Nelson PIQUET
 N.PIQUET
Benetton Ford Cosworth
Ayrton SENNA
 A.SENNA
McLaren Honda
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Ferrari

489. Großer Preis

XXVIII Grand Prix du Canada
Wechselhaft
Montréal
Sonntag, 10. Juni 1990
70 Runden x 4.390 km - 307.300 km
Affiche
F1
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Les déboires du Grand Prix du Canada

L'étape québécoise du championnat du monde de Formule 1 paraît à nouveau sur la sellette. La FISA demande en effet depuis deux ans aux organisateurs la rénovation du circuit Gilles-Villeneuve, et notamment de l'asphalte passablement dégradé, en vain pour le moment. Le 6 juin, Bernie Ecclestone s'entretient avec le promoteur Normand Legault et le maire de Montréal Jean Doré. Il les presse d'agir. Les deux hommes rappellent qu'ils ont déjà dépensé un million de dollars depuis 1988 pour la réfection des infrastructures et promettent que le nouveau revêtement sera prêt en 1991. Autre pomme de discorde: le prix des billets. Comme l'an passé, les Montréalais grognent contre les tarifs exorbitants de la FOCA. Celle-ci impose un billet à 130 dollars pour le jour de la course. De quoi faire fuir les spectateurs éventuels. Or Ecclestone sait que les tribunes doivent être remplies pour que Montréal rentre dans ses frais et puisse mener à bien ses travaux. Il fait donc un geste et offre une entrée gratuite à ceux qui achèteront un billet pour les trois jours du Grand Prix.

 

Par ailleurs, un violent conflit syndical secoue le Club-Auto Québec qui fournit d'ordinaire les commissaires de piste. Son président François Poulin annonce à Ecclestone qu'il ne peut garantir la présence de préposés expérimentés et compétents. Les grévistes sont donc remplacés par des néophytes recrutés par petites annonces ! Cette mésaventure découle de l'absence d'une véritable autorité sportive au sein de la fédération canadienne. L'ancien Canadian Automobile Sport Clubs a été suspendu par la FIA suite à la brouille avec Ecclestone de 1987 et n'a pas été remplacé.

 

Senna met la pression sur Honda

A Imola et à Monte-Carlo, Ayrton Senna et Gerhard Berger se sont plaints de plusieurs défaillances de leurs V10 Honda. Les blocs en question ont été transportés au Japon pour y être examinés. Or, selon Éric Silbermann, l'attaché de presse de la firme nipponne, la fameuse perte de puissance observée par les deux pilotes sur le Rocher n'existait pas. Cette conclusion irrite Senna qui n'aime pas être pris pour un imbécile: « J'estime avoir suffisamment d'expérience pour savoir si mon moteur a un problème. Et c'était le cas à Monaco. » Il prévient McLaren et Honda qu'il « cherche la meilleure voiture pour 1991. » Autrement dit, il n'aura aucun scrupule à aller voir ailleurs si les choses ne s'améliorent pas.

 

Senna attend en fait avec impatience l'arrivée du V12 Honda prévue pour 1991. Selon lui en effet le V10 nippon est maintenant concurrencé par le Renault. Honda travaille d'arrache-pied sur le douze cylindres mais n'abandonne pas pour autant son moteur actuel qui doit recevoir encore des évolutions. Ainsi Osamu Goto annonce l'arrivée de blocs spécialement travaillés pour Montréal: « Nous avons travaillé sur la consommation, le gros problème ici, et sur la puissance. En gagnant quelques chevaux... » Pour sa part, Gerhard Berger se plaint encore et toujours de sa position de pilotage. « Au fil des tours, mes jambes perdent leur sensibilité. A Monaco j'ai fini complétement engourdi. Ça ne peut pas continuer comme ça. » Ron Dennis prend note...

