If you going to... Detroit
La tournée américaine se poursuit par le mal-aimé Grand Prix de Détroit. Cette ville triste, squelettique et dangereuse est peu appréciée par les pilotes. Le pauvre Nigel Mansell est d'ailleurs braqué par des voleurs en déambulant dans les couloirs du Renaissance Center... En outre, le revêtement du circuit a très mal supporté le dernier hiver. L'asphalte craque et les bosses sont accentuées. Rouler dessus à 200 km/h est un vrai numéro d'équilibriste... De plus, la piste est tellement étroite qu'il est impossible d'évacuer correctement les monoplaces. Le moindre incident entraîne donc une suspension de séance.
En 1983, la Formule 1 semblait vivre ses dernières heures aux États-Unis après les disparitions des Grands Prix de Long Beach et de Las Vegas. Mais Détroit est encore là, et deux semaines plus tard les bolides fouleront le sol de Dallas. Pour 1985, les villes de San Diego et de Miami se battraient pour obtenir une place au calendrier. En tout cas, Bernie Ecclestone fourmille d'idées. Le journaliste hollandais Rik van Kempen évoque même un futur Grand Prix à... Curaçao !
Présentation de l'épreuve
Après sa victoire à Montréal, Nelson Piquet espère enchaîner avec une deuxième victoire qui lui permettrait de se lancer dans la quête d'un troisième titre mondial. Mais les McLaren-TAG-Porsche sont de nouveau favorites, même si ce tortueux tracé urbain ne leur est pas spécialement favorable.
Les premières rumeurs de transferts alimentent les stylos des journalistes. Selon eux, Niki Lauda pourrait quitter McLaren à la fin de l'année pour faire son retour chez Ferrari. On sait que l'Autrichien a encore des partisans du côté de Maranello, ainsi que chez Fiat où son ami Luca di Montezemolo est influent. Toutefois, si Lauda ne faisait pas affaire avec Ferrari, il pourrait aussi rejoindre Renault. A Détroit il entame des pourparlers secrets avec Gérard Larrousse. Il remplacerait alors Derek Warwick qui a du mal à s'acclimater à l'équipe française dont il ne parle pas la langue.
Depuis l'algarade ayant opposé Michele Alboreto à un journaliste italien à Montréal, le stand Ferrari est désormais interdit aux reporters. Certains d'entre eux supputent que la Scuderia tient à garder secrets certains de ses projets, notamment la construction d'un moteur turbo de quatre cylindres...
Ford a commandé la construction d'un moteur turbocompressé à Keith Duckworth. Cependant, l'ingénieur anglais ne sait pas vraiment dans quelle direction porter ses travaux, puisqu'on ignore toujours quelle sera la capacité maximale des réservoirs en 1985. La FISA avait annoncé 195 litres en janvier, mais depuis Jean-Marie Balestre a affirmé que la barre des 220 litres serait maintenue. Dans le premier cas, un quatre cylindres serait l'idéal, dans le second l'avantage irait à un six cylindres. En outre, des rumeurs annoncent que Ford pourrait bâtir une nouvelle écurie de F1 en association avec l'équipe allemande Zakspeed qui engage des Mustang dans le championnat IMSA.
Après le forfait de Patrick Tambay à Montréal, Renault a pris contact avec Mario Andretti pour éventuellement piloter la deuxième RE50. A 44 ans, le champion américain aurait été ravi de briller à domicile, mais Tambay passe avec succès des tests physiques et est donc autorisé à reprendre le volant pour cette course. Il est à peu près remis de sa fracture du col du péroné. Chez Brabham, Teo Fabi récupère son volant après l'intérim réalisé par son frère Corrado. Jonathan Palmer retrouve son baquet chez RAM prêté à Mike Thackwell au Canada.
Williams a modifié les suspensions avant de ses FW09 dans l'espoir de réduire le sous-virage qui les frappe. Les Ferrari possèdent un nouveau capot-moteur percé de prises d'air Naca alimentant les turbos. Le dispositif Marelli-Weber d'injection électronique fait son retour après avoir été passablement amélioré. Suite aux brûlures dont a souffert Nelson Piquet à Montréal, Brabham a calorifugé le compartiment du radiateur d'huile situé à l'avant de la BT53. Le regain de fiabilité des turbos BMW serait dû à une modification apportée au système électronique d'injection.
