Patrick TAMBAY
 P.TAMBAY
Renault
Niki LAUDA
 N.LAUDA
McLaren TAG Porsche
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Lotus Renault

393. Großer Preis

LXX Grand Prix de France
Bedeckt
Dijon-Prenois
Sonntag, 20. Mai 1984
79 Runden x 3.887 km - 307.073 km
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F1
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Bernie Ecclestone s'empare du Grand Prix de France

Après deux saisons d'absence, le Grand Prix de France se tient à nouveau à Dijon-Prenois selon une formule peu « nationale » : le directeur du circuit François Chambelland a loué celui-ci à Bernie Ecclestone, en échange de quoi il est dispensé de payer la garantie globale de 900 000 dollars qu'il devait verser à la FOCA. De quoi faire réfléchir François Chevallier et ses amis du Paul-Ricard qui se déclaraient sur la corde raide en 1983...

 

En outre, Ecclestone vient d'ajouter une nouvelle casquette à sa panoplie. Il s'est associé au businessman Paddy McNally pour créer All Sports Management, une société basée à Genève dont la fonction est de négocier avec les sponsors autour de chaque événement sportif. McNally et Ecclestone répartissent ainsi comme bon leur semble l'espace publicitaire, quitte à évincer des commanditaires marginaux. All Sports Management possède aussi l'exclusivité de la location des tentes destinées aux invités des grands sponsors. Seul le traiteur accrédité peut livrer des repas, si bien qu'on mangera la même chose partout durant tout le week-end ! De plus l'Autrichien Ernie Huppert, un des organisateurs du GP d'Autriche, est venu avec seize « gorilles » en uniformes autrichiens, chargés d'assurer la sécurité. Cela crée un certain malaise mais, « Ici, vous n'êtes plus en France, mais sur les terres de la FOCA ! » affirme Huppert à « Jabby » Crombac.

 

En marge de la course se déroule une réunion des constructeurs afin de débattre autour de la nouvelle règle édictée par la FISA limitant la capacité des réservoirs à 195 litres à compter de 1985, mesure qui fait évidemment polémique, les écuries ayant déjà bien du mal à finir les courses avec les 220 L autorisés depuis cette année. Seul Ken Tyrrell, toujours défavorisé par son moteur atmosphérique, soutient cette proposition. La plupart des équipes et des motoristes veulent conserver la limite de 220 L tandis que Renault et Alfa Romeo souhaitent au contraire l'augmenter à 250 L. Dans ces conditions, aucun accord n'est trouvé.

 

Présentation de l'épreuve: tempête autour de Renault Sport

Le Grand Prix de France est toujours un rendez-vous crucial pour Renault qui l'a emporté en 1979, 1981, 1982 et 1983. Mais cette année, les graves problèmes de consommation d'essence passent avant toute autre préoccupation. Il y a péril en la demeure : avec l'Alfa Romeo, le moteur turbo Renault est celui qui brûle le plus d'essence, d'où d'intolérables pannes sèches qui ont frappé les pilotes de l'écurie officielle, mais aussi ceux de Lotus et de Ligier. Pour pouvoir finir la course, les coureurs sont contraints de lever le pied dès les premiers kilomètres....

 

Huit jours avant la course, L'Équipe jette un pavé dans la mare en publiant un article de Johnny Rives écrit avec la collaboration de Gérard Larrousse. Le directeur de Renault Sport émet l'hypothèse d'un renoncement temporaire au cours de l'été afin de résoudre ces problèmes techniques. Larrousse ne parle innocemment et met la pression sur les ingénieurs de Viry-Châtillon qui selon lui ne s'impliquent pas suffisamment. Mais l'effet est désastreux : durant toute la semaine la Régime doit démentir les rumeurs annonçant son retrait pur et simple de la Formule 1. Ligier et Lotus s'inquiètent... A Dijon, Larrousse ne revient pas sur ses propos. Selon lui, Renault-Elf avisera après la tournée nord-américaine. Il continue de pester contre le règlement : « A Imola, après dix tours, j'ai demandé à Warwick de ralentir... Si l'on transforme la Formule 1 en épreuve d'endurance, on la défigure. »

 

Dans l'immédiat, afin de réduire la consommation, Elf fournit un nouveau carburant. Les Renault essaient aussi un système de « réchauffage » de l'essence congelée, encore une astuce « anti-gaspi ». Du côté de chez Ligier, un gros goulot surélevé permet d'utiliser plus d'essence et de moins faire appel au système de réfrigération.