 

Présentation de l'épreuve

Peter Monteverdi fait le ménage chez Onyx: après Mike Earle, c'est au tour d'Alan Jenkins de prendre la porte. Le constructeur helvète voit grand: il envisage de déménager l'écurie en Suisse, près de Bâle plus précisément. Un projet qui suscite l'opposition de Martin Dixon, le team-manager, et de Ken Anderson, le nouvel ingénieur en chef. Mais Monteverdi paraît pressé par le temps. La justice britannique vient en effet de condamner Onyx à des dommages et intérêts suite aux ruptures de contrats de Bertrand Gachot et de Stefan Johansson, mais aussi d'Earle et de Jenkins. L'équipe risque la saisie, c'est pourquoi Monteverdi souhaiterait rapatrier directement le matériel en Suisse après la tournée nord-américaine...

 

Quant à Alan Jenkins, il trouve un point de chute chez Arrows où il devient l'adjoint de James Robinson. Voilà de quoi rassurer Porsche qui a déjà travaillé avec l'intéressé au temps de la McLaren-TAG. En outre, Jenkins arriverait à Milton Keynes avec les plans de ce qu'aurait dû être l'Onyx-Porsche... Christian Vanderpleyn voyage toujours d'une équipe à une autre. Le voici de retour chez Coloni-Subaru, pour une course seulement. Il supplée Paul Burgess qui est resté en Italie pour préparer la futur monoplace. Vanderpleyn négocierait en parallèle avec Hugues de Chaunac pour revenir chez AGS. Peter Wyss, ancien ingénieur chez Coloni et Zakspeed, rejoint Life-PIC à la demande de Bruno Giacomelli et succède à Gianni Marelli.

 

Nigel Mansell fait état dans la presse de la détérioration de ses relations avec Ferrari. Il s'estime mis à l'écart depuis l'arrivée d'Alain Prost qui, il est vrai, a fait l'effort d'apprendre l'italien pour pouvoir s'entretenir avec ses mécaniciens. Le policier de l'Île de Man aimerait désormais retourner chez Frank Williams. Voilà qui concorde assez bien avec les projets de Renault qui souhaite recruter un « super-pilote » pour 1991, et lorgne aussi dans cette optique sur Senna et Prost.

 

A court d'argent, Claudio Langes est licencié par Walter Brun qui peine toujours à joindre les deux bouts. Problème: celui-ci n'a pas d'autre pilote payant sous la main ! Afin d'éviter un forfait qui lui vaudrait 200 000 dollars d'amende, Brun demande donc à Langes de faire acte de présence en couvrant deux tours lors des pré-qualifications. Bon prince, l'Italien consent à participer à cette mascarade...

 

La Ferrari 641 arbore un nouvel aileron avant qui se prolonge derrière les roues via une extension en forme de cornet. Les Lotus-Lamborghini sont munies d'un extracteur à tuyères comme les Leyton House et les McLaren, ainsi que de petits déflecteurs horizontaux devant les roues arrière inspirés des monoplaces américaines.

 

Le bitume du circuit Gilles-Villeneuve est passablement endommagé et les pilotes se plaignent d'un manque d'adhérence chronique. « C'est un circuit indigne d'un championnat du monde ! » explose Alain Prost. « J'en apprécie le dessin mais je ne peux pas accepter une piste aussi sale ! » Il s'en prend aussi aux commissaires novices dont il ne supporte pas l'incompétence. Le champion français est de toute façon d'une humeur massacrante ce week-end. Il a ainsi accusé Jean Alesi d'être responsable du carambolage du premier départ à Monte-Carlo et s'est assez vivement expliqué avec son cadet. Ce dernier refuse de plier le genou. « Je suis le jeune qui dérange... » susurre -t-il.

 

Essais et qualifications

Moreno réalise un bel exploit en pré-qualifications en signant le meilleur chrono avec sa pataude Eurobrun. Grouillard se sauve, ainsi que les Lola de Bernard et Suzuki. La Coloni-Subaru, trop lourde de cent kilos (!) selon Gachot, sort deux fois de la route. Encore une fois, les AGS de Tarquini et Dalmas sont éliminées. Les essais de mise au point qui ont eu lieu au Castellet avant cette épreuve ont donné lieu à de nouvelles pannes électroniques. Quant à la Life... Giacomelli roule en 1'50'', soit vingt-cinq secondes plus lent que G. Brabham !

