Niki LAUDA
 N.LAUDA
McLaren Ford Cosworth
John WATSON
 J.WATSON
McLaren Ford Cosworth
René ARNOUX
 R.ARNOUX
Ferrari

375. Großer Preis

IX Grand Prix of Long Beach
Sonnig
Long Beach
Sonntag, 27. März 1983
75 Runden x 3.275 km - 245.625 km
Affiche
F1
Coupe

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La dernière à Long Beach

Ce huitième Grand Prix de Long Beach de Formule 1 sera le dernier. Chris Pook en a assez de tirer le diable par la queue. Chaque année « son » épreuve affiche un déficit, en grande partie à cause des exigences financières de la FOCA. Désormais, il songe à conclure un accord avec le beaucoup moins onéreux championnat CART. Bernie Ecclestone réplique qu'il n'a rien à voir avec ces difficultés, mais que tout simplement Pook n'a pas su renouveler son contrat avec la chaîne de télévision CBS, et donc garantir une couverture médiatique suffisante. En ce qui concerne le Grand Prix de Las Vegas, la même décision a été prise : plus de Formule 1, mais de l'IndyCar ! La Formule 1 serait-elle condamnée aux États-Unis ? Pas sûr : le président de l'IMSA John Bishop est présent en Californie pour discuter avec Bernie Ecclestone des modalités du futur Grand Prix de New York, maintes fois annoncé, et maintes fois repoussé.

 

En outre, le tracé de Long Beach est émasculé pour 1983 en raison de la construction d'un hôtel. La montée de Pine Avenue et le spectaculaire plongeon vers Linden Avenue ont disparu. A la place les voitures tournent autour de virages extrêmement serrés avant de passer sous le Centre des congrès et de rejoindre l'ancienne piste en bas de Linden Avenue. Les stands sont déplacés le long de Shoreline Drive. On y entre par une allée située en pleine courbe, à la grande fureur des pilotes. Ces derniers fulminent encore le vendredi lorsqu'ils découvrent la présence d'un énorme dos-d'âne au pied de Linden Avenue. Les voitures décollent à 250 km/h en une gerbe d'étincelles. Les suspensions arrière n'y résistent pas. Chris Pook réagit heureusement très vite. Dans la nuit du vendredi au samedi, la bosse est arasée par une plaque de ciment à prise rapide.

 

Alan Jones chez Arrows, ou le retour de l'Aussie ventru

On l'attendait, le voici, le voilà : Alan Jones fait son retour en F1. Le champion du monde 1980 a accepté la proposition de Jackie Oliver de piloter la seconde Arrows. Cet engagement est conçu comme un pistolet à deux coups : Oliver espère bénéficier de suffisamment de retombées médiatiques pour trouver le gros sponsor qui manque désespérément à son équipe.

 

Pour l'heure, son nouveau pilote n'a pas fière allure. Jones boitille depuis une chute de cheval survenue au mois de janvier. Pire encore, il semble avoir abusé du steak de kangourou puisqu'il n'affiche pas moins de 96 kilos sur la balance... et tient à peine dans son baquet. John Watson vient lui peloter les fesses tel un maquignon : « Je vérifie seulement que tu ne rentres pas dans ma McLaren ! » lui explique-t-il, goguenard. Pourtant, après une journée d'essais à Willow Springs, Jones se sent prêt pour ce nouveau défi. Il se donne trois courses pour faire progresser l'Arrows.

 

Présentation de l'épreuve

Le paddock bruisse de méchantes rumeurs concernant la pole position réalisée par Keke Rosberg à Jacarepaguá. Williams aurait triché en distillant dans la voiture du Finlandais du nitrogène, un additif hyper-détonant contenu dans une bonbonne d'air factice que le pilote aurait pu injecter dans le bloc moteur via un bouton placé dans le cockpit. Et ces personnes « bien informées » de renchérir en faisant remarquer que les V8 de Williams ne sont pas préparés par l'usine Cosworth, mais par les ateliers de John Judd. Williams aurait-elle un « boost » secret ? Pur mensonge, affirme Frank Williams. Rien ne sera jamais prouvé.

