Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Benetton Ford Cosworth
Damon HILL
 D.HILL
Williams Renault
Alain PROST
 A.PROST
Williams Renault

544. Großer Preis

LI Grand Prix de Belgique
Sonnig
Spa-Francorchamps
Sonntag, 29. August 1993
44 Runden x 6.974 km - 306.856 km
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F1
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Williams ist Weltmeister
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Adieux à domicile pour Thierry Boutsen

La boucle est bouclée pour Thierry Boutsen qui fête à Spa-Francorchamps ses dix années en Formule 1. Le Bruxellois va clore en effet sa carrière dans la discipline à domicile, sur ce même circuit où il a débuté en 1983, au volant d'une Arrows-Ford-Cosworth. Âgé de 36 ans, Boutsen estime avoir fait le tour de la question en F1 et ne veut plus se discréditer au volant d'une Jordan-Hart qu'il ne peut conduire correctement. En effet, malgré les modifications apportées au châssis construit pour Ivan Capelli, celui-ci demeure bien trop étroit pour la grande carcasse de l'ami Thierry. « Je conduis complètement courbé, si bien que je me tasse régulièrement les vertèbres. Je n'ai aucun feeling de l'auto », explique-t-il au journaliste Jean-Michel Desnoues. Il rompt ainsi son contrat avec Eddie Jordan, tout en demandant un dédommagement que l'Irlandais, toujours aussi pingre, consent très difficilement à lui donner...

 

Le mercredi 25 août, Thierry Boutsen célèbre à Bruxelles son « pot de départ » en compagnie de son épouse Patricia, de son jeune fils Kevin, et de quelques-uns de ses amis: Michele Alboreto, Rubens Barrichello, Riccardo Patrese, et même Érik Comas, avec lequel il s'est réconcilié. Ayrton Senna, bloqué au Portugal par une avarie de son avion, s'est fait excuser. Le pilote belge, très ému, cite les trois personnalités qui ont le plus marqué sa carrière: « Ayrton Senna, le meilleur de nous tous, un garçon par ailleurs très accessible. Luciano Benetton ensuite, pour son étonnante réussite d'image et de séduction: en dix minutes, il m'a convaincu de signer chez lui, en 1986. Et enfin Frank Williams. Ce qu'il assume depuis son accident dépasse l'imagination. » Nullement aigri, ce touche-à-tout va dorénavant orienter sa carrière vers d'autres disciplines, très certainement l'Endurance et le Tourisme, et peut-être également l'IndyCar.

 

Le spleen de Magic

C'est un Ayrton Senna des plus moroses qui débarque dans les Ardennes belges. Depuis la Hongrie, il a délaissé les essais privés, ne croyant plus en ses chances de titre mondial. Ses relations avec Ron Dennis se tendent en conséquence. « Nous ne sommes pas compétitifs », avoue-t-il, désabusé. « Je ne m'amuse pas beaucoup cette année. J'ai du mal à assumer le présent. Nous n'avons pas résolu les problèmes de la MP4/8. Chaque course qui passe complique encore plus les choses. Cette monoplace ne peut gagner que dans des conditions très spéciales. »

 

Ses perspectives pour 1994 sont simples: « J'ai envie d'une bonne voiture. » Et il devrait l'avoir puisque ses négociations avec Williams-Renault sont sur le point d'aboutir. Senna sait qu'Alain Prost n'honorera pas sa deuxième année contrat. La route de Didcot lui est donc ouverte. Néanmoins, il discute également avec Jean Todt qui lui expose ses grands projets pour Ferrari. Comme tout pilote, Senna est fasciné par le mythe du cheval cabré, mais il est bien conscient que le relèvement de la Scuderia prendra du temps, sans doute deux à trois ans. « Ferrari m'intéresse, avoue-t-il, mais je n'ai jamais dit que c'était pour 1994. Si l'occasion se présente, j'irai chez eux avant ma retraite. » Comme Williams offre à Senna un contrat pour deux années, il peut déjà envisager une éventuelle arrivée à Maranello à l'horizon 1996...

