Gerhard BERGER
 G.BERGER
McLaren Honda
Alain PROST
 A.PROST
Ferrari
Ayrton SENNA
 A.SENNA
McLaren Honda

486. Großer Preis

XIX Grande Premio do Brasil
Sonnig
Interlagos
Sonntag, 25. März 1990
71 Runden x 4.325 km - 307.075 km
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F1
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Le retour d'Interlagos

A l'issue du Grand Prix du Brésil 1989, Bernie Ecclestone a rompu le contrat qui liait la Formule 1 au circuit de Jacarepaguá. La municipalité de Rio de Janeiro n'avait en effet pas les fonds nécessaires pour entamer la nécessaire réfection de l'autodrome, et ce bien qu'elle n'hésitait pas à taxer à outrance le paddock au fur et à mesure des éditions. Pour prendre le relais, Ecclestone discute avec Brasília avant de finalement se tourner vers São Paulo, la ville natale d'Ayrton Senna, ce qui promet un grand succès populaire. L'épreuve se disputera sur le vieux tracé d'Interlagos qui a déjà accueilli le GP du Brésil de 1972 à 1980. La municipalité entame durant l'hiver 1989-1990 des travaux pharaoniques: infrastructures ultra-modernes, hôpital de campagne, stands, salle de presse et bien sûr tracé, tout est flambant neuf lorsque débarque fin mars le « F1 Circus ». Shell et Chevrolet ont financé la quasi-totalité des dépenses qui s'élèvent à vingt millions de dollars.

 

Certes raccourci de huit à quatre kilomètres, Interlagos conserve ses caractéristiques originelles. Avec un relief très prononcé et de terribles courbes, il tourne à gauche et sollicite l'endurance et la dextérité des pilotes. « C'est un circuit d'hommes » déclare Philippe Alliot. Les ouvriers brésiliens ont cependant manqué de temps pour parachever leur ouvrage. Le drainage du bitume laisse à désirer et les pilotes déplorent que le mur soit placé trop près de la piste dans le grand gauche de l'étang, qui a été conservé mais redessiné.

 

Ce Grand Prix se déroule dans un contexte économique très perturbé pour le Brésil. Afin de juguler l'inflation galopante (2000 % par an !), le nouveau président Fernando Collor de Mello décide de bloquer tous les comptes en banque du pays et de n'autoriser que les retraits de très petites sommes. Par ailleurs, il interdit de sortir le moindre cruzeiro du territoire brésilien ! C'est une calamité pour les écuries qui arrivent dans le pays en espérant des avances d'argent local. Leurs cartes de crédit ne fonctionnent pas. Elles ne peuvent changer leurs dollars qu'au compte-gouttes, et à un taux arbitraire qui place la chambre d'hôtel à 500 $ la nuit ! De plus, l'obole que doivent verser les organisateurs à la FOCA est bloquée en banque pour dix-huit mois. Bernie Ecclestone et le promoteur Tamas Rohonyi obtiennent une entrevue avec le président Collor de Mello qui leur refuse poliment toute dérogation.

 

La galaxie Senna

Le retour à São Paulo est une excellente nouvelle pour Ayrton Senna, l'enfant du pays, qui y est considéré comme un dieu vivant. Avant l'épreuve, il s'offre quelques jours de repos à Andra dos Reis, une île près de Rio, en compagnie de Gerhard Berger. Au programme: parties de pêche, plongée sous-marine, ski nautique et de nombreuses tranches de rigolade. L'espiègle Gerhard parvient à défiger le taciturne Ayrton. Une solide amitié est en train de naître entre les deux équipiers. Plus fin psychologue que Prost, Berger a en effet compris qu'il ne servait à rien de braquer Senna et qu'une réelle sensibilité se cache sous le masque du guerrier mystique.

 

Cette épreuve est d'autant plus importante pour Senna qu'il n'est jamais parvenu jusqu'ici à remporter son Grand Prix national. Une malédiction qu'il entend bien conjurer cette saison. Afin de pas être trop étouffé par l'immense ferveur populaire qui l'entoure, il ne quitte guère son petit noyau familial, ses parents Milton et Neyde, sa sœur Viviane et son jeune frère Leonardo. Depuis la disparition d'Armando Botelho Teixeira, c'est Milton Senna da Silva qui gère principalement les affaires de son fils via la société de promotion Ayrton Senna Promoções e Empreendimentos Ltda. Mais Interlagos revêt aussi pour son fils une importance symbolique et sentimentale, car c'est ici qu'il effectua ses débuts en karting et remporta sa première course dans cette discipline, le 1er juillet 1973. Cette même année, il assista aussi au GP du Brésil, remporté par celui qui allait devenir son mentor et ami, Emerson Fittipaldi, un autre authentique Paulista.