 

La pluie s'invite sur Montréal samedi après-midi. De fait, la grille est déterminée par les chronos réalisés le vendredi. Disposant d'un châssis neuf, Senna réalise la quarante-sixième pole position de sa carrière avec soixante-six millièmes de seconde d'avance sur son complice Berger. Toutefois les deux pilotes McLaren se plaignent d'une boîte capricieuse. Berger s'approprie samedi le meilleur temps sur le mouillé. La Ferrari exploite mieux les pneus de qualification et Prost (3ème) n'échoue qu'à quatre dixièmes de Senna. Mansell (7ème) est ralenti par une crevaison. Les Benetton-Ford (Nannini 4ème, Piquet 5ème) se montrent particulièrement efficaces, malgré un peu de sous-virage. A contrario les Williams-Renault peinent à trouver du grip. Boutsen est tout de même sixième alors que Patrese, neuvième, s'est trompé dans son choix de pneus. Handicapé par son moteur Cosworth, Alesi réalise tout de même le huitième chrono. Nakajima est treizième.

 

Modena (10ème) est satisfait du comportement de sa Brabham-Judd. D. Brabham casse un roulement de boîte puis exécute un tête-à-queue. Il manque sa qualification. Les Lotus-Lamborghini (Warwick 11ème, Donnelly 12ème) occupent la sixième ligne. Miracle chez Arrows: Alboreto (14ème) ne rencontre aucun problème mécanique ! Caffi (26ème) reçoit un nouveau châssis mal réglé et se qualifie in extremis au volant du mulet. Munie d'un nouvel aileron avant et de suspensions modifiés, l'Osella marche fort et Grouillard l'amène à la quinzième place. Les Minardi manquent de traction et glissent sur les bosses. Martini (16ème) déçoit et Barilla (moteur cassé) est éliminé. Mal réglées, les Ligier sont instables, mais Alliot (17ème) comme Larini (20ème) sont qualifiés. Les Lola rencontrent de nombreux problèmes de moteur. Suzuki est dix-huitième, Bernard, qui tape fort samedi sur le mouillé, vingt-troisième. Piètre prestation des Dallara: Pirro (19ème) patauge dans ses réglages et de Cesaris (25ème) casse deux V8. Les Onyx (Foitek 21ème, Lehto 22ème) se sauvent malgré une épidémie de pannes de moteurs. Les Leyton House sont comme toujours frappées par de nombreuses avaries. Capelli (24ème) se qualifie mais Gugelmin reste sur le carreau. Enfin, Moreno échoue au vingt-septième rang pour six centièmes seulement.

 

Le Grand Prix

La pluie est à nouveau au rendez-vous dimanche après-midi. Lors du « réchauffement » (nous sommes au Québec), Boutsen signe le meilleur chrono devant Senna. La piste est encore passablement détrempée au moment du départ. Tous les pilotes sélectionnent les pneus sculptés. Berger choisit de régler sa McLaren pour une piste en voie d'assèchement, avec un aileron beaucoup plus plat que celui-ci de Senna.

 

Départ: Berger démarre avant le feu vert, se rend compte de son erreur et freine au moment où les monoplaces sont libérées. Senna prend la tête devant son équipier, Nannini, Prost, Alesi et Piquet. A la sortie du premier enchaînement, Suzuki heurte Martini et l'envoie en tête-à-queue. L'Italien enclenche la marche arrière mais son moteur cale. Il doit renoncer.

 

1er tour: Le départ anticipé de Berger n'a pas échappé à Roland Bruynseraede. Alesi déborde Prost, bientôt imité par Piquet. Senna mène devant Berger, Nannini, Alesi, Piquet, Prost, Boutsen, Mansell, Patrese et Warwick.

