Ayrton SENNA
 A.SENNA
Lotus Renault
Alain PROST
 A.PROST
McLaren TAG Porsche
Michele ALBORETO
 M.ALBORETO
Ferrari

414. Großer Preis

XXIII Grosser Preis von Osterreich
Bedeckt
Österreichring
Sonntag, 18. August 1985
52 Runden x 5.942 km - 308.984 km
Rennunterbrechung nach 1 Runde aufgrund von Unfalls und über die ursprüngliche Distanz neu gestartet.
Affiche
F1
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Décès de Manfred Winkelhock

Le 11 août 1985, Manfred Winkelhock se tue au volant d'une Porsche 962C lors de 1000 kilomètres de Toronto. Sa voiture, qu'il partage avec Marc Surer, sort de la route pour une raison inconnue au virage n°2 avant de se fracasser contre le mur de béton. Rapidement extrait des décombres, Winkelhock s'éteint le lendemain des suites d'une hémorragie cérébrale. Il était âgé de 33 ans et laisse un fils, Markus. Sa carrière était liée à BMW, marque pour laquelle il a piloté en voitures de tourisme, en Formule 2 et en Formule 1. Winkelhock n'était pas le pilote le plus doué mais, d'une rare opiniâtreté, il a toujours donné le meilleur de lui-même et n'a jamais baissé les bras, même au cours des trois années rocambolesques passées chez ATS. Il savait se montrer très rapide quand il le fallait, notamment en qualifications, mais malheureusement n'a jamais disposé d'un bon matériel en Formule 1. Sa bonne humeur, son sens de la camaraderie et sa démarche sautillante vont manquer au paddock.

 

Le 14 août, Manfred Winkelhock est inhumé à Waiblingen en présence de bon nombre de ses confrères. Son équipier Philippe Alliot organise une collecte au profit de sa veuve Martina.

 

Niki Lauda prend sa retraite

Cette course à domicile est l'occasion pour Niki Lauda d'annoncer qu'il prendra sa retraite à la fin de la saison. Désabusé par une incroyable série de pannes mécaniques et excédé par ses relations exécrables avec Ron Dennis, il n'entend pas cette fois revenir sur sa décision. Depuis son sacre mondial, au soir du GP du Portugal 1984, quelque chose s'est cassée en lui. Il s'est tellement démultiplié pour vaincre Alain Prost qu'il lui semble avoir atteint l'acmé de sa carrière. Désormais, il ne peut que descendre, et cette calamiteuse saison 85 ne fait que confirmer ses craintes. Par ailleurs, il avoue ne plus avoir l'élan nécessaire pour rouler à tombeau ouvert propulsé par des moteurs de mille chevaux. Il écrit ainsi dans son autobiographie: « Je vois ces petits hommes recroquevillés dans leurs machines menées tambour battant à 250 km/h [...] je vois leurs têtes ballottées et je les plains, ce sont de pauvres fous, des détraqués. Le moindre accroc, et puis voilà un de ces petits hommes qui s'envole au loin pour atterrir n'importe où, raide mort... » L'Autrichien est en outre de plus en plus accaparé par sa compagnie Lauda Air, en pleine expansion. L'aviation est maintenant sa passion première, avant même la Formule 1. Il vient ainsi d'acheter deux Boeing 737-300, le dernier modèle débarqué sur le marché.

 

Aussi, Lauda annonce sa décision irrévocable lors d'une conférence de presse qu'il tient le samedi 17 août. Ron Dennis est présent. A un journaliste qui lui demande quel sera l'avenir de l'écurie sans son pilote vedette, le directeur de McLaren s'emporte, oublie son pilote et affirme que tous ses succès sont le fruit du génie de John Barnard. Lauda quitte la table furibard. Il n'adressera plus la parole à Dennis de tout le week-end.

