Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Ferrari
Mika HAKKINEN
 M.HAKKINEN
McLaren Mercedes
David COULTHARD
 D.COULTHARD
McLaren Mercedes

658. Großer Preis

XVI Magyar Nagydij
Sonnig
Hungaroring
Sonntag, 13. August 2000
77 Runden x 3.968 km - 305.536 km
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F1
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Transferts: Olivier Panis chez BAR

Depuis le printemps, Craig Pollock cherche un successeur à Ricardo Zonta qui, en une saison et demie chez BAR, n'a pas confirmé le talent entrevu en Formule 3000 ou en Super-Tourisme. Le manager écossais songe d'abord à Jenson Button ou Pedro de la Rosa, avant d'arrêter son choix sur Olivier Panis. En cette saison 2000, celui-ci occupe avec brio les fonctions d'essayeur pour McLaren-Mercedes. Le Grenoblois est à la fois rapide, précis, perspicace, et joue un rôle essentiel dans le développement de la MP4/15, au même titre que Mika Häkkinen et David Coulthard. Ron Dennis est si satisfait de son travail qu'il lui a proposé de renouveler son contrat jusqu'en 2003. Mais Panis, 34 ans, veut reprendre le chemin de la compétition. Il n'a plus un instant à perdre. Ses agents Keke Rosberg et Didier Coton s'entremettent en sa faveur auprès de Peter Sauber, de Tom Walkinshaw et de Flavio Briatore, avant que ne s'ouvre la piste menant à BAR-Honda. Craig Pollock comprend en effet que Jacques Villeneuve doit avoir à ses côtés un pilote chevronné, sûr, fin metteur au point (tout le contraire de Zonta...) et si possible connaissant déjà les motoristes japonais (Panis a roulé avec un moteur Mugen-Honda dans le dos entre 1995 et 1997).

 

Engager le vainqueur du GP de Monaco 96 apparaît ainsi comme une évidence. Oh, certes, Villeneuve, toujours capricieux, aurait bien poussé son copain l'essayeur Patrick Lemarié, grand limeur de bitume, mais ce dernier, du reste dépourvu de super-licence, ne saurait être qu'un Zonta-bis. Le 2 août 2000, Didier Coton et Craig Pollock concluent en faveur d'Olivier Panis un contrat de deux ans, pour 3 millions de dollars annuels. Un prix raisonnable. A titre de comparaison, Villeneuve coûtera 21 millions par an à BAR jusqu'en 2003... Panis obtient surtout une garantie de traitement équitable avec son futur équipier. Il n'y aura pas de n°1 chez BAR l'année suivante. Ron Dennis salue le départ de son essayeur en termes d'une rare élégance: « Aujourd'hui, nous sommes les seuls à connaître ton niveau de performance. Tu quittes McLaren, mais tu ne quittes pas ta famille. » Ému, Panis écrase une larme.

 

Présentation de l'épreuve

Le Grand Prix de Hongrie ressemble de plus en plus à un Grand Prix de Finlande. 25 000 Finlandais (un record) font le déplacement pour encourager leur héros Mika Häkkinen, et accessoirement Mika Salo. Cette colonie nordique se divise en deux groupes: les privilégiés qui effectuent le trajet Helsinki - Budapest par avion, et les autres qui prennent l'autocar et le ferry-boat. Tous reçoivent un fanion bleu et blanc à agiter dans les tribunes au passage de la McLaren n°1. Ces Finnois cohabitent pacifiquement avec les nombreux Allemands et Italiens venus encourager Michael Schumacher et Ferrari. Ces publics chaleureux assurent le succès de l'épreuve hongroise qui depuis quinze ans a su gagner sa place au calendrier mondial. Ce week-end, Bernie Ecclestone reçoit du maire Gábor Demszky les clefs de Budapest pour le remercier d'avoir été l'initiateur de cette grande fête populaire, à une époque où le Rideau de Fer était encore une réalité.

 

Les météorologues prévoient une chaleur étouffante pour ce Grand Prix de Hongrie, traditionnellement très éprouvant pour les pilotes. Ce week-end, les préparateurs physiques seront aussi importants que les techniciens. Balbir Singh (Ferrari), Erwin Gollner (BAR), Josef Leberer (Sauber) ou encore Pierre Baleydier (Prost) concoctent quelques « potions magiques » à base de vitamines pour éviter la déshydratation et l'épuisement qui guetteront les pilotes au bout d'une heure trois quarts de course. Certains sont mieux préparés que d'autres: Jean Alesi a ainsi escaladé le Ventoux à vélo !

