Riccardo PATRESE
 R.PATRESE
Williams Renault
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Renault
Ayrton SENNA
 A.SENNA
McLaren Honda

517. Großer Preis

XX Grand Prix of South Africa
Bedeckt
Kyalami
Sonntag, 1. März 1992
72 Runden x 4.261 km - 306.792 km
Affiche
F1
Coupe

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Présentation de la saison

 

Le feuilleton Prost - Ligier

 

Retour de la F1 en Afrique du Sud

Le Grand Prix de Phoenix passe à la trappe, faute de rentabilité, et est remplacé par le Grand Prix d'Afrique du Sud. Exclu des compétitions sportives internationales à cause de l'Apartheid, ce pays tente de se retrouver sa place dans le concert international suite à la « révolution » de 1990-1991. La nouvelle « nation arc-en-ciel » promue par Nelson Mandela veut offrir une image exemplaire grâce au sport. D'où l'organisation de la coupe du monde de rugby de 1995 et, plus accessoirement, d'un Grand Prix de F1.

 

Un consortium supervisé par le promoteur Dave McGregor a investi à hauteur de 40 millions de francs pour transformer le circuit de Kyalami selon les standards de la FISA. La partie haute, avec l'ancienne ligne droite des stands, a disparu et seule subsiste une portion qui reliait Jukskei Sweep à Clubhouse. Le nouveau tracé, un peu plus long que le précédent, est extrêmement sinueux et présente fort peu de possibilités de dépassement. Seule la zone de départ, qui consiste en un court droit suivi d'un gauche rapide, présente quelque intérêt. En outre, si les pilotes saluent le nouveau bloc des stands, ils critiquent l'entrée et surtout la sortie de la pit-lane, jugées trop dangereuses. La compagnie Yellow Pages, qui appartient à la General Post Office, sponsorise l'événement et donne d'ailleurs son nom à l'un des nouveaux virages. Kyalami a signé un contrat de cinq ans avec Bernie Ecclestone. « C'est du donnant-donnant. Notre investissement ne pouvait se justifier que sur la durée », explique McGregor. En tout cas, cette première édition est un succès puisqu'on compte 150 000 billets vendus sur l'ensemble du week-end. Bien sûr, on voit encore beaucoup plus de Blancs que de Noirs dans les tribunes...

 

L'affaire Andrea Moda

Tout de noir vêtu, le cheveu ras et les lunettes teintées sur le nez, Andrea Sassetti fait sensation dans le paddock de Kyalami. L'homme d'affaires fait plus penser à un mafioso qu'à un patron d'écurie de Formule 1... La question du statut de son équipe Andrea Moda crée la polémique. La FISA considère en effet que si le « businessman » a racheté le matériel de Coloni et ses locaux, il n'a pas pris possession de la société Coloni Racing Srl et est donc un « nouveau constructeur ». A ce titre, il doit s'acquitter d'une caution de 100 000 dollars auprès de la FISA. Or Sassetti néglige ce paiement, considérant, sans doute à juste titre, qu'en l'inscrivant sans lui poser de questions sur la liste des engagés pour ce championnat, la fédération voyait en lui le continuateur de Coloni. Du reste, les officiels n'ont pas réclamé une telle garantie à March, ex-Leyton House...

 

Mais vendredi matin, à l'issue du contrôle technique qui précède la séance de pré-qualifications, les commissaires sportifs excluent Andrea Moda. Ils s'appuient pour cela sur les Accords Concorde qui spécifient qu'une nouvelle équipe doit non seulement s'acquitter de la fameuse caution précitée, mais aussi présenter un nouveau châssis. Or l'Andrea Moda C4B est jugée trop proche de la Coloni C4. Bernie Ecclestone, très hostile à l'apparition d'une écurie aussi peu viable, dirigée par un individu douteux, est derrière cette mesure. Néanmoins, dans un souci d'apaisement, il demande à la FOCA de rembourser les frais de transport d'Andrea Moda. De toute manière, la petite équipe italienne n'était absolument pas apte à disputer ce Grand Prix. Il n'existe en effet qu'un seul exemplaire de l'ancienne Coloni C4, confié à Alex Caffi. Enrico Bertaggia doit officiellement se contenter d'un modèle « en cours d'assemblage », qui n'a vraisemblablement jamais existé...

