Présentation de l'épreuve
Alors qu'on le disait fini, poussé vers la retraite, Gerhard Berger s'est rappelé à notre bon souvenir en remportant haut la main le Grand Prix d'Allemagne, le 27 juillet dernier. « En quelques semaines, j'étais devenu un coureur du passé, un vétéran qui n'était plus maître de son destin », rappelle-t-il. « Il en aurait fallu plus pour me démotiver ! J'avais toutes les raisons intimes et morales et gagner. » Du coup, l'Autrichien au front dégarni retient de nouveau l'attention de certaines équipes pour la saison 1998: Ron Dennis, Peter Sauber et même Frank Williams ont sondé ses intentions. Mais Berger ne donne pas suite, pour l'heure, à ces approches, et continue d'évoquer à demi-mots une possible retraite: « C'est toujours difficile d'annonce un jour que tout est terminé. J'avais admiré en leur temps Alan Jones et Keke Rosberg de pouvoir se retirer sans regrets apparents. Je n'en suis pas encore là ! »
Pour l'instant, Berger ravit les organisateurs hongrois car sa récente victoire attire sur le Hungaroring près de 10 000 fans autrichiens. Attila Gál, le directeur du circuit, rayonne: avec près de 200 000 entrées sur l'ensemble du week-end, le Grand Prix de Hongrie frôle son record d'affluence de 1986, année de la première édition. Ce bon chiffre est aussi le fruit des travaux effectués durant l'hiver: réaménagement de la grande tribune, installation de 9000 sièges supplémentaires, rénovation du paddock etc., le tout pour un montant de 2,5 millions de dollars avancé par un consortium mixte et garanti par le gouvernement hongrois, soucieux de la pérennité de cet événement.
Tom Walkinshaw a passé des mois à courtiser Hirotoshi Honda, en pure perte. C'est Eddie Jordan qui bénéficiera en 1998 des excellents V10 Mugen. Ne pouvant se résoudre à conserver les médiocres moteurs Yamaha - en fait préparés par Judd - le patron d'Arrows a sondé Renault dans l'espoir d'obtenir les futurs V10 préparés par Mecachrome. Mais la firme française veut en faire bénéficier exclusivement ses deux clients actuels, Williams et Benetton. Du coup, Walkinshaw pourrait revenir vers Brian Hart qui fut déjà le fournisseur d'Arrows en 1995 - 1996. Mais comme à l'accoutumée, l'Écossais déborde d'ambition: il envisage de racheter l'atelier Hart Power pour l'annexer à la galaxie TWR. Arrows deviendrait ainsi en 1998 un constructeur complet, fabriquant son châssis et son moteur. Cela suffira-t-il à retenir un Damon Hill approché par... Jordan ?
Le 31 juillet, Ferrari a fait usage de l'option qu'elle détenait sur Eddie Irvine pour prolonger son contrat jusqu'à fin 1998. L'Irlandais du Nord, parfois rapide et souvent brouillon, est considéré par Jean Todt comme l'équipier idéal pour Michael Schumacher, c'est-à-dire incapable de contester en piste l'hégémonie de celui-ci. Irvine s'accommode d'ailleurs fort bien de son rôle de porteur d'eau, ce qui ne laisse pas d'étonner ceux qui connaissent son caractère bien trempé. Certains estiment que, conscient de sa médiocrité, il se contente de profiter au maximum de cette position subalterne chez un constructeur prestigieux. D'autres, comme son ami et ancien patron Eddie Jordan, le considèrent comme un grand pilote qui gâche son talent par une hygiène de vie déplorable. Son hédonisme aurait tué chez lui toute envie d'en découdre avec Schumacher. Quoiqu'il en soit, le voici installé à Maranello aussi longtemps qu'il plaira à S.M. Schumacher...
Lors de la conférence de presse du vendredi après-midi, Jean Alesi dévoile un scoop en laissant entendre que Flavio Briatore quittera la direction de l'écurie Benetton à l'issue de cette saison. À la question: « Briatore vous a-t-il dit qu'il souhaitait vous conserver ? », l'Avignonnais réplique: « Je ne peux pas vous répondre car je ne sais pas si Flavio sera là ou pas l'an prochain ! » En effet, après sept années à la tête de l'écurie italo-britannique, Briatore semble vouloir prendre du recul et s'engager dans de nouveaux défis. Il vient ainsi d'ouvrir un night-club à Porto Cervo, en Sardaigne, et envisagerait d'investir dans un club de football. Du reste, ces deux années de vaches maigres auraient convaincu la fratrie Benetton de donner un nouveau souffle à leur écurie. Selon plusieurs rumeurs, Briatore sera remplacé par David Richards, le charismatique patron de l'équipe Prodrive qui engage les Subaru Impreza dans le championnat du monde des rallyes.