 

Présentation de l'épreuve

Apaisement sur le front de l'essence: après les prises de bec de Mogyoród, la FISA a finalement décidé l'homologation du carburant préconisé par Elf. Il faut dire que le pétrolier français a sorti la grosse artillerie en menaçant Max Mosley d'un procès. « Ce n'est pas une victoire mais simplement l'homologation d'un carburant réglementaire », assure Gilbert Chapelet. Comme on le sait, ces tracas avaient pour but de faire pression sur le duo Renault - Elf, sommé par Bernie Ecclestone de fournir un autre « top team », McLaren ou Benetton, en 1994. Mais Louis Schweitzer et Alain Guillon demeurent inflexibles. Ils privilégient entièrement l'alliance avec Williams, ainsi que l'explique Patrick Faure, président de Renault Sport: « Ensemble, nous ne fonctionnons pas comme un duo constructeur/motoriste, mais comme une entité. Comme une seule et même équipe. C'est un point à ne pas remettre en cause. Si l'on commence à se cacher des choses, ce n'est plus la peine de poursuivre cette belle aventure. Je suis choqué qu'Ecclestone ait envie de voir une 3ème écurie Renault, ou une 4ème. Nous ne sommes pas la Croix-Rouge ou une association à but non lucratif ! La F1 doit rester une confrontation de concurrents divers. Pas une formule monotype. L'année prochaine, Benetton sera encore là. Peut-être plus performante grâce à un moteur Ford plus évolué. Ferrari aura progressé... Vous savez, Renault n'est pas gagnant à vie ! »

 

Pour l'heure, Williams-Renault s'apprête à glaner son deuxième titre des constructeurs consécutif. Elle doit pour cela inscrire deux points de plus que Benetton et McLaren qui se partagent la seconde place du classement. Quant à Alain Prost, il peut faire un grand pas vers sa quatrième couronne s'il empoche une nouvelle victoire, ou tout simplement s'il inscrit plus de points que Senna, son poursuivant immédiat.

 

Gerhard Berger fête dans les Ardennes son 34ème anniversaire sous l'auvent Ferrari. Ayrton Senna ne manque pas de planter un morceau de gâteau à la crème sur le crâne de plus en plus dégarni de son grand ami qui rit de bon cœur. Plus sérieusement, en marge de ces réjouissances, Senna a un entretien avec Jean Todt. Les deux hommes conviennent de se revoir à Monza pour discuter de l'avenir.

 

Lâché par Benetton, Riccardo Patrese pourrait tout de même trouver un volant pour 1994. Il négocie en effet avec Peter Sauber afin de remplacer JJ Lehto. Déjà en 1992 les deux hommes ont eu des pourparlers, et Sauber a hésité longuement avant d'engager Lehto. En ce début de « silly season », de nombreux impétrants cognent à la porte de la F1. Ainsi Pedro Lamy, jeune Portugais de 21 ans, révélation du championnat international de F3000, richement doté, pourrait rejoindre sous peu le team Lotus, las des piètres performances d'Alex Zanardi. Paul Stewart, le fils de Jackie, qui lui aussi brille en F3000, pourrait suivre les pas de son glorieux paternel chez Tyrrell. Jean-Marc Gounon, toujours soutenu par l'État français, négocie ferme avec Giancarlo Minardi. Enfin la malheureuse écurie Larrousse, de plus en plus désargentée, croule sous les candidatures de pilotes payants français. Éric Hélary, Yannick Dalmas et Olivier Beretta discutent ainsi avec Gérard Larrousse et Robin Herd.

 

La Scuderia Italia va probablement disparaître à la fin de l'année, qu'elle fusionne ou non avec Minardi. Jean Todt annonce que cela marquera la fin de la commercialisation du V12 Ferrari. Par ailleurs, on apprend que la nouvelle version de ce moteur, à quatre soupapes par cylindre et distribution pneumatique, tourne à... 15200 tours/minute ! « Notre seule chance d'augmenter la puissance était d'accroître le régime, alors nous l'avons fait », confie un ingénieur anonyme à Auto Hebdo.

