Présentation de l'épreuve
Les matchs de football caritatifs sont à la mode en Formule 1. Mardi 11 mai, le prince Albert de Monaco réunit sur la pelouse du stade Louis-II deux équipes jouant pour l'Association mondiale des amis de l'enfance, dont l'héritier du trône monégasque est l'un des parrains. La formation des pilotes aligne Michael Schumacher, David Coulthard, Johnny Herbert, Jarno Trulli, Giancarlo Fisichella, Olivier Panis, Jean Alesi, Pedro de la Rosa, Marc Gené et Heinz-Harald Frentzen, auxquels s'adjoint le motard Max Biaggi. Le prince Albert joue pour sa part avec des footballers renommés comme Hernán Crespo ou Frank Rijkaard. La team princière écrase les as du volant par cinq buts à deux. Les team managers ne voient pas toujours d'un très bon œil ces exhibitions footballistiques. On le sait, Schumacher s'est blessé quelques semaines plus tôt en s'entraînant avec son club helvétique. Cette fois, David Coulthard se foule la cheville et en est quitte pour de longues séances de massage. Mika Häkkinen dédaigne pour sa part le ballon rond et préfère soigner sa musculation dans le gymnase du même stade Louis-II. Le Finlandais n'a pas le cœur à l'amusement. Il ne peut se satisfaire d'un début de saison médiocre, scandé d'une seule victoire pour deux abandons.
Ce Grand Prix de Monaco est presque une compétition entre résidents. Onze des vingt-deux pilotes vivent sur le Rocher: Mika Häkkinen, David Coulthard, Ralf Schumacher, Alessandro Zanardi, Heinz-Harald Frentzen, Giancarlo Fisichella, Rubens Barrichello, Johnny Herbert, Pedro Diniz, Jacques Villeneuve et Luca Badoer, auxquels il faut ajouter le convalescent Ricardo Zonta, venu en voisin encourager ses amis de British American Racing. Parmi les « étrangers », Eddie Irvine se singularise en amarrant dans le port son yacht privé, l'Anaconda, qu'il rejoint chaque soir, boudant ostensiblement les événements promotionnels organisés par Ferrari et Marlboro. L'Automobile Club de Monaco, présidé par l'indéboulonnable Michel Boeri, continue de renforcer la sécurité de ce circuit quasi-anachronique, serpentant à travers les rues étroites de Monte-Carlo. Ainsi, sur recommandation de la FIA, l'ACM rehausse le rail qui borde le tunnel afin d'éviter des projections de débris vers les commissaires de piste officiant à cet endroit, un risque soulevé par le gros « carton » survenu ici à Alexander Wurz en 1998.
Jackie Stewart convie à Monte-Carlo les représentants de son principal sponsor, la grande banque hong-kongaise HSBC. Celle-ci a droit à toute sa reconnaissance puisqu'elle a renouvelé son contrat de sponsoring pour un montant estimé à 50 millions de dollars (sur une durée inconnue) tout en lui offrant sa garantie auprès d'autres commanditaires. Voilà qui prépare à merveille le prochain rachat de Stewart GP par Ford. Dans le même temps, l'équipe de Milton Keynes célèbre le centième Grand Prix de Rubens Barrichello. En vérité, le Brésilien prendra ici son cent-unième départ, la FIA ayant oublié de comptabiliser le GP de Belgique 1998 lors duquel il avait dû renoncer lors du premier coup d'envoi. Peu importe. Barrichello aimerait surtout remporter au plus tôt sa première victoire...
Jeudi soir, Hirotoshi Honda est convié par Eddie Jordan au grand repas que donne celui-ci à son écurie au restaurant Off Shore. Après l'annonce de l'accord BAR-Honda pour l'an 2000, l'Irlandais craint de perdre les excellents V10 Mugen et attend de son invité des assurances pour l'avenir. Hélas, Hirotoshi Honda se contente de bonnes paroles: il ne peut pas s'engager tant que la firme de Wako n'a pas arrêté sa stratégie à moyen terme. Eddie Jordan tente de mettre en valeur l'atout que représente Heinz-Harald Frentzen, sur lequel il ne tarit pas d'éloges. Après deux saisons plus que moroses chez Williams, le pilote allemand s'épanouit au sein du chaleureux team irlandais. Il réalise un excellent début de saison au volant de l'excellente 199 jaune, au point de mettre sous l'éteignoir un Damon Hill semble-t-il de moins en moins concerné. « Je ne vois que l'aspect humain pour expliquer la forme de Heinz-Harald », explique le directeur technique Mike Gascoyne. « Il aime la voiture, son comportement, se sent en parfaite osmose avec elle. D'où une confiance retrouvée. Il est relax, heureux chez nous. En revanche, Damon doit beaucoup plus se battre pour le moment, et d'abord contre lui-même. » Le résultat de ce GP de Monaco donnera encore plus de force à ce commentaire.