Éloigné de trois Grands Prix suite à une fracture du bras, Gianni Morbidelli réapparaît ce week-end dans le baquet de la seconde Sauber-Petronas. L'Italien a jugé bon de se replonger immédiatement dans le « grand bain » après une séance d'essais à Fiorano, et ce bien qu'il admette ne pas être tout à fait rétabli: « Le Hungaroring est un tracé éprouvant pour un pilote en parfaite condition physique. En ce qui me concerne, la rééducation de mon bras s'est faite au détriment de ma préparation physique. Alors évidemment, je ne suis pas en pleine forme, mais cela va revenir très vite. Je dois rester positif. » Peter Sauber lui accorde en tout cas sa confiance et balaye les rumeurs d'un prochain retour de Norberto Fontana, si Morbidelli ne parvenait pas à retrouver tous ses moyens.
Pendant ce temps-là, Olivier Panis poursuit sa rééducation et peut désormais se mouvoir sans difficulté. Il commence à préparer son retour à la compétition prévu pour septembre (à l'occasion du Grand Prix d'Autriche ou celui du Luxembourg). Après quelques entraînements sur une console PlayStation, il utilise désormais une monocoque équipée d'un volant et de deux pédales, spécialement conçue pour sa réadaptation. Il peut ainsi exercer ses genoux et ses chevilles et tester ses réflexes, avant de regrimper dans un vrai bolide d'ici quelques semaines.
Les écuries préparent intensément la « révolution » technique de 1998 et commencent à faire tourner des monoplaces de 1997 gréées aux normes de la prochaine saison et dotées de pneus rainurés. Ont ainsi roulé à Silverstone Giancarlo Fisichella pour Jordan, Jos Verstappen pour Tyrrell et le jeune Allemand Nick Heidfeld pour McLaren, tandis qu'à Barcelone Jean-Christophe Boullion étrennait une FW19/20. Sans surprise, tous ont signé des chronos beaucoup plus lents que ceux réalisés avec les machines de 1997 (la différence fluctue entre sept et dix secondes au tour). Mais tout est une question d'adaptation, et plus personne ne soutient la thèse de voitures inconduisibles défendue jadis par Jacques Villeneuve.
Pour affronter cet affreux tourniquet hongrois, les constructeurs braquent à fond les ailerons des monoplaces afin que celles-ci bénéficient d'un appui maximal et donc d'une bonne tenue de route. Par exemple, les Williams, Benetton, McLaren, Sauber et autres Jordan sont en « configuration Monaco », avec de véritables murs en guise d'ailerons. Chez Ferrari, M. Schumacher étrenne un châssis allégé (baptisé 178) dont il dit attendre monts et merveilles, rompant avec son habituel discours lénifiant. « Avec cette nouvelle machine, je me rapproche du titre mondial ! » proclame l'Allemand. Ce modèle permet aussi d'embarquer un peu plus d'essence grâce à l'avancement de la cloison entre le siège et le réservoir. Les célèbres « candélabres » refont leur apparition sur les Tyrrell ainsi qu'une foule de petits déflecteurs et de profils censés donner plus d'appui. Jordan utilise pour la première fois en course le différentiel à contrôle électronique apparu à Magny-Cours. Stewart reçoit la seconde évolution du V10 Ford-Cosworth « Project 7 » qui a jusqu'ici fait preuve d'une fiabilité désastreuse. L'objectif de l'écurie écossaise est de placer une voiture à l'arrivée... À noter que les SF-01 tournent désormais à l'essence Texaco.
