Nelson PIQUET
 N.PIQUET
Williams Honda
Ayrton SENNA
 A.SENNA
Lotus Honda
Michele ALBORETO
 M.ALBORETO
Ferrari

440. Großer Preis

XLV Grand Prix Automobile de Monaco
Sonnig
Monaco
Sonntag, 31. Mai 1987
78 Runden x 3.328 km - 259.584 km
Affiche
F1
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Motor

Piquet et Senna, deux Brésiliens à Monte-Carlo

Nelson Piquet n'a que six points au compteur après trois Grands Prix et doit réagir à Monaco. Hélas, lui qui réside en Principauté déteste ce rendez-vous. « J'ai l'occasion, à longueur d'année, de parcourir le tracé du Grand Prix, confie-t-il. Après tout, c'est peut-être un avantage. Mais j'en doute, car je n'aime pas du tout les courses en ville. Je m'y sens oppressé. » Plus encore cette saison, car Piquet souffre des séquelles de son accident d'Imola. Régulièrement pris de violentes migraines, il ne dort que trois heures par nuit, mais n'en dit rien à la presse. Il préfère gloser sur les performances de sa tête de truc favorite, Ayrton Senna: « Maintenant qu'il est avec Honda, il devrait cesser de se plaindre de ses moteurs... »

 

Senna a tout au contraire de grandes ambitions sur le Rocher, où il vient d'ailleurs d'élire domicile. Il n'a toujours pas digéré l'interruption du Grand Prix de 1984 qu'il menait sous la pluie, et a soif de revanche. Ce jeune homme ne cesse d'étonner. Les très exigeants ingénieurs de Honda, à l'instar de ceux de Renault autrefois, reconnaissent en lui un interlocuteur de grande qualité, fin, appliqué et passionné. Du matin au soir, Senna décortique avec ses mécaniciens le fonctionnement du moindre élément de sa Lotus-Honda. Sa prodigieuse mémoire et sa sensibilité suraiguë emmagasinent une quantité impressionnante d'informations. Son ancien ingénieur motoriste Bruno Mauduit témoigne ainsi auprès du journaliste Lionel Froissart: « Après une séance d'essais, Ayrton est capable de débiter des kilomètres de paramètres techniques avec une justesse effrayante. Avec lui, on avait vraiment le sentiment de progresser. Il a la passion du développement. » « Nous n'avions pas besoin de télémétrie... Il était LA télémétrie ! » affirme Bernard Dudot. Autant de qualités qui ravissent l'équipe de Gérard Ducarouge et les ingénieurs nippons.

 

Entrée libre sur le Rocher

Alors qu'autrefois seulement vingt voitures étaient admises sur la grille, cette restriction est supprimée à partir de 1987. Comme sur tous les autres circuits, vingt-six voitures prendront le départ à Monaco. La FISA et la FOCA espèrent en effet qu'en augmentant le nombre de participants, l'audience publicitaire des petites équipes se trouvera améliorée. Contrairement aux autres courses, le GP de Monaco est en effet télédiffusé dans le monde entier. Selon Michel Boeri, l'Automobile Club de Monaco investit chaque année 36 millions de francs dans son épreuve pour un bénéfice médiatique atteignant le double.

 

Cette mesure arrêtée l'année où cohabitent moteurs turbocompressés et atmosphériques paraît inopportune et suscite la colère des pilotes du haut du tableau, et notamment d'Alain Prost. Ils se plaignent du danger que pourraient créer leurs collègues plus lents et plus inexpérimentés. Les voitures à moteur atmosphériques sont bien évidemment visées, ce qui provoque la colère de Ken Tyrrell et de Gérard Larrousse. Au sein du GPDA, Philippe Alliot et Philippe Streiff mènent une fronde contre le président Prost. Fort de ce soutien, Jean-Marie Balestre reste sourd aux supplications du double champion du monde.

 

Présentation de l'épreuve

Vendredi matin, Nigel Mansell se présente en compagnie de Philippe Alliot au golf du mont Agel pour participer à l'Open des champions organisé en marge du Grand Prix. Pour l'Anglais, cette compétition est un véritable délassement après la tornade de reproches qu'il a encaissée suite à son algarade avec Ayrton Senna à Spa. Il persiste à s'estimer dans son bon droit mais entend s'expliquer courtoisement avec son rival. Lorsqu'il le croise dans le paddock, il s'avance, lui tend la main... mais Ayrton passe, impassible.

