Fume, c'est du belge
Ce Grand Prix de Belgique 1999 pourrait être le dernier en raison des lois anti-tabac édictées par l'Union européenne et qui s'imposent peu à peu outre-Quiévrain. Afin de se conformer à la législation européenne, le gouvernement fédéral belge a fait voter le 10 décembre 1997 une loi interdisant toute publicité ou parrainage pour le tabac à compter du 1er janvier 1999. Cette disposition menaçait bien entendu la Formule 1 et l'existence même de l'étape de Spa-Francorchamps, comme Bernie Ecclestone l'a signifié très tôt aux autorités belges et wallonnes. Le président de la FOM s'est montré d'autant plus pressant qu'il est le promoteur de ce Grand Prix et en tire donc quelques revenus... C'est pourquoi, en décembre 1998, la Région de Wallonie (où se situe le circuit de Spa) a publié un décret autorisant sur son territoire la publicité pour les cigarettiers dans le cadre d'événements internationaux jusqu'en 2006. C'est en effet à cette date que toute promotion pour le tabac sera bannie de l'Union européenne.
A priori, ce décret assure la pérennité du Grand Prix de Belgique pour quelques années. Mais début août 1999, à quelques jours de l'épreuve, le ministre belge de la Santé, Mme Magda Aelvoet, s'élève contre le texte wallon, estimant que celui-ci n'a pas une valeur juridique supérieure à la loi fédérale belge, ce que confirment les juristes sollicités par les militants anti-tabac. C'est pourquoi, le soir du mercredi 25 août, alors que le paddock prend ses quartiers, surgit inopinément Mme Detiège, inspectrice générale des denrées alimentaires diligentée par le gouvernement fédéral. Sa mission consiste à recenser les communications publicitaires en faveur des marques de tabac, déclarées illégales. Toute infraction sera passible de 500 000 dollars d'amende et d'un an de prison ! Le décret wallon est bafoué, ce qui suscite la colère des représentants du gouvernement régional qui soulignent avec humeur que le ministre fédéral de la Santé est flamand... Prises au dépourvu, les écuries consultent l'avocat Didier Putzeys qui leur conseille de céder à Mme Detiège. Les mécanos retirent alors en catastrophe les autocollants, banderoles et autres drapeaux aux couleurs de Marlboro, West, Winfield etc. Chez Prost, c'est la consternation, car la Seita avait prévu ici un plan de communication spécial pour Gauloises Blondes.
L'incursion de Mme Detiège soulève la colère de Bernie Ecclestone qui incite pour sa part les constructeurs à la résistance. Il se dit même prêt à régler lui-même les amendes ! Évidemment, un tel arrangement serait irrecevable devant la justice. Aussi, de guerre lasse, Ecclestone annonce dimanche matin que le GP de Belgique disparaîtra du calendrier en 2000, et ce bien qu'il bénéficie encore d'un contrat de six ans. En supprimant cette étape d'un trait de plume, le « Supremo » presse en fait les autorités belges et wallonnes pour qu'elles trouvent un compromis afin de sauver un événement qui génère d'importantes retombées économiques. Il implique aussi la RTBF qui s'occupe elle-même de la réalisation télévisée de cette course, en échange de quoi elle bénéficie d'une ristourne très bienvenue sur les droits de retransmission des autres Grands Prix. En d'autres termes, si le GP de Belgique disparaît, les téléspectateurs belges seront sans doute privés de toutes les autres épreuves de la saison 2000 !... Enfin, Ecclestone place Spa en concurrence avec Zandvoort. Le circuit néerlandais, qui a disparu du calendrier depuis 1985, accueille fort opportunément début septembre une exhibition à laquelle participent les Williams de Ralf Schumacher et d'Alex Zanardi. 40 000 spectateurs se déplacent et Ecclestone brandit la menace d'un GP des Pays-Bas qui supplanterait le GP de Belgique...
