Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Renault
Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Benetton Ford Cosworth
Riccardo PATRESE
 R.PATRESE
Williams Renault

528. Großer Preis

L Grand Prix de Belgique
Wechselhaft
Spa-Francorchamps
Sonntag, 30. August 1992
44 Runden x 6.974 km - 306.856 km
Affiche
F1
Coupe

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Konstruktor
Williams ist Weltmeister
Motor

Senna - Williams : route barrée

Après avoir mis un terme à ses discussions avec Ferrari, Ayrton Senna gardait un mince espoir de piloter pour Williams-Renault en 1993. C'était là sa priorité, quitte à cohabiter de nouveau avec Alain Prost. Las, quelques jours avant le GP de Belgique, il apprend que le Français bénéficie dans son contrat, grâce à Renault, d'une clause lui permettant de mettre son veto à l'arrivée de son rival ! Frank Williams, qui n'a jamais perdu espoir de recruter Senna, n'en peut mais. Le Brésilien est désemparé. Le retrait de Honda paraissant certain, il ne veut pas conduire l'an prochain une McLaren sous-motorisée. « C'est fini, je me retire de la F1 ! » lâche-t-il devant des journalistes éberlués. Propos en l'air. Senna n'a pas l'intention d'abandonner la compétition, mais laisse éclater sa colère: « L'attitude de Prost est déplorable. Nous avons eu certes des problèmes par le passé, mais je pense que nous avons beaucoup appris de ces conflits, que nous avons changé lui et moi. En fait, il refuse de se battre contre moi à matériel égal. C'est dommage car, si vous êtes au sommet de la hiérarchie, il faut le prouver sur la piste, pas en empêchant un pilote du même niveau que vous d'être à vos côtés. Prost a peur de moi. Il sait qu'à matériel égal, je peux le battre. Alors il préfère Mansell. Dommage, car la saison 93 aurait pu être fantastique, spectaculaire... »

 

Pressé de répliquer par la presse, Prost n'est guère loquace mais balaie tout de même les affirmations de Senna: « La situation est si difficile à expliquer que je préfère ne rien dire pour le moment. Mais j'affirme que tout au long de ma carrière, je n'ai jamais refusé un équipier. Certes je crains davantage Senna que Mansell, mais jamais je n'interdirai à mon patron de l'engager. S'il veut venir, qu'il vienne. Mais je tiens dans ce cas à l'absolue égalité du matériel. » Chez Williams et Renault, c'est encore plus simple: on nie l'existence d'un contrat avec le champion français !

 

Cette nouvelle controverse entre Senna et Prost fait passer au second plan le sort du nouveau champion du monde, Nigel Mansell. Il est hélas certain que Frank Williams est désormais prêt à se passer de ses services. Ses ahurissantes prétentions salariales (23 millions de dollars !) ont définitivement braqué l'homme de Didcot. Or on sait que celui-ci n'a pas pour habitude de faire du sentiment avec ses pilotes et qu'il n'est nullement embarrassé à l'idée de mener plusieurs négociations de front. S'il ne perd pas espoir de ramener Mansell à la raison, il envisage sans déchirement de se séparer de celui qui vient de lui ramener la couronne mondiale... Un tel divorce signifierait, à n'en pas douter, la fin de la carrière du moustachu.

 

Transferts: Gerhard Berger revient chez Ferrari

Les négociations avec Ayrton Senna n'ayant pas abouti, la Scuderia Ferrari recherche désespérément une « pointure » à associer à Jean Alesi en 1993. Alain Prost sous contrat avec Williams, Nigel Mansell sur le point de quitter la F1, Nelson Piquet grièvement blessé, ne reste plus que Gerhard Berger. Les pourparlers sont rondement menés. L'Autrichien se laisse aisément convaincre par son ami Niki Lauda. Il est évidemment séduit par l'idée de travailler de nouveau avec John Barnard qu'il a côtoyé lors de son précédent passage à Maranello, entre 1987 et 1989. Pour Berger, il est l'heure de rentrer au bercail. S'il ne laisse que de bons souvenirs chez McLaren, il est las de subir l'hégémonie de « Magic » Senna. Ron Dennis, qui estime en lui non seulement le pilote, mais aussi l'homme charmant et le coéquipier modèle, lui offre une prolongation de contrat qu'il décline poliment. « Je te comprends », lui répond Dennis sans amertume. Autour du 15 août, Berger signe avec Ferrari un contrat de deux ans, plus une année d'option, pour un salaire annuel de neuf millions de dollars.