 

Ron Dennis s'attaque à Ferrari

La tension grimpe d'un cran entre McLaren et Ferrari peu avant ce Grand Prix. Les séquelles d'Estoril et de Suzuka 89 ne sont en effet pas apaisées. Profitant de la débâcle des 641 à Phoenix, et croyant un peu vite le championnat déjà gagné pour son équipe, Ron Dennis s'en prend violemment à la Scuderia. Il accuse Cesare Fiorio d'avoir débauché Steve Nichols en lui proposant une somme mirobolante (deux millions de dollars) qui aurait été en partie versée en pot-de-vin ! « Je ne veux pas qu'on dise que Nichols a quitté McLaren, c'est faux, il est parti pour l'argent », affirme-t-il. « La même chose s'était déjà produite avec Barnard. Ce n'est pas correct, mais l'argent ne remplace pas le savoir-faire... » Dennis digère d'autant plus mal cette défection que son staff technique est peu à peu déserté. Il avait ainsi confié à Nichols le développement de la future MP4/6 à moteur V12 Honda. Neil Oatley prend le relais. A charge pour lui de capturer les jeunes ingénieurs fraîchement sortis de l'université. Quant à Gordon Murray, il se consacre dorénavant à la conception d'une voiture de sport sous le label de McLaren Cars.

 

Enfin, Dennis critique aussi Alain Prost: « Il aurait dû prendre une année sabbatique, comme je lui proposais en offrant un million de dollars pour ne pas courir pendant un an. Prost est au sommet depuis dix ans en F1 et a toujours subi d'énormes pressions. Cela lui aurait permis de faire le point, de mettre de l'ordre dans sa vie privée et de récupérer de la fatigue psychologique accumulée durant ces années. » Un argumentaire qui ne convainc pas grand-monde, et certainement pas le principal intéressé...

 

Ces déclarations fracassantes suscitent la réprobation de Jean-Marie Balestre et de Bernie Ecclestone qui tous deux se méfient de plus en plus de Dennis. En effet, celui-ci a récemment remis en question le mode de répartition des droits TV. Or on sait qu'Ecclestone prévoit de nouveaux amendements aux Accords Concorde. Dans l'ombre, le dirigeant de McLaren tente de monter une coalition britannique pour peser sur les futures négociations. Mais ses collègues ne le suivent pas. Par ailleurs, s'il se montre si virulent envers Ferrari, c'est que le bruit court que Senna aurait rencontré secrètement Cesare Fiorio. Il n'en faut pas plus pour que Dennis s'imagine que son champion, dont le contrat s'achève à la fin de l'année, veuille lui aussi filer chez Ferrari. En tout cas, il montre qu'il ne néglige pas l'avenir. A São Paulo, il s'entretient pendant près de deux heures avec Jean Alesi, la nouvelle perle dont la cote est montée en flèche depuis Phoenix. Il lui demande de ne signer aucun contrat sans le prévenir. Dennis se montre ici bien audacieux car Ken Tyrrell, l'actuel employeur d'Alesi, est aussi son allié le plus sûr dans l'opposition à Ecclestone au sein de la FOCA.

 

Présentation de l'épreuve

Gérard Larrousse se fait des cheveux gris depuis longtemps, mais il s'inquiète de plus en plus à l'idée de perdre son partenariat avec Lamborghini. Daniele Audetto l'a en effet prévenu que Chrysler comptait réduire la présence de la firme bolognaise. Or Mauro Forghieri est justement en train de dessiner une monoplace « 100 % Lamborghini » financée par le consortium mexicain Glas dirigé par le businessman Francesco Gonzales Luna. Cette « Lambo-Glas » doit faire ses débuts en 1991 et, si Lamborghini fournit toujours son V12 à Lotus, Larrousse sera donc de trop...Pour e rien arranger, Yannick Dalmas a porté plainte contre son ancienne écurie pour « rupture abusive de contrat ». Le Varois réclame des dommages et intérêts à un Larrousse excédé.

