Rubens BARRICHELLO
 R.BARRICHELLO
Stewart Ford Cosworth
Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Ferrari
Eddie IRVINE
 E.IRVINE
Ferrari

602. Großer Preis

LV Grand Prix Automobile de Monaco
Regen
Monaco
Sonntag, 11. Mai 1997
62 Runden x 3.366 km - 208.692 km
Das für 78 Runden geplante Rennen wurde nach 2 Stunden abgebrochen.
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Max Mosley répond à Jacques Villeneuve

Fin avril, Jacques Villeneuve a lancé des critiques virulentes voire grossières à l'égard du nouveau règlement technique que compte imposer la FIA en 1998. Le Canadien estime que le retour aux pneus rainurés est une aberration et menace de quitter la F1 si ce changement devait être entériné. Mais Max Mosley qui n'a pas l'intention de se laisser dicter sa conduite par ce freluquet. Le président de la fédération juge en effet ce moyen adéquat pour freiner la guerre des manufacturiers de pneumatiques: « Il faut mettre un terme à cette terrible escalade des performances. D'où ces gommes à plusieurs sillons. Quant à Villeneuve, s'il trouve ces nouvelles machines peu amusantes à piloter, qui puis-je ? Du reste, il énonce plusieurs contre-vérités: non les pneus rainurés ne permettront pas aux pilotes les moins rapides de garder le contact avec les meilleurs, tout prouve le contraire. Croire cela, c'est effacer toute l'histoire du sport automobile. En fait, il pense qu'avant lui tous les pilotes étaient médiocres ! Je suis persuadé que les pilotes apprendront vite à manier leur monoplace sur des pneus rainurés. Lorsque nous avons introduit ceux-ci en rallye, tous se plaignaient d'un contrôle plus difficile, d'un danger supplémentaire. Ils reconnaissent aujourd'hui que le pilotage est une question d'adresse. Et que les meilleurs sont toujours devant les moins bons ! En attendant, la vitesse a baissé. Un bon facteur de sécurité. Villeneuve est jeune et ambitieux. Il aime le risque. Quand il aura 50 ans, il viendra me remercier parce que, grâce à moi, il sera encore là ! »

 

Bien entendu, Jacques Villeneuve ne goûte guère le ton condescendant de l'avocat britannique. Loin de se rentrer dans le rang, il réaffirme ses opinions: « Le président Mosley pense ce qu'il veut, mais ces nouveaux règlements sont ridicules. Je le réaffirme: les voitures deviendront très difficiles à conduire. » Le pilote Williams ne désespère pas de monter une fronde contre cette réforme, mais ses collègues sont peu enclins à braver le pouvoir fédéral. Cela incite Mosley à envisager des sanctions exemplaires contre le rebelle.

 

Présentation de l'épreuve

Quelques travaux ont été menés à l'occasion de ce soixantième Grand Prix de Monaco. Le premier « S » de la Piscine a ainsi été redessiné: plus anguleux, il est aussi bordé d'un dégagement en asphalte qui peut permettre aux pilotes à la dérive d'éviter le rail. Cet enchaînement reçoit le nom du légendaire pilote monégasque Louis Chiron.

 

Christian Contzen, le directeur général de Renault Sport, commente son arrivée à Monte Carlo en ces termes: « Nous voici de nouveau au pied de ce Rocher maudit de Renault... » En effet, ce Grand Prix de Monaco ne sourit guère à la firme au Losange qui, sur vingt ans de présence en Formule 1, n'y a gagné qu'une seule fois, en 1995, avec Michael Schumacher et Benetton. La paire Williams-Renault, qui domine la discipline depuis un lustre, n'a ainsi jamais gagné en Principauté. Cette « malédiction » frappe en fait surtout l'écurie britannique qui n'a remporté ici que deux victoires, la dernière remontant à 1983, avec Keke Rosberg. Il y a quatorze ans...

 

Rasséréné par sa victoire à Imola, Heinz-Harald Frentzen souhaite enchaîner avec un second succès à Monaco. L'Allemand rayonne: son médiocre début de saison paraît oublié. « En vérité, mes relations avec Frank Williams et Patrick Head se sont améliorées », confie-t-il. « En début d'année, nous n'étions pas sur la même longueur d'ondes: ils voulaient des résultats immédiats et moi je prenais mon temps. Ils auraient aimé que je réalise d'emblée les mêmes performances que Damon Hill en 1996. » Le malentendu semble dissipé.

