Mika HAKKINEN
 M.HAKKINEN
McLaren Mercedes
Rubens BARRICHELLO
 R.BARRICHELLO
Ferrari
David COULTHARD
 D.COULTHARD
McLaren Mercedes

657. Großer Preis

LXII Grosser Preis von Deutschland
Sehr wechselhaft
Hockenheim
Sonntag, 30. Juli 2000
45 Runden x 6.823 km - 307.035 km
Affiche
F1
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Affaire du boîtier: le compromis de la FIA

 

Peugeot quitte la Formule 1

 

Le front anti-Schumacher

Ce Grand Prix est crucial pour Michael Schumacher. D'abord parce que ce sont ses retrouvailles avec le public allemand qui avait été privé de son idole lors de l'édition 99, en raison de sa blessure à la jambe. Ensuite car il n'a encore jamais gagné avec Ferrari à Hockenheim et compte mettre un terme à cette anomalie. Enfin et surtout parce qu'après deux abandons consécutifs, son avance au championnat a fondu comme neige au soleil. Schumacher (56 points) est désormais directement menacé par David Coulthard (50 pts) et Mika Häkkinen (48 pts), lesquels comptent offrir à Mercedes un nouveau doublé en terre allemande.

 

Toutefois, Schumacher est perturbé par un nouvel assaut de ses détracteurs. D'abord, jeudi après-midi, lors de la conférence de presse officielle, plusieurs journalistes l'interrogent sans amabilité sur ses départs souvent litigieux, et notamment celui de Spielberg où il a été éliminé au bout de quelques mètres par Ricardo Zonta. Schumacher s'agace. A ses yeux, le Brésilien est l'unique responsable de cet incident, et lui a d'ailleurs présenté ses excuses. Après ces interviews musclées, le pilote Ferrari a un long aparté avec David Coulthard. Visiblement, ils n'échangent pas d'amabilités... Dans le paddock d'Hockenheim, le héros local n'est pas épargné par ses pairs. « Un jour, Schumacher va payer le prix de ses départs en zigzag ! » lâche Eddie Irvine. La phrase revient aux oreilles de l'intéressé. « J'ai déjà entendu cela à Spielberg. Je ne prends pas Irvine au sérieux », répond Schumacher.

 

Mais la vraie salve survient le lendemain lors du briefing des pilotes. Eddie Irvine attaque bille en tête son ex-équipier. Il réclame sa démission de la présidence du GPDA: « Ton style de pilotage est incompatible avec tes fonctions ! » lance l'Irlandais. Soutenu par Jacques Villeneuve, Irvine énumère tous les démarrages périlleux commis par Schumacher depuis le début de saison: 1) Imola (il a serré Coulthard sur la gauche), 2) Barcelone (deux zigzags devant Häkkinen), 3) Montréal (il s'est rabattu devant Coulthard), 4) Magny-Cours (idem). Schumacher se révolte. Il proteste de son bon droit et rappelle qu'il n'a fait l'objet d'aucune remontrance du pouvoir sportif. « Nous ne sommes pas dans un salon de thé. Nous sommes payés pour courir dur et vite. Rien de plus ! » lance-t-il, à bout de nerfs. Le directeur de course Charlie Whiting, quoique sollicité par Irvine, reste obstinément muet. « Je regrette cette indifférence, commente le pilote Jaguar. Schumacher va continuer à jouer les Rambo comme si de rien n'était, jusqu'au jour où quelqu'un lui dira son fait sur la piste. »

 

Cependant, la majorité des pilotes restent silencieux devant cette algarade. C'est ce que regrette Jacques Villeneuve qui n'a jamais adhéré au GPDA: « Quand on voit ce que Schumacher fait en piste et que les autres ne réagissent pas, je n'ai rien à faire avec eux. C'est un syndicat inactif ! ». Un peu esseulé malgré tout parmi ses confères, Schumacher peut compter sur le soutien de son équipe. Ross Brawn vient à sa rescousse: « Michael n'est pas parfait, mais les autres ne sont pas des anges. Surtout Villeneuve, qui manipule tout le monde... » Brawn laisse entendre que le Canadien et son acolyte Irvine, tous deux jaloux, entraîneraient le brave Coulthard dans leur croisade anti-Schumacher...

 

Présentation de l'épreuve

Menacé de perdre le Grand Prix d'Allemagne au profit du Lausitzring, le circuit d'Hockenheim va faire l'objet de profondes mutations et changera complétement d'aspect à l'horizon 2002. Afin de se plier aux standards de la F1 moderne et d'augmenter les capacités d'affluence, le long tronçon dans la forêt va disparaître au profit d'une nouvelle section nettement plus courte à l'est de l'actuel Stadium. Celle-ci comportera une tribune pouvant accueillir 50 000 spectateurs. Le coût des travaux, fixé à plus d'un million de Deutsche Mark, sera assumé par le Land de Bade-Wurtemberg, ainsi que par Mercedes et BMW, parties prenantes du projet. Les multiples incidents qui vont émailler ce week-end (météo changeante, accident de Jean Alesi, intrusion d'un spectateur sur le circuit en pleine course) ne rendront ces aménagements que plus urgents...

