Nelson PIQUET
 N.PIQUET
Brabham Ford Cosworth
Alan JONES
 A.JONES
Williams Ford Cosworth
Keke ROSBERG
 K.ROSBERG
Fittipaldi Ford Cosworth

329. Großer Preis

XVI Gran Premio de la Republica Argentina
Sonnig
Buenos Aires
Sonntag, 13. Januar 1980
53 Runden x 5.968 km - 316.304 km
Affiche
F1
Coupe

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Konstruktor
Motor

Le conflit F.O.C.A. - F.I.S.A. se précise

La saison 1980 débute sur fond de guerre larvée entre la FOCA et la FISA. La Fédération internationale et la FOCA poursuivent leur lutte pour le contrôle économique de la Formule 1 tout en se querellant au sujet de la réglementation technique. Ainsi durant l'hiver Jean-Marie Balestre a réaffirmé son projet de bannir les jupes pour la saison 1981. Furieux, Bernie Ecclestone, secondé par Ken Tyrrell et Colin Chapman, réclame de son côté l'interdiction du moteur turbocompressé. Directement visé, Renault se range bien entendu sous la bannière de la FISA, ainsi que Ferrari et Alfa Romeo qui ont entrepris la construction de moteurs suralimentés. Les Britanniques de la FOCA craignent pour leur part de ne pouvoir survivre à cette révolution technologique qui réclame de très importantes sommes d'argent.

 

Présentation de la saison

Sur le plan purement sportif, la saison s'annonce très incertaine. La Scuderia Ferrari est évidemment favorite puisqu'elle a remporté quatre des cinq dernières coupes des constructeurs. Jody Scheckter souhaite remporter une deuxième couronne mondiale consécutive, mais les observateurs parient surtout sur son équipier Gilles Villeneuve qui a illuminé par son brio la saison 79. Cette année Ferrari aligne d'emblée sa nouvelle voiture, la 312 T5. Elle laisse les observateurs dubitatifs, tant elle diffère peu de sa devancière. Mauro Forghieri a choisi une évolution en douceur, et en effet lors des essais hivernaux la T5 a amélioré les chronos de la T4. Mais la concurrence est-elle restée les bras croisés ?

 

Pour la première fois l'équipe de Frank Williams aborde un championnat avec le statut de favorite. Elle a en effet remporté cinq des sept dernières courses de la saison 79 grâce à la superbe FW07 imaginée par Patrick Head. Avec Frank Dernie et Neil Oatley il a développé une version B de ce bijou. Financièrement tout va pour le mieux puisqu'au concours financier des Saoudiens vient s'ajouter celui de British Leyland. Le pugnace Alan Jones est bien décidé à remporter la couronne mondiale. Carlos Reutemann est son nouvel équipier mais doit se contenter du statut de second pilote. Il a accepté cette position peu flatteuse afin de retrouver une voiture compétitive après sa mauvaise saison passée chez Lotus.

 

Grâce à trois victoires, Ligier-Ford-Cosworth a acquis en 1979 un statut d'équipe de pointe. Guy Ligier espère que Jacques Laffite et son nouvel équipier le prometteur Didier Pironi se mêleront à la lutte pour le titre mondial. Pour cela Gérard Ducarouge a imaginé la JS11/15 qui ne diffère qu'intérieurement de la JS11. Les pontons et le train arrière ont été revus afin d'améliorer la motricité, mais le sain équilibre trouvé l'année précédente est conservé. Les Bleus ont donc de grandes ambitions.

 

En 1979 Jean-Pierre Jabouille a fait triompher la Renault turbo à Dijon-Prenois. Toujours associé au jeune espoir René Arnoux, il espère remporter d'autres courses en 1980. Le nouveau directeur technique Michel Tetu se charge d'améliorer la fiabilité des RE10, rebaptisées RE20 car plus légères et disposant de nouvelles jupes et de nouveaux systèmes de refroidissement et de lubrification. Le V6 turbo a supporté des milliers de kilomètres d'essais sans broncher. L'espoir est donc grand du côté de Boulogne-Billancourt.

 

Après quatre années de galère avec Alfa Romeo, Brabham est revenu au moteur Ford-Cosworth. La BT49, devenue « B » pour cette nouvelle saison, conçue par Gordon Murray, a fait forte impression lors des deux dernières épreuves de la saison 1979. Les ambitions sont donc grandes. Le Brésilien Nelson Piquet, 27 ans, a beaucoup appris aux côtés de Niki Lauda l'année précédente et est le leader incontesté de l'équipe. Bernie Ecclestone aurait voulu engager Jackie Stewart mais celui-ci a refusé de sortir de sa retraite. Il a donc conservé l'Argentin Ricardo Zunino qui a certes effectué un intérim satisfaisant fin 79, mais manque tout de même cruellement d'expérience en Formule 1.