 

Trois ans après son départ et avec quelques cheveux de moins, le grand Gerhard revient donc chez les Rouges. Il sait qu'il a du pain sur la planche: « Indiscutablement, Ferrari connaît toujours un certain nombre de problèmes, notamment au niveau du châssis. Mais les choses sont en train d'évoluer dans le bon sens avec notamment l'arrivée de John Barnard. Je n'ai pas souvenance qu'il ait, par le passé, construit une voiture qui n'ait pas bien marché. J'ai 100% confiance en lui. Et puis, les choses ont changé chez Ferrari. Jadis, on me disait: « Asseyons-nous et causons ». Et on causait tout le temps. Aujourd'hui, les contacts sont plus directs. » Il ne cache pas non plus que sa collaboration avec Senna l'a éprouvé. S'il a lié avec l'homme des liens profonds d'amitié, il a souffert de ne pas pouvoir rivaliser avec le meilleur pilote du monde. « Je devais systématiquement le battre pour espérer vaincre, explique-t-il. Seulement, quand on lui donne le meilleur matériel, il en tire le maximum... C'est pas sorcier ! » Enfin, Jean Alesi ne paraît pas exalté par cette future collaboration: « Je connais peu Gerhard. Mes contacts avec lui se sont limités à deux accrochages en piste... » Cela promet...

 

Riccardo Patrese erre comme une âme en peine. Démotivé par ses piètres performances lors des deux derniers Grand Prix, en passe d'être mis sur la touche par Williams, il espérait pouvoir décrocher un contrat avec Ferrari pour l'année prochaine. Hélas, Niki Lauda s'est fermement opposé à l'engagement de celui qu'il considère encore comme le responsable de l'accident qui a coûté la vie à son ami Ronnie Peterson, à Monza en 1978. Patrese clame être victime de l' « Austrian Connection » Berger - Lauda. Heureusement, il a de bonnes chances de trouver un point de chute chez Benetton. Le « marchand de pull » souhaite en effet renforcer l'identité italienne de son écurie de F1. Flavio Briatore prend ainsi contact avec le Padouan par l'intermédiaire de Bernie Ecclestone, leur ami commun.

 

A un échelon plus modeste, le très brillant Mika Häkkinen est l'objet de beaucoup de convoitises. Ron Dennis souhaiterait l'engager chez McLaren comme pilote de réserve, voire comme titulaire si Senna lui faisait faux bond. Johnny Herbert a lui en revanche prolongé chez Lotus. Quant à l'autre Finlandais, JJ Lehto, un peu éclipsé ces derniers temps par Häkkinen, il fera équipe avec Wendlinger au sein de la nouvelle écurie Sauber.

 

Présentation de l'épreuve

Avec 132 points dans la musette, Williams-Renault jouit d'une colossale avance sur ses poursuivants au classement des constructeurs, McLaren-Honda (58 pts) et Benetton-Ford (51 pts). Le team de Didcot peut s'assurer de cette couronne à Spa-Francorchamps. Cela paraît aisé puisqu'elle ne doit pas concéder plus de dix points à McLaren lors de cette manche.

 

Les Formules 1 carburent une fois encore à l'essence « standard », mais la FOFAP, l'association des pétroliers de F1, multiplie les réunions pour définir ce qu'est précisément un produit d' « inspiration commerciale » tel que le préconise la FISA. Ils n'y parviennent pas car Elf, refusant d'abandonner certains composants chimiques, repousse les propositions de ses concurrents. Max Mosley et Bernie Ecclestone s'impatientent: ne tenant aucun compte des réticences de certains constructeurs, ils veulent absolument imposer ce type de carburant pour la saison 1993 et prévoient de faire passer cette réforme en force.

 

Paul Belmondo cède comme prévu le baquet de la seconde March à l'Italien Emanuele Naspetti, ancien champion d'Italie de F3 et brillant troisième du championnat international de F3000 en 1991 avec l'écurie Forti. Celui-ci apporte bien entendu quelques sponsors. Karl Wendlinger quittera quant à lui l'équipe au soir du GP du Portugal, afin de se consacrer aux premiers essais de la future Sauber F1. Son suppléant sera peut-être le revenant hollandais Jan Lammers. March devra aussi se chercher un nouvel ingénieur puisque Gustav Brunner rejoindra Minardi à compter du prochain Grand Prix, afin de dessiner la future monoplace italienne.