 

A force de creuser, Prost Grand Prix va sans doute trouver du pétrole. L'équipe de Guyancourt vient de digérer le retrait officiel de Peugeot, n'a pas de motoriste pour 2001, cherche de nouveaux investisseurs, et doit en plus subir les conséquences de la collision qui a éliminé ses deux pilotes lors du GP d'Autriche. Si au soir du Spielberg, Nick Heidfeld et Jean Alesi faisaient profil bas, ils se sont depuis « lâchés » dans la presse. Le jeune Heidfeld rejette ainsi toute responsabilité dans l'incident: « Je savais qu'Alesi devait s'arrêter une seconde fois. Si je ne l'ai pas laissé passer, c'est que j'étais plus rapide que lui d'une demi-seconde au tour. Le laisser filer m'aurait empêché de partir à la chasse aux points. » Sans doute l'Allemand évoque-t-il son rythme lors du premier relais, car au moment de la collision, il était évidemment plus lent qu'Alesi, lequel s'agace de la mauvaise foi de son cadet en termes virulents: « Heidfeld n'est qu'un garçon présomptueux. Il n'a pas à parler de moi ainsi. Je l'ai toujours aidé, comme doit le faire tout pilote expérimenté envers un jeune. Mais maintenant c'est terminé. J'ai besoin d'un vrai compagnon d'écurie, qui collabore avec moi. Pas d'un allumé ! » Alain Prost a un souci de plus à gérer...

 

Jeudi 27 juillet, Eddie Jordan offre un gâteau en forme d'EJ10 à Heinz-Harald Frentzen pour fêter la prolongation de contrat de ce dernier. L'Allemand vient de renouveler pour deux ans son engagement avec l'équipe irlandaise. La perspective de rouler l'an prochain avec le nouveau V10 Honda l'a persuadé de rester au bercail, malgré les sollicitations de Jaguar et de Sauber. Cependant, quelques jours plus tard, Frentzen apprend avec mauvaise humeur que son ingénieur de piste Sam Michael, avec lequel il s'entendait fort bien, quitte l'écurie pour rejoindre Williams. « HHF » est furieux. Jordan lui avait donné sa parole que Michael ne partirait pas...

 

Tout à fait remis de ses maux de ventre, Eddie Irvine paraît à Hockenheim affublé d'une teinture blond platine. Pourquoi ce changement de look ? « Pour que vous autres journalistes m'interrogiez là-dessus plutôt que sur mon hospitalisation ! » lâche le trublion irlandais. Rapatrié en urgence en Grande-Bretagne après les premiers essais du GP d'Autriche, Irvine est sorti de l'hôpital frais comme une rose 24 heures plus tard, faisant naître bien des rumeurs sur sa supposée maladie... Jackie Stewart, ex-patron de l'équipe Jaguar, nourrit quelques soupçons et éreinte la motivation supposée chancelante du natif de l'Ulster. Nul doute que ce dernier se moque de l'avis de son glorieux aîné comme de sa première bière...

 

Le 26 juillet, Johnny Herbert annonce à Francfort qu'il quittera l'écurie Jaguar et la Formule 1 à la fin de la saison. Ainsi s'en va le sympathique pilote anglais, baroudeur ayant connu pas moins de sept écuries en douze saisons de F1. Malgré ses trois victoires, Herbert n'a jamais obtenu le succès et la renommée qui semblaient à sa portée. Mais sa destinée aurait peut-être été différente s'il n'avait pas été victime de ce terrible accident à Brands-Hatch en 1988, lors d'une épreuve de F3000. Pour 2001, il se tourne vers les Etats-Unis et cherche un volant en CART. C'est justement dans ce championnat que Jaguar quête son successeur. L'équipe de Milton Keynes teste à Silverstone l'Écossais Dario Franchitti, une des stars du CART, vice-champion en 1999 derrière Juan Pablo Montoya. Recommandé par Jackie Stewart et Andy Miller, directeur des opérations de piste, Franchitti n'a pas l'occasion de se mettre en valeur lors de ces essais privés puisqu'il tourne avec une voiture remplie d'essence.