 

La Scuderia Ferrari est sous haute surveillance ce week-end puisqu'elle accueille le PDG de Fiat Gianni Agnelli, officiellement venu « remonter le moral des troupes ». Afin de poursuivre sa progression, l'équipe italienne corrige l'aérodynamisme de sa monoplace et apporte dorénavant des moteurs de qualifications, à l'image de Honda et de Porsche. Par ailleurs John Barnard a désormais le champ libre pour travailler puisque Gustav Brunner, le principal concepteur de la F187, vient de recevoir sa lettre de licenciement...

 

Pour cette épreuve monégasque, toutes les équipes adoptent un aileron postérieur biplan, à l'exception de McLaren, Larrousse et AGS. Williams a revu les entrées d'air des turbos, désormais alimentés par l'avant des pontons, et non plus par des conduits de type « schnorkel ». Les cures d'amaigrissement ont commencé pour les voitures françaises: la Lola LC a perdu 15 kg, la Ligier 10 kg environ. A noter que les clients d'Heini Mader s'inquiètent d'une pénurie de pièces de rechange, et notamment de vilebrequins. L'usine Cosworth travaille en effet en priorité pour Hart, le préparateur exclusif de Tyrrell. L'équipe Larrousse n'a ainsi qu'un seul V8 en réserve...

 

La mise au point de la sa suspension active contraint les ingénieurs du Team Lotus à une surcharge de travail. Contrairement à leurs espérances, les réglages du logiciel commandant le dispositif doivent être redéfinis à chaque course. Littéralement harassé, Gérard Ducarouge regrette d'avoir installé cette innovation dans sa 99T tant la dépense d'énergie est importante et entrave le développement du reste de la monoplace. Quant à Ayrton Senna, s'il apprécie le confort de pilotage que permet cette suspension hydraulique, elle le prive de certaines de ses sensations. Quoiqu'il en soit, l'avenir appartient à l'électronique, et Williams comme McLaren planchent sur leurs propres suspensions actives. Pour l'heure, Williams a subi de sérieux déboires avec la sienne et repousse son introduction de plusieurs mois. Quant à McLaren, qui travaille avec Bosch, son système n'a pas encore pris la piste.

 

Alboreto miraculé, Danner au coin

Les essais officiels ont commencé depuis quinze minutes vendredi après-midi lorsque Christian Danner entame la montée de Beaurivage, à faible allure et en zigzaguant afin de faire chauffer ses pneus. Soudain, la Ferrari de Michele Alboreto surgit à fond derrière la Zakspeed. Le Milanais n'a guère le temps de réfléchir et se faufile à gauche sans relâcher son accélération. C'est hélas le moment que choisit Danner pour reprendre sa trajectoire avant d'entamer la courbe de Mirabeau. Sa roue avant-gauche heurte la roue arrière-droite de la Ferrari qui se cabre, s'envole, rebondit contre les deux rails avant de s'écraser sur l'arceau dans une impressionnante gerbe de flammes. Images d'horreur. Par bonheur, Alboreto émerge de son épave, sonné mais indemne. Il regagne les stands en compagnie d'un Danner penaud qui se confond en excuses. « Albo » ne lui répond pas, l'esprit partagé entre la peur rétrospective et une sourde colère.

 

Celle-ci ne tarde pas à éclater. Revenu à son garage, Alboreto empoigne Marco Piccinini par le col de chemise et le somme d'aller déposer plainte auprès de la direction de course. Démarche inutile car les commissaires sportifs ont décidé de frapper un grand coup: Danner est exclu du Grand Prix pour conduite dangereuse ! C'est la première fois qu'une telle mesure est prise par les autorités et elle ne fait pas l'unanimité. Alboreto lui-même juge la punition trop sévère. Erich Zakowski tente de parlementer avec les officiels, propose de payer une amende en compensation, ou de remplacer Danner par Huub Rothengatter. Rien n'y fait. Danner paie pour les maladresses non sanctionnées de certains de ses collègues. Et, accessoirement, cette exclusion permet de réduire la grille de départ...