 

Les Ferrari 126 C4 ont été retouchées au niveau des suspensions tandis que René Arnoux étrenne des freins en carbone. Tous les moteurs BMW possèdent un collecteur d'échappement modifié avec deux canalisations alimentant la wastegate. Le motoriste bavarois espère un sursaut : aucun de ses produits n'a terminé une course en 1984 !

 

L'ATS arbore un système de freinage modifié et un nouveau radiateur d'huile. Arrows poursuit le rodage de son A7 à moteur BMW. Boutsen est à son volant, laissant à Surer la vieille A6 à moteur Cosworth. Toleman lance la nouvelle TG184 qui surprend par sa finesse, mais aussi par son curieux double aileron arrière pour le moins inesthétique. De plus l'équipe anglaise utilise pour la première fois des pneus Michelin après avoir rompu son contrat avec Pirelli au soir du GP de Saint-Marin. Enfin, Osella n'engage ici qu'une seule voiture, celle de Piercarlo Ghinzani. Une seconde Osella-Alfa turbo est en construction et Jo Gartner devra attendre son arrivée pour réapparaître.

 

Les qualifications

La grille est déterminée par la séance de qualification du vendredi car le samedi est un jour pluvieux. Tambay réalise sa première pole position pour le compte de Renault. Autre bonne nouvelle: aucun problème de consommation n'est à déplorer sur les six voitures fournies par Renault et Elf. Warwick se classe septième avec la seconde RE50. Les Lotus-Renault se comportent magnifiquement en Bourgogne : de Angelis est second, Mansell sixième. L'équipe Brabham tente de résoudre les très nombreux problèmes générés par le turbo BMW. Piquet décroche une belle troisième place mais Fabi n'est que dix-septième. L'Italien a dû se qualifier avec la voiture de son équipier après avoir cassé son turbo. Les Williams sont toujours affectées par du sous-virage et si Rosberg (4ème) sauve les meubles, Laffite (12ème) fait grise mine.

C'est l'inquiétude chez McLaren (Prost cinquième, Lauda neuvième). Trois V6 TAG ont rendu l'âme au cours des essais suite à des ruptures de pistons. Très à l'aise ici, Winkelhock place son ATS au huitième rang. Les Ferrari (Alboreto 10ème, Arnoux 11ème) manquent de vitesse de pointe à cause des turbos KKK mal adaptés au V6 italien.

 

La nouvelle Toleman-Hart paraît saine. Senna la qualifie au treizième rang. Cecotto est dix-neuvième mais a rencontré des problèmes de pression d'essence. Chez Arrows, Boutsen se classe 14ème avec l'A7, Surer 19ème avec l'A6. Les Alfa Romeo sont toujours à court de puissance. Patrese et Cheever sont repoussés en huitième ligne. En fond de grille on trouve les Tyrrell (Bellof 20ème, Brundle 23ème), les RAM (Palmer 21ème, Alliot 22ème), la Spirit de Baldi (24ème) et l'Osella de Ghinzani (25ème).

 

Drame à l'antique chez Ligier: Hesnault se sacrifie pour de Cesaris

Vendredi, Andrea de Cesaris est disqualifié pour avoir couru avec un extincteur vide. La même mésaventure lui était arrivée l'an dernier au Castellet, sur une Alfa Romeo... Le visage empourpré, Guy Ligier fonce vers le bureau des commissaires comme jadis il pénétrait dans une mêlée de rugby. Il hurle, crie au complot, manque de briser les meubles, avant de démolir la voiture de François Chambelland avec l'objet du délit ! Cette diplomatie particulière est vouée à l'échec...

 

Comme les essais du samedi se sont déroulés sur piste humide, de Cesaris ne sera donc pas qualifié. Au contraire, François Hesnault (14ème), a brillé et même occupé un temps le haut de la feuille des temps durant l'averse. Pourtant, le grand (par la taille) pilote français déclare forfait afin de permettre à de Cesaris de s'élancer depuis le dernier rang. Un sacrifice poignant. Hesnault ne disputera pas son Grand Prix national. « Moi, je ne sais si j'aurais pu agir comme François », lâche de Cesaris. Guy Ligier affirme que Hesnault s'est dévoué de lui-même. A voir le visage sinistre de l'intéressé, on peut en douter...