 

Cette étape hongroise est capitale pour Michael Schumacher qui doit impérativement relever la tête après trois abandons consécutifs, et surtout deux accidents dès le premier virage. La star de la Formule 1 ne compte plus que deux points d'avance sur ses rivaux de McLaren-Mercedes Mika Häkkinen et David Coulthard qui paraissent détenir la monoplace la plus performante. Ferrari serait-elle en passe d'être vaincue dans la course au développement ? Jean Todt n'envisage pas cette hypothèse, même si comme à son habitude il professe la prudence et prévient que le duel avec McLaren durera jusqu'à l'ultime Grand Prix. Même son de cloche du côté de Ron Dennis, lequel maintient la balance égale entre Häkkinen et Coulthard, ex-æquo au classement mondial.

 

Michael Schumacher est une nouvelle fois la cible de ses meilleurs ennemis. David Coulthard, prétendant au titre mondial, le titille avec ironie: « Il ne sait pas contre qui porter ses coups, Häkkinen ou moi. Mais on verra ce que ça donnera au départ... » Jacques Villeneuve est plus méchant: « Schumacher ne tolère pas les critiques. Pourtant, je devrais le remercier d'avoir voulu me balancer à Jerez en 1997. Comme ça, je suis devenu champion du monde. » Cette fois, Schumacher ne prend pas la peine d'ergoter et se place au-dessus de la mêlée: « Ceux qui m'attaquent finiront par s'épuiser tout seuls. Les choses redeviendront normales. Je préfère m'expliquer franchement avec Zonta ou Fisichella qu'avec les autres. » Face à ces polémiques incessantes, ses fans ont été invités par la presse allemande à dresser la liste des « ennemis de Schumi », où se côtoient pêle-mêle Eddie Irvine, Jacques Villeneuve, David Coulthard, Ron Dennis, Eddie Jordan, Flavio Briatore Heinz-Harald Frentzen, Niki Lauda, Giancarlo Fisichella et même Mika Häkkinen ! « Ne croyez pas que j'ai tant d'ennemis ! Mes amis, eux, ne parlent pas », plaisante Schumacher.

 

Après sa première victoire à Hockenheim, Rubens Barrichello a vécu quinze jours euphoriques. Au Brésil, son exploit sature les chaînes de télévision pendant plusieurs jours, tandis que Shell et Nokia inondent le pays de campagnes publicitaires fondées sur son image. Luca di Montezemolo lui a en outre offert une montre spéciale, celle récompensant un premier succès avec Ferrari. Mais l'important est peut-être ailleurs. Barrichello n'a plus que dix points de retard sur Michael Schumacher au championnat. Et si ?... En Hongrie, le Pauliste laisse entrevoir quelque légitime ambition: « J'ai rencontré le président Montezemolo après Hockenheim. Je retiens qu'il m'a dit que l'important était que Ferrari gagne à tout prix. Peu importe avec qui. » C'est beaucoup s'avancer. Barrichello devrait s'attarder sur un commentaire très ambigu de Schumacher: « Bien sûr, la victoire de Rubens me fait plaisir. Il a tiré le maximum d'une bonne voiture. Comme Eddie Irvine, l'an passé. » Irvine, le faire-valoir qui s'est cru « n°1 » de la Scuderia lors de l'absence de Schumacher durant l'été 99, et s'y est cassé les dents. Schumacher adresse à son « ami » Rubens un avertissement hiérarchique. En tout cas, Ferrari entretient l'illusion de la stricte égalité entre ses pilotes. Afin que Barrichello ne soit plus obligé d'emprunter la voiture de Schumacher pour se qualifier, comme à Hockenheim, il bénéficie désormais de sa propre machine de réserve.

 

La situation de Prost GP paraît dramatique en cet été 2000. L'équipe de Guyancourt n'a pas de motoriste pour 2001 suite au retrait de Peugeot. Elle va sans doute perdre son principal sponsor Gauloises, son pétrolier Total, et son staff technique est privé de colonne vertébrale depuis le départ d'Alan Jenkins. A Budapest, Alain Prost reçoit le ferme soutien de Bernie Ecclestone, déterminé à aider l'unique écurie française. Mais le temps presse. Prost doit obtenir un moteur dans les plus brefs délais s'il veut dénicher des sponsors et élaborer un budget viable. Il n'envisage plus que deux pistes: un Ferrari client (fort coûteux) ou un Supertec ex-Renault (moins onéreux). Dans cette seconde perspective, Prost doit rencontrer le P-DG de Renault Louis Schweitzer après le GP de Hongrie. Mais à Boulogne-Billancourt et Viry-Châtillon, on n'a nulle envie de l'aider. Renault reviendra en 2002 avec son équipe d'usine et se satisferait tout à fait de devenir la seule représentante de l'Hexagone en Formule 1... Petite consolation: Prost peut compter sur la loyauté de son ami Jean Alesi: « Où qu'Alain aille, je le suivrai ! » clame l'Avignonnais au micro de Pierre Van Vliet (TF1).