 

Lotus a dominé en 1978 avant de s'écrouler en 1979. La faute à un pari trop risqué de Colin Chapman, celui de la « voiture-aile » ultime, la 80. Pour cette nouvelle saison Lotus a perdu le soutien de Martini mais reçoit le plein appui d'Essex, la compagnie pétrolière du fantasque David Thieme. A 40 ans Mario Andretti entame sa douzième saison de Formule 1. Carlos Reutemann a quitté l'équipe et est remplacé par le jeune Romain Elio de Angelis, 21 ans, qui a effectué une première saison très brillante au volant d'une Shadow. Il a été préféré à un pilote anglais à l'allure pataude, Nigel Mansell, toutefois engagé comme réserviste. Chapman a imaginé une Lotus 81 peu originale. Dans son esprit, il ne s'agit que d'un modèle de transition avant la conception d'une voiture plus ambitieuse pour 1981. On note toutefois sa robe bleue, rouge et argentée.

 

Après deux saisons très difficiles, McLaren doit rebondir et Gordon Coppuck a travaillé sur une M29C dotée d'un nouveau profil des pontons et de freins in-board. John Watson a été conservé tandis que le second baquet échoit au jeune Français Alain Prost, 24 ans, champion d'Europe de Formule 3, qui a vaincu l'Américain Kevin Cogan lors d'une confrontation au Castellet en novembre 79.

 

En 1979 Tyrrell s'est contentée d'inscrire quelques points et force est de constater que cette équipe quelque peu désargentée n'appartient plus au clan des « top teams ». La 009, copie de la Lotus 79, est de nouveau utilisée en ce début d'année. Jean-Pierre Jarier est toujours le pilote n°1 de l'équipe. Il est assisté du jeune et fougueux Irlandais Derek Daly.

 

Ensign a fini la saison 1979 au bord du dépôt de bilan. Heureusement Mo Nunn a déniché un gros sponsor : Unipart, une filiale du conglomérat British Leyland. Il a ainsi pu engager un bon concepteur en la personne de Ralph Bellamy. Ce dernier imagine une belle N180. Pour la piloter Nunn obtient le concours de Clay Regazzoni qui a quitté Williams. A bientôt 41 ans le Tessinois semble avoir fait son temps en Formule 1 mais refuse obstinément de raccrocher son casque.

 

Walter Wolf a quitté la F1 fin 1979, non sans organiser la fusion de son équipe avec celle des frères Fittipaldi. C'est une excellente opération pour l'équipe brésilienne qui a aussi signé un contrat avec les brasseries Skol. Harvey Postlethwaite devient directeur technique et Peter Warr directeur sportif. Ce dernier retrouve avec plaisir Emerson Fittipaldi avec lequel il a travaillé chez Lotus. Le Finlandais Keke Rosberg pilote la deuxième voiture de l'équipe. Postlethwaite a réalisé une Fittipaldi F7 qui n'est plus ni moins que la Wolf WR7 améliorée.

 

Alfa Romeo entame sa première saison complète depuis son retour. La marque italienne a obtenu l'important soutien financier de Marlboro. Pier Luigi Corbari, directeur sportif d'Autodelta, a engagé comme premier pilote Patrick Depailler afin de développer la 179. Le Clermontois est persuadé que cette voiture a du potentiel, mais il est encore mal remis de son accident de deltaplane de juin 1979 et les journalistes doutent de sa capacité à piloter. Bruno Giacomelli sera son équipier et Vittorio Brambilla se contente désormais du poste de pilote d'essais.

 

Günther Schmidt ne s'est pas entendu avec Vic Elford qui a déjà quitté la tête de l'équipe ATS. Il est remplacé par Jo Ramirez. La D3 reprend du service après avoir réalisé quelques jolies performances aux mains de Hans Joachim Stuck fin 79. Pour la première fois deux modèles sont engagés pour le Hollandais Jan Lammers et le Suisse Marc Surer, champion d'Europe de Formule 2 en titre.