 

Vendredi soir, Martin Whitaker, le directeur de Ford Motorsport, et John Southgate, directeur des relations publiques de Ford Europe, donnent un gala à l'hôtel Ermitage en l'honneur de leurs associés de Stewart Grand Prix. En bons Écossais, Jackie et Paul Stewart apparaissent en kilt. Rubens Barrichello et Jan Magnussen se contentent d'apparaître en costume cravate. Sourcilleux, Jackie Stewart passe en revue leurs tenues. « Il ne suffit pas de bien courir, il faut être impeccable en toute circonstance », énonce-t-il avant de les présenter au prince Rainier.

 

Après Canal + et Bic, Alain Prost s'allie avec un nouveau sponsor de poids, le géant français des télécommunications Alcatel. Ce contrat de deux ans porte sur un soutien financier, mais aussi sur un partenariat technologique. Quelques ingénieurs d'Alcatel seront ainsi présents sur les Grands Prix dans le stand Prost GP. « Il s'agit de développer une image de la technologie française sur le plan international », déclare Caroline Mille, directeur de la communication du groupe Alcatel-Alsthom.

 

À Monte-Carlo, Alain Prost s'entretient aussi avec Hirotoshi Honda, le président de Mugen, afin d'évoquer le sort de Shinji Nakano. Mécontent des performances du pilote japonais, manifestement trop inexpérimenté pour la Formule 1, le Français souhaiterait le remplacer par l'essayeur Emmanuel Collard. Mais Hirotoshi Honda a été profondément vexé des noces Prost - Peugeot annoncées à la mi-février. « Il a le sentiment d'avoir perdu la face, et cela est très grave pour un Japonais », rappelle Claude Sage, toujours très lié au constructeur nippon. Honda refuse donc d'abandonner Nakano. Prost doit se résoudre à composer avec un seul pilote compétitif: Olivier Panis. Celui-ci aborde évidemment ce Grand Prix de Monaco avec une émotion particulière. Un an s'est écoulé depuis son incroyable victoire en Principauté et le Grenoblois est bien conscient d'avoir vécu là le tournant de sa carrière. « Ma victoire m'a insufflé un surcroît de confiance », souligne-t-il. Néanmoins, la suite de la saison 96 ne fut pas à la hauteur de ses attentes, l'écurie Ligier s'étant peu à peu délitée autour de lui. « Je n'ai pourtant jamais douté de moi. Et puis, Alain Prost est arrivé... » Depuis la reprise en main de l'écurie bleue par le quadruple champion du monde, Panis navigue sur un petit nuage. Le JS45 est une très bonne voiture et il est tout à fait capable de remporter à son volant un nouveau Grand Prix.

 

Hirotoshi Honda a un agenda chargé. Après Monaco, il doit rencontrer Tom Walkinshaw (le 15 mai à Leafield), Flavio Briatore (le 16 mai à Enstone) et Eddie Jordan (le 17 mai à Silverstone). Le V10 Mugen-Honda est en effet convoité par Arrows, Benetton et Jordan pour 1998. Au milieu de ces tractations se mêle le cas de Damon Hill. Le champion du monde en titre, qui n'a toujours pas vu le drapeau à damiers cette saison, est très mécontent de sa situation chez Arrows-Yamaha et songe évidemment à dénicher un meilleur volant pour la prochaine saison. D'où l'intérêt de son patron Tom Walkinshaw pour le V10 Mugen-Honda, nettement plus performante que son « compatriote » nippon de Yamaha. Mais l'Écossais se heurte à un autre roublard de premier ordre, Eddie Jordan, qui promet le moteur Honda à Hill... et le recrutement de Hill à Honda. Que le meilleur gagne !

 

Ilmor s'agrandit: le motoriste britannique qui fabrique les V10 estampillés Mercedes investit quelques millions de livres sterling dans l'extension de ses ateliers de Brixworth, lesquels s'étendent désormais sur 6500 mètres carrés. Une nouvelle unité accueillera un service développement élargi. Mercedes donne ainsi toutes les armes à son sous-traitant pour produire le moteur qui doit succéder au V10 Renault comme référence à l'horizon 1998. De leur côté, face à l'échec du V10 Zetec-R, Ford et Cosworth planchent dorénavant sur un nouveau moteur - toujours un dix cylindres - dont Stewart GP aura l'exclusivité. Le Zetec-R sera pour sa part commercialisé en version client à compter de 1998 pour un montant de cinq millions de livres. Voilà qui devrait intéresser Ken Tyrrell et Giancarlo Minardi.