Présentation de l'épreuve et marché des transferts
Après sa démonstration lors du Grand Prix de Hongrie, Mika Häkkinen semble avoir repris la main dans la lutte pour le titre mondial, même s'il compte encore deux points de retard sur Eddie Irvine. A priori, le circuit de Spa, avec ses grandes courbes, devrait être favorable aux McLaren-Mercedes, d'où l'optimisme du champion sortant, très content de ses derniers essais privés à Silverstone. « Ma seule inquiétude ici réside dans la météo ! » résume-t-il. Par chance, les trombes d'eau de 1998 ne reviendront pas ce week-end et les météorologues promettent un week-end sans pluie, une première à Spa depuis des années. Du côté de Ferrari, on est en revanche beaucoup plus prudent. Les circuits rapides n'ont pas été très favorables aux Rouges cette saison, si l'on excepte le doublé d'Hockenheim, conquis dans des circonstances bien particulières. Ainsi Jean Todt ne déborde pas d'optimisme avant les épreuves de Spa et de Monza.
Eddie Irvine fait de nouveau équipe avec Mika Salo car le retour de Michael Schumacher se fait toujours attendre. Le 20 août, six semaines seulement après son accident, le pilote allemand a pourtant couvert soixante-cinq tours sur le circuit du Mugello, sans rencontrer de problème particulier dans l'immédiat. Mais il a commis ensuite une imprudence. Aussitôt descendu de son cockpit, il a enfourché un vélo pour parfaire son entraînement. Résultat: des douleurs et une enflure du genou droit. Après avoir consulté ses médecins, Schumacher a dû renoncer à faire son retour en Belgique. Il reporte ses espoirs vers le GP d'Italie, au grand dam de Jean Todt, mécontent de la récente prestation de Salo en Hongrie.
A cinq épreuves de la fin du championnat, la fédération se croit obligée de préciser sa politique en ce qui concerne les consignes d'équipe. Certains se sont en effet émus du dénouement du Grand Prix d'Allemagne qui a vu Mika Salo se défaire de son unique opportunité de remporter un Grand Prix au bénéfice de son leader Eddie Irvine. Charlie Whiting remet aux managers une note fédérale qui en fait ne clarifie pas grand-chose. Le pouvoir sportif estime qu'il ne peut pas interdire les consignes mais demande aux écuries de veiller à ce que celles-ci ne soient pas trop ostensibles, ni trop injustes pour le loyal écuyer. Des épithètes que chacun appréciera selon son bon vouloir. Bref, un vrai flou artistique...
Le marché des transferts commence à se décanter dans les Ardennes. D'abord, Jordan confirme l'engagement de Jarno Trulli pour deux ans, moyennant un salaire estimé à 3,3 millions de dollars (un peu en deçà de celui octroyé à Heinz-Harald Frentzen). Le sympathique Italien de 25 ans prend enfin son essor, après deux saisons et demie de désillusions chez Prost GP. Eddie Jordan organise une amusante passation de pouvoirs: Damon Hill remet à son successeur une énorme clef en plastique, représentant celle du motorhome de l'écurie. Puis l'Irlandais, déambulant dans le paddock, se jette sur Jean Alesi. « Tu es cinglé, tu n'as pas voulu courir pour moi, tu t'es encore trompé d'écurie ! » lâche-t-il, rigolard, à celui qui fut son pilote au temps de la F3000. Alesi sourit à cette facétie. Le pilote français est en effet persuadé d'avoir fait le bon choix en rejoignant son ami Alain Prost, soutenu par Peugeot. Après des semaines angoissantes au cours desquelles a couru le bruit du retrait de la firme au Lion dès la fin 1999, l'avenir de la collaboration entre Guyancourt et Vélizy s'éclaircit. Une reconduction de l'alliance après 2000 n'est pas exclue.
A Spa, Alain Prost présente son tandem de pilotes pour la saison 2000. Si tout le monde connaît Jean Alesi, le jeune blondinet allemand Nick Heidfeld (22 ans), natif de Mönchengladbach (comme Heinz-Harald Frentzen), commence tout juste à émerger sur le devant de la scène, avec brio puisqu'il vient de s'assurer en Hongrie le titre international de Formule 3000. Ce protégé de Mercedes suscite l'enthousiasme de la presse d'outre-Rhin qui voit en lui le successeur de Michael Schumacher. En outre, il bénéficie déjà d'une large expérience en Formule 1 puisqu'il a parcouru des milliers de kilomètres en essais privés pour le compte de McLaren. Heidfeld a été convié par Prost pour tester l'AP02 à Silverstone et a donné toute satisfaction. Mais il n'a pas seulement choisi pour son coup de volant. L'Allemagne est en effet le premier marché de pénétration de Gauloises, principal produit de la Seita, sponsor n°1 de sa nouvelle écurie...
