Ayrton SENNA
 A.SENNA
Lotus Renault
Nelson PIQUET
 N.PIQUET
Williams Honda
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Honda

430. Großer Preis

XLVIII Grosser Preis von Deutschland
Sonnig
Hockenheim
Sonntag, 27. Juli 1986
44 Runden x 6.797 km - 299.068 km
Affiche
F1
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Ligier: Alliot remplace Laffite

Tandis que Jacques Laffite, hospitalisé porte de Choisy, s'apprête à se faire opérer le 29 juillet par le Pr. Letournel, Guy Ligier le remplace par le troisième pilote de son écurie, Philippe Alliot. Depuis la dissolution de l'équipe RAM, le Vovéen évolue en Formule 3000 pour le compte de l'écurie ORECA d'Hugues de Chaunac et s'est même imposé à Spa-Francorchamps. Sur les conseils de Ligier et de son mentor Didier Calmels, Alliot a repoussé les avances de Minardi et d'Osella qui souhaitaient l'engager. A 33 ans, il n'a plus le temps de s'enterrer dans une petite équipe. Avant de prendre la route pour l'Allemagne, il rend visite à Laffite. « Je te rendrai ta voiture... » lui glisse-t-il aimablement.

 

Mansell chez Ferrari ?

Après quelques jours de vacances en Grèce, Nelson Piquet gagne l'Allemagne par l'autoroute lorsqu'il entrevoit sur la bande d'arrêt d'urgence Nigel Mansell en pleine discussion avec des policiers. « J'ai cru comprendre qu'ils étaient tellement impressionnés par les performances de leur « client » qu'ils auraient aimé le garder avec eux pour la nuit » ricane le Carioca.

 

Avant cette péripétie, Mansell a mis à profit la quinzaine séparant les GP de Grande-Bretagne et d'Allemagne pour se rendre à Maranello. Il s'y est entretenu pendant trois heures avec Marco Piccinini, Piero Lardi-Ferrari et le Commendatore lui-même. Mansell met ainsi une forte pression sur Frank Williams qui refuse de doubler son salaire pour 1987. Malicieux, Piquet, qui au soir de Brands-Hatch se plaignait du soi-disant mauvais traitement que lui imposerait son écurie, fait savoir à son patron qu'il n'a aucune nouvelle prétention financière pour la saison suivante...

 

Honda avec Lotus et Williams

Samedi après-midi, Yoshitoshi Sakurai tient une conférence de presse entre Peter Warr et Patrick Head. Il officialise ce qui était supputé depuis longtemps: Honda fournira ses moteurs à Williams et à Lotus en 1987. Le photographe Akira Mase, employé par la firme de Tokyo, explique, sibyllin: «  de nombreux teams se sont offerts à nous ». En effet, Ron Dennis a finalement pris l'avion pour le Japon pour tenter d'arracher un accord in extremis. En vain. Lotus avait déjà signé. C'est une grande victoire pour Peter Warr et une terrible défaite pour Renault qui perd ainsi son dernier client. Warr n'avait à vrai dire guère le choix: pour retenir Ayrton Senna, très sollicité par Ferrari, et sans doute Gérard Ducarouge, il devait leur offrir le meilleur moteur disponible, soit le V6 Honda. En contrepartie, il accepte de placer dans la seconde Lotus Satoru Nakajima, le pilote de développement de Honda, totalement inconnu en Europe. Johnny Dumfries peut déjà préparer ses valises...

 

Après d'âpres négociations, Patrick Head est parvenu à prolonger le partenariat Williams-Honda. Les responsables nippons souhaitaient acquérir une part du capital de l'écurie de Didcot, mais Head les a persuadés de renoncer. Le jour où il revient de Tokyo avec le contrat 87 paraphé, Frank Williams téléphone à Jean Sage pour lui annoncer qu'il clôt les négociations avec Renault.