 

Comme toujours à Monaco, les écuries montent de très gros ailerons sur leurs monoplaces afin de maximiser l'appui. On compte ainsi pas moins de neuf profils d'aile à l'arrière de la Ferrari d'Irvine ! Chez Benetton, toute la portion arrière de la B197 a été remodelée d'après des solutions déjà utilisées en 1996: deux longues dérives rejoignant l'aileron arrière, double flap sur celui-ci, deux mini-ailerons devant les roues arrière. Pat Symonds a aussi revu le capot et la prise d'air. Les McLaren MP4/12 reçoivent des triangles arrière en métal et non en carbone. Les journalistes supputent un changement d'empattement, mais les hommes de Ron Dennis manquent tout simplement de pièces de rechange... Voilà qui fait désordre. La Jordan 197 a considérablement évolué afin d'obtenir plus d'appui: aileron arrière inédit doté d'un seul gros flap et zone centrale très élargie à l'avant. Le résultat semble donner satisfaction à Fisichella et Schumacher. Sauber adjoint un nouveau becquet, type McLaren, à sa C16, ainsi qu'un aileron arrière imposant à dix profils. La Tyrrell-Ford a reçu beaucoup de modifications, avec notamment l'apparition de deux mini-profils travaillant avec les « candélabres » apparus en Argentine et de gros déflecteurs ajoutés au niveau des pontons pour mieux alimenter cette zone.

 

Essais et qualifications

Les séances du jeudi sont consacrées à la mise au point des monoplaces. M. Schumacher se montre à son avantage, de même que Frentzen qui heurte cependant les rails après le Gazomètre en fin d'après-midi. Cependant Herbert crée la surprise en réalisant le meilleur chrono au volant de sa Sauber-Petronas. Le V10 Ferrari de 1996 bat ainsi celui de 1997, ce qui ne sied guère à Jean Todt. Le surlendemain, le mercure grimpe de quelques degrés et de la poussière s'est redéposée sur la piste, ce qui perturbe les pilotes. Les Williams de Villeneuve et Frentzen prennent les devants mais sont menacées par la Jordan de Fisichella. Coulthard, Panis et Herbert sont victimes de touchettes.

 

L'après-midi, les favoris font parler la poudre lors de la séance qualificative. M. Schumacher détient longtemps le chrono de référence (1'18''235'''), mais Frentzen lui chipe la première place (1'18''216''') à trois secondes du drapeau à damiers. L'Allemand de Williams réalise ainsi sa première pole position. Sur l'autre Williams-Renault, Villeneuve (3ème) surmonte sa répugnance pour ce circuit mais perd tout espoir de signer la pole en frottant le rail à Anthony Noguès. Chez Ferrari, Schumacher s'élancera donc deuxième. Irvine adopte les mêmes réglages que son leader... et reste bloqué à une calamiteuse 15ème place. Une contre-performance que l'Irlandais est incapable d'expliquer. Fisichella (4ème) s'affirme comme l'outsider ce Grand Prix: jamais Jordan-Peugeot n'avait été à pareille fête cette saison. Moins heureux que son coéquipier, R. Schumacher (6ème) est cependant fort bien placé. Encore un week-end difficile pour les McLaren-Mercedes, atteintes de sous-virage. Coulthard (5ème) fait mieux que Häkkinen (8ème) qui achève ses qualifications dans le rail de la Piscine.

 

Les conditions de piste ayant évolué, Herbert (7ème) ne parvient pas à replacer sa Sauber-Petronas en haut de la hiérarchie. Son collègue Larini (11ème) commet plusieurs fautes de pilotage qui agacent Peter Sauber. Les Benetton-Renault souffrent toujours d'un manque de stabilité en sortie de virage. Alesi (9ème) s'en sort beaucoup mieux que Berger (17ème) qui ne semble pas dans son assiette. En dépit de quelques tâtonnements dans les réglages, Barrichello (10ème) place la Stewart-Ford dans le « top ten ». Magnussen (19ème) découvre pour sa part le tracé monégasque. Grosse déception chez Prost: contraint de prendre le mulet suite à son accident du matin, Panis (12ème) ne met pas le doigt sur les bons réglages. Le pauvre Nakano (21ème) erre sur ce circuit inconnu et ne parvient pas à équilibrer sa JS45. Les Arrows-Yamaha (Hill 13ème, Diniz 17ème) subissent moins de pannes qu'à l'ordinaire. Du côté de Tyrrell, Salo (14ème) réalise une excellente performance tandis que Verstappen (22ème) sort à la Piscine et doit se qualifier avec le mulet réglé pour son coéquipier. Des problèmes enfin pour les Minardi-Hart: panne d'embrayage pour Trulli (18ème), sous-virage persistant pour Katayama (20ème).