 

A peine remis de son accident de bicyclette, Alex Caffi récupère le volant de son Arrows même il souffre toujours au niveau des cervicales. Emmanuele Pirro se remet doucement de son hépatite et prête une seconde fois sa Dallara à Gianni Morbidelli.

 

Les problèmes financiers de Brabham paraissent s'estomper grâce à la manne de Middlebridge. Cependant Gregor Foitek ne devrait pas aller au-delà de son contrat de deux Grands Prix. Son remplaçant à compter du GP de Saint-Martin sera David Brabham, le fils cadet de Sir Jack et le champion d'Angleterre de Formule 3 en titre.

Minardi se sépare de son aérodynamicien en chef, Nigel Cowperthwaite, en partance pour la Scuderia Italia et remplacé par le Néerlandais René Hilhorst. Celui-ci sera chargé avec Aldo Costa de préparer la future machine équipée du V12 Ferrari.

Suite aux différentes pannes de Phoenix, la Ferrari 641 reçoit de nouveaux embrayages. Le Team Lotus travaille beaucoup entre Phoenix et São Paulo sur sa rétive 102. Le refroidissement du moteur et de la boîte est amélioré, ainsi que le démarreur. AGS remonte une suspension conventionnelle à deux ressorts sur ses JH24 qui se comportent du coup beaucoup mieux. Mais ce qui pose question, c'est le gros point d'interrogation dessiné sur la carrosserie noire de la lourde monoplace gonfaronnaise. Ce signe est une idée originale du couturier Ted Lapidus qui a placé quelques billes dans l'équipe.

 

Essais et qualifications

La pluie s'invite dans la nuit du jeudi au vendredi, ce qui contraint les malheureux coureurs soumis aux pré-qualifications à se hasarder sur une piste humide durant la première demi-heure. Ils peuvent ensuite chausser des slicks. Peu de surprises néanmoins. Les Lola-Lamborghini de Bernard et de Suzuki occupent le haut de la feuille des temps devant l'Osella de Grouillard. Dalmas arrache avec son AGS la dernière place qualificative aux dépens de son équipier Tarquini. Les Eurobrun de Moreno et du pauvre Langes, totalement « largué » par son équipier, sont éliminées. La Coloni-Subaru de Gachot manque de mise au point et tourne à onze secondes des Lola. Quant à la Life de G. Brabham, elle coule une bielle avant d'avoir pénétré sur la piste...

 

Les McLaren-Honda sont intouchables lors des séances d'essais qualificatifs. Senna réalise sa quarante-troisième pole position (1'17''277''') avec six dixièmes de seconde d'avance sur Berger. Les Williams-Renault de Boutsen et de Patrese monopolisent la seconde ligne et apparaissent en verve, bien qu'elles concèdent près d'une seconde aux McLaren. Nouvelle déception pour Ferrari: ni Mansell (5ème) ni Prost (6ème) ne tirent un bon parti de leurs pneus de qualification. Alesi (7ème) réalise encore une fois une superbe performance: il est premier des V8 et des pneus Pirelli. Nakajima (19ème) se borne lui à découvrir ce tracé. Martini (8ème) met en évidence sa Minardi malgré plusieurs incidents (perte d'une roue, coque endommagée...) et devance nettement Barilla (17ème).

 

De Cesaris se classe neuvième avec sa Dallara. Morbidelli (16ème) décroche sa première qualification malgré deux tête-à-queue. Bonne prestation d'Alliot, dixième au volant de la Ligier-Ford. Larini (20ème) ne parvient pas en revanche à faire chauffer ses pneus. Les Lola-Lamborghini (Bernard 11ème, Suzuki 18ème) sont rapides mais subissent plusieurs pannes. Les Brabham-Judd ne brillent pas. Modena est douzième, Foitek, qui sort à nouveau de la route, vingt-deuxième. Les Benetton-Ford (Piquet 12ème, Nannini 15ème) sont victimes d'un violent survirage. Les essais sont fertiles en pannes diverses chez Lotus. Si Donnelly arrache une satisfaisante quatorzième place, Warwick (24ème) est constamment aux prises avec sa pompe à essence. Grouillard place son Osella sur le 21ème rang. Les Arrows (Alboreto 23ème, Caffi 25ème) ont une meilleure tenue de route qu'à Phoenix mais leur fiabilité est désastreuse. Dalmas (26ème) offre à AGS sa première qualification depuis le GP de Grande-Bretagne 1989. « C'est le maximum que nous pouvions espérer » déclare le jeune Français, épuisé mais ravi.