Les ateliers de Brian Hart tournent au ralenti à cause d'une grande grève des métallurgistes en Allemagne. Les sous-traitants fonctionnent au ralenti. Toleman et RAM manquent par conséquent de pièces de rechange. Chez Spirit, John Wickham a choisi une solution radicale en revenant tout simplement au V8 Ford-Cosworth ! En deux coups de crayon, Gordon Coppuck a redessiné le train arrière de la 101 pour l'adapter au DFY.
Les qualifications
Comme chaque année à Détroit, les essais sont le théâtre de multiples touchettes. Vendredi, Derek Warwick se fait peur lorsque suite à un choc de faible importance, une suspension avant perfore la coque de sa RE50 au niveau du pédalier. La même mésaventure est survenue à Dijon et à Monaco aux deux pilotes Renault... Hors de lui, Warwick empoigne le blouson de Jean Sage et lui promet un prochain accident grave si rien n'est fait. Cet incident donne de l'eau au moulin de Niki Lauda qui en sa qualité de président du PRDA réunit les pilotes pour évoquer les conditions de sécurité. Tous répondent à l'appel, sauf Keke Rosberg. Lauda réclame une réduction de la puissance des moteurs, puis demande que le pédalier soir repoussé derrière l'axe des roues pour protéger les pieds des coureurs, prenant appui sur la sévère blessure de Patrick Tambay à Monte-Carlo après une secousse apparemment anodine.
Mansell signe le meilleur temps des essais du vendredi. Toutefois le lendemain Piquet est de loin le plus rapide et décroche la pole position avec six dixièmes de seconde d'avance sur Prost. Il améliore de quatre secondes la pole de 1983. Lauda a vu avec fureur son chrono du vendredi annulé à cause d'un aileron arrière trop large... d'un millimètre ! Le lendemain, constamment gêné par les traînards, il ne réalise que le dixième chrono. Mansell exploite parfaitement les nouveaux Goodyear radiaux et se classe troisième. Son « ami » de Angelis se place sur le cinquième rang. Dans les rangs de la Scuderia, Alboreto obtient une belle quatrième place tandis qu'Arnoux, jamais dans le coup, est seulement quinzième. Chez Renault, Warwick est sixième au volant du mulet et Tambay, fatigué mais bien présent, neuvième. Les mécaniciens de Toleman ont eu de l'ouvrage puisque Senna et Cecotto ont chacun tapé les murets de béton. Mais le Brésilien est un brillant septième tandis que le Vénézuélien n'est que dix-septième... Cheever place l'Alfa Romeo en huitième position tandis que Patrese, accablé de pannes diverses, n'est que vingt-cinquième...
Les jeunes loups de Ken Tyrrell, Brundle (11ème) et Bellof (16ème) se mettent en valeur, même si l'Allemand fracasse sa 012 contre un muret et doit se rabattre sur le mulet. Comme de bien entendu, de Cesaris (12ème) heurte plusieurs fois les glissières. Son compère Hesnault (18ème) est plus sage mais moins rapide. Boutsen (13ème) ne peut pas faire la fine bouche car une multitude de pannes l'ont contraint à changer plusieurs fois de modèle. Surer (22ème) a perdu du temps après avoir été harponné par Fabi (23ème) qui a dû attendre que son équipier soit en pole pour pouvoir rouler à nouveau. « Cette histoire de se partager entre le CART et la Formule 1 est une perte de temps. Je ne fais bien ni l'un ni l'autre... » admet le petit Teo.
Les performances des Williams-Honda (Laffite 19ème, Rosberg 21ème) sont ici proprement catastrophiques. Alliot glisse sa RAM entre les deux FW09. Son équipier Palmer partage l'avant-dernière ligne avec Fabi. Ghinzani attrape le dernier ticket au détriment de Rothengatter et de sa Spirit-Ford.
