Michele ALBORETO
 M.ALBORETO
Ferrari
Alain PROST
 A.PROST
McLaren TAG Porsche
Stefan JOHANSSON
 S.JOHANSSON
Ferrari

432. Großer Preis

XXIV Grosser Preis von Osterreich
Sonnig
Österreichring
Sonntag, 17. August 1986
52 Runden x 5.942 km - 308.984 km
Affiche
F1
Coupe

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Piquet attaque Senna

Nelson Piquet et Ayrton Senna, les deux adversaires de Budapest, se retrouvent à l'aéroport international de la capitale hongroise peu avant de s'envoler pour l'Autriche. Piquet n'a pas du tout apprécié la farouche résistance de Senna face à ses assauts. Leur conversation est tendue mais reste courtoise. « Nous n'avons pas le droit de prendre autant de risques sur une piste pour te doubler... » assène le Carioca au Pauliste qui refuse de s'excuser. Ils se quittent en se serrant tout de même la main. Mais le cœur n'y est pas. Ces deux-là n'y peuvent mais. Ils se haïssent viscéralement.

 

Piquet n'est pas le premier à se plaindre du comportement de Senna. Depuis ses débuts en karting, « Magic » fait montre en effet d'une combativité extrême. Baisser les bras ne fait pas partie de son vocabulaire. D'où une motivation d'une incroyable intensité que d'aucuns qualifieraient de déraisonnable. Lorsque Senna dépasse un concurrent, celui-ci a intérêt à s'écarter prestement ! A contrario, lorsqu'il est menacé par un adversaire aussi têtu que lui, il est moins que jamais disposé à laisser le moindre espace. C'est pourquoi plusieurs pilotes comme Mansell ou Piquet le qualifient de « pilote dangereux ». « Seuls les médiocres sont dangereux ! » riposte Gérard Ducarouge, toujours prompt à défendre son champion.

 

McLaren - Renault, l'accord impossible ?

Les négociations entre McLaren et Renault, entamées un mois plus tôt, sont au point mort à Zeltweg. Jean Sage annonce que la Régie reporte sa décision quant à son avenir en Formule 1. La pomme de discorde est toujours le nom du pétrolier de l'éventuelle association. Shell, partenaire de McLaren, serait ravie de pouvoir tester ses produits sur le célèbre turbo français. Mais Renault est très étroitement liée à Elf par un accord de préconisation, pourtant anachronique dans le cadre du capitalisme libéral et mondialisé en pleine expansion depuis une dizaine d'années. La concurrence entre les rois du pétrole est aujourd'hui libre et acharnée... sauf dans le cas français. Le verrou ne sautera pas facilement. Pourtant, en 1985, Renault n'a pas ménagé Elf en prononçant de son propre chef la dissolution de l'équipe cycliste qu'elles finançaient conjointement.

 

Du côté de McLaren, Mansour Ojjeh et Ron Dennis examinent maintenant très sérieusement les propositions de Renault. En débarquant en Autriche, Alain Prost tient des propos peu équivoques sur ses souhaits concernant 1987: « Chez McLaren, la partie châssis est parfaite, pour le moteur ça l'est moins... Il faut donc aller vers un motoriste qui n'a pas encore remporté le titre mondial. Sa motivation n'en sera que plus grande. » Toutefois, Dennis, Ojjeh et Prost ont deux fers au feu, et se servent aussi de Renault comme moyen de pression sur Porsche. En outre, Dennis doit composer avec le départ quasi-certain de John Barnard chez Ferrari. Tout le département châssis de l'écurie va devoir être réaménagé. Est-ce donc le bon moment pour changer aussi de motorisation ?

 

Présentation de l'épreuve

La longue silhouette de Gerhard Berger déambule dans le paddock de Zeltweg, très applaudie par les nombreux supporteurs autrichiens. Niki Lauda accompagne celui que beaucoup considèrent comme son héritier, même si leurs styles de pilotage sont assez dissemblables. Berger réalise en tout cas une saison remarquable au volant de la Benetton et domine nettement son coéquipier Teo Fabi, réputé très véloce. Il est convoité par quelques écuries, et notamment par la Scuderia Ferrari qui n'a pas réussi à attirer dans ses filets Nigel Mansell ou Ayrton Senna. Mais dans l'immédiat, Berger se fixe un objectif ambitieux: triompher à domicile, en Autriche...