 

Après des semaines de mûre réflexion, Jacques Villeneuve a finalement repoussé les offres de Flavio Briatore et de Renault pour rester chez British American Racing, dirigée par son mentor Craig Pollock. Les récents progrès de la 002, la compétitivité du V10 Honda et surtout un salaire très juteux (20 millions de dollars annuels) ont eu raison de ses doutes. En outre, à bien y réfléchir, Villeneuve se serait senti à l'étroit chez Renault, dans une équipe d'usine, sous la férule de Briatore, alors qu'il est aujourd'hui personnellement impliqué dans le management de BAR. « Je ne doute pas du potentiel de Renault, mais BAR a fait des gros efforts, mis de gros moyens, recruté beaucoup de monde, et cela commence à payer. Je ne voulais pas voir quelqu'un d'autre tirer le bénéfice de tout ce travail ! » commente le champion 1997. Ce dernier paraphe un nouveau contrat de trois ans qui soulage Craig Pollock. Le départ de Villeneuve aurait ruiné sa cote de confiance vis-à-vis de BAT comme de Honda, et sans doute signifié son éviction, ardemment souhaitée par le clan Reynard, toujours partie prenante de cet étrange attelage...

 

Malgré une excellente première saison de F1, Jenson Button cédera en 2001 le volant de la seconde Williams-BMW à Juan Pablo Montoya. Tout en restant lié à Williams, le pilote anglais va rejoindre selon toute vraisemblance Benetton-Renault, en remplacement d'Alexander Wurz. Faute d'avoir pu recruter Jacques Villeneuve, Flavio Briatore jette son dévolu sur ce jeune espoir qu'il connaît bien puisqu'il lui avait proposé jadis de devenir son manager. Button avait refusé devant ses prétentions exorbitantes: 50 % de ses revenus... Briatore table aussi sur la notoriété émergente de Button, devenu une star outre-Manche. Faisant la une de la presse sportive, mais aussi des tabloïds et des journaux people à seulement 20 ans, celui-ci est considéré comme le nouveau « Golden Boy » de la F1, ce qui correspond parfaitement au sens du marketing briatorien.

 

Flavio Briatore a abandonné la présidence de Supertec, désormais dévolue à son bras droit Bruno Michel. Celui-ci arpente le paddock d'Hockenheim à la recherche de partenaires pour 2001, une nécessité depuis qu'Arrows a obtenu le V10 Peugeot estampillé AMT. Michel s'entretient avec Alain Prost, mais surtout avec Giancarlo Minardi qui aimerait enfin se défaire de l'antique V10 Ford Zetec. Les discussions sont fructueuses. Un précontrat est même établi. Mais Michel refuse de rabattre le prix du Supertec: 120 millions de francs par an. La moitié du budget de Minardi.... Autant dire que sans nouveau sponsor, l'équipe italienne devra encore subir une motorisation antédiluvienne en 2001...

 

Le retour de Porsche en Formule 1 est un vieux serpent de mer qui n'est pas prêt d'émerger. Ce week-end, on apprend que le mythique constructeur de Stuttgart a passé un accord avec la cellule moteur de Sauber-Petronas pour imaginer un V10 de Formule 1. Visiblement, ce moteur « Porsche - Petronas » a atteint le stade de l'expérimentation, avant que le feu rouge ne soit activé par Ferdinand Piëch, président de Volkswagen. Ce dernier n'a pas une grande sympathie pour la F1, mais il se murmure outre-Rhin que le coup de frein donné à Porsche serait destiné à favoriser l'arrivée d'Audi, autre marque du groupe VW...

 

Une silhouette blonde apparaît dans le stand Ferrari, celle d'Antonia Terzi, 29 ans, une jeune ingénieure spécialisée dans l'aéronautique, récemment intégrée à la soufflerie de Maranello. Diplômée de l'Université de Modène, elle est une des protégées les plus prometteuses de Rory Byrne. Peu habitués à apercevoir une femme parmi les cohortes de techniciens, les journalistes italiens ont tôt fait d'élaborer un scénario pour expliquer sa présence. La jeune Terzi serait en fait missionnée pour espionner McLaren ! Chez Ferrari, on hausse les épaules devant ces assertions misogynes...

 

Du fait de la météo perturbée, les équipes sont contraintes de charger un peu les ailerons qu'à l'accoutumée à Hockenheim. Ferrari remise par exemple un aileron réduit à sa plus simple expression testé au Mugello. McLaren reçoit une évolution de l'excellent V10 Mercedes-Ilmor apportant quelques chevaux de plus. La Jordan EJ10 est munie d'une nouvelle configuration aérodynamique, avec des pontons ramassés, plus arrondis vers l'arrière, tandis que leurs ouïes sont échancrées. Les doubles ailettes devant les roues arrière disparaissent au profit d'un simple mini-aileron. La carrosserie est revue pour faciliter l'écoulement de l'air vers l'arrière. Jaguar éprouve ici de vieilles solutions: retour à la carrosserie utilisée en début de saison, évolution du V10 Ford-Cosworth fondée sur le modèle de 1999 et mini déflecteurs imbriqués dans la suspension avant, une idée jadis mise en œuvre par Gary Anderson pour le compte de Jordan.