Ancien pensionnaire de Jordan, Ralf Schumacher affiche une humeur de dogue car il est victime d'un immonde ragot: son ex-petite copine, le mannequin Katie Price, a laissé entendre auprès d'un tabloïd britannique qu'il était moins doué dans un lit que derrière un volant. Le pauvre Ralf essuie ainsi de grasses plaisanteries, notamment de la part de ses propres mécaniciens de Williams...
Les vingt-deux bolides adoptent une configuration « plein appui » pour se mouvoir au mieux dans les rues monégasques. McLaren débarque avec pas moins de cinq voitures, munies de gros ailerons de huit profils, auxquels s'ajoutent deux mini-plans sur le bord d'attaque de l'aile inférieure. Ferrari apporte plusieurs types d'ailerons, certains affichant jusqu'à dix profils ! Schumacher opte finalement pour une version intermédiaire à huit profils. A noter que les F399 sont munies ici d'un nouveau volant-ordinateur qui comprend tous les écrans et toutes les manettes dont a besoin le pilote. Plus aucun de ces éléments ne subsiste sur le châssis. La surface du tableau s'en trouve très agrandie, mais la jante est arrondie afin de rendre l'ensemble plus maniable. Benetton a décidé de supprimer son lourd et peu efficace système FTT, ce qui permet de modifier la répartition des masses sur une B199 jusqu'ici fort médiocre. La Williams FW21 est dotée d'un nouveau diffuseur, avec des canaux latéraux élargis. R. Schumacher utilise à l'arrière des étriers de frein inédits, conçus par AP, alors que Zanardi se contente d'étriers Hitco. La répartition des masses est aussi modifiée grâce à l'utilisation de grands ailerons. Sauber présente un nouveau différentiel qui retient seulement l'attention de Diniz. La Stewart-Ford se distingue par l'ajout de deux petits profils au bas de l'aileron arrière, au niveau de la boîte de vitesses. Minardi a testé avec Badoer un empattement long à Imola, mais revient à Monaco avec un empattement court.
Bridgestone apporte des pneus « ultra-tendres » pour compenser le manque d'adhérence de la piste. Mais ceux-ci ne donnent pas du tout satisfaction aux pilotes lors des essais du jeudi. Ils provoquent en effet du sous-virage et se transforment rapidement en slicks. Les écuries devront se rabattre sur un composé plus rigide. De façon générale, les produits japonais sont jugés soit trop durs soit trop friables depuis le début de la saison.
Essais et qualifications
Les essais du jeudi se déroulent sous un temps gris. M. Schumacher réalise le temps le plus rapide (1'22''718''') et ce bien qu'il ait endommagé sa suspension contre un rail au cours de la matinée. L'Allemand devance Häkkinen et un surprenant Panis. Frentzen et Trulli heurtent aussi les glissières. Vendredi, Schumacher s'envole à Fiorano pour tester dans le plus grand secret un nouveau châssis qui est expédié le soir même à Monte Carlo et lui servira de deuxième mulet. Ferrari fait les choses en grand ce week-end !
Samedi matin, le « Baron rouge » est encore le plus rapide (1'21''742''), mais il saute sur le vibreur à Sainte-Dévote et casse sa voiture contre le rail. Il se rabat sur le modèle piloté la veille à Fiorano. Coulthard, Hill et Gené connaissent aussi des touchettes. A l'issue de cette séance, Panis est épinglé par les commissaires pour avoir bénéficié d'une « aide extérieure » pour se relancer après un tête-à-queue. En conséquence, il lui faudra réaliser deux chronos officiels en qualifications pour être admis sur la grille. Alain Prost juge cette punition absurde et le fait savoir à qui de droit, avec son franc-parler habituel.
