secondes devant Verstappen.
23e: Räikkönen fait escale chez Alfa Romeo pour prendre des Pirelli blancs. Vettel se débarrasse de Gasly.
24e: Huit secondes entre Hamilton et Verstappen. L'Anglais escalade de nouveau un vibreur, cette fois dans la nouvelle courbe Lauda. Giovinazzi chausse à son tour les pneus durs.
25e: Norris entre aux stands pour finir l'épreuve en pneus médiums. Gasly et Stroll prennent eux les enveloppes dures. Le Français de Red Bull repart de nouveau derrière Räikkönen.
26e: Leclerc remonte peu à peu sur le duo de tête. Changement de pneus pour Hülkenberg. Sainz et Ricciardo, qui s'arrêteront plus tard, sont désormais respectivement septième et huitième.
28e: Pérez puis Russell stoppent aux stands pour mettre de la gomme blanche.
29e: Hamilton compte cinq secondes et demie d'avance sur Verstappen. Leclerc évolue à douze secondes, Bottas à dix-sept secondes.
30e: Hamilton subit des vibrations à cause de son aileron abîmé. Il rejoint son stand pour prendre des pneus durs et changer de museau. Cela dure onze secondes et le quintuple champion du monde tombe au cinquième rang. Räikkönen et Gasly réapparaissent dans les points. Ils se sont défaits d'Albon qui ne s'est pas encore arrêté.
31e: Verstappen parcourt un tour en tête avant de stopper chez Red Bull pour s'emparer de Pirelli blancs. Il redémarre en quatrième position.
32e: Leclerc retrouve les commandes du Grand Prix. Gasly vient enfin à bout de Räikkönen dans la descente vers le virage n°4. Arrêt pneus pour Kvyat.
33e: Leclerc est en tête devant Bottas (4.1s.), Vettel (9.2s.), Verstappen (12.8s.), Hamilton (18.6s.), Sainz (31.5s.), Ricciardo (35.6s.), Norris (38s.), Gasly (40.8s.) et Räikkönen (42.5s.). Giovinazzi prend la onzième position à Albon.
35e: L'intervalle n'évolue pas entre Leclerc et Bottas. Verstappen tente de recoller à Vettel. Grosjean puis Albon chaussent des pneus durs.
37e: Verstappen revient à trois secondes de Vettel. Norris et Gasly fondent sur Ricciardo qui roule avec des pneus usés.
38e: Leclerc mène avec quatre secondes de marge sur Bottas. Verstappen a repris une demi-seconde à Vettel. Norris pourchasse Ricciardo.
39e: Norris tente de faire l'intérieur à Ricciardo à Remus, mais l'Australien lui claque la porte au nez. Gasly revient ainsi dans les échappements du jeune pilote McLaren.
41e: Norris fait l'extérieur à Ricciardo dans la descente vers la courbe de Schlossgold et gagne une position.
42e: Sainz effectue son unique changement de pneus. Il redémarre en quatorzième position, muni des Pirelli blancs.
43e: Leclerc précède Bottas (3.9s.), Vettel (7.5s.), Verstappen (9.6s.), Hamilton (20.6s.), Norris (49.5s.), Ricciardo (51s.), Gasly (51.3s.), Räikkönen (54.5s.), Giovinazzi (56.3s.), Pérez (58s.) et Hülkenberg (1m.).
44e: Verstappen passe à l'attaque: il s'empare du meilleur chrono (1'08''317''') et revient à une seconde et demie de Vettel. Celui-ci est à la peine avec ses pneus. Gasly déborde Ricciardo.
45e: Sainz prend la treizième place à Stroll. Le Madrilène peut encore prétendre aux points.
47e: Leclerc garde un matelas de quatre secondes sur Bottas. Verstappen est maintenant sur les talons de Vettel. Sainz prend l'ascendant sur Hülkenberg qui se débat avec une Renault mal équilibrée. Ricciardo observe un arrêt tardif pour achever l'épreuve en pneus tendres. Il se retrouve 14ème.
48e: Verstappen peut maintenant utiliser son aileron arrière mobile contre Vettel. L'Allemand se défend contre une attaque du Hollandais par l'extérieur au virage n°4.