 

2e: La piste est surtout humide au niveau de la grille de départ et du retour vers l'épingle. Senna compte une seconde et demie d'avance sur Berger.

 

3e: Les commissaires débutants tardent à évacuer la Minardi de Martini. Boutsen menace Prost.

 

4e: Deux secondes entre les McLaren. Nannini garde le contact avec Berger. Boutsen prend la sixième place à Prost.

 

5e: Senna devance Berger (1.6s.), Nannini (4s.), Alesi (7.6s.), Piquet (14.2s.), Boutsen (16.2s.) et Prost (19s.).

 

6e: Un drapeau blanc signale l'entrée d'un véhicule sur le circuit au niveau de l'épingle. Celui-ci part tracter la Minardi abandonnée à l'autre bout du circuit !

 

7e: La trajectoire commence à s'assécher. Berger se rapproche de Senna. Grouillard retient un peloton impressionnant comprenant Nakajima, de Cesaris, Alliot, Foitek, Lehto, Caffi, Bernard et Capelli. Le Grenoblois va se faire doubler dans les tours suivants.

 

8e: Senna tourne en 1'36''849'''. Berger reçoit une pénalité d'une minute pour avoir anticipé le départ. Second en piste, l'Autrichien se retrouve donc avant-dernier au classement officiel.

 

9e: Senna, Berger et Nannini sont loin devant le quatuor Alesi - Piquet - Boutsen - Prost. Patrese n'a pas d'adhérence et se trouve sous la menace de Warwick. Suzuki perd un morceau de son aileron avant et rentre à son garage pour changer de museau et de pneus. Il perd deux tours dans cette opération.

 

10e: Berger arrive chez McLaren pour chausser des pneus slicks et chute au huitième rang, sur la piste, car il est en fait vingt-deuxième. Patrese prend aussi les pneus pour le sec. La Minardi de Martini est enfin retirée.

 

11e: Cinq secondes séparent Senna et Nannini. Piquet est sur les talons d'Alesi. Changement de gommes pour Grouillard.

 

12e: Senna entre aux stands pour mettre des slicks (8s.). Il repart entre Prost et Mansell. Piquet dépasse Alesi à la sortie du premier enchaînement, puis chausse aussi les slicks, imité par Warwick et Modena. Au premier freinage, Alboreto emboutit la Dallara de Pirro et tous deux se retrouvent enchevêtrés dans le gazon. C'est fini pour les deux Italiens.

 

13e: Alesi, Boutsen et Prost passent par leurs garages pour mettre les slicks. Le Forézien parvient à repartir devant l'Avignonnais et le Bruxellois. Nannini est le nouveau leader, dix-neuf secondes devant Senna. Arrêts aussi pour Donnelly et Capelli.

 

14e: Berger est juste derrière Senna. L'Autrichien ravit la seconde place au Brésilien qui ne résiste pas, puisqu'il sait que son équipier est pénalisé. Mansell passe en gomme lisse et reprend la piste entre Piquet et Warwick. Arrêts de Caffi et Foitek.

 

15e: Nannini arrive chez Benetton et prend des slicks (13s.). Sur la piste, Berger s'envole devant Senna qui est officiellement le nouveau leader. De Cesaris, Alliot et Nakajima prennent des pneus slicks.

 

16e: Nannini écrase une pauvre marmotte qui traversait la piste ! Sa calandre et un de ses pneus sont endommagés. Le Siennois rejoint son stand pour réparer. De son côté, Alesi tente de prendre un tour à de Cesaris... qui se rabat devant lui ! Le contact avec la Dallara arrache l'aileron avant du Français qui doit lui aussi regagner les stands. Arrêts pneus pour Bernard et Lehto.

 

17e: Berger est premier en piste, mais le vrai leader est Senna qui précède Prost (27.4s.), Boutsen (28.3s.), Piquet (30.8s.), Mansell (35.3s.), Warwick (41s.), Patrese (48s.), Donnelly (1m.) et Larini (1m. 10s.). Alesi a repris la piste en onzième position. Nannini repart avec un tour de retard, au vingt-et-unième rang.