 

Porsche, Renault et BMW: avenirs en suspens

L'avenir de Renault en Formule 1 est gravement compromis. La seule chance du motoriste français s'appelle désormais McLaren. Certes, Ron Dennis et Alain Prost n'ont guère de raisons de se plaindre du V6 TAG-Porsche qui, s'il évolue lentement, demeure très compétitif. Mais il coûte cher, et Dennis aimerait que Stuttgart allège quelque peu ses factures. Très habile, il se sert de la carte Renault pour réveiller Porsche. Au cœur de l'été, il prend langue avec Patrick Faure qui l'accueille comme le messie. Dennis est en position de force. Ses prétentions sont exorbitantes: un contrat exclusif de cinq ans, la supervision étroite du programme de développement, l'éventualité d'un moteur atmosphérique et... un juteux salaire pour Prost. Or, on se souvient comment le champion français et Renault se sont quittés fin 83... Le trio Faure - Sage - Casin est pourtant prêt à tout pour sauver la présence de leur marque en F1. Mais se pose un épineux problème, celui du pétrolier. McLaren a en effet un contrat en béton avec Shell tandis que Renault est alliée à Elf depuis quinze ans. Dennis informe Faure que ce sera une alliance « McLaren-Renault-Shell », ou rien. Elf hurle à la trahison. C'est donc le grand patron de la Régie Georges Besse qui devra résoudre ce dilemme...

 

De son côté, Bernie Ecclestone n'a pas trouvé de motoriste à Brabham pour 1987 et se rend d'Hockenheim à Munich pour rencontrer les responsables de BMW. Très contrarié, il menace le constructeur bavarois d'un procès pour rupture abusive de contrat (les deux parties sont en effet liées jusqu'à fin 87). Visiblement l'argument porte, puisqu'Uwe Mahla, l'attaché de presse de BMW, déclare à l'issue de cette réunion que sa firme acceptera de fournir Brabham si celle-ci ne dégote pas d'autre fournisseur. Selon certaines rumeurs, Ecclestone envisagerait de racheter l'équipe FORCE, privée de sponsor, afin de mettre la main sur le turbo Ford.

 

Keke Rosberg officialise son départ

Tôt le vendredi matin, Keke Rosberg, Ray-Ban sur le nez, gourmette au poignet, chaîne en or autour du cou, déambule dans le paddock d'Hockenheim et distribue à chaque journaliste un feuillet dactylographié. Il s'agit ni plus ni moins que l'annonce de sa retraite à la fin de la saison. « Ma carrière internationale ayant débuté en Allemagne, j'ai donc naturellement choisi ce Grand Prix pour ce scoop » écrit-il sans rire. A bientôt 38 ans, le Finlandais estime avoir fait le tour de la question et vilipende les nouveaux règlements qui selon lui dénaturent la Formule 1. Il est vrai que son style « teigneux » ne convient guère au pilotage d'une F1 moderne. Cette saison chez McLaren est une vive déception puisqu'il n'a inscrit que 17 points contre 43 pour son équipier Alain Prost. Des raisons plus personnelles expliquent ce départ. Rosberg a été très affecté par la mort d'Elio de Angelis, un de ses rares amis parmi la communauté des pilotes. Depuis, celui qui passe pour un ours mal léché s'est soudainement adouci. On l'a même vu prêter la main à certaines farces de Prost. Derrière le masque du terrible Viking se cache un être plus sensible qu'on ne le croit.

 

Rosberg utilise néanmoins ce communiqué pour régler ses comptes avec Niki Lauda qui l'a éreinté dans son dernier ouvrage de souvenirs. Quelques heures plus tard, les reporters ont entre les mains un autre papier, un pastiche de la déclaration de Rosberg rédigé par... Nelson Piquet ! Ce dernier reprend les propos pompeux du Finlandais pour en retourner le sens et annoncer qu'il reste en Formule 1 - dont « il adore les nouvelles règles » - pour encore huit ans ! Rosberg n'apprécie pas du tout...

