René ARNOUX
 R.ARNOUX
Renault
Patrick TAMBAY
 P.TAMBAY
Ferrari
Keke ROSBERG
 K.ROSBERG
Williams Ford Cosworth

369. Großer Preis

XLIV Grosser Preis von Deutschland
Wolkig
Hockenheim
Sonntag, 8. August 1982
45 Runden x 6.797 km - 305.865 km
Affiche
F1
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Bruits de paddocks: rififi chez Renault, Arnoux vers Ferrari, retrait d'Alfa Romeo ?

Avant cette course tout le monde parle de la zizanie qui s'est installée chez Renault depuis le Grand Prix de France. Alain Prost ne pardonne pas à René Arnoux de ne pas lui avoir laissé la victoire au Castellet. Les deux hommes ne se parlent plus. L'un est de trop, et Arnoux en est bien conscient puisqu'il est en négociations avancées avec Marco Piccinini pour devenir l'équipier de Didier Pironi chez Ferrari en 1983.

 

La saison des transferts est en effet très animée. Sa vedette est Michele Alboreto, le jeune Italien de Tyrrell, la grande révélation de l'année. Ferrari et Williams lui font les yeux doux, mais Ken Tyrrell ne veut abandonner sa pépite à aucun prix. Frank Williams cherche de son côté à obtenir un moteur turbo et est en pourparlers avec BMW. Il est également en quête d'un pilote pour épauler Keke Rosberg. Il rêve d'Alain Prost ou de Michele Alboreto, mais plus modestement convoite Elio de Angelis, Jacques Laffite ou John Watson. De Angelis serait un bon choix. A 24 ans l'élégant Romain pense que sa carrière stagne chez Lotus et ne supporte guère le penchant de Colin Chapman pour Nigel Mansell. Préférence injustifiée selon de Angelis qui domine il est vrai largement son équipier cette saison. Si de Angelis quittait Lotus, Jean-Pierre Jarier a une lettre de candidature toute préparée...

 

Pendant ce temps-là chez Autodelta, Carlo Chiti et Gérard Ducarouge, toujours en rivalité de compétences, se supportent de moins en moins. La dyarchie vit des heures difficiles, d'autant plus que les résultats sont maigres : cinq points inscrits en onze courses. L'élaboration du moteur turbo prend du retard. A Milan, certaines voix s'élèvent contre la présence d'Alfa Romeo en Formule 1. Quatre ans après son retour, la marque au trèfle n'a strictement rien gagné. Certains parlent d'arrêter purement et simplement le programme d'Autodelta. Côté pilotes, si Andrea de Cesaris a montré cette année qu'il savait faire autre chose que de détruire des voitures, Bruno Giacomelli déçoit et pourrait quitter l'équipe. Son compteur de points est toujours vierge. A 29 ans le sympathique « Jack O'Malley » est un ancien espoir qui n'a jamais vraiment progressé.

 

Politique toujours

Bernie Ecclestone préside une réunion de la FOCA le vendredi 6 août. Plusieurs équipes se plaignent d'avoir dû payer des dédommagements à leurs sponsors après le forfait du GP de Saint-Marin. Elles réclament une compensation à Ecclestone qui refuse au prétexte que la « caisse de solidarité » de la FOCA n'est plus aussi bien garnie qu'autrefois. Les organisateurs des épreuves de Long Beach et de Montréal n'auraient pas réglé ce qu'ils devaient. De plus, le Grand Prix de Hollande a coûté 600 000 dollars à l'organisation, et celui d'Autriche pourrait lui aussi coûter cher. Mais Ecclestone tente de rassurer ses collègues. De toute façon, ils n'ont pas le choix : lors des accords Concorde ils lui ont de facto abandonné la gestion économique de la F1... En ce qui concerne la future réglementation, le front anti-turbo est définitivement mort. Seuls Guy Ligier et Ken Tyrrell persistent dans leur combat d'arrière-garde.