 

Les qualifications

Elles démontrent que les Williams sont bien compétitives sur tous les types de tracés: Mansell décroche la pole position avec sept dixièmes de seconde d'avance sur Senna. C'est la première fois que Williams obtient la pole sur le Rocher. L'Anglais est « flashé » à 282 km/h à la sortie du tunnel, contre 254 km/h pour la McLaren de Prost. C'est dire la supériorité de la cavalerie Honda... Alors que Mansell vole sur la piste, franchissant à fond de train les S de la Piscine, Piquet (3ème) paraît beaucoup plus timoré et concède une seconde et demie à son coéquipier. Contre l'armada Honda, la puissance fait défaut aux McLaren de Prost (4ème) et de Johansson (7ème). Malgré son terrifiant accident et un cou endolori, Alboreto se hisse brillamment au cinquième rang, assez loin devant Berger (8ème) qui a heurté les glissières à la Piscine. Du côté d'Arrows, Cheever obtient une très belle sixième place. Warwick (11ème) aurait pu faire mieux sans une panne de moteur.

 

Les Benetton (Boutsen 9ème, Fabi 12ème) souffrent du temps de réponse trop long du V6 Ford. Heureusement, une nouvelle version de ce bloc, testée avec succès à Donington, devrait apparaître à Détroit. Les Brabham-BMW (Patrese 10ème, de Cesaris 21ème) sont confrontées à une série de pannes. Comme de coutume, Nannini tire le maximum de sa Minardi qu'il place au treizième rang. Il partage la septième ligne avec Brundle avec l'unique Zakspeed. Caffi (16ème) se met en évidence au volant de la calamiteuse Osella-Alfa. Nakajima (17ème) se contente de découvrir ce circuit inconnu. Le « club des atmos » se distingue en Principauté. Palmer place sa Tyrrell en quinzième position, à « seulement » cinq secondes du chrono de Mansell. Streiff (23ème) n'a pu défendre ses chances à cause de problèmes de reprises et d'un accident. La Lola d'Alliot (18ème) précède la March de Capelli (19ème). Encore beaucoup trop lourdes, les Ligier (Ghinzani 20ème, Arnoux 22ème) sont condamnées à la figuration. Fabre clôt la marche avec son AGS.

 

Campos (24ème) tape rudement le rail au Casino samedi après-midi. L'Espagnol est pris d'un malaise lors de son retour au stand et est dirigé vers l'hôpital de Monaco, où les docteurs lui décèlent une « commotion cérébrale sans perte de connaissance mais avec obnubilation. » Un diagnostic qui paraît exagéré aux membres de l'écurie Minardi qui viennent le visiter. Toujours est-il que le corps médical décide de prolonger son hospitalisation jusqu'à lundi soir, ce qui entraîne donc son forfait pour la course. Certaines mauvaises langues affirment qu'en éliminant Campos, les organisateurs ont réussi à écrémer un peu cette fameuse grille de départ surchargée...

 

Le Grand Prix

L'épreuve de Formule 3 est remportée par le Niçois Didier Artzet sur une Ralt du Team KTR, devant l'Anglais Johnny Herbert et l'Avignonnais Jean Alesi.

 

Senna réalise le meilleur chrono lors du warm-up du dimanche matin. La course se déroule sous un beau et chaud soleil méditerranéen.

Cette première ligne Mansell - Senna fait évidemment craindre le pire aux observateurs les moins pessimistes. La rivalité entre les deux hommes peut fort bien virer au pugilat hors circuit, mais à 250km/h... Prudent, Jean-Marie Balestre les convoque en tête à tête une heure avant le départ et les contraint à enterrer la hache de guerre. Senna accepte cette fois de serrer la main de Mansell...

 

Départ: Mansell conserve l'avantage de sa pole devant Senna. Suivent Piquet, Alboreto, Prost et Cheever. Brundle peine à démarrer à cause d'un embrayage collé. A Sainte-Dévote, Nakajima est pris en sandwich entre Capelli et Alliot. La Lotus fait un bond en l'air avant de retomber dans l'échappatoire, entraînant Alliot avec lui. Tous deux pourront repartir en enclenchant la marche arrière. Dans le même temps, Ghinzani endommage son aileron avant contre une roue arrière d'Arnoux.