 

Présentation de l'épreuve

Le Grand Prix d'Allemagne fait son retour à Hockenheim, ce tracé étant assuré d'accueillir l'épreuve jusqu'en 1990 au détriment du Nürburgring. En Allemagne la publicité pour les cigarettes est interdite. Aussi, Marlboro, JPS et cie retirent leurs autocollants. Zakspeed contourne cette réglementation avec humour: le tabac West cède la place à « East »...

 

Senna et Arnoux utilisent le nouveau moteur Renault EF15C qui en théorie doit offrir le meilleur compromis essence/consommation. McLaren utilise de nouveaux turbos KKK tandis que la MP4/2C reçoit une nouvelle géométrie de suspension. Chez Williams, pour se conformer aux injonctions de la FISA, les plaques de garde des ailerons avant sont fabriquées dans un matériau uniforme, mais protégées par des bandes de bois et de caoutchouc. Les ailerons arrière sont percés de trois petits conduits pour améliorer la circulation de l'air vers le bas. Tyrrell dispose pour la première fois de trois 015 munies de moteurs Renault EF15B équipés des dernières wastegates. Chez Osella, la monoplace de Ghinzani reçoit le train arrière de la nouvelle voiture détruite par Berg à Brands-Hatch.

 

La Ferrari F1/86 est encore profondément remaniée. Elle possède un empattement raccourci de sept centimètres. La répartition des masses est plus favorable au train arrière. La suspension est intégralement remaniée et ressemble à s'y méprendre à celle de la C4 de 1984. Il s'agit d'améliorer le comportement des pneumatiques que le châssis a jusqu'ici du mal à faire monter en température. Côté aérodynamique, un nouvel aileron arrière apparaît agrémenté d'un capot-moteur plus court, troué par des persiennes permettant de refroidir les turbos. Mais l'essentiel se déroule en coulisses: il se murmure en effet que la Scuderia aurait offert un pont d'or à John Barnard...

 

Enfin ! Après des mois d'attente, l'Arrows-BMW A9 débarque sur un Grand Prix. Sa principale caractéristique est sa boîte de vitesses retournée: le couple conique est situé tout à l'arrière, derrière la pignonnerie. L'avantage de cette disposition est de regrouper les masses au centre. Mais pour changer les rapports de vitesses, il faut désaccoupler le moteur de la transmission, ce à quoi s'est échiné Dave Wass. A noter enfin la forme angulaire inhabituelle de l'avant de la coque. Seul Thierry Boutsen conduit ce modèle. Fatigué, Wass s'est octroyé deux semaines de vacances et n'est donc pas présent pour les débuts de sa créature...

 

Les qualifications

A la surprise générale, ce sont les McLaren-TAG-Porsche qui dominent les essais. En effet, les hommes de John Barnard ont retiré de l'appui à la MP4/2C qui devient du même coup beaucoup moins sous-vireuse. C'est tout ce qu'il fallait à Rosberg pour conquérir sa cinquième pole position. Il précède Prost de seulement un dixième. On s'étonne des performances des McLaren. Disposeraient-elles d'un nouveau moteur ? « Pas du tout, explique Hans Mezger, ces V6 sont identiques à ceux de Brands-Hatch. Nous avons seulement totalement remis en question les réglages électroniques en fonction de nouvelles données. » Il est cependant probable que Porsche, effrayée par le voyage de Dennis au Japon, a enfin conçu un moteur de qualifications...

