Présentation de l'épreuve
Six épreuves restent à disputer pour ce championnat du monde 1997, et la lutte pour le titre mondial paraît très serrée entre Michael Schumacher (56 points) et Jacques Villeneuve (53 pts). A priori, ce dernier bénéficie d'un avantage substantiel sur son rival car sa Williams-Renault demeure une monoplace plus compétitive que la Ferrari de son adversaire: mieux équilibrée, plus homogène, plus puissante, la FW19 l'emporte incontestablement sur la F310B. Mais Villeneuve et son écurie vivent une saison chaotique, alternant presque systématiquement victoires et échecs. Ainsi, le jeune Canadien affiche après onze Grands Prix un bilan très contrasté: cinq victoires, cinq abandons, une quatrième place ! Schumacher est lui beaucoup plus en confiance. D'abord parce que sa Ferrari ne cesse de progresser grâce aux ingénieurs Rory Byrne et Ross Brawn, ensuite parce que son exceptionnel talent lui permet de saisir l'opportunité de s'imposer à la moindre défaillance de Villeneuve, et Dieu sait s'il y en eût cette saison... Aussi, aborde-t-il avec sérénité ce Grand Prix de Belgique, à Spa-Francorchamps, son circuit fétiche, où il draine toujours un nombre considérable de supporteurs allemands.
Jeudi 21 août, Olivier Panis rend une visite surprise aux mécaniciens de Prost GP. Accompagné de son épouse Anne et de son préparateur physique Patrick Chamagne, le Grenoblois apparaît jovial, mais sa démarche très raide, presque mécanique, trahit les douloureuses épreuves qu'il vient d'affronter. Néanmoins, sa rééducation progresse vite. Il vient même de participer à un tournoi de tennis ! Panis espère reprendre le volant dans un mois, à l'occasion du Grand Prix du Luxembourg, au Nürburgring. D'autre part, il paraphe à Spa un nouveau contrat avec Prost GP courant jusqu'à fin 1999. Cet accord coïncide avec un nouveau partenariat entre la Seita (Gauloises Blondes) et l'écurie bleue, évalué à 120 millions de francs annuels. Jamais le cigarettier français n'avait offert une telle enveloppe. Cet investissement servira par ailleurs à préparer le futur déménagement de Prost GP qui doit quitter Magny-Cours pour Versailles-Satory.
McLaren annonce ici la reconduction de Mika Häkkinen et de David Coulthard pour la saison 1998. Ron Dennis avait pourtant pris langue avec Damon Hill, mais pour lui faire une offre peu digne d'un champion du monde: deux millions de dollars annuels agrémentés d'une prime de victoire. Vendredi 22 août, Hill publie un communiqué acide dans lequel il laisse transparaître sa rancœur à l'égard de McLaren: « Nous avons discuté ces dernières semaines, mais je n'ai pas eu d'autre alternative que de rejeter la proposition qui m'a été faite, car elle ne démontre pas une volonté sérieuse de la part de McLaren de m'avoir comme pilote en 1998. » Une demi-heure plus tard, Anna Guerrier, l'attachée de presse de McLaren, officialise la prolongation de Coulthard et de Häkkinen. Se sentant menacés par ces tractations, l'Écossais et le Finlandais avaient chacun entamé des discussions avec Arrows, Prost et Jordan. Trois équipes qui sont aujourd'hui les seules destinations possibles de... Hill. À vrai dire, Dennis n'a jamais sérieusement songé à se débarrasser de son duo actuel, plébiscité par ses associés de Mercedes. Si quelques doutes subsistent quant aux conséquences sur Häkkinen de son accident d'Adélaïde, en 1995, si Coulthard est toujours sujet à certaines bourdes, tous deux forment un tandem extrêmement solide et talentueux.