 

1er tour: Mansell mène devant Senna, Piquet, Alboreto, Prost, Cheever, Berger, Boutsen, Warwick et Patrese. Panique chez Ligier: Ghinzani et Arnoux entrent ensemble aux stands, l'un pour faire réparer son museau, l'autre pour changer de roues. Ils repartiront derniers. Nakajima et Alliot font également halte aux stands pour faire vérifier leurs machines et redémarrent.

 

2e: Mansell paraît extrêmement à l'aise et sème facilement Senna.

 

3e: Mansell compte deux secondes et demie d'avance sur Senna. Suivent Piquet et Alboreto, tandis que Prost est menacé par Cheever.

 

5e: Mansell a trois secondes d'avance sur Senna, six secondes sur Piquet. Alboreto emmène derrière lui Prost, Cheever, Berger et Boutsen.

 

6e: Boutsen s'arrête au Portier suite à la rupture d'un cardan. Il laisse la huitième place à Warwick.

 

7e: Mansell devance maintenant Senna de quatre secondes et demie. A une dizaine de secondes suivent Piquet et Alboreto. Prost contient un peloton composé de Cheever, Berger et Warwick.

 

9e: Neuf secondes entre Mansell et Senna. Prost menace désormais Alboreto. Johansson laisse passer Nannini, Palmer et Caffi. Un fil électrique mal fixé sur la McLaren se détache au passage des bosses et fait cafouiller le V6 TAG.

 

10e: A Massenet, Streiff ne peut freiner suite à la défaillance d'une canalisation. La Tyrrell s'encastre dans le rail intérieur avec une grande violence. Le jeune Français est décidément « verni » : deux semaines après son effroyable accident à Spa, il se tire de nouveau indemne de ce mauvais pas.

 

11e: Mansell devance Senna (8s.), Piquet (13s.), Alboreto (17s.), Prost (17.5s.), Cheever (18s.), Berger (19s.), Warwick (20s.), Patrese (22s.), Fabi (34s.), Caffi (36s.) et Nannini (40s.). Devant l'Hôtel de Paris, les commissaires évacuent tant bien que mal la Tyrrell de Streiff, particulièrement mal placée dans ce virage en aveugle.

 

12e: Derrière les trois premiers, Alboreto, Prost, Cheever, Berger, Warwick et Patrese forment un convoi qui se tient en trois secondes.

 

14e: Mansell a neuf secondes d'avance sur Senna, quinze secondes sur Piquet.

 

16e: Prost met une forte pression sur Alboreto. Cheever, Berger, Warwick et Patrese sont en embuscade derrière le Français. Alliot s'arrête aux stands pour changer son boîtier électronique.

 

17e: Le moteur de Prost ne tourne plus que sur cinq cylindres. Le Français comprend qu'il aura du mal à aller au bout et relâche un peu son étreinte sur Alboreto.

 

18e: Jusqu'alors quatorzième, Johansson fait un tête-à-queue au Portier. Il parvient à repartir en dix-septième position.

 

20e: Mansell est premier devant Senna (9s.), Piquet (16s.), Alboreto (24s.), Prost (24.5s.), Cheever (26s.), Berger (27s.), Warwick (28s.) et Patrese (29.5s.). A quarante-cinq secondes, Fabi a la mauvaise surprise de subir les assauts de la modeste Osella de Caffi !

 

21e: Mansell prend déjà un tour à Johansson.

 

22e: Nannini occupait une belle douzième place, mais il renonce suite à un court-circuit survenu sur son V6 Motori Moderni.

 

23e: L'écart entre Mansell et Senna se stabilise autour de huit secondes. Les deux pilotes rencontrent du trafic. Plus de trente secondes derrière le leader, Prost continue d'attaquer Alboreto.

 

25e: Mansell précède Senna (8.5s.), Piquet (22s.), Alboreto (32s.), Prost (32.6s.), Cheever (35s.), Berger (36s.), Warwick (38s.) et Patrese (41s.).