 

18e: La trajectoire est entièrement sèche mais ses abords sont encore humides. Dépasser devient donc très périlleux. Prost et Boutsen sont englués dans le trafic. Le Belge est plus agressif que le Français dans cet exercice et le rattrape.

 

19e: Larini n'a pas changé de pneus et dégringole au classement. Prost et Boutsen rattrapent le jeune Italien.

 

20e: Boutsen tente de faire l'intérieur à Prost, gêné par Larini, au freinage du pont de la Concorde. Mais sa roue arrière-gauche roule sur une plaque d'humidité et c'est la glissade: la Williams part en travers et percute Larini. L'Italien échoue dans les graviers. Boutsen repart mais sa suspension est faussée. C'est l'abandon. Au même endroit, Alesi exécute un tête-à-queue sans conséquence.

 

21e: Senna devance Prost (34.3s.), Piquet (35.6s.), Mansell (39.1s.), Warwick (52s.), Berger (53.6s.), Patrese (56.7s.), Donnelly (1m. 18s.), Alesi (-1t.), Modena (-1t.), Caffi (-1t.) et Alliot (-1t.).

 

22e: Prost est menacé par Piquet et Mansell car ses freins chauffent. Ses mécaniciens ont oublié de retirer les caches de ses écopes lors de son arrêt...

 

23e: Nannini attaque Nakajima pour le gain de la dix-septième place avant la chicane qui conduit vers l'épingle. L'Italien se déporte à l'intérieur et, comme Boutsen tout à l'heure, roule sur une flaque. Le résultat est immédiat: aquaplanage, tête-à-queue direction l'échappatoire, et rude choc en marche arrière dans la pile de pneus. Heureusement l'impétueux Sandro est indemne. Mais sa Benetton ne sera pas évacuée...

 

24e: Alesi prend la huitième place à Donnelly à l'épingle... sous le nez de Senna qui a un tour d'avance.

 

25e: Senna évolue dans le trafic. Patrese pourchasse Warwick. Grouillard fait une excursion dans l'herbe.

 

27e: Patrese s'empare de la sixième place aux dépens de Warwick. Alesi retrouve de Cesaris pour lui prendre un tour avant le retour vers l'épingle. Au même endroit que Nannini précédemment, il glisse et fonce à vive allure vers les glissières. La Tyrrell percute par l'arrière la Benetton abandonnée et vient se ficher sur le mur souple ! Alesi se sort par bonheur sans mal de cet impressionnant accident.

 

28e: Prost revient à vingt-neuf secondes de Senna mais Piquet est collé à ses basques. Mansell est quelque peu décroché.

 

30e: Berger a six secondes de marge sur Senna sur la piste. Mais le classement officiel donne le Brésilien en tête devant Prost (29.7s.), Piquet (30.2s.), Mansell (33.2s.), Berger (54.2s.), Patrese (1m. 01s.), Warwick (1m. 04s.), Donnelly (-1t.), Modena (-1t.) et Caffi (-1t.).

 

32e: Prost repousse Piquet à deux secondes alors que Mansell est aux prises avec des attardés. Alliot fait un passage dans l'herbe et perd plusieurs places.

 

34e: Alors que Berger poursuit sa course en solitaire, Senna bénéficie d'une trentaine de secondes d'avance sur le groupe Prost - Piquet - Mansell.

 

35e: Le ciel se couvre à nouveau mais la piste est désormais presque asséchée. De Cesaris remplace encore ses pneus.

 

36e: Senna devance Prost (29s.), Piquet (33s.), Mansell (36s.) et Berger (51s.). Warwick est derechef aux trousses de Patrese qui rencontre des difficultés à chaque freinage. Alliot abandonne, moteur serré.

 

37e: Senna prend difficilement un tour à Patrese et à Warwick.

 

38e: Piquet se reprend après une courte baisse de rythme et rejoint Prost.