 

Les Onyx de Johansson et de Lehto, frappées par des ruptures de cardans et de freins, sont éliminées, tout comme les Leyton House-Judd de Capelli et Gugelmin qui ne tiennent toujours pas la route. Adrian Newey doit revoir entièrement sa copie...

 

Le Grand Prix

Le beau temps et surtout le public sont au rendez-vous pour ce retour de la Formule 1 à São Paulo. Malgré la crise économique, la plupart des billets ont été vendus à l'avance. Espoir chez Ferrari: Prost signe le meilleur chrono du warm-up devant Senna. Goodyear chausse tout le monde pneus « C » tendres, sauf Nannini qui opte pour les « B » plus durs. Pirelli monte des « 88 » tendres sur les Tyrrell et les Brabham et des « 93 » durs sur ses autres bolides.

 

Départ: Senna conserve la tête devant Berger. Boutsen est troisième tandis que Prost et Mansell passent devant Patrese. Derrière, Alesi aperçoit un trou de souris entre de Cesaris et Patrese. Il harponne la Dallara qui part en tête-à-queue et atterrit sur l'ancienne piste, désormais transformée en bac à graviers. De Cesaris abandonne. Nannini entre en contact avec Morbidelli.

 

1er tour: Senna mène devant Berger, Boutsen, Prost, Mansell, Patrese, Alesi, Martini, Modena et Bernard. Nannini fait halte chez Benetton pour changer de museau. Morbidelli stoppe lui chez Dallara où l'on s'aperçoit que du sable obstrue ses coulisses de gaz. Les mécaniciens commencent à les nettoyer.

 

2e: Berger met la pression sur le héros national et reste dans ses échappements.

 

3e: Les McLaren ne parviennent pas à fuir car Boutsen leur mène un train d'enfer.

 

4e: Senna, Berger et Boutsen se tiennent en moins de deux secondes. Les Ferrari restent à distance pour le moment.

 

5e: Senna mène devant Berger (0.6s.), Boutsen (1.3s.), Prost (3.3s.), Mansell (4.7s.) et Patrese (6.3s.).

 

6e: Senna se donne un matelas d'un peu plus d'une seconde sur Berger et Boutsen. Morbidelli reprend la course avec cinq boucles de retard.

 

8e: Boutsen dépasse Berger au freinage du S et s'empare de la seconde place. Galvão Bueno, le fameux commentateur de TV Globo, explose de joie car Thierry est un grand ami de Senna. Alboreto et Grouillard bataillent au premier freinage. Le Français se place à l'extérieur et se rabat devant le Milanais qui freine très tard. Sa roue arrière-gauche heurte la roue avant-droite de l'Arrows. L'Osella décolle et atterrit dans les graviers. Grouillard doit renoncer mais Alboreto peut continuer

 

10e: Senna est premier devant Boutsen (3.1s.), Berger (5.3s.), Prost (5.9s.), Mansell (8.1s.), Patrese (11.3s.), Alesi (18.3s.), Martini (20.8s.), Modena (22.3s.), Piquet (26.2s.) et Alliot (27.8s.).

 

12e: Senna s'échappe pendant que Berger laisse filer Boutsen. Prost suit aisément le rythme de la seconde McLaren, ce que ne parvient pas à faire Mansell. Ce dernier voit sa commande de barre antiroulis avant se dévisser.

 

13e: Senna a trois secondes de marge sur Boutsen. Prost se rapproche dangereusement de Berger.

 

14e: Bernard renonce après avoir perdu ses cinquième et sixième rapports. Foitek quitte aussi l'épreuve à cause d'une panne de transmission. Warwick monte des pneus neufs.

 

16e: Quatre secondes séparent Senna et Boutsen. Prost n'est plus qu'à une seconde de Berger.

 

17e: Prost est assez près de Berger pour prendre son aspiration. Il lui fait l'intérieur au bout de la longue pleine charge et s'empare de la troisième place.

 

18e: Modena et Piquet continuent leur bataille du Grand Prix des États-Unis. Le triple champion du monde double l'Italien sur la ligne de chronométrage. Doublé par Donnelly et menacé par Nakajima, Alliot sort dans la poussière. Il retrouve la piste péniblement et chute au vingtième rang.

