Ayrton SENNA
 A.SENNA
McLaren Honda
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Ferrari
Alain PROST
 A.PROST
Ferrari

497. Großer Preis

XIX Grande Premio de Portugal
Wolkig
Estoril
Sonntag, 23. September 1990
61 Runden x 4.350 km - 265.350 km
Das für 71 Runden geplante Rennen wurde wegen eines Unfalls abgebrochen.
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Bagarre pour la couronne - Critiques contre Berger

Pour la troisième année consécutive, Alain Prost et Ayrton Senna se disputent le titre mondial des pilotes, mais cette fois-ci pour le compte de deux écuries différentes, Ferrari et Marlboro-McLaren. A quatre manches du but, le Brésilien paraît avoir les meilleures cartes en main: il jouit d'une avance de seize points sur son adversaire et sa McLaren-Honda est à la fois fiable et performante sur tous les tracés. Il peut même être sacré dès Estoril s'il gagne et que Prost ne marque pas. Mais le Français n'a pas dit son dernier mot: déterminé à cueillir le fruit de ses efforts acharnés et à remettre Ferrari au plus niveau, il sera un rival coriace. Si la Ferrari 641, moins rapide que la McLaren, souffrira dans les longues pleines charges de Suzuka, son excellente tenue de route lui donnera un avantage certain à Estoril puis à Jerez. Et l'ultime étape du championnat, sur le circuit hybride d'Adélaïde, pourrait donc offrir un final splendide. Mais Senna a bien l'intention de ne pas attendre cette échéance pour coiffer sa seconde couronne...

 

Pour cela, il peut compter sur le dévouement absolu de Gerhard Berger. Le grand Tyrolien a compris depuis le début de l'année qu'il n'avait aucun espoir d'avoir le dessus sur son compagnon d'écurie et, de rival potentiel, s'est mué en fidèle écuyer. Cette attitude suscite des critiques car Berger met beaucoup d'agressivité dans son dévouement et se livre à des manœuvres douteuses, comme Prost et Mansell ont pu le constater ces dernières semaines. Son style naturellement heurté est encore moins propre que naguère. Cette résignation déçoit aussi ses supporteurs qui voyaient en lui un futur champion du monde, l'héritier de Niki Lauda, et non un simple porteur d'eau. Mais Berger paraît accepter son sort avec grâce. Sa profonde amitié pour Senna et son réalisme ont fait taire son ambition.

 

Mariage Ligier-Renault: merci Tonton ! (bis)

Mi-septembre, Guy Ligier et Jean-Pierre Paoli tentent de convaincre Hugues de Chaunac et Jean-Claude Migeot de rejoindre le navire (la galère ?) Ligier-Gitanes, le premier en tant que « coordinateur sportif », le second comme directeur technique. Mais tous deux manifestent des velléités d'autonomie qui se heurtent à l'autoritarisme de Ligier. Les tractations échouent. « J'entendais exercer mes responsabilités à fond en les concertant. J'ai compris que ce ne serait pas possible », explique de Chaunac. « Hugues voulait devenir l'unique et vrai patron de Ligier ! » réplique Paoli.

 

Néanmoins Ligier enregistre un brillant succès le lundi 17 septembre: à Boulogne-Billancourt, il signe en compagnie de Bernard Casin un contrat de trois ans avec Renault-Sport. Le constructeur français fournira ses V10 à l'équipe de Magny-Cours à compter de la saison 1992, et pour une durée de trois ans. Quel revirement après des semaines de brouille entre les deux parties ! Une fois encore, Ligier doit tout à ses amitiés politiques. La Régie a fini par céder aux pressions du pouvoir socialiste. « Renault a manqué Lauda, Prost, Senna, Alesi... mais pas Ligier ! » lance une voix cynique. Le fait est que cette association avec une écurie de fond de grille ne laisse pas d'étonner. « Renault avait dit qu'elle n'équiperait une équipe française que si elle était placée dans les dix premières, ce qui est notre cas, pas celui de Ligier ! C'est clairement une écurie d'État ! » fulmine Gérard Larrousse qui lorgnait aussi sur le V10. Frank Williams est aussi mécontent de perdre à terme l'exclusivité du moteur français, mais il se refuse à commenter cette nouvelle.