 

Le 12 août au Castellet, l'écurie AGS d'Henri Julien lève le voile sur sa première Formule 1, la JH21C, qui effectue ses premiers tours de roue aux mains de... Didier Pironi. Quatre ans après son terrible accident d'Hockenheim, le pilote français envisage un retour à la compétition pour la saison 1987. AGS ne peut pour le moment lui offrir qu'un poste d'essayeur, le baquet de titulaire étant promis à l'Italien Ivan Capelli. Mais Pironi a d'autres options. Guy Ligier songe à lui pour éventuellement prendre la place de Jacques Laffite la saison suivante, au cas où celui-ci ne serait pas rétabli.

 

Chez Arrows, Jackie Oliver n'a pas du tout apprécié la désinvolture de Dave Wass qui s'est octroyé quinze jours de congé au moment même où sa création, l'A9, faisait enfin ses débuts en Grand Prix, et l'a tout bonnement limogé. Pour le remplacer, Oliver engage Gordon Coppuck à titre de consultant technique. Coppuck n'accepte cette tâche que par amitié pour Thierry Boutsen. Les deux hommes se sont connus en Formule 2 lorsque Boutsen pilotait la Spirit-Honda. Le Belge récupère l'Arrows A9 munie du train arrière de l'A8.

Du côté de Minardi, la nouvelle monoplace est donnée à Alessandro Nannini. Andrea de Cesaris avoue ne pas parvenir à mettre au point la M186. Le Romain souffre de la comparaison avec son jeune et brillant coéquipier et devrait quitter Minardi à la fin de l'année. Pour aller où ? Son mentor Aleardo Buzzi se penche sur la question...

 

Les qualifications

Le tracé rapide de l'Österreichring sourit aux moteurs BMW car l'altitude (plus de 700 mètres) handicape moins les quatre cylindres que les V6 rivaux. Leurs plus gros turbos compensent la raréfaction de l'air. Par conséquent, la lutte pour la pole position oppose les Brabham aux Benetton. La journée de vendredi est cependant marquée par le spectaculaire accident de Derek Warwick. L'Anglais est lancé à pleine vitesse dans la montée qui suit les stands lorsqu'un de ses pneus éclate. La Brabham s'envole, tournoie dans les airs puis s'écrase violemment contre les glissières par l'arrière. Warwick sort indemne de cette impressionnante cabriole, mais par précaution Pirelli retire de la circulation le type de pneu étroit responsable de l'incident.

 

Les Benetton sont les plus véloces grâce à des turbos spécialement préparés par l'atelier d'Heini Mader. Fabi subtilise la pole position au héros local Berger. Deux dixièmes séparent les voitures multicolores qui occupent donc la première ligne. Rosberg était le plus rapide vendredi, mais il se retrouve le lendemain repoussé au troisième rang. Les McLaren sont rapides mais nerveuses sur cette piste bosselée. Prost n'est que cinquième. Patrese hisse sa Brabham au quatrième rang, mais aurait pu faire mieux si son moteur n'avait pas explosé samedi en fin de séance. Remis de ses émotions de la veille, Warwick est dixième et affiche la meilleure vitesse de pointe (345 km/h). Les Williams-Honda de Mansell (6ème) et de Piquet (7ème) sont atteintes par une série de pépins mécaniques. Chez Lotus, Gérard Ducarouge a retouché ses extracteurs qui se déformaient « par inadvertance », un procédé dénoncé par Patrick Head. Senna (8ème) est mécontent de sa Lotus qu'il ne parvient pas à régler à sa convenance. Dumfries (15ème) a souvent tutoyé les bas-côtés.

 

Comme chaque année, les Ferrari « dansent » beaucoup sur les bosses autrichiennes. Alboreto se classe neuvième. Johansson (14ème) se paie une frayeur vendredi en sortant de la route dans la chicane Lauda. Il atterrit contre un poteau soutenant un panneau publicitaire ! Le lendemain, le pauvre Suédois tape le rail dans la Rindtkurve. Suite à ces deux accidents, il souffre du coccyx mais exclut de déclarer forfait. Les Ligier-Renault (Alliot 11ème, Arnoux 12ème) rencontrent encore des problèmes de moteur. Les Lola (Tambay 13ème, Jones 16ème) souffrent ici du manque de puissance du V6 Ford. Les Tyrrell-Renault (Brundle 17ème, Streiff 20ème) sont accablées par une impressionnante série d'avaries. Boutsen (18ème) doit se qualifier avec l'A8 après une rupture de moteur sur son A9. Son collègue Danner se classe vingt-deuxième. Du côté de Minardi-Motori Moderni, Nannini (18ème) précède encore une fois de Cesaris (23ème). Les deux Italiens côtoient comme d'habitude en queue de classement les Zakspeed (Palmer 21ème, Rothengatter 24ème) et les Osella (Ghinzani 24ème, Berg 25ème).