 

Depuis quelques semaines la FISA envisage d'imposer un retour des pneus sculptés pour 1983. Les manufacturiers de pneumatiques ont rédigé un communiqué commun pour dénoncer cette proposition, arguant qu'elle serait inefficace à réduire la vitesse des voitures et impossible à mettre en œuvre dans de si brefs délais. Néanmoins Michelin se désolidarise de ses concurrents sans pour autant appuyer pleinement cette idée.

 

Présentation de l'épreuve

Le tracé de l'Hockenheimring a été modifié. La terrible « courbe est » où Patrick Depailler a perdu la vie en 1980 a été remplacée par une nouvelle chicane. Cela permettra de ralentir les voitures qui franchissaient cette zone à des vitesses effrayantes. Mais cet enchaînement encadré par deux empilements de vieux pneus ne plaît guère aux pilotes.

 

Malgré un poignet toujours bandé, Nigel Mansell reprend le baquet de la seconde Lotus. Beaucoup pensent que le pilote anglais n'est pas vraiment apte à piloter mais Colin Chapman tient à faire plaisir à son protégé.

Jan Lammers n'est plus au volant de la Theodore, faute de soutien financier. Il est remplacé par Tommy Byrne, un jeune Irlandais de 24 ans qui domine l'actuel championnat anglais de Formule 3. Jochen Mass a été très secoué par son accident au Paul-Ricard, physiquement et moralement. En outre, il n'a plus confiance en son équipe et surtout en son patron John Macdonald dont il critique le manque de sérieux. Le vendredi matin il n'effectue que trois tours au volant de sa March avant de déclarer forfait, se plaignant de douleurs aux côtes et à la colonne vertébrale. Pour le remplacer Macdonald choisit une vieille connaissance, l'Anglais Rupert Keegan qui a déjà piloté pour l'écurie RAM en 1980.

 

Chez Brabham on estime que les nombreuses pannes de moteurs enregistrées au Castellet étaient dues à des surchauffes de la pompe à essence. Une prise d'air a donc été installée sur le flanc droit pour refroidir cet élément. Alain Prost bénéficie d'une Renault toute neuve pour ce week-end. A son volant il teste des disques de freins en fibre de carbone qui seront retirés dès le vendredi soir. Les deux RE30B sont munies de correcteurs hydrauliques d'assiette essayés en essais libres au Castellet.

Châssis neuf également pour Keke Rosberg chez Williams. Les deux FW08 disposent d'une suspension avant déterminant une voie plus large et un empattement allongé. L'aérodynamisme a aussi été corrigé à l'arrière avec un panneau vertical nettement rallongé. Une petite prise d'air a été fixée sur le capot moteur pour rafraîchir la pompe à essence.

Les Ligier JS19 possèdent des suspensions neuves qui donnent satisfaction à Laffite et à Cheever. « Après divers tests, nous sommes revenus à une épure de suspension similaire à celle des JS17. Nous avons diminué le pompage. » explique Jean-Pierre Jabouille. Hervé Guilpin a effectué un gros travail sur l'Osella. Celle-ci dispose d'une nouvelle suspension arrière qui détermine une voie plus étroite et un carénage amélioré. Les deux Tyrrell arborent désormais le capot moteur essayé par Michele Alboreto en France. Pour finir, chez Fittipaldi, Chico Serra utilise enfin la nouvelle F9 sur l'ensemble du week-end.

 

Ferrari teste le vendredi matin un nouveau pneu Goodyear plus étroit de quatre centimètres. Les hommes de Lee Gaug semblent suivre la voie tracée par Pirelli depuis quelques semaines. Mais ce modèle ne sera pas utilisé en course.

 

Les qualifications

La journée du samedi étant perturbée par la pluie, la grille de départ est déterminée par les chronos du vendredi.