 

Deuxième Ferrari: du refus de Nannini à l'arrivée d'Alesi

La saison des transferts s'emballe début septembre. La situation de Jean Alesi étant à la fois bloquée par Frank Williams et Ken Tyrrell, Ferrari se rabat sur Alessandro Nannini et lui propose le volant de la seconde Ferrari pour 1991. Toutefois, le Siennois n'est qu'un second choix pour la Scuderia, et surtout pour Fiat qui espère encore pouvoir mettre la main sur Alesi. Du coup, Me. Henry Peter, l'avocat de la firme, ne lui propose qu'un contrat d'un an avec une option renouvelable par l'employeur. Nannini rejette un accord aussi peu favorable. Comme l'homme de loi refuse de prendre en compte ses remarques, les tractations en restent là. Nannini devient ainsi le premier Italien à avoir dit non à Ferrari ! « J'avais demandé à Cesare Fiorio de modifier le texte proposé, mais une fois dans le bureau de l'avocat, je me suis aperçu que le contrat n'avait pas changé », raconte-t-il. « Je n'ai donc pas signé. Je ne pouvais vraiment pas accepter cette proposition. A tout bien peser, les perspectives proposées par Benetton ne sont pas les plus mauvaises ! »

 

Comme par enchantement, le refus de Nannini s'accompagne du dénouement de l'« affaire Alesi ». Ken Tyrrell accepte un dédommagement de deux millions de dollars et Frank Williams consent à déchirer le contrat de l'Avignonnais... moyennant une F1/90 qu'il pourra exposer dans son musée personnel ! « J'ai joué au poker et j'ai tout perdu... » admet Williams. « Mais vous verrez, je vous apprendrai très bientôt une excellente nouvelle ! » Tout le monde comprend que Nigel Mansell va faire son retour à Didcot... « Je peux vous jurer sur la Bible que je n'ai signé avec personne ! » rétorque le moustachu.

 

Jean Alesi vit un rêve éveillé: le fils de Siciliens rejoint la mythique Scuderia Ferrari ! Que de chemin parcouru pour « Jeannot » qui, un an et demi plus tôt, était encore un quasi inconnu, étranger à toute filière, avec son talent pour tout bagage. Cependant son arrivée ne réjouit pas Alain Prost. Les deux Français se respectent mais n'ont pas le même tempérament et peu d'atomes crochus. « J'ai dit très honnêtement à Jean que son transfert me faisait très peu », explique Prost. « Il est très impulsif... Je crains qu'il soit incapable de s'accoutumer à l'ambiance très particulière de Ferrari. D'un autre côté, je lui ai promis mon aide et mes conseils. » « J'ai tout à apprendre d'Alain », admet Alesi. « Dix ans de F1, ce n'est pas rien ! Je vais tout observer, tout enregistrer, pour être meilleur encore ! Il n'y aura aucun problème entre nous. Le petit accroc de Monaco est oublié ! » Prost veut bien le croire...

 

Le jeu des chaises musicales se poursuit pendant ce temps-là. Le remplaçant d'Alesi chez Tyrrell sera Stefano Modena, pistonné par Philip Morris et par Pirelli, manufacturier pour lequel il court depuis son apparition en F1. Le jeune Italien est jusqu'ici un espoir déçu: diablement rapide en karting, F3 et F3000, il n'a jamais vraiment brillé dans la discipline reine. Las de sa situation inconfortable chez Williams, Thierry Boutsen écoute d'une oreille attentive les sollicitations de Ligier. Le jeune loup Érik Comas est aussi approché par Jean-Pierre Paoli. L'écurie bleue devrait en effet se défaire de ses deux pilotes, Philippe Alliot qui a cassé beaucoup de matériel, et Nicola Larini qui ne s'est pas bien intégré à Magny-Cours. Minardi confirme sa paire 1991 qui sera composée de Pierluigi Martini et de Gianni Morbidelli. Ce dernier, outre son talent, possède l'appui de Ferrari et de son père Giancarlo, fondateur de la firme de motocyclettes éponyme, qui contrôle la plupart des sponsors du team italien. Enzo Coloni recrute pour sa part le jeune Portugais Pedro Chaves, 25 ans, récent champion de Grande-Bretagne de Formule 3000.