 

Le départ de Niki Lauda attriste la majorité de ses collègues et amis, Alain Prost, Nelson Piquet, Patrick Tambay, Michele Alboreto... Seul l'inénarrable Keke Rosberg émet une fausse note : « Je m'en moque un peu... Ce n'est pas mon problème... » Vraiment ? En fait, la succession de Lauda chez McLaren est déjà réglée, l'Autrichien ayant prévenu ses patrons de ses intentions lors du Grand Prix d'Allemagne. Après avoir consulté John Hogan, directeur du Marlboro Worldchampionship Team, Ron Dennis conclut un transfert-éclair avec... Rosberg. Le mercredi 14 août, la Finlandais a paraphé un contrat d'un an moyennant plusieurs millions de dollars. Mais son officialisation est différée au prochain Grand Prix.

 

Bruits de couloirs: Piquet chez Williams, Bellof vers Ferrari

La saison des transferts est ainsi lancée. Rosberg devrait être remplacé chez Williams par Nelson Piquet qui commence à se lasser des difficultés de l'association Brabham-BMW. A 33 ans, le double champion du monde brésilien ressent le besoin de donner un second souffle à sa carrière. Autre pilote à se positionner sur le marché: Elio de Angelis, qui ne supporte plus la compagnie d'Ayrton Senna chez Lotus. Mais le Brésilien lui-même pourrait quitter Ketteringham Hall, où l'on ne serait guère en mesure de contrer un pont d'or en provenance de Williams ou de Ferrari...

 

La Scuderia, justement, n'a toujours pas confirmé sa future paire de pilotes, ce qui est très inhabituel à ce stade de la saison. Si Michele Alboreto paraît assuré de conserver son volant, Stefan Johansson pourrait céder sa place à Stefan Bellof. Le jeune et sympathique Allemand devrait rencontrer Enzo Ferrari d'ici le GP d'Italie. Sa promotion ne serait que justice car Bellof fait montre d'un talent peu commun malgré un matériel médiocre. Après avoir remporté le championnat du monde des voitures de sport pour le compte de Porsche en 1984, rejoindre Ferrari serait un nouveau palier dans son irrésistible ascension.

 

Présentation de l'épreuve

Maintenant qu'il a annoncé sa retraite, Niki Lauda va-t-il aider son ami Alain Prost à conquérir le titre mondial ? Selon lui, ce n'est pas d'actualité, surtout lors du GP d'Autriche : « Ici, je cours pour moi. Je veux absolument gagner ce Grand Prix car je m'en sens capable. Je pense d'ailleurs que Ron Dennis sera d'accord avec moi: il serait prématuré de nous imposer une course d'équipe. Il en allait ainsi en 1984. Rien ne doit encore changer cette année. »

 

Les Williams possèdent une nouvelle suspension arrière ainsi que des écopes de freins élargies pour faciliter le refroidissement. Chez Toleman, une seconde monoplace est mise à la disposition de Piercarlo Ghinzani. Selon certains spécialistes, la très bonne tenue de route du châssis développé par Rory Byrne s'explique par le dessin astucieux du fond de la coque: un léger décrochement à l'avant forme un V qui permet de canaliser l'air et de créer un vide partiel sous la voiture. Les Brabham BT54 sont équipées d'une manette permettant aux pilotes de masquer ou d'ouvrir à loisir la surface des échangeurs d'air. Mais Gabriele Cadringher, l'ingénieur de la FISA, juge ce dispositif illégal en tant qu'élément aérodynamique réglable en marche. Après avoir opposé quelque résistance, Gordon Murray est contraint de le démonter.

 

Éplorée par la disparation de Manfred Winkelhock, la petite écurie RAM ne souhaitait pas lui donner de suppléant mais, pressée par son sponsor Skoal Bandit, elle le remplace par Kenny Acheson, qui avait déjà tenté de se qualifier pour son compte à sept reprises en 1983. Philippe Alliot reçoit enfin un quatre cylindres Hart à injection électronique. Voilà qui mettra peut-être fin à l'incroyable série de 37 (!) pannes de moteurs subies par les hommes de John Macdonald depuis le début de l'année.