 

20e: Senna mène toujours devant Boutsen (3.7s.), Prost (6.4s.), Berger (8.1s.), Mansell (10.7s.), Patrese (13.9s.), Alesi (31.3.), Martini (38.7s.), Piquet (41.4s.) et Modena (43.8s.).

 

22e: Senna paraît intouchable. Il n'en va pas de même de Boutsen qui voit Prost grignoter peu à peu son retard.

 

24e: Prost est à une seconde et demie de Boutsen dont les pneus sont usés. Le Belge concède cinq secondes à Senna. Suzuki renonce suite à la rupture d'un point d'attache de suspension. Alboreto abandonne aussi. Un de ses amortisseurs s'est dévissé suite à la collision avec Grouillard.

 

25e: Berger fait la jonction avec Prost. Morbidelli exécute un tête à queue dans le premier S mais parvient à repartir.

 

26e: Senna précède Boutsen (6s.), Prost (7.8s.), Berger (8.6s.), Mansell (12s.) et Patrese (17s.). Piquet est aux trousses de Martini. Warwick renonce suite à un court-circuit.

 

27e: Prost signe le meilleur chrono provisoire (1'21''130'''). Mansell arrive aux stands pour chausser des pneus neufs. Ses mécanos tentent de réparer sa barre antiroulis, sans succès. Pis, il s'aperçoit qu'il ne peut pas enclencher la première ! Il change en catastrophe de volant, et donc de sélecteur de vitesses, et redémarre après vingt-cinq secondes d'arrêt. Piquet déborde Martini. Changement de pneus pour Larini.

 

28e: Prost prend un peu d'avance sur Berger qui bute sur des retardataires. Dalmas renonce après un bris de point d'attache de suspension. Il occupait la seizième place.

 

29e: Boutsen arrive aux stands en sur-vitesse, alors que ses freins fonctionnent mal. Il percute un pneu tenu par l'un de ses mécaniciens et endommage ainsi son aileron avant. Fort heureusement le préposé n'est pas blessé. Mais Thierry perd une minute en réparations et ne ressort qu'au onzième rang.

 

30e: Senna est premier avec neuf secondes d'avance sur Prost.

 

31e: Prost observe son changement de gommes. Lorsqu'il repart, il manque d'être télescopé par Donnelly qui survient trop vite. Il reprend sa route en quatrième position. Quant à l'Irlandais, il cale après avoir pris des pneus frais et perd du temps.

 

32e: Senna s'arrête aux stands pour chausser un jeu de Goodyear neufs. Il cède le commandement à Berger. Piquet prend la sixième place à Alesi. Caffi passe aussi aux stands.

 

33e: Patrese part en tête-à-queue à la sortie de Subida do Lago et atterrit dans le sable. Par bonheur, il ne cale pas et peut retrouver le circuit. Prost est passé entretemps.

 

34e: Berger, qui ne s'est pas arrêté aux stands, mène devant Senna (10.9s.), Prost (22.9s.), Patrese (23.8s.), Piquet (43s.) et Alesi (44.6s.). Mansell prend le meilleur sur Martini.

 

35e: Changement de pneus pour Berger. L'Autrichien repart en quatrième position. Senna retrouve le commandement.

 

36e: Senna possède douze secondes de marge sur Prost. Patrese est troisième à vingt-cinq secondes et avec un arrêt de moins. Berger le pourchasse. Piquet passe chez Benetton pour changer d'enveloppes en sept secondes. Il redémarre en neuvième position.

 

37e: Senna mène devant Prost (12.4s.), Patrese (17.9s.), Berger (18.2s.), Alesi (42.1s.), Mansell (44.2s.), Martini (48s.), Modena (58s.), Piquet (1m. 04s.) et Boutsen (1m. 07s.).

 

38e: Patrese observe son changement de pneus et reprend la piste au sixième position.

 

39e: C'est au tour d'Alesi de prendre quatre nouvelles roues. Le Français rentre dans le rang derrière Patrese.

 

40e: Barilla est contraint à l'abandon après avoir cassé une soupape. Il était treizième. Modena part en tête-à-queue dans la portion sinueuse et cale dans le gazon. C'est fini pour lui.