Ce qui est en revanche certain, c'est que Keke Rosberg est de fort méchante humeur. Il n'a pas digéré sa disqualification au Brésil et en veut à la Terre entière. Malheur à qui croise son regard. Le champion du monde est déterminé à laver l'affront en piste.

 

Renault aligne un prototype de sa nouvelle RE40 pour le seul Alain Prost qui a accéléré sa mise en service après la mauvaise course de Rio. De douze kilos plus légère que la RE30C, elle possède une coque entièrement en fibre de carbone, excepté le nez toujours en aluminium. Elle est aussi munie de pontons qui se prolongent très loin vers l'avant. La surface des ailerons est agrandie pour générer un meilleur appui aérodynamique.

 

Chez Brabham on voit apparaître deux prises d'air dans le flanc gauche pour refroidir les amortisseurs arrière que la proximité du turbo faisait surchauffer. Ferrari présente un capot-moteur raccourci pour mieux assurer le refroidissement du turbo. Harvey Postlethwaite et ses hommes ont surtout planché sur les ailerons arrière. Ils possèdent dorénavant deux petites ailes latérales avancées et reliées aux flancs des pontons, ce qui produit un meilleur appui.

Lotus reçoit le renfort de l'ingénieur Tony Rudd, vétéran de la grande époque BRM et qui jusqu'ici était directeur des recherches de Lotus Cars. La 93T d'Elio de Angelis a été profondément remaniée au niveau de la répartition des poids. L'empattement est rallongé ce qui procure une meilleure motricité. Enfin Osella a allégé de 36 kilos la voiture de Corrado Fabi grâce à des freins en carbone et... en démontant le capot-moteur.

 

Le mauvais caractère de Günther Schmidt a encore fait des dégâts. Cette fois-ci, il s'est disputé avec son commanditaire, les brasseries Krombacher. D'où une rupture de contrat et quelques dizaines de milliers de marks en moins pour ATS.

 

A Long Beach, aucune équipe ne prévoit de ravitaillement en course, mais ce type d'interventions devrait être quasi-général au prochain Grand Prix de France. Nous assistons à un joli numéro d'hypocrisie puisque tous les chefs d'équipes se prononcent contre cette opération jugée dangereuse... mais avouent qu'ils la pratiqueront volontiers lors de l'épreuve suivante. Le secrétaire-général de la FISA Yvon Léon annonce que cette question sera à l'ordre du jour de la prochaine réunion de la commission F1 prévue justement au Castellet. Quant à l'affaire des « lests liquides » qu'utiliseraient certaines équipes pour tricher au pesage, elle est pour l'heure mise sous le boisseau.

 

Les qualifications

Les Ferrari mènent la danse grâce à des pneus Goodyear de qualification très efficaces et monopolisent la première ligne. Tambay est en pole position pour la première fois de sa carrière. Arnoux était le plus rapide le vendredi mais il a été ralenti le lendemain par une panne de boîte. Les Rouges devancent les Williams de Rosberg et de Laffite. Ce dernier fait ainsi oublier sa désastreuse qualification de Rio. De Angelis réalise une excellente prestation et se classe cinquième. Toutefois il est manifeste que le pilotage incisif de l'Italien et les pneus Pirelli super-tendres compensent les faiblesses du châssis Lotus. Mansell n'est que 13ème avec la 92 à moteur Cosworth. Warwick hisse sa Toleman au sixième rang et fait bien mieux que Giacomelli, seulement quatorzième. Les Tyrrell sont à l'aise ici : Alboreto est septième et Sullivan brillant neuvième.