 

Les turbos règnent en maîtres dans les longues lignes droites de la forêt allemande. Mais cette fois-ci les Renault sont battues. Pironi réalise sa quatrième pole position au volant de la Ferrari à boîte transversale. Le Français est imbattable durant tous les essais. Les Renault de Prost et d'Arnoux sont reléguées à une seconde. Les Brabham-BMW ont bon espoir de terminer l'épreuve grâce au temps frais. Piquet et Patrese sont respectivement quatrième et sixième. Tambay est cinquième avec la seconde Ferrari.

Près de trois secondes séparent Patrese du premier pilote équipé d'un moteur atmosphérique ! Il s'agit d'Alboreto dont la Tyrrell bénéficie d'une excellente motricité. Il accompagne Lauda en quatrième ligne. Les Alfa Romeo sont rapides dans les chicanes et lentes en ligne droite. De Cesaris se classe neuvième et Giacomelli douzième. Rosberg n'est que dixième devant Watson. Daly a été victime d'une grosse sortie de route au niveau de l'ancienne Ostkurve. Il s'en tire sans dommage mais doit se rabattre sur le mulet qui ne le porte qu'au vingtième rang. Les Ligier progressent (Cheever 13ème, Laffite 16ème) tandis que les Lotus stagnent (de Angelis 14ème, Mansell 19ème). Les Toleman ont un moteur Hart puissant mais un mauvais châssis. Warwick se classe quinzième tandis que Fabi est réduit au rang de spectateur après que son moteur a explosé, provoquant de graves dégâts sur sa monoplace.

 

Seul Allemand en lice, Winkelhock se qualifie au 17ème rang pendant que son équipier Salazar décroche la 23ème place. Henton est dix-huitième avec la seconde Tyrrell. Jarier, Guerrero, Baldi, Boesel et Serra sont qualifiés, au contraire de Surer, Byrne et Keegan. Mais grâce au forfait de Lauda, Surer est repêché.

 

Vendredi après-midi, Lauda sort en effet de la route au premier virage et écrase sa McLaren contre les protections. Il n'a pas le temps de lâcher le volant avant l'impact et se foule le poignet. Ressentant de vives douleurs, il préfère déclarer forfait afin d'être dispos pour le GP d'Autriche huit jours plus tard.

 

Samedi 7 août 1982: le destin brisé de Didier Pironi

Le samedi matin, lors des essais libres, le circuit est noyé sous la pluie. Malgré tout, les pilotes sortent pour mettre au point leurs machines, et en particulier Didier Pironi qui doit tester plusieurs trains de pneus Goodyear.

Vers 10h30, le Français franchit la troisième chicane et aborde à fond la ligne droite qui précède le Stadium. Devant lui roule à vitesse plus réduite Derek Daly, lequel rattrape Alain Prost qui conclut son tour de rentrée aux stands. La Renault ne dépasse pas les 180 km/h. La visibilité est très mauvaise à cause des projections d'eau. Daly se déporte à droite pour doubler Prost. Pironi surgit et pique logiquement à gauche pour dépasser la Williams. Il ne peut pas voir Prost enveloppé dans la brume. Lorsque Didier aperçoit avec horreur l'arrière de la voiture jaune, il est trop tard. Le choc à 280 km/h est effroyable. La Ferrari s'envole sur la roue arrière-droite de la Renault, parcourt plus de cent mètres dans les airs, rebondit, redécolle avant de s'écraser dans l'herbe sur le museau. Un nouveau drame vient de se produire.