Tom Walkinshaw annonce ce week-end l'arrivée d'un nouveau sponsor pour ses Arrows, la compagnie britannique d'assurance et d'investissements Eagle Star. Ce contrat couvre à la fois l'écurie TWR-Arrows et le club de rugby de Gloucester, dont le propriétaire n'est autre que Walkinshaw himself. À noter aussi que Eagle Star appartient à British American Tobacco, cigarettier qui parraine le projet de nouvelle écurie porté par Craig Pollock et Adrian Reynard. Walkinshaw n'est sans doute pas mêlé à ces tractations, mais BAT cherche manifestement à tâter le terrain avant une arrivée officielle dans la discipline, probablement en 1999. Une certitude: cette nouvelle structure ne sera pas construite ex nihilo mais à partir d'une écurie préexistante. Pollock et Reynard discutent toujours intensément avec Ken Tyrrell, mais Minardi et même Benetton seraient aussi dans leur collimateur.
Côté technique, Williams et Benetton utilisent pour la première fois à Spa un logiciel de contrôle du couple moteur (ou accélérateur électronique) créé par Renault. M. Schumacher dispose à nouveau d'un châssis Ferrari allégé, qui n'est toutefois pas le même que celui endommagé en Hongrie, en cours de réparation. Apparus à Hockenheim, les mini-ailerons porteurs, placés de part et d'autre du museau, réapparaissent sur la Jordan-Peugeot, mais leur forme a été modifiée: ils sont plus étroits et en forme de V. Ces éléments sont aussi présents sur la Minardi-Hart. John Barnard continue de faire évoluer l'Arrows A18, avec par exemple de nouvelles écopes de frein arrière ou une double commande d'embrayage (à pied ou à main) pour aider le pilote en cas de pirouette. Côté moteur, Yamaha présente un bloc évolué mixte, certaines nouvelles pièces n'étant pas encore homologuées. Tyrrell reçoit une nouvelle spécification du V8 Ford-Cosworth ED5 qui offre hélas encore trop peu de chevaux. Sauber apporte une importante évolution aérodynamique, avec une zone inférieure élargie, plus carrée, afin d'améliorer le flux d'air sous le cockpit. Enfin, la Prost de Trulli reçoit une nouveauté: une suspension avant à barres de torsion qui doit réapparaître sur la monoplace de 1998.
Essais et qualifications
La journée du vendredi est perturbée par des averses quasi-incessantes. Les Benetton de Berger et d'Alesi occupent les avant-postes tandis que de nombreux pilotes, dont M. Schumacher, empruntent les bas-côtés. Samedi matin, il pleut encore sur Francorchamps, mais de façon moins soutenue. La piste sèche en fin de matinée, ce qui permet à Villeneuve et Alesi de tourner en 1'50''. Trois drapeaux rouges entrecoupent cette séance, suite à des sorties de Trulli et de Herbert, et surtout un gros accident de Häkkinen. Le Scandinave perd sa roue arrière-gauche alors qu'il aborde le freinage des Combes à 280 km/h. La McLaren tournoie sur elle-même avant de percuter les outres placées dans l'échappatoire, par bonheur à vitesse modérée. Häkkinen en est quitte pour de la peur... L'enquête menée par McLaren suite de cet accident pointe une rupture de suspension. Dans l'urgence, les triangles en carbone des deux monoplaces sont remplacés par des triangles similaires en acier, jugés plus sûrs.
Le soleil apparaît samedi après-midi pour les qualifications qui se déroulent donc sur piste sèche. Frentzen, Fisichella et M. Schumacher tiennent un temps la pole, avant que Villeneuve et Alesi ne prennent les choses en main en fin de séance. Le Canadien réalise finalement la dixième pole position de sa jeune carrière (1'49''450''') sur ce tracé qu'il affectionne. Sur l'autre Williams-Renault, Frentzen ne partira finalement que septième après une sortie de route. Alesi (2ème) démontre les progrès de la Benetton-Renault et se pose en prétendant à la victoire. Berger joue de malchance: victime d'un inquiétant bris de suspension, il se qualifie au 15ème rang sur un mulet mal réglé. Contraint d'employer sa « T-car », M. Schumacher place sa Ferrari en troisième position, à huit dixièmes de Villeneuve. Irvine s'égare dans sa mise au point, surconduit pour compenser un manque d'équilibre et ne signe au final qu'un catastrophique 17ème temps. Les Jordan-Peugeot affichent ici la meilleure vitesse de pointe, à 310 km/h. Fisichella (4ème) brille lors des essais tandis que R. Schumacher (6ème) est stoppé par une casse moteur. Il se rabat sur son mulet qui, hélas, rencontre des coupures électriques...