 

Réglementation: Balestre suscite le tollé

Jean-Marie Balestre a tenu à Monza une conférence de presse retentissante. S'en prenant à la vitesse de passage en courbe des Formules 1 qu'il estime trop élevée, et donc trop dangereuse, il a annoncé tout un train de réformes touchant au règlement technique: prolongation du fond plat, diminution de la largeur des voitures, de celle des pneumatiques etc. La mesure la plus contestée concerne l'accroissement du poids des monoplaces à 540 kilogrammes, unanimement rejetée par les constructeurs. Selon eux, les propositions de Balestre surviennent trop tard dans la saison et, si elles sont adoptées, les contraindront à revoir entièrement leurs configurations aérodynamiques pour 1991.

 

Au Portugal, Gabriele Cadringher, le directeur technique de la fédération, révèle que ces idées ont été formulées par le cabinet SERA dont la compétence est contestée par la FOCA. La Commission F1 de la FISA se réunit samedi 22 septembre: Bernie Ecclestone y représente les constructeurs avec un mandat impératif pour repousser les réformes. Finalement, la décision sera prise à Jerez. Balestre espère parvenir à un compromis avec la FOCA pour faire adopter ses réformes par le Conseil mondial de la FISA, le mois prochain.

 

Présentation de l'épreuve

Le Grand Prix du Portugal a failli ne pas avoir lieu suite à un conflit entre l'État et les propriétaires du circuit d'Estoril qui souhaitent bâtir un complexe de loisirs à ses abords. Mais le promoteur de l'épreuve Alfredo César Torres est depuis devenu secrétaire d'État au Tourisme dans le gouvernement d'Aníbal Cavaco Silva et la situation s'est débloquée. Le circuit sera racheté par l'État et le parc pourra être construit.

 

Conséquence de ses mauvais démarrages à Spa et à Monza, Alain Prost effectue un crochet de trente-six heures à Fiorano pour effectuer des départs arrêtés avec une pleine charge de carburant. La télémétrie révèle alors que les premier et second rapports sont trop courts. Ferrari modifie donc ceux-ci en conséquence. Cependant Nigel Mansell fait l'impasse sur ces tests et découvrira donc la nouvelle configuration de la boîte électronique « sur le tas », c'est-à-dire sur la grille de départ d'Estoril.

 

Life dispose enfin d'un V8 Judd à 75°, acheté à Leyton House, pour remplacer le calamiteux W12 Rocchi. Les mécaniciens assemblent ce bloc jeudi soir, dans les stands d'Estoril. Ils s'aperçoivent alors que le capot-moteur originel ne convient pas à ce nouveau propulseur ! Une énième preuve de l'amateurisme de cette équipe... Vendredi matin à la première heure, Bruno Giacomelli effectue un tour de mise en train avec un capot-moteur de fortune, installé durant la nuit... lequel s'envole au bout de cent mètres ! Comme la monoplace ne pourra donc pas se présenter aux pré-qualifications, elle risque une amende de 200 000 dollars. Ernesto Vita recourt alors à une astuce: tandis que le coup d'envoi de la séance est donné, il pousse la Life dans l'allée des stands avec l'aide de ses mécaniciens. Grâce à la légère déclivité, elle parcourt ainsi quelques mètres... et participe donc officiellement au Grand Prix.

 

Samedi matin, un incident qui aurait pu avoir de très sérieuses conséquences se produit dans le garage Williams: Lee Jones, le mécanicien responsable du démarreur de Riccardo Patrese, est victime d'un violent retour de flammes en provenance de l'échappement de la FW13. Touché, le malheureux part à la renverse, et heurte dans sa chute Frank Williams, lequel tombe de son fauteuil roulant ! Jones est rapatrié en Grande-Bretagne avec des brûlures au deuxième degré, tandis que son patron s'en tire avec une légère blessure à la tête.

 

Essais et qualifications

Aucune surprise vendredi matin: l'Osella de Grouillard, les AGS de Tarquini et Dalmas, ainsi que la Coloni de Gachot, se sortent des pré-qualifications. Moreno et Langes signent les deux plus mauvais chronos. L'écurie Eurobrun est à l'agonie. Quant à la Life de Giacomelli...