 

Chez Ferrari, Alesi dispose de la nouvelle Ferrari F92AT, équipée d'une boîte de vitesses transversale (d'où le « T ») à six rapports, ainsi que d'une géométrie de suspension arrière inédite. Footwork teste sa boîte de vitesses séquentielle dont le maniement est confié à Suzuki. Rétabli après deux mois de convalescence consécutifs à son accident de Magny-Cours, Christian Fittipaldi fait son retour dans la seconde Minardi. Enfin, Yamaha ne renonce pas à améliorer l'usine à gaz qu'elle nomme V12, et engage pour cela John Judd et son adjoint Stan Hall comme consultants.

 

Faillite de Brabham

Depuis cet hiver, Brabham survivait grâce aux fonds alloués par Landhurst Leasing, une société de prêts sur gages dirigée par un individu douteux, Edward Ball, qui finançait aussi Lotus. Celui-ci vient de déposer le bilan, et la mythique écurie de Sir Jack se retrouve à court de liquidités. John Macdonald quitte le navire sous prétexte que Dennis Nursey a refusé une offre raisonnable émanant d'un groupe sud-américain, pour en accepter une autre qui ne s'est pas concrétisée. Le syndic de faillite de Ball oblige Brabham à déposer également son bilan afin de permettre l'épuration des dettes de Landhurst Leasing. Du coup, l'écurie n'a pas les moyens de faire le déplacement dans les Ardennes et vit certainement ses dernières heures.

 

Lotus est donc également touchée par cette faillite et devrait environ quatre millions de dollars au syndic de faillite. Par ailleurs, le responsable du marketing de l'équipe, James Gilbey, est au cœur d'un scandale qui défraie la chronique outre-Manche sous le nom de « Squidgygate ». Ce personnage est en effet présenté par les tabloïds comme l'amant de la princesse Diana, à l'heure où celle-ci est en pleine procédure de divorce avec son époux le prince de Galles. Rien à voir donc avec le sport automobile. Afin de fuir les paparazzis, Gilbey disparaît des paddocks...

 

Andrea Moda: Sassetti sous les verrous

Du fait du forfait des Brabham, les Andrea Moda sont automatiquement pré-qualifiées. Elles n'effectuent cependant que quelques tours lors de la séance du vendredi après-midi: Moreno casse son moteur et McCarthy conduit un châssis qui a subi deux fois le crash-test et a donc perdu toute rigidité. Ce même après-midi, un huissier se présente dans le garage pour saisir une partie du matériel, Andrea Sassetti n'ayant pas réglé un sous-traitant. Le mafioso s'en sort en produisant des factures établissant que ces pièces sont issues d'un autre fournisseur. Le soir, il est pris à parti par certains mécaniciens qui n'ont pas reçu leur salaire. Ils finissent par en venir aux mains... Puis, samedi matin, le sous-traitant lésé ayant prouvé sans peine que les factures présentées sont fausses, la police débarque dans le paddock, pistolet au poing. Elle interpelle sans ménagement Sassetti et le directeur sportif Sergio Zago. Les deux hommes sont incarcérés à Liège et inculpés de fraude fiscale, de faux et usage de faux. On les soupçonne d'avoir payé un fournisseur avec un chèque en bois.

 

Pendant ce temps-là, les deux Andrea Moda ont bien évidemment échoué à se qualifier. McCarthy apprend de la bouche de ses mécaniciens que ceux-ci lui ont sciemment monté une colonne de direction endommagée par Moreno en Hongrie ! « Dans l'Eau Rouge, ma crémaillère de direction se grippe sous la déformation de la coque ! » révèle le malheureux Anglais. Estimant que sa vie est en danger, il quitte l'écurie avec effet immédiat. Dimanche soir, Sassetti et Zago sont curieusement mis hors de cause et libérés. Mais Bernie Ecclestone estime que la farce a assez duré et est maintenant décidé à mettre un terme à cette entreprise sordide.

