Disparition tragique de Stefan Bellof
A Zandvoort, on a vu la silhouette blonde de Stefan Bellof se promener d'un garage à un autre. Le jeune Allemand de 27 ans, nouvel as de volant, est courtisé par plusieurs écuries, dont Ferrari elle-même. Il est considéré comme le meilleur espoir de la Formule 1, à l'égal d'Ayrton Senna. Certains voient en lui le futur premier champion du monde allemand.
Hélas, tout s'évanouit le 1er septembre à Spa-Francorchamps. Ce jour-là, Bellof dispute les 1000 km au volant de la Porsche 956 de l'équipe de Walter Brun. Après avoir perdu le commandement de l'épreuve suite à un arrêt aux stands un peu longuet, il se lance aux trousses de la Porsche officielle de Jacky Ickx. Colère ? Excès de fougue ? Volonté de briller aux yeux des recruteurs présents dans les Ardennes ? Bellof tente de dépasser Ickx à un endroit impossible, par l'intérieur, en haut du Raidillon de l'Eau Rouge. L'accrochage se produit à 280 km/h. La Porsche de Bellof s'encastre de plein fouet dans l'angle d'une tribune. Sorti indemne de la collision, Ickx se porte au secours de son jeune adversaire. Mais il n'y a plus rien à faire. Stefan Bellof est mort sur le coup. La Formule 1 et le sport automobile viennent de perdre un authentique prodige, un diamant brut, le champion que l'Allemagne attendait depuis Caracciola, Lang et Rosemeyer.
Prost vs. Alboreto: la dernière ligne droite
Ce GP d'Italie est une épreuve importante dans la course au titre de champion du monde. En effet Michele Alboreto et Ferrari arrivent sur leurs terres, portés par le soutien indéfectible des tifosi. Prost et McLaren ne sont pas favoris. Le circuit de Monza ne réussit pas vraiment au Français, qui reste sur trois abandons consécutifs sur cette piste.
Après les désastreuses exhibitions autrichienne et néerlandaise, Ferrari doit redresser la barre pour remporter les deux titres mondiaux. Harvey Postlethwaite remanie considérablement les 156/85. Il retouche notamment les points d'ancrage des suspensions. La carrosserie est désormais très pincée à la hauteur des roues arrière, ce qui impose un extracteur et l'apparition d'une aile attachée aux dérives de l'aileron principal. Les radiateurs sont placés presque parallèles à la coque et le soubassement est raccourci pour éliminer le pompage apparu à Zandvoort. Alboreto a testé cette évolution à Monza et Johansson à Brands-Hatch. Tous deux ont réalisé de très bons chronos. L'optimisme revient à Maranello. Le faux-pas est interdit, tant la pression du public italien est grande. Par ailleurs, Gianni Agnelli sera l'hôte d'honneur de la Scuderia ce week-end, ce qui augmente la tension...
Pour sa part, Alain Prost se ressource à Deauville en compagnie de son ami Jacques Laffite avant de partir pour Monza. Il se forge un moral d'acier pour encaisser les sifflets et les insultes des tifosi durant trois jours... Timide et supportant difficilement le poids de la foule, Alboreto a également besoin de décompresser et s'enferme au domicile de sa mère à Milan. Les deux rivaux se retrouvent vendredi soir lors de la soirée Marlboro organisée à la Villa d'Este.
Transferts: Nelson Piquet avec Williams
Le 4 septembre, Williams confirme l'engagement de Nelson Piquet pour deux ans moyennant une somme approchant les deux millions de dollars. Le Carioca révèle à cette occasion qu'il a failli signer chez Ferrari: « J'ai discuté à deux reprises avec Marco Piccinini, à Détroit et à Zeltweg. J'étais très tenté d'aller chez Ferrari. En vérité, après sept saisons chez Brabham, j'avais envie de réaliser une bonne opération financière. Bernie et moi n'avons pas pu nous entendre. Frank Williams est entré en lice à son tour, au bon moment. J'ai négocié longtemps avec lui. Peu à peu, je me suis habitué à ses propositions, à ses projets à long terme, à son potentiel technique... » A vrai dire, Piquet a choisi Williams parce que Ferrari refusait de transiger au-delà d'un million et de demi annuel...