McLaren-Mercedes vit décidément un week-end mouvementé: à peine remis de sa frayeur de la matinée, Häkkinen se qualifie au cinquième rang avant d'être déclassé pour essence non conforme ! Son équipe fait cependant appel et le Finlandais garde sa position sur la grille. Le tribunal d'appel de la FIA étudiera sa cause après la course. Cela ne sied guère à la fédération qui porte plainte à son tour contre McLaren pour « appel dilatoire »... Coulthard (10ème) se signale de nouveau par une sortie de route.
Les Arrows-Yamaha brillent grâce aux pneus tendres Bridgestone qu'elles sont seules à utiliser. Diniz (8ème) étonne en devançant un Hill (9ème) brouillon, auteur de plusieurs petites fautes de pilotage. Herbert place sa Sauber-Petronas au onzième rang. Son collègue Morbidelli (13ème) tutoie le rail à l'Arrêt de Bus avant d'échouer plus tard dans un bac à graviers. Brillant sous la pluie du vendredi, Barrichello rentre dans le rang le lendemain et qualifie sa Stewart-Ford en douzième position. Magnussen (18ème) se contente de découvrir le circuit. Spa était aussi une terre inconnue pour les pilotes Prost. Trulli (14ème) s'offre plusieurs figures et Nakano (16ème) est longtemps arrêté par une panne de répartiteur de freinage. Chez Tyrrell, Salo (19ème) devance Verstappen (21ème) qui sort de la route. Vendredi, sous la pluie, Katayama a tiré le meilleur parti de ses Bridgestone pour atteindre le « top 10 ». Le lendemain hélas, sa Minardi-Hart rencontre des soucis d'embrayage et le Japonais recule au vingtième rang. Son équipier Marques (22ème) ferme la marche.
Le Grand Prix
Villeneuve réalise le meilleur chrono du dimanche matin devant R. Schumacher et Herbert. M. Schumacher teste les réglages de ses deux montures rouges. Toujours beaucoup de travail chez McLaren puisque Coulthard et Häkkinen se mettent encore une fois dans les décors...
Après le déjeuner, les météorologues annoncent de courtes mais intenses averses pour le début de l'après-midi. Dans la coulisse, les mécaniciens de Goodyear et Bridgestone préparent les gommes striées. Ils ont raison, car de lourdes nuées s'amoncellent et crèvent à 13h35, soit vingt-cinq minutes avant le coup d'envoi. Un déluge s'abat sur Francorchamps. Aussitôt, les mécaniciens chaussent des pneus rainurés à tous les bolides. Toutefois, au bout d'une vingtaine de minutes, le vent chasse la pluie, et si l'asphalte est détrempé, le soleil point à l'horizon. Voilà qui sourit à Ferrari: Michael Schumacher et Ross Brawn ont eu la prescience de préparer des réglages mixtes et des pneus intermédiaires pour le mulet. À l'issue de son tour de mise en grille, Schumacher s'aperçoit que la piste est très humide mais que la pluie cesse. Il fait donc le pari de partir avec sa monoplace de réserve.