 

Le Grand Prix

Samedi, après les qualifications, se déroule la traditionnelle épreuve de Formule 3. Les Martini font la loi puisque quatre MK42 occupent les quatre premiers rangs. Oliver Grouillard l'emporte devant Paul Belmondo, Frédéric Delavallade et Pierre-Henri Raphanel.

 

Ce Grand Prix de France se déroule sous un ciel couvert mais aucune averse n'est annoncée par la météo. 80 000 spectateurs se sont massés dans les tribunes. Ils étaient 56 000 en 1981. M. Chambelland a le sourire. Jean-Marie Balestre accueille le ministre des Sports Mme. Edwige Avice et lui présente les principaux pilotes. Le président de la FISA et de la FFSA ne semble pas perturbé à l'idée de voir son rival et néanmoins compère Bernie Ecclestone régner désormais sur ses propres terres...

 

Samedi soir, Porsche a livré deux moteurs neufs pour Prost et Lauda mais John Barnard demeure inquiet. Il n'est pas du tout certain que les problèmes de pistons ont été résolus. Pour l'ensemble du plateau, le choix des gommes est plutôt simple : assez dures à gauches, tendres à droite.

 

Départ: Tambay avance légèrement avant le feu vert à cause d'un souci d'embrayage. Voyant cela, Piquet démarre avant de freiner... lorsque le signal du départ est donné. Heureusement, le Brésilien met la gomme et évite le carambolage. De Angelis prend le meilleur envol et se porte devant Tambay, attaqué sur sa gauche par Rosberg et sur sa droite par Piquet. Mais finalement le Français plonge à l'intérieur au premier virage et repasse devant de Angelis. Surgissant de la troisième ligne, Mansell double Piquet puis passe Rosberg au S de la Sablière. Laffite était très bien parti mais il heurte Winkelhock et fausse son train avant.

 

1er tour: Tambay mène devant de Angelis, Mansell, Rosberg, Piquet, Warwick, Prost, Alboreto, Winkelhock et Lauda.

 

2e: Warwick double Piquet tandis que Lauda se débarrasse de Winkelhock.

 

3e: Tambay a deux secondes de marge sur de Angelis qui tente de maintenir Mansell à distance. Le Romain a monté des pneus plus durs que son collègue, ce qui est un mauvais choix. Warwick double Rosberg sur la ligne de chronométrage. Au même endroit Lauda déborde Alboreto.

 

4e: Rosberg se fait passer par Piquet et Prost qui roulent en tandem. En fin de tour c'est Lauda qui dépasse la Williams. Winkelhock entre aux stands pour résoudre problème de freins et abandonne la dixième place à Arnoux.

 

5e: Tambay mène avec deux secondes d'avance sur de Angelis, suivi par Mansell. Prost s'impose face à Piquet et se lance à la poursuite de Warwick. Alboreto exécute un petit tête-à-queue qui ouvre le passage à Arnoux. Alliot renonce suite à une panne électrique sur son moteur.

 

6e: Prost prend l'aspiration derrière Warwick dans La Fouine et le déborde par l'intérieur. Juste derrière lui, Lauda menace Piquet.

 

7e: Arnoux dépasse Rosberg.

 

8e: Prost est le pilote le plus rapide en piste avec Tambay. Il remonte peu à peu sur Mansell.

 

10e: Tambay maintient de Angelis à deux secondes. Prost est revenu à une demi-seconde de Mansell. Lauda est bloqué derrière Piquet et voit Arnoux le rattraper

 

12e: Piquet ralentit à Gorgeolles et laisse passer Lauda puis Arnoux. Le turbo BMW du Brésilien a encore une fois rendu l'âme. Au même instant, arrivé derrière Laffite, Bellof entend son limiteur de régime se déclencher. Croyant que le DFY vient de casser, il s'arrête dans l'herbe... alors que sa Tyrrell est intacte !

 

13e: Piquet ramène à son stand une Brabham en flammes. C'est son cinquième renoncement en cinq courses.

 

14e: Prost déborde Mansell par l'extérieur dans La Fouine et s'impose à Villeroy. Le voici troisième. Lauda est sur les talons de Warwick.

 

15e: Prost est déjà revenu derrière de Angelis. Lauda dépasse Warwick à Villeroy.

 

16e: Tambay mène devant de Angelis (3.3s.), Prost (3.6s.), Mansell (7.1s.), Lauda (7.1s.) Warwick (9.9s.) et Arnoux (10.5s.). Suivent Rosberg, Alboreto, Fabi et Senna. Patrese renonce après une défaillance de son moteur Alfa Romeo.