 

Le GP de Monaco de Formule 3 est remporté par le jeune Allemand Nick Heidfeld sur une Dallara-Opel du team BSR. Il s'agit de la dernière édition de cette épreuve qui a peu à peu perdu de son prestige au fil des années: à compter de 1998, elle sera remplacée par une manche du championnat international de Formule 3000.

 

Le Grand Prix

Le warm-up du dimanche matin est interrompu pendant dix minutes à cause de Herbert, tombé en panne sur le circuit. Le meilleur chrono revient à Häkkinen qui dit avoir enfin trouvé le bon « set-up ». Reste à savoir si cela lui sera utile car de gros nuages s'amoncellent au-dessus du Rocher... Mais pour l'heure, les paparazzi envahissent le stand Williams-Renault qui accueille le réalisateur-vedette Luc Besson, un grand passionné de sport automobile. Pour l'anecdote, celui-ci est le gendre de François Guerre-Berthelot, pilote de Formule Renault et de Formule 3 dans les années 70.

 

Après le déjeuner, les météorologues annoncent que Monaco sera l'épicentre d'un violent orage à 14h30... soit à l'instant du départ. En conséquence, presque toutes les écuries montent des pneus sculptés sur leurs monoplaces. Williams préfère toutefois écouter une station météo anglaise spécialisée dans les raids transatlantiques, laquelle ne prévoit qu'une courte averse. Frank Williams et Patrick Head négligent les mises en garde de la direction de course et ordonnent de monter des slicks sur les FW19 de Frentzen et de Villeneuve, qui n'ont pas voix au chapitre. McLaren se montre aussi téméraire: Häkkinen s'élance en slicks, Coulthard en intermédiaires. Chez Sauber, Herbert part en intermédiaires et Larini en slicks. Ferrari se fie entièrement aux intuitions de M. Schumacher qui choisit de partir avec son mulet intégralement réglé en version « pluie ». La plupart des pilotes panachent leur « set-up », mais certains se montrent optimistes, comme Panis qui règle sa Prost pour piste sèche. Enfin, les observateurs scruteront les performances des pneus Bridgestone, réputés plus efficaces que les Goodyear sur sol humide.

 

À 14h20, comme attendu, l'orage éclate et inonde la Principauté. Lors du tour de formation, les pilotes Williams constatent horrifiés que le bitume est déjà très humide. Ils comprennent que leur course est perdue avant même le feu vert...

 

Départ: Frentzen et Villeneuve peinent à arracher leurs Williams de leurs emplacements. M. Schumacher s'empare immédiatement du commandement devant Fisichella qui se place devant Frentzen, tandis que R. Schumacher double Villeneuve. Pas d'incident à Sainte-Dévote.

 

1er tour: M. Schumacher s'enfuit aussitôt devant Fisichella. R. Schumacher dépasse Frentzen tandis que Villeneuve perd plusieurs positions. Diniz exécute un tête-à-queue avant le Portier: coincé face au rail, le Pauliste est poussé vers l'échappatoire. En fin de tour, M. Schumacher devance Fisichella, R. Schumacher, Frentzen, Barrichello, Herbert, Coulthard, Panis, Villeneuve et Häkkinen.

 

2e: La piste est très glissante. M. Schumacher compte déjà onze secondes d'avance sur Fisichella ! Barrichello, Herbert et Panis doublent Frentzen. Coulthard part en tête-à-queue avant la chicane du port et reste bloqué en pleine piste, à contre-sens. Surpris, Häkkinen emboutit la Benetton d'Alesi et y laisse sa roue avant-gauche. Dans la confusion, Hill est bousculé par Irvine et brise sa suspension avant-gauche contre la Tyrrell de Verstappen. L'Anglais se gare avant le Bureau de Tabac. Coulthard abandonne sa McLaren lorsque tout le peloton est passé. Les deux McLaren et les deux Arrows sont hors course.

 

3e: M. Schumacher compte une quinzaine de secondes de marge sur un groupe comprenant Fisichella, R. Schumacher, Barrichello, Herbert et Panis. Villeneuve part en glissade à Mirabeau et laisse filer Irvine, Alesi et Salo. Dans la manœuvre, Salo touche Alesi qui esquisse un demi-tête-à-queue mais parvient à se relancer. En fin de tour, Villeneuve regagne son stand pour prendre des pneus rainurés et dégringole en dernière position.