 

Senna sauve Comas

Lors de la séance libre du vendredi matin, Érik Comas entame le virage de Blanchimont lorsqu'il glisse sur des graviers semés peu auparavant par JJ Lehto. Le jeune Français perd le contrôle de sa Ligier et percute les glissières à très vive allure. Il est assommé par une de ses roues, projetée dans les airs. Quelques secondes plus tard, Ayrton Senna découvre l'épave gisant en plein milieu de la piste. Le Brésilien s'arrête aussitôt et entend le moteur Renault tourner. En effet, Comas, inconscient, a encore le pied à fond sur l'accélérateur ! La voiture peut donc exploser à tout instant ! N'écoutant que son courage, Senna traverse la piste sans aucune précaution. Deux autres monoplaces, dont celle de Thierry Boutsen, l'équipier de Comas, le frôlent à 300 km/h. Parvenu à ce qui reste de la Ligier, Senna plonge un bras dans le cockpit et enclenche le coupe-circuit. Le moteur emballé se tait enfin.

 

Comas est bientôt pris en charge par l'équipe du professeur Watkins et retrouve ses esprits. Il est transporté vers l'hôpital de Liège pour passer un scanner et des examens complémentaires. Par bonheur, il ne souffre que d'une commotion cérébrale. Mais Watkins lui interdit de prendre part au Grand Prix. Comas regagne du coup son domicile de Londres, quelque peu déçu de ne pouvoir participer à la course, mais fort d'une reconnaissance éternelle envers Senna. Le champion brésilien, trop souvent dépeint comme un fanatique insensible, a cette fois démontré qu'il était capable de risquer sa propre vie pour sauver un de ses camarades.

 

Essais et qualifications

La grille de départ est déterminée par les chronos réalisés le vendredi, car des averses s'abattent samedi sur les Ardennes belges. Les pilotes sortiront cependant ce jour-là pour affiner leurs réglages, car la course s'annonce également pluvieuse. Mansell réalise sa dixième pole position de la saison (1'50''545''') sans la moindre difficulté. Patrese n'est que quatrième après un tête-à-queue: il a été distrait par Fittipaldi qui marchait sur le bord de la piste ! Senna (2ème) tire comme toujours le meilleur de sa McLaren, mais concède deux secondes pleines à Mansell. Berger (6ème) rencontre de nombreux pépins mécaniques, puis samedi matin sort indemne d'un énorme accident, lorsque sa McLaren part en aquaplanage dans la descente vers l'Eau Rouge et percute violemment le muret. Schumacher place sa Benetton sur le troisième rang malgré une sortie le vendredi. Brundle (9ème) perd beaucoup de temps à cause d'une panne de moteur. Alesi (5ème) se dit satisfait de sa nouvelle Ferrari. Capelli (12ème) peine à régler l'ancien modèle et casse un V12.

 

Boutsen brille à domicile en signant le septième chrono au volant de sa Ligier-Renault (à quatre secondes tout de même de la pole). Comas est donc forfait. Les Lotus-Ford-Cosworth (Häkkinen 8ème, Herbert 10ème) s'affirment en outsiders. La Fondmetal se comporte de mieux en mieux, et Tarquini (11ème) et van de Poele (15ème) réalisent à son volant de véritables prouesses. Chez Tyrrell, de Cesaris (13ème) fait mieux que Grouillard (22ème) qui peine à équilibrer sa monoplace. Alboreto place sa Footwork-Mugen au quatorzième rang. Suzuki (25ème) rencontre beaucoup de soucis avec la nouvelle boîte. Les Dallara-Ferrari sont affectées à la fois par du sous-virage et du survirage. La mise au point du châssis est donc délicate. Lehto (16ème) s'en sort mieux que Martini (19ème) qui subit un accident. Le comportement des Jordan-Yamaha (Modena 17ème, Gugelmin 24ème) connaît une amélioration sensible. Du côté de March-Ilmor, Wendlinger (19ème) fait face à des soucis de boîte tandis que le néophyte Naspetti (21ème) vit des débuts sans histoires. Les Minardi-Lamborghini sont très instables. Morbidelli (23ème) arrache sa qualification de justesse et Fittipaldi (27ème), physiquement trop juste, n'obtient pas son ticket. Les Venturi-Lamborghini (Gachot 20ème, Katayama 26ème) déçoivent à cause d'un survirage persistant.

 

Le Grand Prix

Mansell réalise le meilleur chrono de l'échauffement du dimanche matin sous un ciel menaçant. Au cours de cette séance, Une sévère altercation oppose Alboreto à Grouillard, le premier accusant le second d'avoir failli le sortir de la route. En se rendant au circuit, Senna aperçoit dans les tribunes une immense banderole installée par des supporteurs français à son intention: « Dieu existe : il a créé Prost ». Le Brésilien rit jaune.