 

Les qualifications

Les essais du samedi après-midi sont interrompus par un orage, si bien que la plupart des pilotes réalisent leurs meilleurs temps le vendredi. L'Österreichring sourit aux voitures rapides mais aussi bien équilibrées. Les McLaren-TAG-Porsche sont ainsi les meilleures et Prost s'adjuge sa première pole position de la saison. Très en verve, Lauda partira derrière lui en troisième position. Grâce à un excellent tour réalisé le samedi juste avant la pluie, Mansell se place en première ligne. Son équipier Rosberg est quatrième après avoir achevé un tour avec un aileron arrière effondré !

 

Le moteur BMW est ici 30 km/h plus rapide que le TAG-Porsche... Mais la Brabham rend une seconde au tour à la McLaren ! Preuve de l'importance de l'aérodynamisme. Piquet (5ème) s'est bien tiré d'une effrayante embardée survenue vendredi. Surer est onzième. Fabi (6ème) bénéficie de l'excellente tenue de route de la Toleman qui compense la faiblesse du moteur Hart. Ghinzani (19ème) se contente de découvrir sa nouvelle voiture. Lotus a fait l'impasse sur les essais préliminaires qui se sont déroulés ici. Résultat: les 97T sont mal réglées. De Angelis est septième ; Senna, handicapé par un manque de pression de suralimentation, quatorzième. Au sein d'une écurie Renault en pleine déprime, Tambay a du mérite à placer sa RE60 au huitième rang. Warwick (13ème) s'est distingué en démolissant la voiture que Tambay lui avait prêtée sur ordre de Gérard Toth...

 

Et chez Ferrari ? Et bien rien ne fonctionne, ni le châssis, très instable sur les bosses, ni les moteurs qui ne cessent de casser. Alboreto, neuvième après avoir emprunté le bolide de son équipier, et Johansson, douzième, se contentent de limiter les dégâts. Les Alfa Romeo manquent d'adhérence et de puissance. Pourtant, Patrese réalise un joli dixième chrono tandis que Cheever (20ème) détruit sa 184T au virage Rindt. Le désarroi est vif chez Ligier où les JS25 de Laffite (15ème) et de Cesaris (18ème) révèlent un inquiétant manque de stabilité. Les Arrows-BMW (Boutsen 17ème, Berger 18ème) ont un comportement tout aussi médiocre. Les RAM d'Alliot (21ème) et Acheson (23ème) encadrent la Tyrrell-Renault de Bellof. Suivent Rothengatter, Palmer et Martini. Brundle n'a pas accompli sa « mission-impossible » : qualifier une voiture à moteur atmosphérique à Zeltweg...

 

Le Grand Prix

La nuit précédant la course un terrible orage s'abat sur les montagnes de Styrie. Au matin heureusement le soleil fait sa réapparition. La piste est asséchée mais pas le gazon, ce qui rendra toute sortie de piste fort périlleuse. Prost est le plus rapide lors du warm-up, mais il se fait une sacrée frayeur lorsque son accélérateur demeure ouvert à l'entrée de la chicane Texaco ! La McLaren finit perchée sur un talus, par chance sans grand dommage. Le Français n'est toutefois pas au bout de ses inquiétudes car quelques minutes avant le départ, il s'aperçoit que son cardan de droite a un jeu trop élevé... Mais il est trop tard pour prendre le mulet.

 

Les pilotes fournis par Goodyear choisissent pour la plupart quatre pneus C tendres, excepté Prost, Boutsen et Berger qui ont des B à gauche. Chez Pirelli, les Ligier, Brabham et Toleman sont munies de « 5 » durs.

 

Départ: Prost part bien mais Lauda s'élance encore mieux et déborde son équipier au premier freinage. Mansell manque son envol avec un V6 cahotant tandis que Fabi reste carrément immobilisé, moteur calé. A l'extérieur, de Angelis démarre doucement à cause d'un moteur encrassé. Tambay parvient à se faufiler entre les deux Italiens, mais pas Alboreto qui y laisse sa suspension avant. Survenant derrière la Ferrari, Berger emboutit la Toleman et la Lotus !

 

1er tour: Lauda mène devant Prost, Rosberg et Tambay, tandis qu'Alboreto, Fabi et Berger sortent de leurs machines. Heureusement pour ces pilotes, le drapeau rouge est brandi: ce premier départ est annulé et la course va recommencer à zéro.