 

4e: L'avantage de M. Schumacher sur Fisichella atteint seize secondes. Irvine et Salo passent devant Frentzen. Larini effectue une pirouette à la chicane du port, puis fait halte chez Sauber pour mettre des pneus rainurés

 

5e: L'averse gagne en intensité: les pilotes ne roulent qu'en 1'56''. R. Schumacher exécute un tête-à-queue à l'épingle du Loews. Le jeune Allemand remet les gaz aussitôt mais a dû laisser filer Barrichello. Frentzen stoppe enfin pour mettre les pneus adéquats.

 

6e: Barrichello surprend Fisichella à la sortie du tunnel et s'empare de la seconde place. Puis R. Schumacher réussit un dépassement hardi sur son équipier par l'intérieur du premier S de la Piscine. Fisichella doit ensuite fermer la porte devant Herbert. Larini glisse à Sainte-Dévote et se retrouve dans l'échappatoire. Incapable de faire demi-tour, il repart avec l'aide des commissaires.

 

7e: M. Schumacher esquisse à Mirabeau un début de glissade qu'il rattrape superbement. L'Allemand devance Barrichello (27.5s.), R. Schumacher (30.8s.), Fisichella (33.4s.), Herbert (34.1s.), Panis (40.6s.), Irvine (47s.), Salo (55s.), Alesi (1m.) et Berger (1m. 02s.). Frentzen est seizième, Villeneuve dix-septième.

 

8e: Frentzen dépasse Trulli dans la descente vers Mirabeau. Ne voulant pas gêner l'Allemand, l'Italien se déporte hors-trajectoire, dérape sur une flaque et finit sa course dans la glissière de sécurité. Erreur de jeunesse... Deuxième arrêt pour Larini.

 

9e: M. Schumacher compte vingt-huit secondes d'avance sur la surprenante Stewart de Barrichello. Herbert met la pression sur les Jordan.

 

10e: Herbert bloque ses roues au freinage de Sainte-Dévote, part en aquaplanage et percute de plein fouet les protections. L'Anglais s'extrait sans mal de sa Sauber. Plus loin, Berger tire tout droit à Mirabeau et brise sa calandre contre les barrières. L'Autrichien parvient à faire marche arrière et à repartir.

 

11e: R. Schumacher glisse à Massenet, casse sa suspension arrière et se range dans un échappatoire. Il n'y a plus que quinze voitures sur la piste. Berger stoppe chez Benetton pour réparer sa monoplace et repart avant-dernier.

 

12e: Barrichello roule sur un filet d'eau au freinage du port et doit court-circuiter la chicane. Désormais sixième, Salo est invité par Tyrrell à demeurer en piste jusqu'à l'arrivée, sans passer par les stands, dans l'espoir d'accrocher quelques points. Le Finlandais a suffisamment d'essence pour cela mais ses gommes tiendront-elles le coup ?

 

13e: Le bitume est totalement détrempé. M. Schumacher précède Barrichello (31s.), Fisichella (45s.), Panis (53s.), Irvine (1m. 01s.), Salo (1m. 12s.), Alesi (1m. 13s.), Magnussen (1m. 17s.), Verstappen (1m. 26s.) et Katayama (1m. 42s.).

 

14e: Schumacher rejoint Villeneuve qui se voit présenter le drapeau bleu. Tous deux arrivent sur Nakano qui s'écarte devant le Canadien... et perd ainsi une position. Frentzen dépasse Katayama.

 

16e: Dans la montée de Beaurivage, Schumacher fait l'extérieur à Villeneuve qui vient de heurter le rail et lui prend ainsi un tour. Barrichello évolue à trente secondes du leader. Alesi pourchasse Salo pour la sixième place.

 

17e: Alesi part en tête-à-queue en abordant le freinage du Portier. Il se redresse au prix d'une pirouette mais son moteur cale. L'Avignonnais n'ira pas plus loin. Villeneuve regagne son stand au petit trot: il a endommagé sa suspension contre un rail et abandonne pour la troisième fois en cinq courses.

 

18e: Panis se rapproche de Fisichella. Frentzen tente de remonter dans l'espoir d'apporter quelques points à Williams. Il prend la neuvième place à Katayama.