Les pneumatiques joueront un rôle crucial sur ce tracé sale et sinueux, qui plus est plongé dans la torpeur estivale. Bridgestone se jette dans l'inconnu puisqu'elle n'a effectué ici aucun test, mais on se souvient que les gommes nippones sont réputées excellentes sur un bitume poussiéreux. Cal Lint (Goodyear) n'a pour sa part aucune inquiétude: « Nous avons conçu 2300 pneus adaptés à toutes les conditions. »
Essais et qualifications
Comme chaque année ici, les séances libres du vendredi servent surtout à dépoussiérer le bitume et de nombreux pilotes partent à la faute. M. Schumacher se montre le plus rapide. Juste après lui vient Trulli qui démontre le potentiel de sa Prost-Mugen et des pneus Bridgestone. Hill et son Arrows-Yamaha sont aussi bien placées. Samedi matin, les Williams-Renault réémergent et occupent les avant-postes.
L'après-midi, sous un ciel voilé, M. Schumacher réalise sans trembler sa dix-septième pole position (1'14''672''') et s'annonce comme le favori de l'épreuve. Irvine se classe cinquième sur la deuxième Ferrari. Chez Williams-Renault, Villeneuve (2ème) échoue à deux dixièmes de la pole après un gros travers. Frentzen (6ème) choisit un composé de pneus durs en prévision d'une course d'attente. Hill fait sensation en hissant son Arrows-Yamaha au troisième rang, sa meilleure qualification de la saison. Un exploit dû à son talent mais aussi et surtout à l'excellente adhérence fournie par les Bridgestone. En revanche, son collègue Diniz (19ème) se fourvoie complétement dans ses réglages. Les McLaren-Mercedes sont plus rapides qu'attendues sur ce tracé tortueux. Häkkinen (4ème) tient longtemps la première ligne tandis que Coulthard (8ème) aurait pu mieux faire sans un tête-à-queue. Brillantes à Hockenheim, les Benetton-Renault sont ici « à la ramasse »: Berger (7ème) sort de la route à la fin de la séance et Alesi (9ème) est découragé par une mauvaise tenue de route.
Herbert (10ème) est content de placer sa Sauber-Petronas dans le « top ten ». À peine revenu de convalescence, Morbidelli (15ème) réalise de bons chronos en dépit d'un sous-virage persistant. Du côté de Stewart-Ford, Barrichello signe exactement le même chrono que Herbert mais plus tard dans la séance. Il partira donc onzième. Magnussen est dix-septième après avoir subi des problèmes hydrauliques. Désillusion chez Prost-Mugen: Trulli (12ème) ne retrouve pas ses sensations de la veille et déplore un total manque de grip. Nakano (16ème) est stoppé par une coupure moteur. Jordan-Peugeot vit un week-end catastrophique: en sus d'un manque général d'adhérence, Fisichella (13ème) subit une panne de boîte de vitesses tandis que R. Schumacher (14ème), victime d'une avarie électrique, se qualifie sur le mulet destiné à son coéquipier. Verstappen (18ème) tire un meilleur parti de sa Tyrrell-Ford que Salo (21ème), victime de sous-virage. Enfin, chez Minardi-Hart, Katayama (20ème) précède Marques (22ème) qui a détruit sa machine samedi matin lors d'une violente sortie.
Le Grand Prix
M. Schumacher a toutes les raisons d'être satisfait de son nouveau châssis qui l'a conduit en pole position. L'Allemand rayonne. Hélas, dimanche matin, lors du warm-up, il endommage le plancher de sa merveille rouge sur un trottoir. Impossible de réparer: il devra partir sur le mulet, soit la F310B ancienne version, qui n'a pas tourné du week-end ! Villeneuve et Häkkinen s'affirment comme ses principaux rivaux pour la course, mais chacun subit une panne (pompe à eau pour le Canadien, alternateur pour le Finlandais). Quant à Hill, il tourne très peu mais se dit éminemment satisfait de sa monture...
Dimanche après-midi, le soleil brille sur Mogyoród et le mercure grimpe au-delà des 30°C. Les pneumatiques vont donc souffrir, et l'on sait que dans ces conditions atmosphériques les Bridgestone sont généralement plus performants que les Goodyear. Tout le monde prévoit deux ravitaillements en course. Frentzen, Fisichella et R. Schumacher partent en gommes dures et s'arrêteront donc tardivement.
Départ: Schumacher démarre bien, contrairement à Villeneuve qui se trouve sur le côté sale de la piste. Hill se place aussitôt dans le sillage de Schumacher et pointe au deuxième rang au premier virage, suivi par Irvine, Häkkinen et Villeneuve. Au cœur du peloton, Morbidelli heurte Magnussen et l'envoie en tête-à-queue. Le Danois parvient à reprendre la piste.