 

Présentation de l'épreuve

Ayrton Senna a passé de très longues vacances au Brésil, et visiblement ne digère pas le retard pris dans la préparation de la McLaren MP4/7. « D'où provient cet ajournement ? Ne me le demandez pas, ce n'est pas à moi de le dire. Je ne saisis pas bien l'intérêt de cette stratégie », dit-il aux médias brésiliens. En revanche Nigel Mansell, souriant, bronzé, déborde d'optimisme. Il est de plus salué en héros par les Sud-Africains. Il est en effet le tenant du titre, vainqueur du dernier Grand Prix disputé sur l'ancien tracé de Kyalami en 1985.

La Scuderia Ferrari entame une nouvelle page de sa longue histoire. Niki Lauda, le conseiller spécial du président Montezemolo, supervise les débuts de la nouvelle monoplace, la F92A. « C'est une monoplace saine, bien équilibrée et riche d'une impressionnante marge de progression », déclare un Jean Alesi très optimiste.

 

Ce n'est que le 24 février qu'Érik Comas a appris de Dominique Savary (Elf) qu'il disputerait bien le GP d'Afrique du Sud dans la Ligier-Renault n°26, suite au renoncement d'Alain Prost. Le Drômois a soif de revanche: pendant quatre mois il a vécu dans la crainte d'être relégué au rang d'essayeur par l'arrivée du triple champion du monde. Cependant il n'a pas roulé de l'hiver et pourrait être à court de forme. La colonie française déborde d'ambition. Pendant qu'Olivier Grouillard révise son anglais afin de bien s'entendre avec les mécaniciens de Tyrrell, Bertrand Gachot se glisse avec soulagement dans le baquet de sa Venturi-Lamborghini. « Je pensais à ce f**** juge qui m'a jeté en prison. Je n'allais pas lui faire plaisir en abandonnant ! » s'exclame-t-il. On aperçoit aussi Éric Bernard qui, s'appuyant sur des béquilles, hante le paddock à l'invitation de Rhône-Poulenc. Le Martégal est désappointé: son accident de Suzuka le fait non seulement encore souffrir dans sa chair, mais l'éloigne de la F1. « Je suis à côté du paradis. J'y reviendrai ! » clame-t-il avec détermination.

 

Le président de la FIA Jean-Marie Balestre et celui de la FISA Max Mosley font le déplacement en Afrique du Sud. Les deux anciens adversaires affichent une bonne entente de façade: le Français, avide de revanche, fait son possible pour saper le travail du Britannique. Goodyear exerce désormais le monopole de la fourniture des pneumatiques, mais s'est entendue avec Mosley pour obtenir certaines réformes importantes: les pneus de qualification sont supprimés et les mêmes gammes de gommes seront fournies à tout le plateau. Les constructeurs s'inquiètent: la firme d'Akron ne va-t-elle profiter de cette situation pour produire des « pneus en bois » ? Lee Gaug affirme en tout cas que désormais il n'amènera plus qu'un ou deux types d'enveloppes sur chaque circuit. Pendant ce temps-là, les pétroliers de la F1 se divisent en deux clans: d'un côté Elf et Agip qui souhaitent aller toujours plus loin dans la recherche, de l'autre Shell et Mobil qui souhaitent imposer un carburant standard, ce qui est une idée du président Mosley. Enfin, TAG Heuer devient le chronométreur officiel de la Formule 1 à la place de Longines. La firme suisse, acquise par Mansour Ojjeh en 1985, était depuis six ans le partenaire exclusif de McLaren.

 

Gerhard Berger a convaincu Giorgio Ascanelli, son ancien ingénieur chez Ferrari, de le rejoindre chez McLaren. Proche de John Barnard, l'Italien est une recrue de choix pour l'écurie de Woking. Depuis deux ans, il officiait chez Benetton pour le compte de Nelson Piquet. Toutefois, Ascanelli a la réputation d'être aussi irascible que compétent. Ses relations avec l'impérieux Ron Dennis risquent d'être fort tendues...