 

En 1979 Arrows s'est fourvoyée avec une A2 trop ambitieuse et mal conçue. Tony Southgate a été plus sage en imaginant l'A3, une wing-car compacte, très conventionnelle. Hélas dès les premiers essais Ricciardo Patrese et Jochen Mass, qui ont rempilé, se plaignent d'un sous-virage excessif...

 

Shadow entame cette nouvelle saison sans un sou vaillant en poche. Seuls des pilotes payants sont donc choisis pour conduire la DN11 construite par John Gentry et Richard Owen. Il s'agit du Suédois Stefan Johansson, 23 ans, et de l'Irlandais David Kennedy, 27 ans.

 

Enfin on note l'entrée en Formule 1 de la petite écurie italienne de Vincenzo Osella. En 1979 elle a réussi à enlever trois courses de Formule 2 grâce à l'Américain Eddie Cheever. Ce dernier va piloter l'Osella FA1 imaginée par Giorgio Stirano et équipée d'un V8 Ford-Cosworth. Cette voiture sommaire affiche d'emblée cent kilos de trop... L'ancien pilote Gianfranco Palazzoli est le directeur sportif.

 

En 1979 Michelin a gagné les titres mondiaux via Ferrari et Jody Scheckter, mais Goodyear l'a emporté au nombre de victoires, 8 à 7. Pour cette saison la firme américaine, qui n'équipe pas moins de 24 voitures, désire sa revanche. Lee Gaug remplace Paul Lauritzen au poste d'ingénieur en chef. Celui-ci déclare vouloir interdire les pneus de qualifications que Michelin produit en très grand nombre. Gaug a donc pris la décision de ne pas apporter ce type de gommes à Buenos Aires.

 

Polémique autour du Grand Prix du Brésil

En octobre 1979 le GPDA s'est reformé sous la direction de Jody Scheckter. Le Sud-Africain n'entend pas rester inactif et a entrepris de faire annuler le Grand Prix du Brésil qui doit se tenir deux semaines plus tard à Interlagos, circuit dont les infrastructures sécuritaires sont des plus sommaires. Scheckter entame un bras de fer avec Bernie Ecclestone qui est le principal promoteur de ce rendez-vous. Les deux hommes se réunissent pour en discuter à Buenos Aires et le ton monte rapidement. Ecclestone refuse tout accommodement et confirme à la presse que la course brésilienne aura bien lieu. « Les pilotes devraient se souvenir qu'ils sont payés pour courir et qu'à ce titre ils sont les premiers responsables de la sécurité par leur comportement en course » déclare le président de la FOCA.

 

Présentation de l'épreuve

Le Grand Prix d'Argentine est le rendez-vous préféré du héros national Carlos Reutemann. Mais cette année « Lole » a peu de chances de victoire car les efforts de sa nouvelle équipe Williams sont tournés vers Alan Jones. Ce dernier ne cache son peu de sympathie pour son nouvel équipier : « J'aurais préféré voir Regazzoni rester avec moi... » déclare-t-il.

 

Le transfert d'Elio de Angelis chez Lotus ne plaît pas à Don Nichols qui argue que l'Italien possède un contrat avec Shadow pour 1980. De Angelis est assigné en justice et doit payer deux millions de francs de dédommagement à Nichols pour éviter un procès. Voilà qui renfloue les caisses d'une écurie Shadow qui en a bien besoin...

 

Les observateurs unanimes saluent le courage de Patrick Depailler, de retour à la compétition malgré des douleurs persistantes aux chevilles. Il a passé les fêtes de fin d'années dans le Sud-Ouest pour suivre une physiothérapie qui lui a fait beaucoup de bien. Cependant les muscles de ses jambes tardent toujours à réagir : il ne peut pas freiner brusquement. Mais Depailler est persuadé qu'en avançant son retour à la compétition il se rétablira plus vite.

 

En plein été sud-américain, la saison commence sous un soleil de plomb. Le revêtement a été refait depuis l'année précédente mais malheureusement il ne donne pas satisfaction. Alan Jones s'aperçoit le vendredi que sa FW07 B ne convient pas du tout à ce type d'asphalte et se rabat sur l'ancienne version de ce modèle.

