Alain PROST
 A.PROST
McLaren Honda
Ayrton SENNA
 A.SENNA
McLaren Honda
Alessandro NANNINI
 A.NANNINI
Benetton Ford Cosworth

470. Großer Preis

IX Gran Premio di San Marino
Sonnig
Imola
Sonntag, 23. April 1989
58 Runden x 5.040 km - 292.320 km
Das Rennen war für 61 Runden angesetzt, wurde in Runde 3 wegen eines Unfalls unterbrochen und auf 58 Runden verkürzt.
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Tensions chez McLaren-Honda

Après le GP du Brésil, McLaren procède à d'intenses journées d'entraînement afin d'améliorer la tenue de route de la McLaren MP/5, avec succès semble-t-il. Mais l'ambiance en interne s'altère de jour en jour à cause de la mauvaise humeur d'Alain Prost. Celui-ci s'agace de l'absence d'Ayrton Senna lors d'une séance d'essais à Silverstone. Prost paraît nerveux et crispé. Ses soupçons à l'encontre de Honda sont de plus en plus vifs depuis qu'un haut responsable de la firme nippone lui aurait avoué favoriser Senna qui représenterait « la jeunesse et la fougue ». Ron Dennis tente de le rassurer, en vain. Prost n'a plus confiance en son patron. Les observateurs s'attendent à une déflagration à brève échéance.

 

Néanmoins, les deux rivaux concluent peu avant ce rendez-vous d'Imola un «gentlemen's agreement », à la demande de Senna. Afin d'éviter tout incident fâcheux au cours du premier tour, celui qui partira en tête ne sera pas attaqué par l'autre avant le premier freinage.

 

Le renouveau de Ferrari

Remotivés par la victoire de Nigel Mansell au Brésil, les tifosi remplissent les tribunes du circuit d'Imola, récemment rebaptisé Autodromo Enzo e Dino Ferrari en hommage au fondateur de la Scuderia décédé l'an passé. Mais Cesare Fiorio tient à calmer les ardeurs des fanatiques: « Pas question de recommencer le miracle de Rio. Nous sommes encore en période transition sur la voiture. » La 640 connaît en effet de très nombreux problèmes de mise au point et de fiabilité. La boîte de vitesses électromagnétique se bloque toujours régulièrement. Le V12 est aussi fragile et Fiorio fait venir vingt blocs de Maranello pour ce Grand Prix. Le nouveau président de Ferrari Piero Fusaro, qui a succédé à Vittorio Ghidella au cours de l'hiver, vient à la rencontre de ses troupes, flanqué de Piero Lardi-Ferrari. Il ne fait pas mystère de son objectif: remporter le titre mondial à l'horizon 1990.

 

Enfin, Nigel Mansell est immédiatement adopté par les tifosi qui lui donnent le surnom affectueux d' « Il Leone » (le Lion) en raison de son pilotage flamboyant.

 

Présentation de l'épreuve

Le 17 avril, le Conseil mondial de la FISA se réunit pour une séance de travail regroupant la commission des constructeurs présidée par Max Mosley. Celle-ci propose plusieurs mesures visant à améliorer la sécurité des monoplaces, notamment l'agrandissement des cockpits, l'élévation de l'arceau et le renforcement de la protection des réservoirs. En outre, suite à l'accident de Philippe Streiff au Brésil, la fédération met immédiatement en place un service de contrôle permanent des installations et des dispositifs médicaux.

 

Après son dramatique accident à Jacarepaguá, Philippe Streiff a été rapatrié en France et pris en charge à la Pitié-Salpêtrière par le professeur Gérard Saillant, chirurgien orthopédiste et traumatologue de renom. Malheureusement, le Grenoblois est toujours paralysé. Sa rémission risque d'être très, très longue, si elle survient un jour. Soutenu par sa femme Renée, Streiff garde toutefois le moral et reçoit de nombreux soutiens de la part de ses collègues et amis.

Pour le remplacer, AGS fait appel au jeune Italien Gabriele Tarquini qui avait naguère signé un contrat avec l'écurie morte-née First Racing. C'est une bonne recrue pour la petite écurie varoise car Tarquini fait immédiatement montre d'une grande implication et d'un profond sérieux, qualités essentielles face à l'inexpérience du pauvre Joachim Winkelhock.