 

Flavio Briatore confirme en Hongrie le renouvellement pour une saison du contrat de Giancarlo Fisichella avec Benetton. Le Romain est ainsi récompensé de ses trois podiums qui permettent à son équipe de pointer au quatrième rang du championnat des constructeurs, à quatre points de Williams-BMW. Toutefois, il doute de faire partie de l'aventure Renault à compter de 2002, puisque Briatore a déjà annoncé l'arrivée de son jeune protégé Jarno Trulli (avec lequel Fisichella ne s'entend guère) et a supprimé une clause de son contrat prévoyant un rehaussement salarial. « Fisico » poursuit donc avec Benetton faute de mieux. Quant à son futur équipier, son identité n'est guère mystérieuse: « Il est anglais et son patronyme commence par B », glisse Fisichella, malicieux.

 

Si les meilleurs volants sont attribués pour la saison 2001, le jeu des chaises musicales ne fait que commencer dans la seconde moitié du peloton. Sauber se cherche par exemple deux nouveaux pilotes. Mika Salo s'apprête à rejoindre le programme Toyota et Pedro Diniz pourrait déposer sa volumineuse mallette Parmalat chez Prost Grand Prix. Le Brésilien y retrouvait son ex-équipier et toujours ami Jean Alesi. A moins que ce dernier ne retourne chez Sauber, en cas de retrait d'Alain Prost. Le choix de Peter Sauber devrait néanmoins se porter sur l'autre locataire des Bleus, le jeune Nick Heidfeld. Si Diniz s'en va, la seconde voiture helvétique reviendrait à l'essayeur Enrique Bernoldi, parrainé par Red Bull. Jaguar cherche pour sa part un successeur à Johnny Herbert. Heidfeld est encore cité, mais les Verts pourraient se tourner vers Pedro de la Rosa ou leur réserviste Luciano Burti. Évincé par Benetton, Alexander Wurz se cherche un point de chute, avec pour principal argument son sponsor D2. Enfin, pour Arrows et Minardi, comme d'habitude le carnet de chèque prévaudra...

 

On aperçoit aussi dans le paddock Toranosuke Takagi, ancien pilote chez Tyrrell et Arrows, missionné par Satoru Nakajima auprès d'Alain Prost. Sur le papier, le deal simple: si Prost engage Takagi, alors il pourrait bénéficier du V10 Mugen-Honda et de l'appui de quelques sponsors japonais. Reste à savoir si Honda, qui est censé avoir liquidé la présence de Mugen en F1, donnerait son feu vert à un tel stratagème. Et puis, Takagi a beau être doué, son caractère ombrageux et sa méconnaissance de l'anglais ne plaident pas en sa faveur. « J'ai déjà donné et je ne le reprendrais pour rien au monde ! » lâche Tom Walkinshaw, qui fut son patron en 1999...

 

Deux pilotes sont, un temps, incertains pour ce Grand Prix de Hongrie. Tout d'abord Jean Alesi qui souffre des séquelles (maux de tête et d'oreille) de son impressionnante embardée à Hockenheim. Prost GP convoque l'essayeur Stéphane Sarrazin pour parer un éventuel forfait de l'Avignonnais qui est toutefois déclaré bon pour le service par le Pr. Watkins la veille des essais. De son côté, Alexander Wurz s'est blessé à la jambe lors d'essais privés sur le circuit de Valence: un élément de suspension a traversé la coque. Exactement ce qui était arrivé à Ralf Schumacher à Monaco. Néanmoins, la plaie est superficielle et Wurz est bien présent en Hongrie.

 

Sale coup pour British American Racing qui perd son second sponsor, l'opérateur canadien Teleglobe Inc. Celui-ci est en effet plongé dans la tourmente financière, avec des dettes estimées à deux milliards de dollars, et retire donc sa manne. Le renouvellement du contrat de Jacques Villeneuve n'aura pas pas suffi à retenir la compagnie canadienne. Craig Pollock doit repartir en quête de nouveaux commanditaires, puisque BAT n'entend pas financer intégralement son écurie. L'entregent de Honda sera sans doute bien utile dans ces démarches.

 

Cesare Fiorio a quitté son poste de directeur sportif chez Minardi, « d'un commun accord », selon le communiqué officiel. En vérité, le très expérimenté manager italien (61 ans) ne s'entendait plus avec son patron Gabriele Rumi. « Des divergences sont apparues lorsqu'il a fallu aborder des stratégies d'avenir », commente sobrement Fiorio. De fait, on ne sait à quoi ressemblera la Scuderia Minardi en 2001 puisque le projet de rachat par Telefónica semble définitivement enterré. Il se murmure que Gabriele Rumi, malade, chercherait à revendre ses parts...