 

Les qualifications

Les monoplaces chaussées par les pneus Goodyear dominent nettement. Avec sa FW07 version 79 Jones confirme son statut de favori en signant la pole position. Il précède les Ligier de Laffite de Pironi. Les « Bleus » sont confiants : cet autodrome Almirante Brown leur rappelle d'excellents souvenirs... Piquet confirme le potentiel de la Brabham BT49 avec la quatrième place. Toutefois il a dû revenir sur des améliorations apportées à sa machine qui lui donnaient trop d'appui. En troisième ligne on trouve les deux Lotus 81 de de Angelis et d'Andretti. Patrese obtient une très belle septième place avec la nouvelle Arrows. Son équipier Mass est quatorzième. Cela va mal chez Ferrari car la T5 est trop lente en ligne droite. Villeneuve n'est que huitième sur la grille et Scheckter onzième. De plus Michelin n'a pas apporté de bons pneus en Argentine. Cela pénalise aussi les Renault, accablées par les soucis de fiabilité qui les avaient pourtant épargnées au cours de l'avant-saison. Jabouille est seulement neuvième et Arnoux... dix-neuvième ! Reutemann a longtemps attendu que sa FW07B retrouve son ancienne configuration et ne se classe que dixième.

 

Le débutant Alain Prost est douzième, nettement devant son équipier Watson, seulement dix-septième. Les nouvelles Fittipaldi se comportent bien puisque Rosberg est treizième. Emmo a cependant été handicapé par son moteur et partira dernier. Regazzoni qualifie facilement la nouvelle Ensign en quinzième position. Tandis que Zunino est seizième avec la seconde Brabham, les vieilles Tyrrell sombrent : Jarier est 18ème, Daly 22ème. Les Alfa Romeo sont à la peine : Giacomelli et Depailler sont respectivement 20ème et 23ème. Surer est vingt-et-unième sur une ATS D3 datant de 1979.

 

Les voitures non-qualifiées sont les Shadow de Kennedy et de Johansson, l'ATS de Lammers et l'Osella de Cheever

 

Le samedi soir, lorsqu'Alain Prost regagne son hôtel, il découvre un télégramme de son ami Hugues de Chaunac. Celui-ci lui écrit : « Ramène moi un point... »

 

Le Grand Prix

L'asphalte part en morceaux au cours de la dernière séance d'essais. Dans la nuit du samedi au dimanche des ouvriers tentent de le remettre en état mais les pilotes demeurent circonspects. Certains comme Jacques Laffite souhaitent annuler la course. La piste est en effet très glissante et on redoute beaucoup d'accidents. Mais le public argentin réclame son Grand Prix et l'épreuve est maintenue. Elle va se dérouler sous une très forte chaleur.

 

Tour de formation: Arnoux rencontre un souci avec son sélecteur de vitesses. Il va devoir partir depuis les stands.

 

Départ: Très bon départ des leaders. Jones s'impose au premier virage devant Laffite, Pironi et Piquet. Patrese se frotte à de Angelis et se retrouve en fin de classement.

 

1er tour: Dans la longue ligne droite de Recta del Lago Pironi et Laffite sont en bagarre, mais Piquet se glisse à l'intérieur et passe le plus jeune des deux Français. Juste derrière, Villeneuve rate son freinage et part dans le gazon. Il se relance en douzième position. Ensuite Piquet passe Laffite à Tobogán. Pironi rencontre des problèmes de moteur et s'est fait déborder par Andretti et Reutemann

Jones mène ce premier tour devant Piquet, Laffite, Andretti, Reutemann, Pironi, Scheckter, Prost, Rosberg et Mass. Jarier s'est frotté à Watson et renonce avec une suspension tordue.

 

2e: Reutemann passe Andretti. Pironi est trahi par son moteur et doit stopper. Du coup Scheckter se retrouve sixième, suivi par Mass, Rosberg et Prost. Regazzoni s'arrête au stand Ensign pour faire resserrer son aileron avant abîmé.

 

3e: Jones compte déjà deux bonnes secondes d'avance sur Piquet. Andretti se fait passer par Scheckter puis par Mass. Villeneuve double Prost et se retrouve neuvième. Victime d'une rupture de suspension avant, Arnoux sort de la piste à vive allure. La course est finie pour le petit Grenoblois.

 

4e: Laffite et Reutemann menacent Piquet mais celui-ci est plus rapide qu'eux dans les lignes droites. Jabouille renonce suite à une panne d'embrayage. Andretti entre dans les stands pour résoudre un problème de distribution d'essence.

 

5e: Jones s'envole au commandement et signe le meilleur tour de la course: 1'50''45'''. Mass prend la cinquième place à Scheckter.

 

6e: Laffite déborde Piquet à Horquilla. Villeneuve prend la septième place à Rosberg.