 

Essais et qualifications

La séance d'essais du vendredi est perturbée par la pluie, notamment à partir de l'après-midi. Cela n'aide pas les pilotes à peaufiner leurs réglages sur un circuit où il n'y a pas d'essais privés. Le meilleur temps de la journée revient à M. Schumacher (1'43''532'''). Suite à une nouvelle averse, la séance libre du samedi matin commence sur une piste détrempée. Lorsque celle-ci s'assèche, les McLaren prennent le pouvoir. Häkkinen (1'41''658''') devance Schumacher qui finit par sortir dans le Stadium suite à une panne de différentiel.

 

Les qualifications sont perturbées par pas moins de trois averses: après quelques minutes, à mi-parcours, puis en toute fin de séance. Les pilotes n'ont que quelques courtes « fenêtres » pour signer un temps et se qualifier. Coulthard réalise très tôt le meilleur temps (1'45''697''') et obtient la dixième pole position de sa carrière. Sur l'autre McLaren, Häkkinen (3e) aurait pu battre son équipier si la pluie n'avait pas redoublé dans le Stadium dans son dernier tour lancé. M. Schumacher (2e, 1'47''063''') roule au volant du mulet après avoir abîmé sa voiture de course dont hérite Barrichello, victime d'une panne sur son propre modèle. Le Brésilien, longtemps non qualifié, arrache in extremis une piètre 18e place. Après un tête-à-queue, Fisichella saute dans le mulet Benetton et profite d'une accalmie pour décrocher une très belle troisième place. Son équipier Wurz (7e) bénéficie aussi d'une courte éclaircie. Toujours grâce à des conditions favorables, de la Rosa conduit son Arrows-Supertec en cinquième position. Verstappen (11e) aurait pu en faire autant sans un problème de démarreur. Trulli place sa Jordan en sixième position tandis que Frentzen, plus malheureux, arrache son billet d'entrée à la dernière minute, en 17e position.

 

Herbert (8e) et Irvine (10e) assurent de bonnes positions aux Jaguar-Ford en début de séance. Villeneuve amène sa BAR-Honda à la 9e place avant de s'évanouir en tête-à-queue. Zonta (12e) est gêné dans son tour le plus rapide par Alesi. Heidfeld passe entre les gouttes pour placer sa Prost-Peugeot en 13e position tandis qu'Alesi (20e) subit un mauvais timing. Chez Williams-BMW, R. Schumacher (14e) commet l'erreur de miser pour des réglages pour piste sèche en fin de session. Victime d'un accident la veille, Button (16e) manque d'un tour clair. Les Sauber-Petronas (Salo 15e, Diniz 19e) ne sont jamais dehors au bon moment. Enfin chez Minardi, Mazzacane (21e) précède Gené (22e) qui a pris les pneus pluie au mauvais moment et échappe de justesse au couperet des 107 %.

 

Le Grand Prix

Dimanche matin, Coulthard est le plus rapide (1'44''065''') lors d'un warm-up mouvementé. D'abord, Verstappen harponne violemment Villeneuve au premier virage. Puis Heidfeld perd à pleine vitesse des éléments de carrosserie qui cisaillent les pneus de de la Rosa, lequel n'en signe pas moins le troisième temps.

 

L'après-midi, le ciel est menaçant lorsque les bolides quittent les stands. Puis le vent balaie les nuages noirs vers la forêt et le soleil point à l'horizon, mais les météorologues prévoient des averses orageuses en fin de course. Tous les pilotes tablent sur un seul ravitaillement, à l'exception de Barrichello et de Frentzen. Chacun s'attend à nouveau épart mouvementé avec en première ligne David Coulthard et Michael Schumacher, ce dernier étant ovationné comme il se doit par ses fans massés dans le Stadium.

 

Tour de formation: Button cale au démarrage. Il a le temps de relancer son moteur, mais devra s'élancer en queue de peloton.

 

Départ: Coulthard plonge vers M. Schumacher pour lui couper l'élan. Häkkinen voit ainsi l'espace s'ouvrir à gauche, s'y engouffre, contourne Fisichella et vire en tête devant son équipier. Au freinage, Schumacher bifurque vers la gauche et se rabat ainsi devant Fisichella qui freine sur la partie sale de la piste. Le Romain, piégé, percute la Ferrari qui part en tête-à-queue. La Benetton tire tout droit et les deux bolides atterrissent dans les murs de pneus. Fou de rage, Schumacher quitte son habitacle pour dire son fait à Fisichella.

 

1er tour: Cela se bagarre dans le peloton. Verstappen double Villeneuve à l'entrée du Stadium. Auteur d'un excellent envol, Barrichello dépasse R. Schumacher au même endroit et se retrouve déjà 10e. En fin de tour, Häkkinen devance Coulthard, Trulli, de la Rosa, Irvine, Herbert, Verstappen, Villeneuve, Zonta et Barrichello.