49e: Verstappen tente à nouveau de déborder Vettel dans la descente vers Schlossgold mais la pilote Ferrari lui coupe la trajectoire. Sainz passe devant Pérez et revient dans les points. Il a désormais les Alfa Romeo en point de mire.
50e: Verstappen actionne son DRS dans la ligne droite qui sépare les virages n°3 et 4. Il dépasse Vettel par l'extérieur et s'empare sans coup férir de la troisième place. Le pilote Ferrari rejoint ensuite les stands.
51e: Irrésistible, Verstappen part maintenant à la chasse au Bottas. Vettel prend les pneus tendres et reprend la piste en cinquième position, à huit secondes de Hamilton. Sainz déborde Giovinazzi.
52e: Leclerc mène devant Bottas (4.7s.), Verstappen (5.8s.), Hamilton (20.3s.), Vettel (27.6s.), Norris (55.3s.), Gasly (57.4s.), Räikkönen (1m. 03s.), Sainz (1m. 04s.), Giovinazzi (1m. 05s.), Pérez (1m. 06s.) et Hülkenberg (1m. 07s.).
53e: Verstappen recolle facilement à Bottas qui doit lever le pied pour préserver son unité de puissance. Sainz prend l'avantage sur Räikkönen et grimpe ainsi au huitième rang.
55e: Leclerc compte cinq secondes et demie d'avance sur le duo Bottas - Verstappen. Le Néerlandais se plaint d'une perte de puissance passagère. Il ne concède que quelques dixièmes au Scandinave.
56e: Verstappen fond sur Bottas dans la montée vers Remus, où son adversaire doit justement soulager son moteur. Il lui fait l'intérieur et s'empare ainsi de la seconde position.
58e: A treize tours du but, Verstappen est en mesure de revenir sur Leclerc. Les gommes du Monégasque ont en effet roulé dix tours de plus que celles du Néerlandais. Plus loin, Vettel recolle peu à peu à un Hamilton fantomatique.
60e: Leclerc est premier devant Verstappen (4.2s.), Bottas (11s.), Hamilton (20.6s.), Vettel (24.2s.), Norris (1m 01s.), Gasly (1m. 03s.), Sainz (1m. 06s.), Räikkönen (-1t.), Giovinazzi (-1t.), Pérez (-1t.), Hülkenberg (-1t.), Stroll (-1t.) et Ricciardo (-1t.). Verstappen s'empare du meilleur temps définitif (1'07''475''') et du point qui va avec.
61e: Verstappen ne concède plus que quatre secondes à Leclerc qui commence à manquer de grip.
62e: Verstappen sonne la charge: il reprend une seconde pleine à Leclerc dans cette seule boucle. La victoire va se jouer entre ces deux jeunes gens.
63e: Gasly pourchasse Norris pour le gain de la sixième position, sans pouvoir le doubler. Magnussen effectue un second arrêt chez Haas pour finir la course en pneus tendres. Parti 10ème, le Danois est avant-dernier...
64e: Deux secondes séparent encore Leclerc de Verstappen. Tous deux rencontrent du trafic. Bottas est repoussé à quatorze secondes du leader.
65e: Voici Verstappen à une petite seconde de la Ferrari n°16. Il devrait pouvoir user de l'aileron arrière mobile au passage suivant.
66e: Les deux leaders arrivent sur Gasly. Le jeune Français est désormais décroché par Norris. Il s'écarte devant Leclerc et, humiliation suprême, devant son équipier Verstappen...
67e: A cinq tours du but, Verstappen roule dans les échappements de Leclerc. Il se contente pour l'heure de se montrer dans les rétroviseurs de son adversaire. Vettel poursuit Hamilton sans pouvoir encore s'en approcher.
68e: Verstappen prend l'aspiration de Leclerc dans la montée vers Remus, puis lui fait l'intérieur au freinage. Le Monégasque demeure toutefois sur la partie extérieure de la piste et garde une bonne traction. Les deux hommes abordent le bout droit suivant côte à côte. La puissance du moteur Ferrari permet à Leclerc de garder l'ascendant et de se rabattre devant son poursuivant. Verstappen tente de répliquer en se plaçant à l'extérieur du virage de Schlossgold, mais Leclerc ne lui laisse aucun espace et reste devant... pour le moment.