 

Il faut donc attendre le huitième rang pour trouver le premier pilote chaussé par Michelin. Il s'agit de Prost sur la nouvelle Renault RE40 dont le moteur n'a jamais tourné rond. Cheever est 15ème avec l'ancien modèle. Jarier (10ème) est en revanche très satisfait de sa Ligier. La suspension oléopneumatique fait merveille sur ce tracé urbain. A contrario Boesel (26ème), victime de pannes récurrentes d'embrayage, ne s'est qualifié que de justesse. Les Brabham BT52 souffrent de graves problèmes d'adhérence. Les mécaniciens démontent et redémontrent sans cesse les suspensions... Patrese est onzième, Piquet vingtième ! Pour son grand retour Jones se classe à une belle douzième place, quatre rangs devant son équipier Surer. Guerrero a réalisé un superbe huitième temps qui sera annulé car sa carrosserie était trop large de deux centimètres... Le méritant Colombien ne partira que depuis le 18ème rang, juste derrière son équipier Cecotto. Rien ne fonctionne chez Alfa Romeo, ni le turbo, ni le châssis, terriblement sous-vireur. Poleman en 1982, de Cesaris est cette fois 19ème. Baldi est 21ème. C'est la bérézina chez McLaren : les voitures manquent totalement d'adhérence, les pneus Michelin ne fonctionnent pas... Watson est vingt-deuxième et Lauda vingt-troisième !

 

On trouve aussi sur la grille Winkelhock (24ème) et Salazar (25ème). Les Osella de C. Fabi et de Ghinzani, trop lourdes, restent sur le carreau.

 

Le Grand Prix

Les pneus sont un élément déterminant pour le sort de cette course. Michelin entend prendre sa revanche après des essais calamiteux. La plupart des pilotes partent en pneus durs. Lesquels vont le mieux résister ? Les Michelin, les Goodyear ou les Pirelli ?

 

Départ : Tambay prend un envol hésitant. Ce n'est pas le cas de Rosberg qui oblique brusquement sur sa gauche et se faufile entre les Ferrari, non sans toucher la roue avant droite d'Arnoux. Tambay parvient à contenir le Finlandais grâce à sa cavalerie italienne. Derrière eux se trouvent Laffite, Arnoux, Alboreto et Sullivan. Très mauvais départ de de Angelis, noyé dans le peloton.

 

1er tour : Rosberg est blotti derrière Tambay. Il tente de le déborder dans la ligne droite Seaside Way, à l'endroit même où la chaussée a été refaite et forme un dos d'âne. Lorsqu'il appuie sur ses freins, il perd l'arrière de la Williams qui part en tête-à-queue, effectue un 360°... et finit sa giration dans le bon sens, juste devant le peloton ! Rosberg ne cède qu'une seule place à Laffite pendant qu'Alboreto double Arnoux. Tambay mène ce premier tour devant Laffite, Rosberg, Alboreto, Arnoux, Sullivan, Patrese, Prost, Cheever et Jarier.

 

2e : Tambay prend de l'avance en tête tandis que Rosberg dépasse son équipier Laffite avec autorité. Patrese double Sullivan.

 

3e : Tambay a trois secondes d'avance sur Rosberg qui se lance à sa poursuite. Prost et Cheever doublent Sullivan.

 

4e : A cause d'un bris de suspension, l'ATS de Winkelhock oblique brusquement vers la gauche au bout de Shoreline Drive et se fracasse contre le mur de béton. Winkelhock sort sans dommage de sa voiture. Mansell s'arrête déjà aux stands pour changer de pneus.

 

5e : Tambay mène devant Rosberg (1.9s.), Laffite (3.4s.), Alboreto (4s.), Arnoux (4.8s.), Patrese (5.9s.), Prost (7.2s.) et Cheever (8s.). Suivent Sullivan, Jarier, Surer, Warwick, de Angelis et Jones.

 

6e : Alboreto est pressant derrière Laffite. Cheever prend la septième place à Prost.

 

7e : Le moteur de Prost cafouille. Le Français se fait doubler par Sullivan, Jarier et Surer. Puis Jarier double Sullivan et se retrouve huitième.

 

8e : Rosberg est revenu juste derrière Tambay qui essaie de préserver ses pneus. Warwick dépasse Prost.