M. Schumacher est le seul pilote à s'élancer en pneus intermédiaires. Fisichella et Häkkinen sélectionnent de nouveaux pneus Goodyear « pluie » à rainures « en V », compromis entre les « full wet » et les mixtes. Chez Bridgestone, tout le monde part en gommes pour le mouillé. R. Schumacher roule sur une flaque lors de son tour de mise en grille et devra s'élancer depuis les stands avec son mulet. Comme il n'a plus rien à perdre, le jeune Allemand démarre... en slicks. De son côté, Trulli abandonne sa Prost, en panne d'électronique, et se rabat lui aussi sur la T-Car. Il rejoint Schumacher Jr. en queue de classement.
La piste étant très humide, Charlie Whiting décide d'innover en lançant le Grand Prix derrière la voiture de sécurité, afin d'éviter un éventuel carambolage au freinage de la Source. C'est la première fois dans l'histoire de la F1 qu'une telle procédure est adoptée.
Départ et 1er tour: Oliver Gavin, pilote de la Safety Car, emmène la meute de concurrents. Ceux-ci s'aperçoivent que si le bitume est très détrempé, le vent chasse les nuages.
2e: Le peloton poursuit sa ronde de reconnaissance et repousse ainsi peu à peu les différentes flaques. La piste redevient praticable, ce qui conforte M. Schumacher dans sa résolution de partir en intermédiaires. Trulli démarre des stands avec un tour de retard. Häkkinen et Diniz commettent l'erreur de passer devant Frentzen au cours de cette ronde. Le Brésilien rend sa position, mais pas le Finlandais...
3e: Les lumières de la Pace Car s'éteignent: la course va démarrer au tour suivant. Villeneuve précède Alesi, M. Schumacher, Fisichella, Häkkinen, Frentzen, Diniz, Hill, Coulthard, Herbert, Barrichello, Morbidelli, Berger, Nakano, Irvine, Magnussen, Salo, Katayama, Marques, Verstappen, R. Schumacher et Trulli, relégué à un tour.
4e: Le drapeau vert est agité. Villeneuve demeure premier devant Alesi. Mais la piste n'est pas uniformément humide, et M. Schumacher, en pneus intermédiaires, menace déjà Alesi. Peu de mouvements dans le peloton où la visibilité est nulle.
5e: Schumacher fait l'intérieur à Alesi au freinage de la Source, puis se lance aussitôt aux trousses de Villeneuve. Il le déborde sans peine dans la descente vers Rivage et conquiert ainsi la première place. Son frère Ralf passe par les graviers au même endroit, quelques instants plus tard.
6e: Le ciel s'éclaircit et le bitume sèche rapidement. Schumacher s'enfuit en tête. Villeneuve entre aux stands pour mettre des pneus intermédiaires et tombe au dix-huitième rang. Fisichella dépasse Alesi dans Kemmel et pointe en deuxième position. Nakano glisse sur une flaque après les Fagnes et s'enlise dans les graviers, d'où il ne repartira pas.
7e: Schumacher mène un train d'enfer et compte... vingt-deux secondes d'avance sur Fisichella ! Häkkinen prend la troisième place à Alesi. Frentzen contient un groupe comprenant Coulthard, Diniz, Hill, Herbert, Barrichello et Magnussen. Alesi rejoint les stands en fin de boucle et choisit de prendre les slicks.
8e: Schumacher tourne six secondes au tour plus vite que Fisichella. Coulthard déborde Frentzen aux Combes. Extrêmement lent, l'Allemand se fait ensuite doubler par Diniz, Herbert etc. Il se tamponne avec Barrichello un peu plus loin lorsque celui-ci tente de le dépasser. Frentzen rejoint ensuite son garage pour mettre des slicks tandis que Barrichello met pied à terre avec une suspension faussée. Irvine sélectionne aussi des gommes lisses.
9e: M. Schumacher mène devant Fisichella (34.6s.), Häkkinen (37s.), Coulthard (41.6s.), Diniz (44.2s.), Herbert (44.8s.), Hill (47s.), Magnussen (52s.) et Morbidelli (55s.). Berger et Salo chaussent les slicks.