1er tour: M. Schumacher mène devant Hill, Irvine, Häkkinen, Villeneuve, Frentzen, Coulthard, Herbert, Alesi et Berger. Morbidelli et Magnussen passent aux stands pour faire examiner leurs monoplaces et repartent. Diniz se frotte à Marques au deuxième virage.
2e: Schumacher compte une seconde et demie d'avance sur Hill. Häkkinen tente en vain de faire l'intérieur à Irvine au premier freinage.
3e: À la surprise générale, Hill garde le contact avec Schumacher sans être inquiété par le trio Irvine - Häkkinen - Villeneuve. Les Bridgestone semblent faire merveille en ce début de course.
5e: M. Schumacher devance Hill (0.6s.), Irvine (4s.), Häkkinen (4.5s.), Villeneuve (5s.), Frentzen (6.7s.), Coulthard (7.6s.), Herbert (11.1s.), Alesi (12.1s.), Berger (13.2s.) et Trulli (15s.).
6e: M. Schumacher est lent car des bulles se forment sur ses pneus côté gauche. Hill roule dans ses pas. Magnussen abandonne, sa direction ayant été endommagée par le choc avec Morbidelli.
7e: Hill met la pression sur Schumacher. Irvine a fusillé ses pneus en quelques boucles. Häkkinen le dépasse au premier virage, puis Villeneuve le déborde par l'extérieur de la seconde courbe. L'Irlandais rejoint ensuite son stand pour changer d'enveloppes et se retrouve dernier. Morbidelli refait une halte aux stands.
8e: Hill klaxonne derrière Schumacher. Häkkinen, Villeneuve et Frentzen rejoignent ainsi le duo de tête. Morbidelli renonce à son tour suite à une coupure de moteur.
9e: Berger exécute un tête-à-queue et perd cinq positions dans cette mésaventure.
10e: Schumacher ferme la porte devant Hill au premier virage. Häkkinen, Villeneuve, Frentzen et Coulthard suivent ceux-ci de près.
11e: Hill prend l'aspiration de Schumacher au passage de la ligne et déboîte par l'intérieur. L'Allemand tente de serrer son vieux rival mais ce dernier ne se démonte pas, retarde un peu son freinage et s'empare du commandement. Incroyable: une Arrows-Yamaha mène un Grand Prix à la régulière !
12e: Hill s'enfuit pendant que Schumacher entraîne désormais un paquet comprenant Häkkinen, Villeneuve, Frentzen, Coulthard et Herbert.
13e: Häkkinen abandonne suite à une panne de système hydraulique. Cela libère Villeneuve qui prend M. Schumacher en chasse.
14e: Villeneuve dépasse Schumacher au premier virage. Le double champion du monde regagne ensuite le stand Ferrari pour se débarrasser de ses pneus complètement cloqués et remettre de l'essence (6s.). Il reprend la piste en douzième position, entre Nakano et Berger.
15e: Hill est premier devant Villeneuve (8s.), Frentzen (11.5s.), Coulthard (14s.), Herbert (15.7s.), Alesi (23s.), Trulli (24s.), Barrichello (25s.), Fisichella (25.6s.), R. Schumacher (26.3s.), Nakano (27s.) et M. Schumacher (34.4s.).
16e: Villeneuve ne rencontre pas de soucis avec ses Goodyear et reprend une seconde à Hill. Ravitaillements de Verstappen et de Diniz. Ce dernier change ses pneus suite à un freinage intempestif.
18e: Villeneuve revient à quatre secondes de Hill. Le Canadien est pressé par son collègue Frentzen, plus rapide grâce à ses gommes plus résistantes. Irvine remonte dans le classement et prend la treizième place à Berger. Arrêt de Salo.
20e: Hill devance Villeneuve (3.2s.), Frentzen (5.7s.), Coulthard (13.5s.), Herbert (18s.), Alesi (31s.), Trulli (31.6s.), Barrichello (32.3s.), Fisichella (32.6s.) et R. Schumacher (33.5s.). Katayama est aperçu aux stands.