 

Herbie Blash quitte la FISA pour devenir directeur-général de Brabham, équipe qu'il a déjà dirigée de 1973 à 1987 sous la responsabilité de Bernie Ecclestone. Son ancien acolyte Charlie Whiting devient donc le premier adjoint de Gabriele Cadringher au sein du département technique de la fédération.

 

Akira Akagi, le président de Leyton House, est finalement allé au bout de ses ambitions en rachetant à Robin Herd l'intégralité du Groupe March pour huit millions de livres. March Racing, March Engineering, l'équipe de F1, celle de F3000, tout passe sous le contrôle du businessman nippon. Par ailleurs, les 881 arborent un nouveau sponsor d'envergure: le pétrolier BP.

 

L'écurie de Gérard Larrousse se transforme suite à l'affaire Didier Calmels. Le nom de celui-ci disparaît. Larrousse assume seul la direction du projet mais Gérard Ducarouge intègre le capital de l'équipe. Ce dernier présente aussi à Imola la Lola-Lamborghini LC89. Cette superbe monoplace possède une coque très fine, des suspensions à poussoirs à l'avant, à tirants à l'arrière. Le V12 Lamborghini est accouplée à une transmission transversale fabriquée par les ateliers de Mauro Forghieri. La gestion électronique est confiée à une centrale Bosch. On peut cependant regretter une livrée multicolore dont le mauvais goût ferait pâlir d'envie Benetton.

 

Tyrrell lance sa nouvelle 018, présente en un seul exemplaire pour Michele Alboreto. Conçue par Harvey Postlethwaite et Jean-Claude Migeot, c'est une monocoque en carbone dépourvue de carrosserie extérieure, effilée à l'extrême. Les pontons sont particulièrement larges. Postlethwaite a aussi dessiné une suspension avant très originale: un seul amortisseur sur lequel s'immiscent un mini-basculeur et deux poussoirs. Contrairement à la 017, la 018 est peinte en bleu foncé, la couleur fétiche de Tyrrell. Mais il n'y a toujours pas le moindre commanditaire à l'horizon...

 

Malgré la disparition des turbos, la consommation d'essence demeure un sujet d'inquiétude pour les écuries à Imola. Exploitant une faille du règlement, Ferrari remet ainsi au goût du jour l'essence réfrigérée. La Scuderia monte de nouvelles soupapes de commande de changement de vitesses, fabriquées en Allemagne chez Mannesmann, pour pallier les nombreux ennuis qui se sont manifestés lors des essais à Rio. Arrows fait agrandir le cockpit d'Eddie Cheever afin que celui-ci soit plus à l'aise dans l'A11. Thierry Boutsen reçoit une Williams FW12C toute neuve tandis que Renault a retouché ses arbres à cames après la panne dont a été victime Riccardo Patrese dans les derniers tours du GP du Brésil.

 

Les pneus de qualification proposés par Goodyear et Pirelli s'avèrent ici inefficaces, ce qui contraint les pilotes à se qualifier avec des pneus de course. Parmi ceux-ci, Pirelli dévoile une nouvelle gamme « médium » tandis que Goodyear se contente de fournir les traditionnelles gommes tendres et dures.

 

Essais et qualifications

La pré-qualification du vendredi matin voit une incroyable série de pannes mécaniques, si bien que les survivants ne sont pas forcément ceux qui ont la voiture la plus rapide, mais la plus fiable. Comme au Brésil, les Brabham se qualifient facilement. Elles précèdent Caffi et Larini. Gachot, Foitek, Ghinzani (ennuis électriques), Johansson (Onyx réparée en hâte suite à un accident à Misano), Winkelhock (commande de boîte cassée), Raphanel (moteur explosé), Suzuki, Schneider (moteurs Yamaha cassés) et Weidler sont éliminés.

 

La séance officielle du vendredi est gâchée par la pluie, ce qui permet au moins aux pilotes de tester les nouveaux pneus sculptés Goodyear ou Pirelli. Berger arrache la pole provisoire à Senna dans les dernières secondes, pour le plus grand bonheur des tifosi.