10e: La trajectoire est presque sèche mais le reste du bitume est encore humide: le moindre écart est à redouter. Fisichella stoppe chez Jordan pour mettre les pneus pour le sec. Le Romain reprend la piste entre Alesi et Villeneuve, lequel n'avance pas avec ses gommes mixtes déjà abîmées. Hill apparaît chez Arrows... et reprend curieusement des pneus intermédiaires.
11e: Impérial, Schumacher possède 47 secondes de marge sur Häkkinen, 50 secondes sur l'étonnant Diniz qui a débordé Coulthard aux Combes. L'Écossais cède ensuite à Herbert, avant de passer aux stands pour mettre les gommes lisses.
12e: Häkkinen tire tout droit aux Combes et rejoint le circuit après avoir ratissé le gazon. Herbert effectue son changement de pneus et se réinsère derrière Fisichella. Verstappen, Trulli, Katayama troquent aussi les pneus pluie contre des slicks. R. Schumacher remplace ses enveloppes. Villeneuve repasse chez Williams pour enfin choisir les bons pneus, les lisses !
13e: Fisichella et Alesi se défont de Magnussen qui occupait la quatrième place. Häkkinen fait halte aux stands pour s'emparer de slicks et redémarre devant Herbert et Coulthard. Diniz arrive aussi aux stands, et contrairement aux autres pilotes, reprend de l'essence en plus de nouveaux pneus. Changement d'enveloppes aussi pour Morbidelli et Marques.
14e: Schumacher jouit de plus d'une minute d'avance sur Alesi lorsqu'il s'arrête chez Ferrari pour mettre des slicks et ravitailler (8s.). Cette magnifique stratégie paraît lui garantir la victoire. Magnussen effectue aussi un pit-stop tardif (essence + pneus).
15e: M. Schumacher précède Alesi (41s.), Fisichella (52.5s.), Häkkinen (58.6s.), Herbert (59.6s.), Coulthard (1m.), Frentzen (1m. 01s.), Berger (1m. 04s.), Verstappen (1m. 12s.) et Villeneuve (1m. 17s.). Hill repasse aux stands et, le dernier, chausse les slicks.
17e: Alesi accuse quarante secondes de retard sur Schumacher. Frentzen déborde Coulthard avant Blanchimont. Villeneuve bute sur l'étonnant Verstappen, très rapide avec sa modeste Tyrrell-Ford.
18e: Le vent est tombé et le ciel se couvre à nouveau. Il pleut de côté de Malmédy, entre les Combes et Pouhon. Dans les équipes, on ressort les pneus striés, à tout hasard...
19e: Trente-sept secondes séparent Schumacher et Alesi. Frentzen pourchasse Herbert. Marques part en tête-à-queue à Rivage et s'enlise dans le sable. Villeneuve dépasse Verstappen.
20e: Des plaques d'humidité apparaissent entre les Combes et Rivage. Frentzen tente faire l'intérieur à Herbert à l'Arrêt de Bus. L'Anglais claque la porte au nez de son ancien équipier. Villeneuve coupe la chicane des Combes après un freinage manqué. Coulthard roule sur une bordure après Stavelot et exécute une pirouette. Son moteur cale et les commissaires poussent la McLaren vers l'échappatoire.
21e: La petite averse a déjà cessé. Frentzen parvient à dépasser Herbert dans la pleine charge de Kemmel.
22e: M. Schumacher est premier devant Alesi (39.5s.), Fisichella (58s.), Häkkinen (59s.), Frentzen (1m.), Herbert (1m. 04s.), Berger (1m. 05s.), Villeneuve (1m. 19s.), Verstappen (1m. 26s.) et Irvine (1m. 28s.). R. Schumacher perd l'arrière de sa Jordan en sortant du droit de Malmédy puis heurte le rail par l'avant, à vive allure. La course est finie pour le jeune Allemand.
24e: Alesi effectue son ravitaillement (6.9s.) et repart derrière Herbert. Frentzen pourchasse Fisichella et Häkkinen.