Piquet parti, Bernie Ecclestone a besoin d'une grande star pour que Brabham-BMW conserve son prestige. Il propose à Niki Lauda un faramineux contrat de six millions de dollars pour 1986. « Une somme considérable, même pour un mégalo de mon genre » commente l'Autrichien. Très tenté, celui-ci décline cependant l'offre pour ne pas blesser son épouse Marlène et surtout afin de ne pas passer pour une « girouette » vénale aux yeux du monde entier.
René Arnoux arpente le paddock en compagnie de son conseiller Jean-Paul Driot. Insaisissable, le Grenoblois disparaît dans le dédale des mobile-homes et s'entretient avec plusieurs teams managers. Il s'enferme notamment chez Gitanes et discute longuement avec Guy Ligier et Jean Glavany. Pendant ce temps-là, Gérard Toth et Jean Sage liquident la fin de l'aventure Renault. Ils confirment que Renault-Gordini continuera de fournir et de développer les V6 turbo en 1986 pour Lotus et Tyrrell. Mais Peter Warr demeure inquiet et leur demande de meilleures garanties. Un engagement formel de Georges Besse, par exemple...
Présentation de l'épreuve
Vendredi et samedi se déroulent plusieurs réunions de la Commission F1 de la FISA afin de plancher sur l'élaboration des futurs règlements. Déjà évoquée à Zandvoort, la réduction de la capacité des réservoirs à 195 litres est arrêtée. Voilà qui va donner bien des maux de tête aux ingénieurs motoristes qui peinaient déjà à maîtriser la consommation de leurs démentielles cavaleries. En outre, la fédération envisage de revoir la procédure de qualifications. Plusieurs formules sont proposées comme former la grille selon le classement du Grand Prix précédent ou limiter le nombre de tours alloués aux concurrents pour se qualifier. Enfin, le Grand Prix d'Afrique du Sud est maintenu pour le mois d'octobre, même si les tensions raciales sont de plus en plus vives dans le pays.
Le paddock se remet avec peine de la mort de Stefan Bellof. Dans le stand Tyrrell, on pleure un ami. Bellof était aussi bon pilote que bon camarade, et son beau rire franc retentissait souvent dans les garages. Ken Tyrrell n'engage que la 014 de Martin Brundle pour cette épreuve.
Guy Ligier a finalement choisi Philippe Streiff pour remplacer Andrea de Cesaris. Soutenu par Elf et Gitanes, Streiff a reçu un coup de pouce décisif de la part de l'entreprise de distribution informatique Locatop fondée par Pierre Blanchet. Il amène avec lui une solide garantie financière qui renfloue les caisses de l'écurie vichyssoise.
Andrea de Cesaris souhaitait s'installer au volant de la seconde Brabham, mais BMW s'est battue pour que Marc Surer conserve son volant. Furieux du départ de Nelson Piquet chez Williams, Bernie Ecclestone a un temps été tenté de limoger le Brésilien sur le champ, mais il s'est ravisé en s'apercevant que ce n'était certainement pas une paire Surer - de Cesaris qui allait lui rapporter une victoire...
Si Ferrari a corrigé sa voiture de fond en comble, McLaren ne touche pas à la MP4/2B. Chez Brabham, Gordon Murray copie la Toleman et installe des jupes en fibre de carbone sous le museau de la BT54. Ce procédé sera utilisé par Surer aux essais et par Piquet en course. Du côté de RAM, Alliot reçoit la dernière version du moteur Hart pourvue d'un turbo Holset plus gros. Enfin, Gérard Ducarouge supprime les flancs d'extracteurs arrière de la Lotus 97T afin de diminuer le pompage.