 

Samedi, le soleil refait son apparition et les choses sérieuses commencent. Les McLaren-Honda remettent les pendules à l'heure en laissant toute concurrence à plus d'une seconde et demie ! Senna réalise sa seconde pole position de la saison, deux dixièmes devant Prost. Les Ferrari de Mansell (3ème) et de Berger (5ème) sont bien placées et rencontrent moins de pannes. Les Williams-Renault de Patrese (4ème) et de Boutsen (6ème) seront leurs principales adversaires. Nannini place sa Benetton au septième rang, très loin devant Herbert (23ème !) qui n'a pas su régler sa monoplace. Piquet est huitième (à trois secondes de la pole) et domine aisément un Nakajima très à l'aise vendredi sous la pluie, mais toujours en retrait sur le sec (24ème...).

 

Les nouvelles Dallara de la Scuderia Italia se mettent en évidence: Caffi est neuvième, de Cesaris seizième. Grouillard réalise un réel exploit en hissant sa Ligier au dixième rang. C'est la meilleure qualification des Bleus depuis 1986 ! En revanche, Arnoux est visiblement très perturbé. Il ne s'entend pas avec Ken Anderson, son nouvel ingénieur. Il sort violemment de la route samedi matin et manque encore sa qualification. Les Minardi-Ford (Martini 11ème, Pérez-Sala 15ème) sont performantes. Larini (14ème) envisage d'inscrire des points avec son étonnante Osella.

 

Dans la colonne des déceptions, on peut inscrire des Arrows peu fiables et très instables (Warwick 12ème, Cheever 21ème) et des March-Judd totalement dépourvues de grip (Capelli 13ème, Gugelmin 19ème). Une cascade de pannes relègue les Brabham de Modena (17ème) et de Brundle (22ème) très loin sur la grille. Tarquini se démène pour amener son AGS au 18ème rang. Les nouvelles Lola-Lamborghini d'Alliot (20ème) et de Dalmas (26ème) ne brillent pas et pêchent par manque de roulage. Enfin, Palmer (25ème) se qualifie au volant de la vieille Tyrrell 017 tandis qu'Alboreto (27ème) est éliminé avec la nouvelle 018 qui sous-vire horriblement. Danner (embrayage cassé) et Moreno (vieille Coloni dépassée) sont les autres recalés du samedi après-midi.

 

Le Grand Prix

Le warm-up est pour les McLaren l'occasion d'une nouvelle démonstration. Prost réalise le meilleur chrono devant Senna. Palmer prend en main la Tyrrell 018 abandonnée par Alboreto. Beaucoup de modifications ont été apportées durant la nuit pour améliorer la tenue de route. L'Anglais étonne en signant à son volant le huitième chrono. « C'est une voiture d'une autre classe que la précédente ! » s'exclame-t-il.

 

Le ciel est dégagé mais l'atmosphère fraîche pour ce premier Grand Prix européen de l'année. Les tifosi se massent dans les tribunes et brandissent des banderoles à la gloire de Mansell et de Berger. Panique chez Larrousse: Alliot revient aux stands à l'issue de sa boucle d'installation. Son moteur refuse de prendre des tours. Quant à Dalmas, il ne partira pas du tout car arrivé sur la grille son V12 Lamborghini refuse de démarrer. Tous les pilotes chaussés par Goodyear prennent des pneus tendres C. Ceux fournis par Pirelli chaussent les pneus médiums car la gomme tendre italienne ne peut pas tenir la distance...

 

Départ: Senna et Prost s'envolent très bien. Le Brésilien vire en tête à Tamburello devant son équipier. Suivent Mansell, Patrese, Berger et Boutsen.

 

1er tour: Mansell attaque Prost avant la courbe Villeneuve, mais le Français conserve sa position. Senna mène devant Prost, Mansell, Patrese, Berger, Boutsen, Capelli, Nannini, Piquet et Warwick.

 

2e: Les deux McLaren-Honda s'envolent. Après s'être fait dépasser par Nannini, Capelli perd le contrôle de sa March à Rivazza et atterrit dans les graviers. C'est l'abandon pour l'Italien.

 

3e: Senna devance Prost (2.5s.), Mansell (6.2s.), Patrese (7s.), Berger (7.4s.), Boutsen (8.1s.) et Nannini (9s.).

 

4e: Tout à l'entrée de Tamburello, quelque chose se brise sur la voiture de Berger, probablement un morceau d'aileron. La Ferrari file tout droit et percute le mur de plein fouet à près de 270 km/h. Le choc est effroyable. Le bolide déchiqueté exécute plusieurs tours sur lui-même avant de prendre feu, le réservoir ayant crevé. L'image est affreuse, mais heureusement les secours sont immédiatement sur place. Il ne leur faut que quatorze secondes pour éteindre l'incendie. Reste à évacuer Berger qui gît dans son épave. La course est interrompue par le drapeau rouge.