Mike Coughlan, le directeur technique de Tyrrell, responsable de la 021, a donné sa démission. Le nom de son remplaçant n'est pas encore connu, mais il pourrait tout simplement s'agir de son prédécesseur Harvey Postlethwaite qui conserve des parts dans l'écurie des Tyrrell père et fils.

 

Accident pour Alex Zanardi

Vendredi matin, lors de la première séance d'essais libres, Alessandro Zanardi aborde à fond le raidillon de l'Eau Rouge lorsque sa Lotus décroche à près de 280km/h. Elle entame une incroyable série de tête-à-queue avant de frapper très rudement le rail de gauche. Puis elle traverse la piste et s'écrase contre les glissières de droite. Une boule de flammes est apparue au premier impact avant de s'éteindre heureusement aussitôt. La piste est parsemée de débris, et si Michael Andretti les aperçoit et freine à temps, Ayrton Senna, surpris par la décélération de son équipier, monte sur ses freins et part en tête-à-queue dans les graviers. Il évite de peu les commissaires qui agitent les drapeaux jaunes... Pendant ce temps-là, les secours se précipitent autour du pauvre Zanardi, conscient, mais rudement sonné. La Lotus est détruite mais la cellule de survie a tenu le coup. Senna vient prêter main forte aux médecins. Zanardi est transporté en ambulance puis héliporté vers l'hôpital de Liège. Il passe une batterie d'examens qui ne décèlent qu'un nez et une dent cassés (conséquence d'un choc contre le volant) et des vertèbres cervicales douloureuses. L'Italien est forfait pour la course mais s'en tire à très bon compte. En revanche, la cause de l'incident demeure inconnue. Les spécialistes penchent pour une défaillance de la suspension active qui aurait provoqué l'affaissement d'un demi-train arrière.

 

Ayrton Senna reçoit un blâme pour ne pas avoir ralenti suffisamment au moment de l'accident. Toutefois, le Brésilien ne pouvait pas voir les drapeaux jaunes puisqu'il est bien connu que le Raidillon se prend à l'aveuglette ! Dimanche matin, le champion brésilien prend la parole lors du briefing des pilotes pour demander que soit élargi le bac à graviers au sommet de l'Eau Rouge, mais Roland Bruynseraede lui répond sèchement qu'il est trop tard pour examiner cette proposition ! Furieux, Senna refuse de participer à la parade des pilotes. La belle Packard qui devait l'accueillir restera vide...

 

Essais et qualifications

Vendredi, Hill décroche la pole provisoire pendant que Prost se fourvoie dans ses pressions de pneus. Mais le lendemain, le Français s'empare de la position de pointe par un chrono exceptionnel (1'47''571'''). Hill (2ème) ne peut défendre ses chances à cause de soucis de freins. Les Benetton-Ford sont assez instables sur ce tracé. Schumacher (3ème) rend une seconde et demie à Prost. Patrese (8ème) rencontre des problèmes d'accélérateur. Alesi compose vendredi avec un survirage persistant avant de se cracher dans les mains le lendemain pour arracher un superbe quatrième temps, signe des progrès de la Ferrari. Berger (16ème) rencontre pour sa part une kyrielle de petites pannes. Les McLaren-Ford se comportent très mal. Senna (5ème), furieux, limite ses efforts et ne cherche même pas à contester la quatrième place à Alesi. Andretti (14ème) a le moral dans les chaussettes. Les Footwork-Mugen réalisent un joli tir groupé: Suzuki se classe sixième, Warwick septième. Le team anglo-japonais exploite parfaitement la suspension active achetée à McLaren, au point d'inquiéter cette dernière.