 

Senna se qualifie héroïquement au troisième rang après avoir rencontré une kyrielle de pépins mécaniques. Son collègue Dumfries obtient sans histoire la douzième place. Berger décroche une belle quatrième place au volant de la Benetton-BMW, loin devant Fabi (9ème). Les Williams-Honda sont reléguées en troisième ligne, faute de vitesse de pointe. Mais Piquet (5ème) est content de sa FW11, très bien réglée, et convoite la victoire. Mansell (6ème) se plaint d'avoir été gêné par... Senna. Les Brabham BT55 sont confrontées à une cascade de pannes. Si Patrese se classe septième grâce à un quatre cylindres BMW atteignant les 340km/h, Warwick n'est que vingtième, faute de moteur sain. Les Ligier-Renault (Arnoux 8ème, Alliot 14ème) manquent de puissance. Les Ferrari rénovées ne sont guère plus stables et cassent autant de turbos... Alboreto est dixième, Johansson onzième.

 

Chez Haas, Tambay (13ème) devance comme d'habitude Jones (19ème). Les Tyrrell (Brundle 15ème, Streiff 18ème) végètent dans le ventre mou. Palmer bénéficie ici de turbos spéciaux pour les qualifications qui ne tiennent pas longtemps, mais permettent à sa Zakspeed de se hisser au seizième rang à domicile. Dépourvu de ce « boost », Rothengatter n'est que 24ème... Boutsen (21ème) se débat au volant de sa nouvelle Arrows, très instable. Il est moins rapide que son compère Danner (17ème) qui pilote la vieille A8. Du côté de Minardi, Nannini (22ème) s'offre encore une fois le scalp de de Cesaris (23ème). Les Osella de Ghinzani et de Berg sont en dernière ligne. Le jeune Canadien s'est « distingué » samedi après-midi par une violente sortie de route qui a entraîné une interruption de séance.

 

Le Grand Prix

Patrese dispute le warm-up avec un moteur et des pneus de qualifications, devançant tous ses adversaires de trois secondes ! Un joli numéro de propagande signé BMW...

 

Les essais se sont déroulés par temps frais, mais ce dimanche l'atmosphère s'est nettement réchauffée. Tous les pilotes du camp Goodyear choisissent des pneus B tendres. Chez Pirelli les montes sont très variées. Les Brabham et les Benetton sont chaussées de gommes « 2 » tendres, les Ligier de « 4 » assez dures. Jones est victime d'une fuite d'eau sur la pré-grille et grimpe dans son mulet lorsque s'élance la boucle de formation. Il devra s'élancer bon dernier.

 

Départ: Senna prend un envol canon et s'infiltre entre les deux McLaren, bousculant au passage Prost avec sa roue arrière-gauche. Berger se glisse dans la trouée et prend la deuxième place devant Rosberg, Piquet, Prost et Mansell. Dans le peloton, Johansson entre en contact avec Alliot, harponne Fabi et part en tête-à-queue. Le Suédois parvient à repartir tandis que l'Italien échoue dans les graviers et n'ira pas plus loin.

 

1er tour: Rosberg déborde Berger avant la première chicane, mais l'Autrichien reprend son bien à l'Ostkurve. Senna mène ce premier tour devant Berger, Rosberg, Piquet, Prost, Mansell, Patrese, Alboreto, Arnoux et Dumfries. Johansson revient chez Ferrari pour faire remplacer son aileron avant. Alliot regagne les stands avec une crevaison et repart très attardé.

 

2e: Rosberg « avale » Berger dans la première ligne droite, puis prend l'avantage sur Senna à l'Ostkurve. Le voici en tête. Alboreto double Patrese.

 

3e: Rosberg s'échappe pendant que Piquet dépasse Berger à l'entrée de la forêt. Puis le Carioca double Senna à la troisième chicane. Arnoux déborde Patrese.

 

4e: Piquet rattrape aisément Rosberg. Berger menace Senna lorsqu'il commence à perdre de la pression de suralimentation. Prost le dépasse à la première chicane, imité par Mansell avant le troisième « pif-paf ».