69e: De nouveau, Verstappen recolle à Leclerc dans la grande côte. Aileron arrière mobile ouvert, il se jette une fois de plus à l'intérieur alors que le pilote Ferrari freine un peu trop tôt. Cette fois, le Batave ne laisse aucun espace au Monégasque, poussé vers la gauche. La roue avant-gauche de la Red Bull frotte la roue avant-droite de la Ferrari. Leclerc saute sur le vibreur et emprunte le dégagement pour revenir en piste derrière Verstappen. Explosions de joie (et de pétards) dans les tribunes.
70e: Verstappen fonce vers la victoire avec une seconde et demie de marge sur Leclerc. Vettel dépasse Hamilton par l'extérieur dans la descente de Schlossgold. L'Anglais n'a aucun moyen de répliquer. L'Allemand de Ferrari rejoint ensuite un Bottas très prudent.
71ème et dernier tour: Max Verstappen remporte le GP d'Autriche pour la seconde année consécutive. C'est la première victoire d'un moteur Honda sous l'ère hybride. Leclerc termine deuxième. Bottas, troisième, ne devance Vettel que de six dixièmes. Hamilton se contente des dix points de la cinquième place. Le brillant Norris arrache la sixième place devant le très décevante Gasly. Sainz conclut sa belle remontée à la huitième place. Les Alfa Romeo de Räikkönen et de Giovinazzi sont respectivement neuvième et dixième. Le jeune Italien inscrit son premier point en F1. Viennent ensuite: Pérez, Ricciardo, Hülkenberg, Stroll, Albon, Grosjean, Kvyat, Russell, Magnussen et Kubica. Tous les pilotes présents au départ ont rejoint l'arrivée.
Après la course: une victoire en débat
La victoire de Max Verstappen demeure conditionnelle pendant trois heures, car la direction de course ordonne une enquête sur le contact l'ayant opposé à Charles Leclerc dans l'antépénultième boucle. Le jeune pilote Ferrari estime que son adversaire a commis une manœuvre déloyale, et souhaite récupérer les lauriers sur tapis vert, avec le plein soutien de son écurie: « Ce n'est pas un dépassement dans les règles », affirme-t-il. « Au tour précédent, Verstappen avait pratiqué la même attaque, mais il m'avait laissé la place. Je le savais plus rapide avant ce virage n°3, alors je me concentrais pour avoir une bonne traction à la réaccélération. Cette fois, il a freiné plus tard, il ne m'a pas laissé de place. J'ai dû quitter la piste et j'ai perdu du temps. » A contrario, Verstappen proclame son innocence: « C'est de la course auto musclée. Si on nous interdit ce genre de dépassements, mieux vaut rester à la maison ! Il faut savoir que ce virage se situe sur une crête. Je n'ai pas ouvert mon volant. Mais à cause de cette pente, j'ai souffert de sous-virage. J'étais devant. Leclerc n'avait pas à tenter d'aller à l'extérieur pour me dépasser. Ce n'était pas possible. »
Finalement, à 19h46, le collège des commissaires, où siège l'ex-pilote Tom Kristensen, donne quitus à Verstappen et confirme sa victoire. Il estime en effet que son dépassement ne contrevient en rien au code sportif. Ferrari dénonce aussitôt une « mauvaise décision », tout en annonçant que cette fois elle ne fera pas appel. Bien sûr, l'incident ayant opposé Sebastian Vettel à Lewis Hamilton à Montréal est dans toutes les mémoires. Les ferraristes ne manquent pas d'accuser la FIA de partialité envers leur chère Scuderia. Le directeur de course Michael Masi monte au créneau pour défendre les décisions fédérales: « Chaque incident doit être étudié avec ses propres caractéristiques: il y a des virages différents, des profils différents, des circonstances différentes. On ne peut pas comparer ce qui s'est passé ici avec l'incident de Montréal. C'est comme comparer des pommes et oranges. »
Triomphe hollandais - résurrection de Honda
Les quelques trente mille supporteurs néerlandais qui ont fait le déplacement en Autriche n'ont pas attendu le verdict des commissaires pour fêter leur jeune héros Max Verstappen. Une véritable marée orange recouvre le circuit et acclame, outre Verstappen, tous les membres de l'écurie Red Bull, notamment le trio autrichien Dietrich Mateschitz - Christian Horner - Helmut Marko, ravi de ce nouveau succès de leur firme à domicile. En dépit de ses 76 ans, Marko grimpe sur un marche-pied et harangue la foule le poing levé. Pendant ce temps-là, des mécaniciens de Red Bull vêtus t-shirts jaunes (couleur du casque de Verstappen pour ce week-end) livrent des canettes de boisson énergisante aux fans assoiffés.
