Ce satané circuit de Détroit...
Bernie Ecclestone veut exporter « sa » Formule 1 à travers le monde et plus particulièrement aux États-Unis. C'est un marché extrêmement porteur et le président de la FOCA espère pouvoir à terme concurrencer l'IndyCar locale. Ecclestone réclame particulièrement des circuits urbains, des « petits Monaco » afin d'assurer un grand spectacle. Après Long Beach et Las Vegas, voici donc le Grand Prix de Détroit. La cité du Michigan a besoin d'un tel événement sportif pour redorer son image ternie par la terrible crise de l'industrie automobile et un taux de criminalité effrayant. Le projet a coûté trois millions de dollars. Une bonne partie de la somme a été fournie par Henry Ford II dont les usines jouxtent la cité. Cependant l'entreprise a été montée à la va-vite et le résultat est calamiteux.
Le circuit de Détroit a été dessiné par Chris Pook autour d'un vaste complexe architectural ultra-moderne nommé Renaissance. Il est presque uniquement composé de virages à angles droits en aveugle. Les glissières et les murs de pneus sont mal situés, les échappatoires sont ridiculement petits, les plaques d'égout parsèment l'asphalte, le bitume n'est pas compact. Niki Lauda, Didier Pironi et Alain Prost qui examinent les lieux le jeudi refusent de courir dans ces conditions. Ils s'étonnent qu'aucune épreuve probatoire n'ait eu lieu auparavant, ce qui est pourtant la règle imposée par la FISA. Ils se plaignent à Jean-Marie Balestre qui exige des organisateurs des améliorations immédiates. La première séance d'entraînement n'aura pas lieu. Mais un boycott est inenvisageable : Elf, Marlboro, Parmalat et les principaux sponsors ont fait savoir qu'ils ne toléreraient pas un second fiasco après celui d'Imola.
Le vendredi, les pilotes exigent de nouveaux aménagements au niveau des glissières et des échappatoires. Ces diverses opérations prennent beaucoup de temps, et ce n'est qu'à 16 heures que les voitures s'engagent enfin sur le circuit. Mais celui-ci reste inadapté aux F1. On ne compte plus les dérapages, touchettes et autres collisions. Mal formés, les commissaires tardent à évacuer les bolides accidentés. Tous les records d'improvisation et de désorganisation sont battus.
Un sondage ?
Didier Pironi exécute le nouveau tracé au nom du PRDA : « Je pense qu'[il] n'offre aucun intérêt. Presque tous les virages se ressemblent. Le revêtement est bosselé, très dur pour les voitures. Ce n'est pas digne d'un circuit de Grand Prix.[...] Vous pourriez aussi vous demander si la piste est assez large. En plusieurs endroits, elle n'atteint pas la largeur requise par le règlement. » « Nos trajectoires se bornent à éviter les bosses et les plaques d'égout... » renchérit Alain Prost. « On saute comme ce n'est pas imaginable... » soupire Riccardo Patrese. « En dehors des virages 1 et 2, tous les autres se négocient en première ou en seconde. Sans grand intérêt de pilotage » constate Mauro Baldi. John Watson fait preuve d'humour : « Il y a des nouveautés, comme les rails de tramway qui traversent la piste... Le revêtement ressemble à une planche à laver. Mais c'est comme tout, on s'habitue. »
Jackie Stewart tient un tout autre discours sur la chaîne ABC, parlant d'un « grand circuit, pour aujourd'hui et pour l'avenir... » Il faut préciser que Stewart est l'employé de Ford. Les Écossais et l'argent...
Présentation de l'épreuve
Il n'y a toujours qu'une seule Ferrari engagée. Toutefois on a appris que le remplaçant de Gilles Villeneuve sera Patrick Tambay qui prendra ses fonctions après le GP du Canada. Deux Français vont donc cohabiter chez les Rouges. Les supporteurs québécois caressaient le rêve fou de voir Jacques Villeneuve, le frère de Gilles, prendre sa succession. L'agent du défunt champion Gaston Parent a intrigué en ce sens mais « Jacquo », tout bon pilote qu'il est, n'a évidemment pas la stature pour prétendre à une telle faveur.