 

5e: Prost dépasse Senna. Berger ralentit et regagne les stands pour colmater une fuite au conduit reliant l'échangeur au moteur de sa Benetton. Rosberg est premier devant Piquet (0.7s.), Prost (5s.), Senna (6.1s.), Mansell (7.1s.), Alboreto (8s.), Arnoux (8.6s.) et Patrese (9.5s.). Derrière ce groupe la bagarre fait rage entre Dumfries, Warwick, très bien parti, Tambay et Streiff.

 

6e: Piquet revient dans les roues de Rosberg et le double sans mal avant la troisième chicane. Mansell se plaint d'une mauvaise tenue de route et repousse les assauts d'Alboreto. Tambay fait une halte chez Haas pour faire resserrer les plombs d'équilibrage de ses roues.

 

7e: Alboreto et Arnoux dépassent Mansell. Mais l'Italien de Ferrari n'ira pas beaucoup plus loin: il s'immobilise dans le Stadium avec une transmission cassée. Patrese commet une faute et se fait doubler par Dumfries, Streiff et Warwick. Berger repart des stands.

 

8e: Piquet a prévu de n'effectuer qu'un seul changement de pneus et maintient Rosberg à une seconde. Mansell a perdu son extracteur et sa Williams survire atrocement. Jones double Patrese. Streiff renonce suite à l'explosion de son moteur Renault.

 

10e: Piquet mène devant Rosberg (2s.), Prost (5s.), Senna (11s.), Arnoux (15s.), Mansell (17s.), Dumfries (27s.), Warwick (33s.), Patrese (42s.) et Jones (45s.). Boutsen change ses pneus.

 

11e: Prost se rapproche quelque peu de Rosberg mais son effort est limité par la consommation excessive de son V6. Ghinzani regagne son garage avec un embrayage hors d'usage.

 

12e: Changement de pneus pour Warwick. Brundle dépasse Jones. Alliot revient au stand Ligier pour abandonner, moteur défaillant.

 

14e: Piquet précède Rosberg (2s.), Prost (5.5s.), Senna (12.7s.), Arnoux (20.9s.) et Mansell (23.9s.). Boutsen rejoint les stands clopin-clopant avec un turbo surchauffé. L'arrière de l'Arrows s'enflamme dans les stands, mais heureusement l'incendie est aussitôt maîtrisé.

 

15e: Piquet regagne le stand Williams... où l'on attendait Mansell, actuellement en difficulté ! Le Carioca a changé d'avis et fera deux arrêts ! Il repart après neuf secondes muni de pneus spécialement gonflés pour Mansell. Furibard, Patrick Head hurle par radio au pilote britannique de rester en piste.

 

16e: Rosberg retrouve la première position tandis que Piquet repart entre Senna et Arnoux. Patrese dépasse Dumfries pendant que Jones change ses pneus.

 

17e: Rosberg se débat avec le trafic et attaque fort, escaladant gaiement les vibreurs... et oubliant comme d'habitude de contrôler sa jauge d'essence !

 

18e: Rosberg devance Prost (3.9s.), Senna (11.2s.), Piquet (17.5s.) et Arnoux (23.2s.). Mansell s'arrête chez Williams (8.8s.) et retrouve la piste derrière la Brabham de Patrese. Brundle fait changer ses pneus et inspecter son boîtier d'allumage qui surchauffe. Cet examen lui fait perdre un tour. Dumfries abandonne à cause d'un radiateur d'eau percé.

 

20e: Rosberg entre au stand McLaren pour changer ses pneus (7.4s.), laissant le commandement à Prost. Le Finlandais repart derrière Piquet. Arnoux stoppe chez Ligier pour prendre des Pirelli neufs et se retrouve derrière Patrese mais devant Mansell. Nannini renonce. Son moteur surchauffait à cause d'un papier qui obstruait son radiateur.

 

21e: Piquet profite de ses pneus neufs pour doubler facilement Senna. Prost observe son unique changement de pneus (8.4s.). Piquet récupère la tête du Grand Prix. Mansell double Arnoux. Tous deux dépassent Patrese qui rencontre des problèmes de moteur. Palmer, Tambay, Berg, Rothengatter et Johansson passent par les stands pour changer d'enveloppes.