 

La décision de stopper la course est plutôt mal accueillie. Les quatre voitures blessées étaient en effet placées hors trajectoire. Quoiqu'il en soit, Alboreto, Fabi, de Angelis et Berger montent dans leurs mulets et prennent place sur la nouvelle grille. Prost est également très heureux car sa McLaren développant une surchauffe, il choisit de l'abandonner pour utiliser sa voiture de réserve. Il chausse cette fois des pneus C sur ses quatre roues. Ghinzani ne prendra pas ce second départ car il a commis un surrégime lors du tour précédemment parcouru.

 

Deuxième départ: Prost conserve la première place tandis qu'à nouveau Mansell peine à mettre les gaz. Rosberg se faufile entre le mur et son équipier et se retrouve second au premier virage devant Lauda, Piquet, de Angelis et Mansell.

 

1er tour: Prost mène devant Rosberg, Lauda, Piquet, de Angelis, Mansell, Tambay, Fabi, Alboreto et Senna. Alliot s'arrête chez RAM pour faire retirer une écope de frein coincée dans sa suspension.

 

2e: Prost surveille dans ses rétroviseurs un Rosberg menaçant.

 

3e: Le trio Prost - Rosberg - Lauda s'envole en tête de la course.

 

4e: Rosberg ralentit soudainement. Sa pression d'huile est tombée à zéro et le moteur Honda ne tourne plus. Le Finlandais regagne les stands pour mettre pied à terre.

 

5e: Les McLaren paraissent irrésistibles: Prost et Lauda comptabilisent déjà onze secondes d'avance sur un quintet composé de Piquet, de Angelis, Mansell, Tambay et Fabi.

 

6e: Fabi prend la sixième place à Tambay. Cheever renonce après avoir (encore...) cassé un turbo.

 

7e: Prost mène devant Lauda (4.7s.), Piquet (18s.), de Angelis (18.7s.), Mansell (19.1s) et Fabi (20.9s.). Suivent Tambay, Alboreto, Senna et Johansson.

 

9e: Tambay revient à son stand avec une crevaison à l'arrière-gauche. Il reprend la piste en vingt-et-unième position. Senna dépasse Alboreto. Johansson s'est frayé un passage devant Warwick et de Cesaris et se rapproche de son coéquipier.

 

10e: Prost dirige les débats devant Lauda (4.4s.), Piquet (24.5s.), de Angelis (25.7s.), Mansell (26.1s.), Fabi (26.7s.), Senna (31s.), Alboreto (32.4s.), Johansson (34s.), Warwick (38s.), de Cesaris (38.9s.) et Laffite (39.3s.).

 

12e: Prost compte sept secondes d'avance sur Lauda, vingt-huit secondes sur Piquet.

 

14e: A la sortie de la courbe Texaco, de Cesaris met une roue dans l'herbe mais garde le pied au plancher. La Ligier glisse dans l'herbe humide, heurte le talus meuble, décolle puis effectue une effrayante série de quatre tonneaux. Elle monte très haut dans les airs avant de retomber sur ses roues, complètement détruite. Plus de peur que de mal pour l'Italien qui sort immédiatement de son épave. Un vrai miracle !

 

15e: Mansell met la pression sur de Angelis qui est mécontent du comportement de son mulet. Senna prend la sixième place à Fabi.

 

16e: Alliot abandonne à cause d'une panne de turbo.

 

17e: L'intervalle entre Prost et Lauda tombe à trois secondes et demie. Le moteur de Fabi émet un bruit sourd à cause de problèmes électroniques. L'Italien laisse passer les deux Ferrari.

 

18e: Mansell double de Angelis et se retrouve quatrième.

 

19e: Pris dans le trafic, Prost perd du temps et voit Lauda revenir. Après avoir longuement lutté contre Patrese, Palmer renonce à cause d'une courroie d'alternateur brisée.