Pendant ce temps-là, Peter Sauber confirme qu'il alignera en 2000 un duo composé de Pedro Diniz (renouvelé pour un an) et de Mika Salo. Jean Todt et Ferrari ont parrainé ce dernier auprès du team helvétique qui utilise comme chacun sait des V10 flanqués du Cheval Cabré. « Salo a prouvé à maintes occasions son potentiel face des coéquipiers de talent et montre depuis son arrivée chez Ferrari qu'il sait faire face à la pression », commente Sauber. « Je suis convaincu qu'avec Diniz, nous avons deux pilotes capables de faire progresser l'équipe ». Ou plus exactement de la remettre dans le droit chemin, car depuis trois ans l'écurie de Hinwil ne cesse de régresser dans la hiérarchie... Autre équipe en déclin, Benetton reconduit pour une année supplémentaire Giancarlo Fisichella et Alexander Wurz qui bénéficient en outre d'une option pour 2001. Mais si l'Italien n'a pas démérité, l'Autrichien s'est montré cette année peu à son avantage et son maintien étonne. « De fait, Alex pouvait aller chez Stewart, mais j'ai senti un très net refroidissement à son égard et j'ai pensé qu'il était préférable pour lui qu'il reste chez Benetton », déclare son manager Peter Cramer. D'autre part, Fisichella et Wurz ont obtenu de Rocco Benetton la promesse d'une restructuration du staff technique, ce qui était aussi au passage une revendication de Supertec, et donc de Renault Sport...
Pour l'heure, le grand oublié de ce marché des transferts est Olivier Panis qui n'a toujours aucun volant en point de mire. Le Français de 33 ans est fort déçu de ne pas avoir été retenu par Peter Sauber. Didier Cotton et Keke Rosberg, qui gèrent désormais sa carrière, ne cachent pas que leur marge de manœuvre est réduite. Pourtant, Tom Walkinshaw leur fait part de son intérêt pour Panis, mais il prévient que Arrows a besoin d'argent et qu'il faudra lui apporter un budget.
Voilà plusieurs mois qu'il est question d'un rachat de Minardi par Telefónica, le géant espagnol des télécommunications, qui envisagerait le déménagement de l'équipe italienne vers une nouvelle usine construite près de Barcelone. Mais les pourparlers sont au point mort en raison du prix de vente excessif réclamé par Gabriele Rumi. Du coup, les Espagnols auraient renoncé à acheter 51 % des parts de Minardi pour se contenter de 15 %... Voilà qui pourrait amener Rumi à réfléchir, mais pour le moment la scuderia de Faenza devrait conserver son nom et son identité en 2000. Reste la question de sa motorisation, puisque des contacts avancés ont été établis avec Supertec, mais rien n'est encore officialisé.
Sur le plan technique, la McLaren-Mercedes reçoit une suspension arrière modifiée, longuement éprouvée par Nick Heidfeld. Ce nouvel élément donne un aspect plus bombé à la carrosserie postérieure de la MP4/14. Ferrari éprouve plusieurs configurations aérodynamiques lors des essais avant d'opter pour une carrosserie très allégée, comme à Hockenheim, mais avec un aileron avant pour pistes à vitesse moyenne. Salo est en outre chargé de tester des disques Brembo alors que Irvine se contente des traditionnels Carbone Industrie. Chez Jordan, Frentzen continue à piloter la version courte de la 199, dotée de disques de frein Hitco, alors que Hill dispose de la version « longue » et de disques Carbone Industrie. Williams introduit un déflecteur horizontal devant l'entrée d'air des pontons de la FW21, destiné à rajouter de la charge sans créer trop de traînée. Toujours à la peine avec les freins, Zanardi essaie de nouveau des disques en acier avant de reprendre des pièces en carbone Hitco. Panis éprouve une Prost AP02 munie pour la première fois d'échappements latéraux, en position haute et débouchant dans les flancs, et ce grâce à des tubulures plus courtes. Le diffuseur est très modifié en conséquence tandis que le moteur Peugeot gagne quelques chevaux grâce aux nouvelles tubulures.