 

Les bolides sont fortement appuyés pour le tortueux Hungaroring, mais les ingénieurs travaillent aussi sur l'aération en raison de la forte chaleur. Par exemple, les Ferrari sont pourvues d'étroites cheminées installées sur les pontons, déjà aperçues en Autriche. McLaren inaugure en qualifications des disques de frein Hitco de 22 mm d'épaisseur, combinés à des étriers AP. La MP4/15 est en outre doté d'un aileron arrière aperçu à Monaco, avec des dérives entaillées. La Williams FW22 se distingue par d'énormes cheminées de refroidissement. Son diffuseur est aussi pourvu d'une large nervure horizontale qui permet d'accroître l'incidence. Surtout, R. Schumacher inaugure une évolution du V10 BMW. La Benetton B200 reçoit une nouvelle carrosserie, avec des modifications sur le train arrière, plus abaissé. Les ailerons sont plus massifs et le profil du diffuseur est modifié. La Jaguar R1 retrouve sa carrosserie type Monaco tout en conservant les déflecteurs apparus en Allemagne. Minardi utilise pour la première fois des freins de qualifications avec des étriers réduits et des disques Brembo de 21 mm. Enfin, Prost GP utilise en course l'Évolution 4 du moteur Peugeot.

 

Essais et qualifications

Les essais du vendredi ont lieu sous une chaleur écrasante. Les McLaren-Mercedes et les Ferrari se battent toute la journée, et au final Coulthard règle tout le monde (1'18''792''') devant Häkkinen. Samedi matin, Schumacher prend l'avantage (1'17''395'''). Il précède Coulthard et Barrichello.

 

Les qualifications se déroulent dans la fournaise (plus de 30°C dans l'air) et sur une piste poussiéreuse. M. Schumacher signe sa 28ème pole position (1'17''514'''), la cinquième pour lui-même et Ferrari en 2000. Barrichello est gêné par R. Schumacher dans son dernier run et partira seulement cinquième, derrière le jeune Allemand, auprès duquel il ne dissimule pas son irritation... Coulthard (2e) estime ne pas avoir optimisé le comportement sa McLaren avec le réservoir vide. Häkkinen (3e) est peu content de sa tenue de route et retouche ses réglages au fur et à mesure du week-end. R. Schumacher (4e) obtient sa meilleure qualification sur ce tracé qui sourit aux bolides bien appuyés comme la Williams-BMW. Button est un huitième bien qu'il découvrait cette piste. Les Jordan-Mugen composent avec un fort sous-virage. Frentzen (6e) s'en sort mieux que Trulli (12e) qui abhorre les trains avant instables.

 

Chez Benetton, Fisichella (7e) peste contre M. Schumacher qui l'a gêné dans ses dernières tentatives. Wurz (11e) tâtonne dans son set-up avant d'opter pour celui de son équipier. Les Sauber-Petronas sont en forme. Salo (9e) a la chance de bénéficier d'une piste claire. Diniz (13e) est plus en retrait après avoir rencontré une panne de moteur le matin. Jaguar teste différents réglages pour atténuer un fort sous-virage. Irvine (10e) s'en tire mieux que Herbert (17e). Les Prost-Peugeot (Alesi 14e, Heidfeld 19e) manquent d'équilibre à cause d'une pression de pneu fluctuante. Le lent et sinueux Hungaroring ne convient pas du tout aux Arrows-Supertec, même si de la Rosa (15e) fait nettement mieux que Verstappen (20e). Même constat chez BAR-Honda: Villeneuve (16e) et Zonta (18e) sont en quête de grip. Les Minardi-Fondmetal se rapprochent du peloton sur ce circuit lent. Gené (21e) manque de peu l'avant-dernière ligne. Mazzacane (22e) ne roule guère en raison de soucis de boîte de vitesses.

 

Le Grand Prix

Lors du warm-up, les pilotes se contentent de ménager leurs pneus et de dépoussiérer leur emplacement sur la grille. Le meilleur temps revient à Coulthard (1'19''261''') devant M. Schumacher et Barrichello.

 

L'après-midi, les pilotes prennent place dans des cockpits mués en étuves: on recense 33°C dans l'atmosphère, 44°C sur la piste ! Les systèmes d'hydratation sont vérifiés plutôt deux fois qu'une. On estime que chaque pilote perdra entre deux et trois kilos cet après-midi. Tout le peloton sélectionne les pneus Bridgestone durs, avec des enveloppes pneus rodés à l'avant pour la plupart des pilotes pour éviter le sous-virage dans les deux premiers virages. La stratégie à deux arrêts est adoptée par tous les concurrents, sauf Trulli qui tentera de ne faire qu'un ravitaillement.