 

Les secouristes évacuent Berger en une dizaine de minutes. Le Dr. Watkins et trois de ses collègues italiens supervisent les opérations. Le pilote autrichien est choqué mais conscient. Il respire à peu près normalement et se plaint de sévères brûlures aux mains. La cellule de survie a par bonheur absorbé une bonne partie du choc. Berger est transporté au centre médical du circuit, bientôt assiégé par une foule de curieux refoulés par les carabineri. Hans Berger, son père, parvient tout de même à l'approcher, ainsi que Cesare Fiorio et Nigel Mansell. Berger est très agité et une infirmière doit lui administrer une piqûre anesthésiante. Il est ensuite héliporté vers l'hôpital Maggiore de Bologne. Les premières nouvelles sont rassurantes. Gerhard ne souffrirait que de blessures superficielles, et ses jours ne sont pas en danger.

 

Pendant ce temps-là, les pilotes se préparent pour un second départ. La course va être divisée en deux manches. Le classement se fera donc par addition des temps. En outre la distance totale est réduite à 58 tours.

 

Trois voitures nécessitent des réparations: la Dallara de Caffi et la Williams de Boutsen, victimes de crevaisons, ainsi que la Ligier de Grouillard qui a un carénage inférieur faussé et l'aileron avant cassé. Or le règlement stipule que sous régime de drapeau rouge les bolides peuvent être réparés dans la mesure où les mécaniciens ne touchent ni aux pneus ni aux roues. Il est donc clair que Caffi et Boutsen ne peuvent pas changer de gommes. Le cas de Grouillard est plus délicat puisque, pour pouvoir accéder au carénage, les mécanos français doivent retirer une roue. Finalement John Corsmit, le commissaire sportif international, autorise les réparations, sous-entendu après le second départ... ce qu'il omet de préciser ! Caffi, Boutsen et Grouillard se placent donc dans l'illégalité.

 

Par ailleurs, Corsmit et Roland Bruynseraede décident que la seconde manche commencera au quatrième tour alors qu'il est écrit dans le règlement que, dans le cas présent, la première manche s'achève à la fin de l'avant-dernier tour parcouru. Donc c'est le classement de la seconde boucle qui devrait être pris en compte pour déterminer la nouvelle grille, et non celui de la troisième...

 

Le Grand Prix reprend après quarante minutes d'interruption. Les pilotes se garent sur la grille dans l'ordre suivant: Senna, Prost, Mansell, Patrese, Nannini, Piquet, Warwick, Grouillard, Larini, de Cesaris, Martini, Tarquini, Modena, Cheever, Herbert, Gugelmin, Nakajima, Brundle, Pérez-Sala et Palmer. Boutsen et Caffi s'élancent depuis les stands, ainsi qu'Alliot qui n'était pas parvenu à démarrer au premier départ.

 

Deuxième départ: Prost prend l'avantage sur Senna tandis que Mansell se fait déborder par Patrese et Nannini.

 

4e: Dans Tamburello, Senna se place dans le sillage de Prost, prend l'aspiration et le déborde à Tosa. Ce faisant il viole le « pacte de non-agression » qu'il aurait conclu avec son équipier. Prost est furieux. En piste, Senna mène devant Prost, Patrese, Nannini, Mansell, Piquet, Warwick et de Cesaris. Mais le classement officiel est le suivant: Senna premier devant Prost, Mansell, Patrese, Nannini, Piquet, Warwick, Boutsen, de Cesaris et Larini. Alliot fait quelques mètres avant d'abandonner. Un lot de bougies défectueuses est l'origine des maux du moteur Lamborghini.

 

5e: Grouillard reçoit le drapeau noir car la direction de course estime que ses mécaniciens ont illégalement effectué des réparations durant l'interruption. Guy Ligier s'emporte. Pourquoi une telle sanction ne frappe-t-elle pas également Boutsen et Caffi ?

 

6e: Senna et Prost creusent un écart abyssal sur la concurrence. Mansell dépasse Nannini, ce qui ne change rien au classement officiel.