Brabham poursuit sa politique de division des tâches : à Patrese la Brabham-Cosworth, à Piquet le développement de la BT50 turbo. Les moteurs BMW sont équipés de nouveau turbos KKK destinés à améliorer la puissance à bas régime. La Ferrari 126 C2 dispose d'une suspension avant à « flexibilité progressive » inspirée de celle de Brabham : triangles et biellette oblique reliant le haut du porte-moyeu au pied du combiné ressort-amortisseur. Un système d'injection d'eau dans les cylindres du V6 italien apparaît également. Chez Theodore Jan Lammers conduit une voiture toute neuve dotée d'une voie avant plus ténue. Ligier est contrainte de laisser de côté sa JS19 puisque les commissaires sportifs américains l'ont jugée aussi illégale que ceux de Monaco. Elle devra être passablement modifiée pour réapparaître, et les vieilles JS17 sont donc encore de sortie.
L'équipe Toleman a déclaré forfait en invoquant... une panne de camion au retour du Grand Prix de Monaco !
Tyrrell n'arbore plus les couleurs de Candy puisque l'accord signé avant Imola ne portait que sur trois courses. L'Oncle Ken est de nouveau parti à la chasse aux commanditaires...
Suite au retrait de l'IRTS, Ensign et Theodore doivent acheter ailleurs leurs pneumatiques. Mo Nunn a obtenu un bon contrat avec Michelin tandis que Teddy Yip a conclu un arrangement avec Goodyear. Seules les deux March officielles et celle d'Emilio de Villota utilisent encore les gommes Avon. Pirelli apporte de nouveaux pneus étroits dont la bande de roulement a été réduite de quarante millimètres. Ils sont mis à la disposition d'Arrows et d'Osella mais sont montés sur des jantes classiques, ce qui ne permet pas d'exploiter totalement cette originalité. Les deux teams devraient prochainement adapter leurs voitures à cet effet.
Les qualifications
A cause du retard pris le vendredi, les deux séances de qualifications se déroulent le samedi. La première a lieu sous un ciel menaçant, la seconde sous la pluie. Donc seul le premier round compte véritablement.
Grâce à l'injection électronique, la Renault turbo est désormais très performante sur les tracés urbains. Prost réalise la pole position sans gros effort malgré un pied endolori, conséquence de son accident de Monaco. En revanche Arnoux a été coupé dans son élan par une touchette et ne s'élancera que depuis le quinzième rang. Les virages à 90° mettent en valeur le couple exceptionnel du V12 Alfa Romeo. De Cesaris obtient une superbe deuxième place et Giacomelli se classe sixième. Premier du clan Goodyear, Rosberg se hisse au troisième rang. Son équipier Daly n'est que douzième. Pironi est content de sa quatrième place. Au cinquième rang on découvre stupéfait... l'ATS de Winkelhock ! L'Allemand s'est montré très à l'aise sur cette piste bosselée et profite sûrement de l'avantage pris par les pneus Michelin sur les Goodyear. Son équipier Salazar n'est pas aussi performant: il s'est crashé à chaque séance et partira 25ème ! Roulant sans capot arrière pour rafraîchir leur moteur, Mansell et de Angelis placent les Lotus en quatrième ligne. Les vieilles Ligier JS17 se comportent bien : Cheever est neuvième et Laffite treizième.
Chez McLaren, Watson (17ème) a été victime d'un accrochage avec Serra tandis que Lauda (10ème) se plaint de sous-virage. Guerrero réalise une prouesse avec son Ensign équipée de Michelin et réalise le onzième temps. Patrese n'est que quatorzième avec la Brabham-Ford-Cosworth. Performances médiocres pour les Tyrrell : Alboreto est seizième et Henton vingtième. Les deux March « officielles » parviennent à se qualifier (Mass 18ème, Boesel 21ème), tout comme les Osella de Jarier et de Paletti (22ème et 23ème). Les Arrows de Surer (19ème) et Baldi (24ème) font pâle figure.
De Villota n'est pas qualifié. Plus surprenante est l'élimination de... Piquet ! Tombé en panne lors de la séance du samedi matin, l'averse de l'après-midi lui a interdit de réaliser un chrono convenable. Le champion du monde en titre n'est donc pas qualifié. « Je ne regrette rien, et encore moins de ne pas disputer un Grand Prix ridicule ! » affirme-t-il aux journalistes. Lammers a été victime d'un accident le vendredi, au cours duquel un retour de volant lui a cassé le pouce. Il déclare donc forfait.
Le Grand Prix
Un Grand Prix aux États-Unis est l'occasion d'apercevoir des célébrités de toutes les professions. A mi-chemin entre le cinéma et l'automobilisme, voici le fringant Paul Newman. Mario Andretti, Phil Hill et Jack Brabham sont venus voir évoluer les petits jeunes. En ce 4 juin 1982, le V8 Ford-Cosworth DFV fête ses quinze années de présence en Formule 1. Ce moteur légendaire a depuis remporté 147 Grands Prix. Mike Costin et Keith Duckworth sont absents pour cet anniversaire, mais on note la présence de Walter Hayes qui a permis l'association entre Ford et les deux ingénieurs.