Le Grand Prix
Une averse torrentielle s'abat sur Détroit le samedi soir et nettoie l'asphalte qui devient beaucoup plus abrasif. L'atmosphère est lourde. Piquet et Prost choisissent les pneus Michelin 05 tendres. Au contraire, les deux pilotes Lotus montent les 10 durs et prévoient de ne pas s'arrêter. Chez Goodyear, c'est pneus « A » durs pour tout le monde, sauf pour les Tyrrell qui ont des « B » moyennement tendres.
Premier départ: Piquet et Prost partent moyennement. Mansell anticipe le feu vert et essaie de se faufiler entre les deux leaders, imité par Alboreto qui se glisse sur sa droite. Pris en sandwich entre la McLaren et la Brabham, Mansell tente de freiner, mais trop tard. Il percute Piquet qui part en tête-à-queue et entraîne avec lui Alboreto contre le mur. Le peloton essaie d'éviter le chaos et finalement Surer heurte Piquet. Senna reçoit sur sa Toleman une roue volante tandis qu'Alliot se frotte à Laffite. Cheever et Hesnault sont aussi touchés par ce carambolage.
Prost est en tête devant les Lotus mais la course est interrompue car les voitures accidentées obstruent la piste. Après son accident, Alboreto a parcouru quelques centaines de mètres avant de partir en tête-à-queue et de s'arrêter.
La course va être relancée avec la grille initiale et pour la durée prévue. Piquet s'installe dans sa voiture de réserve bien qu'il ait la nuque endolorie après avoir subi le « coup du lapin » lors de la collision avec Surer. Alboreto et Senna se rabattent eux aussi sur leurs mulets qui ne sont pas munis d'une injection électronique. Mansell prend la voiture de de Angelis qui s'empare du mulet Lotus. Hesnault fait changer ses ailerons. En revanche Surer ne pourra pas prendre le second départ faute de voiture disponible.
Deuxième départ: Piquet démarre avant le feu vert et conserve ainsi sans mal le commandement. Il est suivi par Prost, Mansell et Alboreto. Cheever est bien parti et pointe au cinquième rang.
1er tour: Piquet mène devant Prost, Mansell, Alboreto, Cheever, Warwick, de Angelis, Lauda, Tambay, Senna et Brundle. Winkelhock est immobilisé dans une échappatoire. De la fumée s'échappe de son ATS suite à une casse moteur. De Cesaris a frotté un muret et regagne son stand pour réparer une biellette tordue.
2e: Piquet compte une seconde d'avance sur Prost.
3e : Palmer tape le mur et s'arrête dans une échappatoire avec un pneu délaminé. Arnoux exécute une figure et heurte le béton par l'avant. Il perd sa calandre dans cette mésaventure et abandonne tandis qu'il occupait la treizième place.
4e: Piquet commence à s'échapper en tête de la course. Warwick double Cheever et Lauda passe de Angelis. Ghinzani, Fabi et Hesnault abordent l'angle droit qui précède les stands côte à côte. L'Osella et la Ligier entrent en contact et échouent dans le dégagement. Ghinzani redémarre mais abandonne aux stands, crémaillère cassée, tandis qu'Hesnault ne peut redémarrer son moteur qui a calé.
5e: Piquet compte une seconde et demie d'avance sur Prost et trois secondes d'avance sur Mansell. Quelque peu distancé, Alboreto se fait doubler par Warwick.
6e : Prost s'aperçoit que ses pneus tendres se dégradent déjà et perd de l'adhérence. Il devient une cible pour Mansell.
7e: Piquet possède quatre secondes de marge sur Prost, cinq secondes sur Mansell.
9e: Quatre secondes et demie entre Piquet et Prost. De Angelis menace Lauda qui comme son équipier voit ses Michelin s'altérer rapidement.
10e: Mansell attaque Prost dans l'enchaînement de Congress et le dépasse par l'intérieur. De Angelis reprend la septième place à Lauda.
11e: Piquet précède Mansell (5.5s.), Prost (7.7s.), Warwick (9.4s.), Alboreto (10.5s.), Cheever (11.7s.), de Angelis (19.6s.), Lauda (20.6s.), Tambay (22.7s.), Senna (24.6.), Boutsen (24.9s.), Bellof (25.2s.), Brundle (25.5s.), Rosberg (26s.), Cecotto (27.5s.) et Patrese (28.5s.).