 

41e: Senna s'apprête à prendre un tour à Nakajima au virage de Cotovelo et choisit pour cela la trajectoire intérieure. Le Japonais s'écarte mais roule alors sur des débris de gomme. Il glisse et braque devant la McLaren. Senna ne temporise pas. C'est le choc. La McLaren perd son aileron avant contre la Tyrrell. Le Pauliste regagne son stand pour changer de moustache et perd vingt-six secondes dans cette mésaventure, puis repart troisième, la rage au cœur. Voici Prost en tête. Boutsen dépasse Piquet.

 

42e: Patrese prend l'avantage sur Mansell et récupère la quatrième place.

 

43e: Prost mène devant Berger (4.4s.), Senna (31.8s.), Patrese (35s.), Mansell (35.6s.) et Alesi (37.2s.).

 

44e: Boutsen prend la septième position à Martini. Mal assis dans son cockpit, Donnelly effectue un tête-à-queue et ne parvient pas à relancer son moteur.

 

45e: Prost accroît son rythme. Sept secondes le séparent de Berger.

 

47e: Prost enchaîne les meilleurs tours et repousse Berger à onze secondes.

 

49e: Boutsen est sur les talons d'Alesi. Piquet s'arrête aux stands car ses pneus avant sont cloqués. Il repart avec un train de gommes neuves en onzième position.

 

50e: Prost mène devant Berger (11.2s.), Senna (31.9s.), Patrese (37.7s.), Mansell (38.6s.), Alesi (59.5s.), Boutsen (1m.), Martini (1m. 15s.), Nakajima (-1t.), Nannini (-1t.) et Piquet (-1t.).

 

51e: Boutsen trouve l'ouverture sur Alesi et prend ainsi la sixième place.

 

53e: Senna a repris quelques secondes à Berger. Martini observe un très tardif changement de gommes et perd ainsi trois places. Caffi souffre de son épaule endolorie et préfère renoncer avant d'avoir un accident. Il n'était qu'avant-dernier.

 

54e: Piquet s'empare de la neuvième position aux dépens de Nannini qui n'a pas remplacé ses pneus.

 

55e: Berger réalise le meilleur temps de la course (1'19''899'''). Son retard sur Prost se stabilise à onze secondes. Senna est à dix-sept secondes de son équipier. Patrese et Mansell continuent à se battre pour la quatrième place.

 

57e: Prost conclut son tour le plus rapide de la journée (1'20''010''') et prend un tour à Alesi.

 

58e: Encore mal installé dans son étroit habitacle, Berger ressent une douleur au pied droit et baisse sa cadence. Piquet dépasse Nakajima et se lance maintenant aux trousses d'Alesi.

 

60e: Prost devance Berger (14.2s.), Senna (31.4s.), Patrese (40.8s.), Mansell (42.1s.), Boutsen (1m. 13s.), Alesi (-1t.), Piquet (-1t.), Nakajima (-1t.), Nannini (-1t.) et Martini (-1t.).

 

62e: Berger rencontre quelques soucis d'embrayage et perd tout espoir de menacer Prost. Celui-ci n'est pourtant guère plus serein car il souffre de crampes d'estomac. Senna est donc maintenant le plus rapide des trois premiers.

 

63e: Une fumée suspecte s'échappe de la Williams de Patrese. Ce dernier ralentit. Mansell le double aisément et s'adjuge de la quatrième place. Boutsen est aussi plus prudent car ses freins sont trop chauds.

 

64e: Prost mène devant Berger (14.9s.), Senna (30.9s.), Mansell (43.5s.), Patrese (50.9s.), Boutsen (-1t.), Alesi (-1t.) et Piquet (-1t.).

 

66e: Senna tombe sur du trafic et peine à se défaire de Martini et d'Alesi. Patrese rejoint les stands avec un moteur éteint. Une fuite du radiateur d'huile est probablement à l'origine de cette panne. Alesi grimpe dans les points mais Piquet est dans son sillage.

 

67e: Prost précède Berger (15s.), Senna (33s.), Mansell (46s.), Boutsen (-1t.), Alesi (-1t.), Piquet (-1t.) et Nakajima (-1t.).

 

69e: L'intervalle entre Prost et Berger est de dix-sept secondes. Piquet est dans la roue d'Alesi. Sa motivation est aiguisée par le fait qu'un petit point doit lui rapporter quelques milliers de dollars...