Lors du warm-up Paletti se fait une frayeur lorsqu'il perd sa roue arrière droite à haute vitesse et finit dans le décor. Fort heureusement, il atterrit dans un muret de pneus, ce qui amortit le choc et lui permet de se tirer indemne de ce mauvais pas. Mais il a beaucoup de chance car cette protection n'a été installée que la veille devant un mur de béton. Il doit en tout cas déclarer forfait. Son équipier Jarier est lui victime d'un incendie. Il s'apprête à courir sur son mulet, lorsque dans son tour de mise en grille il tape un muret et crève. Finalement il partira depuis les stands au volant de la voiture de Paletti réparée en hâte.
Première manche
Départ: Prost conserve l'avantage de sa pole tandis que de Cesaris se défend contre Rosberg. Les deux hommes effectuent les premiers mètres côte à côte mais l'Italien conserve sa deuxième place. Suivent Rosberg, Pironi, Mansell et Giacomelli.
1er tour: A la petite épingle Baldi escalade l'arrière de la March de Boesel. Le jeune Italien abandonne aussitôt tandis que le Brésilien, privé d'aileron arrière, effectuera un tête-à-queue et n'ira guère plus loin. Prost mène devant de Cesaris, Rosberg, Pironi, Mansell, Giacomelli, Cheever, Winkelhock, Lauda et Laffite. Alboreto regagne le stand Tyrrell pour réparer un tirant de suspension endommagé dans un choc contre Daly. Salazar est au stand ATS, victime lui aussi d'une touchette. On répare sa suspension arrière.
2e: Prost s'échappe pendant que Rosberg menace de Cesaris. Suite à la une rupture d'une biellette de direction, Winkelhock tire tout droit dans une rangée de pneus. Le voici hors course.
3e: De Cesaris ralentit soudainement à l'abord de l'avant-dernier virage et se fait passer par Rosberg. Victime d'un bris de cardan, le jeune Italien revient à son stand pour mettre pied à terre. Jarier s'est trompé en manipulant des boutons et a actionné par erreur le coupe-circuit. Son Osella s'arrête, moteur calé, et ne repartira pas.
4e: Prost devance Rosberg de trois secondes. Le reste du peloton est semé. Remonté jusqu'au huitième rang, Arnoux prend la septième place à Lauda.
5e : Prost précède Rosberg (3s.), Pironi (9s.), Mansell (12s.), Giacomelli (13s.) et Cheever (13.7s.). Lauda est repassé devant Arnoux. Daly prend la neuvième place à Laffite tandis que plus loin Guerrero résiste à de Angelis.
7e: Dans le premier virage de Angelis attaque Guerrero et le harponne. Le Colombien décolle légèrement avant de percuter le mur de pneus. L'Ensign détruite se retrouve en travers de la piste. Watson parvient à l'éviter mais pas Patrese qui fait un écart et finit sa course dans la barrière de pneumatiques. Guerrero et Patrese sortent sans problème de leurs voitures, mais un incendie se déclare sur la Brabham. Les commissaires doivent intervenir pour éteindre le feu. De la fumée se répand sur le circuit et la direction de course n'a pas d'autre choix que de brandir le drapeau rouge. La course est suspendue.
Il faut une bonne heure aux commissaires de piste pour dégager les deux monoplaces accidentées. Les voitures reprennent place sur la grille de départ dans l'ordre du sixième tour. C'est une très mauvaise affaire pour Prost qui s'envolait en tête. Il règne de nouveau une grande confusion et les mécaniciens ne chôment pas. Chez Lotus, on change une roue voilée et les jupes de la voiture de Mansell et on répare une biellette de direction sur celle de Angelis, touchée après l'accrochage avec Guerrero. Prost fait changer ses roues et ses jupes. Chez McLaren, Watson chausse des pneus Michelin durs afin de tenir la distance du Grand Prix. Tous les autres concurrents sont pourtant en gommes tendres.