 

Belmondo et Amati, les nouvelles attractions du F1 Circus

Une fois n'est pas coutume, les stands Brabham et March sont envahis par les journalistes et les photographes. Ces deux petites équipes font la une de l'actualité grâce à la personnalité de deux de leurs nouveaux coureurs, Giovanna Amati, la première femme à conduire une F1 depuis Lella Lombardi, et Paul Belmondo, le fils du plus grand acteur de cinéma français (avec l'autre, bien entendu). Certes les puristes (Jabby Crombac en tête) pestent contre le recrutement pour raisons financières de deux pilotes qui n'ont jamais rien gagné et jouaient jusqu'ici les figurants en Formule 3000. « Peu importe ce que l'on raconte, l'important est d'être là ! » répond Belmondo. Amati est elle la cible des commentaires misogynes de Jean Alesi, qui estime qu'une femme ne dispose pas des capacités physiques nécessaires pour conduire une monoplace. « Ce type est le symbole d'un machisme rétrograde ! » riposte la Romaine. Durant tout le week-end, les deux néophytes vont alterner arrêts aux stands et courts relais. Mais leur progression n'est pas égale. Si Belmondo prend assez bien la mesure de sa March, Amati enchaîne les sorties. « Je réalise qu'il me manque beaucoup de kilomètres pour comprendre la voiture et en tirer les limites », admet-elle.

 

Un peu plus haut dans la hiérarchie, l'écurie Minardi est aux petits soins pour sa nouvelle recrue, le jeune Brésilien Christian Fittipaldi. Le champion international de Formule 3000 reçoit les conseils de son père Wilson, émoustillé par l'aventure. « Ton temps n'a pas d'importance. Astreins-toi à trouver la meilleure trajectoire, le reste suivra », recommande-t-il à son fils.

 

Essais et qualifications

Du fait de l'exclusion des Andrea Moda, les préqualifications n'ont plus de raison d'être et sont annulées. Dès les essais libres, la supériorité des Williams-Renault est éclatante. Elles tournent au minimum une seconde au tour plus vite que la concurrence. Mansell obtient sans forcer sa dix-huitième pole position, avec sept dixièmes d'avance sur Senna. Patrese ne parvient jamais à menacer son équipier car il peine à bien régler sa suspension active. Il concède une seconde et demie et ne partira que depuis le quatrième rang. Les McLaren-Honda (Senna 2ème, Berger 3ème) connaissent une rentrée laborieuse. La MP4/6B n'est clairement pas capable de rivaliser avec la Williams FW14B. Malgré quelques soucis de tenue de route, les Ferrari progressent au fur et à mesure des essais. Alesi se classe cinquième, Capelli neuvième. Les vieilles Benetton-Ford (Schumacher 6ème, Brundle 8ème) ne rencontrent aucun problème et tiennent leur rang.

 

Wendlinger crée une grosse surprise en hissant sa March-Ilmor, qui n'a pas tourné de l'hiver, à une septième place inespérée. Le néophyte Belmondo manque sa qualification pour un petit dixième. Les Tyrrell-Ilmor (de Cesaris 10ème, Grouillard 12ème) sont plutôt à leur avantage. Les Lotus-Ford-Cosworth sont également en forme: Herbert se classe onzième, Häkkinen vingt-et-unième seulement à cause de mauvais rapports de boîte. Les nouvelles Ligier-Renault (Comas 13ème, Boutsen 14ème) sont assez décevantes. Belle prouesse de Tarquini, quinzième au volant de la modeste Fondmetal. Chiesa ne parvient pas à se qualifier car sa boîte est mal réglée. Les Footwork-Mugen-Honda (Suzuki 16ème, Alboreto 17ème) font bonne figure. Les nouvelles Venturi-Lamborghini (Katayama 18ème, Gachot 22ème) peinent à exploiter leurs pneus. Les Minardi-Lamborghini cassent plusieurs moteurs et boîtes de vitesses. Morbidelli (19ème) et Fittipaldi (20ème) se contentent de se qualifier.