 

La Sauber a été améliorée en essais privés et fait preuve d'un meilleur équilibre. Lehto (9ème) et Wendlinger (12ème) en tirent un bon parti. Herbert (10ème) est content de sa Lotus, en dépit d'un inquiétant délestage au sommet du raidillon. Les Ligier-Renault (Brundle 11ème, Blundell 15ème) manquent ici de grip. Barrichello (13ème) se démène pour extraire le meilleur d'une Jordan sous-vireuse. Boutsen (20ème) ne trouve pas les bons réglages. De Cesaris amène sa Tyrrell-Yamaha, pour une fois rapide et fiable, au 17ème rang. Katayama (23ème) rencontre lui des problèmes techniques. La Larrousse-Lamborghini s'améliore progressivement au fil du week-end, notamment grâce à un nouveau fond plat. Comas (19ème) suit Alliot (18ème) qui sort rudement vendredi dans l'Eau Rouge, au même endroit que Zanardi, mais sans dommage corporel. Les Minardi-Ford (Martini 21ème, Fittipaldi 22ème) sont frappées d'un incessant sous-virage dans les courbes lentes. Les Lola-Ferrari (Badoer 24ème, Alboreto 25ème) sont atteintes du même mal, mais en pire. « Cette voiture est inconduisible, voilà tout ! » soupire le pauvre Alboreto.

 

Le Grand Prix

Le warm-up tourne au désastre pour Ferrari. Alesi ressent un affaissement de sa suspension arrière au passage du Raidillon de l'Eau Rouge. Il ramène sa voiture aux stands où l'équipe d'Harvey Postlethwaite détecte la rupture d'un poussoir entre les triangles de suspension. On craint un défaut de fabrication sur cette pièce. Après une conversation téléphonique avec John Barnard, des renforts sont apportés au niveau des poussoirs sur les trois F93A. Alesi, perplexe, hésite à participer à la course. Jean Todt le laisse entièrement libre de son choix. Finalement, l'Avignonnais brave le danger et de s'aligner au départ. Quant à Berger, il partira des stands sur le mulet renforcé à la dernière minute.

 

La course se déroule sous un beau soleil. Comme la voie des stands est ici très courte, les top teams envisagent une course avec deux changements de pneus.

 

Départ: Cette fois-ci, Prost s'élance bien et conserve l'avantage devant Hill. Alesi tente de faire l'intérieur à ce dernier à La Source, mais il doit freiner fort, et Senna en profite pour lui faire l'extérieur. Puis, à la réaccélération, le Pauliste prend l'ascendant sur Hill. Les Benetton subissent les affres d'un nouveau système de démarrage automatique. Schumacher se loupe complétement et se retrouve neuvième à La Source. Patrese dégringole en fond de peloton.

 

1er tour: Prost mène devant Senna, Hill, Alesi, Suzuki, Warwick, Lehto, Herbert, Schumacher et Brundle. Patrese est 17ème, Berger avant-dernier. Boutsen se range après les Combes avec une boîte de vitesses cassée. Ainsi s'achève, après cinq cents mètres, son dernier Grand Prix.

 

2e: Hill repasse devant Senna dans la ligne droite de Kemmel. Schumacher est irrésistible: dans le même tour il double Herbert, puis Lehto et enfin Warwick.

 

3e: Deux secondes séparent Prost et Hill. Schumacher déborde Suzuki dans la ligne droite de Kemmel. Lehto dépasse Warwick au même endroit. Patrese remonte et évolue maintenant au 14ème rang.

 

4e: Alesi sent que sa Ferrari talonne dans le Raidillon. Inquiet, il laisse passer Schumacher puis regagne son garage. Il préfère renoncer avant de subir un bris de suspension qui pourrait avoir de tragiques conséquences. Herbert double Warwick.

 

5e: Prost mène devant Hill (2.7s.), Senna (9.2s.), Schumacher (10.7s.), Suzuki (21.3s.), Lehto (24.2s.), Herbert (25s.), Warwick (27s.), Brundle (27.8s.) et Wendlinger (30s.).

 

6e: Schumacher recolle à Senna. Sixième, Lehto subit la menace de Herbert. Brundle pourchasse Warwick. Patrese est onzième après avoir doublé Barrichello.

 

7e: Schumacher fait la jonction avec Senna. C'est un nouveau duel de V8 Ford-Cosworth. Herbert prend l'ascendant sur Lehto.