 

A 14 heures, de gros nuages noirs se pressent au-dessus de Spa-Francorchamps. Les pilotes s'élancent avec des pneus slicks, mais il ne fait aucun doute qu'une averse menace. Le moteur de Morbidelli coupe lors du tour de mise en grille, ce qui contraint l'Italien à sauter dans son mulet.

 

Départ: Senna grille la politesse à Mansell et vire en tête à la Source. Derrière l'Anglais viennent Patrese, Alesi, Schumacher et Häkkinen. Berger casse immédiatement sa transmission et reste scotché sur la grille. Par bonheur, tout le monde parvient à l'éviter. Une fois le peloton passé, l'Autrichien quitte son habitacle et emporte avec lui son volant, ce qui empêche les commissaires d'évacuer facilement sa McLaren.

 

1er tour: Schumacher déborde Alesi dans la ligne droite de Kemmel, tout en repoussant une offensive d'Häkkinen. Mansell tente de surprendre Senna. Les nuages crèvent. Lorsque les leaders arrivent à Blanchimont, ils s'aperçoivent que la piste commence à être humide. Martini part en glissade et cale son moteur. Il doit renoncer. Senna mène à la fin de ce premier tour devant Mansell, Patrese, Schumacher, Alesi, Häkkinen, Brundle, Boutsen, Capelli et Herbert.

 

2e: La pluie s'abat sur la dernière portion du circuit. Grouillard entre en contact avec Wendlinger à la Source. Le Français part en tête-en-queue et ne parviendra pas à redémarrer. Mansell déborde Senna à Blanchimont, puis Patrese dépasse le Brésilien à la chicane de l'Arrêt de Bus.

 

3e: Schumacher pourchasse Senna. Brundle dépasse Häkkinen. Mansell entre aux stands en fin de parcours pour chausser les gommes rainurées. Patrese s'empare ainsi du commandement. Alesi et Alboreto prennent aussi les pneus pluie.

 

4e: L'averse redouble entre Rivage et Blanchimont, mais la piste est encore sèche au niveau des Combes. Patrese compte deux secondes d'avance sur Senna. Schumacher, Boutsen, Gugelmin et Morbidelli prennent les pneus pour la pluie. Mansell est classé quatorzième.

 

5e: Cinq secondes entre Patrese et Senna. Changement de pneus pour Brundle et Häkkinen. L'Anglais redémarre devant le Finlandais. Lehto, Gachot, Suzuki, Katayama et Modena chaussent aussi les enveloppes adéquates.

 

6e: Mansell, sixième, roule derrière Alesi qui est donc le leader virtuel ! Les Benetton viennent derrière l'Anglais. Ce petit groupe laisse sur place de Cesaris, très lent en slicks. Patrese rejoint les stands pour prendre les gommes striées (8s.) et ressort entre Alesi et Mansell. Arrêts également pour Capelli, de Cesaris, Tarquini et Wendlinger.

 

7e: Senna se retrouve en tête avec une large avance sur Herbert qui, comme lui, demeure en pneus lisses. Mansell se défait de Patrese, puis rejoint Alesi. Le Français et l'Anglais arrivent sur Herbert avant la fin du tour. Quand Alesi tente de faire l'intérieur à la Lotus à la chicane, Herbert lui coupe la route. L'Avignonnais escalade le vibreur extérieur mais reste devant Mansell. Herbert rentre ensuite aux stands pour changer ses gommes. Suzuki exécute un tête-à-queue à la Source où le bitume est très humide, mais peut se relancer. Arrêts pour Naspetti et van de Poele.

 

8e: Mansell prend l'aspiration d'Alesi devant les stands. Aux abords de l'épingle, il se décale vers l'intérieur puis, le Français lui barrant la route, vers l'extérieur. C'est à cet instant qu'Alesi freine et perd son train arrière. Sa roue arrière-gauche touche la roue avant-droite de la Williams. Mansell garde le contrôle de son bolide tandis qu'Alesi part en tête-à-queue. Il cale son moteur et reste sur place. Patrese profite de cet incident pour repasser devant son équipier.