 

26e: Prost demeure dans le sillage d'Alboreto, sans chercher à l'attaquer, espérant le dépasser à l'occasion des changements des pneus.

 

28e: L'écart entre Mansell et Senna se chiffre désormais à dix secondes.

 

29e: De Cesaris stoppe chez Brabham pour effectue un changement de pneus.

 

30e: La Williams de Mansell perd soudainement toute sa pression de suralimentation. Une soudure sur un circuit menant à la wastegate a cédé. Mansell ralentit et Senna le double après la chicane. Il revient à son stand et abandonne. C'est une profonde désillusion car il avait la course parfaitement en main. Pendant ce temps-là, Warwick dépasse Berger et se retrouve sixième.

 

31e: Senna est le nouveau leader devant Piquet (16s.), Alboreto (28s.), Prost (29s.), Cheever (36s.), Warwick (39s.), Berger (41s.), Patrese (1m. 07s.) et Fabi (1m. 18s.).

 

32e: Senna enchaîne les meilleurs tours afin de se mettre à l'abri d'une offensive de Piquet. Johansson s'arrête pour changer de pneus. Il évolue maintenant au douzième rang.

 

33e: Prost attaque Alboreto sur le boulevard Albert Ier, en vain. Patrese entre dans les stands pour faire examiner sa pompe à essence électrique qui fonctionne avec peine.

 

34e: Dix-huit secondes entre Senna et Piquet. Alboreto s'arrête à son stand pour changer de pneumatiques. L'arrêt dure neuf secondes et l'Italien repart septième derrière son équipier Berger.

 

35e: Prost change ses pneus en seulement sept secondes et fait une bonne opération puisqu'il repart quatrième, loin devant Alboreto. Toutefois, il cède ainsi la troisième place à Cheever qui a décidé de couvrir toute la distance du Grand Prix avec un seul jeu de pneus.

 

36e: Senna est premier devant Piquet (20.6s.), Cheever (41.8s.), Prost (53.1s.), Warwick (54.3s.), Berger (56s.) et Alboreto (58s.). Caffi s'arrête chez Osella pour faire examiner son moteur qui bafouille.

 

38e: Changement de pneus de Berger qui passe derrière son équipier, en septième position.

 

39e: Piquet s'arrête à son tour aux stands et repart tranquillement en deuxième position. Le Brésilien, souffrant encore de son accident d'Imola, n'a aucune intention d'aller chercher Senna.

 

40e: Senna devance Piquet (45s.), Cheever (48s.), Prost (55s.), Warwick (1m.), Alboreto (1m. 04s.), Berger (1m. 25s.), Fabi (-1t.), Palmer (-1t.) et Capelli (-1t.). De Cesaris endommage un porte-fusée contre une glissière. Il regagne son stand pour renoncer. Il n'avait de toute façon pratiquement pas de pression de turbo depuis le départ.

 

41e: Alboreto dépasse Warwick. Fabi s'arrête chez Benetton pour changer ses pneus, mais perd beaucoup de temps à cause d'une roue récalcitrante. Il chute au douzième rang.

 

42e: Senna possède près de cinquante secondes de marge sur Piquet et peut donc envisager son arrêt aux stands en toute quiétude.

 

43e: Senna stoppe chez Lotus pour chausser un nouveau train de pneus (9s.). Il reprend la piste largement en tête.

 

45e: Senna compte une trentaine de secondes d'avance sur Piquet. Alliot abandonne suite à la rupture de son moteur.

 

46e: Prost est revenu dans les roues de Cheever grâce à ses pneus qui sont beaucoup plus frais que ceux de l'Italo-Américain. Warwick s'arrête chez Arrows pour chausser des Goodyear neufs. Caffi s'arrête dans la montée vers le Casino, victime d'une panne de moteur.

 

48e: Prost met une forte pression sur Cheever qui résiste farouchement malgré sa gomme endommagée.

 

50e: Senna domine devant Piquet (33s.), Cheever (42s.), Prost (43s.), Alboreto (54s.), Berger (1m. 15s.), Warwick (-1t.), Palmer (-1t.), Capelli (-1t.), Johansson (-1t.) et Brundle (-1t.).