 

20e: Prost devance Lauda (3.8s.), Piquet (37.3s.), Mansell (38.5s.), de Angelis (41.8s.), Senna (42.3s.), Alboreto (47.7s.), Johansson (48.7s.), Fabi (1m. 04s.), Warwick (1m. 05s.), Laffite (1m. 06s.) et Surer (1m. 07s.).

 

21e: Prost s'aperçoit que, mal réglé, le châssis de réserve use trop rapidement ses pneumatiques.

 

22e: Lauda n'est plus qu'à deux secondes de Prost. Fabi regagne son stand pour faire examiner son boîtier électronique.

 

23e: Senna poursuit sa remontée et dépose son équipier de Angelis. Le voici cinquième.

 

24e: Surer arrache la dixième position à Laffite. Nouvel arrêt de Fabi suite à des des soucis d'injection. Il reste immobilisé dix minutes avant de redémarrer.

 

25e: Prost fait signe à son stand qu'il désire changer de gommes. Mansell attaque et dépasse Piquet dont la Brabham n'est pas très fringante.

 

26e: Prost entre aux stands pour changer ses pneumatiques. Il repart au bout de onze secondes en deuxième place. Lauda est le nouveau leader. Piquet entre aussi dans les stands mais pour abandonner, faute de pression de suralimentation. Mansell n'en profite pas: son moteur Honda explose et il se gare dans l'herbe.

 

27e: Lauda mène désormais devant son public avec trente secondes d'avance sur Prost. Patrese renonce, moteur Alfa Romeo muet. Bellof change ses pneus.

 

28e: Prost se lance à la chasse de son équipier et bat le record de la piste tour après tour.

 

30e: Lauda précède Prost (27.5s.), Senna (51.2s.), Alboreto (58.8s.), Johansson (59.8s.), de Angelis (1m. 01s.), Surer (-1t.), Warwick (-1t.), Laffite (-1t.), Boutsen (-1t.) et Berger (-1t.).

 

31e: De Angelis s'arrête chez Lotus pour mettre des pneus neufs. Il redémarre derrière les Ferrari. Acheson met pied à terre en panne de moteur. Warwick le rejoint aux stands, moteur Renault cassé.

 

32e: Surer roule en septième position avec un échappement cassé et presque privé de pression de suralimentation. Néanmoins, son moteur tournant encore, il continue en espérant accrocher un point.

 

33e: Prost est à vingt-trois secondes de Lauda. En poursuivant à cette cadence, il peut rattraper son aîné avant la fin de la course. Il n'a rien à craindre de Senna dont la Lotus vibre dangereusement.

 

34e: Johansson tente à plusieurs reprises de faire l'intérieur à Alboreto, mais celui-ci lui ferme la porte avec autorité. Prudemment, le Suédois n'insiste pas.

 

35e: Dix-huit secondes entre Lauda et Prost.

 

36e: Berger stoppe dans l'herbe au niveau de la courbe Bosch, moteur cassé. Martini s'arrête à son garage pour faire inspecter son moteur qui ratatouille.

 

37e: Lauda réplique au retour de Prost et accroît son rythme. Dix-sept secondes séparent les deux collègues. Suivent Senna (1m.), Alboreto (1m. 07s.), Johansson (1m. 08s.) et de Angelis à un tour. Martini repasse chez Minardi pour remplacer son capot arrière qui s'est détaché.

 

38e: Lauda réalise son meilleur chrono de l'après-midi: 1'30''052'''.

 

39e: Prost répond à Lauda et décroche le meilleur tour en course: 1'29''241'''.

 

40e: Le moteur de Lauda explose dans la Jochen Rindt Kurve. Le triple champion du monde laisse glisser sa voiture devant l'allée des stands avant de s'arrêter. Il ne gagnera pas son dernier Grand Prix national, la faute à un axe de turbo rompu... Prost retrouve la première place.

 

41e: Prost précède Senna (48.2s.), Alboreto (55.6s.), Johansson (58.4s.), de Angelis (1m. 26s.), Surer (-1t.), Laffite (-1t.), Tambay (-1t.) et Boutsen (-1t.).

 

42e: Martini a de nouveau perdu son capot postérieur, et cette fois-ci regagne les stands pour renoncer.