22e: Les pneus Bridgestone de Hill semblent se maintenir. Villeneuve perd du temps derrière les attardés Diniz et Verstappen. Alesi est en perdition avec ses pneus: il se fait doubler par Trulli, Barrichello et Fisichella. Arrêt de Marques
23e: Alesi sort dans les graviers dans le gauche qui précède la grande côte. R. Schumacher, Nakano et M. Schumacher le dépassent ainsi.
24e: Villeneuve effectue son premier pit-stop (11s.), imité par Coulthard (7.3s.). Tous deux repartent entre Herbert et Trulli. L'étonnant Nakano tient tête à M. Schumacher.
25e: Hill s'arrête chez Arrows pour son premier ravitaillement (8.9s.) et repart en seconde position. Frentzen recueille le commandement et conclut le meilleur tour de la course (1'18''372'''). Barrichello, R. Schumacher et Alesi observent leurs premiers pit-stops.
26e: Frentzen compte vingt-et-une secondes d'avance sur Hill. Herbert est chez Sauber pour remettre du carburant et des pneus neufs. Trulli fait escale aux stands, de même que Berger qui a un temps gêné le leader Frentzen.
27e: M. Schumacher dépasse Nakano et s'empare de la sixième place. Le Japonais ravitaille en fin de tour.
28e: Frentzen précède Hill de vingt secondes, Villeneuve de trente secondes. Premier arrêt-ravitaillement de Fisichella.
29e: Des flammes jaillissent de l'échappement de la Williams de Frentzen, visiblement touchée par une fuite d'essence. L'Allemand regagne les stands à l'issue de cette boucle.
30e: Les mécaniciens de Williams changent les pneus de Frentzen, mais lorsqu'ils veulent remettre du carburant, ils s'aperçoivent le clapet anti-retour du coupleur de ravitaillement s'est détaché. « HHF » n'a pas d'autre choix que d'abandonner alors qu'il pouvait viser la victoire.
31e: Hill retrouve la première place et précède Villeneuve (13.6s.), Coulthard (14s.), M Schumacher (17s.), Herbert (27s.), Irvine (39.1s.), Fisichella (39.8s.), Trulli (49.1s.), Nakano (49.4s.), R. Schumacher (50.3s.) et Alesi (1m. 07s.). Barrichello quitte l'épreuve, comme à l'ordinaire suite à une rupture du nouveau V10 Ford.
33e: Villeneuve voit à son tour des cloques se former sur ses pneus et doit contenir Coulthard et M. Schumacher. Nakano dépasse Trulli.
34e: M. Schumacher opère son second arrêt-ravitaillement (7s.) et ne perd qu'une place au profit de Herbert. Il s'arrêtera cependant encore une troisième fois à cause de l'usure excessive des Goodyear.
35e: Hill compte douze secondes de marge sur Villeneuve, pressé par Coulthard. Irvine se plie à un deuxième ravitaillement (7s.).
37e: Hill devance Villeneuve (13.1s.), Coulthard (13.6s.), Herbert (28.6s.), M. Schumacher (33.8s.), Fisichella (36.3s.), Nakano (48s.), Trulli (56.6s.), R. Schumacher (57.2s.) et Irvine (1m. 04s.). Second arrêt de Verstappen.
39e: Villeneuve résiste difficilement à Coulthard. Tous deux peinent à se frayer un chemin parmi les attardés. Plus loin, Fisichella menace Schumacher qui voit de nouveau ses pneus se couvrir de bulles.
40e: Hill compte dix-huit secondes d'avance sur Villeneuve et Coulthard, toujours roue dans roue. R. Schumacher déborde Trulli dont le deuxième train de pneus s'altère rapidement.
42e: Villeneuve et Coulthard suivent Berger, piteux quatorzième, sans pouvoir le doubler. Fisichella est dans les roues de Schumacher aîné. Deuxième arrêt de Salo.
43e: Fisichella prend l'aspiration de Schumacher sur la ligne de chronométrage et se déporte vers l'intérieur, mais l'Allemand ne lui laisse aucun espace. L'Italien glisse sur des débris de gomme et se retrouve en tête-à-queue dans la pelouse. Il cale et doit renoncer suite à cette pure erreur de jeunesse. Irvine prend la septième place à Trulli.
44e: Hill est premier devant Villeneuve (21s.), Coulthard (21.8s.), Herbert (39.5s.), M. Schumacher (49.7s.), Nakano (51.2s.), R. Schumacher (59.8s.), Irvine (1m. 08s.), Trulli (1m. 13s.) et Alesi (1m. 20s.).