Essais et qualifications
Les essais du vendredi se déroulent par un temps brumeux et frais. Les McLaren dominent et Coulthard signe le meilleur temps du jour (1'53''577'''). Frentzen réalise le 4e temps, mais sort rudement à Pouhon. Puis, Villeneuve provoque un drapeau rouge suite à un bris de suspension au bout de la ligne droite de Kemmel. Samedi matin, alors que le mercure grimpe à peine (14°C). Frentzen signe le meilleur temps (1'51''047''') devant R. Schumacher. Les pilotes McLaren éprouvent différents types de gommes alors que les Ferrari n'émergent pas. Fisichella crée une interruption en exécutant un tête-à-queue après les stands.
La séance qualificative est scandée par deux drapeaux rouges provoqués par les énormes crashs des BAR-Supertec au sommet de l'Eau Rouge. Villeneuve et Zonta commettent tous deux l'erreur d'appréhender le raidillon pied au plancher. Le Québécois perd le premier le contrôle de son bolide qui survole le bac à graviers de droite, puis se pulvérise dans les piles de vieux pneus avec une telle violence qu'il effectue un tonneau avant de s'immobiliser. Villeneuve, qui avait déjà subi une cabriole semblable l'an dernier au même endroit, s'en tire sans peine. « Je suis coupable à 100 %. Je roule toujours trop vite dans ce maudit endroit », grogne-t-il.
Quelques minutes plus tard, Zonta dérape à son tour en arrivant au sommet de la colline. Sa BAR glisse vers la gauche, se retourne, heurte les glissières, puis revient en piste où elle effectue une bonne dizaine de tours sur elle-même avant d'échouer dans le bac à graviers opposé, privée de roues. Miraculeusement, le Brésilien sort lui aussi sans dommage de son épave... Mais ces deux crashs ont de graves conséquences sur le week-end de BAR. Villeneuve doit se reporter sur le mulet tandis qu'un camion contenant un quatrième châssis, déjà parti pour Monza, doit être rapatrié d'urgence à Spa pour permettre à Zonta de prendre le départ. Une histoire court alors le paddock: Craig Pollock aurait demandé à Ron Dennis de lui prêter la McLaren biplace...
Seuls les pilotes McLaren-Mercedes se disputent la pole position. Häkkinen (1'50''329''') obtient sa dixième position de pointe de la saison, la vingtième de sa carrière, avec 1/10e d'avance sur Coulthard (2e, 1'50''484'''). Les Jordan-Mugen-Honda se montrent de plus en plus performantes, surtout sur les tracés rapides, ce qui permet à Frentzen (3e) et Hill (4e) de peindre en jaune la seconde ligne. Ils concèdent néanmoins une seconde aux McLaren. Les Williams-Supertec connaissent un regain de forme: R. Schumacher (5e) talonne les Jordan et Zanardi (8e) fait bonne figure malgré des problèmes de freins. Ferrari paie un manque de développement et l'absence de M. Schumacher, très préjudiciable au réglage de la F399. Irvine (6e) se démène avec une machine très instable et concède une seconde et demie à Häkkinen. Salo (9e) ne fait pas mieux.
Peu chargées en appuis, les Stewart-Ford (Barrichello 7e, Herbert 10e) souffrent d'un net déficit d'adhérence. Villeneuve (11e) et Zonta (14e) s'illustrent par les « horror crashs » décrits ci-dessus. Les dégâts vont peser lourd sur le budget de BAR... Les pilotes Prost-Peugeot perdent du temps samedi matin à cause d'avaries: problème hydraulique pour Trulli (12e), casse moteur pour Panis (17e). Après l'embellie hongroise, les Benetton-Playlife (Fisichella 13e, Wurz 15e) sont de nouveau en quête de grip, surtout dans le deuxième secteur. Les Sauber-Petronas (Alesi 16e, Diniz 18e) sombrent à cause d'un sous-virage très prononcé. Takagi conduit son Arrows à une honorable 19e place alors que son équipier de la Rosa, qui découvrait Spa, hérite de la lanterne rouge. Les voitures orange encadrent les deux Minardi (Badoer 20e, Gené 21e), plutôt décevantes.