 

22e: Arrêt de Senna (8.9s.). Le Brésilien reprend la piste en quatrième position. Abandon de de Cesaris, sélecteur de vitesses cassé.

 

23e: Piquet est leader devant Rosberg (5.6s.), Prost (18.2s.), Senna (26.2s.), Arnoux (46s.) et Mansell (47s.). Suivent Warwick, Jones, Tambay et Johansson. Danner et Berger changent de gommes. Patrese renonce suite à la rupture d'une électrode de bougie.

 

25e: Les pneus de Piquet se dégradent trop vite, ce qui permet à Rosberg de grignoter quelques dixièmes à chaque tour. Brundle abandonne: son boîtier électronique a fini par mettre la feu à son moteur.

 

26e: Piquet a cinq secondes de marge sur Rosberg et se prépare à un second passage aux stands. Mansell est dans les échappements d'Arnoux.

 

27e: Piquet s'arrête chez Williams pour prendre un troisième train de Goodyear (8s.). Il reprend sa route en troisième position, dix-sept secondes derrière Rosberg, trois secondes derrière Prost. Rien d'irrattrapable donc.

 

29e: Piquet rejoint à toute allure Prost qui, en plus de ménager ses pneus, doit fortement limiter sa consommation. Mansell a lui aussi abîmé ses gommes et lâche prise derrière Arnoux.

 

30e: Rosberg précède Prost (12s.), Piquet (12.6s.), Senna (22s.), Arnoux (46s.), Mansell (54s.), Warwick (1m. 29s.), Jones (-1t.), Tambay (-1t.) et Johansson (-1t.).

 

31e: Piquet dépasse Prost avant la troisième chicane. Mansell change pour la seconde fois ses pneus et redémarre sans avoir perdu la sixième place.

 

32e: Piquet est maintenant à la poursuite de Rosberg. Neuf secondes les séparent. Tambay prend la huitième place à Jones.

 

33e: Rosberg conduit avec sa hargne habituelle mais Piquet est bien plus rapide et lui reprend deux secondes dans ce tour. Prost suit la cadence du Brésilien. Senna est très distancé.

 

35e: Six secondes entre Rosberg et Piquet. Prost lâche prise. Berger réalise le meilleur tour de la course (1'46''604''') après un ultime changement de pneus.

 

36e: Rosberg est premier devant Piquet (2.6s.), Prost (10.4s.), Senna (17.7s.), Arnoux (54.4s.) et Mansell (1m. 01s.). Johansson dépasse Jones.

 

37e: Rosberg n'a plus que trois secondes d'avance sur Piquet. Arnoux fait face à une pression de suralimentation fluctuante et devient la proie de Mansell.

 

38e: La jonction est faite entre Rosberg et Piquet. Tous deux prennent un tour à Warwick.

 

39e: Piquet reprend le commandement à Rosberg dans la première ligne droite. Le Finlandais n'a rien pu faire et doit désormais surveiller sa consommation. Mansell dépasse Arnoux qui a détruit ses pneus.

 

40e: Piquet devance Rosberg (1s.), Prost (7s.), Senna (11s.), Mansell (51s.), Arnoux (57s.), Warwick (-1t.), Tambay (-1t.), Johansson (-1t.) et Jones (-1t.).

 

41e: Palmer abandonne suite à une rupture de vilebrequin. C'est aussi terminé pour Danner dont le turbo part en fumée.

 

42e: Rosberg ne s'avoue pas vaincu et demeure à deux secondes de Piquet. Prost s'aperçoit qu'il n'a presque plus d'essence et lève considérablement le pied. Rothengatter renonce, boîte de vitesses cassée. Il a accompli toute la course sans cinquième rapport...

 

43e: Rosberg reste dans le sillage de Piquet dont les pneus n'ont pas tenu le coup. Prost est contraint de laisser passer Senna. Johansson perd son aileron arrière et doit s'arrêter dans l'herbe.

