Lance Stroll, un ado chez Williams
Sans surprise, Williams annonce le 3 novembre que l'adolescent canadien Lance Stroll, qui vient tout juste de fêter ses 18 ans, sera son deuxième pilote en 2017. Stroll ne doit pas cette exceptionnelle ascension qu'à son seul talent. Son père le milliardaire Lawrence Stroll a en effet financé de A à Z la carrière de son fiston, lequel a depuis le karting toujours disposé de moyens faramineux, et donc d'un matériel souvent meilleur que celui de ses adversaires. Selon le journaliste allemand Michael Schmidt, l'homme d'affaires aurait déboursé près de 80 millions de dollars à cet effet ! Il aurait ainsi tout bonnement racheté l'équipe italienne Prema avec laquelle Lance a remporté les championnats de Formule 4 et de Formule 3 en 2014 et 2016. Pour l'année prochaine, sa « subvention » auprès de Williams s'élèverait à 35 millions de dollars !
Néanmoins, Lance Stroll n'est pas que l'archétype du « fils à papa » et n'a rien d'une dilettante. Son arrivée en Formule 1 est minutieusement préparée, toujours grâce aux bons soins de son paternel. Williams lui a en effet offert cette année six jours d'essais sur quatre circuits différents (Silverstone, Budapest, Zeltweg et Monza) au volant d'une FW36 de 2014, tout en mobilisant pas moins de vingt mécaniciens et de cinq ingénieurs motoristes de Mercedes. Il a en outre pu tester les futurs pneumatiques larges de Pirelli. Pour couronner le tout, Stroll père aurait offert un nouveau simulateur à Williams !
Transferts: Ocon chez Force India, Magnussen vers Haas
Esteban Ocon échappe semble-t-il pour de bon au giron de Renault Sport. Mercedes a en effet décidé de placer le jeune Français chez Force India en 2017, en remplacement de Nico Hülkenberg parti chez... Renault. Ocon s'adjuge ainsi un baquet qui semblait destiné à Pascal Wehrlein, son prometteur équipier chez Manor. Cette promotion paraît quelque peu injuste car, depuis le début de leur cohabitation, l'Allemand a nettement le dessus sur son coéquipier. « J'ai un peu de mal à comprendre », admet Wehrlein. « J'ai été prévenu par Mercedes, par Toto Wolff. Ils me disent que c'est la décision de Force India. Je veux en tirer les leçons, savoir ce qui n'a pas fonctionné pour moi et quelle est la raison derrière ce choix. C'est un petit pas en arrière mais rien de plus. Disons que ce n'est pas facile à encaisser... »
Renault a cherché à attirer Carlos Sainz Jr., Daniil Kvyat, Valtteri Bottas et Esteban Ocon, sans succès. Elle a donc proposé à Kevin Magnussen une prolongation de contrat d'un an que celui-ci, comprenant bien qu'il n'était qu'un choix par défaut, a refusé. Du coup, en désespoir de cause, l'écurie franco-britannique conservera en 2017 Jolyon Palmer, pilote valeureux mais très limité.
Quant à Kevin Magnussen, il remplacera Esteban Gutiérrez chez Haas. Le pilote mexicain n'a certes pas démérité cette saison, mais il a eu bien moins de réussite que Romain Grosjean et n'a pas inscrit le moindre point. La décision du Danois peut surprendre car, si Haas s'est montrée cette saison plus performante que Renault, les moyens financiers du géant français devraient lui permettre de renverser la tendance très prochainement. En tout cas, avec un futur duo Grosjean - Magnussen, le team de Gene Haas devient l'asile de tous les déçus de la marque au losange...
La mauvaise passe de Sebastian Vettel
Au soir du Grand Prix du Mexique, Ferrari a porté réclamation contre la pénalité infligée à Sebastian Vettel. Cet appel est en toute logique rejeté au Brésil. En revanche, le pilote allemand s'est excusé pour ses insultes envers Charlie Whiting. Celui-ci n'a pas désiré que son contempteur soit sanctionné comme cela fut un temps envisagé par les autorités. Vettel s'est par ailleurs entretenu avec Max Verstappen pour mettre les choses au point après leur altercation mexicaine.