 

40e: Senna précède Prost (28.8s.), Piquet (29.1s.), Mansell (30.1s.), Berger (48.5s.), Patrese (-1t.), Warwick (-1t.), Donnelly (-1t.), Modena (-1t.) et Caffi (-1t.).

 

41e: Toujours premier sur la piste, Berger est en fait à quatorze secondes de Mansell et peut donc encore grimper sur le podium. Warwick double Patrese dont les freins sont presque morts.

 

42e: Donnelly bouchonne Prost, ce qui permet à Piquet et à Mansell de revenir sur le Français.

 

43e: Prost, Piquet et Mansell sont maintenant roues dans roues. Senna a trente secondes d'avance sur ce trio.

 

44e: Patrese connaît depuis le départ des problèmes de freins. Il gagne les stands pour un très long arrêt.

 

46e: Berger est plus rapide que Senna qui roule le coude à la portière. Prost est toujours très prudent car ses freins sont peu efficaces. Mais ni Piquet ni Mansell n'osent le déborder de peur de rouler sur une portion humide.

 

48e: Patrese reprend la piste devant Prost. Le Padouan ne parcourt qu'une boucle avant de renoncer. Ses disques sont à bout de course

 

49e: Mansell tente de surprendre Piquet dans le premier enchaînement, en vain. En revanche, le Carioca fait l'intérieur à Prost à la grande épingle et s'empare de la seconde place. Lehto renonce suite à une panne d'allumage.

 

50e: Trente-trois secondes entre Senna et Piquet. A l'épingle, Mansell double Prost à son tour. Les deux Ferrari sont prises dans le trafic, et Mansell bute ensuite sur Foitek.

 

51e: Mansell dépasse Foitek et Capelli. Le Suisse et l'Italien luttent pour la dixième place. Prost trépigne derrière ces deux attardés. Foitek porte une attaque hardie mais réussie dans la dernière chicane. Capelli vire au large pour laisser passer Prost qui ensuite se défait sans trop de mal de Foitek .

 

52e: Prost a perdu un temps précieux parmi les retardataires. Berger le rattrape au classement officiel. De Cesaris met pied à terre à cause d'une panne de boîte de vitesses.

 

53e: Senna précède Piquet (34.1s.), Mansell (40.5s.), Prost (43.5s.), Berger (45.2s.), Warwick (-1t.), Donnelly (-1t.), Modena (-2t.) et Caffi (-2t.).

 

55e: Sur la piste, Berger a dix-sept secondes de marge sur Senna. Officiellement, il est tout proche de Prost. Foitek abandonne: un surrégime a provoqué la rupture d'une soupape sur son V8.

 

56e: Grouillard est à la dérive au volant d'une Osella réglée pour la pluie. Il se fait doubler par Suzuki et occupe maintenant la lanterne rouge.

 

57e: Les trois premières places occupées par Senna, Piquet et Mansell sont figées. Prost riposte au retour de Berger et améliore ses temps. Mais cela ne suffit pas car Warwick, relégué à un tour, le rattrape...

 

58e: Berger baisse son rythme car ses disques de frein surchauffent. Il n'a en effet pas fait ouvrir ses écopes de refroidissement.

 

59e: Warwick détient toujours la sixième place mais ses freins ne sont pas en grande forme. C'est en revanche fini pour son équipier Donnelly qui a cassé une soupape.

 

60e: Senna est devant Piquet (27.2s.), Mansell (30.5s.), Prost (35.3s.), Berger (41.5s.), Warwick (-1t.), Modena (-2t.), Caffi (-2t.), Capelli (-3t.) et Bernard (-3t.).

 

62e: Piquet, Mansell et Prost accélèrent pour se mettre à l'abri de Berger, lequel leur répond en augmentant aussi sa cadence.

 

63e: Senna fixe son meilleur chrono de l'après-midi (1'23''375''').

 

64e: Mansell rattrape Piquet et commet une petite faute au premier freinage. Il dérape mais parvient à éviter le gazon.