 

L'avant de la Ferrari est totalement détruit. Pironi gît à même le sol, le visage tuméfié, au milieu d'un tas de décombres. Prost arrête sa voiture et se précipite à son secours, bientôt rejoint par Eddie Cheever, Nigel Mansell et Nelson Piquet. Ce dernier dégrafe le harnais du malheureux qui est conscient mais souffre terriblement. Piquet découvre avec effroi que la jambe droite de son camarade n'est plus qu'une bouillie ensanglantée. Les secouristes arrivent très rapidement sur place. Pironi est instantanément placé sous perfusion, sous la pluie battante. Cinq médecins l'entourent, dont Sid Watkins. La situation est si grave que l'un d'eux veut l'amputer sur place. Pironi se récrie. On place sa jambe droite dans une gouttière. Une demi-heure plus tard il est transporté en hélicoptère vers l'hôpital universitaire d'Heidelberg. Un premier examen rassure ses amis : aucun organe vital n'est touché. Fort heureusement, Mauro Forghieri a fait renforcer l'avant de ses bolides après l'accident mortel de Gilles Villeneuve. Pironi lui doit la vie. Autre miracle : si une attache de son harnais a cédé lors de l'impact, l'autre a tenu bon. Le pilote n'a pas été éjecté comme Villeneuve à Zolder.

 

Didier survivra, mais va-t-il conserver sa jambe droite ? Il risque l'amputation. A 12h45, il entre au bloc opératoire. Pendant quatre heures les médecins s'affairent et parviennent à sauver sa jambe, pourtant détruite de partout. Lorsqu'il se réveille beaucoup plus tard, le Français est soulagé : il sent ses deux pieds remuer. C'est déjà une première victoire. Mais il est très gravement touché. Sa jambe gauche est également cassée. Il souffre aussi d'une fracture du nez et du bras gauche. Une très longue rééducation l'attend...

 

L'accident de Didier Pironi plonge le paddock dans la consternation. Sa campagne victorieuse est tragiquement interrompue. La Scuderia Ferrari est décapitée : après la mort de Villeneuve, voici Pironi grièvement blessé, peut-être à jamais perdu pour la course automobile. Et de nouveau le débat sur la sécurité. Le train avant de la Ferrari a certes été renforcé mais pas suffisamment pour empêcher une grave blessure. Les pilotes sont à la fois furieux et inquiets. Depuis longtemps ils estiment que les cockpits sont placés trop à l'avant des monoplaces, exposant gravement leurs pieds et leurs jambes au moindre choc frontal.

 

Alain Prost se remet difficilement de son émotion : « J'ai senti un énorme choc à l'arrière de ma voiture, puis j'ai aperçu la Ferrari en vol plané, dix mètres au-dessus de moi. Elle s'est écrasée sous mon nez pour rebondir. J'ai alors freiné mais, dans le choc, il m'avait arraché ma roue arrière droite. J'ai poursuivi ma route en roue libre. La Ferrari est repassée une seconde fois sur ma tête pour s'écraser définitivement au sol [...] Vraiment terrible... »

 

Le Grand Prix

Malgré ce nouveau drame, à aucun moment Ferrari ne songe à retirer la voiture de Patrick Tambay. Arrivé à Maranello il y a seulement un mois, la Cannois fait face à une immense responsabilité. Mauro Forghieri et Marco Piccinini lui donnent carte blanche pour gagner la course. Il en a les moyens : la 126 C2 a démontré sa supériorité ici aux mains de Pironi.

Toute l'attention est à nouveau tournée vers les Brabham-BMW : va-t-on enfin les voir ravitailler à mi-course ? A Brands-Hatch et au Castellet, elles ont abandonné avant d'avoir pu le faire... Cette fois-ci, Patrese partira avec un réservoir rempli et seul Piquet fera le plein d'essence à mi-parcours.

 

A noter que Ferrari ayant oublié de confirmer le forfait pourtant évident de Pironi, celui-ci conserve officiellement sa pole. Prost est donc le poleman virtuel. Il prend le départ sur son mulet, sa voiture de course ayant été endommagée au cours de la collision avec Pironi. Rosberg part aussi avec sa voiture de réserve. Le moteur de Baldi cale sur la grille ce qui oblige le jeune Italien à sauter dans son mulet avant le démarrage.