Le quadruple champion du monde apaise donc la situation, mais n'en traîne pas moins derrière lui la fâcheuse image d'un impulsif brouillon. Sa saison 2016 apparaît en effet bien médiocre pour un pilote de ce calibre. Sans doute grisé par les quelques succès remportés par la Scuderia en 2015, il est déboussolé par le faible niveau de la SF16-H. D'où une conduite de plus en plus erratique, de nombreuses fautes de pilotage, notamment lors des départs (Belgique, Malaisie) et une grande nervosité qu'il extériorise en pestant pour un oui ou pour un non à la radio. Vettel est déçu et déçoit, au point d'être maintenant souvent dominé par Kimi Räikkönen qu'il avait mis sous l'éteignoir l'an passé. Néanmoins, ce n'est pas la première fois dans sa déjà longue carrière que ce pilote discret et sensible connaît des passages à vide. Il a toujours su remonter la pente jusqu'ici.
McLaren: Ron Dennis mis dehors
Il faut toujours se méfier des amis de trente ans ! Ron Dennis en fait l'amère expérience depuis quelques mois. Il est en effet la cible d'une fronde menée par Mansour Ojjeh, son partenaire depuis 1983 et l'aventure McLaren-TAG, visant ni plus ni moins qu'à le chasser de la présidence du McLaren Group. Ojjeh, propriétaire à 25 % de la firme, comme Dennis, estime que celle-ci doit entamer un nouveau chapitre de son histoire, et s'appuie pour cela sur le fonds d'investissement bahreïni Mumtalakat, l'actionnaire majoritaire. Dennis tente de démarcher des investisseurs chinois pour reprendre le contrôle de la structure, en vain. Il se rabat alors vers la Haute Cour de Londres qui tranche en sa défaveur.
Vendredi 11 novembre, la paire Ojjeh - Mumtalakat procède à un vote de défiance à l'encontre de Dennis qui devrait être démis de ses fonctions de président-directeur-général dans les semaines à venir. C'est une triste fin de carrière pour l'homme qui a fait entrer le nom de McLaren dans la légende de l'automobile...
Présentation de l'épreuve
Nico Rosberg peut mettre fin au suspense au Brésil en remportant enfin sa première couronne mondiale. Il doit pour cela inscrire au moins sept points de plus que son coéquipier Lewis Hamilton. Une victoire peut donc lui suffire. A priori, l'Allemand a de très bons atouts en main. Il a en effet gagné à Interlagos en 2014 et 2015 tandis que Hamilton n'y a jamais remporté la moindre victoire. Rosberg balaie cependant tout triomphalisme et reste prudent. « Je n'ai pas gâché une seule seconde à envisager comment je fêterais mon titre », assène-t-il. « Toute pensée de ce genre me semble hors de propos... » Quant à son rival, il apparaît très détendu et se fait remarquer en publiant une vidéo dans laquelle il fait un câlin à un gros tigre... Plus sérieusement, Hamilton reprend ici un casque de couleur jaune pour rendre hommage à Ayrton Senna. Felipe Massa, dont c'est le dernier Grand Prix à domicile, adopte lui-aussi un couvre-chef spécial.
Comme prévu, Haas utilise ici de nouveaux disques de freins fabriqués par Carbone Industrie, en remplacement des pièces fournies par Brembo. Romain Grosjean, Esteban Gutiérrez et le troisième pilote Charles Leclerc sont aussi chargés de tester à le « halo » censé être fixé par-dessus le cockpit des monoplaces à compter de 2018.
Sauber poursuit la reconstruction de son département technique. Après les recrutements de Xevi Pujolar, Nicolas Hennel et Ruth Buscombe, c'est Jörg Zender qui fait son retour à Hinwil avec le titre de directeur technique. Il fut jadis ingénieur en chef de l'écurie suisse entre 2006 et 2010. Après avoir bourlingué de Toyota à BAR, de Williams à Brawn, Zender était depuis 2015 directeur technique d'Audi en Endurance. Le retrait de cette firme le libère et l'autorise donc à revenir en Formule 1. Mais beaucoup se demandent comment ce nouveau staff pourra développer l'an prochain une monoplace compétitive avec un moteur Ferrari vieux d'un an...