 

17e: Rien n'arrête les McLaren: Lauda prend l'avantage sur Mansell.

 

18e: De Angelis et Prost franchissent la ligne de chronométrage côte à côte. Finalement le Français dépasse l'Italien à Villeroy. Winkelhock a repris la piste.

 

19e: Les leaders sont pris dans le trafic, mais cela n'empêche pas Prost de chasser Tambay, ni Lauda de menacer de Angelis.

 

20e : Tambay mène devant Prost (1.6s.), de Angelis (5.8s.), Lauda (6s.), Mansell (7.9s.), Warwick (10s.), Arnoux (10.7s.), Rosberg (27.7s.), Alboreto (30.4s.), Fabi (33s.), Senna (40.8s.), Boutsen (50.7s.), Cheever (51.3s.), de Cesaris (51.6s.) et Laffite (52.3s.).

 

21e: Lauda double de Angelis devant les stands. Le voici troisième. Winkelhock abandonne à cause de problèmes de freins et d'embrayage.

 

22e : Une seconde sépare Tambay et Prost.

 

24e: Le moteur de Cecotto explose dans la courbe de Villeroy, répandant une épaisse fumée dans le secteur. Alboreto entre aux stands pour changer de pneus et repart en seizième position.

 

25e: Tambay parvient à contenir Prost. Seule la Renault semble capable de rivaliser avec la McLaren cet après-midi.

 

26e: Gêné par Brundle, Prost perd un petit peu de terrain sur Tambay mais le regagne bientôt. Lauda est à quatre secondes des Français.

 

27e : Prost n'est qu'à deux dixièmes de son compatriote et semble paré à donner l'assaut.

 

28e: Prost sort dans la poussière à Pouas. Sa roue avant gauche est en train de se détacher à cause d'un étrier de frein mal fixé. Heureusement, il peut aussitôt regagner les stands. Les mécaniciens changent les roues mais l'opération prend beaucoup de temps : quarante-et-une secondes. Prost ne repart qu'en onzième position.

 

29e : Brundle entre au stand Tyrrell... pour se faire enguirlander : l'asphalte étant très glissant, il a cru que ses pneus étaient endommagés et s'est arrêté bien trop tôt. Il repart en dix-neuvième position.

 

30e: Lauda se lance à la chasse de Tambay. Mansell s'arrête pour changer de pneus et passe du quatrième au septième rang.

 

31e : Tambay mène devant Lauda (0.2s.), de Angelis (9.9s.), Warwick (12.6s.), Arnoux (14.2s.) et Rosberg (36.8s.). Suivent dans le même tour Mansell, Fabi, Senna, Laffite et Prost.

 

33e: Prost prend la dixième place à Laffite.

 

34e: Alboreto abandonne suite à une panne de turbo. Prost dépasse Senna. Arnoux observe son changement de gommes et chute au huitième rang.

 

35e: Warwick arrive chez Renault pour chausser des pneus Michelin tendres. Il repart septième devant Arnoux.

 

37e: Lauda donne le maximum mais ne parvient pas à se placer derrière Tambay. Warwick double Fabi et Prost dépasse Arnoux.

 

38e: De Angelis est aux stands pour changer ses Goodyear. L'arrêt dure neuf secondes. L'Italien fait une mauvaise opération puisqu'il ne ressort que sixième. Rosberg, Mansell et Warwick sont passés devant lui. Prost double Fabi.

 

39e: A Villeroy Tambay revient sur Laffite qui le laisse passer. Mais le pilote Williams n'a pas vu Lauda. Qu'à cela ne tienne: l'Autrichien le déborde par l'extérieur en mordant sur la poussière. Prise de risque inhabituelle chez Lauda, déterminé à remporter cette course. Mansell prend la troisième place à Rosberg. Senna entre aux stands en panne de turbo. C'est l'abandon pour le jeune Brésilien.

 

40e Bien que gêné par Baldi et Ghinzani, Lauda tente de doubler Tambay par l'extérieur sur la ligne de chronométrage mais il échoue. Tambay précède Lauda (0.1s.), Mansell (42.1s.), Rosberg (46.4s.), Warwick (48.6s.), de Angelis (51.4s.), Prost (52.8s.), Fabi (58.4s.), Arnoux (58.8s.) et Laffite (-1t.).

 

41e: Lauda harcèle Tambay. Depuis le départ le Français est mécontent de ses freins. Il effectue un léger travers dans la courbe de Gorgeolles. Lauda s'infiltre à l'intérieur et s'empare ainsi du commandement. Boutsen change de pneus.