 

Énorme déception chez Jordan: le V12 Yamaha ne fonctionne absolument pas et si Gugelmin (23ème) se sauve de justesse, Modena passe à la trappe. Lehto (24ème) et Martini (25ème) sont en plein désarroi: leurs Dallara-Ferrari n'ont aucune adhérence et tiennent à peine la route. Keke Rosberg, le manager de Lehto, déclare que l'original aileron avant de la 192 « offre autant d'appui qu'un spaghetti » ! Enfin, van de Poele (26ème) offre le dernier billet d'entrée à la Brabham. Sa coéquipière Amati se distingue par plusieurs figures et lui rend près de quatre secondes. Elle est évidemment éliminée.

 

Le Grand Prix

Si les essais se sont déroulés sous un beau soleil, le ciel se couvre pour le Grand Prix. Mansell part sur son mulet car un défaut électronique s'est manifesté la veille sur sa voiture de course, et ses ingénieurs ne sont pas certains de l'avoir résolu. Monopole oblige, tous les pilotes partent en pneus Goodyear standards destinés à couvrir toute la distance de l'épreuve.

 

Départ: Grâce à leur antipatinage, les Williams démarrent sans dévier d'un centimètre. Mansell s'élance parfaitement et Patrese se faufile entre les deux McLaren jusqu'à la seconde place. Senna est troisième au premier virage, devant Alesi qui a débordé Berger.

 

1er tour: Schumacher dépasse Berger avant le virage de Nashua. Senna attaque Patrese, sans réussite. Martini exécute un tête-à-queue au virage Yellow Pages. Plus loin, à l'épingle de Wesbank, Wendlinger entre en contact avec Brundle qui part en tête-à-queue. De Cesaris passe par les graviers pour éviter la Benetton. Brundle se relance, mais ce faisant grille son embrayage. A l'issue de ce premier tour, Mansell mène devant Patrese, Senna, Alesi, Schumacher, Berger, Capelli, Wendlinger, Herbert et Comas.

 

2e: Mansell compte déjà trois secondes et demie d'avance sur Patrese qui est menacé par Senna. Wendlinger a subi des dégâts en sortant de la route et se laisse déborder par Herbert, Comas et Boutsen. Brundle ne peut plus sélectionner ses vitesses et s'arrête dans l'herbe.

 

3e: Patrese commence à semer Senna qui se retrouve chassé par Alesi et Schumacher.

 

4e: Mansell mène devant Patrese (4s.), Senna (5.6s.), Alesi (6.2s.), Schumacher (6.8s.), Berger (8.3s.), Capelli (10s.) et Herbert (11.5s.). Grouillard attaque Gachot et le double, mais non sans avoir heurté la Venturi.

 

5e: Mansell tourne une seconde au tour plus vite que Patrese. Senna, Alesi, Schumacher, Berger et Capelli se regroupent en quelques secondes. Gachot s'arrête à son stand pour faire examiner sa voiture, instable depuis la collision avec Grouillard.

 

7e: Les Williams poursuivent leur démonstration. Plus loin, Schumacher met une forte pression sur Alesi.

 

8e: Mansell compte sept secondes d'avance sur Patrese et onze secondes sur le groupe emmené par Senna.

 

9e: Le trio Senna - Alesi - Schumacher décramponne Berger et Capelli. Gachot abandonne: un de ses bras de suspension est endommagé depuis son accrochage.

 

10e: Mansell tourne en 1'20'', Patrese en 1'21'', et tous les autres au mieux en 1'22''.

 

11e: Mansell devance Patrese (10.5s.), Senna (16.8s.), Alesi (19s.), Schumacher (19.8s.), Berger (22.9s.), Capelli (23.4s.), Herbert (25.6s.), Comas (26.7s.), Boutsen (28.4s.) et Wendlinger (29.5s.). Derrière l'Autrichien vient un groupe très compact comprenant Suzuki, Alboreto, Tarquini et de Cesaris

 

12e: Berger est dorénavant menacé par Capelli. Le Tyrolien est prudent car son ordinateur lui indique une surconsommation.