 

Très bien équilibrées et équipées de leur V12 037 « spécial qualifications », les Ferrari sont irrésistibles. Gêné vendredi par Senna, qui viendra s'en excuser, Mansell réalise le lendemain sa troisième pole de l'année avec trente-huit centièmes de marge sur Prost. Malgré les efforts de Senna (3ème) et de Berger (4ème), les McLaren-Honda sont moins rapides que leurs rivales écarlates. Ron Dennis évoque un sous-virage délicat à isoler. Les Williams-Renault ne rééditent pas leur exploit de Budapest. Patrese (5ème) et Boutsen (7ème) rencontrent trop de pépins mécaniques. Les Benetton alternent entre sous-virage et survirage. Piquet (6ème) reprend l'ascendant sur Nannini (9ème). L'Italien se qualifie sur le mulet qu'il estime mieux réglé. Alesi (8ème) se plaint de problèmes de freins sur sa Tyrrell. Malade, Nakajima (20ème temps avant son forfait) fait de la figuration.

 

Les Larrousse (Bernard 10ème, Suzuki 11ème) affichent un bon comportement routier malgré des soucis de fiabilité. Excellente performance de Pirro, treizième avec la Dallara. De Cesaris (18ème) expédie samedi Alliot dans un rail à haute vitesse. Tous deux plient leurs châssis et s'injurient copieusement... Les Leyton House souffrent comme prévu sur ce tracé tortueux. Capelli (12ème) est plus rapide que Gugelmin (14ème), mais utilise pour cela une voiture entièrement réglée par son équipier. N'est-ce pas ce qu'on appelle le partage des tâches ? Le comportement des Minardi en courbe est catastrophique. Si comme d'habitude Martini (16ème) s'en sort bien, Barilla est éliminé. Les Lotus-Lamborghini n'ont aucune adhérence. Donnelly (15ème) sauve les meubles mais Warwick (21ème) coule à pic. Arrows a enfin trouvé les bons réglages de course, mais est toujours incapable d'utiliser les Goodyear de qualification. En braquant les ailerons avant à fond, Caffi obtient le dix-septième temps, Alboreto le dix-neuvième. Les Ligier (Alliot 20ème, Larini 23ème) ne s'extraient pas du fond de grille. Les Brabham-Judd sous-virent énormément et subissent une kyrielle d'avaries. Modena (23ème) et D. Brabham (25ème) se qualifient par miracle. Dalmas (24ème) parvient à sauver son AGS, au contraire de Tarquini qui déplore une mauvaise tenue de route.

 

Vingt-septième chrono, Grouillard passe à la trappe et pointe du doigt les pneus Pirelli. Il accuse le manufacturier italien de négliger ses « petits » clients. La Coloni de Gachot progresse mais insuffisamment pour espérer une qualification.

 

Le Grand Prix

La grille de départ est inversée par Roland Bruynseraede suite à une requête d'Ayrton Senna appuyée par quelques-uns de ses collègues. En effet, à l'origine le poleman devait s'élancer à droite, mais la plupart des voitures roulent à gauche, de sorte que l'asphalte est plus propre de ce côté-là. Il est donc logique que celui qui est position de pointe en profite. Mansell partira donc à gauche... comme Senna !

 

Le ciel est chargé et l'atmosphère lourde en ce dimanche 23 septembre, mais les orages sont attendus pour la fin de journée. Mansell est le plus rapide lors de l'échauffement. Nakajima souffre d'une grippe carabinée. Il n'a pas tourné samedi et, s'il se présente au warm-up du dimanche, c'est pour aussitôt quitter la piste. Il décide donc de rester au lit. Comme ce forfait est trop tardif, Grouillard et son Osella ne peuvent pas être repêchés. Les pilotes choisissent pour la plupart des pneus tendres et prévoient un changement de pneus.

 

Départ: Les pilotes Ferrari démarrent mal, surtout Mansell qui est surpris par l'étagement de ses deux premières vitesses. Roues arrière emballées, le Britannique dérape vers la droite où se trouve Prost en pleine accélération ! Le Français lève le pied pour éviter l'accident. Cet incident permet aux McLaren de Senna et Berger, placées à l'extérieur, de passer en tête. Suivent Mansell, Piquet, Prost et Patrese.