Après le désastreux double abandon lors du premier tour du GP de Hollande, Alfa Romeo doit faire bonne figure en Italie. Elle n'engage plus que des châssis de 1984 munis de la suspension arrière type 85. Les pontons sont abaissés, d'où une nouvelle position pour les radiateurs. La carrosserie arrière est très resserrée et le capot-moteur légèrement abaissé. De nouvelles sorties d'air latérales sont également percées. L'objectif des hommes de Giampaolo Pavanello et Sandro Murani est simple: inscrire enfin un point !
Osella a failli ne pas participer à son Grand Prix national. Une société débitrice a en effet fait saisir son matériel avant son départ pour Monza. Un accord à l'amiable a pu être trouvé in extremis. Mais « l'autre Enzo » n'a plus un sou d'avance, et il paraît certain qu'il renoncera à la Formule 1 à la fin de l'année. L'écurie Zakspeed est absente car Jonathan Palmer s'est blessé lors des essais des 1000 km de Spa. Erich Zakowski a engagé le jeune Allemand Christian Danner pour le remplacer, mais celui-ci n'a pas couvert suffisamment de tours avant Monza pour s'acclimater à une F1. Il débutera en Belgique.
La mort de Bellof et la blessure de Palmer confortent les réticences des team managers à laisser leurs pilotes disputer d'autres compétitions que les Grands Prix de Formule 1. Ce qui est dommage car ceux-ci ne manquent pas de briller hors de leurs monoplaces Ainsi cette même épreuve spadoise a été remportée par Riccardo Patrese au volant d'une Lancia LC2 partagée avec Mauro Baldi et Bob Wollek, et Thierry Boutsen était l'équipier du malheureux Bellof.
L'événement de cette course est le grand retour d'Alan Jones. L'Australien est en effet l'unique pilote de la nouvelle écurie américaine Beatrice, appelée aussi F.O.R.C.E., dirigée par Carl Haas et Teddy Mayer. La voiture, la THL1, est un châssis Lola motorisé par Hart. Elle a été conçue par Neil Oatley avec la collaboration de John Baldwin et de Ross Brawn. Cette Lola est une machine assez conventionnelle. Elle se distingue par des pontons hauts et étroits qui se prolongent loin vers l'arrière, ce qui permet d'accroître la déportance. Jones, 39 ans et 89 kilos sur la balance, affiche un enthousiasme mesuré et vise une place dans le ventre mou du peloton.
Les qualifications
Prost et Alboreto doivent compter avec les Lotus-Renault, et surtout avec les Brabham et les Williams. En effet sur ce circuit ultra-rapide BMW et Honda ont encore accru la puissance de leurs moteurs turbos. La Brabham-BMW de Piquet atteint ainsi 334 km/h en ligne droite contre seulement 310 km/h pour la McLaren de Prost !
Piquet signe le meilleur temps de la première séance qualificative. Mais le lendemain, les Williams-Honda occupent le haut de la feuille des temps... jusqu'à ce que Senna close les débats par un superbe chrono (1'25''084''') qui établit sa cinquième pole position de la saison. Rosberg et Mansell reculent d'un rang mais seront des adversaires redoutables en course. De Angelis (sixième) est encore une fois nettement distancé par son jeune coéquipier. Seuls Piquet et sa Brabham-BMW paraissaient en mesure de menacer les Williams, mais une perte de pression de suralimentation les relègue sur le quatrième rang. Surer se classe neuvième malgré un châssis sous-vireur. Prost (5ème) et Lauda (16ème) n'ont pas rencontré de soucis techniques mais auraient pu faire beaucoup mieux en utilisant des pneus Goodyear « E » hyper-tendres. Toujours prudents, les deux compères pensaient que ces enveloppes ne tiendraient pas deux tours en piste... La nouvelle Ferrari est plus rapide mais manque toujours d'adhérence. Alboreto a beaucoup de mérite à la hisser au septième rang pendant que Johansson se classe dixième. Les mines s'allongent chez les Rouges...