45e: Trulli doit anticiper son second arrêt pour se défaire de ses enveloppes. Les Bridgestone ne sont pas performants sur toutes les machines cet après-midi... Second pit-stop pour Diniz.
47e: Hill possède vingt-trois secondes de marge sur Villeneuve, toujours harcelé par Coulthard. Nakano est revenu sur M. Schumacher et l'attaque au bout de la ligne droite principale, en vain. Deuxième arrêt de Katayama.
48e: Nakano opère son second ravitaillement et parvient à reprendre la piste devant Alesi. Le Japonais vise les points aujourd'hui.
50e: Coulthard effectue son deuxième pit-stop (7s.) et demeure troisième car Herbert stoppe également (7.5s.). Arrêts aussi pour Berger et Marques.
51e: Hill entre aux stands et observe son deuxième pit-stop sans difficulté (8s.). Villeneuve s'arrête aussi dans la foulée (7.3s.) et redémarre au niveau de Coulthard. Ce dernier retarde son freinage pour rester devant le Canadien, mais il est déporté vers l'extérieur et Villeneuve se saisit de cette opportunité pour repasser devant la McLaren. Les frères Schumacher effectuent aussi un ravitaillement. Nakano s'intercale entre eux.
52e: Coulthard tente de surprendre Villeneuve avant la petite chicane, mais ce dernier ferme la porte. Arrêt d'Alesi.
53e: Hill précède Villeneuve (27.1s.), Coulthard (27.5s.), Irvine (36.3s.), Herbert (45.2s.), M. Schumacher (53s.), Nakano (53.8s.), R. Schumacher (54s.), Trulli (-1t.) et Diniz (-1t.).
54e: R. Schumacher se défait de Nakano au premier freinage et s'empare ainsi de la septième place. Diniz s'immobilise dans l'herbe suite à une panne d'alternateur. La fiabilité fait trembler le stand Arrows...
56e: Hill gère son avance de vingt-huit secondes sur Villeneuve et Coulthard. Un peu plus loin, Ralf Schumacher menace son frère Michael pour la sixième place.
57e: Irvine exécute son troisième et dernier pit-stop (7.5s.) et reprend la piste en huitième position. Troisième arrêt de Salo.
59e: Villeneuve commence à semer quelque peu Coulthard qui a altéré ses pneus en le suivant de près.
60e: Hill est premier devant Villeneuve (29.7s.), Coulthard (30.2s.), Herbert (53.2s.), M. Schumacher (58s.), R. Schumacher (58.4s.), Nakano (1m. 01s.), Irvine (1m. 02s.), Trulli (-1t.), Berger (-1t.), Katayama (-1t.) et Alesi (-1t.). Nouveau changement de pneus pour Verstappen.
62e: M. Schumacher contient toujours son frère qui ne parvient pas à se porter à sa hauteur. Nakano et Irvine les rattrapent cependant.
63e: L'avance de Hill sur Villeneuve atteint trente secondes. Coulthard évolue une seconde derrière le blond Québécois. Herbert est un tranquille quatrième alors que M. Schumacher emmène un train comprenant son cadet, Nakano et Irvine.
64e: Douzième, Alesi ne parvient à dépasser la Minardi de Katayama. Victorieuse quinze jours plus tôt à Hockenheim, la Benetton est ici désespérément lente...Verstappen rejoint son garage avec une boîte de vitesses bloquée en cinquième et doit renoncer.
65e: Irvine fait l'intérieur à Nakano dans la descente vers le troisième virage et conquiert la septième place.
66e: Coulthard n'a plus de puissance et doit se garer dans l'herbe. Une panne d'alternateur frappe la seconde McLaren-Mercedes. Herbert et sa surprenante Sauber se retrouvent troisièmes.
68e: Trente-trois secondes séparent Hill de Villeneuve. M. Schumacher résiste toujours à son frère qui lui-même a Irvine et Nakano sur ses talons.
70e: Hill précède Villeneuve (33.6s.), Herbert (58.3s.), M. Schumacher (1m. 03s.), R. Schumacher (1m. 04s.), Irvine (1m. 05s.), Nakano (1m. 06s.), Trulli (-1t.), Berger (-1t.), Katayama (-1t.), Alesi (-1t.), Marques (-2t.) et Salo (-2t.).