 

7e: Herbert grimpe dans la hiérarchie et occupe maintenant le treizième rang. Boutsen se fraie aussi un chemin dans le peloton. Martini revient à son stand avec un problème de boîte de vitesses. Il repartira pour une seule boucle avant de renoncer.

 

8e: Senna possède en piste une seconde d'avance sur Prost, quatre secondes et demie au classement par addition.

 

9e: Mansell se rapproche dangereusement de Patrese. Au classement officiel il est cependant devant l'Italien.

 

10e: Senna devance Prost (4.5s.), Mansell (18.5s.), Patrese (20s.), Nannini (28s.), Piquet (36s.) et Warwick (39s.).

 

11e: Huitième au classement, Boutsen prend en piste la dixième place à Herbert.

 

12e: Prost est plus rapide que Senna et roule en 1'28''849'''. Patrese prend un peu de champ sur Mansell.

 

13e: Prost améliore son meilleur chrono (1'28'646''') et maintient la pression sur Senna: il n'a qu'une seconde de retard sur le Brésilien en piste, quatre secondes officiellement.

 

15e: Senna mène devant Prost (3.3s.), Mansell (24.8s.), Patrese (25.5s.), Nannini (36.9s.), Piquet (44.4s.), Warwick (47s.), Boutsen (56s.), Larini (1m. 02s.) et Cheever (1m. 04s.). Neuvième sur le circuit, Herbert occupe en réalité le onzième rang.

 

16e: Prost est maintenant dans les roues de Senna mais celui-ci verrouille toutes les ouvertures.

 

18e: Prost reste derrière Senna comme Mansell demeure dans le sillage de Patrese. Nakajima s'arrête à son stand avec une batterie à plat. Il ne redémarre que dix minutes plus tard.

 

19e: Tarquini, de Cesaris, Modena, Palmer, Brundle et Caffi roulent en peloton serré, mais ces positions ne reflètent pas la réalité puisqu'en fait Caffi les précède tous, excepté son équipier.

 

20e: A la poursuite de de Cesaris, Modena perd le contrôle de sa Brabham dans la descente vers Rivazza. Il heurte de plein fouet le muret extérieur, à haute vitesse, avant de finir sa course dans les graviers. Le jeune Italien est heureusement parfaitement indemne.

 

21e: Senna devance Prost (3.3s.), Mansell (29.5s.), Patrese (29.7s.), Nannini (44s.), Piquet (52.2s.), Warwick (54.4s.), Boutsen (1m.), Cheever (1m. 13s.), Larini (1m. 14s.) et Herbert (1m. 21s.).

 

22e: Patrese ralentit soudainement à Rivazza et laisse passer Mansell. Il est à nouveau victime d'une rupture d'arbre à cames et n'ira pas plus loin. Gugelmin s'arrête aux stands suite à une crevaison. Il a roulé sur des débris de la voiture de Modena.

 

24e: Senna et Prost sont maintenant aux prises avec les retardataires. Mansell casse sa boîte de vitesses semi-automatique et stoppe dans l'herbe. Il n'y aura pas de second miracle consécutif pour Ferrari. Brundle observe un changement de pneus. Comme prévu, les Pirelli s'usent trop rapidement.

 

25e: Senna est premier devant Prost (4.1s.), Nannini (51.5s.), Piquet (1m.), Warwick (1m. 02s.), Boutsen (1m. 04s.), Cheever (1m. 23s.) et Larini (1m. 34s.).

 

27e: Senna reprend du champ sur son coéquipier à la faveur du dépassement des attardés. Nannini est relégué à plus de cinquante secondes.

 

28e: Au classement général, Boutsen prend la cinquième place à Warwick dont le moteur émet un bruit strident. L'Anglais a en effet perdu un échappement.

 

29e: Prost réagit à l'échappée de Senna et tourne en 1'28''066'''.

 

30e: Piquet stoppe sa Lotus avant Tamburello, moteur éteint. Senna précède Prost (5.2s.), Nannini (1m. 01s.), Boutsen (1m. 13s.), Warwick (1m. 16s.), Cheever (1m. 36s.), Larini (1m. 46s.), Herbert (-1t.), Tarquini (-1t.) et Caffi (-1t.).

 

32e: Herbert part en tête-à-queue à Tosa. Grâce aux commissaires de course, sa Benetton est remise dans le bon sens, mais il cale ensuite dans les graviers. Il doit être à nouveau poussé pour pouvoir repartir.