 

9e : Tambay, Rosberg, Laffite, Alboreto, Arnoux et Patrese sont maintenant regroupés « à la queue-leu-leu ». Prost a cédé à Jones et n'occupe plus que la 13ème position.

 

10e : Tambay devance Rosberg (0.5s.), Laffite (1.2s.), Alboreto (1.8s.), Arnoux (2.8s.), Patrese (3.5s.), Cheever (5.9s.) et Jarier (7s.). Les McLaren remontent peu à peu. Lauda et Watson occupent respectivement les 17ème et 18ème rangs.

 

12e : Le pneu arrière-gauche de Warwick déchape. La Toleman part en tête-à-queue et atterrit dans le mur de pneus. Warwick sort de sa voiture et, à l'aide d'un extincteur prêté par un commissaire, éteint lui-même un début d'incendie. Baldi a heurté un muret et s'arrête chez Alfa Romeo pour changer une roue faussée.

 

13e : Arnoux est en difficulté et se fait doubler par Patrese, Cheever et Jarier. Puis Cheever double Patrese. Lauda et Watson sont maintenant 15ème et 16ème.

 

14e : Tambay, Rosberg, Laffite et Alboreto sont roues dans roues. A quatre secondes se trouve un autre quatuor composé de Cheever, Patrese, Jarier et Arnoux.

 

15e : Alboreto attaque Laffite qui lui ferme la porte. Patrese prend la cinquième place à Cheever.

 

16e : Prost s'arrête chez Renault pour faire examiner son moteur défaillant. De Angelis stoppe chez Lotus pour, lui aussi, changer de gommes. Grâce à ces arrêts, Lauda se hisse au douzième rang, toujours suivi comme son ombre par Watson.

 

18e: Rosberg est dans les échappements de Tambay et s'impatiente. Cheever entre aux stands pour changer de pneus mais découvre Prost déjà immobilisé au garage Renault. Il reprend donc la piste sans s'être arrêté et chute au dixième rang, entre les Arrows de Surer et de Jones.

 

19e : Rosberg déborde Tambay dans la courte ligne droite qui suit l'épingle du Gazomet, mais il glisse au freinage et reprend sa trajectoire juste sous le nez de Laffite. Patrese et Jarier ont rejoint ce peloton. Prost redémarre en vingt-quatrième et dernière position. Son moteur ne cafouille plus, mais il n'a plus rien à espérer de cet après-midi.

 

20e : Grâce à ses excellents pneus Michelin, Jarier est très rapide et dépasse Patrese à Shoreline Drive.

 

21e : Tambay devance Rosberg (0.4s.), Laffite (1.5s.), Alboreto (2.6s.), Jarier (3.6s.), Patrese (4.1s.) et Arnoux (9.8s.). Suivent Sullivan, Surer, Cheever, Jones, Lauda, Watson, Guerrero et Cecotto.

 

22e : Cheever remonte rapidement après sa mésaventure et dépasse Surer puis Sullivan.

 

23e : Jarier est sur les talons d'Alboreto et lui fait l'intérieur au bout de Seaside Way. Les deux hommes se touchent et empruntent l'échappatoire, puis reprennent la piste derrière Patrese. Mais Alboreto ralentit car sa direction a souffert dans l'accrochage. Jones dépasse son équipier Surer.

 

24e : Rosberg et Laffite sont à un souffle de Tambay. Cheever dépasse Arnoux pendant qu'Alboreto s'arrête à son stand pour faire changer une biellette de direction tordue. Il perd trois minutes dans cette réparation.

 

25e : Jarier repasse devant Patrese. Cheever et Arnoux s'arrêtent aux stands pour changer de pneus. Le Grenoblois ressort derrière Cecotto et devant Piquet et Cheever. Jones a effleuré un muret. Il ralentit et laisse passer Surer, Lauda et Watson.