 

43e: Laffite s'arrête à son stand pour changer de pneus. Lauda a quitté le circuit sans même s'entretenir avec Ron Dennis ou John Barnard. Les tribunes de l'Österreichring se vident...

 

45e: Après s'être arrêté plusieurs fois à son stand, Fabi abandonne pour de bon à cause d'une panne électrique. Laffite revient à son stand clopin-clopant: sa roue avant-droite, mal fixée lors de son arrêt, se détache faute d'écrou. Le Français jette l'éponge.

 

46e: Prost a quarante-deux secondes de marge sur Senna.

 

47e: Le châssis de Senna vibre atrocement. Le Brésilien doit conduire d'une seule main pour ne pas trop souffrir.

 

48e: Le moteur de Tambay explose. Dans la courbe Sebring, le Français glisse sur sa propre huile et part en tête-à-queue. Il parvient à éviter le rail et gare sa voiture hors trajectoire.

 

49e: Les commissaires de piste s'affairent à dégager la Renault de Tambay. La zone est balisée par des drapeaux jaunes. Rothengatter finit l'épreuve avec un moteur cafouillant.

 

50e: Les voyants de températures s'affolent sur la Lotus de Senna. Le Brésilien s'attend à voir son moteur partir en fumée d'un instant à l'autre.

 

51e: Prost a trente-sept secondes d'avance sur Senna, quarante-deux sur Alboreto. Bellof tombe en panne d'essence alors qu'il occupait le septième rang. Boutsen roule quant à lui au ralenti, sans aucune pression de turbo.

 

52ème et dernier tour: Alain Prost obtient sa vingtième victoire en Formule 1. Après une superbe remontée, Senna termine deuxième malgré un moteur à bout de souffle. Il met ainsi fin à une série de sept scores vierges consécutifs. Alboreto monte sur son huitième podium de la saison. Johansson est quatrième, suivi par de Angelis et Surer. Boutsen et Rothengatter rallient également l'arrivée avec des machines à l'agonie.

 

Après la course

Alain Prost reconnaît que ce succès est un peu chanceux. Selon lui, il ne serait pas parvenu à rattraper Lauda sans l'abandon de celui-ci: « Nous n'avions décidé aucune politique d'équipe, déclare le Français. Nous étions à Zeltweg. Niki était bien résolu à gagner. Sincèrement, je suis malheureux pour lui. Il était en tout cas intouchable. » Prost est dorénavant à égalité au championnat avec Michele Alboreto qui peut s'estimer heureux de finir troisième vue la faible compétitivité des Ferrari.

 

Ce dimanche soir, des cris s'échappent du stand Ligier-Gitanes. Le patron ne digère par l'effroyable sortie de route d'Andrea de Cesaris, qualifiée de « pétit tétakou » par l'intéressé... « La voiture était difficile à conduire... Elle m'a totalement échappé dans cette courbe... » tente d'expliquer le jeune Romain, penaud. Ligier s'emporte. Il reproche à son pilote de ne pas avoir levé le pied alors qu'il dérapait. Il fulmine, car de Cesaris n'en est pas à son premier bris de tôle: « Si Andrea ne s'est pas tué dans cet accident, c'est bien parce qu'il a une chance insolente. La coque l'a préservé du pire. Ce soir, il pourrait être un homme mort, et nous une écurie en deuil. Moi, je ne veux pas avoir ce genre d'affaires sur la conscience. Andrea est aussi bien servi en matériel que Jacques. Mais il en casse beaucoup plus. Il n'est pas bien, psychologiquement. Il est troublé, déstabilisé. Il n'est pas dans les dispositions idéales pour faire ce métier. » Des paroles sévères... Quelques heures plus tard, Ligier propose à René Arnoux le volant de de Cesaris pour le GP des Pays-Bas.

 

Entre Prost et Alboreto, c'est désormais fifty-fifty: ils occupent ex æquo le commandement du championnat avec cinquante points chacun. Avec vingt-huit points, de Angelis est irrémédiablement distancé. Chez les constructeurs, Marlboro-McLaren revient à dix-sept longueurs de Ferrari.

Tony