 

Le Grand Prix

Cette épreuve estivale se déroule par une chaleur accablante. Malgré les jolis résultats de Gerhard Berger, les tribunes ne sont pas remplies. Certains nostalgiques de Niki Lauda boudent le « successeur »... Mansell est le plus rapide lors du warm-up. Mécontent de sa tenue de route, Prost modifie ses réglages de suspension pour le Grand Prix, mais n'affiche pas une grande confiance.

 

Patrese s'aperçoit sur la fausse grille que ses vitesses ne se passent pas correctement. Or le mulet, incendié lors de l'explosion de son moteur la veille, est inutilisable. Bernie Ecclestone intime donc l'ordre à Warwick de donner sa voiture à son coéquipier. Chez Pirelli, les Benetton et les Brabham sont équipées des pneus les plus durs. Tous les clients de Goodyear sont munis de pneus « B », sauf les Williams qui ont des « A » très durs.

 

Départ: Fabi prend un départ moyen et se fait déborder par Berger. Derrière les Benetton, Rosberg s'élance avec peine et se fait doubler par Prost et par les Williams. Patrese rate son envol se retrouve onzième. Dumfries se frotte à Alboreto et endommage ses moustaches.

 

1er tour: Berger mène devant Fabi, Prost, Mansell, Piquet, Rosberg, Senna, Arnoux, Alliot et Alboreto. Dumfries s'arrête aux stands pour faire réparer son museau.

 

2e: Fabi menace Berger tandis que Mansell est sur les talons de Prost. Patrese revient à son garage. Une fumée bleue s'échappe de la Brabham... c'est l'abandon. Dumfries a repris la piste.

 

3e: Derrière les Benetton se forment deux duos: Prost - Mansell et Piquet - Rosberg. Senna est semé.

 

4e: Berger a pris un peu de champ sur Fabi. Prost et Mansell sont à environ cinq secondes de l'Autrichien.

 

5e: Le sixième rapport de Fabi saute et son moteur BMW subit un énorme surrégime. Le petit Italien n'a plus qu'à croiser les doigts pour que le quatre cylindres tienne jusqu'au bout...

 

7e: Berger et Fabi accroissent leur avance sur leurs poursuivants. Tambay a « cloqué » un de ses pneus avant et stoppe chez Haas pour changer ses roues. Berg abandonne suite à un court-circuit.

 

8e: Les pneus avant de Senna sont déjà abîmés. Le Brésilien observe un changement de roues et chute au quatorzième rang. Son équipier Dumfries est encore dans les stands, cette fois-ci à cause d'un problème d'allumage.

 

9e: Berger conserve deux secondes d'avance sur Fabi. Prost et Mansell sont à huit secondes des Benetton. Palmer casse son moteur Zakspeed et jette l'éponge.

 

10e: Berger précède Fabi (1s.), Prost (8s.), Mansell (9s.), Piquet (15s.), Rosberg (16s.), Arnoux (23s.), Alliot (25s.), Alboreto (30s.), Johansson (34s.) et Jones (44s.). Dumfries revient une nouvelle fois à son garage et cette fois-ci ne repartira pas. Senna est lui aussi de retour au garage car son moteur cafouille. Ses mécaniciens entreprennent de changer ses bougies.

 

11e: Mansell fait son possible pour dépasser Prost mais bute contre un Français très combatif.

 

12e: Berger mène devant Fabi (2.1s), Prost (9.1s.), Mansell (9.9s.), Piquet (17.4s.) et Rosberg (18.7s.). Streiff revient à son stand et abandonne, moteur cassé. Senna reprend la piste.

 

13e: Brundle est trahi par un turbo et stoppe dans l'herbe. Les deux Tyrrell sont hors course.

 

14e: Alors qu'il effectuait une très belle course en douzième position, Nannini voit sa suspension arrière-gauche s'affaisser. Il part en tête-à-queue et s'immobilise dans les broussailles. Au même instant, son équipier de Cesaris renonce suite à un bris de cardan. Senna s'arrête pour la troisième fois chez Lotus, cette fois pour changer de boîtier électronique.

 

15e: Mansell est désormais très près de Prost. Rosberg double Piquet.

 

16e: Fabi se montre menaçant derrière son coéquipier. Senna revient encore aux stands mais cette fois pour mettre pied à terre.

 

17e: Fabi déborde Berger à la Boschkurve et s'empare du commandement. Mais à peine a-t-il parcouru quelques mètres en tête que son moteur BMW rend l'âme ! Fabi revient à son stand et abandonne. Alliot renonce également, moteur coupé.