 

51e: Prost attaque Cheever dans la ligne droite de départ, sans résultat. Quelques instants plus tard il plonge à l'intérieur à Mirabeau et prend enfin la troisième place. En fin de tour, Cheever s'arrête à son stand pour changer de pneus. Il repart cinquième derrière Alboreto et juste devant Berger.

 

52e: Prost est enfin débarrassé de Cheever, mais à cause de son moteur amoindri, il ne peut envisager de rattraper Piquet, et encore moins Senna.

 

53e: Après plusieurs haltes aux stands, Patrese abandonne suite à la défaillance de son injection.

 

54e: Berger est juste derrière Cheever et le menace très sérieusement.

 

55e: Senna est premier devant Piquet (27s.), Prost (42s.), Alboreto (58s.), Cheever (1m. 21s.), Berger (1m. 22s.), Warwick (-1t.), Palmer (-1t.) et Capelli (-1t.).

 

57e: Senna ne se ménage pas et tâche toujours d'accroître son avance sur Piquet. Prost ne remonte pas sur les deux Brésiliens.

 

59e: Warwick s'arrête dans l'échappatoire du Portier. La tringlerie de sa boîte de vitesses a lâché. Le moteur de Johansson coupe pour de bon, privé d'alimentation électrique.

 

60e: En quelques secondes tout s'écroule pour Arrows: le Megatron de Cheever rend l'âme suite à la rupture d'un joint de culasse. Palmer entre dans les points au volant de sa modeste Tyrrell-Ford.

 

62e: Senna est leader devant Piquet (32s.), Prost (41s.), Alboreto (1m. 01s.), Berger (1m. 27s.), Palmer (-1t.), Capelli (-1t.), Brundle (-2t.) et Fabi (-2t.).

 

64e: Trente-trois secondes séparent Senna et Piquet.

 

65e: Senna aborde le premier S de la Piscine lorsqu'il ne parvient pas à rentrer son second rapport. La Lotus amorce un travers, glisse le long des rails... mais Senna rattrape la situation avec une aisance déconcertante ! Il en est quitte pour de la peur...

 

67e: L'écart entre Senna et Piquet est désormais de trente-neuf secondes.

 

68e: Senna se retrouve derrière un peloton d'attardés. Berger se montre réticent à ouvrir la voie au Pauliste.

 

69e: Senna force le passage et dépasse Berger à la chicane du Port. Son avance sur Piquet est cependant tombée à trente-deux secondes.

 

70e: Senna devance Piquet (34s.), Prost (46s.), Alboreto (1m. 12s.), Berger (-1t.), Palmer (-1t.), Capelli (-1t.), Brundle (-2t.) et Fabi (-2t.).

 

72e: Senna réalise le meilleur tour en course: 1'27''685'''. Plus rien ne semble pouvoir troubler la marche du Brésilien.

 

73e: En quelques tours « magiques », Senna a regonflé son matelas de quarante secondes sur Piquet. Prost s'inquiète de sentir une odeur d'huile brûlée envahir son cockpit...

 

74e: Senna continue à attaquer afin de mieux conserver sa concentration. Piquet et Prost tentent au contraire de sauvegarder leurs mécaniques.

 

75e: Senna a quarante secondes de marge sur Piquet, une minute sur Prost. Il profite de ces derniers tours pour remercier tous ses mécaniciens, un par un, à la radio !

 

76e: Le moteur de Prost explose: le Français se range dans l'échappatoire de la Rascasse. Aucune McLaren ne verra donc l'arrivée.

 

78ème et dernier tour: Ayrton Senna remporte son premier Grand Prix de Monaco, qui est également la première victoire pour la Lotus à suspension active. Piquet termine deuxième sans jamais avoir visé plus haut. Alboreto finit troisième, un bel exploit après son terrifiant accident de vendredi. Il est suivi par son équipier Berger. Palmer finit cinquième, inscrit enfin ses premiers points en F1 et remporte ainsi la course des moteurs atmosphériques. Capelli est sixième et marque le premier point de l'écurie Leyton House March. Brundle, Fabi, Nakajima, Arnoux, Ghinzani et Fabre franchissent aussi la ligne d'arrivée.