72e: Hill caracole en tête et n'ose encore croire qu'il va gagner un Grand Prix avec une Arrows-Yamaha ! Repoussé à trente-six secondes, Villeneuve se contente de ménager sa monture.
73e: Marques reçoit une pénalité de dix secondes pour avoir bouchonné des concurrents. Il s'y plie dans la foulée.
75e: Hill roule soudain en 1'31'' contre 1'24'' au tour précédent. Son système hydraulique qui commande la boîte de vitesses et l'accélérateur commence à se dérégler. Bloqué en troisième, le Britannique avance péniblement.
76e: Hill entame cet avant-dernier tour à faible allure: l'Arrows-Yamaha est à l'agonie ! Il poursuit sa route, mais Villeneuve, prévenu par radio de ses soucis, attaque et le rattrape à tire-d'aile. À l'entame du dernier tour, trois secondes seulement les séparent.
77ème et dernier tour: Villeneuve fond sur Hill mais doit encore le dépasser. L'Anglais a compris qu'il avait perdu la victoire et se met au milieu de la piste au pied de la grande côte. Villeneuve arrive sur lui à pleine vitesse. Surpris par un léger louvoiement de l'Arrows, le Canadien la contourne par la gauche, met deux roues dans le gazon et s'empare ainsi du commandement. Plus loin, Nakano est surpris par un freinage intempestif d'Irvine. Il percute la Ferrari et l'envoie en tête-à-queue. Irvine s'enlise dans les graviers et ne verra pas le drapeau à damiers.
Jacques Villeneuve remporte sa neuvième victoire en F1. Héroïque, Hill parvient à couper la ligne en seconde position avec son Arrows cahotante. Herbert décroche une superbe troisième place pour Sauber. M. Schumacher se classe quatrième, son frère Ralf cinquième. Nakano empoche le point de la sixième place. Trulli, Berger, Katayama, Alesi et Salo regagnent aussi l'arrivée. Irvine sera classé neuvième.
Après la course: Hill, à un tour du miracle...
Jacques Villeneuve n'a mené qu'un seul tour de ce GP de Hongrie, mais le bon, c'est-à-dire le dernier. Il sait avoir privé d'un grand bonheur son ancien équipier Damon Hill, mais devait avant tout penser au titre mondial. Après avoir garé leurs monoplaces dans le parc fermé, les deux hommes échangent une chaleureuse accolade. « J'ai le cœur serré pour Damon », reconnaît Villeneuve, un peu penaud. Mais de cette course, il retiendra surtout les sept points repris à Michael Schumacher au classement mondial. « J'ai pris un mauvais départ, mais cela ne m'a trop inquiété et m'a permis d'économiser mes pneus », raconte-t-il. « Les voitures devant moi ont usé rapidement leurs gommes. Je me suis efforcé de garder le contact avec Hill car il marchait vraiment très fort. Et puis les pneus de mon second train se sont mis à cloquer, et j'ai dû le laisser filer, tout en surveillant Coulthard. Quand l'écurie m'a annoncé que Damon avait des problèmes, j'ai attaqué à fond. Lorsque je l'ai rejoint, il zigzaguait, c'est pourquoi je suis passé dans l'herbe. Mais je m'y étais essayé samedi ! » Certains critiqueront Villeneuve pour ce dépassement peu conventionnel et fort périlleux, alors qu'il avait encore de nombreuses opportunités pour se défaire de Hill, plus loin. Mais Jacques est, ne l'oublions pas, le fils de Gilles...