Vendredi, Tambay sort violemment de la route à Lesmo et doit se rabattre ensuite sur son mulet. Il réalise tout de même un beau huitième chrono. Warwick place sa Renault instable sur le douzième échelon. Les Arrows-BMW (Berger 11ème, Boutsen 14ème) profitent ici de la puissante cavalerie BMW. Malgré tous les efforts d'Euroracing, les Alfa Romeo de Patrese (13ème) et Cheever (17ème) cassent toujours autant de turbos. Les Toleman (Fabi 15ème, Ghinzani 20ème) sont ici handicapées par la faiblesse du moteur Hart. Brundle prend la 18ème place avec la seule Tyrrell-Renault en lice. Surprise chez Ligier: le débutant Streiff (19ème) se qualifie devant Laffite (20ème). On trouve ensuite Rothengatter (22ème), Martini (23ème), Acheson (24ème) et Alliot (26ème). Jones (25ème) ne s'attendait pas à des débuts aussi difficile pour la Lola: après avoir subi une kyrielle de pépins techniques, il concède neuf secondes à Senna ! Les mauvaises langues affirment que son moteur Hart a une durée de vie inférieure à celle des pneus de qualifications...
Samedi soir, personne n'a le cœur à rire chez Ferrari. Alboreto s'entretient longuement par téléphone avec le Commendatore et ne cache pas ses inquiétudes. Il est crispé, anxieux. Depuis la campagne nord-américaine, la belle mécanique rouge s'est enrayée. Pendant ce temps-là Alain Prost, régulièrement insulté par les spectateurs, se détend en tapissant la chambre de Ron Dennis avec des photographies érotiques...
Carburant illégal pour BMW ?
Le carburant fourni par BASF pour alimenter les moteurs BMW de Brabham d'Arrows suscite quelques interrogations. Les journalistes se demandent en effet pourquoi le camion de la compagnie allemande est gardé jour et nuit par des vigiles armés. Jacques Laffite lance la polémique après les qualifications: « J'ai suivi Boutsen sur quelques centaines de mètres, déclare le pilote Ligier. Ses gaz d'échappement mélangés à une espèce de liquide se sont infiltrés sous ma visière. Je me suis mis à pleurer, mes yeux me brûlaient. A mon avis ils doivent utiliser un additif capable d'améliorer la puissance de leur moteur... »
Gabriele Cadringher a aussitôt procédé à des prélèvements d'échantillons, mais les résultats des analyses ne seront pas connus avant plusieurs mois. Selon Thierry Boutsen, Laffite a simplement reçu de l'eau mélangée à un surplus d'essence. L'affaire n'aura pas de suites.
Le Grand Prix
L'échauffement du dimanche matin ne rassure pas les tifosi: Prost signe le meilleur chrono avec deux secondes d'avance sur Alboreto... Le ciel se couvre en début d'après-midi, ce qui arrange les manufacturiers de pneumatiques qui s'alarmaient d'une charge thermique trop élevée. Les montes choisies font généralement la part belle aux pneus tendres. Prost et Alboreto partent avec des pneus B « médiums ». Piquet a pris quatre Pirelli 03 et compte s'arrêter à mi-chemin.
Départ: Senna démarre assez bien mais il est talonné par Rosberg qui lui fait l'extérieur au goulet de la première chicane Le Finlandais passe en force, obligeant le Brésilien à mordre dans les graviers pour éviter l'accrochage. Suivent Mansell, Prost, de Angelis et Alboreto. Berger touche Fabi et casse une moustache contre la Toleman. Ghinzani cale et ne pourra pas s'élancer. Acheson grille son embrayage et démarre avec peine.
1er tour: Mansell double Senna dans la Curva Grande. Rosberg mène devant Mansell, Senna, Prost, de Angelis, Alboreto, Piquet, Tambay, Johansson et Warwick. Martini renonce avec un bloc Motori Moderni hors d'usage. Berger stoppe chez Arrows pour changer son aileron avant.
2e: Rosberg et Mansell s'échappent devant un trio composé de Senna, Prost et de Angelis. Jones s'arrête chez Beatrice afin de faire retirer des papiers qui obstruent ses conduits d'aération.
3e: Prost déborde Senna sur la ligne de chronométrage. Privé d'embrayage, Acheson abandonne.