Suite à la retraite de Felipe Massa, le pétrolier brésilien Petrobras cessera de sponsoriser Williams à l'issue de cette saison. Cela n'aura pas d'incidence technique puisqu'à l'instar de Mercedes l'équipe britannique utilise du carburant Petronas. Petrobras souhaite dorénavant promouvoir ses propres produits et négocierait en ce sens avec une autre officine, probablement Toro Rosso. Enfin, toujours à propos de Williams, une meilleure nouvelle: Sir Frank est sorti de l'hôpital, guéri de la pneumonie dont il souffrait depuis quelques semaines.
Essais et qualifications
Les premières sessions d'essais du vendredi sont dominées par Hamilton, avant que Rosberg ne signe le meilleur chrono samedi matin. Il fait très chaud à São Paulo et les risques d'orages sont assez élevés. Une averse tombe d'ailleurs sur le circuit samedi matin.
Lors des qualifications, les Mercedes sont les seules monoplaces à passer sous la barre d'1'11''. Hamilton conquiert la soixantième pole position de sa carrière, un dixième devant Rosberg. Les Ferrari (Räikkönen 3ème, Vettel 5ème) et les Red Bull (Verstappen 4ème, Ricciardo 6ème) sont à plus d'une demi-seconde des Flèches d'Argent. Grosjean crée la surprise en plaçant sa Haas-Ferrari au septième rang. C'est la meilleure qualification de l'écurie américaine depuis ses débuts. Gutiérrez (12ème) n'a lui put atteindre la Q3. Les Force India (Hülkenberg 8ème, Pérez 9ème) sont comme toujours d'excellents outsiders.
Fortunes diverses chez McLaren-Honda: si Alonso (10ème) démontre la relative compétitivité de la MP4/31, Button (17ème) déplore une adhérence précaire. Très rapides aux essais, les Williams-Mercedes (Bottas 11ème, Massa 13ème) s'effondrent dès la deuxième phase des qualifications, à cause d'un soudain sous-virage. Les Toro Rosso-Ferrari (Kvyat 14ème, Sainz 15ème) sont en retrait, tout comme les Renault (Palmer 16ème, Magnussen 18ème). Au bas de la feuille des temps, les Manor de Wehrlein et d'Ocon précèdent les Sauber d'Ericsson et de Nasr. Cependant, c'est Ocon qui s'élancera dernier car il reçoit une pénalité de trois places pour avoir gêné Palmer en Q1.
Le Grand Prix
A partir de dimanche matin, des averses continues s'abattent sur Interlagos, détrempant complétement la piste. C'est une catastrophe pour la direction de course qui tremble à l'idée de faire courir le moindre risque aux milliardaires casqués. Dès le tour de mise en grille, la peur grimpe d'un cran lorsque Grosjean glisse sur une rigole et percute le mur dans la montée vers les stands. Sa Haas est détruite, et le Franco-Suisse ne pourra pas prendre le départ, ruinant ainsi sa splendide qualification de la veille. « En vingt-quatre heures, je passe de héros à zéro... » se lamente-t-il.
La pluie s'intensifiant vers 14 heures, Charlie Whiting décide de reporter le départ de dix minutes. Celui-ci sera donné sous les ordres de la voiture de sécurité. Les pilotes redoutent surtout le comportement des pneumatiques Pirelli bleus, dits « maxi-pluie » qui ne draineraient pas suffisamment l'eau de pluie. L'adhérence sera extrêmement précaire. Cependant, là encore, la stupidité du règlement fédéral est en cause. En effet, pour on ne sait quelle raison, les mécaniciens n'ont plus le droit de modifier les réglages des voitures entre le samedi et le dimanche. Par conséquent, celles-ci sont aujourd'hui réglées pour les qualifications de la veille, soit pour une piste sèche ! Les suspensions ne conviennent donc pas aux conditions météorologiques et les pneus fonctionnent mal...
Départ: Finalement, à 14 h10, les vingt-et-une monoplaces s'ébranlent derrière la voiture de sécurité. L'asphalte est très mouillé et les bolides soulèvent, même à faible allure, d'importantes gerbes d'eau.