25e: Schumacher compte cinquante-cinq secondes d'avance sur Fisichella. Häkkinen ne roule qu'à deux secondes de l'Italien. Frentzen effectue son second pit-stop (9s.). Berger passe quant à lui chez Benetton pour reprendre de l'essence et des pneus neufs.
26e: Poursuivi par Irvine, Verstappen part en tête-à-queue à la sortie de Rivage et échoue à contre-sens dans le bac à sable. Dommage pour le jeune Hollandais qui réalisait une course brillante.
28e: M. Schumacher devance Fisichella (52.7s.), Häkkinen (54s.), Alesi (1m. 06s.), Herbert (1m. 09s.), Villeneuve (1m. 13s.), Frentzen (1m. 22s.), Irvine (1m. 29s.), Diniz (1m. 31s.) et Berger (1m. 37s.).
29e: M. Schumacher fait halte aux stands pour se ravitailler en essence et en pneus neufs (7.3s.). Il conserve bien entendu le commandement. Ravitaillements aussi de Salo, Katayama et Trulli.
30e: Le soleil perce les nuages et la température remonte. Häkkinen passe chez McLaren pour son second arrêt (7.7s.) puis reprend la piste devant Frentzen. Villeneuve est aux trousses de Herbert. Irvine effectue sa seconde escale chez Ferrari (7.7s.). Deuxième pit-stop pour Magnussen.
31e: Fisichella se plie à son deuxième arrêt aux stands (7s.) et parvient à repartir devant Alesi. Herbert et Villeneuve ravitaillent aussi et repartent dans cet ordre.
32e: Alesi regagne son stand pour se plaindre d'une crevaison apparente. Mais ses mécaniciens ne découvrent rien et l'Avignonnais repart en sixième position. En fait, le fond plat de la Benetton est en train de se détacher, d'où un terrible déséquilibre.
33e: Schumacher devance Fisichella de quarante-quatre secondes. Diniz subit un ravitaillement. Magnussen escalade vivement les trottoirs à l'Arrêt de Bus, mais parvient à éviter le tête-à-queue.
34e: Berger effectue un nouveau changement d'enveloppes. Arrêts aussi pour Hill et Morbidelli.
35e: M. Schumacher a la victoire dans sa besace et adopte un train de sénateur. Villeneuve poursuit Alesi pour le gain de la sixième place.
36e: Villeneuve dépasse Alesi par l'intérieur au freinage des Combes.
37e: M. Schumacher précède Fisichella (35s.), Häkkinen (42s.), Frentzen (45s.), Herbert (52s.), Villeneuve (1m. 01s.), Alesi (1m. 07s.), Irvine (1m. 17s.), Berger (1m. 18s.) et Diniz (1m. 25s.).
38e: Berger s'empare de la huitième place aux dépens d'Irvine. Alesi refait une escale au stand Benetton pour encore changer de gommes. Son diffuseur ne fonctionne plus, mais il refuse d'abandonner et continue la course dans l'espoir d'inscrire un point.
40e: Schumacher possède trente-deux secondes de marge sur Fisichella. Villeneuve est le plus rapide en piste et tente de se raccrocher à Herbert.
42e: À trois tours du but, Schumacher mène devant Fisichella (30.4s.), Häkkinen (37s.), Frentzen (38.4s.), Herbert (48.7s.), Villeneuve (49.4s.), Berger (1m. 11s.), Irvine (1m. 20s.), Diniz (1m. 21s.) et Alesi (1m. 35s.).
43e: Schumacher finit la course trente secondes devant Fisichella. Frentzen menace Häkkinen pour la troisième marche du podium. Villeneuve s'empare du meilleur tour de la course (1'52''692'''). Diniz pourchasse Irvine pour la huitième place. Hill rejoint son garage suite à un bris d'écrou de roue. Katayama abandonne également: une panne électronique foudroie son moteur.
44ème et dernier tour: Diniz harponne Irvine au freinage des Combes. Le Brésilien peut poursuivre mais l'Irlandais, en tête-à-queue, n'ira pas plus loin.