 

Magic, roi de Monaco

Sur le podium, Ayrton Senna est rejoint par Peter Warr et quelques-uns de ses mécaniciens. Encore peu habitué à la réserve protocolaire, il s'empare d'un magnum de Moët & Chandon, et asperge joyeusement tout son entourage... y compris la famille princière ! Jean-Marie Dubois, le « Monsieur Loyal » de la marque de champagne, s'interpose en vain. Bon prince, Rainier III préfère rire de cet incident.

 

Une fois remis de ses émotions, Senna ne tarit pas d'éloge sur sa Lotus-Honda: « Voiture extra, moteur extra, suspension extra ! En début de course, j'ai maintenu un rythme presque tranquille, laissant partir Mansell plutôt que de risquer de fusiller mes pneus et de rudoyer mes freins. Après, lorsque j'ai pris la tête, j'ai bouclé trois ou quatre tours à fond dans le but de voir si tout fonctionnait parfaitement et afin de garder la concentration intacte. Puis j'ai relâché à nouveau car plus rien ne pouvait m'inquiéter. A moins d'un incident dû au hasard, je ne pouvais pas perdre cette course. » Malgré sa satisfaction, Senna garde les pieds sur terre. L'aisance avec laquelle Mansell l'a semé lors des vingt premiers tours n'est pas de bon augure pour la suite de son championnat...

 

Mansell quitte justement le Rocher fort déçu. Il adore ce circuit de Monte-Carlo mais n'y a jamais gagné. « Je peux assurer que lorsque la malchance poursuit quelqu'un, il n'y a rien à faire contre. La mienne est perpétuelle dès que j'aborde Monaco », soupire-t-il. Piquet se contente quant à lui de sa seconde position mais ne découvre que des visages sombres à son retour chez Williams. Il échange des propos peu amènes avec Patrick Head qui lui reproche de ne pas avoir attaqué Senna. Frank Williams approuve son ingénieur. Piquet se récrie, affirme qu'il souffre du cou et du dos, que de toute façon il déteste les circuits urbains, et qu'il ne faudra pas compter non plus sur lui pour briller à Détroit. Entre le champion brésilien et son équipe, le fossé ne cesse de se creuser...

 

Le Team Lotus s'abandonne aux joies de ce triomphe monégasque, son premier depuis la victoire de l'infortuné Ronnie Peterson en 1974. Les journalistes vantent les mérites de Gérard Ducarouge et de sa suspension active, si efficace sur les bosses monégasques. « C'est surtout Ayrton qu'il faut féliciter », répond l'ingénieur français, une coupe de champagne à la main. Le soir, Senna surmonte sa timidité maladive pour s'afficher en vedette du traditionnel gala donné par les Grimaldi. Il est reçu par Jacky Ickx, le directeur de course. « Je sais qu'Ayrton m'en a voulu d'avoir arrêté la course en 1984. Aujourd'hui, le voici comblé » déclare le Belge. Un peu crispé, Senna reçoit une pluie de compliments avec la meilleure grâce possible. Il baise la main à Jeane Manson, conviée à un tour de chant. Puis, il rejoint ses mécaniciens au « Tip Top », le bar le plus couru de la Principauté, en compagnie d'un Satoru Nakajima peu habitué à ce faste mondain. Senna ne s'accorde qu'une heure de détente. Dès le lendemain, il analysera chaque tour de la course avec Ducarouge afin de corriger les légères imperfections qu'il a décelées sur sa monoplace...

 

Prost conserve la première place du championnat avec 18 points. Il précède Senna (15 pts), Johansson (13 pts), Piquet (12 pts) et Mansell (10 pts). Au classement des constructeurs, McLaren-TAG-Porsche garde l'avantage avec neuf points d'avance sur Williams.

 

 

Trophée Jim Clark Trophée Colin Chapman
1. P. Streiff 21 pts 1. Tyrrell-Ford-Cosworth 39 pts
2. J. Palmer 18 pts 2. AGS-Ford-Cosworth 16 pts
3. P. Fabre 16 pts 3. Lola-Ford-Cosworth 15 pts
4. P. Alliot 15 pts 4. March-Ford-Cosworth 6 pts
5. I. Capelli 6 pts
Tony