Le soleil se montre enfin lors des qualifications. M. Schumacher domine cette séance et semble avoir la pole en main, lorsqu'à 13h59, Häkkinen réussit un incroyable « rush » final et arrache sa quatrième pole position consécutive (1'20''547'''). L'exploit est d'autant plus remarquable que le Finlandais a dû lever le pied en fin de tour en raison d'un drapeau jaune causé par une panne de Hill. Sur l'autre McLaren, Coulthard (3e) améliore également dans les dernières secondes. Chez Ferrari, M. Schumacher ne se satisfait pas de sa deuxième place (1'20''611''') et accuse un temps Häkkinen d'avoir négligé les drapeaux jaunes, ce que les images démentiront. Irvine (4e) est rapide tout le week-end malgré un net sous-virage. Barrichello (5e) apparaît de nouveau comme le principal outsider sur sa Stewart-Ford. Herbert (13e) pâtit en revanche des drapeaux jaunes de fin de séance. Frentzen place sa Jordan-Mugen-Honda en sixième position, et ce malgré un doigt coincé dans son volant ! Hill (17e) vit un samedi cauchemardesque, avec une rude sortie à la Rascasse le matin et une panne l'après-midi.
Trulli (7e) excelle au volant de la Prost-Peugeot et aurait même pu faire mieux si une sortie à Sainte-Dévote ne l'avait contraint à se rabattre sur le mulet. Sanctionné par les commissaires, Panis (18e) se plaint d'un manque général d'équilibre. Villeneuve déteste toujours le circuit de Monaco mais conduit toutefois sa BAR-Supertec au huitième rang. Son compère Salo (12e) est plus à l'aise qu'à Imola, mais a perdu du temps à cause d'une panne de boîte. Les Benetton (Fisichella 9e, Wurz 10e) sont munies de gommes dures et parient donc sur une course d'endurance. Les Williams-Supertec souffrent ici d'un grave manque de grip. Pour la première fois, Zanardi (11e) fait mieux que R. Schumacher (16e) qui a cassé un moteur jeudi matin. Les Sauber-Petronas (Alesi 14e, Diniz 15e) n'ont aucune adhérence. Chez Arrows, Takagi (19e) voit son ultime tour gâché par l'accident de Gené alors que de la Rosa (21e) perd une roue. Enfin, si Badoer (20e) qualifie sa Minardi sans histoires, Gené (22e) se distingue en perdant son aileron sous le tunnel, puis par un tête-à-queue au Bureau de Tabac qui précipite la fin de la séance.
L'épreuve de Formule 3000 est remportée par l'Uruguayen Gonzalo Rodríguez qui a profité d'une pénalité du favori, l'Allemand Nick Heidfeld. Le Danois Jason Watt et le Brésilien Max Wilson complètent le podium.
Le Grand Prix
Dimanche matin, M. Schumacher se montre le plus véloce lors du warm-up devant Irvine et les McLaren. A signaler deux accidents: celui de Takagi à la Piscine et de Zanardi au Casino. L'après-midi, un beau soleil printanier surplombe le Rocher. La quasi-totalité du peloton table sur un seul arrêt-ravitaillement, à l'exception des deux Prost-Peugeot qui ont choisi d'utiliser les nouveaux pneus tendres pourtant fort peu endurants.
Départ: M. Schumacher bénéficie d'une excellente motricité et se porte à la hauteur de Häkkinen. Celui-ci tente de le serrer vers la gauche, mais Sainte-Dévote est déjà là et le Finlandais freine en catastrophe. Schumacher contourne la McLaren et conquiert la première place. Derrière les deux leaders, Irvine déborde Coulthard au prix d'un freinage tardif.
1er tour: M. Schumacher mène devant Häkkinen, Irvine, Coulthard, Barrichello, Frentzen, Trulli, Fisichella, Villeneuve et Zanardi.
2e: Schumacher s'échappe et compte déjà deux secondes de marge sur Häkkinen.
3e: M. Schumacher précède Häkkinen (2.8s.), Irvine (5s.), Coulthard (6.3s.), Barrichello (8.9s.), Frentzen (10.7s.), Trulli (12s.) et Fisichella (13s.).
4e: Hill tente une attaque-kamikaze sur R. Schumacher à la chicane du Port: placé à l'extérieur, l'ancien champion freine trop tard et harponne l'Allemand. Tous deux partent en tête-à-queue. Schumacher se relance mais Hill doit renoncer.
5e: Les commissaires évacuent rapidement la Jordan de Hill, mais M. Schumacher frôle l'un d'eux en franchissant la chicane. Häkkinen concède plus de trois secondes au pilote Ferrari.