 

7e: Dans Recta del Lago Piquet reprend la deuxième place à Laffite. A l'aspiration derrière la Ligier, Reutemann tente de s'engouffrer, mais Laffite change plusieurs fois de ligne pour décourager l'Argentin. C'est terminé pour Watson, victime d'une fuite d'huile sur sa boîte de vitesses. Après un formidable début de course, Mass part soudainement en toupie. Il parvient à reprendre le contrôle de son bolide mais son train avant est endommagé. Il entre aux stands pour le réparer.

 

8e: De Angelis renonce à cause de la rupture d'une fixation d'amortisseur.

 

9e: Laffite déborde à nouveau Piquet à la sortie de Recta del Lago. Villeneuve prend la cinquième place à Scheckter. Daly effectue un tête-à-queue et repart non sans avoir endommagé une jupe. Surer passe par le stand ATS pour nettoyer sa machine avec laquelle il a effectué un passage par l'herbe.

 

10e: Jones a 16 secondes d'avance sur Laffite. Au freinage « de la fourchette » Reutemann attaque Piquet par l'extérieur. L'Argentin est manifestement le plus rapide, mais le Carioca conserve sa ligne et le force à passer par le gazon pour éviter l'accrochage. Reutemann perd ainsi de très précieuses secondes.

 

11e: Reutemann est aux stands. Dans son excursion hors-piste, l'Argentin a soulevé des mottes de terres qui se sont fichées dans ses radiateurs. Les mécaniciens de Williams nettoient ceux-ci et Reutemann repart en huitième position.

 

12e : Jones caracole en tête avec vingt-et-une secondes d'avance sur Laffite et Piquet. Fittipaldi s'arrête à son stand à cause de soucis d'alimentation et de batterie. Il va repartir dix minutes plus tard.

 

13e: Après avoir pris un tour à Andretti, Jones sort de la piste à Ombú. Il repart aussitôt, toujours premier, mais semble avoir un problème avec sa machine. Son équipier n'a en revanche pas de chance: Reutemann est arrêté sur un bas-côté avec un moteur surchauffé.

 

14e: Tout va bien pour Jones qui a repassé Andretti. Patrese prend la sixième place à Rosberg. Prost glisse sur l'huile répandue par Reutemann et part dans un double tête-à-queue. Il repart en dixième position avec des jupes très endommagées.

 

16e: Jones voit ses températures d'huile et d'eau grimper dangereusement, la faute à un sac en papier qui obstrue ses radiateurs depuis son passage hors-piste.

 

18e: Jones entre précipitamment dans les stands pour faire retirer le sac en papier coincé dans un ponton. En quelques secondes l'objet est enlevé, mais l'Australien ne repart que quatrième. Laffite est en tête.

 

20e: Laffite mène devant Piquet (4s.), Villeneuve (5s.), Jones (8s.), Scheckter (20s.), Patrese (25s.), Rosberg (38s.), Daly (49s.), Giacomelli (1m. 12s.), Prost (1m. 31s.) et Depailler (1m. 47s.). Les autres ont un tour de retard au moins.

 

21e: Villeneuve se loupe dans les Esses avant Ombú et fait une excursion dans le gazon. Il perd ainsi le contact avec Piquet. La piste est décidément très glissante.

 

22e: Andretti se retire à cause d'un problème d'alimentation sur sa Lotus. Mass ne va également pas plus loin, trahi par sa boîte de vitesses.

 

23e: Jones est revenu juste derrière Villeneuve.

 

24e: Jones déborde Villeneuve sans difficulté dans Recta del Lago. Mais quelques instants plus tard l'Australien part en tête-à-queue dans les Esses. Il se rétablit aussitôt car heureusement sa Williams n'est pas sortie de la piste, mais Villeneuve est repassé devant lui.

 

25e: Jones revient avec une incroyable facilité sur Villeneuve. A l'enchaînement d'Ascari le Québécois cède à la pression et tire tout droit à travers la pelouse, laissant le champ libre à Jones. Celui-ci se lance à la poursuite de Piquet.

 

26e: Jones déborde Piquet sans difficulté à Ombú. Villeneuve en profite pour se placer dans le sillage de la Brabham.

 

27e: Au virage Ascari Piquet met deux roues dans la poussière. Villeneuve prend l'aspiration et se jette à l'intérieur à l'épingle suivante. Le Québécois a été trop présomptueux et son freinage est assez médiocre pour que Piquet reprenne l'avantage à la sortie du virage. Mais finalement Villeneuve s'impose pour de bon à Ombú.