À un tour près, Damon Hill offrait à l'écurie Arrows sa première victoire en vingt années d'existence. Une défaillance hydraulique a cruellement mis fin à ces espérances. La deuxième place finale n'atténue pas la déception de Tom Walkinshaw qui tempête contre le mauvais sort. Quoique très éprouvé, Hill fait pour sa part contre mauvaise fortune bon cœur. Il a vécu des moments bien plus tragiques dans son existence et préfère retenir sa formidable performance du week-end. « Si vous me demandez si j'ai le sentiment d'avoir perdu la victoire ou d'avoir conquis la seconde place, je pencherais pour la seconde option. Deuxième est un bon résultat. Bien sûr, lorsque vous menez, vous espérez gagner la course. Je ne peux nier ma déception. J'avais des sensations formidables, j'arrivais à maintenir Villeneuve à distance. Mais, à trois tours de l'arrivée, quand j'ai voulu ouvrir les gaz, il n'y a eu aucune réaction. Je me suis dit que c'était étrange, que ma pédale avait un souci. Puis, trois ou quatre virages plus loin, je n'arrivais plus à changer de rapport. L'accélérateur était complétement déréglé. La voiture s'est même arrêtée par instants. Apercevoir la ligne d'arrivée fut une surprise ! »
Comment expliquer que l'Arrows-Yamaha A18, médiocre machine naviguant jusqu'ici entre les Tyrrell et les Minardi, soit soudain devenue ce week-end la machine à battre ? La principale explication provient de Bridgestone qui, sans jamais avoir effectué le moindre test sur le Hungaroring, a fourni ici des enveloppes solides convenant parfaitement à cette piste poussiéreuse, pendant que les produits Goodyear se couvraient de cloques. Néanmoins Pedro Diniz, sur la seconde Arrows, n'a pas existé, de même que les Prost ou les Stewart, chaussées aussi par le manufacturier nippon. Ici intervient le doigté de Damon Hill qui, avec son ingénieur Vincent Gaillardot, a su dénicher les réglages optimaux et exploiter quelques petits ajustements aérodynamiques judicieux apportés par John Barnard. « Ce résultat concrétise les petits pas en avant que nous avons effectué ces dernières semaines », résumé Gaillardot. Reste néanmoins à savoir si cette embellie convaincra Hill de rester chez Arrows en 1998. Frôler la victoire est une chose, gagner pour de bon en est une autre. Tout « gentleman driver » soit-il, le pilote anglais n'oublie pas que le plus important n'est pas de participer, mais de gagner. « Il faut croire au potentiel d'Arrows depuis l'arrivée de Bridgestone, de Yamaha, de John Barnard », professe Daniele Audetto, bras droit de Tom Walkinshaw. « Damon ne manquera pas de se rendre compte de notre potentiel. Je suis optimiste. »
L'autre exploit du jour est signé Johnny Herbert, glorieux troisième au volant de la modeste Sauber-Petronas. En fait la monoplace helvétique propulsée par le V10 Ferrari de 1996 a déjà montré cette saison ce qu'elle avait dans le ventre, mais le sympathique Herbert n'avait jusqu'ici glané que sept points en raison d'une fiabilité hasardeuse. En outre, la C16 ne parvient pas à faire chauffer ses pneus à vide, ce qui empêche ses pilotes de briller aux essais. Mais en course, avec le plein, tous les espoirs sont permis. Et pour peu que les circonstances soient favorables... « Ce résultat récompense le travail effectué depuis le début de la saison et efface la malchance que nous avons rencontrée jusqu'ici », assène Herbert. « En début de course, j'espérais doubler une Benetton. J'ai passé les deux ! Notre stratégie fut parfaite. Je savais que les pneus course s'useraient, mais nous avons su les préserver au maximum. » Cajoler les Goodyear, voilà un autre point fort de la Sauber qui lui permet de terminer devant les deux Ferrari. Un joli succès pour l'artisan suisse. Et pour Herbert qui rappelle aux connaisseurs qu'il est un excellent « finisseur ». « Il a fait un travail digne d'un grand champion », commente Max Welti, lieutenant de Peter Sauber. « Durant toute la course, il a roulé à la limite des pneumatiques sans se mettre en péril. Du grand art. »
Parti en pole, Michael Schumacher est désappointé d'achever le Grand Prix en quatrième position. Hélas, les Ferrari se sont révélées incapables de préserver les pneus Goodyear, constamment atteints de « blistering ». Le champion allemand a sué sang et eau en fin de course se maintenir devant son frère Ralf qui, plus judicieux, avait choisi un composé plus dur. Son nouveau châssis, endommagé lors du warm-up, aurait-il moins maltraité ses gommes ? En outre, Schumacher cède une large part de sa confortable avance au championnat. Il possède dorénavant 56 points contre 53 à Villeneuve. Du côté des constructeurs, l'avantage de Ferrari (64 pts) sur Williams-Renault (62 pts) se réduit également. Cette trépidante saison 1997, qui voit les monoplaces briller ou sombrer d'un week-end à l'autre, comme l'ont récemment montré les Benetton et les Arrows, nous réserve encore bien des surprises...
Tony