Michael Schumacher remporte le GP de Belgique pour la quatrième fois de sa carrière. Fisichella décroche une superbe deuxième place pour Jordan-Peugeot. Häkkinen finit troisième, une seconde devant Frentzen. Herbert recueille une belle cinquième position. Villeneuve doit se contenter de la sixième place. Berger, Diniz, Alesi, Morbidelli, Salo, Magnussen et Trulli rejoignent aussi l'arrivée.
Après la course: le bon tour de Maître Schumi
Remarquable funambule, Michael Schumacher est une fois encore venu à bout des éléments pour triompher dans son jardin de Spa-Francorchamps. Mais cette victoire est aussi le fruit d'une stratégie très astucieuse: partir en gommes intermédiaires alors que le bitume commençait à s'assécher. Ross Brawn, directeur technique de Ferrari et maître tacticien à ses heures, a eu l'idée géniale de configurer en ce sens le mulet Ferrari. Restait à la transformer en victoire, ce que Schumacher a brillamment accompli. « Nous devons ce succès à nos choix de pneus et de réglages », confirme-t-il. « Certes, les conditions de pilotage n'étaient pas faciles, mais je me sens toujours bien en ce genre de circonstances ! Et comme tout a parfaitement fonctionné, que dire de plus ? Dans ces conditions météorologiques, les pneus mixtes étaient évidemment préférables aux « pluie », et je m'étonne que d'autres pilotes n'aient pas eu cette même idée. Certes, lorsque nous sommes partis pour le tour d'installation, il était difficile de savoir combien de temps durerait le déluge. À cet instant, je pensais que les « pluie » étaient le meilleur choix. Mais quand les nuages sont partis, je me suis dit qu'ils ne reviendraient pas et j'ai pris les mixtes. Puis, lorsque nous roulions derrière le Safety Car et que j'ai vu apparaître le soleil, je n'ai pu m'empêcher de sourire. Les autres étaient bien attrapés ! » Et ce fut la démonstration habituelle du Regenmeister, inattaquable d'un bout à l'autre.
Comme à Monaco plus tôt dans la saison, le triomphe de Schumacher et de Ferrari se couple au naufrage des Williams-Renault, et en particulier de Jacques Villeneuve. Que le Québécois soit parti en pneus « full wet », passe encore. Mais qu'il n'ait pas chaussé immédiatement des slicks alors que la piste spadoise s'asséchait rapidement dépasse l'entendement. Si Patrick Head est l'un des meilleurs techniciens du paddock, il est aussi sans aucun doute un de ses plus mauvais stratèges ! Tout en reconnaissant que son équipe s'est fourvoyée, Villeneuve préfère incriminer le directeur de course Charlie Whiting et sa décision de donner le départ derrière la voiture de sécurité. « Je ne comprends pas ce qu'elle faisait là ! » s'emporte-t-il. « Ils l'ont gardée au rancart à Barcelone l'an dernier ou à Monaco cette année, alors que les conditions étaient similaires. Chaussé de pneus pluie, j'ai compris que j'avais fait une erreur dès qu'elle s'est mise en place. Mais elle aurait dû disparaître au bout d'un tour. Quand elle s'est enfin effacée, la piste avait en partie séché, mais pas assez pour passer en pneus lisses. C'est pourquoi nous avons pris les intermédiaires... Je suis très déçu car j'avais la voiture parfaite pour gagner sur le sec ! » Villeneuve regretterait-il ses chères courses américaines qui ne se déroulent jamais sous la pluie ?