Le Grand Prix
Une fois n'est pas coutume: le soleil brille ce dimanche sur les Ardennes belges. Häkkinen signe le meilleur chrono du warm-up devant R. Schumacher. Panis hérite d'une surprenante troisième place: comme souvent, la Prost est très véloce avec le plein. L'après-midi, l'atmosphère est tout à fait estivale. La majorité du peloton, chaussée de pneus tendres, prévoit deux arrêts. Les Williams, les Benetton et les BAR, en composé plus dur, ne s'arrêteront qu'une seule fois. Takagi abandonne sa voiture de course sur la prégrille suite à un souci d'alimentation et se reporte sur le mulet Arrows.
Départ: Häkkinen devance légèrement le feu vert et bouge imperceptiblement. Il touche ses freins puis démarre mal. Coulthard aborde la Source par l'extérieur, très légèrement en avance sur son équipier qui garde sa trajectoire. L'Écossais braque et les deux McLaren s'effleurent, mais Coulthard s'impose. Frentzen reste troisième. Hill a loupé son envol et a perdu trois positions. Deux voitures restent scotchées: Takagi suite à une panne d'embrayage et Zonta qui a calé son moteur.
1er tour: Coulthard compte une seconde et demie d'avance sur Häkkinen. Suivent Frentzen, Irvine, R. Schumacher, Zanardi, Hill, Salo, Barrichello et Herbert. Takagi a abandonné tandis que Zonta repart depuis les stands avec un tour de retard.
2e: Les McLaren s'échappent facilement. Irvine n'est pas en mesure de menacer Frentzen. Léger en carburant, Alesi réalise un beau début de course et pointe au 12e rang.
3e: Coulthard a creusé une avance de deux secondes et demie sur Häkkinen. Les commissaires examinent le départ litigieux du Finlandais, mais ils ne prendront aucune sanction puisqu'il n'en a a tiré aucun avantage.
4e: Irvine est à la peine avec une Ferrari vicieuse. Non seulement il est incapable de revenir sur Frentzen, mais il est talonné par R. Schumacher. Zanardi est pour sa part menacé par Hill et Salo.
5e: Coulthard mène devant Häkkinen (3s.), Frentzen (7.1s.), Irvine (11.9s.), R. Schumacher (12.4s.), Zanardi (14.4s.), Hill (15s.), Salo (15.6s.), Barrichello (17.5s.) et Herbert (21s.). Alesi prend la onzième place à Fisichella.
7e: Coulthard a repoussé Häkkinen à quatre secondes et demie. Alesi s'empare de la dixième place aux dépens de Herbert.
9e: Coulthard précède Häkkinen (6.2s.), Frentzen (12.7s.), Irvine (18.7s.), R. Schumacher (20s.), Zanardi (24.2s.), Hill (25s.), Salo (26s.), Barrichello (29s.), Alesi (30s.), Herbert (35s.) et Fisichella (37s.).
10e: Hill presse Zanardi pour la sixième place, sans pouvoir le doubler. Salo évolue dans le sillage du Britannique. Alesi pourchasse Barrichello.
12e: Coulthard conserve six secondes et demie de marge sur Häkkinen. Frentzen est relégué à quinze secondes. Jusqu'alors quatorzième, Panis ouvre le bal des ravitaillements. Badoer passe aux stands au tour suivant.
14e: Coulthard précède Häkkinen (8s.), Frentzen (18s.), Irvine (24s.), Schumacher (26s.), Zanardi (29s.), Hill (30s.) et Salo (31s.). Trulli, Gené et de la Rosa effectuent leur premier ravitaillement.
15e: Dix secondes séparent désormais les pilotes McLaren. Alesi effectue son premier ravitaillement (10.2s.). Herbert monte sur ses freins à l'Arrêt de Bus, ce qui permet à Fisichella de le dépasser. Le pilote anglais ravitaille dans la foulée, imité par Diniz.
16e: Hill subit un premier pit-stop très court (6.8s.) et ressort dixième, juste derrière Fisichella.
17e: Frentzen stoppe chez Jordan pour remettre de l'essence et des pneus neufs (7.7s.). Salo ravitaille également (8.1s.), de même que Barrichello qui fait une mauvaise affaire puisqu'il glisse derrière Alesi.
18e: Coulthard rencontre l'attardé de la Rosa. Häkkinen fait escale chez McLaren pour un premier pit-stop (7.7s.), puis repart troisième derrière R. Schumacher. Irvine passe au stand Ferrari (6.9s.).