4e: Mansell ralentit car son moteur ne fonctionne plus que sur trois cylindres. Il se fait dépasser par le peloton. Pendant ce temps-là Cheever renonce... sur panne de moteur.
5e: Rosberg a sept secondes d'avance sur Prost. De Angelis double Senna devant les stands. Alboreto et Piquet se rapprochent du Brésilien. Mansell revient à son stand pour faire remplacer son boîtier de gestion électronique.
6e: Piquet est blotti dans les échappements d'Alboreto. Après avoir effacé Surer, Lauda est revenu à la dixième place. Mansell reprend la piste avec deux tours de retard.
7e: Piquet double Alboreto sur la ligne de chronométrage. L'Italien a choisi des pneus trop durs et ne peut pas résister à l'exceptionnelle vitesse de pointe de la Brabham. Lauda poursuit sa traditionnelle remontée et dépasse Johansson. Jones abandonne car son moteur Hart surchauffe à nouveau.
8e: Huit secondes séparent Rosberg et Prost. Les deux Lotus ont été semées par la McLaren. Lauda prend la huitième place à Tambay.
9e: Lauda pourchasse Alboreto. Patrese s'arrête chez Alfa Romeo pour faire examiner ses freins défaillants.
10e: Rosberg devance Prost (8.8s.), de Angelis (17.6s.), Senna (18.8s.), Piquet (21.8s.), Alboreto (24.6s.), Lauda (25.6s.), Tambay (31s.), Johansson (32s.), Surer (33s.) et Boutsen (40.7s.). Warwick renonce à cause d'un différentiel cassé.
11e: En fin de tour Lauda déborde Alboreto. L'Autrichien semble inarrêtable et l'Italien bien trop lent pour un pilote convoitant le titre de champion du monde.
12e: Piquet s'arrête à son stand pour changer de pneus. Il repart onzième. Fabi change aussi de pneumatiques. Patrese s'arrête à nouveau chez Alfa pour remplacer une écope de frein endommagée par un morceau de gomme.
13e: Fabi se plaint de vibrations sur son châssis depuis qu'il a changé de gommes. Il stoppe deux minutes à son garage avant de redémarrer.
14e: Rosberg précède Prost (9.4s.), de Angelis (21.5s.), Senna (24.3s.), Lauda (26s.) et Alboreto (32s.). Johansson prend la septième place à Tambay. Berger quitte la course après une rupture de différentiel.
15e: Lauda dépasse Senna. Plus loin, Surer vient à bout de Tambay.
17e: Lauda double de Angelis par l'extérieur de la Parabolica. De Angelis tente de résister dans la longue ligne droite, sans succès. En quelques tours le triple champion du monde est passé de la seizième à la troisième place.
18e: Les pneus de Lauda sont plus tendres que ceux de Prost. L'Autrichien se lance à la poursuite de son coéquipier.
19e: Troisième arrêt de Patrese, cette fois-ci pour faire contrôler son moteur.
20e: Rosberg est devant Prost (11.5s.), Lauda (32.7s.), de Angelis (37.8s.), Senna (39.2s.), Alboreto (50.7s.), Johansson (55.1s.), Surer (56.3s.), Tambay (1m. 05s.), Piquet (1m. 07s.), Boutsen (1m. 18s.), Laffite (1m. 24s.) et Brundle (1m. 29s.).
21e: Piquet prend la neuvième place à Tambay. Alliot tombe en panne de turbo.
22e: Lauda ne parvient pas à combler son retard sur Prost. Visiblement les pneus de la McLaren n°1 sont endommagés. Boutsen se débat avec un châssis déséquilibré et doit changer ses roues.
24e: Prost a repris deux secondes à Rosberg. En effet les pneus du Finnois se détériorent.
25e: Rosberg précède Prost (9.4s.), Lauda (35.4s.), de Angelis (46.2s.), Senna (28.3s.) et Alboreto (59.5s.).
26e: La moustache avant-gauche de Lauda s'affaisse soudainement. L'Autrichien est contraint de s'arrêter aux stands pour faire réparer son train avant et mettre des pneus neufs. Il ressort en dixième position. De Angelis est de nouveau troisième juste devant Senna.