6e: M. Schumacher devance Häkkinen (3.2s.), Irvine (6.1s.), Coulthard (7.8s.), Barrichello (11.6s.), Frentzen (14.3s.), Trulli (15s.), Fisichella (16s.), Villeneuve (18s.), Zanardi (25s.), Wurz (26s.) et Herbert (26.5s.).
7e: M. Schumacher est le plus rapide en piste (1'23''740'''). Zanardi, Wurz et Herbert bataillent pour la dixième place. Salo (13e) retient pour sa part les Sauber d'Alesi et de Diniz.
9e: La cadence de Schumacher est très nettement supérieure à celle Häkkinen. Cinq secondes les séparent. De son côté, Irvine n'est pas inquiété par Coulthard. Fisichella menace Trulli en vue de la septième position.
10e: M. Schumacher compte désormais six secondes d'avance sur Häkkinen. Irvine loupe son freinage à la chicane et coupe tout droit.
11e: Schumacher se rate au freinage de la chicane du Port et tire doit. Badoer se retire suite à une avarie de boîte de vitesses.
12e: M. Schumacher est premier devant Häkkinen (7.3s.), Irvine (12.5s.), Coulthard (14.5s.), Barrichello (23s.), Frentzen (26s.), Trulli (29s.), Fisichella (30s.) et Villeneuve (36s.). Zanardi emmène un peloton comprenant Wurz, Herbert, Salo, Alesi, Diniz et Panis. Toutefois l'Italien est ballotté dans son baquet qui s'est désolidarisé de l'habitacle.
13e: M. Schumacher dépasse les premiers attardés, à savoir de la Rosa, son frère Ralf et Gené.
14e: Zanardi manque son freinage à Sainte-Dévote et doit laisser filer les six pilotes qui le suivaient.
16e: M. Schumacher tourne en 1'23''374''' et repousse Häkkinen à dix secondes. La boîte de vitesses de Coulthard laisse échapper une inquiétante fumée blanche.
17e: Toujours aussi rapide, M. Schumacher compte désormais douze secondes de marge sur Häkkinen qui rejoint les derniers du classement.
19e: Häkkinen se débat avec une direction lourde. Il se montre hésitant dans le peloton d'attardés et perd ainsi un peu de temps derrière R. Schumacher.
20e: M. Schumacher précède Häkkinen (13s.), Irvine (16.5s.), Coulthard (18.5s.), Barrichello (33s.), Frentzen (38s.), Trulli (39s.), Fisichella (41s.), Villeneuve (47s.), Wurz (1m. 01s.), Herbert (1m. 02s.) et Salo (1m. 03s.).
22e: Schumacher jouit de 14 secondes d'avance sur Häkkinen. Irvine se rapproche peu à peu du Finlandais à la faveur des dépassements des attardés. Deux secondes les séparent. Trulli et Fisichella sont aux trousses de Frentzen.
23e: Trulli effectue le premier de ses deux pit-stops (7.4s.) et parvient à repartir devant le peloton emmené par Wurz.
24e: M. Schumacher s'est défait de Zanardi et de Panis et raccroche les deux Sauber. Häkkinen roule à quinze secondes du leader et n'a plus qu'une seconde et demie d'avance sur Irvine.
26e: Schumacher a dépassé Diniz, Alesi et enfin Salo. Gené dérape à Sainte-Dévote et touche le rail avec ses deux roues de gauche. Le jeune Espagnol se gare un peu plus loin hors trajectoire.
27e: Schumacher mène devant Häkkinen (15s.), Irvine (16.6s.), Coulthard (19.5s.), Barrichello (45s.), Frentzen (47s.), Fisichella (49s.) et Villeneuve (59s.). Panis effectue son premier ravitaillement.
29e: Irvine est revenu à moins d'une seconde de Häkkinen. Coulthard poursuit de son côté avec une McLaren fumante.
31e: M. Schumacher compte maintenant plus de dix-sept secondes d'avantage sur Häkkinen.
32e: M. Schumacher attaque de plus belle et roule en 1'22''288'''.
33e: En panne de boîte de vitesses, de la Rosa rejoint les stands au ralenti et ce faisant gêne quelque peu Häkkinen à la Piscine. En fin de tour, le Finlandais concède 23 secondes à Schumacher. Irvine et Coulthard évoluent dans son sillage. La suspension arrière-droite de Herbert cède dans la descente vers Mirabeau. Le Britannique conserve le contrôle de sa Stewart et échoue dans l'échappatoire. De la Rosa met pied à terre, tout comme Villeneuve, victime d'une fuite hydraulique.