19e: Coulthard apparaît dans la pit-lane et subit un arrêt assez court (7.2s.). Il conserve sans peine les commandes du Grand Prix.
20e: Häkkinen se débarrasse de Schumacher avant les Combes et récupère la deuxième place. Victime d'un bris de suspension, Diniz perd l'arrière de sa Sauber en attaquant l'Eau Rouge. Le Brésilien exécute plusieurs pirouettes, ce qui lui permet de perdre de la vitesse avant d'échouer dans les graviers. Une grue intervient pour dégager sa monoplace.
21e: Coulthard compte dix secondes de marge sur Häkkinen. Wurz est assailli dans Kemmel par Alesi à sa gauche et Barrichello à sa droite. Le Français s'impose, mais l'Autrichien garde l'ascendant sur le Brésilien en sortant des Combes. Zanardi effectue son unique pit-stop (9.2s.), tout comme Fisichella (11.1s.).
22e: R. Schumacher subit son seul ravitaillement (12s.), puis repart en septième position derrière Salo et devant Zanardi. Arrêts également pour Wurz et Zonta.
23e: Häkkinen réalise le meilleur tour de la course (1'53''955''') et reprend une seconde à Coulthard qui a perdu du temps derrière de la Rosa.
24e: Coulthard mène devant Häkkinen (8.4s.), Frentzen (22s.), Irvine (31s.), Hill (38s.), Salo (45s.), Schumacher (46s.), Zanardi (49s.), Alesi (54s.), Barrichello (1m.), Villeneuve (1m. 05s.) et Panis (1m. 08s.).
26e: Neuf secondes séparent Coulthard et Häkkinen. Hill a repris trois secondes à Irvine. R. Schumacher trépigne derrière Salo. Villeneuve effectue très tardivement son unique arrêt alors que Badoer stoppe une seconde fois.
27e: Coulthard précède Häkkinen (9s.), Frentzen (26s.), Irvine (35s.), Hill (39.5s.), Salo (48s.), R. Schumacher (49s.) et Zanardi (51s.). Deuxième arrêt pour Panis.
28e: Coulthard réalise son meilleur chrono du jour (1'54''088''''). Hill anticipe son deuxième pit-stop suite à une crevaison lente. Il se relance derrière les Williams qui ne doivent plus s'arrêter. Victime d'un problème de freins, Herbert quitte la route à Rivage. Il regagne le circuit, mais un peu plus loin, il dérape aux Fagnes, travers les graviers en marche arrière et s'écrase dans le mur de pneus. Un véhicule intervient pour ôter sa Stewart.
29e: R. Schumacher est bloqué par Salo qui protège ainsi son équipier Irvine, menacé par la stratégie à un arrêt du jeune Allemand. Alesi passe pour la seconde fois aux stands, tout comme Gené et de la Rosa.
30e: Coulthard devance Häkkinen (9s.), Frentzen (30s.), Irvine (40s.), Salo (52s.), R. Schumacher (53s.), Zanardi (56s.), Hill (1m. 01s.) et Barrichello (1m. 06s.). Deuxième arrêt pour Trulli.
31e: Häkkinen revient chez McLaren pour ravitailler (8s.). Après un redémarrage hésitant, le Finlandais ressort derrière Frentzen. Zanardi repasse aux stands car ses mécaniciens n'ont pas déversé assez d'essence dans son réservoir lors du premier ravitaillement. L'Italien tombe du septième au neuvième rang et perd ainsi tout espoir d'inscrire un point.
32e: Coulthard effectue un second pit-stop très prompt (6.9s.) et reste en tête. Frentzen s'arrête également (6.8s.), suivi par Irvine (8s.). Barrichello subit aussi un second pit-stop.
33e: Irvine quitte les stands juste au niveau de son équipier Salo, lequel met deux roues dans la poussière pour le contourner. Mais l'important est que l'Irlandais soit reparti devant R. Schumacher ! Salo ouvre la porte à Irvine avant Rivage, avant de bouchonner Schumacher éhontément, à la grande colère de l'écurie Williams.
34e: Après avoir retenu Schumacher un tour supplémentaire, Salo subit son deuxième ravitaillement (6.4s.) et repart en septième position. Badoer se gare peu après la ligne de chronométrage car son triangle de suspension avant-gauche s'est brisé net sur un trottoir de l'Arrêt de Bus.