 

Départ: Arnoux prend pour une fois un meilleur départ que Prost et s'empare de la première place. Suivent Piquet, Alboreto et Tambay. Patrese a du mal à démarrer et se retrouve derrière de Cesaris et Cheever qui a pris un départ canon.

 

1er tour: Piquet dépasse Prost à la première chicane. De Cesaris et Cheever doublent Alboreto, bientôt imités par Patrese. Patrese double ensuite Cheever, puis Alboreto repasse le pilote Ligier, non sans le toucher. Arnoux mène ce premier tour devant Piquet, Prost, Tambay, de Cesaris, Patrese, Alboreto, Cheever, Rosberg et Watson.

 

2e: Piquet déborde Arnoux avant la première chicane. Patrese prend la cinquième place à de Cesaris. Cheever regagne le stand Talbot pour faire réparer sa jupe gauche abîmée dans sa touchette avec Alboreto.

 

3e : Piquet a trois secondes et demie d'avance sur Arnoux. Il doit s'échapper ainsi pour pouvoir ravitailler à mi-course. De Angelis est chez Lotus pour faire changer sa jupe gauche. Baldi stoppe pour régler son mulet tandis que Winkelhock met pied à terre après avoir grillé son embrayage.

 

4e: Tambay prend la troisième place à Prost dont le moteur émet un bruit curieux. Plus loin, Rosberg dépasse Alboreto. Jarier abandonne suite à un bris de biellette de direction à l'avant-droit.

 

5e: Piquet précède Arnoux (6.1s.), Tambay (8.4s.), Prost (9.7s.), Patrese (14s.) et de Cesaris (20.2s.). Suivent Rosberg, Alboreto, Watson, Warwick, Daly et Laffite. Deuxième arrêt de Baldi dont le moteur a des ratés.

 

6e: Tambay se rapproche d'Arnoux. La tenue de route des Renault lors des freinages n'est pas excellente. Watson prend la huitième place à Alboreto.

 

7e: Piquet signe le meilleur tour en course: 1'54''035'''.

 

8e: Piquet a dix secondes d'avance sur Arnoux. Watson double Rosberg et se rapproche de de Cesaris.

 

9e: Tambay menace Arnoux. Prost les observe. Watson touche de de Cesaris et endommage le radiateur d'huile de l'Alfa Romeo. Le jeune Italien regagne les stands au ralenti. Comme de plus il a perdu l'usage de sa troisième vitesse, il préfère s'arrêter là.

 

10e: Tambay déborde Arnoux avant la troisième chicane. Le voici deuxième.

 

11e: Piquet mène devant Tambay (15.9s.), Arnoux (17.2s.), Prost (19.6s.), Patrese (27.6s.), Watson (40.9s.), Rosberg (42s.), Alboreto (43s.), Laffite (47s.), Daly (48.5s.) et Warwick (50s.).

 

12e: Prost rejoint les stands. De nouveau son boîtier électronique d'injection fait des siennes. Les mécaniciens démontent son capot pour essayer de réparer. Cheever regagne son garage avec encore une jupe abîmée. Comme il n'y a plus de pièces de rechange, l'Américain doit renoncer. Baldi revient aussi aux stands et abandonne, allumage cassé.

 

13e : Piquet précède Tambay (19.5s.), Arnoux (22.8s.) et Patrese (32s.). Tambay n'essaie pas de rattraper Piquet et préfère préserver ses pneus.

 

14e: Patrese revient aux stands avec un moteur en flammes. Une température d'essence trop élevée a provoqué une rupture de piston, comme sur la voiture de Piquet au Castellet.

 

16e: Piquet compte vingt-deux secondes d'avance sur Tambay. Prost a repris la piste en dernière position. Mansell entre aux stands afin de consolider une de ses jupes.

 

17e : Piquet devance Tambay (24s.) et Arnoux (28s.). Si le Carioca poursuit ce rythme, il aura le temps de ravitailler sans perdre de position.