12e: Cheever s'empare de la cinquième place aux dépens d'Alboreto.
13e: Mansell est à la poursuite de Piquet: l'intervalle est tombé à une seconde et demie. Pendant ce temps-là un train composé de Senna, Bellof, Boutsen, Brundle et Rosberg se bat pour la dixième place.
14e: Une demi-seconde entre Piquet et Mansell. Warwick entre aux stands pour troquer ses pneus tendres contre des pneus durs. Il reprend la route en seizième position. Rosberg efface Bellof et Brundle tandis que Boutsen double Senna.
15e: Piquet contient toujours Mansell. A plus de dix secondes se trouve Prost sous la pression de Cheever, Alboreto et de Angelis. Patrese est au ralenti suite à une crevaison. Il revient aux stands et repartira en dix-neuvième position.
16e: A la dérive, Prost est doublé par Cheever, Alboreto et de Angelis. Tambay est à son stand et comme son équipier met des Michelin durs de type 10. Boutsen rattrape Lauda à la surprise de celui-ci.
17e: Piquet mène devant Mansell (0.2s.), Cheever (19.3s.), Alboreto (20.7s.), de Angelis (21.9s.) et Prost (22.7s.). Suivent Lauda, Boutsen, Senna et Rosberg.
18e: Mansell a perdu son deuxième rapport de boîte et est donc plus lent. Il lâche prise face à Piquet. Prost s'engouffre dans les stands et chausse lui aussi des Michelin 10 durs. Il repart devant Warwick. Tambay effectue un tête-à-queue et sombre en queue de peloton.
19e: Cheever, Alboreto et de Angelis se tiennent dans un mouchoir de poche.
20e : Piquet devance Mansell (6.7s.), Cheever (13.1s.), Alboreto (14.5s.), de Angelis (15.3s.), Lauda (26.5s.), Boutsen (27.5s.), Senna (29.2s.), Rosberg (29.9s.), Brundle (31.2s.) et Bellof (34.6s.).
22e: De Cesaris est victime d'une crevaison après avoir encore léché le muret. Suite à la rupture d'un triangle de suspension avant, Senna atterrit dans le mur de pneus de la première courbe. Il sort sans trop de peine de sa Toleman. Pendant ce temps-là Cheever abandonne à cause d'un échangeur fondu. Lauda change à son tour de pneumatiques et se retrouve treizième.
23e: Warwick double Prost. La course d'Alfa Romeo est terminée: Patrese a endommagée sa suspension lors de sa crevaison et effectue un tête-à-queue. C'est fini pour le l'Italien.
24e: Piquet mène devant Mansell (6.1s.), Alboreto (13.1s.), de Angelis (14.7s.), Boutsen (24.8s.) et Rosberg (27.3s.). Viennent ensuite Brundle, Bellof, Warwick et Prost.
25e: Cecotto abandonne à cause d'un problème d'embrayage. Il était quinzième.
27e: Cela va mal pour Mansell, désormais sous la pression d'Alboreto et de de Angelis. Dernier avec plusieurs tours de retard, de Cesaris abandonne après une surchauffe du moteur Renault de sa Ligier.
28e: Mansell ne peut plus sélectionner ses vitesses. L'Anglais entre aux stands où les mécaniciens vont essayer de réparer la Lotus, sans succès. C'est l'abandon. Boutsen quitte lui aussi la scène à cause d'un collecteur d'échappement cassé. Le moteur BMW s'est fendu en deux comme un fruit trop mûr... Les deux Tyrrell de Brundle et de Bellof entrent dans les points et menacent Rosberg.
30e: Piquet mène devant Alboreto (17.5s.), de Angelis (23.5s.), Rosberg (27.3s.), Brundle (27.8s.), Bellof (28.1s.), Warwick (33.3s.), Prost (44.2s.), Fabi (47.1s.), Laffite (58.3s.), Lauda (1m.), Tambay (1m. 17s.) et Alliot (-1t.).
32e: Warwick remonte sur les Tyrrell et réalise le meilleur tour en course : 1'46''221'''.
33e: Brundle s'arrête au stand Tyrrell pour changer de pneus et lester sa voiture. Il repart en huitième position. Son moteur crache un bruit rauque à cause d'un échappement fêlé. Warwick passe Bellof.