 

26e : Tambay sort large du virage à gauche qui précède l'épingle. Rosberg en profite pour se jeter à l'intérieur au freinage. Tambay ne le voit pas et prend sa trajectoire habituelle. La Ferrari escalade l'avant-gauche de la Williams, décolle et retombe au sol en travers de la piste, moteur calé. Rosberg hésite un moment puis accélère et contourne la Ferrari. Laffite s'engouffre à droite et les deux Williams entament Shoreline Drive côte à côte, avec Jarier sur leurs talons. Rosberg fait comme si Laffite n'était pas là et le tasse contre le muret des stands. Au bout de la ligne droite, les deux Williams s'entrechoquent. Surpris, Jarier percute l'arrière de Rosberg qui finit sa course dans l'échappatoire. Laffite, dont la voiture est indemne, se retrouve premier devant un Jarier inquiet car son train avant a souffert. Pendant ce temps-là, Tambay sort de sa Ferrari. Salazar met lui aussi pied à terre à cause d'une boîte de vitesses bloquée.

 

27e : Jarier rentre à son garage pour abandonner car sa suspension avant est détruite après l'accrochage avec Rosberg. Laffite mène désormais devant Patrese. Surer, Watson et Lauda viennent ensuite après avoir doublé Sullivan. Giacomelli stoppe au stand Toleman. Il y restera car il cale à cause d'une batterie déchargée. Jones se trouve quant à lui chez Arrows pour changer une biellette de direction. Enfin, Baldi heurte le muret dans la courbe Indy Left et abandonne.

 

28e : Les McLaren effectuent un incroyable retour : Lauda puis Watson dépassent Surer dont le châssis est altéré.

 

29e : Laffite mène devant Patrese (2.4s.), Lauda (18.9s.), Watson (19.6s.), Surer (22s.), Sullivan (24s.), Cecotto (25s.) et Arnoux (48s.). Suivent Piquet, Cheever, de Cesaris et Boesel. Guerrero a perdu l'usage de ses 4e et 5e vitesses et abandonne.

 

30e : Cecotto prend la sixième place à Sullivan dont le châssis vibre beaucoup. Deuxième changement de pneus pour Mansell.

 

31e : Patrese passe à l'attaque et revient derrière Laffite. De Angelis a usé son train de pneus et Pirelli n'a plus de gommes de rechange. Le jeune Italien doit abandonner.

 

32e : Cecotto prend la cinquième place à Surer. Arnoux dépasse Sullivan.

 

33e : Laffite a repris de l'avance sur Patrese qui se plaint d'une piètre tenue de route. Watson dépasse Lauda par l'intérieur au bout de Shoreline Drive. Cheever s'empare du neuvième rang aux dépens de Piquet.

 

35e : Watson poursuit maintenant Laffite et Patrese. Arnoux prend la sixième place à Surer. De Cesaris et Boesel se battent pour le gain de la onzième place.

 

36e : Laffite est premier devant Patrese (2.4s.), Watson (16.4s.), Lauda (17.7s.), Cecotto (32.5s.), Arnoux (36.7s.) et Surer (37.2s.). Cheever prend la huitième place à Sullivan.

 

38e : Laffite a trois secondes d'avance sur Patrese, mais son pneu arrière-gauche est très dégradé. Les Goodyear ne peuvent tenir la distance de l'épreuve. Cependant, depuis l'abandon de Rosberg, le stand Williams se désintéresse de la course et ne prévoit aucun arrêt pour son autre pilote !

 

40e : Patrese menace derechef Laffite. Watson est le plus rapide en piste et prend un peu de champ sur Lauda dont les pneus ne sont pas en très bon état. Cheever remonte sur Surer.

 

41e : Laffite précède Patrese (1s.), Watson (8.5s.), Lauda (10.2s.), Cecotto (33.7s.), Arnoux (38.8s.), Surer (43.1s.), Cheever (46s.), Sullivan (51s.) et Piquet (58s.).

 

42e : Watson se rapproche des deux leaders. Lauda réalise le meilleur tour de la course en 1'28''330'''.

 

43e : Pressé par l'irrésistible retour des McLaren, Patrese se montre dans les rétroviseurs de Laffite.