 

19e: A l'abord de l'Ostkurve, Piquet prend un tour à Salazar en le débordant par l'intérieur. Mais le Chilien freine semble-t-il trop tard et percute l'arrière de la Brabham qui est envoyée dans la barrière de pneus, suivie par l'ATS. Piquet sort en furie de sa machine et se précipite sur Salazar, le boxe au visage à deux reprises avant de lui donner un coup de pied. Cette incroyable scène de pugilat en reste là car heureusement Salazar ne réplique pas au bouillant Piquet. Pour la troisième fois consécutive, les mécaniciens de Brabham rangent leurs bidons d'essence et leurs combinaisons sans avoir opéré...

 

20e: Tambay mène un Grand Prix pour la première fois de sa carrière. Il précède Arnoux (5.4s.), Watson (37.6s.), Rosberg (53.6s.), Alboreto (58.4s.) et Laffite (58.7s.). Les commissaires de piste évacuent l'ATS de Salazar qui se trouve encore sur la piste. Warwick revient aux stands à cause d'une crevaison. Prost abandonne car son boîtier d'injection est hors d'usage.

 

21e: Arnoux accélère et se rapproche de Tambay. Laffite prend la cinquième place à Alboreto.

 

22e: Warwick a repris la piste en dernière position

 

23e: De Angelis rentre à son garage, officiellement avec un pneu crevé et une jupe cassée. En vérité, le jeune Italien souffre de maux de ventre et est incapable de tenir plus longtemps son volant...

 

24e : Arnoux s'aperçoit que sa Renault louvoie dans les lignes droites. Il devient plus prudent et renonce à attaquer Tambay.

 

25e: Laffite attaque Rosberg pour la quatrième place. Le Finlandais se débat avec une boîte de vitesses récalcitrante. Le pneu arrière droit de Boesel explose au niveau de la troisième chicane. Le jeune Brésilien parvient à maîtriser sa March malgré une suspension détruite et s'arrête dans l'herbe.

 

26e: Tambay précède Arnoux (9.6s.), Watson (58s.), Rosberg (1m. 18s.), Laffite (1m. 19s.) et Alboreto (1m. 23s.). Viennent ensuite Giacomelli, Surer, Henton et Guerrero. Daly abandonne en panne de moteur au milieu de la forêt.

 

27e: Laffite prend la quatrième place à Rosberg. La pataude Ligier JS19 semble transfigurée !

 

29e: A l'abord du premier virage, Laffite tente de prendre un tour à Mansell mais rate son freinage et fait une excursion hors-piste. Rosberg en profite pour le repasser, imité bientôt par Alboreto. Laffite a abîmé ses jupes dans cette mésaventure.

 

31e : Tambay devance Arnoux (13s.), Watson (1m. 05s.), Rosberg (1m. 27s.), Alboreto (1m. 32s.), Laffite (1m. 40s.), Giacomelli (1m. 45s.), Surer (-1t.), Henton (-1t.), Guerrero (-1t.), Mansell (-1t.), Serra (-1t.) et Warwick (-2t.).

 

32e: Tambay prend un tour à Giacomelli. Au quatrième rang, Rosberg se débat avec une boîte de vitesses endommagée et un moteur poussif. Heureusement pour lui, son poursuivant Alboreto doit composer avec une mauvaise tenue de route car il a abîmé un panneau latéral lors du choc avec Cheever.

 

35e: Laffite se bat avec une Ligier très instable. Giacomelli et Surer le doublent.

 

36e : Arnoux a lâché prise et concède maintenant seize secondes à Tambay. Watson est troisième à plus d'une minute. Alboreto concède un tour au leader.

 

37e: Watson est victime d'un bris de suspension à l'avant-droit. Il sort de la piste à l'Ostkurve et percute le mur de pneus. C'est terminé pour l'Irlandais qui pouvait inscrire quatre points très utiles au championnat.

 

38e: Laffite rentre à son garage et abandonne puisqu'il n'y a plus de jupes de rechange. Mais la prestation de sa voiture est encourageante.