Prévu pour 70 tours, le Grand Prix est réduit à 64 boucles. Le résultat de la course sera calculé par addition des temps des deux manches et la course reprendra au septième tour. Prost est premier sur la grille devant Rosberg (3.3s.), Pironi (11.3s.), Mansell (13.1s.), Giacomelli (13.6s.), Cheever (13.9s.), Lauda (15s.) et Arnoux (16s.). On voit ensuite Daly, Laffite, de Angelis, Mass, Watson, Surer, Henton, Serra, Alboreto et Salazar. Winkelhock et Patrese se placent sur la grille avec leurs mulets respectifs, mais la direction de course leur interdit de repartir.
Seconde manche
Deuxième départ: La course reprend, Prost conserve le commandement devant Rosberg et Pironi. Giacomelli et Cheever sont passés devant Mansell.
7e: A l'épingle, Arnoux plonge à l'intérieur et déborde Mansell qui doit en plus céder une place à Lauda pour éviter le mur extérieur. Salazar se frotte à Alboreto et à Serra. Prost mène devant Rosberg, Pironi, Giacomelli, Cheever, Arnoux, Lauda, Mansell, Daly et Laffite.
8e : Prost a deux secondes et demie d'avance sur Rosberg en piste. Au classement officiel il précède Rosberg (4.4s.), Pironi (13.8s.), Giacomelli (17.4s.), Cheever (18.4s.) et Lauda (21.7s.)
9e : Les nouvelles jupes de la Lotus de Mansell provoquent du sous-virage. L'Anglais frotte un muret et perd une place au profit de Daly.
10e: Prost précède Rosberg (7.7s.), Pironi (18.3s.), Giacomelli (21.7s.), Cheever (23.2s.) et Lauda (28.8s.), sachant qu'en piste ce dernier est en fait derrière Arnoux. Mansell est en grandes difficultés: il perd encore deux places au profit de Laffite et Mass.
12e: En piste Prost a cinq secondes d'avance sur Rosberg. Pironi, Giacomelli et Cheever sont roues dans roues. Lauda prend la sixième place à Arnoux.
13e : Pironi, Giacomelli et Cheever sont en bagarre. Lauda remonte rapidement sur ce trio.
15e: Par addition des temps, Prost mène devant Rosberg (7s.) et Pironi (23.8s.), lequel entraîne dans son sillage Giacomelli, Cheever et désormais Lauda.
16e: Victime de problèmes d'injection, Arnoux se fait successivement passer par Daly et Laffite. Il n'est plus que neuvième. Watson passe à l'attaque. Il double les deux Lotus dans ce tour et se retrouve onzième.
17e : Watson prend la dixième place à Mass.
18e: Le moteur de Prost ne reprend plus à bas régime, ce qui le gêne considérablement dans les virages serrés. Ce problème vient de son boîtier d'injection. Rosberg commence à le rattraper. De Angelis est contraint à l'abandon à cause de soucis avec sa tringlerie de boîte.
19e: Watson prend la neuvième place à Arnoux. Alboreto heurte son équipier Henton au moment où celui-ci le dépassait. L'Anglais se retrouve avec un aileron arrière cassé et entre à son stand pour le faire réparer.
20e: Prost perd beaucoup de temps et voit Rosberg revenir dans ses rétroviseurs. Salazar tape le muret au virage n°17 et y brise sa roue avant-droite. Il doit cette fois abandonner.
21e : Rosberg est maintenant derrière Prost dont le moteur ne tourne pas rond. Watson remonte sur Laffite et Daly.
23e: Prost et Rosberg abordent les deux virages à 90° précédant Jefferson Avenue. Le moteur de Prost ratatouille à la sortie du premier. Le fougueux Finlandais en profite pour se jeter à l'extérieur au tournant suivant. Prost fait tout pour éviter l'accrochage mais Rosberg doit malgré tout mordre sur l'échappatoire pour revenir en piste devant la Renault. Néanmoins, par addition des temps, Prost reste premier.
24e: Rosberg compte déjà 3.7s. d'avance sur Prost et prend officiellement la tête de l'épreuve. Plus loin, Watson poursuit sa remontée et déborde Laffite.
25e: Au classement officiel, Rosberg est premier devant Prost (0.4s.), Pironi (19.3s.), Giacomelli (22.6s.), Cheever (23.1s.) et Lauda (24.9s.). Watson prend la septième place à Daly.
26e: A la sortie de virage n°2 Giacomelli perd le contrôle de sa machine et manque de peu de partir en tête-à-queue. Il se redresse in extremis mais se fait déborder aussitôt par Cheever. Puis Lauda la dépasse par l'intérieur à l'épingle. Laffite double Daly.
27e: Prost voit désormais revenir Pironi et ses poursuivants. Watson rattrape ce groupe.