35e: Coulthard mène devant Häkkinen (13.8s.), Frentzen (34s.), Irvine (45s.), R. Schumacher (47s.), Hill (54s.), Salo (58s.), Zanardi (1m. 08s.), Alesi (1m. 13s.), Barrichello (1m. 17s.), Fisichella (1m. 28s.) et Trulli (1m. 31s.).
36e: Coulthard continue de creuser l'écart sur Häkkinen, repoussé à près de quinze secondes. Zonta rentre aux stands pour abandonner après avoir perdu son troisième rapport. De la Rosa renonce quant à lui suite à une panne de transmission.
38e: L'intervalle n'évolue pas entre les McLaren-Mercedes. Il n'y aura pas de consignes en faveur de Häkkinen... Plus loin, R. Schumacher remonte sur Irvine.
40e: Coulthard est premier devant Häkkinen (15.5s.), Frentzen (35s.), Irvine (47s.), R. Schumacher (50.5s.), Hill (57s.), Salo (1m.) et Zanardi (1m. 10s.).
42e: Coulthard garde une quinzaine de secondes d'avance sur son équipier. Irvine maintient R. Schumacher quatre secondes derrière lui. Salo tente en vain de revenir sur Hill.
44e et dernier tour: David Coulthard remporte le GP de Belgique devant Häkkinen. C'est un « doublé dans le désordre » pour McLaren-Mercedes. Frentzen termine troisième et monte sur son cinquième podium de la saison. Irvine obtient une médiocre quatrième place. R. Schumacher est déçu de sa cinquième position. Hill (6e) recueille un point. Viennent ensuite Salo, Zanardi, Alesi, Barrichello, Fisichella, Trulli, Panis, Wurz, Villeneuve (qui achève enfin un Grand Prix cette saison) et Gené.
Après la course: Coulthard s'immisce
David Coulthard affiche seul un franc sourire sur ce podium. Heinz-Harald Frentzen, handicapé par une mauvaise position de conduite, a le dos en compote. Quant à Mika Häkkinen, il s'écarte ostensiblement de Coulthard lors de la douche au champagne. Le champion du monde est mortifié que son écurie ait permis à son collègue de le doubler puis de le devancer jusqu'au drapeau à damiers. Si Häkkinen reprend les commandes du championnat des pilotes à Eddie Irvine, c'est pour un petit point seulement, alors qu'il aurait pu en glaner quatre de plus si son équipier s'était sacrifié. Ron Dennis plaide le fair-play: la FIA ne vient-elle pas de serrer la vis en matière de consignes ? D'autre part, Coulthard est contractuellement traité sur un pied d'égalité avec Häkkinen. Il n'y a pas de « n°1 » et de « n°2 » chez McLaren. Enfin, existerait dans cette équipe une règle tacite selon laquelle le pilote qui est devant l'autre à la sortie du premier virage doit le demeurer jusqu'à l'arrivée. « On en apprend tous les jours !... » soupire Häkkinen, frustré.
En tout cas, Coulthard est allé chercher cette victoire au forceps, dans le premier tournant de La Source, quitte à risquer un nouvel accrochage avec son équipier. D'ailleurs, les deux McLaren se sont bel et bien touchées. « J'ai pris un meilleur départ que Mika et nous sommes arrivés très près l'un de l'autre au freinage », narre l'Écossais. « Je me suis écarté à temps, même si nous nous sommes légèrement frottés. Ensuite, la voiture a été excellente et j'ai pu pousser à fond pour me mettre à l'abri. » L'incident autrichien ne s'est par bonheur pas reproduit. Cette fois-ci, l'audace de Coulthard a payé. « J'ai commis une erreur au départ et c'est ce qui a permis à David de jaillir en tête », ajoute Häkkinen. « Franchement, je suis déçu de ne pas m'être imposé. Mais vous avez pu voir que nous disposons tous deux du même matériel... Il était très rapide et impossible à dépasser. Rester dans son sillage aurait abîmé mes pneus et j'ai donc décidé d'assurer les six points de la deuxième place. » Toutefois, si le Finlandais est en colère, il ne se répandra pas devant la presse. « Après Spielberg, j'ai de nouveau vécu une expérience frustrante, mais je ne souhaite pas apporter d'autres commentaires », conclut-il.