 

20e: L'averse s'est calmée. M. Schumacher précède Barrichello (30s.), Fisichella (52.4s.), Panis (53.6s.), Irvine (1m. 03s.), Salo (1m. 15s.), Magnussen (1m. 25s.), Verstappen (1m. 34s.), Frentzen (-1t.), Katayama (-1t.), Nakano (-1t.), Berger (-1t.) et Larini (-3t.).

 

22e: Panis pourchasse Fisichella mais ne peut le doubler car sa visière est inondée par les projections d'eau de la Jordan.

 

24e: Schumacher possède désormais trente-sept secondes d'avance sur Barrichello qui a perdu un peu de temps derrière Larini et Nakano. Panis ose des trajectoires baroques dans l'espoir de pousser Fisichella à la faute.

 

26e: M. Schumacher s'adjuge le meilleur tour de la course (1'53''315'''). Aucun signe d'activité dans la pit-lane: les écuries ne prévoient qu'un seul ravitaillement passé le trentième tour.

 

28e: À la dérive depuis le départ, Larini s'immobilise dans la montée de Beaurivage après avoir heurté le rail avec sa roue arrière-droite.

 

29e: L'intervalle entre Schumacher et Barrichello excède les quarante secondes. Fisichella contient toujours Panis.

 

30e: Il pleut de nouveau et la piste s'est transformée en patinoire. Les écuries se préparent à effectuer les ravitaillements.

 

31e: La course a commencé depuis déjà une heure et n'ira donc certainement pas au bout des 78 tours prévus. M. Schumacher est premier devant Barrichello (41.5s.), Fisichella (1m. 11s.), Panis (1m. 12s.), Irvine (1m. 18s.) et Salo (1m. 36s.).

 

32e: M. Schumacher stoppe chez Ferrari afin de remettre de l'essence et chausser les pneus « full wet ». L'intervention dure neuf secondes et l'Allemand conserve bien sûr la première place.

 

33e: Schumacher compte dix-huit secondes d'avance sur Barrichello. Fisichella et Panis sont rattrapés par Irvine.

 

34e: Panis sort du virage Louis Chiron blotti derrière Fisichella. Il se déporte à l'intérieur en abordant le droit de la Piscine et s'empare ainsi de la troisième place. Fisichella ne pouvait riposter sans finir dans le mur. Verstappen effectue un tête-à-queue sans conséquence à la chicane du port.

 

35e: Schumacher prend un tour à Frentzen. Irvine attaque Fisichella à la sortie du tunnel et s'impose par l'intérieur au freinage de la chicane. Puis l'Italien rejoint les stands pour ravitailler et prendre les Goodyear « full wet ». Il redémarre en sixième position.

 

36e: Frentzen part en aquaplanage à Mirabeau et se retrouve à contre-sens dans l'échappatoire. Il parvient néanmoins à retrouver le circuit.

 

37e: Schumacher tourne deux secondes au tour plus vite que tous ses concurrents. Panis fait escale chez Prost pour son arrêt-ravitaillement (6s.) et repart en quatrième position devant Salo qui ne stoppera pas. Peu à l'aise avec ses pneus froids, Fisichella se laisse surprendre par Magnussen.

 

38e: Nakano part en toupie dans la montée de Beaurivage. Le Japonais a touché le rail et sa suspension arrière gauche est cassé, il doit abandonner. Les drapeaux jaunes sont agités dans le secteur. Frentzen effectue son ravitaillement.

 

39e: Barrichello observe son unique pit-stop (7.5s.) sans perdre sa seconde position.

 

40e: Frentzen glisse à la chicane du port, rebondit sur le trottoir et touche le rail externe avec sa roue avant-gauche. Il s'immobilise quelques mètres plus loin avec une suspension tordue. Aucune Williams ne verra l'arrivée.

 

41e: M. Schumacher précède Barrichello (1m. 01s.), Irvine (1m. 08s.), Panis (1m. 38s.), Salo (1m. 43s.), Magnussen (-1t.), Fisichella (-1t.), Verstappen (-1t.), Katayama (-1t.) et Berger (-2t.).

 

42e: La pluie a cessé mais le bitume reste très humide. Ravitaillements de Verstappen et de Katayama.

 

44e: Irvine évolue à deux secondes de Barrichello, mais il va devoir bientôt ravitailler. L'Irlandais a relégué Panis à trente secondes et devrait donc conserver la troisième place.

 

45e: Soixante-dix secondes séparent Schumacher de Barrichello. Irvine fait halte chez Ferrari pour son pit-stop (7s.) et redémarre loin devant Panis. Magnussen observe aussi son ravitaillement et cède la sixième place à Fisichella.