 

33e: Senna accroît son rythme et repousse Prost à sept secondes. Herbert s'arrête aux stands pour faire examiner sa Benetton et repart.

 

34e: Nouvelle réaction de Prost qui réalise un excellent chrono d'1'27''708'''.

 

35e: Officiellement, Senna mène devant Prost (6.2s.), Nannini (1m. 19s.), Boutsen (1m. 26s.), Warwick (1m. 31s.), Cheever (-1t.), Larini (-1t.), Caffi (-1t.), Tarquini (-1t.) et Palmer (-1t.).

 

37e: Senna récupère le meilleur tour: 1'27''273'''.

 

39e: Senna prend un tour à Boutsen mais perd du temps parmi les attardés. Prost le rejoint.

 

40e: Prost peine à se défaire de Warwick et de Boutsen. Senna en profite pour s'envoler à nouveau. Cheever casse un échappement et perd de la puissance. Larini s'empare à ses dépens de la sixième place. Une Osella est dans les points !

 

41e: Senna est premier devant Prost (5.8s.), Nannini (1m. 28s.), Boutsen (-1t.), Warwick (-1t.), Larini (-1t.), Caffi (-1t.), Cheever (-1t.), Tarquini (-1t.) et Palmer (-1t.).

 

42e: Nannini concède une boucle à Senna. Les McLaren sont désormais seules dans le même tour.

 

43e: Larini casse lui aussi un échappement. Caffi, Tarquini et Palmer le doublent, mais pas Cheever dont le moteur réclame beaucoup de ménagements. Gugelmin abandonne avec une commande de boîte bloquée.

 

44e: Prost commet une erreur avant la dernière chicane. Ses roues arrière se bloquent. Il part en tête-à-queue dans le gazon mais parvient aussitôt à se redresser et à reprendre la piste. Cependant il perd toute chance de revenir sur Senna. Palmer dépasse Tarquini.

 

45e: Senna compte désormais vingt-deux secondes d'avance sur son équipier. Ce dernier signe pourtant le meilleur tour en course: 1'26''795'''. De Cesaris part en tête-à-queue à Acque Minerale. Pérez-Sala, qui le suivait de près, pique vers la gauche pour l'éviter et sort dans le sable. L'Italien peut repartir, mais l'Espagnol reste coincé et abandonne.

 

47e: Palmer prend la sixième place à Caffi dont les pneus Pirelli sont très usés.

 

49e: N'ayant plus rien à gagner, Prost lève considérablement le pied et compte maintenant plus de trente secondes de retard sur Senna.

 

50e: Senna est en tête devant Prost (36.2s.), Nannini (-1t.), Boutsen (-1t.), Warwick (-1t.), Palmer (-1t.), Caffi (-1t.), Tarquini (-1t.), Larini (-2t.) et Cheever (-2t.).

 

52e: Caffi se rapproche de Palmer et convoite à nouveau la sixième position.

 

53e: Cinquante secondes entre Senna et Prost. Après une course anonyme, Brundle abandonne à cause d'une chute de pression d'essence.

 

54e: Une flasque de disque de frein se brise sur l'Osella de Larini. Le jeune Italien part en toupie avant Rivazza et percute le mur. Son très beau Grand Prix s'achève là.

 

56e: Senna devance Prost (49s.), Nannini (-1t.), Boutsen (-1t.), Warwick (-1t.), Palmer (-1t.) et Caffi (-1t.).

 

58ème et dernier tour: Ayrton Senna remporte sa quinzième victoire avec quarante secondes d'avance sur Prost. Nannini termine troisième avec un tour de retard. Boutsen se classe quatrième et inscrit les premiers points de l'association Williams-Renault. Warwick marque deux nouveaux points. Palmer accroche la sixième place au volant d'une Tyrrell 018 qu'il n'avait jamais touchée auparavant ! Caffi, Tarquini, Cheever, de Cesaris et Herbert sont aussi à l'arrivée, de même que Nakajima qui n'est pas classé.

 

Après la course 

Au championnat, Prost s'empare de la première place avec douze points contre neuf pour Senna et Mansell. McLaren-Honda prend aussi le commandement du classement des constructeurs. L'équipe de Ron Dennis a prouvé que ses machines étaient encore très au dessus de la concurrence. Les Ferrari leur concèdent environ une seconde et demie par tour, les Williams-Renault deux secondes !