1er tour: La portion la plus rapide du tracé, celle qui s'étend de Juncao à l'Esse de Senna, est la plus humide et donc la plus dangereuse.
3e: La parade des bolides derrière la Safety Car se poursuit. Ce faisant, les pneus Pirelli se refroidissent, leur pression chute, et leurs rainures auront donc plus de mal à évacuer l'eau lorsqu'il s'agira de mettre les gaz.
4e: Ricciardo et Sainz demandent par radio que le départ soit donné. Magnussen les appuie. La piste est très mouillée certes, mais pas impraticable
6e: Charlie Whiting refuse toujours de donner le feu vert. Hamilton se rend compte que de l'eau pénètre dans son casque. Il ne peut s'en prendre qu'à lui-même puisqu'il a omis de rehausser sa visière avec de l'adhésif, comme l'ont fait ses collègues.
7e: Bernd Mayländer, le pilote de la voiture de sécurité, reçoit enfin l'ordre de s'effacer au tour de suivant. Hamilton devance Rosberg, Räikkönen, Verstappen, Vettel, Ricciardo, Hülkenberg, Alonso, Pérez, Massa, Bottas, Gutiérrez, Kvyat, Sainz, Palmer, Button, Magnussen, Wehrlein, Ericsson, Nasr et Ocon.
8e: Les drapeaux verts sont agités et la course démarre enfin. Hamilton demeure en tête. Verstappen déborde Räikkönen au premier freinage. Alonso double Pérez. Gutiérrez sort dans le gazon avant de passer la ligne puis repart. Magnussen entre aux stands pour chausser des pneus « verts », c'est-à-dire les intermédiaires !
9e: Hamilton a deux secondes d'avance sur Rosberg. Verstappen emprunte des trajectoires très larges inspirées du karting et roule plus vite que l'Allemand de Mercedes. Button chausse lui aussi les intermédiaires... alors que le bitume est parsemé de flaques d'eau stagnante.
10e: Alonso, Bottas, Massa, Kvyat, Ericsson et Palmer entrent aux stands et mettent tous les gommes intermédiaires. Déconcentré par une discussion avec son ingénieur de piste, Vettel part en aquaplanage en abordant le sommet de la côte. Il dérape dans la pelouse puis part en toupie. Il parvient à ne rien heurter, redémarre et regagne les stands.
11e: Vettel observe un long arrêt aux stands et repart lui aussi en pneus intermédiaires.
12e: Hamilton précède Rosberg (3s.), Verstappen (6.3s.), Räikkönen (16s.), Ricciardo (17.6s.), Hülkenberg (19.8s.), Pérez (27.7s.) et Sainz (30.2s.). Nasr est un étonnant neuvième devant les Manor d'Ocon et de Wehrlein.
13e: Ericsson mord la bordure à Subida dos Boxes. La Sauber lui échappe aussitôt, part en tête-à-queue et heurte le rail par la gauche. Elle rebondit en piste et finit sa course à l'entrée des stands. Son aileron avant est planté en plein milieu de la route. La voiture de sécurité réapparaît. Verstappen arrive à son garage pour chausser les intermédiaires, imité par Ricciardo. Mais entre leurs deux arrêts, le feu rouge s'est allumé à l'entrée des stands...
14e: Les monoplaces se regroupent derrière la Safety Car. Hamilton et Rosberg choisissent de rester dehors car il y a encore énormément d'eau sur la piste. Mais, curieusement, dans ce contexte les pneus intermédiaires paraissent aussi performants (ou moins médiocres...) que les pneus pluie.
15e: Pérez glisse au pied de la remontée vers les stands et exécute un 360°, sans conséquence.
17e: Les commissaires évacuent la Sauber accidentée et ses débris. Palmer et Kvyat passent aux stands, le premier pour remettre les pneus pluie, le second pour reprendre un jeu d'intermédiaires.
19e: La course va reprendre au tour suivant. Mais la pression des pneus s'est effondrée et l'adhérence risque d'être extrêmement précaire au redémarrage.