28e: Le moteur de Prost ne cesse de se couper. Le pilote Renault est doublé par Pironi dans Jefferson Avenue. Puis Cheever et Lauda le dépassent à la dernière chicane.
29e: Giacomelli et Watson dépassent Prost à leur tour. Le classement officiel est le suivant : Rosberg premier devant Prost (15.3s.), Pironi (18.3s.), Cheever (21.4s.), Giacomelli (22.7s.) et Lauda (23.4s.).
30e: Watson dépasse Giacomelli. Cheever attaque Pironi, sans succès, et est lui-même très menacé par Lauda. Laffite puis Daly doublent Prost.
31e: Après une offensive manquée sur Lauda, Watson glisse et Giacomelli tente de le déborder dans Atwater Street. L'Irlandais résiste mais son adversaire retente sa chance à l'intérieur au virage suivant. Watson ferme la porte et Giacomelli brise sa suspension contre la McLaren. L'Alfa Romeo s'échoue dans le muret. Prost revient à son stand pour faire réparer l'injection électronique de sa Renault.
31e : Rosberg mène avec vingt secondes d'avance sur un quatuor composé de Pironi, Cheever, Lauda et Watson.
33e: Watson dépasse Lauda dans le premier virage. Puis il s'en prend à Cheever au virage n°7 et le déborde par l'intérieur. Sitôt fait, il remet les gaz à l'entrée de Larned Street et dépose littéralement Pironi. L'incroyable Watson a donc gagné trois places en un tour et se retrouve second ! Néanmoins, à cause de l'addition des temps, il est en fait toujours cinquième, à douze secondes de Pironi. Daly se fait une frayeur en frôlant une rangée de pneus à la dernière chicane.
34e : Watson semble irrésistible et reprend trois secondes en un tour à Rosberg. En fait, les pneus Goodyear de la Williams sont en piètre état et de plus le Finlandais rencontre des problèmes de freins à l'arrière.
35e: Watson réalise son tour le plus rapide : 1'51''250'''. Lauda dépasse Cheever. Le classement officiel donne Rosberg premier devant Pironi (22.5s.), Cheever (25.6s.), Lauda (27.3s.), Watson (31.9s.) et Laffite (37.1s.).
36e: Rosberg perd l'usage de son troisième rapport. Watson le rattrape. Lauda dépose Pironi à l'issue de Larned Street. Les deux McLaren se lancent à la poursuite de Rosberg.
37e: Dans le gauche après l'épingle, Cheever se jette à l'intérieur et dépasse Pironi au forceps, les deux hommes devant prendre l'échappatoire. Au même moment Watson dépasse Rosberg dans Larned Street. Néanmoins le Finlandais reste officiellement en tête avec plus de vingt-quatre secondes d'avance sur le pilote McLaren. Prost revient en piste bon dernier.
38e: Seul en tête sur la piste, Watson est troisième au classement officiel et doit prendre vingt-et-une secondes à Rosberg pour le doubler véritablement. Lauda se lance à la poursuite du pilote Williams. S'il le double et demeure à une distance raisonnable de Watson, l'Autrichien peut remporter le Grand Prix.
39e : Rosberg mène officiellement devant Lauda (17.4s.), Watson (18.3s.), Cheever (19.4s.), Pironi (22s.) et Laffite (30.7s.). En piste, Watson a pris cinq secondes d'avance sur Rosberg. Suivent Lauda, Cheever, Pironi, Laffite, Daly, Mansell, Mass et Surer. Arnoux rencontre les mêmes problèmes d'injection que Prost et dégringole au classement.
41e: Lauda est revenu derrière Rosberg et tente un dépassement dans le premier virage. Mais il est trop optimiste : serré par son rival, il décolle et finit sa course dans le mur. Quelques virages plus loin, Cheever dépasse Rosberg. Laffite attaque Pironi : leurs roues se touchent et le pilote Ferrari fait un tête-à-queue. Il parvient à repartir, mais loin derrière Laffite qui a endommagé sa calandre. Arnoux s'arrête aux stands pour changer ses pneus et faire vérifier ses bougies ainsi que son injection.
42e: Watson s'empare officiellement du commandement devant Rosberg (3.7s.), Cheever (7.7s.), Laffite (23s.), Pironi (30.2s.) et Daly (49.6s.). Sur la piste Watson compte onze secondes d'avance sur Cheever.
43e: Alboreto tente de doubler Daly à la chicane, mais sa manœuvre est bien trop hardie et il termine dans le mur.