 

14e: Douze secondes séparent les deux Williams. Wendlinger abandonne suite à une chute de pression d'huile.

 

15e: Mansell précède Patrese (13.4s.), Senna (20.3s.), Alesi (23.5s.), Schumacher (24.1s.), Berger (26.2s.), Capelli (26.7s.), Herbert (30s.), Comas (32.2s.), Boutsen (32.8s.), Suzuki (39.1s.), Alboreto (40s.) et de Cesaris (41s.).

 

17e: Capelli est dans la boîte de Berger. De Cesaris effectue une belle remontée dans le peloton: il a doublé Grouillard, Fittipaldi, Tarquini, et se défait maintenant d'Alboreto.

 

18e: Mansell roule en 1'19''955''' et creuse toujours l'écart avec Patrese. L'intervalle se chiffre maintenant à quinze secondes. En revanche, comme le remarque James Hunt sur l'antenne de la BBC, si on enlève les Williams, la course est très serrée: moins de quinze secondes séparent Senna (3ème) de Boutsen (10ème).

 

20e: Mansell est devant Patrese (17.5s.), Senna (23.5s.), Alesi (29.2s.), Schumacher (29.6s.), Berger (31.3s.), Capelli (32s.), Herbert (36.4s.), Comas (38.3s.) et Boutsen (38.9s.).

 

22e: Les leaders rencontrent les premiers attardés. Alesi, Schumacher, Berger et Capelli se tiennent dans un mouchoir.

 

24e: Tarquini s'arrête dans l'herbe avec une pression d'huile à zéro.

 

25e: Mansell mène devant Patrese (19.3s.), Senna (28.2s.), Alesi (35.4s.), Schumacher (36s.), Berger (36.7s.) et Capelli (37.5s.).

 

27e: L'écart entre Mansell et Patrese excède les vingt secondes.

 

28e: Capelli reprend la roue de Berger et semble prêt à porter l'estocade. Un peu plus loin, de Cesaris poursuit les Ligier.

 

29e: Capelli renonce soudainement, moteur grippé suite à un manque d'huile. Le Milanais est déçu car jamais la nouvelle Ferrari n'avait aussi bien marché.

 

30e: Mansell compte vingt-six secondes de marge sur Patrese. Senna revient à quatre secondes de l'Italien qui semble décidément peu à son aise.

 

32e: Mansell se retrouve dans le trafic. Il doit doubler un quatuor d'attardés comprenant Lehto, Alboreto, Grouillard et Suzuki.

 

33e: Mansell bute sur Grouillard qui se rabat dangereusement devant lui dans un virage, avant de s'incliner.

 

35e: Senna donne tout ce qu'il peut pour ébranler Patrese, mais ne parvient à lui reprendre que quelques dixièmes.

 

37e: Mansell mène devant Patrese (25.4s.), Senna (28.3s.), Alesi (36.1s.), Schumacher (37s.), Berger (41.3s.) et Herbert (47s.). Katayama exécute un tête-à-queue, mais reste sur la piste et parvient à repartir.

 

38e: Patrese et Senna sont dans le trafic. Le pilote Williams est longtemps gêné par Häkkinen. Katayama passe par le stand Larrousse pour chausser des pneus neufs.

 

39e: Le V12 d'Alesi commence à bafouiller. Schumacher en profite pour prendre la quatrième place au Français.

 

41e: Alesi se gare dans les graviers, moteur fumant. Comme sur la voiture de son équipier, la pompe à huile s'est inexplicablement désamorcée.

 

42e: Vingt-six secondes séparent Mansell de Patrese. Senna est à deux secondes pleines du Padouan.

 

43e: Senna se rapproche encore un peu plus de Patrese. De Cesaris regagne son garage avec un moteur éteint.

 

45e: Mansell mène devant Patrese (25.6s.), Senna (27.5s.), Schumacher (40.7s.), Berger (47.5s.), Herbert (1m. 05s.), Comas (1m. 11s.) et Boutsen (1m. 12s.). Le jeune Fittipaldi stoppe sa Minardi dans l'herbe à cause d'une panne électronique.