 

9e: Les Williams, les Benetton et la Lotus d'Häkkinen, en pneus pluie, remontent à grandes enjambées sur l'incroyable Senna qui persiste à conduire en slicks, attendant on ne sait quelle accalmie ! Mansell redouble Patrese à l'Arrêt de Bus.

 

10e: La piste est désormais très humide, y compris aux Combes. Senna mène devant Mansell (5s.), Patrese (6s.), Schumacher (7s.), Brundle (8s.), Häkkinen (12s.), Capelli (22s.), Boutsen (26.6s.), Alboreto (27.4s.), Lehto (28.6s.) et Herbert (32s.).

 

11e: Senna reste dehors en comptant sur une amélioration des conditions météorologiques, mais au contraire l'averse redouble. Il est évidemment rattrapé par ses poursuivants. Mansell le déborde dans Blanchimont et s'empare de la première place. Patrese, Schumacher et Brundle se pressent derrière la McLaren n°1.

 

12e: Senna oppose une vive résistance à Patrese et le retient dans Kemmel. L'Italien retente sa chance à Rivage, à Pouhon et aux Fagnes, mais à chaque fois son adversaire lui coupe la route. La maîtrise de Senna, en pneus lisses sur piste humide, est exceptionnelle. Patrese s'impose finalement par l'extérieur à Stavelot. Senna contient ensuite les Benetton, rejointes par Häkkinen.

 

13e: Mansell mène avec trois secondes de marge sur Patrese. La puissance du V12 Honda permet à Senna de contrer une attaque de Schumacher aux Combes. L'Allemand est prudent car Brundle est collé à ses basques. Les deux équipiers se débarrassent finalement de Senna aux Fagnes. Puis Häkkinen s'impose à son tour à Stavelot.

 

14e: Senna se décide enfin à passer en pneus rainurés en fin de boucle (6.8s.) et chute au treizième rang. A cet instant, la pluie cesse !

 

15e: Mansell est premier devant Patrese (2.3s.), Schumacher (7.5s.), Brundle (9.1s.), Häkkinen (12.4s.), Capelli (26.7s.), Boutsen (31s.), Alboreto (33s.), Lehto (35s.), Herbert (39s.) et Tarquini (44s.). Senna gagne une position aux dépens de de Cesaris.

 

17e: Mansell repousse Patrese à quatre secondes. Les Benetton restent au contact des Williams. Naspetti glisse à la Source en attaquant son équipier Wendlinger. Plus de peur que de mal pour le débutant qui reprend son chemin aussitôt.

 

18e: Il ne pleut plus mais la piste demeure détrempée. Boutsen, Alboreto, Lehto et Herbert se battent pour la septième place.

 

19e: Schumacher et Brundle pourchassent Patrese qui rencontre un souci d'échappement. Son moteur perd des tours. La trajectoire commence quelque peu à s'assécher.

 

21e: Mansell mène devant Patrese (7.8s.), Schumacher (8.6s.), Brundle (9.7s.), Häkkinen (23.4s.), Capelli (54s.), Boutsen (56s.), Lehto (57s.), Herbert (58s.), Tarquini (59s), Senna (1m. 11s.) et de Cesaris (1m. 12s.). Alboreto abandonne pour la première fois de la saison, trahi par son sélecteur de vitesses. Il se gare au pied du Raidillon.

 

22e: Herbert prend l'ascendant sur Lehto et pointe au huitième rang.

 

23e: Schumacher demeure sur les talons de Patrese. Herbert poursuit sa remontée et se défait de Boutsen aux Combes.

 

24e: La trajectoire est de plus en plus sèche. Il sera bientôt possible de chausser les slicks. Mansell n'accroît guère son avantage sur son équipier, qui se chiffre à neuf secondes. Herbert est revenu sur Capelli. Katayama fait un passage dans la pelouse à Stavelot.

 

26e: Patrese réduit son retard sur Mansell à six secondes. Morbidelli sort de la route à Rivage mais parvient à regagner le bitume. Tarquini stoppe après la Source, moteur serré. Le V12 de Capelli part en fumée à Stavelot et le Milanais s'échoue dans les graviers. Herbert qui le poursuivait grimpe dans les points. Boutsen regagne les stands et le premier chausse les slicks.

 

27e: Les pilotes empruntent de plus en plus les portions humides de l'asphalte pour sauvegarder les gommes striées. Mansell roule en 2'11''729''''. Lehto et Wendlinger prennent les slicks.