 

1er tour: Senna mène devant Berger, Mansell, Piquet, Prost, Patrese, Alesi, Boutsen, Nannini et Pirro. Accélérateur bloqué, de Cesaris part en tête-à-queue au virage n°4 et échoue dans le bac à sable.

 

2e: Boutsen prend la septième place à Alesi. Suzuki et Donnelly doublent Pirro.

 

3e: Huit dixièmes séparent Senna et Berger. Dans la ligne droite de départ, Piquet tente de dépasser Mansell qui lui ferme la porte. Nannini dépasse Alesi.

 

4e: Mansell se rapproche des McLaren. Dalmas renonce suite à la rupture d'un demi-arbre de roue.

 

5e: Senna précède Berger (0.7s.), Mansell (1.2s.), Piquet (2.4s.), Prost (3.2s.), Patrese (5.3s.), Boutsen (6.5s.) et Nannini (7.4s.).

 

6e: Mansell met la pression sur Berger. Warwick regagne son box pour mettre pied à terre. La tringlerie de la commande des gaz s'est grippée sur sa Lotus.

 

7e: Alesi déplore le manque de vitesse de sa Tyrrell. Il a toutes les peines du monde à contenir Suzuki et Donnelly.

 

8e: Senna garde Berger à une distance respectueuse. L'Autrichien surveille Mansell. Relégué à quatre secondes, Piquet se défend contre Prost.

 

10e: Senna mène l'épreuve devant Berger (1.1s.), Mansell (1.5s.), Piquet (5s.), Prost (5.5s.), Patrese (7s.), Boutsen (8.1s.), Nannini (11.5s.), Alesi (20.2s.), Suzuki (21.1s.) et Donnelly (22.1s.).

 

12e: Prost tente de doubler Piquet par l'extérieur de la Curva n°3. Le Brésilien lui coupe la trajectoire et les deux voitures se frôlent sans se toucher

 

13e: Mansell se montre dans les rétroviseurs de Berger avant le premier virage. Prost parvient enfin à dépasser Piquet, mais il a perdu le contact avec son équipier.

 

14e: Pressé par Mansell, Berger réalise un premier chrono de référence: 1'20''956'''. Mais Prost roule en 1'20'326''' ! Donnelly effectue une longue halte à son stand pour faire examiner son alternateur.

 

15e: Senna devance Berger (1s.), Mansell (1.5s.), Prost (5.7s.), Piquet (8.8s.), Patrese (10s.), Boutsen (11s.) et Nannini (14s.).

 

17e: Donnelly revient à son garage. Ses mécaniciens démontent son capot et tentent de réparer son alternateur mais n'y parviennent pas. Les deux Lotus sont out.

 

18e: Senna garde Berger et Mansell sur ses talons. Prost améliore le record du tour à chaque passage et rattrape ce trio. Les Williams fondent sur la Benetton de Piquet.

 

19e: Prost roule en 1'19''943'''. Il n'a plus que trois secondes et demie de retard sur Senna.

 

21e: Mansell est blotti dans l'aileron de Berger, mais à la réaccélération le V10 Honda a toujours l'ascendant sur le V12 Ferrari.

 

22e: Modena rentre à son garage. Le pignon de son troisième rapport vient de céder.

 

23e: Senna est en tête devant Berger (1.6s.), Mansell (2.2s.), Prost (4s.), Piquet (17.2s.), Patrese (18.3s.), Boutsen (19s.) et Nannini (24s.).

 

25e: Prost fait la jonction avec Berger et Mansell. Boutsen change ses pneus et ressort en dixième position. Bernard roulait derrière Capelli et pouvait viser les points, mais il est trahi par sa boîte de vitesses.

 

27e: Les pneus de Mansell sont fatigués. Le Britannique mord sur la bordure extérieure de la Curva 3 et se fait dépasser par Prost. Changement de pneus pour Piquet qui repart sixième derrière Nannini. Patrese entre aussi aux stands mais il rate son freinage et se gare en diagonale. L'Italien peine à redémarrer et se retrouve dixième. Brabham passe aussi par les stands.

 

28e: Prost est sur les talons de Berger qui protège Senna tant bien que mal. Mansell chausse des pneus neufs en dix secondes et repart cinquième derrière Nannini.