 

2e: Les commissaires ont évacué les épaves de Schumacher et de Fisichella. Une demi-seconde sépare les McLaren. Herbert et Verstappen passent devant Irvine. Barrichello efface Zonta et Villeneuve.

 

3e: Barrichello bute longtemps sur Irvine avant de le doubler à l'Onkokurve. Frentzen remonte aussi dans la hiérarchie et pointe au 14e rang.

 

4e: Les McLaren comptent deux secondes d'avance sur Trulli. Barrichello roule dans le sillage de Verstappen qui lui-même pourchasse Herbert.

 

5e: Barrichello dépasse Verstappen à l'Ostkurve et conquiert la sixième place.

 

6e: Barrichello passe autoritairement Herbert à la première chicane. L'Anglais résiste ensuite à Verstappen. Häkkinen précède Coulthard (1s.), Trulli (4.1s.), de la Rosa (5.8s.), Barrichello (11.2s.), Herbert (13.7s.), Verstappen (14s.) et Irvine (15s.).

 

7e: Frentzen poursuit sa remontée dans le peloton. Il a doublé Heidfeld, Wurz, R. Schumacher et Zonta.

 

8e: Häkkinen compte une seconde et demie d'avance sur Coulthard. Barrichello est revenu sur de la Rosa. Frentzen efface Villeneuve.

 

9e: Barrichello est le plus rapide en piste. Léger en essence, Frentzen continue son festival et déborde Irvine à la chicane Clark.

 

10e: Häkkinen devance Coulthard (1.6s.), Trulli (7.6s.), de la Rosa (10.2s.), Barcelone (10.7s.) et Herbert (22.6s.). Frentzen déboîte Verstappen dans la seconde ligne droite et s'empare ainsi de la septième place.

 

11e: Barrichello est sur les talons de de la Rosa. Frentzen double Herbert à l'Ostkurve et se retrouve dans les points.

 

12e: Barrichello se laisse aspirer par de la Rosa dans la seconde longue ligne droite, pique à l'intérieur au freinage de la courbe est et recueille la quatrième position. Frentzen améliore le record du tour (1'44''929'''). Verstappen efface Herbert.

 

13e: Barrichello recolle désormais à Trulli. Herbert est une fois de plus trahi par sa boîte de vitesses et se gare sur le bas-côté.

 

14e: Häkkinen est premier devant Coulthard (1.2s.), Trulli (11s.), Barrichello (11.7s.), de la Rosa (14.2s.), Frentzen (22.6s.), Verstappen (31s.), Irvine (32s.), Villeneuve (33.8s.) et R. Schumacher (35s.).

 

15e: Trulli sort un peu large de la Nordkurve, ce qui permet à Barrichello de prendre aisément son aspiration et de le dépasser à la première chicane. En quinze tours, le Pauliste est remonté de la 18e à la 3e place !

 

17e: Häkkinen repousse Coulthard à deux secondes. Barrichello roule à douze secondes du leader. Frentzen remonte sur Trulli et de la Rosa.

 

18e: Si le soleil brille au-dessus du Stadium, des nuages menaçants s'accumulent au niveau de la forêt. Barrichello arrive chez Ferrari pour un premier pit-stop (7.2s.) et se relance derrière Frentzen.

 

19e: Frentzen effectue son premier ravitaillement (8.6s.) et parvient à repartir devant Verstappen. Celui-ci tente sur sa lancée de doubler la Jordan à la première chicane, en vain.

 

20e: Häkkinen a une seconde et demie d'avance sur Coulthard. Trulli roule à vingt secondes des McLaren. Barrichello réalise le meilleur tour de la course (1'44''300''').

 

21e: Villeneuve menace Irvine pour la huitième place. Ravitaillements de R. Schumacher et de Diniz.

 

22e: Häkkinen mène devant Coulthard (1.7s.), Trulli (24s.), de la Rosa (27s.), Barrichello (30s.), Frentzen (45s.) et Verstappen (48s.). Villeneuve déborde hardiment Irvine par l'extérieur à la chicane Senna.

 

23e: Verstappen arrive chez Arrows pour ravitailler mais change aussi son capot, endommagé lors d'une excursion dans l'herbe. Le Hollandais se retrouve avant-dernier.

 

24e: Barrichello est revenu dans les échappements de de la Rosa. Irvine et Heidfeld ravitaillent. Un individu surgit en bord de piste, dans la ligne droite menant à la première chicane. Revêtu d'une sorte de cape blanche bardée d'inscriptions, il traverse la route devant un peloton de trois voitures, avant de prendre le chemin du Stadium.