 

43e: Lauda est maintenant en tête et sème Tambay. Toutefois il est mécontent car ses pneus sont dégradés et Ron Dennis ne prévoit pas de l'arrêter pour le moment. Warwick prend la quatrième place à Rosberg dont les gommes sont en piteux état.

 

44e: Lauda a quatre secondes d'avance sur Tambay. Prost est le pilote le plus rapide en piste. Il prend la sixième place à de Angelis.

 

45e: Tambay entre aux stands pour changer de pneus. Il repart deuxième après dix secondes d'arrêt.

 

47e: Warwick est revenu sur les talons de Mansell. Les deux Anglais vont se livrer à une foire d'empoigne. Changements de pneus pour Rosberg et pour Fabi. Ils repartent respectivement neuvième et douzième.

 

48e: Lauda possède trente-six secondes d'avance sur Tambay.

 

50e: Lauda mène devant Tambay (37.1s.), Mansell (43.8s.), Warwick (45s.), Prost (50.5s.), de Angelis (58.8s.), Arnoux (1m. 07s.), Laffite (-1t.), Rosberg (-1t.) et de Cesaris (-1t.).

 

52e: Laffite change ses pneus.

 

53e : Cheever se battait avec de Cesaris lorsque le montant gauche de son aileron arrière se désintègre. Il parvient à maintenir son Alfa Romeo sur la piste et s'immobilise à son stand. Ses mécaniciens montent un nouveau stabilisateur.

 

55e: Lauda entre aux stands pour changer de pneus. L'arrêt dure longtemps: 17.7s. Ainsi lorsque l'Autrichien ressort des stands, Tambay vient de récupérer le commandement. Pendant ce temps-là, Mansell et Warwick rattrapent Surer. Celui-ci se range consciencieusement dans la montée suivant l'épingle. Mansell prend l'intérieur de l'Arrows en arrivant à Gorgeolles. Mais Warwick le suit de trop près, et lorsque le pilote Lotus freine brusquement, il bloque ses roues et heurte violemment Surer. Les deux pilotes sont hors course. Warwick reste dans sa voiture car sous l'impact la suspension de la Renault lui a blessé la jambe.

 

56e: Tambay possède neuf secondes d'avance sur Lauda. Cheever sort de la route quelques secondes après avoir quitté les stands, et cette fois-ci doit mettre pied à terre.

 

57e : Les commissaires extraient Warwick de son habitacle. Le pilote anglais souffre d'une contusion sans gravité à la jambe droite. Il sera dirigé vers le centre médical du circuit.

 

58e: Prost est revenu au quatrième rang mais son châssis ne cesse de vibrer, et il craint que sa roue se détache encore. Il préfère changer ses pneus et entre aux stands. L'arrêt s'éternise car la fixation de sa roue avant-gauche pose encore problème. Ce n'est qu'après une minute d'arrêt que Prost reprend la piste en dixième position.

 

59e: Lauda remonte facilement sur Tambay. Seules quatre secondes les séparent maintenant. Arnoux menace de Angelis pour le gain de la quatrième place. Le jeune Italien a monté à l'arrière de sa Lotus des ressorts qui se révèlent trop durs au fur et à mesure qu'elle s'allège. Prost réalise le meilleur tour de la course: 1'05''257'''.

 

60e: Tambay est premier devant Lauda (3.4s.), Mansell (14.7s.), de Angelis (41.7s.), Arnoux (41.9s.), Rosberg (-1t.), Laffite (-1t.), Fabi (-1t.), de Cesaris (-1t.) et Prost (-1t.).

 

61e: Lauda n'est plus qu'à une seconde de Tambay. Prost efface de Cesaris.

 

62e: Les deux leaders sont pris dans le trafic. A la sortie de Pouas Lauda prend l'aspiration derrière Tambay et le déborde par l'intérieur. Tambay ne peut faire : la McLaren est bien plus rapide que la Renault. Arnoux prend la quatrième place à de Angelis.

 

63e : Lauda devance Tambay (1s.), Mansell (12.9s.), Arnoux (41.8s.), de Angelis (44.4s.), Rosberg (-1t.), Laffite (-1t.) et Fabi (-1t.).

 

64e: Baldi renonce suite à une panne de moteur.

 

66e: Lauda possède quatre secondes d'avance sur Tambay qui a adopté une inoffensive vitesse de croisière.