27e: Les pneus d'Alboreto sont fortement dégradés et l'Italien doit effectuer un remplacement. Il passe par son stand et repart après dix secondes d'arrêt en huitième position.
28e: Rosberg s'engouffre aux stands pour changer de gommes. Il retrouve la piste en seconde position, dix-sept secondes derrière Prost. Rothengatter abandonne à cause d'une panne de moteur.
29e: De Angelis lève le pied car, à cause d'une erreur informatique, il croit qu'il n'aura pas assez d'essence pour rallier l'arrivée. Alboreto et Lauda luttent pour la huitième place. Changement de pneus pour Tambay qui repart douzième.
30e: Rosberg améliore à chaque passage le meilleur tour en course. Il reprend environ deux secondes par boucle à Prost. Senna prend la troisième place à de Angelis. Surer et Piquet luttent pour la sixième place.
31e: Prost est premier devant Rosberg (13.8s.), Senna (45.6s.), de Angelis (48s.), Johansson (1m. 01s.), Surer (1m. 02s.), Piquet (1m. 03s.), Alboreto (1m. 26s.), Lauda (1m. 27s.) et Laffite (-1t.).
32e: Piquet dépasse Surer. Lauda est dans les échappements d'Alboreto.
33e: Onze secondes séparent encore Prost de Rosberg.
34e: Piquet prend la cinquième place à Johansson. Lauda regagne les stands pour abandonner. D'inquiétantes vibrations affectent son train arrière. Le moteur serait en cause. Les tifosi applaudissent leur ancienne idole dont c'était la dernière course en Italie.
35e: Patrese renonce à cause d'un tuyau d'échappement brisé. Alfa Romeo n'aura pas échappé à la débâcle en Italie.
36e: Rosberg est revenu à cinq secondes de Prost. Piquet menace Senna. Le Pauliste n'est pas très rapide car il ne bénéficie pas d'une bonne pression de suralimentation. Par ailleurs, son moteur tarde à répondre.
37e: Les Brabham rattrapent de Angelis. Johansson est chez Ferrari pour changer de pneumatiques et repart en huitième position derrière Surer et Alboreto.
38e: Rosberg n'est plus qu'à deux secondes de la McLaren de tête. Esseulé en quatorzième position, Mansell signe le meilleur tour en course: 1'28''283'''. Piquet est toujours aussi rapide et prend la quatrième place à de Angelis.
39e: Rosberg réalise son meilleur tour (1'28''421''') de la course. Il se glisse sous l'aileron de Prost.
40e: Rosberg reprend la première place à Prost dans le Rettifilo Centrale. Ironiquement, les deux hommes reviennent alors sur Alboreto, seulement septième. Surer dépasse de Angelis.
41e: Piquet et Senna sont en bagarre pour la troisième place. A la Parabolica le pilote Lotus est gêné par Boutsen. Piquet en profite pour prendre l'aspiration et déborder son compatriote dans la longue ligne droite principale. Alboreto remonte à son tour sur de Angelis et espère ainsi inscrire au moins un point. Laffite doit renoncer car son moteur a trop chauffé.
42e: Rosberg est premier devant Prost (2s.), Piquet (1m. 07s.), Senna (1m. 09s.), Surer (1m. 20s.), de Angelis (-1t.), Alboreto (-1t.), Johansson (-1t.), Brundle (-1t.) et Tambay (-1t.). Streiff roule en douzième position à un rythme peu élevé car il souffre de crampes.
43e: Alboreto double de Angelis. Son équipier Johansson menace désormais le pilote Lotus.
44e: Rosberg a sept secondes de marge sur Prost et se dirige vers un succès certain.
45e: Rosberg entre dans les stands avec un moteur fumant. Un joint de culasse a lâché, laisse s'échapper tout le liquide de refroidissement du V6 Honda. La victoire s'envole pour Rosberg. Prost récupère le premier rang.