 

25e: La voiture de sécurité est lancée pour permettre aux commissaires d'intercepter l'énergumène. C'est la ruée aux stands. Trulli ravitaille (9.1s.), tout comme de la Rosa, Villeneuve, Wurz, Salo, Alesi et Mazzacane.

 

26e: Häkkinen rejoint les stands pour ravitailler (9.5s.). Suite à une mésentente avec son stand, Coulthard ne rentre pas à la suite de son équipier, ce qui est une lourde erreur stratégique La Safety Car se positionne devant l'Écossais. Barrichello profite de la neutralisation pour anticiper son second pit-stop (7.2s.), tout comme Frentzen (7.6s.). Zonta et Gené passent aussi aux stands.

 

27e: Le fâcheux individu est interpellé par les commissaires et se laisse embarquer sans regimber. Déjà rejoint par une bonne partie du peloton, Coulthard entre aux stands, ravitaille (9s.) et tombe au sixième rang. Button est le dernier à ravitailler.

 

28e: La voiture de sécurité va s'effacer à l'issue de ce tour. Häkkinen devance Trulli, Barrichello, de la Rosa, Frentzen, Coulthard, R. Schumacher, Villeneuve, Zonta, Verstappen, Salo, Wurz, Button, Gené, Irvine, Diniz, Heidfeld, Alesi et Mazzacane.

 

29e: Des nuées menaçantes se massent au-dessus de l'Hockenheimring. Mais le drapeau vert est agité. Häkkinen s'échappe. Barrichello attaque Trulli par l'extérieur à la première chicane, sans succès. Frentzen échoue de la même façon face à de la Rosa. Villeneuve dépasse R. Schumacher.

 

30e: Zonta harponne R. Schumacher à la chicane Clark et l'expédie en tête-à-queue. Verstappen doit faire un gros écart pour éviter le pilote Williams qui se relance dernier. Un peu plus loin, au freinage de la chicane Senna, Alesi tente de contourner Diniz par l'extérieur, mais le Brésilien change de trajectoire sans voir son assaillant. La Prost emboutit la Sauber à 280 km/h, bondit, percute le rail externe de plein fouet, puis part en toupie dans la pelouse sur plusieurs dizaines de mètres. Deux roues s'envolent, l'une d'entre elles frôlant la tête de l'Avignonnais. La voiture bleue finit par s'immobiliser dans l'herbe et Alesi en sort miraculeusement indemne. Diniz s'est garé dans l'échappatoire. La voiture de sécurité réapparaît suite à cet impressionnant accident.

 

31e: La course est de nouveau neutralisée. Les commissaires ôtent la Prost d'Alesi et la Sauber de Diniz. R. Schumacher repasse par les stands pour faire réparer son diffuseur, endommagé par le choc avec Zonta.

 

32e: La Safety Car s'efface alors qu'on signale des gouttes de pluie. Häkkinen mène devant Trulli et Barrichello. La boîte de vitesses de Wurz se coupe soudainement et la Benetton part en tête-à-queue au premier freinage, juste sous le nez de Salo qui l'évite de peu. Wurz ne repartira pas.

 

33e: L'orage éclate au-dessus du Stadium et l'averse tombe drue sur cette portion du circuit. Häkkinen devance Trulli (1.5s.), Barrichello (2s.), de la Rosa (4s.), Frentzen (5s.), Coulthard (5.5s.), Villeneuve (7s.), Zonta (8s.), Salo (9s.), Button (9.8s.), Gené (11s.) et Verstappen (11.5s.). Heidfeld choisit le premier de passer en pneus pluie.

 

34e: Coulthard prend l'ascendant sur Frentzen. Le moteur de Gené explose dans le Stadium. Irvine s'offre un tête-à-queue au même endroit. Button est chez Williams pour mettre les enveloppes « full wet ».

 

35e: La pluie redouble et la piste est détrempée dans la Stadium. Zonta attaque son équipier Villeneuve par l'intérieur du premier tournant, le touche et l'expédie en pirouette. Le Québécois perd de nombreuses positions. En fin de tour, Häkkinen arrive aux stands pour chausser les gommes pour la pluie. Trulli effectue la même opération. Barrichello choisit en revanche de rester dehors et se retrouve en tête. De la Rosa, Salo, Villeneuve, Verstappen, Irvine et Mazzacane prennent les gommes pour le mouillé.

 

36e: Barrichello précède Coulthard (4.1s.), Frentzen (4.8s.), Zonta (7s.), Häkkinen (14.5s.) et Trulli (20.8s.). R. Schumacher passe en pneus pluie.

 

37e: La piste est mouillée dans sa portion finale mais le bitume est sec dans le tronçon de la forêt. C'est pourquoi Barrichello refuse de mettre les gommes sculptées. Trulli écope d'un « stop-an-go » de dix secondes pour excès de vitesse aux stands. Il se plie à sa pénalité dans la foulée, laissant la sixième place à de la Rosa.