Un Japonais jouit aussi des vivats de la foule: Seiji Kuraishi, le vice-président de Honda, sourit jusqu'aux oreilles. Il aura fallu attendre près de quatre saisons et demie, soit soixante-et-onze Grands Prix avec McLaren, puis Toro Rosso et Red Bull, pour que la marque nippone remporte une course sous l'ère hybride. C'est aussi la première victoire de Honda en F1 depuis le GP de Hongrie 2006 ! « Honda berankt ! Honda berankt ! » clament les Bataves en délire. Aussi, le retard sur le podium de Toyoharu Tanabe, le directeur technique, chargé de recevoir le trophée du constructeur, est vite pardonné. Cette victoire récompense les immenses efforts des motoristes japonais pour fiabiliser leur moteur hybride, longtemps considéré comme une absurde usine à gaz, et dont d'ailleurs plus personne ne voulait il y a à peine deux ans, lors de la rupture avec McLaren. « Merci évidemment à Max, pour son fantastique pilotage, et à Red Bull qui lui a donné une voiture exceptionnelle », déclare Tanabe, très ému. « Nous ne devons pas oublier la formidable contribution de Toro Rosso qui nous a aidés à nous remettre sur les rails l'an dernier. Cette victoire est aussi une façon de remercier tous nos supporters, partout dans le monde, pour leur soutien sans faille. Nous sommes revenus en F1 en 2015, mais cette journée donne l'impression d'un nouveau départ. Mais nous ne devons pas nous relâcher. Un lourd travail nous attend encore. » Et en effet, si Honda revient de loin, l'écart entre son groupe propulseur et ceux de Mercedes et de Ferrari est encore tel qu'aucun répit ne peut être laissé à ses concepteurs.
Ferrari a donc encore manqué une occasion de remporter sa première victoire en 2019. La faute n'en revient pas seulement à l'impressionnante chevauchée de Verstappen, mais à la stratégie adoptée par les Rouges. Parti en pneus tendres, Charles Leclerc a dû chausser les pneus durs dix tours plus tôt que le Hollandais et était ainsi moins rapide en fin de course. Ferrari voulait en fait « couvrir » la stratégie des Mercedes et s'est trompée d'adversaire. Néanmoins, Mattia Binotto affirme que ni Leclerc ni son équipe ne sont démoralisés: « Certes, nous avons laissé passer une belle opportunité, mais il faut souligner les progrès accomplis. Charles n'a pas besoin d'être consolé. Lorsqu'il reviendra dans la voiture, il sera encore plus motivé que d'habitude. »
Un de chute pour Mercedes. Le constructeur allemand n'égalera pas le record de onze succès consécutifs établis par la paire McLaren-Honda en 1988. C'est la troisième fois qu'il bute sur cette barrière des dix victoires de rang. Lewis Hamilton et Valtteri Bottas n'ont pu défendre leurs chances à cause d'incessants problèmes de surchauffe. « Nous savons depuis le début de la saison que le refroidissement est notre talon d'Achille », admet Toto Wolff. « Les pilotes devaient lever le pied de l'accélérateur pendant 400 mètres et le régime moteur avait été baissé. Nous n'avons pas disputé une course. Nous avons juste roulé. » « Je n'ai pas eu le sentiment de courir », opine Bottas, « je devais seulement préserver les pneus et économiser de l'essence... » « Nous n'avions aucun rythme », lâche pour sa part un Hamilton sibyllin. Cela est désolant pour les Gris. Mais de là à imaginer le championnat relancé...
Tony