20e: La voiture de sécurité rejoint son box. La meute est lâchée. Et ce qu'on redoutait se produit: Räikkönen part en aquaplanage à 250 km/h au moment où il coupe la ligne de chronométrage ! La Ferrari pique vers la droite, heurte le mur, part en toupie, puis rebondit à deux reprises contre les glissières de gauche. Malgré la brume, les pilotes qui suivent évitent la voiture folle, mais d'extrême justesse en ce qui concerne Ocon. Un peu en amont, au « coude », Palmer heurte Kvyat par l'arrière, à assez faible allure heureusement. Mais le désordre est tel que Charlie Whiting décide cette fois de brandir le drapeau rouge.
21e: Räikkönen s'extrait sans mal de sa voiture pendant que les monoplaces regagnent la voie des stands.
Le Grand Prix est interrompu pour un long moment. Pourtant, il ne pleut pas plus que précédemment. L'accident de Räikkönen a pour origine la trop longue distance parcourue durant la neutralisation. Les hésitations de la direction de course, de Whiting et du collège des commissaires, ici présidé par Mika Salo, sont seules en cause.
Il est alors 15h47. Les malheureux spectateurs patientent vingt minutes avant que l'on se décide à renvoyer les voitures en piste. Entretemps, tous les pilotes sont autorisés à changer leurs pneus, ce qui est un véritable cadeau offert aux pilotes Mercedes qui n'auront pas ainsi à s'arrêter cet après-midi. Ricciardo écope d'une pénalité de cinq secondes pour être entré aux stands alors que cela était interdit. Hülkenberg change son aileron avant qui a reçu des débris de la Ferrari de Räikkönen. Palmer quant à lui ne repartira pas car son train avant est trop endommagé après la collision avec Kvyat. A 16h21, le peloton quitte les stands, évidemment derrière l'inévitable Mayländer. Sur ordre de Whiting, tout le monde repart en « pneus bleus ».
22e: La piste est tout aussi détrempée qu'une demi-heure plus tôt. Hamilton emmène le peloton devant Rosberg, Verstappen, Pérez, Sainz, Hülkenberg, Nasr, Ricciardo, Ocon, Wehrlein, Alonso, Bottas, Magnussen, Button, Vettel, Massa, Gutiérrez et Kvyat.
23e: Hülkenberg s'arrête chez Force India pour remplacer son pneu arrière-droit qui est crevé. Il chute au quinzième rang.
26e: La ronde infernale se poursuit sous les sifflets du public. Verstappen teste ses freinages, au point de se porter régulièrement à la hauteur de Rosberg qui s'en agace.
28e: Hamilton prétend que la piste est praticable et s'impatiente...
29e: Nouveau coup de théâtre: Whiting brandit à nouveau le drapeau rouge ! C'est la consternation dans les cockpits, les garages, et surtout dans les tribunes. Les spectateurs brésiliens, qui ne sont pas des « pigeons » mais d'authentiques passionnés, manifestent bruyamment leur colère devant cette mascarade.
A 16h37, les pilotes s'immobilisent derechef dans l'allée des stands. Personne ne comprend ce qui se passe dans la tête de Mister Whiting. Certes, un crachin tombe toujours sur São Paolo, certes la trajectoire est humide et la visibilité faible, mais depuis que la course automobile existe, les pilotes ont souvent roulé dans des circonstances autrement plus délicates !
Vingt nouvelles minutes s'égrènent dans l'ennui. L'heure avançant, il fait de plus en plus sombre et beaucoup pensent que le Grand Prix ne repartira pas. Lewis Hamilton déambule dans le paddock avec son walkman sur la tête... Finalement, à 16 heures, ordre est donné à messieurs les champions de remonter pour la troisième fois dans leur bolide. On peut supposer que Bernie Ecclestone a lavé la tête de Charlie Whiting...
30e: Les voitures repartent, bien entendu toujours derrière la Safety Car. Hélas, la pluie s'intensifie et les concurrents n'y voient goutte, si l'on peut dire ! On pressent donc un nouveau drapeau rouge quand Whiting annonce le drapeau vert pour le 32ème tour ! A Dieu vat !
32e: Le Grand Prix reprend enfin. Hamilton conserve le commandement tandis que Verstappen menace Rosberg. Il lui fait l'extérieur dans la Curva do Sol et s'empare de la deuxième position. Alonso double Wehrlein. Massa s'arrête chez Williams et chausse les gommes intermédiaires.