45e: La Ligier de Laffite sous-vire depuis son accrochage avec Pironi mais le Français remonte tout de même sur Rosberg. En revanche Pironi le « rattrape » au classement réel. Mansell est abandonné par son moteur et s'arrête sur le bas-côté dans un virage. Prost réalise le meilleur tour en course (1'50''438''') avec sa Renault réparée. Il est douzième à huit tours.
46e : Les commissaires interviennent dangereusement pour évacuer la Lotus de Mansell. Ils se trouvent dans une courbe en aveugle mais fort heureusement aucun pilote ne leur rentre dedans.
47e : Watson précède Cheever (14.7s.), Rosberg (21.1s.), Pironi (35.4s.), Laffite (38.8s.) et Daly (1m. 01s.).
48e: Laffite prend la troisième place en piste à Rosberg. Mais Pironi rattrape facilement la Talbot et la Williams qui sont mal en point.
49e: Pironi déborde Rosberg sur la ligne de chronométrage. Derrière le Finlandais se trouve désormais Arnoux qui a cependant deux tours de retard.
50e : Watson a vingt-huit secondes de marge sur Cheever en piste. A quarante secondes de là, Pironi rattrape Laffite.
52e: Laffite ne peut résister à Pironi avec sa voiture dépourvue de calandre. Le pilote Ferrari retrouve le troisième rang.
53e: Daly double son coéquipier Rosberg, qui n'est plus que sixième en piste, mais demeure quatrième officiellement.
54e : Watson précède Cheever (28.2s.), Pironi (41.2s.), Rosberg (51.7s.), Laffite (59.6s.), Daly (1m. 12s.), Mass (-1t.), Surer (-1t.), Henton (-2t.), Serra (-2t.), Arnoux (-3t.) et Prost (-8t.).
55e: La course n'ira pas au bout de ses 64 tours puisqu'on approche de la limite des deux heures. Laffite est dépassé par Daly et voit Rosberg revenir sur ses talons.
56e: Rosberg reprend la cinquième place à Laffite.
57e : Watson devance Cheever (25.3s.), Pironi (35.9s.), Rosberg (1m. 06s.), Daly (1m. 15s.) et Laffite (1m. 24s.). Sur le circuit, Daly tente de prendre une grande avance sur Rosberg pour le dépasser au classement effectif.
59e: Watson prend un tour à Laffite.
61e : La limite des deux heures est presque atteinte : la boucle suivante sera la dernière.
62e: John Watson remporte une superbe victoire, la quatrième de sa carrière. Cheever termine deuxième devant le public américains et obtient son deuxième podium au volant de la vieille Ligier JS17. Pironi est troisième. Daly franchit la ligne en quatrième position devant Rosberg, mais par addition des temps il est classé derrière son coéquipier. Laffite décroche la sixième place et son premier point de l'année. Suivent Mass, Surer, Henton, Serra et les deux Renault d'Arnoux et de Prost. Celui-ci n'est pas classé.
Après la course
Ce Grand Prix américain se conclut donc par une victoire de Michelin sur Goodyear. Le vainqueur John Watson a réalisé une course exceptionnelle. Parti depuis le dix-septième rang, il finit premier avec une large avance, et de plus devient le nouveau leader du classement mondial. Le sympathique pilote nord-irlandais n'a jamais été à pareille fête. Éliminé suite à un accrochage avec Keke Rosberg, Niki Lauda reconnaît sa responsabilité et n'accable pas le Finlandais : « Il n'a pas voulu jouer le jeu en me serrant contre le mur, mais j'avoue que ma manœuvre ne pouvait se terminer ainsi. Mon abandon est davantage de ma faute que celle de Rosberg. » Un fair-play suffisamment rare pour être souligné.
Après Imola, Zolder et Monte-Carlo, Renault est encore une fois défaite après des qualifications brillantes. Les soucis de fiabilité réduisent les chances d'Alain Prost de remporter le titre mondial. Par bonheur, la concurrence est multiple, et le jeune Forézien n'est pas distancé par ses rivaux. En revanche René Arnoux n'a marqué que quatre petits points depuis le début de l'année et commence à songer sérieusement à aller voir ailleurs.
Watson s'empare donc de la première place du championnat avec 26 points. Il précède Pironi (20 pts), Prost (18 pts) et Rosberg (17 pts). Après cette troisième victoire en 1982, McLaren consolide sa première place au classement des constructeurs avec une avance de douze points sur Ferrari et Williams. Renault chute au quatrième rang.
Tony