 

8e: Prost repousse Hill à plus de trois secondes. Une demi-seconde sépare Senna et Schumacher. Comas s'arrête pour changer ses pneus.

 

9e: Wendlinger rejoint son stand pour faire remplacer son coupe-vent qui s'est cassé, ce qui génère des turbulences et l'empêche de maintenir sa tête droite. L'opération dure plusieurs minutes.

 

10e: Prost mène devant Hill (6s.), Senna (14.8s.), Schumacher (15.5s.), Suzuki (38.1s.), Herbert (40.8s.), Lehto (48.6s.), Warwick (49.8s.), Brundle (50.6s.), Patrese (50.9s.), Barrichello (52s.) et Andretti (53s.).

 

11e: Patrese dépasse Brundle. Barrichello regagne son garage avec un roulement de roue arrière brisé et renonce.

 

12e: Prost compte cinq secondes d'avance sur Hill. Schumacher est toujours bloqué derrière Senna. Patrese dépasse Warwick aux Combes.

 

13e: Les pneus de Prost sont abîmés mais le stand Williams rappelle d'abord Hill. L'Anglais prend de nouvelles enveloppes (6.2s.) et ressort troisième. Las de buter sur Senna, Schumacher remplace aussi ses gommes et demeure quatrième. Patrese met la pression sur Lehto. Arrêt de Katayama.

 

14e: Changement de pneus pour Prost (6s.) qui repart largement en tête. Senna suit son rival dans les stands et repart après sept secondes d'arrêt. Hill est déjà passé. A la sortie des stands, Senna voit Schumacher surgir sur sa gauche. Il ne lui laisse aucun espace mais l'Allemand ne se dégonfle pas: pied au plancher, il mord sur l'herbe et déborde le Brésilien.

 

15e: Prost compte six secondes d'avance sur Hill, treize secondes sur Schumacher, dix-sept secondes sur Senna. Suzuki, Lehto et Brundle passent par les stands pour prendre des gommes neuves.

 

16e: Warwick, Andretti, Blundell et Martini s'arrêtent aux stands. L'arrêt d'Andretti est particulièrement long: plus de vingt secondes. Suzuki se gare à la chicane de l'Arrêt de Bus, trahi par une fuite au système hydraulique de sa boîte de vitesses.

 

17e: Martini part en tête-à-queue à Stavelot suite à un mauvais changement de rapport et s'enlise dans les graviers. Au même instant, son équipier Fittipaldi est victime d'un bris de suspension au passage de la ligne de chronométrage et arrache sa roue avant-gauche contre les glissières. Le Pauliste s'immobilise sur le bas-côté tandis qu'un commissaire de course évacue la roue manquante. Changement de pneus pour Herbert qui demeure cinquième. De Cesaris et Badoer passent aussi par les stands.

 

18e: L'avance de Prost sur Hill s'amenuise et tombe à trois secondes. Patrese change ses pneus (4.8s.). Berger s'empare de la sixième place. Alliot et Alboreto font halte à leurs stands.

 

19e: Surpris par ses pneus froids, Patrese exécute un tête-à-queue magistral à la sortie des stands. Il se fait doubler par Lehto, puis Brundle le dépasse à Kemmel.

 

20e: Prost mène devant Hill (2s.), Schumacher (7s.), Senna (22.7s.), Herbert (1m.), Berger (1m. 31s.) et Lehto (1m. 32s.). Patrese prend la huitième place à Brundle.

 

21e: La tenue de route de Prost s'altère au fil des tours car des bulles se forment dans le circuit hydraulique de sa suspension active. Hill se rapproche de son leader. Berger s'arrête à son stand pour changer de pneus. Il repart douzième.

 

22e: Schumacher est étonnamment plus rapide que les Williams. Patrese double Lehto dans la pleine charge de Kemmel et grimpe ainsi dans les points. Brundle et Warwick luttent pour la neuvième place.

 

23e: Prost tombe sur Andretti qui tarde à s'écarter. Hill grossit dans ses rétroviseurs.