46e: Prost a plus d'une minute d'avance sur Piquet. Johansson dépasse de Angelis. Mais le public déchante: Alboreto arrive aux stands au ralenti ! Le moteur Ferrari ne répond plus et le jeune Italien n'a plus qu'à mettre pied à terre. C'est le tournant de cette saison 1985.
47e: Surer se rapproche de Senna et paraît en mesure de monter sur le podium.
48e: Prost devance Piquet (1m. 03s.), Senna (1m. 08s.), Surer (1m. 16s.), Johansson (-1t.), de Angelis (-1t.), Tambay (-1t.), Mansell (-1t.) et Boutsen (-1t.).
50e: Surer n'est plus qu'à deux secondes de Senna. La déroute est complète pour Williams-Honda: Mansell rentre lui aussi au garage avec une pression d'huile à zéro. Il était revenu en neuvième position.
51ème et dernier tour: Consternation dans les tribunes: Johansson tombe en panne d'essence ! Aucune Ferrari ne verra le drapeau à damiers !
Alain Prost remporte le Grand Prix d'Italie pour la seconde fois de sa carrière. Piquet termine deuxième et monte sur le podium pour la première fois depuis deux mois. Senna finit troisième... trois dixièmes devant un Surer plus incisif qu'à l'accoutumée. S'étant dédoublé juste avant son abandon, Johansson conserve la cinquième place. Il est pris en stop par de Angelis, sixième. Suivent Tambay, Brundle, Boutsen, Streiff, Mansell (tout de même classé) et Fabi qui rallie l'arrivée pour la première fois de l'année.
Après la course: Prost met K.O. Ferrari
Après un tel résultat, on pouvait redouter une flambée de violences, au moins verbales, de la part des tifosi contre Prost et l'équipe McLaren. Mais heureusement les supporteurs italiens se résignent stoïquement. Un silence mortel règne dans le stand Ferrari. Prost ne vient pas seulement de prendre neuf points au championnat. Il a remporté une victoire psychologique décisive contre Alboreto. « Je n'y crois plus... » soupire celui-ci en se réfugiant dans son motorhome. « Nous aurions dû progresser ici, ce fut le contraire... Pas bien en moteur, pas mieux en châssis... » « Albo » remâche longuement sa déception. Marco Piccinini et Domingo Piedade tentent de lui remonter le moral. Mais le coup est rude pour celui que la Gazzeta dello Sport avait un peu prématurément sacré successeur d'Alberto Ascari. Mortifié par ce cuisant échec, Enzo Ferrari refuse de s'avouer vaincu et ordonne à ses hommes de reprendre les essais sur ce même autodrome dès mardi.
Sur le podium, Alain Prost savoure ce triomphe en terrain hostile. Menant comme toujours sa course avec une grande intelligence, il n'a pas cherché à répliquer à Keke Rosberg dont la Williams-Honda paraissait inattaquable. « Je n'avais pas intérêt à aller chercher Keke ou à me battre à fond avec lui, explique-t-il. J'avais choisi des Goodyear plus résistants que les siens. Je le savais... Aucune Ferrari ne termine. Je reste confiant, bien qu'attentif. En assurant un peu, ça doit être jouable... » Et le malheureux Rosberg, qu'en dit-il ? « Je n'oublierai jamais cette course. Elle fut presque parfaite... » Et il disparaît sans un mot de plus.
Cette course suscite une controverse entre Elio de Angelis et Ayrton Senna. Le Romain accuse son écurie de le défavoriser au profit de son équipier. « Je n'avais pas le même moteur qu'Ayrton ! » affirme-t-il avec colère. Peter Warr nie ces accusations et déclare que tout simplement, à vitesse égale, Senna utilise moins de pression de suralimentation que de Angelis. Celui-ci n'est pas convaincu et recherche activement une autre écurie pour l'année prochaine.
A quatre courses du terme de la saison, Prost (65 pts) compte maintenant douze longueurs d'avance sur Alboreto (53 pts). Marlboro-McLaren (79 pts) s'empare du commandement du championnat des constructeurs devant Ferrari (77 pts).
Tony