 

29e: Senna change ses enveloppes (9s.) à la fin de ce tour et ressort troisième. Berger occupe le commandement provisoire.

 

30e: Prost dépasse Berger dans la ligne droite principale et s'empare de la tête du Grand Prix. Mais le champion du monde rentre à son stand à la fin de ce tour et observe son changement de pneus. Hélas, sa roue arrière gauche tarde à se fixer. Le Français ne repart ainsi qu'au bout de onze secondes, en cinquième position derrière Senna, Nannini (qui n'a pas stoppé) et surtout Mansell. Le sixième rapport de Boutsen lui échappe sur une bosse, et il commet un surrégime. Le V10 Renault n'y survit pas: le Bruxellois s'immobilise dans l'herbe et renonce pour la troisième fois consécutive.

 

31e: Berger effectue son arrêt à la fin de ce tour en sept secondes. Il repart derrière Senna et Mansell qui est donc le grand bénéficiaire de cette salve de ravitaillements. Changements de pneus pour Alesi, Pirro et Martini.

 

32e: Senna mène devant Mansell (3.6s.), Berger (7.3s.), Nannini (8s.), Prost (8.4s.), Piquet (28s.), Suzuki (46s.) et Patrese (51s.). Alboreto et Larini prennent des gommes neuves.

 

33e: Prost dépasse Nannini sur la ligne de chronométrage.

 

34e: Mansell abaisse le record du tour à chaque passage et revient à moins de deux secondes de Senna.

 

36e: Mansell n'est plus qu'à une seconde de Senna et le menace très sérieusement. Arrêt pneus pour Alliot.

 

37e: Senna mène devant Mansell (0.5s.), Berger (4.8s.), Prost (9.3s.), Nannini (14.5s.) et Piquet (36s.). Patrese prend la septième place à Suzuki. Second arrêt de Pirro qui se plaint de sa tenue de route et fait examiner sa suspension avant de repartir.

 

38e: Mansell louvoie dans le sillage de Senna mais celui-ci bénéficie toujours d'un léger avantage dans les pleines charges grâce à sa cavalerie. En revanche, dans les portions sinueuses, la Ferrari est plus efficace que la McLaren.

 

39e: Suzuki est chez Larrousse pour prendre des Goodyear frais. Il repart en onzième position avec un tour de retard.

 

40e: Patrese loupe son freinage avant la Curva 3. Il en est quitte pour une excursion dans les graviers, mais ses pneus sont encrassés.

 

41e: Mansell suit Senna comme son ombre. Prost perd l'usage de son sixième rapport. Il peut poursuivre cependant mais peinera à remonter.

 

43e: Senna et Mansell sont pris dans le trafic et tardent à se débarrasser d'un groupe composé d'Alesi, Caffi et Capelli. Prost réduit peu à peu son retard sur Berger.

 

45e: Senna devance Mansell (1s.), Berger (4.7s.), Prost (9s.), Nannini (21.4s.), Piquet (42.3s.), Patrese (1m. 11s.), Caffi (-1t.), Capelli (-1t.), Suzuki (-1t.) et Alesi (-1t.).

 

47e: Mansell améliore encore le meilleur tour (1'18''599''').

 

48e: Mansell ne concède plus que six dixièmes au leader. Prost reprend une seconde à Berger.

 

49e: Nouveau record du tour pour Mansell en 1'18''577'''. Il est maintenant paré à doubler Senna... ce qui rappelle évidemment leur accrochage de l'an passé !

 

50e: Mansell aborde cette boucle dans l'aspiration de Senna. Il déborde la McLaren par l'intérieur au premier virage et passe sans problème. Songeant avant tout au championnat, Senna n'a pas du tout cherché à se défendre.

 

51e: Mansell creuse tout de suite un écart d'une seconde sur Senna. Berger se rapproche de son coéquipier. Prost bat le chrono de référence de Mansell (en 1'18''426'''), bien qu'il soit privé de sixième vitesse.

 

52e: Mansell devance Senna (1.1s.), Berger (3.5s.), Prost (7s.), Nannini (34s.), Piquet (49s.), Patrese (1m. 06s.), Caffi (-1t.), Capelli (-1t.), Suzuki (-1t.) et Alesi (-1t.).