 

Prégrille: Mazzacane rencontre un nouveau bug sur sa boîte de vitesses et s'élancera depuis les stands.

 

Départ: M. Schumacher patine, tout comme Coulthard. Bien parti, Häkkinen se place dans le sillage de l'Allemand, plonge hardiment à l'intérieur au premier virage. Schumacher lui laisse peu d'espace avant de céder. Häkkinen s'empare du commandement. R. Schumacher attaque Coulthard de la même manière. Tous deux franchissent le virage roue contre roue, mais l'Écossais, mieux placé, garde l'ascendant au second tournant.

 

1er tour: Villeneuve harponne de la Rosa au freinage de la chicane et y laisse son museau. Häkkinen mène devant M. Schumacher, Coulthard, R. Schumacher, Barrichello, Frentzen, Fisichella, Button, Irvine et Wurz.

 

2e: Häkkinen, Schumacher et Coulthard se tiennent en sept dixièmes. R. Schumacher est déjà semé et contient Barrichello. Villeneuve et de la Rosa passent aux stands, le premier pour changer de nez, le second pour pallier une crevaison.

 

3e: Häkkinen appuie sur le champignon et repousse Schumacher à huit dixièmes.

 

4e: Häkkinen est le plus rapide en piste. Schumacher lui concède plus d'une seconde, Coulthard deux secondes.

 

6e: Häkkinen est premier devant M. Schumacher (2.1s.), Coulthard (3.8s.), R. Schumacher (7.2s.), Barrichello (8.6s.), Frentzen (10.8s.), Fisichella (14s.), Button (14.6s.), Irvine (15.3s.), Wurz (19s.), Salo (21s.) et Diniz (23s.).

 

8e: Victime d'un souci de balance de freins, Fisichella exécute un tête-à-queue au premier virage. Button, qui le suivait de près, manque la corde et vire large, ce qui permet à Irvine de gagner deux places d'un coup ! Fisichella repart en 14e position.

 

9e: Häkkinen tourne une demi-seconde au tour plus vite que ses poursuivants. Il compte quatre secondes d'avance sur Schumacher, cinq secondes sur Coulthard. Alesi stoppe chez Prost car sa voiture louvoie en ligne droite. Les mécaniciens vérifient sa suspension avant, puis le renvoient en piste

 

11e: Häkkinen précède M. Schumacher (5.5s.), Coulthard (7s.), R. Schumacher (13s.), Barrichello (14.6s.), Frentzen (19s.), Irvine (21s.), Button (23s.), Wurz (28s.) et Salo (31s.).

 

12e: Coulthard perd du temps en doublant l'attardé de la Rosa. Alesi fait de nouveau escale aux stands et reste immobilisé plus de trois minutes pour resserrer une biellette de suspension à l'arrière-gauche de son AP03.

 

14e: Schumacher a repris quelques dixièmes à Häkkinen. Cinq secondes les séparent.

 

15e: Fisichella opère un ravitaillement et fait vérifier ses freins défaillants. Alesi finit par renoncer car sa roue arrière-gauche a pris trop d'angle. Continuer serait périlleux...

 

16e: Häkkinen améliore le record du tour (1'20''607'''). M. Schumacher bloque ses roues avant au deuxième virage et perd ainsi quelques dixièmes. Coulthard est à deux secondes du pilote allemand.

 

17e: Häkkinen mène devant M. Schumacher (6.3s.), Coulthard (9s.), R. Schumacher (16s.), Barrichello (17s.), Frentzen (21s.), Irvine (24s.) et Button (25s.).

 

19e: Schumacher est dans le trafic. Il double Villeneuve sans peine, ainsi que son nouvel « ami » Fisichella.

 

20e: Coulthard se défait à son tour du tandem Fisichella - Villeneuve. Le Québécois en profite pour doubler le Romain.

 

21e: Häkkinen devance M. Schumacher (7.7s.), Coulthard (12.6s.), R. Schumacher (19s.), Barrichello (20.5s.), Frentzen (28s.), Irvine (31s.), Button (35s.), Wurz (39s.) et Salo (42s.).

 

23e: Häkkinen compte huit secondes de marge sur M. Schumacher, quinze secondes sur Coulthard. Barrichello est toujours dans les roues de R. Schumacher. Plus loin, Irvine se rapproche de Frentzen. Heidfeld arrive chez Prost pour ravitailler et ne repart pas suite à un défaut d'alimentation électrique.