Häkkinen est d'autant plus mécontent que Coulthard s'installe dorénavant en trouble-fête dans la bataille pour le titre mondial. Avec 46 points, ce dernier revient à seulement quatorze longueurs de son équipier et peut donc nourrir de légitimes ambitions à quatre épreuves du terme de la saison. Ron Dennis assume sa ligne de conduite, sportive mais risquée: Häkkinen et Coulthard seront libres de se battre pour la couronne... même si cela pourrait in fine profiter à Irvine et à Ferrari. « Jouer le titre avec deux pilotes est terriblement risqué ! Si McLaren gagne ainsi, ce sera magnifique, mais c'est très dangereux ! » commente Alain Prost, qui en connaît un rayon sur la question...
Si McLaren rejette le favoritisme, il n'en va pas de même de Ferrari qui a de nouveau placé Mika Salo au service d'Eddie Irvine. L'intérimaire finlandais a rempli une peu noble mission: il a bloqué Ralf Schumacher afin de l'empêcher de passer devant l'Irlandais après le second ravitaillement de celui-ci. Le jeune Allemand ne dissimule pas son irritation car il estime que sans ce tour de passe-passe, il aurait pu doubler ensuite Heinz-Harald Frentzen et grimper sur le podium. Patrick Head s'étonne pour sa part de l'absence de réaction de Charlie Whiting et éreinte la Scuderia: « Ce n'est pas la première fois cette saison que Ferrari utilise ce genre de tactique cynique. Je préfère l'esprit sportif dont fait preuve McLaren en laissant ses pilotes sur un pied d'égalité. J'espère qu'ils remporteront les titres mondiaux qu'ils méritent davantage que Ferrari ! »
Cependant les Rouges n'ont pas le loisir de répondre aux piques de Head. Pour la deuxième fois consécutive, les F399 n'ont jamais été en mesure de rivaliser avec les McLaren-Mercedes, qui pis est sur un tracé très différent de l'Hungaroring. « Nous avons été à côté de la plaque tout au long du week-end », reconnaît Eddie Irvine. « Je manquais dramatiquement d'appuis et donc d'adhérence. Mais il fallait pourtant que j'enlève un maximum d'aileron pour avoir assez de vitesse de pointe ! Du coup, j'avais aussi une mauvaise motricité et les freinages étaient difficiles, à tel point que j'avais peine à ralentir en arrivant aux Combes ! La voiture glissait de partout... » L'Irlandais du Nord ajoute que Ferrari devrait souffrir encore deux semaines plus tard à Monza. Seule satisfaction, il ne cède la première place du championnat que pour un petit point. « Ron Dennis applique vraiment une bonne politique ! » ironise-t-il.
Les journalistes ont une explication toute trouvée à la méforme de Ferrari: l'absence de Michael Schumacher ! Selon eux, ni Irvine ni Salo ne sont aptes à dénicher les bons réglages pour la F399. Le double champion du monde, maître dans cet art, saurait en extraire la substantifique moelle ! Voilà un raisonnement un peu simpliste. Jean Todt se garde d'accabler ses pilotes. « C'est la faute à personne et à tout le monde. Nous n'avons pas su bien exploiter notre matériel, c'est tout », souffle le manager français qui, malgré tout, espère que Schumacher pourra prendre le départ du GP d'Italie quinze jours plus tard.
Au championnat des pilotes, Häkkinen (60 points) reprend le commandement à Irvine (59 pts), tandis que Coulthard (46 pts) revient dans la course, dont n'est pas encore tout à fait exclu ce diable de Frentzen (40 pts), toujours aussi régulier. Chez les constructeurs, McLaren-Mercedes (106 pts) apparaît au premier rang pour la première fois de l'année au détriment de Ferrari (97 pts). Jordan-Mugen-Honda (47 pts) est solidement arrimée à la troisième place. La quatrième position est disputée par Williams-Supertec (24 pts), Benetton-Playlife (16 pts) et Stewart-Ford (14 pts).
Sources :
- Renaud de Labroderie, Le Livre d'Or de la Formule 1999, Solar, 1999
- Formule 1, la saison 1999, Mixing GmbH, 1999
- Sport Auto, octobre 1999
- https://franceracing.fr/f1/1999-quand-la-pub-tabac-faillit-mettre-un-terme-au-grand-prix-de-belgique/
Tony