 

Sitôt la course achevée, Guy Ligier dépose une réclamation contre Boutsen et Caffi, accusés d'avoir comme Grouillard changé leurs pneus pendant l'interruption de l'épreuve. La FISA prononce en effet leurs disqualifications peu après, ce qui permet notamment à Tarquini et à son AGS d'entrer dans les points. Mais quelques semaines plus tard, les autorités reviendront sur ce jugement et réintégreront Boutsen et Caffi, car ceux-ci auraient certes violé le règlement, mais « avec l'accord de John Corsmit » dont se serait passé Ligier pour remplacer les roues de Grouillard !

 

Prost - Senna : la rupture

Comme il fallait s'y attendre, Alain Prost n'a pas du tout apprécié l'attaque portée par Ayrton Senna au redémarrage avant le freinage de la Tosa. Une chape de plomb tombe sur le podium. Le Français refuse ostensiblement de sabler le champagne. Il fuit les journalistes et s'enferme dans le motorhome Marlboro. « Ayrton n'a pas respecté notre pacte de non-agression du premier tour ! » lance-t-il à Ron Dennis. Puis commence un long réquisitoire contre le Brésilien, accusé de déloyauté et de fourberie. Prost reproche aussi à Dennis de manquer d'autorité. Celui-ci reçoit très mal cette diatribe. Par orgueil tout d'abord. Ensuite parce qu'il est hanté depuis un an et demi par la crainte que son prestigieux tandem soit déstabilisé. Il ne peut plus dorénavant se voiler la face. La crise est ouverte.

 

Prost parti, Senna se contente de quelques phrases convenues devant la presse. « Je n'ai rien à dire sur Alain ! » dit-il dans un premier temps. Puis, sous la pression des reporters, il lâche un argument quelque peu spécieux: « Contrairement à ce que soutient Alain, je ne l'ai pas attaqué au premier tour. Nous en étions au quatrième... » Ce qui est rigoureusement exact mais il ne peut ignorer le fait que la course venait d'être relancée... Senna n'en dira pas plus. Il n'est pas dans son caractère de s'épancher en public. Mais au fond de lui-même, il sait qu'il a commis une erreur et serait prêt à s'excuser... si Prost faisait preuve de psychologie. Or le Français estime que le monde entier est ligué contre lui: Dennis, Honda, les journalistes et bien sûr Senna. Cette « trahison » est pour lui la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Le lendemain, il annule un rendez-vous prévu avec Mansour Ojjeh destiné à étudier la prolongation de son contrat.

 

Gerhard Berger miraculé

Pendant ce temps-là, à l'hôpital Maggiore de Bologne, les médecins se penchent sur Gerhard Berger et lui diagnostiquent des fêlures aux côtes et aux omoplates, des brûlures au premier degré sur les bras et au thorax et au troisième degré sur les mains, ainsi qu'une légère commotion cérébrale. Quelques semaines de repos, et il sera sur pied. Berger s'en sort incroyablement bien vue la violence de l'impact. « La chance de Gerhard est de ne pas avoir pris la muraille à quatre-vingt-dix degrés », explique son ami Niki Lauda. « De plus, il a été dégagé très rapidement. Moi j'étais resté 55 secondes dans les flammes, à respirer des gaz et des vapeurs d'essence. » La rapidité avec laquelle les secours ont éteint l'incendie souligne en effet les immense progrès qui ont été accomplis en matière de sécurité depuis 1976 et l'accident de Lauda au Nürburgring. Le mérite en revient largement à Jean-Marie Balestre qui s'est battu pour imposer des infrastructures et des services de sûreté compétents sur tous les circuits.

 

Berger choisit de ne pas rester en Italie et entame le soir même sa convalescence dans son pays, à Innsbruck, dans la clinique de Willy Dungl. La cause de l'accident restera mystérieuse car la Ferrari est dans un si piteux état qu'aucune analyse ne pourra être effectuée. « Elle est devenue soudainement incontrôlable. Je n'ai pas pu la maintenir sur la trajectoire » affirme Berger. Thierry Boutsen, qui suivait l'Autrichien, affirme formellement avoir vu l'aileron avant droit s'envoler. Quoiqu'il en soit, Berger ne perd pas sa bonne humeur et son volontarisme et affirme qu'il sera sur pied pour courir à Monaco, quinze jours plus tard !

Tony