 

24e: Les mécaniciens de Prost tentent de relancer Heidfeld à la poussette, en vain, ce qui contraint le jeune Allemand à se garer à la sortie de la pit-lane. Irvine effectue son premier pit-stop (10s.).

 

25e: Häkkinen tourne en 1'20''268''' et possède sept secondes et demie d'avance sur Schumacher. Premier arrêt de Verstappen.

 

26e: Häkkinen devance M. Schumacher (7.6s.), Coulthard (15s.), R. Schumacher (26s.), Barrichello (27s.) et Frentzen (34s.). Ravitaillement de Mazzacane. Fisichella fait remplacer ses déflecteurs, endommagés lors de sa sortie de route.

 

28e: M. Schumacher apparaît aux stands pour un premier pit-stop très court (7s.) et se relance derrière son frère et Barrichello. Arrêt aussi pour Herbert.

 

29e: M. Schumacher double Barrichello au premier tournant. R. Schumacher effectue son premier arrêt (10s.) et repart derrière son équipier Button. Zonta et Gené ravitaillent aussi.

 

30e: Häkkinen compte 17 secondes d'avance sur Coulthard, 33 secondes sur M. Schumacher. Barrichello fait escale chez Ferrari pour un bref ravitaillement (6.7s.) qui lui permet de ressortir sous le nez de R. Schumacher. Arrêts de Diniz et de Villeneuve. Salo passe aux puis au tour suivant.

 

32e: Häkkinen arrive chez McLaren. Il reprend du carburant et des pneus neufs en seulement sept secondes. Coulthard recueille provisoirement le leadership. Button fait halte chez Williams et repart devant Irvine qui a perdu du temps dans le trafic.

 

33e: Häkkinen boucle le meilleur tour de la course (1'20''028'''). Coulthard se plie à son premier pit-stop (7s.) et se réinsère en troisième position. Frentzen ravitaille et retrouve sa sixième place. Wurz passe aussi aux stands et glisse derrière Salo. Seuls Trulli et de la Rosa n'ont pas ravitaillé.

 

34e: Häkkinen mène devant M. Schumacher (13.2s.), Coulthard (18s.), Barrichello (36s.), R. Schumacher (40s.), Frentzen (46.5s.), Button (49s.), Irvine (53s.), Trulli (1m. 01s.) et Salo (1m. 04s.).

 

36e: Coulthard est revenu à trois secondes et demie de M. Schumacher. Après un nouveau tête-à-queue suite à ses inextricables problèmes de freins, Fisichella jette l'éponge.

 

38e: Häkkinen possède quinze secondes d'avance sur Schumacher. Coulthard remonte sur celui-ci, dixième par dixième. De la Rosa ravitaille pour la première fois.

 

40e: Häkkinen devance M. Schumacher (17.3s.), Coulthard (19.3s.), Barrichello (39.2s.), R. Schumacher (47.8s.), Frentzen (57s.), Button (58s.), Irvine (1m.), Trulli (1m. 12s.) et Salo (1m. 16s.).

 

42e: Coulthard maintient la pression sur Schumacher. L'intervalle se stabilise néanmoins autour de deux secondes.

 

43e: Trulli effectue son unique ravitaillement et repart en douzième position.

 

44e: Häkkinen a rencontré quelques attardés et possède quatorze secondes d'avantage sur Schumacher. Coulthard roule à une seconde et demie de celui-ci.

 

45e: Schumacher et Coulthard, à l'attaque, manquent tous deux la corde dans la dernière courbe. Gené reçoit une pénalité de 10 secondes pour avoir ignoré les drapeaux bleus, notamment devant Irvine. Second ravitaillement pour Wurz.

 

46e: Coulthard arrive sur Gené qui lui ferme le passage dans toute la partie sinueuse. L'Écossais double finalement l'attardé catalan, non sans le frôler, au virage n°12. Salo ravitaille et repart derrière Trulli qui ne s'arrêtera plus.

 

47e: Barrichello effectue son deuxième pit-stop (8.7s.) et ressort derrière R. Schumacher. Gené se plie à sa punition qui aurait mérité d'être alourdie, Coulthard ayant perdu près de deux secondes derrière lui.

 

49e: Häkkinen est premier devant M. Schumacher (16.5s.), Coulthard (19s.), R. Schumacher (52s.), Barrichello (1m. 01s.), Frentzen (1m. 06s.). Button (1m. 08s.) et Irvine (1m. 10s.). Seconds arrêts pour Verstappen puis Herbert.

 

50e: M. Schumacher fait halte chez Ferrari, prend du carburant et des gommes rodées à l'avant, neuves à l'arrière (7.7s.). Son frère ravitaille aussi (8.4s.) et se retrouve sixième.