34e: Piquet possède dix-huit secondes d'avance sur Alboreto. Warwick prend la quatrième place à Rosberg. A la sortie de la dernière chicane, Bellof tape le mur et casse sa suspension arrière gauche. Il n'a plus qu'à abandonner. Lauda entre dans les stands pour avertir que son moteur ne tourne plus rond. Il repart quelques minutes plus tard après avoir changé de bougies.
35e: Warwick est le pilote le plus rapide en piste. Il double de Angelis et se retrouve troisième. Son équipier Tambay rejoint la liste des pilotes à pied à cause d'un couple conique cassé.
36e: Brundle prend la sixième place à Prost. Sans frein, Alliot tape un muret et doit abandonner. Sa RAM accidentée va rester sur la piste mais hors trajectoire sur Larned Avenue. Il n'y a plus que neuf voitures en course.
37e: Warwick perd l'usage sa cinquième vitesse. En difficulté, il se fait repasser par de Angelis et Rosberg. Lauda met pied à terre pour éviter que son moteur explose.
40e: Piquet dirige les débats devant Alboreto (19.5s.), de Angelis (31s.), Rosberg (37.5s.), Warwick (45.2s.), Brundle (46.3s.), Prost (48s.), Fabi (1m. 03s.) et Laffite (1m. 42s.).
41e : Warwick est menacé par Brundle et Prost.
41e: Warwick ne peut plus passer ses vitesses et doit abandonner. Suite au dégonflement de son pneu arrière, Prost part en tête-à-queue. Il redémarre et se dirige vers les stands.
42e: Brundle est à la poursuite de Rosberg. Prost s'arrête chez McLaren pour changer une seconde fois de pneus et chute en dernière position.
44e: Piquet possède une vingtaine de secondes d'avance sur Alboreto. De Angelis est relégué à environ trente secondes. Brundle harcèle Rosberg. La souple et légère Tyrrell est bien à l'aise que la pataude Williams.
45e: Brundle prend la quatrième place à Rosberg.
47e : Brundle vole sur la piste et se lance aux trousses de de Angelis. Rosberg ne peut pas le suivre.
48e: L'arrière de la Williams de Rosberg s'enflamme. En raison d'une surchauffe, la rupture d'un tube d'échappement a provoqué celle d'une canalisation d'huile. Le Finlandais s'immobilise sur le bas-côté et s'extrait très en colère de son habitacle. Ses efforts n'auront servi à rien. Prost double Laffite et se retrouve sixième.
50e: L'hécatombe continue: le moteur de la Ferrari d'Alboreto explose. De Angelis se retrouve deuxième mais Brundle revient sur lui.
51e : Piquet est en tête devant de Angelis (27.4s.), Brundle (39s.), Fabi (1m. 16s.), Prost (-1t.) et Laffite (-1t.).
52e: Brundle remonte sur de Angelis au rythme de trois secondes par boucle. L'Italien ne peut pas faire mieux car il a perdu l'usage de son second rapport, comme Mansell plus tôt.
54e: Piquet mène devant de Angelis (26s.), Brundle (30s.), Fabi (1m. 19s.), Prost et Laffite qui sont à un tour. Le Brésilien réduit sa pression de suralimentation. Des débris obstruent en effet l'entrée de son échangeur et il risque la surchauffe.
56e: Brundle est derrière de Angelis. A la dernière chicane il le déborde par l'extérieur. Le voici second.
58e: Piquet lève le pied en cette fin de course pendant que Brundle est très rapide. Le jeune Anglais remonte ainsi rapidement sur la tête de la course.
60e: Brundle appuie sur le champignon, reprenant cinq secondes par tour à Piquet. Il croit à la victoire. De son côté Prost se dédouble devant Piquet.
61e: Brundle est à moins de dix secondes de Piquet.
62e: Quatre secondes d'écart entre Piquet et Brundle.
63e: Brundle revient à une seconde de Piquet qui est quelque peu gêné par Prost juste devant lui. Mais le Brésilien va tenir bon.