 

44e : Watson attaque Patrese au bout de Shoreline Drive. Surpris, le Padouan tire tout droit et emprunte l'échappatoire, ouvrant ainsi le passage à Watson et à Lauda. Laffite perd du temps derrière Prost et les McLaren le rattrapent facilement. De Cesaris est aux stands pour résoudre un souci de boîte de vitesses.

 

45e : Prost s'est écarté devant les leaders. Watson double Laffite par la droite au bout de Seaside Way. Puis, Lauda dépasse le pilote Williams au freinage du Gazomet. Parties des 22ème et 23ème positions, les deux McLaren sont en tête du Grand Prix !

 

46e : Watson et Lauda s'échappent sans mal. Arnoux arrive chez Ferrari pour monter un troisième train de pneus Goodyear. Il reprend la piste derrière Piquet.

 

47e : Patrese remonte sur Laffite. Cheever prend la sixième place à Surer.

 

48e : Watson précède Lauda (1.4s.), Laffite (7s.) et Patrese (10s.). Arnoux double Piquet et rattrape facilement Sullivan.

 

49e : Arnoux prend la huitième position à Sullivan qui souffre de terribles vibrations dues à ses pneus avant. Piquet est sur les talons de l'Américain.

 

50e : Lauda se ménage car il souffre d'une crampe. Il concède maintenant quatre secondes à Watson. Piquet double Sullivan.

 

52e : Patrese prend la troisième place à Laffite. Piquet s'arrête dans l'échappatoire de Linden Avenue. Sa commande d'accélérateur ne fonctionne plus. De Cesaris renonce aussi, en panne de boîte de vitesses.

 

54e : Six secondes séparent Watson et Lauda. Cheever remonte sur Cecotto qui rencontre des problèmes de boîte.

 

55e : Cheever prend la cinquième position à Cecotto. Arnoux a rattrapé Surer grâce à ses pneus frais.

 

56e : Watson devance Lauda (8.2s.), Patrese (29s.), Laffite (30.4s.), Cheever (1m. 04s.) et Cecotto (1m. 07s.). Arnoux dépasse Surer.

 

58e : Arnoux atteint sans mal Cecotto et le laisse sur place. Il convoite désormais la cinquième place détenue par Cheever. Boesel s'arrête chez Ligier pour un changement de gommes.

 

60e : Watson est premier devant Lauda (11.3s.), Patrese (40.8s.), Laffite (47.6s.), Cheever (1m. 10s.) et Arnoux (1m. 15s.). Surer prend la septième place à Cecotto qui se débat toujours avec son sélecteur de vitesses.

 

61e : Prost est très rapide maintenant que son moteur tourne rond. Il se dédouble de Laffite et de Patrese, mais n'est que treizième à trois tours de Watson. Jones revient aux stands Sa suspension est abîmée et il préfère abandonner.

 

63e : Laffite est très lent car ses pneus arrière sont détruits. Il est un des rares pilotes chaussé de Goodyear à ne pas avoir changé son jeu de pneus. Cheever et Arnoux le rattrapent facilement, mais se menacent aussi mutuellement.

 

65e : Au bout de Shoreline Drive, Arnoux se jette à l'intérieur mais Cheever lui ferme la porte rudement.

 

66e : Watson devance Lauda (12s.), Patrese (49s.), Laffite (1m. 06s.), Cheever (1m. 11s.), Arnoux (1m. 12s.), Surer (-1t.), Cecotto (-1t.), Sullivan (-1t.) et Boesel (-2t.).

 

67e : Cheever et Arnoux déboulent sur Laffite dans Shoreline Drive. Arnoux déborde Cheever à l'intérieur puis, à la décélération, s'aperçoit que Laffite est très lent et ose plonger à l'intérieur. Surpris, Laffite s'écarte et laisse passer Arnoux et Cheever. Ce n'est pas de la générosité de la part de Jacques: mal renseigné par son stand, il pensait qu'Arnoux avait un tour de retard ! Pendant ce temps-là, Cheever ne s'en laisse pas conter et redouble Arnoux dans un des enchaînements. Mais ce n'est pas fini : René se déporte à l'intérieur au Gazomet et retrouve la quatrième place !