34e: Irvine met la pression sur Häkkinen. Coulthard perd peu à peu l'usage de ses rapports de boîte et se trouve décroché.
35e: Coulthard rattrape in extremis un début d'embardée dans la remontée vers le Casino. Alesi assaille Salo par l'intérieur à l'épingle du Loews. Le Finlandais exécute un gros écart pour éviter l'accrochage et laisse filer le Français. Häkkinen et Irvine dépassent ensuite la BAR.
36e: M. Schumacher précède Häkkinen (27s.), Irvine (27.5s.), Coulthard (37s.), Barrichello (57s.), Frentzen (1m. 01s.), Fisichella (1m. 02s.), Trulli (-1t.), Wurz (-1t.) et Alesi (-1t.)..
37e: Ross Brawn modifie la stratégie d'Irvine pour lui permettre de dépasser Häkkinen. L'Irlandais se plie à un premier ravitaillement (6.7s.) et demeure troisième. Coulthard rejoint son box pour abandonner car il a perdu toute l'huile de sa boîte de vitesses.
38e: C'est le début de l'hécatombe: Salo perd ses freins dans la descente du Loews et échoue dans le muret de pneus. Le moteur de Takagi explose dans la descente vers Mirabeau. Le Nippon se gare dans l'échappatoire mais a répandu de l'huile sur le bitume. Les commissaires brandissent les drapeaux rayés de jaune et de rouge.
39e: Häkkinen glisse sur l'huile laissée par Takagi et sort de la route à Mirabeau. Il parvient à éviter le rail, mais doit enclencher la marche arrière pour se réinsérer en piste et perd ainsi une quinzaine de secondes.
40e: M. Schumacher précède Häkkinen (45s.), Irvine (48s.), Barrichello (1m. 05s.), Frentzen (1m. 08s.), Fisichella (1m. 10s.), Trulli (-1t.), Wurz (-1t.), Alesi (-1t.) et Diniz (-1t.).
41e: Irvine est revenu sur les talons de Häkkinen qui n'espère plus que sauver sa deuxième place.
42e: Panis sort dans l'échappatoire de Sainte-Dévote, faute de rapports de boîte, puis cale son moteur et n'ira pas plus loin.
43e: M. Schumacher stoppe chez Ferrari, reçoit de l'essence et des pneus rodés (10s.) et repart sans avoir perdu le commandement. Fisichella effectue son unique pit-stop et glisse derrière son équipier Wurz.
44e: Schumacher possède maintenant vingt-sept secondes de marge sur Häkkinen, toujours menacé par Irvine. Wurz passe chez Benetton pour ravitailler et se relance derrière les Sauber.
45e: Schumacher craint un instant qu'une de ses roues soit mal serrée. Il ne s'agit que d'une fausse alerte, mais il perd quelques secondes dans ce tour. Désormais léger en essence, Häkkinen parvient à tenir Irvine à distance.
47e: M. Schumacher est premier devant Häkkinen (20s.), Irvine (22s.), Barrichello (47s.), Frentzen (48s.), Trulli (1m. 15s.), Fisichella (-1t.), Alesi (-1t.), Diniz (-1t.), Wurz (-1t.), Zanardi (-1t.) et R. Schumacher (-1t.).
48e: Häkkinen est revenu à 19 secondes de Schumacher. Barrichello et Frentzen luttent pour la quatrième place. Alesi passe chez Sauber pour son pit-stop.
50e: Irvine talonne Häkkinen. Celui-ci rejoint le stand McLaren pour son ravitaillement (8.4s.) et redémarre en troisième position. Barrichello fait escale chez Stewart (8.4s.). Alesi tutoie le rail à Massenet et regagne son stand en fin de tour. Son équipier Diniz perd ses freins avant et tire tout droit à Sainte-Dévote. Le jeune Brésilien abandonne.
51e: Les deux Ferrari sont en tête: M. Schumacher devance Irvine de vingt-deux secondes. Alesi rejoint le garage Sauber, change ses pneus et reprend la piste. Ravitaillement de Zanardi.
52e: Alesi se gare après le Casino car sa suspension arrière-droite a trop souffert de sa touchette. Le drapeau jaune est déployé. Trulli opère son deuxième pit-stop et fait une mauvaise affaire puisqu'il redémarre derrière Fisichella qui ne s'arrêtera plus. R. Schumacher ravitaille pour la première fois.