 

28e: Patrese est trahi par son moteur et doit abandonner. Rosberg est maintenant sixième.

 

29e: Jones est dans les roues de Laffite. A cause d'une fuite de liquide de freins, un incendie se déclare sur l'ATS de Surer. La course s'arrête là pour le jeune Suisse.

 

30e: Jones dépasse Laffite dans Recta del Lago. Le Français ne peut strictement rien faire face à la Williams.

 

31e: Villeneuve est désormais sur les talons de Laffite. Regazzoni revient aux stands pour réparer un accélérateur bloqué.

 

32e: Le moteur de Laffite émet de la fumée dans Recta del Lago. Le Français lève le bras et se range dans une échappatoire. Il ne rééditera pas son exploit de 1979.

 

33e : Nouveau passage de Regazzoni aux stands, toujours à cause de son accélérateur.

 

35e: Jones compte quatre secondes d'avance sur Villeneuve qui ne se laisse pas distancer.

 

37e: Villeneuve subit un bris de direction à la sortie de Horquilla: la Ferrari ne peut plus tourner ! Elle est propulsée tel un obus contre les piquets de protections. Le Canadien s'en sort indemne mais hors-jeu. Il était le seul pilote à pouvoir encore menacer Jones.

 

39e: Jones mène devant Piquet (15s.), Scheckter (31s.) et Rosberg (38s.). Suivent Daly, Giacomelli, Prost, Depailler et Zunino.

 

40e : Jones effectue un nouveau « tout-droit » et perd quelques secondes d'avance sur Piquet.

 

42e : Une dizaine de secondes sépare Jones et Piquet. Le Brésilien ménage sa Brabham dont les liquides chauffent.

 

45e : Le moteur de Jones surchauffe dangereusement. L'Australien doit baisser la cadence pour rallier l'arrivée. Du coup Piquet le rattrape peu à peu.

 

46e: Le moteur de Scheckter explose: le champion en titre regagne son garage au ralenti. Rosberg est maintenant troisième sur la Fittipaldi.

 

48e: Piquet est revenu à cinq secondes de Jones qui ménage son moteur. Mais il semble encore trop loin pour le menacer. Depailler abandonne en panne de moteur. Mais peu importe : malgré sa faiblesse, il est parvenu à couvrir presque toute la distance du Grand Prix.

 

50e : Piquet effectue une escapade hors-piste, sans gravité mais qui le contraint à abandonner tout espoir de victoire.

 

51e : Le moteur de Rosberg hoquette. Le Finlandais est au bord de la panne sèche. Il s'arrête à son stand pour remettre quelques litres d'essence et parvient à repartir sans avoir perdu sa troisième place.

 

53ème et dernier tour: Alan Jones remporte le premier Grand Prix de la saison 1980 et reçoit le drapeau à damiers, agité par Juan-Manuel Fangio. A plus de vingt secondes, Piquet est second et monte ainsi sur son premier podium en Formule 1. Rosberg est troisième et apparaît lui aussi pour la première fois parmi les trois premiers. Daly est quatrième et inscrit ses trois premiers points en Formule 1 au volant d'une Tyrrell dépassée. Il devance Giacomelli qui donne à Alfa Romeo ses premiers points depuis son retour. Enfin Prost inscrit un point dès sa première course, et ce malgré des jupes quasi-détruites. Zunino est le dernier classé, à deux tours. Regazzoni et Fittipaldi sont à l'arrivée mais non classés.

 

Après la course

La victoire de Jones est quelque peu chanceuse si l'on considère son passage par les stands et ses deux erreurs. Mais ce succès peut inquiéter la concurrence tant la Williams FW07 semble rapide. A ses côtés sur le podium, Nelson Piquet et Keke Rosberg sont des hommes heureux. Piquet démontre peu à peu qu'il n'est pas qu'un beau ténébreux à l'humour caustique, mais aussi un pilote redoutable. Quant à Rosberg, il a fait preuve dans ces conditions difficiles d'une finesse de pilotage qu'on ne lui connaissait pas. Il est un des rares coureurs à ne pas avoir fait de faute.

 

Après la course, Alain Prost est très satisfait de ses débuts. « Ce n'était même pas aussi difficile que je m'y attendais » déclare ce jeune homme décidément étonnant. De retour à son hôtel, content d'avoir inscrit un point, il prend connaissance d'un nouveau message de Hugues de Chaunac : « J'en veux deux maintenant ! »

Tony