33e: Verstappen n'est qu'à une seconde de Hamilton. L'averse a enfin cessé. Ricciardo double Sainz et Vettel efface Bottas.
34e: Vettel dépasse Wehrlein qui perd pied au volant d'une Manor presque dépourvue d'appui aérodynamique.
35e: Hamilton précède Verstappen (1.5s.), Rosberg (4.5s.), Pérez (8.6s.) et Ricciardo (10.8s.). Alonso dépasse Ocon. Button prend les Pirelli intermédiaires.
36e: Hamilton réalise le meilleur chrono depuis le départ: 1'25''693'''. Hülkenberg remonte et double Magnussen puis Wehrlein.
37e: Vettel prend la neuvième position à Ocon.
38e: Verstappen part en aquaplanage au début de la grande côte. La Red Bull se cabre vers la gauche, mais dans un réflexe inouï le Néerlandais parvient à la redresser et à éviter le mur. Mieux: lorsqu'il remet les gaz, Rosberg est toujours derrière lui !
39e: Hamilton est en tête devant Verstappen (6.7s.), Rosberg (8.3s.), Pérez (15s.), Ricciardo (15.5s.), Sainz (19.7s.), Nasr (27.2s.), Alonso (28.4s.), Vettel (29.6s.), Ocon (34s.) et Hülkenberg (35.6s.). Bottas est au stand Williams pour mettre les pneus verts.
40e: Ricciardo s'arrête chez Red Bull pour observer sa pénalité et prend des gommes vertes.
41e: Vettel menace Alonso et évite de nouveau un tête-à-queue en abordant la montée. Magnussen passe en intermédiaires.
42e: Vettel déborde Alonso au virage n°12. L'Asturien tente de lui résister, mais il se fait tasser vers l'extérieur au virage de Juncao et s'incline. Ricciardo est le pilote plus rapide en piste et signe un temps d'1'25''532'''.
43e: En fin de tour, Verstappen passe par les stands et prend les pneus intermédiaires, visiblement plus efficaces, à l'instar de son coéquipier. Hülkenberg attaque Ocon et le pousse hors des limites de la piste dans la descente vers le lac.
44e: Ricciardo dépasse à son tour Ocon.
45e: Rosberg part en aquaplanage entre les virages n°12 et 13. Il mord sur la pelouse mais parvient à rester en piste. Vettel dépasse Nasr au premier virage. Button juge ses gommes vertes complétement inefficaces et préfère reprendre les pneus pluie.
47e: Hamilton est premier devant Rosberg (18.2s.), Pérez (26.3s.), Sainz (32.5s.), Verstappen (35.1s.), Vettel (42.1s.), Nasr (46s.), Alonso (46.9s.), Hülkenberg (47.6s.), Ricciardo (48s.), Ocon (53s.) et Kvyat (1m. 07s.).
48e: Massa dérape sur la bosse de Subida dos Boxes. Il lèche le mur extérieur avec sa roue arrière-droite, puis part en tête-à-queue et s'écrase contre le rail interne. La voiture de sécurité revient sur le circuit. Gutiérrez regagne les stands et évite de peu la Williams accidentée.
49e: Les voitures se rangent derrière la Safety Car. Massa sort sans dommage de son bolide, sous les acclamations de la foule. Il se saisit d'un drapeau brésilien, s'enroule dans ses plis et rejoint les stands en saluant ses nombreux supporteurs.
51e: Une grue pénètre sur le circuit pour enlever la Williams de Massa. Pendant ce temps, les mécaniciens de Ferrari et de Mercedes accueillent le Pauliste par une ovation. Felipe tombe dans les bras de son épouse Anna Raffaela et de son fils Felipinho. Une image émouvante qui ferait presque oublier que le Grand Prix n'est pas fini... et que la pluie recommence à tomber !
52e: Cette nouvelle averse ruine la stratégie de Red Bull. Ricciardo revient aux stands pour reprendre les pneus « full wet ». Wehrlein change aussi ses gommes.