 

40e : Tambay mène devant Arnoux (21.4s.), Rosberg (1m. 56s.), Alboreto (-1t.), Giacomelli (-1t.) et Surer (-1t.).

 

42e: Tambay prend un tour à Rosberg. Seul Arnoux est encore dans le même tour que lui.

 

44e : A un tour du but, Tambay devance Arnoux de seize secondes.

 

45ème et dernier tour: Patrick Tambay remporte à 33 ans sa première victoire en Formule 1, et met ainsi un peu de baume sur le cœur d'une Scuderia Ferrari meurtrie. Arnoux finit deuxième. Rosberg monte sur la troisième marche du podium avec un tour de retard. Il y a vraiment une course pour les turbos et une course pour les autres... Alboreto obtient une belle quatrième place. Giacomelli termine cinquième et inscrit enfin ses premiers points en 1982. Initialement non-qualifié, Surer obtient le point de la sixième place. Suivent Henton, Guerrero, Mansell, Warwick et Serra.

 

Après la course

Ce podium du Grand Prix d'Allemagne est très émouvant pour Patrick Tambay. Sa joie intérieure ne s'exprime pas. C'est certes son premier succès, mais il songe également à son ami Gilles Villeneuve. Grâce à lui, le désormais légendaire n°27 du Québécois retrouve le chemin de la victoire. Il pense aussi évidemment à Didier Pironi qui se bat sur son lit d'hôpital. « J'ai fait mon métier. C'était facile. J'ai vu que les Renault avaient des difficultés au freinage. Ma voiture était parfaite... » explique-t-il sobrement. « Je pourrais dédier cette victoire à Gilles ou à Didier. Mais je l'offre à Enzo Ferrari, pour la confiance qu'il m'a témoigné. » Sans le Commendatore, Patrick ne serait en effet certainement plus en Formule 1. Six mois plus tôt, sa carrière dans la discipline semblait terminée pour de bon. Guy Ligier avait refusé de le reconduire pour la saison 1982 et peu d'équipes songeaient à lui confier une voiture. Du reste, les querelles politiques qui polluaient l'ambiance depuis trois ans l'avaient à moitié dégoûté de la Formule 1. Et puis Enzo Ferrari l'a appelé pour assumer une tâche ô combien pesante : succéder à Gilles Villeneuve, le héros des tifosi. Mission accomplie.

 

Le championnat du monde est totalement relancé par l'accident de Pironi. Si celui-ci conserve une avance de neuf points sur Watson, d'autres pilotes peuvent désormais prétendre au titre. C'est notamment le cas de Rosberg qui émerge au troisième rang, à douze points de Pironi. Grâce à sa régularité, le Finlandais peut maintenant nourrir de grands espoirs. Au classement des constructeurs, la victoire de Tambay permet à Ferrai de prendre la première place avec 61 points contre à 54 à McLaren-Ford-Cosworth.

 

L'âpre combat de Pironi

Malgré la victoire de Tambay, Ferrari a perdu avec Pironi un champion du monde potentiel. Le pilote français entame un très long combat afin de retrouver l'usage de ses jambes. Après son opération, il est placé pendant quarante-huit heures dans une chambre stérile afin d'éviter toute septicémie. Ses proches ne peuvent l'apercevoir qu'à travers une vitre. Il subit ensuite plusieurs opérations pour réduire ses autres fractures. Onze jours après l'accident, le 18 août, il est transféré au centre médico-chirurgical de la Porte-de-Choisy, dans le XIIIème arrondissement de Paris. Pironi est confié à l'éminent professeur Émile Letournel qui a déjà soigné par le passé Patrick Depailler et Jean-Pierre Jabouille.

 

Le chemin sera très long avant qu'il puisse remarcher. Mais jamais il ne perd espoir et se promet de revenir le plus tôt possible à la compétition.

Tony