 

28e: Senna fait halte aux stands pour s'emparer des slicks (5s.) et ne perd qu'une position. Brundle (en 2'09'') est actuellement le plus rapide en piste. Boutsen perd soudain le contrôle de sa Ligier avant Blanchimont et s'écrase contre les glissières de sécurité.

 

29e: Schumacher sort large à Stavelot et met les quatre roues dans l'herbe. Brundle en profite pour le doubler. Le jeune Allemand comprend la leçon et s'arrête aux stands pour chausser les slicks. Il redémarre très vite, sans avoir perdu la quatrième place. Changements de pneus pour Suzuki et Morbidelli.

 

30e: Senna, huitième, tourne en 2'06'' avec les slicks contre 2'09'' pour les Williams. Mansell précède Patrese (9.1s.), Brundle (14s.), Schumacher (18.4s.), Häkkinen (34.3s.), Herbert (1m. 20s.), Lehto (1m. 28s.), Senna (1m. 29s.), Gachot (1m. 44s.) et Suzuki (1m. 48s.). De Cesaris, van de Poele et Naspetti s'équipent en slicks.

 

31e: Gêné par Lehto, Senna exécute un tête-à-queue à la Source où la piste encore mouillée. Changement d'enveloppes pour Herbert qui repart devant le Pauliste.

 

32e: Brundle pénètre dans la pit-lane afin de mettre les slicks. L'arrêt est un peu longuet, et le Britannique repart loin derrière Schumacher. Il est imité par Gachot et Gugelmin.

 

33e: Schumacher remonte très vite sur les Williams qui s'attardent en piste avec les pneus pluie. Patrese est appelé aux stands, prend les slicks mais ressort quelques secondes derrière Schumacher. Häkkinen récupère à son tour des slicks et demeure cinquième. Senna prend l'ascendant sur Herbert. Modena et Katayama repassent en pneus lisses.

 

34e: Mansell est gêné par de Cesaris et Suzuki qui luttent pour la neuvième place. Il ne compte plus que quinze secondes de marge sur Schumacher. C'est donc trop tard qu'il entre enfin aux stands pour changer de gommes. L'opération a beau être rapide (6.3s.), il retrouve le circuit loin derrière Schumacher qui vient de tourner en 1'58'' ! Senna prend la sixième position à Lehto.

 

35e: Schumacher mène un Grand Prix pour la première fois de sa carrière et est bien parti pour l'emporter. Quatre secondes et demie le protègent de Mansell.

 

36e: Brundle pourchasse Patrese. Gachot effectue un tête-à-queue sans conséquence à la réaccélération qui suit l'épingle.

 

37e: Schumacher mène devant Mansell (4.2s.), Patrese (22.7s.), Brundle (23.4s.), Häkkinen (55.8s.), Senna (1m. 13s.), Lehto (1m. 22s.), Herbert (1m. 23s.), Suzuki (-1t.), de Cesaris (-1t.), Gachot (-1t.) et van de Poele (-1t.).

 

38e: L'écart entre Schumacher et Mansell tombe à trois secondes. Le pilote Benetton a été bouchonné par Modena...

 

39e: Schumacher s'adjuge le meilleur tour de la course (1'53''791'''). Nouvelle pirouette de Gachot, toujours à la Source.

 

40e: Mansell a perdu une rangée d'échappements. Du coup, son moteur crie horriblement et perd environ 1500 tours. Nigel renonce à la poursuite de Schumacher. Senna remonte sur Häkkinen au rythme de quatre secondes au tour.

 

41e: Mansell se contente dorénavant de rallier l'arrivée: il rend vingt-quatre secondes à Schumacher ! Patrese résiste toujours à Brundle. Herbert passe devant Lehto et de Cesaris s'impose à Suzuki.

 

42e: Schumacher devance Mansell (30s.), Patrese (39s.), Brundle (41s.), Häkkinen (1m. 08s.) et Senna (1m. 10s.). Gachot dérape à la chicane et cette fois ne repartira pas.

 

43e: Senna fait l'extérieur à Häkkinen dans Kemmel et prend la cinquième place. Herbert se gare sur le bas-côté, moteur coupé.