54e: Cette énième neutralisation s'éternise. Verstappen use ses pneus verts et se résout lui aussi à repasser par son garage pour reprendre les « bleus ». C'est une catastrophe pour le jeune Hollandais qui chute au seizième rang.
55e: La course va reprendre au prochain passage. Hamilton est désormais leader devant Rosberg, Pérez, Sainz, Vettel, Nasr, Hülkenberg, Ocon, Kvyat, Bottas, Ricciardo, Wehrlein, Magnussen, Gutiérrez, Verstappen et Button
56e: Le drapeau vert est agité. Hamilton garde l'avantage sur Rosberg qui reste très prudent. Alonso part en tête-à-queue dans la montée vers les stands. Il ne tape rien mais perd plusieurs places. Verstappen double Magnussen et Gutiérrez.
57e: Ricciardo et Verstappen se fraient un chemin dans le peloton, malgré les terribles projections d'eau. L'Australien double Bottas et le Néerlandais dépasse Wehrlein.
58e: Hamilton précède Rosberg (3.3s.), Pérez (7s.), Sainz (9.3s.), Vettel (10.6s.), Nasr (12.6s.), Hülkenberg (13.3s.), Ocon (15.5s.) et Kvyat (16.1s.). Derrière le Russe se trouvent Ricciardo et Verstappen.
59e: Nasr tient absolument à inscrire des points cruciaux pour Sauber et résiste à Hülkenberg. Il lui coupe la trajectoire à Subida do Lago. Les deux Red Bull sont roues dans roues. Bien plus véloce que son équipier, Verstappen lui fait l'extérieur à Juncao.
60e: Hülkenberg double Nasr dans la Curva do Sol. Verstappen est absolument déchaîné. Défiant les éléments, il laisse littéralement Kvyat sur place et fond sur la faible Manor du valeureux Ocon.
61e: Verstappen bute un temps sur Ocon avant de le doubler au douzième virage. Gutiérrez revient à son garage et renonce suite à des problèmes électriques. A peine sorti de son habitacle, le jeune Mexicain, très courroucé, a une altercation avec Guenther Steiner.
62e: Ricciardo dépasse Kvyat à l'Esse de Senna. Verstappen est revenu sur Nasr. Celui-ci se défend en tassant le Hollandais vers la gauche dans la Reta Oposta. Mais Max ne bronche pas et s'impose au freinage.
63e: Hamilton a six secondes de marge sur Rosberg. Il pleut désormais au niveau de la pit-lane. Verstappen est aux trousses de Hülkenberg. Ricciardo déborde Ocon.
64e: Ricciardo déborde Nasr par l'extérieur au premier virage.
65e: Hamilton devance Rosberg (7.8s.), Pérez (19.6s.), Sainz (22.9s.) et Vettel (23.4s.). Verstappen est dans les échappements de Hülkenberg. Il parvient à dépasser la Force India à Subida do Lago.
66e: Verstappen est absolument époustouflant. Le voici sur les talons de Vettel. Il tente de lui faire l'extérieur au quatrième virage, en vain. Il demeure dans son sillage dans la portion sinueuse, puis se porte à sa hauteur à Juncao. Placé à gauche, Verstappen reste à la corde et contraint Vettel à mordre sur la bordure gazonnée. Un dépassement viril...
67e: Verstappen se défait sans mal de Sainz puis décroche le meilleur tour de la course (1'25''305'''). Hamilton devance Rosberg (8.8s.), Pérez (21.6s.), Verstappen (23s.), Sainz (25.7s.), Hülkenberg (26.4s.), Ricciardo (28.1s.), Nasr (28.7s.), Ocon (38s.), Kvyat (39.5s.), Alonso (41s.) et Bottas (41.2s.).
68e: Pérez est la dernière cible de Verstappen. Plus loin, Alonso et Bottas menacent le duo Ocon - Kvyat.
69e: Verstappen déborde Pérez par l'extérieur du « bec de canard », mais glisse sur une flaque. Le Mexicain garde l'avantage dans l'enchaînement suivant mais son adversaire ne change pas de trajectoire. Verstappen se retrouve donc à l'intérieur avant Juncao et y dépasse Pérez. Alonso et Bottas doublent Kvyat.