 

38e: Frentzen est aux trousses de Coulthard. Zonta est pénalisé de 10 secondes pour avoir percuté Villeneuve, mais il glisse sur une flaque à la Sachskurve et s'enlise dans le bac à graviers ! Plus loin, Salo et Button passent devant de la Rosa et entrent ainsi dans les points.

 

39e: Coulthard passe chez McLaren pour mettre les pneus pluie (7.6s.) et ressort entre Salo et Button. Häkkinen dépasse Frentzen en début de tour, mais l'Allemand retrouve l'ascendant dans la première longue ligne droite. Il court-circuite ensuite la chicane Clark et reprend la piste sous le nez d'Häkkinen. Celui-ci repasse ensuite devant HHF, victime d'une défaillance électronique.

 

40e: Il pleut toujours dans le Stadium mais Barrichello, d'une prudence de sioux, garde ses pneus pour le sec, dix secondes devant Häkkinen. Coulthard efface Salo. Frentzen se range sur le bas-côté et abandonne. Aux trousses de son équipier de la Rosa, Verstappen glisse à l'entrée du Stadium et s'enlise dans les graviers.

 

41e: Barrichello mène devant Häkkinen (10s.), Coulthard (25.2s.), Salo (27.4s.), Button (28s.), de la Rosa (33s.), R. Schumacher (36s.) et Villeneuve (38s.). Alors 10e, Heidfeld abandonne après une panne d'alternateur.

 

42e: L'averse s'apaise. Si le Stadium est une patinoire, les tronçons forestiers sont secs et Barrichello roule ainsi vers la victoire. Son avance sur Häkkinen reste stable.

 

44e: Barrichello possède douze secondes de marge sur Häkkinen. Button déborde Salo à l'Ostkurve et conquiert la quatrième position. R. Schumacher pourchasse de la Rosa pour le dernier point.

 

45e et dernier tour: La pluie retombe dans ces derniers instants, mais cela n'aura aucune incidence. Entrevoyant un podium, Button met la pression sur Coulthard.

 

Rubens Barrichello remporte (enfin !) son premier Grand Prix devant les McLaren d'Häkkinen et de Coulthard. Parti dernier, Button décroche une superbe quatrième place, une seconde derrière Coulthard. Salo (5e) marque deux points pour Sauber. La sixième place revient à de la Rosa. Viennent ensuite R. Schumacher, Villeneuve, Trulli, Irvine et Mazzacane.

 

Après la course: Barrichello, enfin vainqueur

« Rubinho » Barrichello aura attendu sa huitième saison de F1 et son 125ème Grand Prix pour grimper enfin sur la première marche du podium. Le petit Brésilien savoure cet instant, non seulement pour lui-même, mais par tous ses fans brésiliens qui depuis tant d'années guettaient le moment où enfin, il s'affirmerait comme l'héritier d'Ayrton Senna. Sur le podium, brandissant un drapeau auriverde, Barrichello songe à son ancien mentor. Les yeux levés au ciel, il fond en larmes, avant d'être porté en triomphe par Mika Häkkinen et David Coulthard, eux-mêmes émus par le bonheur de leur camarade. « Je dédie cette victoire à Ayrton Senna, lâche-t-il. Il m'entend là-haut. Cette victoire est le meilleur moyen de le remercier de tout ce qu'il a fait pour moi. »

 

Barrichello est d'autant loué que cette première victoire est un authentique exploit. Parti en 18ème position, il a effectué une belle remontée, mais semblait destiné à finir derrière les McLaren-Mercedes, lorsque la pluie s'est mise à tomber sur le Stadium. Mais le bitume est resté sec dans la forêt, ce qui a déterminé Rubinho, toujours très habile dans ces conditions changeantes, à rallier l'arrivée en pneus pour le sec. Un choix gagnant. « Quand l'orage a éclaté, Ross Brawn m'a crié dans la radio de rentrer, raconte-t-il. Mais je lui ai répondu que la première et la deuxième chicanes étaient sèches et que je voulais faire un ou deux tours de plus, pour voir ce que cela donnait. Il devait me prévenir lorsque les chronos d'Häkkinen seraient meilleurs que les miens. Celui-ci a grignoté des dixièmes dans le premier tour, mais j'étais le plus rapide dans le second. Ross m'a alors dit que si je tenais ce rythme, la victoire était jouable. Ça a payé. Ma seule angoisse fut à sept ou huit tours de la fin, lorsque j'ai fait un plat sur mon pneu avant-gauche à la troisième chicane. Les vibrations m'empêchaient de bien voir où j'allais... Mais je me suis adapté. »

 