 

68e: La fin de course est animée par Prost qui convoite la huitième place de Fabi.

 

70e: Lauda compte six secondes d'avance sur Tambay. Prost double Fabi.

 

71e : Lauda est leader devant Tambay (6.1s.), Mansell (20.2s.), Arnoux (40.8s.), de Angelis (55.5s.) et Rosberg (-1t.).

 

72e: Prost dépossède Laffite de la septième place.

 

73e : Prost tente de rattraper Rosberg qui roule avec un turbo cassé et doit comme toujours composer avec du sous-virage.

 

75e: Pas de souci de consommation à relever sur les monoplaces à moteur Renault. Tambay et les deux pilotes Lotus ralentissent tout de même.

 

77e: Lauda maîtrise la situation avec six secondes d'avance sur Tambay. Mansell est troisième à vingt-cinq secondes.

 

78e : Une baisse de pression de turbo freine Arnoux qui craint de ne pas terminer. Prost n'est plus qu'à quelques encablures de Rosberg mais il va lui manquer un tour pour porter l'estocade.

 

79ème et dernier tour: Niki Lauda remporte le Grand Prix de France et sa deuxième victoire de la saison. Tambay finit deuxième et monte enfin sur son premier podium de l'année. Mansell est troisième et inscrit ses premiers points en 1984. Arnoux parvient à terminer quatrième malgré un moteur expirant. Il devance de Angelis et Rosberg. Prost échoue au septième rang, à trois secondes de Rosberg. Les autres pilotes à atteindre l'arrivée sont Laffite, Fabi, de Cesaris, Boutsen (dont le moteur explose sitôt la ligne franchie...), Brundle, Ghinzani et Palmer.

 

Après la course

Peu marqué par son effort, Niki Lauda fait preuve de sa sobriété habituelle : « La voiture était parfaite. Aucun problème. Merci. » Sur le podium, Pierre Blanchet de Michelin l'interpelle : « Bravo Niki, tu gagnes en France... Tu laisseras Alain gagner à Zeltweg ? » « Pas question ! » sursaute le champion autrichien dans un sourire. La facilité avec laquelle il est revenu sur Tambay et l'a doublé après son changement de pneus en déconcerte plus d'un. La McLaren-TAG-Porsche est véritablement l'arme absolue.

 

Pendant ce temps-là, Alain Prost traîne sa déception dans le motorhome Marlboro. Il est ennuyé de n'avoir inscrit aucun point. « Je perds gros sur Niki. En plus, j'étais en deuil depuis hier... » dit-il, pince-sans-rire, faisant référence à la relégation en deuxième division de l'A.S. Saint-Étienne, son club de cœur. Malheureusement, Nigel Mansell ne peut pas faire preuve de la même ironie car il repart aussitôt pour l'Angleterre pour enterrer sa mère, décédée dans la semaine. Ce qui rend sa troisième place encore plus admirable.

 

Même si les lauriers lui ont échappé, le soulagement règne au sein de l'équipe Renault-Elf. A l'arrivée, il restait une vingtaine de litres d'essence dans le réservoir de Patrick Tambay. « Les nuages se sont dissipés, nous repartons du bon pied » affirme le pilote cannois. Les efforts fournis pour limiter la consommation de carburant paraissent avoir payé.

 

Le championnat du monde est relancé car Lauda remonte à la deuxième place, six points derrière Prost. Au classement des constructeurs McLaren creuse l'écart et possède maintenant vingt points de plus que Ferrari. Grâce au podium de Tambay, Renault n'est plus qu'à deux longueurs de la Scuderia.

 

 

Classements (avant la disqualification des Tyrrell):

 

Pilotes Constructeurs
1.Prost24 pts1.McLaren-TAG-Porsche42 pts
2.Lauda18 pts2.Ferrari22 pts
3.Warwick13 pts3.Renault20 pts
4.Arnoux13 pts4.Lotus-Renault16 pts
5.de Angelis12 pts5.Williams-Honda10 pts
6.Rosberg10 pts6.Alfa Romeo6 pts
7.Alboreto9 pts7.Tyrrell-Ford-Cosworth5 pts
8.Tambay7 pts8.Ligier-Renault2 pts
9.Mansell4 pts9.Toleman-Hart1 pt
10.Patrese3 pts10.Arrows-Ford-Cosworth1 pt
11.Cheever3 pts
12.Bellof3 pts
13.Brundle2 pts
14.de Cesaris2 pts
15.Senna1 pt
16.Boutsen1 pt
Tony