 

46e: Magnussen tire tout droit à la chicane du port et endommage son aileron avant contre les hauts vibreurs. Le Danois doit repasser par son garage pour remplacer sa calandre.

 

48e: M. Schumacher mène devant Barrichello (1m. 13s.), Irvine (1m. 36s.), Panis (1m. 49s.), Salo (-1t.), Fisichella (-1t.), Magnussen (-1t.), Verstappen (-2t.), Berger (-2t.) et Katayama (-2t.).

 

50e: Salo perd le flap supérieur de sa moustache gauche. Le Finlandais, cinquième, reste en piste bien que ses pneus soient détruits.

 

51e: Vingt minutes avant le drapeau à damiers, la piste demeure extrêmement piégeuse et les coureurs tournent en 1'55''.

 

52e: Schumacher bloque sa roue avant-droite au freinage à Sainte-Dévote et glisse vers l'échappatoire. L'Allemand garde son sang-froid, laisse son moteur tourner, exécute un demi-tour dans les règles de l'art et reprend la piste sans dommages.

 

54e: M. Schumacher précède Barrichello (1m. 08s.), Irvine (1m. 30s.), Panis (1m. 47s.), Salo (-1t.) et Fisichella (-1t.).

 

56e: À dix minutes de l'arrivée, les positions sont figées. Seul Fisichella semble en mesure de pouvoir recoller à Salo pour la cinquième place.

 

58e: Tandis que la pluie retombe, Schumacher possède une minute et neuf secondes de marge sur Barrichello.

 

59e: Magnussen glisse à la chicane du port et part en tête-à-queue. Par bonheur, il garde la maîtrise de son moteur et peut redémarrer.

 

60e: La course s'achève. M. Schumacher est premier devant Barrichello (1m. 07s.), Irvine (1m. 30s.), Panis (1m. 51s.), Salo (-1t.), Fisichella (-1t.), Magnussen (-1t.), Verstappen (-2t.), Berger (-2t.) et Katayama (-2t.).

 

61e: Les deux heures de course sont atteintes: le prochain tour sera le dernier.

 

62ème et dernier tour: Michael Schumacher gagne à Monaco pour la troisième fois de sa carrière. Barrichello termine à une exceptionnelle deuxième place et offre son premier podium à Stewart-Ford. Irvine, troisième, grimpe sur son troisième podium de rang. Panis finit quatrième au volant d'une Prost réglée pour le sec. Salo se classe cinquième sans s'être arrêté et offre à Tyrrell ses premiers points depuis tout juste un an. Fisichella empoche un point. Viennent ensuite Magnussen, Verstappen, Berger et Katayama.

 

Après la course: nouvelle démonstration du Regenmeister

Jean Todt embrasse Michael Schumacher et Eddie Irvine: grâce à ce triomphe monégasque, Ferrari prend les commandes des deux championnats, pilotes et constructeurs. Du jamais vu depuis 1982 (Exception faite du GP du Brésil 1989 qui ouvrait la saison) ! Il s'agit en outre du premier succès de la Scuderia en Principauté depuis 1981. le vainqueur se nommait Gilles Villeneuve...

 

Michael Schumacher a littéralement surfé sur la piste détrempée pour s'adjuger la 23ème victoire de sa carrière, sans doute l'une des plus belles. Le « Regenmeister », impérial et avisé, fut l'un des rares participants à partir avec une monoplace entièrement réglée pour la pluie. Contrairement à Williams, Ferrari sait se fier à la sagacité de ses pilotes... « Un tour de chauffe m'a suffi pour comprendre qu'il ne fallait pas attendre une évolution de la météo et m'a convaincu que cette course n'était jouable qu'avec une voiture prête pour l'humidité », explique Schumacher. « Une fois le départ pris comme je voulais, et après avoir fait doublement attention dans le virage où j'avais échoué l'année dernière, j'ai maintenu un rythme soutenu pour me dégager. Nous étions tous en sursis sur cette patinoire, mais il fallait tenir le coup. Ce ne fut pas facile: les freins et les roues avaient tendance à se bloquer dans chaque freinage, j'ai amorcé un travers au Loews... Mon tout-droit à Sainte-Dévote ? J'ai bloqué mes roues avant ! J'ai pu tourner sans toucher le rail mais j'ai préféré passer par l'échappatoire pour repartir. J'avais assez d'avance pour me permettre cette fantaisie... » Leader du championnat pour la première fois depuis son arrivée chez Ferrari (avec 24 points contre 20 pour Villeneuve), Schumacher commence aussi à croire au titre mondial. Son collègue Eddie Irvine se hisse pour sa part au troisième rang du classement (14 pts) après avoir réalisé une superbe course: parti quinzième, il monte sur la troisième marche du podium. Une performance d'autant plus remarquable qu'Irvine disposait de réglages pour le sec.