 

18e: Berger a douze secondes d'avance sur ses premiers poursuivants. Mansell attaque Prost par l'intérieur dans la ligne droite principale mais le Français conserve sa place. Rothengatter change ses pneus.

 

19e: Piquet s'arrête pour mettre des pneus neufs. Il repart en sixième position derrière Arnoux. Alboreto chausse des gommes fraîches en seulement sept secondes ! Bravo aux mécaniciens de la Scuderia.

 

20e: Berger est en tête devant Prost (10.5s.), Mansell (10.7s.), Rosberg (29s.), Arnoux (41s.), Piquet (58s.), Johansson (1m. 02s.), Jones (1m. 23s.), Alboreto (1m. 25s.), Boutsen (-1t.) et Danner (-1t.).

 

21e: Arrêt de Prost (13.3s.) pour monter de nouvelles gommes. Le Français est désormais quatrième derrière Rosberg.

 

23e: Johansson est aux stands pour mettre des Goodyear neufs et chute au neuvième rang.

 

24e: Rosberg remplace ses pneus (10.5s.) et repart sixième. Changement de gommes également pour Danner. Johansson dépasse Jones qui a choisi de couvrir toute la distance sans s'arrêter.

 

25e: Berger possède une avance de onze secondes sur Mansell.

 

26e: Berger entre dans les stands pour observer son changement de Pirelli. Malheureusement, il ne peut pas redémarrer car sa batterie est à plat ! Les mécaniciens de Benetton démontent le capot. Une clameur de déception émane des tribunes. Berger laisse ainsi échapper une victoire quasi certaine. Mansell est le nouveau leader.

 

27e: Mansell est désormais en tête devant Prost (28.8s.), Arnoux (42.5s.), Piquet (47.3s.), Rosberg (48s.) et Alboreto (1m. 05s.). Johansson perd un des volets avant de sa Ferrari, lequel rebondit contre son casque. Par bonheur, le Suédois en est quitte pour de la peur. Il revient à son stand pour réparer son museau et ressort dixième. Boutsen abandonne avec un turbo en flammes.

 

28e: Arnoux arrive chez Ligier pour prendre des enveloppes neuves. Hélas, son moteur Renault refuse de redémarrer. Ses mécanos entreprennent un changement de bougies.

 

29e: Mansell est aux stands pour changer ses pneus. La roue arrière-droite se montre quelque peu récalcitrante. L'Anglais repart au bout de onze secondes, derrière Prost. Pendant ce temps-là, Piquet s'aperçoit que sa jauge de température d'eau est dans le rouge. Le moteur Honda est sur le point d'expirer.

 

30e: Prost mène devant Mansell (11.6s.), Rosberg (22s.), Alboreto (1m. 05s.), Jones (-1t.), Danner (-1t.), Tambay (-1t.) et Johansson (-1t.). Berger a repris la route. Arnoux retrouve la piste pendant que Piquet revient à son garage et abandonne.

 

32e: Prost creuse l'écart sur Mansell. Berger est l'homme le plus rapide en piste. Danner est de nouveau aux stands pour faire décoincer son accélérateur. Il chute au huitième rang. Arnoux observe un nouvel arrêt car son moteur cafouille. Il repart avec un boîtier électronique neuf.

 

33e: Mansell s'arrête dans le gazon suite à une rupture d'un joint de cardan. Un incident qui était déjà arrivé lors des essais. Pour la première fois de l'année, aucune Williams ne rejoindra l'arrivée.

 

35e: Prost précède Rosberg (25.9s.), Alboreto (1m. 19s.), Jones (-1t.), Tambay (-1t.) et Johansson (-1t.).

 

37e: Berger tourne désormais comme une horloge et prend la neuvième place à Ghinzani.

 

38e: Prost précède Rosberg de vingt-huit secondes et prend un tour à Alboreto.

 

39e: Johansson et Tambay luttent pour la cinquième place. Le Suédois dépasse le Français avec difficulté.

 

40e: Tambay reprend son bien à Johansson. La Ferrari est plus rapide que la Lola-Ford, mais moins agile dans les courbes.

 

41e: Johansson se débarrasse pour de bon de Tambay et se lance à la poursuite de Jones.

 

42e: Prost est premier devant Rosberg (28s.), Alboreto (-1t.), Jones (-1t.), Johansson (-1t.), Tambay (-1t.), Danner (-2t.) et Rothengatter (-3t.)

 

44e: Prost a trente-deux secondes d'avance sur Rosberg. Les McLaren se dirigent vers le doublé. Johansson rattrape Jones.

 

45e: Le moteur de Rosberg toussote à cause de coupures électroniques. Après quelques dizaines de mètres au petit trot, la McLaren repart comme si de rien n'était.