53e: M. Schumacher devance Irvine (21s.), Häkkinen (44s.), Frentzen (54s.), Barrichello (1m. 15s.), Fisichella (1m. 22s.), Trulli (-1t.) et Wurz (-1t.).
55e: Häkkinen tourne une seconde au tour plus vite que les Ferrari et espère pouvoir repartir devant Irvine après le second pit-stop de celui-ci.
56e: Irvine stoppe chez Ferrari pour un deuxième ravitaillement (6.8s.). L'Irlandais chausse des pneus tout neufs et reprend la piste devant Häkkinen. R. Schumacher survire dans la descente du Loews, part en toupie et heurte les glissières en marche arrière.
57e: Une grue ôte la Williams de Schumacher. Frentzen effectue un ravitaillement très tardif, mais très court (7s.), et parvient à se relancer devant Barrichello.
58e: M. Schumacher est premier devant Irvine (37s.), Häkkinen (42s.), Frentzen (1m. 12s.), Barrichello (1m. 18s.), Fisichella (-1t.), Trulli (-1t.), Wurz (-1t.) et Zanardi (-1t.).
60e: Häkkinen essaie de rester au contact de Irvine mais lui concède tout de même trois secondes.
62e: M. Schumacher a la victoire en poche. Il adopte un rythme sage et compte trente-quatre secondes d'avance sur son équipier. Häkkinen commet une petite faute qui lui fait perdre deux secondes sur Irvine.
63e: Trulli manque la corde au premier freinage et atterrit sur le parvis de Sainte-Dévote. Le jeune Italien revient en piste après avoir cédé la septième place à Wurz.
65e: M. Schumacher mène devant Irvine (31s.), Häkkinen (38s.), Frentzen (1m. 09s.), Barrichello (1m. 16s.) et Fisichella (-1t.).
67e: Häkkinen s'empare du meilleur tour en course (1'22''259'''). Il n'a toutefois plus d'espoir de rattraper Irvine.
69e: Frentzen, complétement isolé, adopte un rythme très élevé et remonte quelque peu sur Häkkinen.
70e: Schumacher prend un tour à Barrichello. L'Allemand précède Irvine (34s.), Häkkinen (42s.), Frentzen (1m. 05s.), Barrichello (-1t.), Fisichella (-1t.), Wurz (-1t.), Trulli (-1t.) et Zanardi (-2t.).
71e: Fisichella revient comme une balle sur Barrichello dont la Stewart donne des signes de faiblesse.
72e: Comme Herbert, Barrichello est trahi par sa suspension arrière-droite. La Stewart dérape entre les deux S de la Piscine, lèche le rail interne avec son museau avant d'être catapultée dans la glissière extérieure en marche arrière. Le Brésilien encaisse un rude choc mais sort sans peine de son habitacle. Wurz grimpe dans les points.
73e: Les drapeaux jaunes sont déployés dans le secteur de la Piscine pour évacuer la Stewart accidentée
75e: Schumacher compte trente-cinq secondes d'avance sur Irvine, quarante-cinq secondes sur Häkkinen. Frentzen remonte sur le Finlandais mais n'a aucun espoir de le rattraper.
77e: Schumacher termine l'épreuve avec un avantage de trente secondes sur son coéquipier.
78e et dernier tour: Michael Schumacher remporte son 35ème Grand Prix. Irvine finit deuxième et donne à Ferrari son premier doublé en Principauté depuis... 1934 ! Häkkinen se contente de la troisième place. Frentzen termine quatrième après une course solide. Benetton grappille trois points grâce à Fisichella (5e) et Wurz (6e) qui ouvre son compteur. Trulli et Zanardi coupent aussi la ligne d'arrivée.