 

51e: Coulthard stoppe chez McLaren pour un pit-stop très court (6.6s.), mais il quitte les stands un souffle derrière Schumacher. Irvine passe aussi aux stands et fait une mauvaise affaire car il glisse derrière Trulli. Troisième arrêt de Villeneuve.

 

52e: Coulthard roule dans les échappements de Schumacher. Ravitaillement de Gené.

 

53e: Häkkinen opère son second ravitaillement (6.8s.) et reste aisément en tête. Arrêts aussi pour Zonta et Mazzacane.

 

54e: Häkkinen jouit de 23 secondes d'avance sur Schumacher, harcelé par Coulthard. Barrichello est à trente secondes de ce duo.

 

55e: Button fait escale chez Williams et reste septième. Diniz effectue son second arrêt et cède la huitième place à Trulli dont la stratégie s'est révélée payante.

 

57e: Schumacher et Coulthard se faufilent dans un épais trafic. Frentzen subit un second arrêt tardif (7s.) et repart sixième.

 

58e: Häkkinen est premier devant M. Schumacher (25.5s.), Coulthard (26s.), Barrichello (54s.), R. Schumacher (59s.), Frentzen (1m. 15s.), Button (1m. 24s.), Trulli (-1t.), Diniz (-1t.), Irvine (-1t.), Salo (-1t.) et Wurz (-1t.).

 

60e: Coulthard pourchasse Schumacher avec l'espoir que celui-ci abîme ses pneumatiques. Villeneuve attaque Herbert au premier tournant pour la 13e place. Surpris, l'Anglais exécute un tête-à-queue et laisse filer son assaillant.

 

62e: Häkkinen conserve 26 secondes d'avance sur le duo Schumacher - Coulthard.

 

64e: Coulthard roule à seulement trois dixièmes de Schumacher, mais ne peut attaquer sous peine de rouler sur la gomme semée hors trajectoire. Diniz se range dans l'herbe avec un moteur fumant. C'est seulement le quatrième abandon de la journée.

 

65e: Häkkinen précède M. Schumacher (26.8s.), Coulthard (27.3s.), Barrichello (57s.), R. Schumacher (1m. 01s.), Frentzen (1m. 12s.), Button (-1t.), Trulli (-1t.), Irvine (-1t.), Salo (-1t.), Wurz (-1t.) et Villeneuve (-1t.).

 

68e: Häkkinen réduit son rythme. Il laisse Schumacher et Coulthard revenir à 24 secondes. Pressé par Verstappen, Herbert effectue une nouvelle pirouette au premier virage. Mazzacane passe par le stand Minardi pour faire contrôler ses températures d'eau.

 

69e: Häkkinen devance M. Schumacher (21.3s.), Coulthard (22s.), Barrichello (55s.), R. Schumacher (59s.) et Frentzen (1m. 14s.).

 

70e: Herbert abandonne après un troisième tête-à-queue. De nouveau, la boîte de vitesses de la Jaguar s'est déréglée...

 

71e: R. Schumacher se rapproche quelque peu de Barrichello. Trois secondes les séparent.

 

73e: Häkkinen conduit à sa main. M. Schumacher et Coulthard sont revenus à dix-sept secondes du leader. Le moteur de Mazzacane part en fumée dans l'avant-dernier virage.

 

75e: Häkkinen précède M. Schumacher (16s.), Coulthard (16.5s.), Barrichello (46s.), R. Schumacher (49s.) et Frentzen (1m. 05s.). Button subit une perte de puissance sur son moteur BMW. Il doit laisser passer Trulli puis Irvine.

 

76e: Häkkinen finit l'épreuve avec 11 secondes d'avance sur ses poursuivants immédiats. Coulthard ne pourra pas attaquer Schumacher.

 

77e et dernier tour: Mika Häkkinen remporte le GP de Hongrie pour la deuxième année consécutive. M. Schumacher termine deuxième, Coulthard troisième. Barrichello finit quatrième. R. Schumacher (5e) marque deux points pour Williams-BMW. Frentzen (6e) inscrit son premier point depuis trois mois. Viennent ensuite Trulli, Irvine, Button, Salo, Wurz, Villeneuve, Verstappen, Zonta, Gené et de la Rosa.