 

44ème et dernier tour: Michael Schumacher remporte son premier Grand Prix de F1. C'est aussi la première victoire d'une Benetton-Ford en 1992. Mansell et Patrese complètent le podium et donnent ainsi officiellement à Williams-Renault le titre des constructeurs. Brundle se classe quatrième. Senna récolte finalement les deux points de la cinquième place. Häkkinen finit sixième. Lehto, de Cesaris, Suzuki, van de Poele, Wendlinger, Naspetti, Gugelmin, Modena, Morbidelli et Katayama rejoignent aussi l'arrivée.

 

Après la course: bougie pour Schumacher, sacre pour Williams-Renault

Heureux comme un gosse, Michael Schumacher bondit comme un cabri sur le podium, avant d'asperger de champagne son mentor Flavio Briatore. Un an seulement après ses débuts en Formule 1, chez Jordan, lors de ce même Grand Prix de Belgique, le voilà déjà vainqueur, à seulement 23 ans ! Il est le premier Allemand à triompher en F1 depuis Jochen Mass, son ancien équipier chez Mercedes, lors du GP de Belgique 1975. Et il n'était même pas né aux temps des succès du baron von Trips ! « Spa est « mon » circuit, il n'est qu'à cent kilomètres de chez moi, à Kerpen », explique-t-il. « C'est une victoire dont je me souviendrai longtemps. Et que je suis incapable d'expliquer. Durant tout le week-end, j'ai eu une sensation positive. Ce matin, alors que j'étais assis tranquillement dans mon motor-home, j'ai eu le pressentiment que j'allais gagner. Je me demandais bien pourquoi. Puis, quand je me suis vu évoluer en 3ème, 4ème position, j'ai changé d'idée. C'était mal parti ! Puis, tout a basculé. J'ai su saisir ma chance, changer mes pneus au bon moment. » Le jeune « Schum » a eu la chance paradoxale de faire une excursion hors-piste à Stavelot, au 29ème tour: « En voyant Brundle me doubler, j'ai aperçu ses pneus cloqués. Les miens ne devaient pas être mieux. D'où mon changement de roues immédiat. C'était la meilleure décision. Ensuite ? Pas de soucis, ma voiture se comportait de mieux en mieux. Ah si: on devrait se cotiser pour acheter une paire de rétroviseurs à Modena ! »

 

Schumacher quitte le paddock entouré de sa bande de copains de Kerpen. Il lui est plus difficile de se frayer un chemin au travers de la horde de supporteurs allemands extatiques. Willi Weber parvient cependant à exfiltrer son poulain et l'expédie en vacances avec son amie Corinna aux Îles Canaries. Le lendemain, la presse allemande est dithyrambique: à n'en pas douter, sept ans après la tragique disparition du malheureux Stefan Bellof, le pays vient de retrouver un nouveau champion du monde en puissance.

 

Nigel Mansell est content d'avoir terminé avec un échappement cassé. Cependant, il se demande pourquoi son équipe l'a fait passer en pneus slicks si tardivement, alors que Riccardo Patrese a stoppé bien avant lui. Visiblement, l'Anglais avait choisi de rentrer en même temps que l'Italien, mais celui-ci a curieusement eu la priorité... De son côté, Ayrton Senna s'est fourvoyé dans une stratégie trop hardie: demeurer en slicks sous la pluie, espérant que celle-ci cesse rapidement. Il s'est tout de même démené pour ramener la cinquième place, afin selon lui de faire plaisir à ses mécaniciens qui touchent une prime pour chaque point inscrit.

 

Enfin, ce dimanche 30 août 1992 est surtout un grand jour pour Renault qui, quinze ans après son entrée en Formule 1, s'adjuge enfin, avec Williams, le championnat du monde des constructeurs. C'est la récompense du patient travail de Bernard Dudot et de son équipe qui ont conçu ce merveilleux V10, le meilleur moteur du plateau. « Depuis quinze ans, Renault espérait cette journée », rappelle Christian Contzen, le directeur général de Renault Sport. « Je mesure aujourd'hui tout le travail de nos prédécesseurs. J'ai la fierté d'annonce que l'entreprise Renault a atteint son objectif. Mais quand on est performant, il faut le rester. » Les hommes de Williams, de Renault et d'Elf gardent ainsi malgré tout la tête froide. Il leur reste en effet encore deux objectifs à atteindre: donner à Mansell le moyen de battre le record du nombre de victoires en une saison (huit) et permettre à Patrese de conserver la seconde place du classement des pilotes.

Tony