Après la course: l'envol de M. Schumacher
Avec cette quatrième victoire, Michael Schumacher rejoint Alain Prost au palmarès du Grand Prix de Monaco et se rapproche de Graham Hill (5 succès) et Ayrton Senna (6). En outre, il conquiert le record de victoires avec la Scuderia Ferrari en championnat du monde (16) jusqu'alors détenu par Niki Lauda, lequel ne manque pas de le féliciter. Mais surtout, avec ce deuxième succès de rang, Schumacher s'installe confortablement aux commandes du championnat 1999, avec 26 points et une nette avance sur son équipier Eddie Irvine (18 pts) et son principal adversaire Mika Häkkinen (14 pts). Ce triomphe s'est construit dès le départ, lorsque l'Allemand a immédiatement dépassé le poleman Häkkinen. Schumacher avait prévu son coup, puisqu'il a multiplié les tests d'envol l'avant-veille à Fiorano. « J'avais la bonne trajectoire et le fait de ne pas trop patiner m'a permis de me porter immédiatement à la hauteur de Mika », explique-t-il. « Il a tenté une manœuvre d'intimidation pour me rendre la vie plus difficile, mais n'a pas insisté. Pour moi il était impératif de réussir ce départ. J'avais moins d'essence que Häkkinen et je devais ravitailler relativement tôt. Peut-être aurais-je obtenu le même résultat avec Häkkinen en tête au premier virage, car nous aurions modifié notre stratégie, mais rien n'était garanti. J'ai préféré cette méthode, sportivement plus belle. Après, ce ne fut qu'une course en solitaire. »
Grâce à ce doublé monégasque, Ferrari creuse un net écart sur McLaren-Mercedes au classement des constructeurs (44 points contre 20). Mais, bien entendu, Jean Todt ne se départ par de son éternelle prudence: « En 1998, nous avons gagné trois courses de rang et nous avons perdu le championnat. Donc, nous n'allons pas nous monter la tête cette fois ! A Barcelone, les McLaren-Mercedes auront un avantage. Nous allons mener trois jours d'essais cette semaine en Espagne pour combler ce retard. » En vérité, Todt doit aussi « gérer » Eddie Irvine qui n'a jamais été aussi habile derrière un volant, comme le démontre son excellente deuxième place, mais multiplie aussi les dérapages médiatiques dans lesquels transparaît une vive aigreur. Ce dimanche soir, le « valet de Schumacher » se surpasse: « Le choix de la stratégie ? Je n'y suis pour rien ! Ce sont Ross Brawn et Luca Baldisserri qui ont tout calculé. Ils m'ont simplement demandé de m'appliquer. Contrairement à ce que disaient les profs à mes parents, je sais me concentrer... Le circuit de Monaco consacre davantage le pilote que le matériel, mais moi c'est différent: tout le monde sait que je suis un branleur ! » L'Irlandais enchaîne, inarrêtable: « En début de course, j'ignore si cela venait des pneus ou de l'essence, je ressentais une violente vibration sous le c*l... » Puis, fixant une jeune journaliste britannique: « Peut-être que ça t'aurait fait plaisir, mais pas à moi ! »
Enfin, Irvine s'éloigne vers son yacht et boude ostensiblement la cérémonie officielle offerte par le prince Rainier au Sporting Club... Non sans lancer une dernière pique à l'égard de Schumacher « Ouais, je suis content de ce doublé, mais j'aurais préféré qu'il soit inversé !... » Quelques heures plus tard, sur la scène du Sporting Club, après la projection du film du Grand Prix, Schumacher trône devant les photographes avec une danseuse du Crazy Horse. « Eddie sera malade d'apprendre ça ! » rigole-t-il.
L'ambiance n'est pas à la fête chez McLaren-Mercedes. L'écurie germano-britannique a beau bénéficier d'une MP4/14 très performante, la fragilité de celle-ci et les erreurs de Mika Häkkinen et de David Coulthard débouchent pour l'heure sur un bilan assez misérable d'une seule victoire en quatre Grands Prix. Ici, Häkkinen est d'autant plus désolé de son échec qu'il avait réalisé samedi une pole position sensationnelle. Hélas, il a perdu la victoire dès le feu vert. « Que j'ai raté mon départ est une évidence », bougonne le Finlandais. « J'ai trop fait patiner mes roues arrière. Mais peut-être aurais-je pu me récupérer à un moment ou à un autre. Malheureusement, ma voiture s'est mise à moins bien fonctionner, ma direction s'est terriblement alourdie, le train avant a perdu de sa précision... comme si quelque chose s'était cassé. » Serait-ce un problème d'amortisseur ? En tout cas, après un nouvel abandon de David Coulthard sur panne technique, McLaren quitte le Rocher avec seulement quatre points dans la besace. « Ce résultat est très loin du potentiel de nos machines », tonne Ron Dennis. McLaren-Mercedes devra impérativement rebondir quinze jours plus tard lors du Grand Prix d'Espagne, disputé à Montmeló, l'un de ses circuits de prédilection.
Tony