 

Après la course: Häkkinen prend le pouvoir

C'est un Mika Häkkinen éprouvé mais rayonnant qui surgit sur le podium. Après avoir reçu un plein baquet d'eau froide sur la tête, le Finlandais bat la mesure de son hymne national devant ses milliers de fans massés dans les tribunes. L'homme du Nord a de quoi être heureux. Alors que voilà deux mois on le disait fatigué, démotivé, effacé par son équipier David Coulthard, il s'empare par cette victoire des commandes du championnat du monde que Michael Schumacher détenait depuis le coup d'envoi de la saison, et devient le favori à sa propre succession. Ce week-end hongrois avait pourtant mal commencé pour Häkkinen, mécontent de ses réglages initiaux. Il a peaufiné ceux-ci lors du warm-up, puis s'est imposé grâce à un splendide envol depuis la deuxième ligne, un rare exploit sur le Hungaroring. « Le départ ici était crucial car il est quasi impossible de dépasser sur ce circuit, commente-t-il. Normalement, on réalise un départ idyllique une fois par an, et je pensais avoir épuisé mon quota après mon super envol d'Hockenheim. Et bien j'en ai réussi un deuxième ici. C'était juste, Michael et moi étions très près l'un de l'autre au premier freinage, mais je suis passé. Une fois en tête, tout fut confortable pour moi, et le mérite en revient à l'équipe qui a su optimiser ma voiture. Je suis extrêmement heureux de l'avoir emporté et, bien sûr, de prendre la tête du championnat. »

 

Mika Häkkinen est désormais leader du classement des pilotes avec 64 points contre 62 à Michael Schumacher et 58 à David Coulthard. Ce dernier finit seulement troisième après une course frustrante, passée aux trousses de Schumacher. « Je n'ai pas réussi un très bon départ et je n'étais pas satisfait de l'équilibre de ma voiture après mon premier arrêt, raconte DC. J'étais pourtant très proche de Schumacher, je lui ai mis un maximum de pression, mais malheureusement j'ai été gêné à plusieurs reprises par des attardés... » Notamment par Marc Gené, le mal nommé, dont le comportement cet après-midi aurait mérité davantage que 10 secondes de pénalité... Si Coulthard s'inquiète sans doute de voir Häkkinen reprendre le dessus chez McLaren, les Gris ont la satisfaction de doubler Ferrari au classement des constructeurs pour un petit point (112 à 111). Les deux couronnes seront les objets de chaudes bagarres...

 

Michael Schumacher est donc détrôné, mais il a au moins vaincu le signe indien qui le frappait depuis le début de l'été. Non seulement il a franchi le premier virage, mais il a fini la course ! « Tout bien considéré, je suis heureux de cette deuxième place », confie-t-il. « Je n'étais pas assez rapide et j'ai eu un problème de patinage au départ, comme à Hockenheim. Cette fois, j'ai été un peu trop prudent, ce qui m'a coûté du temps. Mika a surgi à mes côtés. J'ai cherché à fermer la porte, mais il a insisté. J'ai fini par céder. » Et Schumacher s'adresse un satisfecit: « C'était une manœuvre loyale. Et moi-même je crois m'être comporté de façon correcte, sportive, raisonnable ! » Pour le reste, il pense qu'il n'avait pas les moyens de gagner cet après-midi: « De toute façon, même si j'étais resté en tête, Mika m'aurait doublé à la faveur des ravitaillements. Avec Coulthard, la bagarre a été serrée, mais nous avions bien programmé nos arrêts, si bien que j'ai pu rester devant. »

 

Schumacher s'alarme davantage de l'ascendant que McLaren semble avoir pris sur Ferrari depuis le début de l'été: « Ici, nous étions rapides les premiers jours, mais bien moins en course. Il faut se pencher là-dessus. Nous avons quelques pistes de développement, mais je suis sûr que McLaren aussi. On verra en fin de championnat qui aura fait le meilleur boulot. » Jean Todt dresse son propre bilan: « McLaren a fait un bon pas en avant depuis Magny-Cours. Nous, un petit pas en Autriche, bien que nous n'ayons pas pu le prouver, et un autre plus grand en Allemagne. L'écart est faible entre eux et nous, et peut fluctuer sur un détail. Pour Schumacher ici, les réglages étaient en cause. Parfaits pour les qualifications, moins efficaces en course. Nous n'avons pas su correctement exploiter les pneus. Mais en Belgique, ce sera encore une autre histoire... » La fin de cette saison 2000 s'annonce en tout cas captivante. Et le finaud Bernie Ecclestone sait que cela est bon pour le business: ce dimanche, i se fait photographier avec Schumacher, Häkkinen, Coulthard et Barrichello. Un « déjà-vu » rappelant la « Bande des Quatre » de 1986 : Prost, Piquet, Senna, Mansell.

 

Sources :

- Renaud de Laborderie, Le Livre d'or de la Formule 1 2000, Paris, Solar, 2000.

- Sport auto, septembre 2000

- Auto Hebdo, 16 août 2000

Tony