 

24e: Hill est dans les échappements de Prost. Aux Combes, l'Anglais tente de faire l'intérieur à son équipier en profitant du dépassement d'Andretti, mais Prost ferme la porte. Warwick chausse son troisième train de pneus.

 

26e: Prost réagit et repousse Hill à trois secondes. De Cesaris s'arrête dans une échappatoire avec un moteur fumant.

 

27e: Prost précède Hill (3s.), Schumacher (12s.), Senna (32s.), Herbert (1m. 15s.), Patrese (1m. 44s.), Lehto (1m. 50s.), Brundle (-1t.) et Andretti (-1t.). Berger gagne la dixième position aux dépens de Blundell. Katayama exécute une pirouette à La Source.

 

28e: Schumacher a fait un méplat sur ses pneus en prenant un tour à Berger. Il s'arrête à son stand pour prendre des enveloppes neuves (6s.) et repart juste devant Senna. Second arrêt (très long) de Katayama.

 

30e: Prost se débat avec une Williams instable au freinage. Hill chausse des pneus neufs (6.5s.) et reprend la piste quelques dizaines de mètres devant Schumacher. Andretti, Lehto et Blundell chaussent leurs troisièmes jeux d'enveloppes. Wendlinger renonce à cause d'une panne de moteur.

 

31e: Prost entre aux stands pour changer ses roues. L'arrêt est un peu longuet à cause d'un écrou avant-gauche récalcitrant. Le Forézien perd dix secondes dans cette opération et ressort derrière Hill et juste devant Schumacher. Warwick abandonne car un « bogue » frappe la gestion électronique de sa suspension active.

 

32e: La boîte de Prost lui joue des tours dans le Raidillon. Il tombe un rapport, ce qui permet à Schumacher de le déborder par l'intérieur dans Kemmel. L'Allemand retarde son freinage aux Combes et s'empare de la deuxième place.

 

33e: Hill devance Schumacher (4.4s.), Prost (5.7s.), Senna (35s.), Herbert (1m. 22s.), Patrese (1m. 47s.), Brundle (-1t.), Berger (-1t.), Andretti (-1t.), Lehto (-1t.), Blundell (-1t.) et Alliot (-1t.).

 

35e: Schumacher fait le forcing pour revenir sur Hill. Il guigne sa seconde victoire à Spa et revient à deux secondes de l'Anglais.

 

36e: Anonyme quatrième, Senna rencontre des vibrations sur sa McLaren, probablement à cause d'un souci de transmission.

 

37e: Hill mène devant Schumacher (2.7s.), Prost (7.1s.), Senna (38.9s.), Herbert (1m. 28s.) et Patrese (-1t.).

 

38e: Schumacher améliore le record du tour (1'51''242''') et ne concède plus que deux secondes à Hill.

 

40e: Hill se surpasse et tourne en 1'51''212'''. Il repousse Schumacher à quatre secondes. Comas quitte l'épreuve après un court-circuit sur sa pompe à essence. Il était quatorzième.

 

41e: Hill précède Schumacher (4.5s.), Prost (7s.), Senna (1m. 10s.), Herbert (1m. 46s.), Patrese (-1t.), Brundle (-1t.) et Berger (-1t.). Prost réalise le meilleur tour en course (1'51''095'''), signe que sa Williams a encore de la ressource.

 

42e: Schumacher n'abdique pas et reprend une seconde à Hill. A Rivage, le pied de Berger se coince dans son pédalier. L'Autrichien fait une excursion dans la terre. Il ramène sa Ferrari en piste, mais s'est fait doubler entretemps par Lehto et Andretti.

 

43e: L'intervalle entre Hill et Schumacher remonte à quatre secondes. Andretti double Lehto à La Source au prix d'un léger contact. Blundell est aux trousses de Berger.

 

44ème et dernier tour: Hill prend un tour à Herbert. Berger et Blundell entrent en collision et atterrissent tous les deux dans les graviers. Ils ne verront pas le drapeau à damiers.