 

47e: Johansson prend la quatrième place à Jones. Le vétéran australien ne résiste pas puisqu'il roule sans embrayage. Tambay s'arrête à son stand pour chausser un troisième train de pneus. Il redémarre sans avoir perdu la cinquième place.

 

48e: Le moteur de Prost coupe par intermittence, probablement à cause d'une nouvelle défaillance électronique. Alain est contraint de franchir certains virages en roue libre... Se dirige-t-on vers un doublé Ferrari ?

 

49e: Tandis que Prost poursuit son chemin cahin-caha, Rosberg est victime d'un stupide court-circuit et s'immobilise dans le gazon. Berger signe le meilleur tour de la course: 1'29''444'''.

 

50e: Prost est premier devant Alboreto (-1t.), Johansson (-1t.), Jones (-2t.), Tambay (-2t.) et Danner (-2t.).

 

51e: Prost laisse passer un Berger beaucoup plus rapide que lui.

 

52ème et dernier tour: Alain Prost remporte une fort précieuse victoire en Autriche. Alboreto et Johansson obtiennent un excellent quoique très chanceux double podium pour Ferrari. Haas-Lola jubile. Les quatrième et cinquième places de Jones et de Tambay offrent à l'équipe américaine ses premiers points. Danner finit sixième et inscrit son premier point en Formule 1 et le premier d'Arrows-BMW cette saison. Le malheureux Berger échoue à la septième place. Victime d'une panne d'essence dans le dernier tour, Rothengatter n'a pas vu l'arrivée mais est classé huitième. Arnoux et Ghinzani sont les autres pilotes à terminer.

 

Après la course: Prost, l'égal de Fangio

Grâce à ce vingt-quatrième succès en Grand Prix, Alain Prost rejoint au palmarès le mythique Juan Manuel Fangio. Filmé en duplex sur TF1 depuis sa chambre d'hôpital, Jacques Laffite sable le champagne en l'honneur de son ami. Une semaine après son K.O. hongrois, Prost relève magnifiquement la tête. Il gagne alors que ses trois rivaux dans la quête de la couronne mondiale ont abandonné ! Dame Chance l'a bien servi, mais c'est un juste retour des choses. « Depuis l'Allemagne, je n'étais pas très veinard, souligne le pilote McLaren. J'ai bénéficié de bonnes circonstances [...] mais le coup est passé près. Durant les cinq derniers tours, le moteur s'est mis à couper, comme cela arrive souvent cette année. J'ai cru que je n'allais pas terminer. » Autre bonne nouvelle, cette fois-ci la consommation des McLaren-TAG fut exemplaire. La n°1 termine avec dix litres dans son réservoir.

 

En ces temps de vaches maigres, la Scuderia Ferrari se réjouit de placer ses deux pilotes sur le podium. Michele Alboreto exulte: il n'avait pas obtenu un tel résultat depuis un an ! « Vous connaissez un meilleur remède pour le moral que d'échapper à un massacre général ? » sourit le Milanais. Son coéquipier Stefan Johansson est moins satisfait. Il estime que Patrick Tambay a inutilement entravé sa remontée alors que la Lola était très nettement moins rapide que la Ferrari. Les deux hommes s'expliquent vertement après l'arrivée. « Je croyais que Tambay était un gentleman, mais il n'en a que l'allure... » lâche Johansson, très énervé.

 

Évidemment, les mines sont plus renfrognées chez Benetton. Gerhard Berger avait de très réelles chances de remporter sa course nationale. Au moins a-t-il encore une fois démontré son potentiel. Chez Williams, ce double abandon apparaît comme un simple incident. Il n'en va de même du côté de Renault: aucun des six V6 en lice n'a tenu la distance ! Seul Arnoux termine l'épreuve avec un bloc ratatouillant... Voilà une terrible contre-publicité pour la poursuite de l'engagement de la firme en F1. « Le moteur EF15C possède certains avantages notoires par rapport à la version B, explique Jean Sage. Il est plus puissant et consomme sensiblement moins, mais sa mise au point est excessivement délicate et pointue... » Georges Besse l'entendra-t-il ?

 

Ce GP d'Autriche permet de redistribuer les cartes dans la course au titre mondial. Mansell (55 points) n'a plus que deux longueurs d'avance sur Prost (53 pts). Senna (48 pts) et Piquet (47 pts) sont un peu distancés. Au classement des constructeurs, Marlboro-McLaren rend trente points à Canon-Williams, mais compte vingt-deux unités de marge sur JPS-Lotus. Plus loin, Ferrari remonte à grandes enjambées sur Ligier-Gitanes.

Tony