Nelson Piquet remporte le GP de Détroit avec moins d'une seconde d'avance sur Brundle. L'Anglais monte sur son premier podium en Formule 1. De Angelis termine troisième et précède Fabi qui inscrit ses premiers points en F1. Prost a connu une course épouvantable mais décroche quand même deux points. Laffite finit sixième... et dernier. Il inscrit son premier point depuis onze mois.
Après la course: mystère et billes de plomb
Cette course a tourné au jeu de massacre et Tyrrell-Ford-Cosworth à bien failli rééditer son hold-up de 1983. Selon quelques journalistes, il n'a manqué qu'un tour à Martin Brundle pour l'emporter. Ce n'est pas l'avis du vainqueur Nelson Piquet qui affirme qu'il contrôlait parfaitement la situation. Le carambolage du départ et le fait de devoir piloter son mulet ne l'ont aucunement troublé. De plus, le Brésilien n'a pas changé de pneumatiques alors qu'il avait choisi les mêmes Michelin qu'Alain Prost, beaucoup moins bien loti. Piquet était en effet parti muni de gommes « froides » tandis que Prost avait des gommes « chaudes » qui se sont usées très vite.
Cette deuxième victoire consécutive de Piquet relance le championnat du monde. Les Brabham-BMW semblent avoir retrouvé leur niveau de 1983. Pourront-elles menacer les McLaren-TAG-Porsche ? Au classement général, Prost porte à 10,5 points son avance sur Lauda. De Angelis revient à quatre points de l'Autrichien. Piquet est maintenant quatrième du classement. Chez les constructeurs, McLaren demeure largement en tête devant Ferrari, Lotus, Brabham et Renault.
La deuxième place du néophyte Brundle suscite l'enthousiasme dans le clan Tyrrell. Edsel Ford II, le fils d'Henry Ford II, applaudit l'exploit de cette voiture qui arbore fièrement le logo de sa firme sur son museau. Sa joie est de courte durée. Quelques heures après le drapeau à damiers, la 012 de Brundle est examinée dans le parc fermé par Gabriele Cadringher et les autres experts délégués par la FISA. Ken Tyrrell assiste avec flegme à ce rituel. Sa voiture dépasse de seize kilos la tolérance minimale. Pas de problème. Mais lorsque Cadringher demande de contrôler le réservoir d'eau, les sourires disparaissent. Les commissaires découvrent non pas de l'eau mais un liquide brunâtre dans lequel baignent plusieurs dizaines de petites billes de plomb. Cadringher entame une longue discussion avec Ken Tyrrell... La 012 serait-elle lestée en cours de Grand Prix afin d'atteindre le poids réglementaire à l'arrivée ? Des échantillons prélevés sur les voitures de Brundle et Bellof sont envoyés dans des laboratoires en France et au Texas. L'affaire Tyrrell commence...
Classements (avant la disqualification des Tyrrell):
| Pilotes | |
| Constructeurs | |
1. | Prost | 34.5 pts | 1. | McLaren-TAG-Porsche | 58.5 pts |
2. | Lauda | 24 pts | 2. | Ferrari | 25.5 pts |
3. | de Angelis | 19.5 pts | 3. | Lotus-Renault | 24.5 pts |
4. | Piquet | 18 pts | 4. | Brabham-BMW | 21 pts |
5. | Arnoux | 16.5 pts | 5. | Renault | 20 pts |
6. | Warwick | 13 pts | 6. | Tyrrell-Ford-Cosworth | 13 pts |
7. | Rosberg | 11 pts | 7. | Williams-Honda | 12 pts |
8. | Alboreto | 9 pts | 8. | Alfa Romeo | 6 pts |
9. | Brundle | 8 pts | 9. | Toleman-Hart | 4 pts |
10. | Tambay | 7 pts | 10. | Ligier-Renault | 2 pts |
11. | Mansell | 5 pts | 11. | Arrows-Ford-Cosworth | 1 pt |
12. | Bellof | 5 pts |
13. | Senna | 4 pts |
14. | Fabi | 3 pts |
15. | Patrese | 3 pts |
16. | Cheever | 3 pts |
17. | de Cesaris | 2 pts |
18. | Boutsen | 1 pt |
19. | Laffite | 1 pt |
Tony