 

53e: Nannini change ses pneus et repart derrière Piquet. Il est imité par Patrese qui ne perd aucune place et reste septième. C'est terminé pour Capelli, lâché par son V8 Judd. Malade, son équipier Gugelmin connaît une fin de Grand Prix fort pénible. Il vomit dans son casque.

 

54e: Mansell tombe sur un groupe de retardataires en bagarre composé des deux Ligier d'Alliot et Larini et de la Minardi de Martini.

 

55e: A l'abord de la seconde courbe, Alliot lutte contre Martini lorsque Mansell arrive sur lui. Le Français ignore ses rétroviseurs et ne voit pas la Ferrari s'infiltrer sur sa droite ! La roue avant-gauche de la Ferrari heurte l'arrière de la Ligier. Alliot part en travers et échoue en marche arrière contre le rail de sûreté, perdant une roue dans le choc ! Par miracle, Mansell s'en tire sans dommage et poursuit sa route. Brabham abandonne, victime de la même panne de boîte que son équipier Modena.

 

56e: Le trafic réduit considérablement les écarts entre les quatre hommes de tête. Berger et Prost filent le train de Senna. Mansell est gêné par Martini ce qui permet au Brésilien de le rattraper. Senna tente de passer dans la petite ligne droite au centre du circuit mais Martini s'efface enfin, libérant Mansell. Berger essaie ensuite de surprendre son équipier, sans succès. Prost revient du coup juste derrière l'Autrichien. Patrese fixe définitivement le record du tour (1'18''306'''). La Ligier d'Alliot est évacuée tandis que le Vovéen, tout penaud après cet énième accident, regagne les stands à pied.

 

57e: Mansell prend un tour à Larini dans la grande ligne droite et parvient à s'échapper. Senna, Berger et Prost se tiennent dans un mouchoir. Beaucoup plus loin, Caffi défend sa huitième place devant les assauts d'Alesi et de Suzuki, beaucoup plus rapides que lui grâce à leurs pneus neufs.

 

58e: Mansell précède Senna (2.5s.), Berger (3s.), Prost (4s.), Piquet (55s.), Nannini (1m.), Patrese (-1t.), Caffi (-1t.), Alesi (-1t.) et Suzuki (-1t.).

 

59e: Prost prend l'aspiration de Berger dans la ligne droite de départ et le dépasse par l'extérieur au premier freinage. Le voici troisième, avec Senna en vue ! Alesi prend la huitième position à Caffi.

 

60e: Prost tente de rééditer sa manœuvre du tour précédent, cette fois sur Senna, mais le Brésilien résiste. Le Français bute ensuite sur Pirro et doit garder un œil sur Berger. Dans la « Curva do tanque », Suzuki porte l'estocade contre Caffi qui ne le voit pas surgir à sa droite. L'Italien prend la corde comme si de rien n'était et les deux bolides entrent en contact. L'Arrows heurte très rudement la glissière et perd une roue. Sonné, Caffi peine à s'extraire de son habitacle. De son côté Suzuki gare sa Larrousse dans la pelouse.

 

61e: Mansell compte trois secondes d'avance sur Senna qui a semé Prost. Caffi n'a toujours pas quitté sa voiture.

 

62e: Roland Bruynseraede constate que Caffi a besoin de secours et décide de brandir le drapeau rouge. Le Grand Prix du Portugal s'arrête là et les pilotes regagnent les stands.

 

Cette course splendide s'achève donc en queue de poisson. Nigel Mansell empoche sa première victoire de la saison devant Senna et Prost. Berger se classe quatrième. Piquet et Nannini récoltent les derniers points pour le compte de Benetton. Patrese, Alesi, Alboreto, Larini, Martini, Gugelmin et Pirro sont aussi à l'arrivée.

 

Les ambulances entrent en action pour secourir Caffi. Un bras de suspension a percé la coque de l'Arrows et a légèrement blessé son pilote au talon gauche. On craint une fracture. L'Italien est transporté à l'hôpital de Lisbonne où il subit un examen approfondi. Par bonheur, il ne souffre finalement que d'une fêlure et pourra prendre le départ du Grand Prix d'Espagne huit jours plus tard.