 

46e: Mansell améliore le meilleur tour en course (1'18''738'''). Senna est ralenti sur plusieurs virages par Lehto.

 

47e: Trahi par son couple conique, Lehto abandonne sa Dallara dans les graviers.

 

49e: Senna reste dans le sillage de Patrese, sans grand espoir de pouvoir le doubler.

 

50e: Mansell est leader devant Patrese (25s.), Senna (27s.), Schumacher (44.2s.), Berger (53.7s.), Herbert (1m. 17s.), Comas (1m. 20s.), Boutsen (1m. 21s.), Suzuki (-1t.) et Grouillard (-1t.).

 

52e: Mansell est englué dans le trafic, mais son avance est telle qu'il ne se tourmente pas. Senna rend maintenant trois secondes à Patrese.

 

53e: Mansell prend un tour aux Ligier de Comas et de Boutsen qui cognent à la porte des points. Grouillard prend la neuvième place à Suzuki.

 

54e: Herbert concède à son tour une boucle à Mansell.

 

56e: Mansell continue d'affoler le chronomètre et boucle son tour en 1'17''914'''. Patrese tourne en 1'18''500''' et augmente sa marge sur Senna.

 

57e: L'écart entre Mansell et Patrese demeure de vingt-cinq secondes. Morbidelli revient au stand Minardi pour abandonner, moteur fumant.

 

58e: Quatrième, Schumacher n'a rien à craindre de Berger qui bute sur des attardés et surveille toujours de près sa consommation.

 

60e: Suzuki repasse devant Grouillard dont le fragile moteur Ilmor cahote.

 

61e: Mansell mène devant Patrese (25.4s.), Senna (30s.), Schumacher (50.9s.), Berger (1m. 02s.), Herbert (-1t.), Comas (-1t.), Boutsen (-1t.), Suzuki (-1t.) et Grouillard (-1t.). Bon dernier à quatre tours du leader, Martini ramène sa voiture au garage suite à une panne d'embrayage.

 

62e: Boutsen est bouchonné par Gugelmin. Finalement, le Bruxellois perd l'usage de son quatrième rapport, et son moteur serre. Il doit se garer dans la pelouse.

 

64e: Senna rend maintenant cinq secondes à Patrese. Grouillard quitte la course, moteur Ilmor cassé.

 

65e: Patrese roule une seconde au tour plus vite que Mansell qui commence - un peu - à modérer son rythme.

 

66e: À six tours du but, Mansell précède Patrese (23s.), Senna (27.5s.), Schumacher (42s.), Berger (1m. 06s.), Herbert (-1t.), Comas (-1t.), Suzuki (-2t.) et Alboreto (-2t.).

 

68e: Senna abaisse le record du tour (1'18''140''') et revient à deux secondes et demie de Patrese.

 

69e: Patrese perd du temps en doublant les Lotus, ce qui permet à Senna de se rapprocher encore un peu. Alboreto menace son équipier Suzuki pour le gain de la huitième place.

 

70e: Mansell signe le meilleur tour de la course: 1'17''578'''.

 

71e: Senna lève le pied et abandonne la poursuite de Patrese. Alboreto perd l'usage de la plupart de ses rapports. Il devra laisser passer Häkkinen, mais pourra aller au bout de l'épreuve.

 

72e: Nigel Mansell remporte sa vingt-deuxième victoire en Formule 1. Il signe un « grand chelem » : pole, victoire, meilleur tour, en tête de bout en bout. Patrese termine second devant un Senna très opiniâtre. Schumacher finit quatrième, ce qui est le meilleur résultat de sa jeune carrière. Berger coupe la ligne d'arrivée au cinquième rang... et tombe aussitôt après en panne sèche ! Herbert glane le dernier point au volant de sa vieille Lotus. Comas, Suzuki, Häkkinen, Alboreto, Gugelmin, Katayama et van de Poele reçoivent aussi le drapeau à damiers.