 

65e: Mansell peine à doubler Caffi et tend le poing au jeune Italien. Très excité, le Britannique cherche moins à rattraper Piquet qu'à parer à tout retour de Berger qui est maintenant le plus rapide en piste. Prost est aussi aux aguets et rejoint son équipier.

 

67e: Senna laisse Piquet revenir à vingt-cinq secondes. Mansell hausse le ton et distance Prost, maintenant très menacé par Berger.

 

69e: Senna conduit à sa main en cette fin d'épreuve. Berger n'est qu'à quelques dixièmes d'un Prost dont les freins sont à l'agonie. L'Autrichien a la quatrième place en vue.

 

70ème et dernier tour: Berger coupe le premier la ligne d'arrivée et conclut le meilleur chrono de la course (1'22''077'''). Il subtilise, in extremis, pour une seconde, la quatrième place à Prost. Ayrton Senna remporte sa vingt-troisième victoire en Grand Prix devant Piquet et Mansell. Warwick inscrit le premier point de la Lotus-Lamborghini. Modena finit septième devant Caffi, Bernard, Capelli, Nakajima, Suzuki et Grouillard.

 

Après la course

Ayrton Senna, Nelson Piquet et Nigel Mansell échangent des poignées de main sur le podium malgré leurs inimitiés. Les McLaren-Honda ont archi-dominé ce week-end québécois. De quoi apaiser les doutes de « Magic » ? Le Brésilien loue la fiabilité de sa monture, la puissance, la souplesse et le couple de son moteur. Mais il n'est pas satisfait de sa transmission. Plusieurs vitesses ont encore « sauté » à bas-régime. Quant à Gerhard Berger, il regrette bien sûr son erreur au départ. Son cavalier seul au commandement virtuel fut impressionnant, mais Senna l'aurait-il laissé s'enfuir en ignorant sa pénalité ? Il est certain que non. Aussi, l'« échalas nonchalant », comme le surnomme plaisamment le journaliste belge Christian Lahaye, a sans doute tort de se croire le « vainqueur moral » de ce GP du Canada...

 

La cinquième place d'Alain Prost n'améliore pas son humeur. « Cela ne reflète pas notre potentiel. Lorsque je me suis arrêté pour les pneus, on a oublié de retirer le collant sur les prises d'air. Les disques ont surchauffé dès que j'ai voulu attaquer. Après vingt tours je n'avais déjà plus de freins sur l'avant. J'ai donc laissé passer Piquet et Mansell. Résister aurait été inutile et dangereux. C'est une erreur oui, mais il faut être indulgent. Ferrari doit réapprendre à gagner, retrouver les gestes indispensables à la reconquête de la victoire. Lorsqu'une écurie est habituée à dominer, elle ne commet pas ce genre de bêtises. » Ces propos sévères sont accueillis sans rogne par la presse italienne qui pour le moment préfère accabler la Scuderia plutôt que son premier pilote.

 

Au soir de ce Grand Prix, le plus heureux est Nelson Piquet qui n'était pas monté sur un podium depuis un an et demi. Après deux saisons de galère chez Lotus, le triple champion du monde revit chez Benetton. « Tu vois Nelson, l'âge ne fait rien à l'affaire ! » lui glisse Jackie Stewart avec malice. A 38 ans, Piquet affiche en effet un moral gonflé à bloc. Il n'a plus aucune intention de quitter la F1. Il vient ainsi de repousser une offre de Mercedes qui lui proposait huit millions de dollars pour piloter en Endurance ! En businessman avisé, Piquet commence déjà à discuter avec Flavio Briatore de son contrat pour 1991...

 

Senna s'envole au championnat avec 31 points. Il devance Berger (19 pts), Prost (14 pts), Alesi (13 pts) et Piquet (12 pts). McLaren-Honda domine aisément le classement des constructeurs avec cinquante unités. Suivent Ferrari (21 pts), Williams-Renault (18 pts) et Benetton-Ford (16 pts).

Tony