 

Après la course: la colère d'Alain Prost

Après un an de disette, Nigel Mansell retrouve enfin la première marche du podium. Ce seizième succès en Grand Prix fait de lui l'égal de Stirling Moss et lui permet de partager le titre de pilote anglais le plus victorieux. Particularité: malgré un palmarès très fourni, ni Moss ni Mansell n'ont remporté de titre mondial !

 

Alain Prost ne partage pas du tout l'allégresse de son équipier. Celui-ci a beau lui présenter ses excuses pour l'imbroglio du départ, le Français soupçonne un coup fourré. Et l'attitude de Mansell et de Senna sur le podium, puis en conférence de presse, ne lève pas ses doutes, bien au contraire. Les deux ex-ennemis jurés plaisantent et se tapent dans le dos comme deux vieux camarades de régiment ! Prost pense que Mansell a voulu se venger de son statut de « numéro deux » officieux en aidant son rival au championnat. « J'ai complètement manqué mon départ, je suis vraiment désolé pour Alain » plaide le Britannique. « Qu'il regarde les images au ralenti, il verra que j'ai frôlé le tête-à-queue... » Mais le fait est qu'en gênant son collègue, Mansell a offert un cadeau en or à Senna.

 

Cependant, Prost est surtout en colère contre son équipe qui n'a rien fait pour brider pour Mansell et, partant, l'entrave dans son combat pour le titre. Il laisse éclater sa colère devant les micros. « Ferrari ne mérite pas le titre mondial » assène-t-il en guise de préambule. « Ce qui s'est passé aujourd'hui entre Nigel et moi est inadmissible. Je pensais pouvoir compter sur mon équipier dans cette bataille. C'est ce qu'il m'avait dit. J'ai perdu le championnat, même si, mathématiquement, je peux encore le gagner. Après l'énorme quantité de travail abattue cette année, voilà que l'on est incapable de prendre des décisions importantes. Qui a le plus besoin du titre ? Ferrari, pas moi. Je laisse tomber ! » Des paroles très dures, suivies d'une décision lourde de conséquences: « Je ne participerai pas aux prochains essais de pneus à Fiorano la semaine prochaine. Puisque Ferrari veut deux pilotes à égalité, et bien, que Mansell y aille à ma place ! Jusqu'à aujourd'hui, j'ai couvert deux fois plus d'essais que lui. Et je vais dorénavant reconsidérer ma position au sein de l'équipe pour l'année prochaine. »

 

Cette diatribe acerbe vise en premier lieu Cesare Fiorio, qui selon Prost n'a pas su prendre ses responsabilités en demandant à Mansell de s'effacer, mais aussi toute la direction de la firme italienne. En menaçant de quitter la Scuderia, Prost allume un incendie qui n'est pas près de s'éteindre. Car Fiorio répond avec vigueur à son pilote: « Alain est-il devenu fou ? Jamais je ne pourrais demander à un pilote d'abandonner sa victoire à un autre ! Nigel a promis d'aider Alain si le titre en dépendait directement. Ce n'était pas le cas aujourd'hui. S'il n'est pas content, qu'il batte Nigel à la régulière ! » Une réaction pour le moins curieuse dans la bouche d' « Hollywood » qui, lorsqu'il était directeur de Lancia en rallye, donnait très souvent des consignes litigieuses. A Monte-Carlo, en 1987, n'a-t-il pas ordonné à Juha Kankkunen d'abandonner la victoire à Miki Biasion ? Toutefois, si Prost peut légitimement remettre en cause la politique sportive de Fiorio, il a tort d'accabler Mansell qui ne l'a pas gêné volontairement. Le Britannique a bien été surpris par une boîte électronique dont il a négligé le réglage. Mais il est aussi probablement ravi du bon tour joué à cet équipier trop arrogant...

 

Senna boit de petit lait devant la crise qui frappe Ferrari. Sachant qu'il ne pouvait rien faire face au retour de Mansell, il a intelligemment joué placé et accroît encore son avance au championnat. Avec dix-huit points d'avance sur Prost, il paraît assuré de triompher en fin d'année. Au classement des constructeurs, McLaren-Honda (118 points) distance largement Ferrari (85 pts) et se rapproche aussi d'une nouvelle victoire. Williams-Renault (44 pts) et Benetton-Ford (43 pts) luttent pour la médaille de bronze.

Tony