 

Après la course: l'arme fatale de Mansell

Le public sud-africain, acquis à Mansell, est ravi de ce résultat si l'on en juge par les nombreux « Union Jack » agités dans les tribunes. C'est le ministre sud-africain des Affaires étrangères Pik Botha qui accueille le Vieux Lion sur le podium. Ce n'est décidément pas la journée de Senna qui, surpris par le poids de la pourtant modeste coupe du troisième, manque de tomber à la renverse en la brandissant.

 

Cette course très ennuyeuse a été assommée par les Williams-Renault dont la fabuleuse tenue de route émerveille les observateurs. Les caméras embarquées sont très parlantes: Mansell et Patrese conduisent sans à-coup, leur châssis glisse sur le bitume sans vibration ni soubresaut. Associée à l'excellent travail aérodynamique produit par Adrian Newey et à un moteur Renault ultra-performant, cette suspension active semble être l'arme absolue de ce championnat 92. « Fantastic job ! No problem ! » s'exclame un Mansell aux anges. « Nigel est transcendé, motivé comme jamais », constate Bernard Dudot.

 

En revanche, Riccardo Patrese, en terminant à vingt-cinq secondes du son équipier, s'attire de nombreuses critiques, notamment celles de James Hunt qui l'éreinte dans ses commentaires pour la BBC. Lorsque Murray Walker lui demande si l'écart de performance avec Mansell n'est pas dû à un problème sur sa machine, le champion du monde 1976 répond: « Oui, il y a un défaut sur cette Williams, c'est le pilote ! » On sait que Hunt éprouve de l'aversion pour Patrese depuis le drame de Monza 78. Il le considère comme un incompétent brouillon et dangereux. Cette haine lui fait dire n'importe quoi: si Patrese n'a pas été rapide à Kyalami, c'est parce que sa suspension électronique, mal configurée, occasionnait une certaine asymétrie dans sa direction. Furieux d'être ainsi sali, il menace Hunt d'un procès pour calomnie.

 

Chez McLaren, on tente de garder le moral en se projetant sur la future MP4/7. Ayrton Senna conserve une relative sérénité: « Nous ne sommes tout simplement pas assez rapides, c'est tout. J'ai essayé de mettre la pression sur Patrese, mais il n'y avait rien à faire. Williams mérite son doublé. J'attends la MP4/7 pour voir si elle me permettra de combler mon retard. » Gerhard Berger a lui rencontré des problèmes de consommation durant toute l'épreuve. Selon Akimasa Yasuoka, le souci ne vient pas du V12 Honda mais du carburant fourni par Shell, mal adapté aux nouvelles normes FISA. « Par chance, nous avions prévu une marge d'erreur très large. C'est pour cela que Gerhard a pu terminer », explique l'ingénieur nippon.

 

Les nouvelles Ferrari n'ont pas vu le drapeau à damiers à cause d'un défaut de conception du réservoir d'huile: le liquide se centrifuge dans les virages rapides et ainsi n'alimente plus la pompe ! Voilà qui fait désordre mais sera rapidement corrigé... Jean Alesi ne se dépare pas de son optimisme. Il est persuadé qu'il retrouvera très bientôt le podium.

 

Enfin, la septième place obtenue par Érik Comas qui n'avait pas touché un volant depuis Adélaïde est une belle prouesse. Toutefois, Guy Ligier n'affiche pas une grande satisfaction. Il déclare qu'avec Alain Prost la JS37 aurait fini dans les points ! Le Vichyssois veut croire à un miracle: Prost annonce qu'il va encore réfléchir à une possible arrivée à Magny-Cours et rendra sa décision le 16 mars. En fait, ce n'est qu'un délai de pure forme. Le quadruple champion du monde discute déjà sérieusement avec Williams pour 1993. Le lundi 2 mars, Ligier reçoit le coup de grâce de la part de son ami Jean-Marie Balestre qui déclare dans L'Équipe que « Prost se ridiculiserait » en s'engageant chez lui ! Ligier est furax. Il n'adressera plus la parole à Balestre pendant des mois...

Tony