 

L'écurie Williams s'est complétement fourvoyée: misant sur une courte averse, elle a contraint Heinz-Harald Frentzen et Jacques Villeneuve à s'élancer chaussés de slicks. Le résultat fut d'autant plus désastreux que les deux pilotes ont fini par toucher le rail. Ainsi, après cinq Grands Prix, Williams-Renault ne totalise que les 30 points de ses trois victoires. L'an passé à la même époque, cette association avait amassé 65 unités... « Confirmation que Monaco ne nous porte pas chance », soupire Bernard Dudot, qui ne peut même pas se consoler avec Benetton, qui enregistre également un zéro pointé.

 

Barrichello - Stewart: le formidable exploit

Ce 11 mai 1997 est aussi le jour de gloire de la jeune écurie Stewart-Ford à laquelle Rubens Barrichello offre une deuxième place dès son cinquième Grand Prix. Comme souvent, « Rubinho » a fait merveille sur piste humide. Il confirme par ailleurs l'excellente tenue des pneumatiques Bridgestone dans ces conditions dantesques: « C'est un grand moment pour moi », confirme-t-il. « Nous avons manqué de temps pour effectuer des essais, car la voiture a été achevée très tard, puis nous avons rencontré des problèmes de fiabilité lors des quatre premiers Grands Prix. Je ne savais pas si j'allais finir cette course. Doubler les concurrents qui me devançaient n'a pas été facile non plus. Mes Bridgestone fonctionnaient parfaitement en début de course. Ensuite, le plus dur a été de rester concentré. C'est la première course que je finis avec Stewart, et c'est sur le podium ! Pour moi, c'est tout bonnement fabuleux ! » D'autant plus qu'à la descente du podium il reçoit un interminable baiser de son épouse Silvana...

 

D'ordinaire peu démonstratifs, Jackie et Paul Stewart se laissent aller à une franche allégresse. L'ancien champion n'hésite pas à mettre de côté toutes ses joies passées: « Je n'ai jamais été aussi heureux de toute ma carrière, jamais ! » s'exclame-t-il. « Auparavant, je n'ai jamais été très expansif lors des mes victoires, quelles qu'elles soient. Une attitude très écossaise. Mais là, Paul et moi avons suivi la course du début à la fin. Et quand Rubens est passé sous le drapeau à damiers, nous avons éclaté de joie. Ce résultat revêt d'autant plus d'importance à mes yeux que notre équipe est totalement nouvelle. Nous n'avons pas racheté une écurie, nous l'avons créée. » Les Stewart peuvent être fiers de leur travail. Le prince Rainier, grand seigneur, les convie même à rejoindre le trio vainqueur pour la cérémonie du podium.

 

Olivier Panis quitte Monte-Carlo la rage au cœur, terriblement désappointé: si sa Prost-Mugen avait été réglée pour la pluie, il aurait pu finir deuxième. Hirotoshi Honda vient néanmoins le consoler: « Vous avez été aussi brillant qu'en 1996 », lui dit-il. « Olivier a été cherché ses points tout seul », renchérit l'ingénieur Loïc Bigois. A rebours de Rubens Barrichello, Alain Prost se prétend déçu par Bridgestone: « Sous la pluie, l'écart constaté l'hiver dernier en essais privés a été comblé. Goodyear a considérablement progressé. » Un autre satisfecit doit être attribué à Mika Salo qui a couvert toute l'épreuve sans s'arrêter, ce qui n'avait pas été prévu par Tyrrell: « Quand j'ai réalisé ce que l'équipe me demandait de faire, j'ai pensé que c'était une bonne idée », souligne le Finlandais. « Mais je n'étais pas sûr d'aller au bout. Mes pneus étaient complétement morts, et lorsqu'il s'est remis à pleuvoir, j'ai perdu tout grip. J'ai eu de la chance de ne pas finir dans le rail ! » Cette stratégie lui a néanmoins permis de devancer à l'arrivée Giancarlo Fisichella. Le jeune Romain, handicapé par des gommes peu performantes, aura cependant réalisé un début de course de toute beauté. La relève italienne est enfin assurée !

Tony