 

68e : Arnoux et Cheever offrent un magnifique spectacle qui malheureusement se conclut brusquement: l'Italo-Américain s'arrête avant l'épingle avec une boîte de vitesses bloquée. Du coup, Laffite retrouve la cinquième place et Surer entre dans les points.

 

69e : La crampe de Lauda s'est calmée. L'Autrichien peut lever encore un peu plus le pied car Patrese est fort loin, et de plus pas très rapide.

 

70e : Watson est leader devant Lauda (24s.), Patrese (1m. 02s.), Arnoux (1m. 18s.), Laffite (1m. 31s.), Surer (-1t.), Cecotto (-1t.), Sullivan (-2t.), Boesel (-2t.), Alboreto (-2t.), Prost (-3t.) et Mansell (-3t.).

 

72e : Patrese est au ralenti avec un moteur expirant. Il rentre aux stands pour abandonner. Cela permet à Arnoux de récupérer la troisième place et à Cecotto de grimper dans les points.

 

73e : Vingt-six secondes séparent Watson et Lauda.

 

75ème et dernier tour : John Watson remporte sa cinquième victoire devant Lauda. Les McLaren signent ainsi un doublé totalement inattendu après des essais qualificatifs calamiteux. Arnoux finit troisième et monte sur son premier podium pour Ferrari. Laffite est quatrième mais aurait sûrement pu faire mieux avec un peu de stratégie de la part de Williams. Surer inscrit deux nouveaux points tandis que Cecotto ouvre le compteur de l'écurie Theodore. Boesel a chipé la septième place à Sullivan dans le dernier tour. Alboreto, Prost et Mansell rallient aussi l'arrivée.

 

Après la course: l'exploit des McLaren

John Watson est accueilli sur le podium par une charmante miss qu'il se permet d'embrasser sur la bouche. Il est rejoint par Niki Lauda, moins démonstratif par nature. Ron Dennis n'en revient pas : ses deux pilotes s'étaient élancés des 22ème et 23ème rangs, et les voici aux deux premières places ! Jamais pareil exploit n'avait été réalisé. Les talents de Watson et de Lauda n'expliquent pas tout. Les pneus Michelin, très médiocres en qualifications, se sont excellemment comportés en course. Et après le succès avec Piquet au Brésil, cela fait deux à zéro pour la marque clermontoise contre Goodyear. Cette course démontre aussi que le V8 Ford-Cosworth est toujours capable de gagner, du moins sur un tracé urbain. Lucide, Watson sait que sa performance comporte une part de chance : « Ne me demandez surtout pas comment j'ai fait ! » plaisante-t-il. « Personne ne peut s'attendre à gagner en partant de si loin. Mais si j'ai bien compris, notre victoire a été favorisée par quelques incidents qui se sont produits devant... »

 

Il peut en effet remercier Keke Rosberg qui a piloté comme un imbécile. Arnoux, Tambay, Jarier et Laffite ont tous quelques explications à lui demander. Pendant ce temps-là, Guy Ligier pique (encore) une mémorable gueulante : « C'est trop bête ! [...] J'ai discuté avec Jarier. Sa collision avec Rosberg a été stupide. Il aurait pu l'éviter. Il a perdu tout seul l'occasion de gagner... » Ligier est injuste avec « Godasse de plomb ». Mais il est persuadé que grâce aux Michelin, ses voitures bleues pouvaient gagner en Californie...

 

Grâce à ses deux podiums, Lauda se retrouve en tête du championnat avec 10 points, contre 9 à Piquet et à Watson, et 6 à Laffite. Le compteur du champion en titre Rosberg est vierge, comme celui de Prost. McLaren-Ford-Cosworth dirige le championnat des constructeurs avec 19 points, dix de plus que Brabham-BMW.

Tony