Michael Schumacher félicite chaudement et sportivement son équipier, mais ne peut dissimuler un amer dépit. Pour la seconde fois consécutive, il n'a pas franchi le premier virage, percuté par un concurrent ! Cette fois, c'est Giancarlo Fisichella qui l'a expédié dans le décor. Sur le moment, le Kaiser s'énerve contre le jeune Italien, avant de reconnaître, en voyant les images de l'accident, que celui-ci n'est que le fruit d'un malheureux concours de circonstances. Schumacher relève toutefois que David Coulthard lui a rendu la monnaie de sa pièce en le tassant sans ménagement au démarrage. Mais l'Allemand ne s'attarde guère sur cette manœuvre. Il traverse en effet une véritable série noire qui rebat complétement les cartes du championnat du monde. Avec ce troisième abandon de rang, il n'a plus que deux petits points d'avance sur Mika Häkkinen et David Coulthard (54 pts). Pis, seules dix longueurs le séparent de son lieutenant Barrichello (46 pts) ! Jean Todt peut en tout cas remercier le Brésilien qui permet à Ferrari de maintenir une courte avance sur McLaren au championnat des constructeurs (112 points contre 108).

 

Les Flèches d'Argent paraissaient en route vers un troisième doublé consécutif lorsque les deux neutralisations, puis la pluie, ont offert la victoire à Rubens Barrichello. Plus hardi que les pilotes McLaren, ce dernier n'a pas chaussé les pneus Bridgestone sculptés, peut-être efficaces sur piste humide, mais qui se sont rapidement altérés dans les longues portions sèches de la forêt. Pour autant chez McLaren, on estime avoir sauvé les meubles avec ces deuxième et troisième places. « En constatant que Rubens a gagné en gardant ses pneus, on peut conclure que nous avons fait une erreur, concède Häkkinen. Mais nous n'avions pas une machine facile à piloter aujourd'hui. Conserver les slicks dans ces conditions aurait été fort périlleux. Alors je me dis que cette deuxième place est finalement très positive. » « Cela n'a pas dû être une partie de plaisir pour Barrichello en fin de course ! » assène Coulthard. « Je voulais moi aussi attendre pour comparer la différence de comportement entre pneus rainurés et sculptés, mais il a fallu prendre une décision. Un peu tardive, car prise dans le dernier virage avant l'entrée des stands, où la piste était bien détrempée. Je pensais que changer de gommes était la bonne décision. Et j'ai peut-être eu raison. Où aurais-je fini sinon ? Le dénouement est meilleur que celui qui se profilait avant l'entrée en scène de la voiture de sécurité ! » Allusion au fait que Coulthard ne concède finalement que deux points à son équipier, contre quatre si les pilotes McLaren avaient signé un nouveau doublé...

 

En Autriche, les deux Prost-Peugeot s'étaient percutées. Ici, ce sont les BAR-Honda qui sont entrées en collision. Deux semaines après avoir harponné Michael Schumacher au premier virage, le merveilleux Ricardo Zonta a expédié son collègue Jacques Villeneuve en tête-à-queue, le privant ainsi d'une place dans les points. Pour faire bonne mesure, le natif de Curitiba a lui-même fini dans les graviers. Après cette démonstration, Villeneuve le traite de « sombre imbécile »... Le fait est que le sort de Zonta est scellé. Craig Pollock s'apprête à annoncer son remplacement pour 2001 par un pilote bien plus expérimenté et qualifié: Olivier Panis.

 

L'autre « héros » de ce GP d'Allemagne est l'individu qui a fait irruption sur la piste à la mi-course. Les images de cet homme en train de déambuler près de bolides déboulant à 350 km/h font le tour du monde. Robert Sehli n'a pourtant rien d'un fou. Cet ouvrier français de 47 ans a travaillé plus de vingt années à l'usine Mercedes-Benz du Mans avant d'être licencié sans motif valable. Désespéré, ce père de trois enfants a décidé de faire connaître son sort au monde entier par un geste d'éclat, et à Hockenheim, fief de son ancien employeur. Après avoir tenté en vain de pénétrer sur la prégrille, il s'est rendu dans la forêt pour faire irruption sur la piste en pleine course, les épaules couvertes d'une banderole interpellant Mercedes. Appréhendé par la police allemande, l'intrus passe la nuit sous les verrous avant d'être libéré sous caution. Il écopera d'une amende de 2 000 DM pour avoir perturbé le Grand Prix. Mais son geste n'aura pas été vain: en décembre 2000, Sehli gagnera son procès pour licenciement abusif et recevra 91 000 francs de dommages et intérêts de la part de Mercedes. Norbert Haug, sensible à sa cause, l'aurait personnellement soutenu...

 

Sources :

- Renaud de Laborderie, Le Livre d'or de la Formule 1 2000, Paris, Solar, 2000.

- Sport auto, septembre 2000

- Auto Hebdo, 2 août 2000

Tony