 

70e: Piquet prend l'avantage sur Alesi au premier freinage. Mais le jeune Avignonnais ne baisse pas les bras et reste derrière la Benetton. Nannini est victime d'une crevaison. Ses pneus durs n'auront finalement pas tenu toute la distance, et le Siennois renonce à un tour du but.

 

71e: Alesi repasse devant Piquet au début de cette ultime boucle. Mais les pneus Pirelli de la Tyrrell se sont dégradés. Celle-ci survire excessivement dans la remontée vers les stands. Piquet la déborde et s'empare in extremis de la sixième place.

 

Alain Prost remporte son quarantième Grand Prix, son premier pour le compte de Ferrari. Berger termine second devant un Senna extrêmement déçu. Mansell finit quatrième mais n'a jamais été « dans le coup ». Le malchanceux Boutsen ramène deux points pour Williams-Renault. Piquet a délivré une splendide prestation récompensée par un point. Alesi échoue à la septième place. Nakajima, Martini, Larini, Alliot et Morbidelli rallient aussi l'arrivée.

 

Après la course: les larmes de Senna... et de Prost

Sur le podium, Alain Prost reçoit le premier les félicitations du président Collor de Mello. Gerhard Berger, qui peine encore à faire tenir sa grande carcasse dans la McLaren, marche en boitillant tandis qu'Ayrton Senna ne cache pas son désarroi. « Depuis deux ans, il a gagné de nombreuses courses en jouant sur les dépassements, il peut accepter d'en perdre une à cause d'eux ! » raille Prost. Et pourtant, « Magic » est au bord des larmes. Il n'a toujours pas remporté le Grand Prix du Brésil et croit avoir le mauvais œil. Satoru Nakajima se fait tout petit: « Je me suis rangé sur la gauche de la piste dès que j'ai vu les drapeaux bleus », raconte-t-il. « Cette portion était très sale. J'ai glissé au moment où Ayrton passait. Dites-lui bien que j'en suis désolé, que ce n'était pas intentionnel. » Mais Senna n'en veut même pas à son ex-équipier. Il sait qu'il a aussi péché par optimisme. Il rejoint sa famille qui a la lourde charge de remonter son moral.

 

« Nous venons de perdre mais nous ne sommes pas battus ! » fanfaronne pourtant Ron Dennis. Certes, la McLaren-Honda semble encore supérieure à la Ferrari, mais Prost affirme qu'il avait les moyens d'aller chercher Senna avant l'accident de celui-ci. Le Français se délecte de cette revanche sur son ennemi et son ancienne écurie. Il éclate même en sanglots dans les bras de Cesare Fiorio. « C'est l'émotion nerveuse ! » se justifie-t-il. « Après les polémiques de ces derniers jours, cette victoire ne pouvait me faire davantage plaisir. Dennis a tenu à passer une nouvelle couche sur l'état de nos relations, que je pensais rétablies dans le bon sens. Je me demande qui possède la plus épaisse. C'est inacceptable et inopportun. Cette quarantième victoire - il faut le faire non ? - est mon cadeau de bienvenue à Ferrari. J'espère qu'il y en aura d'autres, mais il nous faut combler notre petit handicap de puissance qui nous sépare encore des McLaren. » Il ne se fait aucune illusion sur la difficulté de sa tâche. « Travailler chez Ferrari est quelque chose de particulier », admet-il. « Dès que les résultats ne correspondent pas aux attentes des Italiens, ceux-ci ne comprennent plus, ou ne veulent pas comprendre. C'est un peu difficile à vivre. Les gens de l'extérieur empêchent ceux de l'intérieur de faire correctement leur boulot. Les Anglais ne subissent pas cette pression. »

 

Enfin, si Jean-Marie Balestre a bravé les Brésiliens en se déplaçant à Interlagos, il n'a pas osé paraître sur le podium. « Je n'avais pas à leur donner un prétexte pour me siffler et m'injurier » dit-il à Renaud de Laborderie. Quelques heures plus tard, son avion Air France, dans lequel se trouvent aussi Bernie Ecclestone et Ron Dennis, est immobilisé durant quatre heures à Rio de Janeiro à cause d'une fausse alerte à bombe. « C'est le mauvais tour d'un fanatique de Senna ! » plaisante le président de la FIA. « Cet homme est dangereux » ajoute Ecclestone, pince-sans-rire.

Tony