 

Damon Hill remporte sa deuxième victoire, la 50ème du moteur Renault en F1. Il devance Schumacher de trois secondes et demie. Prost se contente de la troisième place. Senna se classe quatrième. Herbert obtient deux excellents points pour Lotus. Patrese finit sixième au prix d'un belle remontée. Brundle, Andretti, Lehto, Alliot, Alboreto, Badoer et Katayama sont aussi salués par le drapeau à damiers.

 

Après la course: Williams et Renault au firmament

Ce second succès de Damon Hill est sans conteste plus satisfaisant que le premier. En Hongrie, Prost, Senna et Schumacher ont très vite été éliminés, alors qu'à Spa il a dû se battre contre chacun de ces champions. Mieux, il a battu son leader, le « Professeur », grâce à une stratégie plus efficace ! Mais pour cela, il n'a pas ménagé ses efforts: « Derrière Alain, ma seule tactique fut d'attaquer à 100 %, de rester à son contact », explique-t-il. « Après être ressorti des stands devant lui, j'ai dû me méfier de Schumacher. Pas une seconde de calme ! Cette course m'a semblé comme un éclair. Par rapport à celle de Hongrie, j'ai l'impression que celle-ci n'a duré que cinq tours ! »

 

Michael Schumacher a lui aussi délivré une belle prestation. Sans son départ manqué, il aurait certainement pu gagner cette course. Il raconte: « Mon départ a été désastreux. J'ai relâché l'embrayage et le moteur a perdu des tours. Il est tombé à 2300 tours/minute, juste assez pour continuer. Je ne pouvais pas reprendre des tours et j'ai pris le départ à 4000 trs/m. C'est comme partir en 5e ! J'ai réussi à passer des voitures, mais je suis ensuite tombé sur Senna. L'écurie a pris la bonne décision en me demandant de changer de pneus assez tôt dans la course, ce qui m'a permis de me retrouver devant Senna. J'ai choisi de m'arrêter une seconde fois après avoir bloqué mes freins. La voiture était vraiment fantastique, et si je n'avais pas manqué mon départ, j'aurais peut-être pu battre Hill. » Alain Prost le taquine en maniant l'autodérision: « Michael, tu ne gagneras jamais si tu te mets à prendre des départs à la Prost ! »

 

Alain Prost, justement, n'est pas trop déçu d'être passé à côté de la victoire. L'important pour lui est d'avoir fini devant Ayrton Senna. « J'ai eu quelques petits problèmes. En plus, j'ai perdu du temps lors de mon deuxième changement de pneus. Mais j'ai surtout couru pour l'équipe. Damon a eu l'honneur de remporter la cinquantième victoire de Renault et moi j'ai celui de participer à la conquête du deuxième titre mondial des constructeurs de Renault », explique-t-il, très serein.

 

Et en effet, par ce succès Williams s'adjuge la couronne des constructeurs tandis que Renault atteint le chiffre des cinquante victoires en Grands Prix. Les gars (et les quelques filles) de Renault Sport fêtent ce triomphe en bambochant trois jours plus tard à Viry-Châtillon. Alain Prost est acclamé, Bernard Dudot joyeusement aspergé de Moët & Chandon. « Nous poursuivons notre marche en avant », commente sobrement Patrick Faure. « A Nevers-Magny-Cours, après le doublé Prost - Hill, j'avais demandé à toute l'équipe de réaliser une bonne deuxième partie de saison. Supérieure à celle de 1992. » Objectif rempli puisque les Williams-Renault ont empoché six victoires consécutives depuis le début de l'été !

 

Au classement des pilotes, Prost (81 pts) possède maintenant vingt-huit longueurs d'avance sur Senna (53 pts) et peut donc espérer être titré lors de la prochaine course en Italie. Hill (48 pts) et Schumacher (42 pts) lorgnent sur la deuxième place détenue par le Brésilien qui n'a inscrit que treize points depuis sa victoire à Monaco, en mai dernier. Chez les constructeurs, Benetton (60 pts) passe devant McLaren (56 pts).

Tony