 

44ème et dernier tour: Rosberg tombe en panne sèche ! Il tire tout droit à la première chicane, reprend la piste, mais c'est pour s'arrêter définitivement quelques mètres plus loin. Piquet rallie l'arrivée l'œil rivé sur sa jauge d'essence tandis que Senna secoue sa Lotus dans tous les sens pour aller chercher les dernières gouttes de carburant. Pour Prost, c'est pire: son moteur se tait dans la dernière portion du Stadium ! Comme à Imola, le Français donne de formidables coups de rein pour faire avancer sa monoplace, mais à la sortie du dernier virage, celle-ci n'avance plus. Prost dégrafe alors son harnais et commence à pousser la McLaren, encouragé par la foule ! Mais, pendant que Mansell et Arnoux le débordent, le petit Français ne gagne que quelques mètres. Au bord de l'épuisement, il baisse les bras, à quatre-vingt mètres de la ligne !

 

Nelson Piquet remporte donc ce GP d'Allemagne devant Senna. Mansell termine troisième malgré une course très médiocre. Arnoux finit quatrième. Rosberg et Prost sont respectivement classés cinquième et sixième. Suivent Tambay, Jones, Berger et Berg.

 

Piquet, Senna et Mansell tombent eux aussi en panne d'essence, mais dans leur tour d'honneur. Seul Arnoux roulait à sa main ! « Encore un tour, et je ramassais tout le monde... » soupire Néné.

 

Après la course

Piquet retrouve sur le podium Senna et Mansell, ses deux pires ennemis. Toujours farceur, Nelson s'est muni d'un drapeau brésilien qu'il s'amuse à faire voleter dans le cou d'un Ayrton passablement agacé... Puis, lorsque le prince de Metternich remet au Carioca un minuscule trophée, celui-ci fait mine de s'écrouler sous son poids et plie un genou à terre.

 

Au-delà de ces pitreries, on a plaisir à retrouver le « grand » Nelson Piquet: serein, malin et souverain... même si sa stratégie première n'était pas la bonne. « Je n'avais pas prévu deux arrêts, explique-t-il, mais après dix tours j'ai décidé d'adopter une autre tactique. Et ces deux changements de roues ne furent pas de trop ! Je suis arrivé avec des pneus postérieurs totalement détruits. » Il n'a rencontré aucune difficulté en matière consommation, tout comme Mansell, preuve de l'immense avantage acquis par Williams et Honda en la matière. En revanche, il n'est plus question de collaboration entre les deux équipiers. « Je ne donne aucune information à « l'autre », et je ne m'en porte pas plus mal ! » martèle Piquet.

 

Chez McLaren, la déception est à la mesure de l'espoir suscité par les qualifications. « Le coup est dur à avaler... » soupire Prost qui, comme Rosberg, jure pourtant avoir couru avec la pression de suralimentation minimale. Finalement, c'est encore le V6 Renault qui apparaît comme le moins glouton du plateau. Bernard Dudot est très fier de son EF15C et tient à ce que la Régie prenne conscience de l'intérêt que représente la Formule 1.

 

Dimanche soir, Alain Prost apprend au journaliste de TF1 Bernard Giroux qu'il a eu récemment quelques contacts avec Honda. Par le jeu du « téléphone arabe », cette confidence se transforme pour la chaîne française en signature du champion français chez Williams-Honda, annoncée par le journal du soir ! Ron Dennis s'étrangle de rage et dément immédiatement cette nouvelle intox.

 

Mansell conserve la première place du championnat du monde avec 51 points. Derrière lui se pressent Prost (44 pts), Senna (42 pts) et Piquet (38 pts). Le titre mondial se jouera entre ces quatre hommes. Williams (89 pts) devance très nettement McLaren (63 pts) au classement des constructeurs.

Tony