Quoiqu'il en soit, il concède à nouveau plus de dix points à Schumacher au classement mondial, à cinq courses du terme du championnat. La constance avec laquelle Williams-Renault et le Canadien se prennent les pieds dans le tapis, presque course après course, force presque l'admiration. « Schumacher bénéficie de circonstances qui le servent et qui nous handicapent. », plaide Bernard Dudot. « C'est un maître. Mais rien n'est perdu pour Jacques. » De son côté, Jean Todt fanfaronne en proclamant que Ferrari a atteint tous ses objectifs en 1997. « Nous voulions quatre victoires, c'est fait. Que demander plus ? » ironise-t-il tandis que frise son petit œil malicieux.
L'autre héros du jour est Giancarlo Fisichella qui offre à Jordan-Peugeot une très belle seconde place, son meilleur résultat en 1997. Très brillant dans ces circonstances troublées, en dépit de son manque d'expérience, il a lui aussi tiré bénéfice d'un choix de pneus pertinent. « Nous avons bien fait de prendre les Goodyear rainurés nouvelle version », explique-t-il. « S'il y avait eu un peu plus d'eau, j'aurais été plus rapide que Schumacher... mais moins que Villeneuve ! Durant les premiers tours, je n'ai pas cherché à suivre Michael mais plutôt à me détacher de ceux qui pouvaient me menacer ensuite. Bons arrêts, bons réglages, bonne stratégie... Je suis très heureux de ce résultat. Maintenant, il faut aller chercher la victoire ! » Et Fisico se prend à rêver d'un triomphe quinze jours plus tard à domicile, à Monza. La cavalerie du V10 Peugeot, la plus imposante du peloton, lui permet de caresser cet espoir.
La seconde place aurait dû cependant revenir à Jean Alesi, comme toujours étincelant lors que les éléments sont déchaînés. Hélas, une stupide défaillance du train arrière (dont a probablement été aussi victime Gerhard Berger la veille) a ruiné ses chances de podium. « La voiture ne tenait plus terre », soupire le Français. « J'ai cru que les pneus avaient cloqué, mais en fait c'est un élément de la suspension arrière qui a cassé... J'ai continué, de rage ! » Le bouillant Jeannot peut s'estimer heureux d'avoir rallié l'arrivée sain et sauf...
Häkkinen disqualifié
Dimanche soir, Williams dépose plainte contre Mika Häkkinen qui a involontairement dépassé Heinz-Harald Frentzen lorsque la voiture de sécurité était en piste. Le Finlandais est convoqué pour cette infraction devant le collège des commissaires, en compagnie de Pedro Diniz, coupable de la même erreur. Tous deux plaident la bonne foi: ils n'ont pas vu qu'ils passaient devant Frentzen à cause des projections d'eau. Ils écopent tout de même d'une course de suspension avec sursis, avec mise à l'épreuve pour les deux prochains Grands Prix. Williams est déçue: elle espérait le déclassement de Häkkinen afin que Frentzen et Villeneuve gagnent chacun une position...
L'écurie de Grove obtiendra finalement satisfaction, car ce Grand Prix de Belgique ne sera décidément pas celui du « Finlandais volant ». Après son accident en essais, sa première disqualification, puis les remontrances des commissaires, Mika Häkkinen perd sa troisième place le 4 septembre 1997 sur tapis vert, le tribunal d'appel de la FIA estimant que le carburant avec lequel il avait roulé en qualifications était bien non conforme. Une contre-expertise confirme la première analyse menée par l'équipe de Jo Bauer, le directeur technique fédéral. En conséquence, Häkkinen est disqualifié du GP de Belgique et McLaren écope d'une amende de 50 000 dollars. Néanmoins, le tribunal d'appel reconnaît la bonne foi de l'écurie de Ron Dennis et de son pétrolier Mobil, et retient l'hypothèse d'une faute délibérée. En conséquence, la demande de sanction émanant de la fédération pour appel dilatoire est rejetée.
Cette disqualification permet à Heinz-Harald Frentzen de récupérer la troisième place du Grand Prix, devant Johnny Herbert, Jacques Villeneuve et Gerhard Berger, héritier du dernier point en lice. Du coup, l'intervalle entre M. Schumacher et Villeneuve au classement mondial se réduit à onze points.
Tony