70e: Dix secondes séparent les Mercedes. Vettel dépasse Sainz. Alonso prend la dixième place à Ocon. Le jeune Français est à l'agonie et cédera à Bottas au tour suivant.
71ème et dernier tour: Plus de trois heures après le départ, Lewis Hamilton remporte sa neuvième victoire de la saison devant son équipier Rosberg. Verstappen finit troisième après une course tout bonnement exceptionnelle. L'excellent Pérez termine quatrième devant Vettel. Sainz obtient une superbe sixième place avec sa modeste Toro Rosso. Il devance Hülkenberg et Ricciardo. Nasr finit neuvième et ouvre enfin le compteur de Sauber cette saison. Alonso est dixième. Suivent Bottas, Ocon, Kvyat, Magnussen, Wehrlein et Button.
Après la course
Cette course très éprouvante s'achève donc par la victoire de Lewis Hamilton, lequel réduit l'intervalle qui le sépare de Nico Rosberg à douze points. L'épilogue du championnat du monde est donc reporté à Abou Dhabi. Bien moins à l'aise que son équipier sur piste humide, Rosberg a eu la sagesse de ne pas tenter le diable cet après-midi. « Dans la montée, il y avait un gros aquaplanage et beaucoup de pilotes sont sortis de la piste », raconte l'Allemand. « Je me suis fait une petite frayeur quand j'ai fait un tête-à-queue à cet endroit mais heureusement ce n'était pas à vitesse élevée, donc j'ai pu contrôler la voiture. Lewis a fait un meilleur travail aujourd'hui et il méritait la victoire, donc je dois me contenter de la deuxième place. »
Hamilton se réjouit quant à lui de gagner enfin au Brésil, sur les terres de son idole Ayrton Senna. Il a fait preuve d'une maîtrise absolument remarquable et n'a jamais paru inquiet. « Évidemment, dans ces conditions j'aurais facilement pu faire une erreur n'importe quand... » avoue-t-il. « Mais dans l'ensemble j'étais très détendu en piste aujourd'hui. J'adore rouler sous la pluie. Ça doit venir de mes années de course au Royaume-Uni quand j'étais enfant ! »
Mais le héros du jour est bien sûr Max Verstappen, auteur d'une remontée époustouflante, de la seizième à la troisième place en treize tours ! Le Batave a livré un récital digne des plus grands « princes de la pluie », Jacky Ickx, Ayrton Senna, Michael Schumacher... et bien sûr Lewis Hamilton. Pour Christian Horner, sa performance est comparable à celle réalisée par Senna à Monte-Carlo en 1984.
Si le championnat du monde des pilotes reste ouvert avant la dernière épreuve, il n'y a en revanche plus aucun suspens au classement des constructeurs. Red Bull est assurée de finir deuxième devant Ferrari, tandis que Force India a définitivement repoussé Williams au cinquième rang.
Il pleut, il mouille...
Ce GP du Brésil très mouvementé a aussi irrité bon nombre de spectateurs, contraints de patienter près de deux heures avant de voir la course réellement commencer. Charlie Whiting, Herbie Blash et leurs assistants ont tergiversé tout l'après-midi, interrompant et relançant l'épreuve au gré des différentes péripéties. Ils n'ont pas compris que les conditions climatiques, très précaires, ne laissaient espérer aucune amélioration et ont ainsi imposé deux neutralisations inutiles et trop longues. Ils redoutaient certainement qu'un accident grave se produise. Mais conduire sous la pluie est et sera toujours dangereux. Par conséquent, il serait bon que la fédération clarifie sa position sur ce point et permette ou non aux pilotes de courir sur une piste humide. Par ailleurs, elle devrait aussi permettre à Pirelli d'éprouver plus fréquemment ses pneus sculptés. Il est tout de même affligeant de constater que les monoplaces aujourd'hui ont moins d'adhérence sous la pluie qu'il y a dix ou vingt ans.
Des réformes de bon sens s'imposent pour que la F1 retrouve l'audace, la témérité, l'héroïsme qui firent jadis sa gloire et sa popularité. On l'a vu aussi ce dimanche: ces pilotes sont de merveilleux acrobates dans des conditions extrêmes... pour peu qu'on les laisse s'exprimer...
Tony