Retour officiel d'Alfa Romeo
L'événement du Grand Prix de Belgique est le retour en Formule 1 d'Alfa Romeo. Il répond au souhait de Carlo Chiti, patron d'Autodelta, le service compétition de la marque milanaise. Vingt-huit ans après son retrait, la marque italienne engage une nouvelle voiture à l'allure plutôt pataude, la 177, une « semi - wing-car » équipée du Flat 12 Alfa qui a causé tant de soucis aux ingénieurs de Brabham ces dernières années. Cette voiture - qui n'est au fond qu'un prototype - est confiée à Bruno Giacomelli, ancien troisième pilote de McLaren et champion d'Europe de Formule 2 en titre.
Cette entrée d'Alfa Romeo en Grand Prix, bien que préparée depuis plus d'un an, irrite profondément Bernie Ecclestone qui estime qu'Autodelta ferait mieux de travailler à l'amélioration des V12 fournis à son équipe et qui ne fonctionnent pas du tout. Ecclestone songe maintenant à chercher un nouveau motoriste pour 1980.
Création du championnat Procar
En marge du GP de Belgique se déroule la première épreuve du championnat BMW M1 Procar. L'idée vient de Jochen Neerspach, le directeur de BMW Motorsport. Elle consiste à réunir des pilotes de Formule 1, de voitures de sport et de voitures de tourisme aux volants de BMW M1 identiques, en lever de rideau de chaque Grand Prix européen. Neerspach s'est associé avec Max Mosley pour promouvoir cette formule auprès de la FOCA. Bernie Ecclestone l'a accueillie avec enthousiasme car il y voit un moyen d'augmenter encore l'attractivité des Grands Prix. La FISA a aussi donné son feu vert. Ainsi la première épreuve de Procar se déroule à Zolder et est remportée par Elio de Angelis.
Présentation de l'épreuve
La Renault RS10 de Jean-Pierre Jabouille a été légèrement retouchée au niveau de l'aérodynamisme et des freins. Gérard Larrousse a décidé de réutiliser le moteur à simple turbo afin de concentrer les efforts de l'équipe sur la mise au point de châssis. Mais cet assemblage crée des problèmes de refroidissement, et les deux turbos réapparaîtront prochainement. Quant à René Arnoux il doit encore se contenter de l'antique RS01...
Des modifications ont été apportées à la Lotus 80 : la calandre est raccourcie et plus de jupes ont été rajoutées à l'avant afin d'obtenir un meilleur équilibre des poids. Cette machine est impressionnante à l'accélération mais déçoit dans l'ensemble. Elle est même désastreuse lors des freinages. Seul Mario Andretti consent à l'utiliser, Carlos Reutemann n'étant pas du tout convaincu par le principe. L'Argentin continue de développer la 79 qui possède des canalisations de frein plus larges.
Enfin chez Ensign Derek Daly doit se contenter à nouveau de la N177.
L'agitation est assez grande autour de Ferrari. Des journalistes constatent que Jody Scheckter, enrôlé à prix d'or, n'a toujours pas devancé une seule fois Gilles Villeneuve aux essais. Surtout le Québécois a engrangé deux victoires depuis le début de l'année contre aucune à son équipier. On a aussi remarqué que les relations entre Scheckter et Mauro Forghieri étaient tendues. Carlos Reutemann, le prédécesseur du Sud-Africain, rajoute de l'huile sur le feu en affirmant : « A mon avis Villeneuve est meilleur que Scheckter... » . Phrase aussitôt relayée par la presse italienne qui visiblement préfère le virevoltant Villeneuve à l'austère Scheckter.
L'ambiance est tout aussi tendue chez Ligier entre Jacques Laffite et Patrick Depailler. Ce dernier expose franchement la situation : « J'ai toujours couru dans une équipe avec deux pilotes, avec Scheckter, puis ensuite avec Peterson et Pironi. Depuis trois ans, il (Laffite) avait l'habitude d'avoir tout le monde à ses ordres. La collaboration a certainement été plus difficile de son côté que du mien... »
Guy Ligier a obtenu un accord avec George J. Buijtendijk, le président de Goodyear Benelux, afin d'obtenir les meilleurs pneus possibles face à la concurrence des « Ferrari-Michelin ». Le Vichyssois ambitionne aussi de construire une voiture expérimentale afin de tester course après course toutes les innovations apportées par ses techniciens. Mais il n'a pas l'argent pour cela : la générosité de la Seita, donc de l'État français, a ses limites...
Depuis le début de la saison Ken Tyrrell craignait pour l'avenir de son équipe, faute de liquidités. Il respire après avoir signé un contrat de partenariat avec la compagnie italienne Candy.
Ce week-end belge est l'occasion pour l'International Racing Press Association de remettre ses traditionnels Prix Orange et Citron. Le Prix Orange est décerné pour la deuxième année de suite à Mario Andretti. Le Prix Citron échoit à l' « Ourson » Jody Scheckter, qui fait tout de même preuve d'humour en allant lui-même chercher son « trophée ».
Essais et qualifications
La surface de la piste a été refaite depuis 1978 et se montre peu abrasive, si bien que les pneus de qualifications n'offrent pas un avantage particulier ce weekend-là.
Les essais du vendredi se déroulent sous un crachin, conditions dans lesquelles les pneus Michelin font merveille. Villeneuve réalise le meilleur chrono devant Jabouille. Si le visage de George Buijtendijk s'allonge, celui de Pierre Dupasquier est radieux.
Mais le lendemain, changement de décor. Le temps est au beau fixe et les Goodyear monopolisent les cinq premières places de la grille. Laffite signe sa quatrième pole position en six courses devant Depailler. Celui-ci a tout tenté pour battre son équipier... et a fini dans les grillages. Le jeune Piquet signe un étonnant troisième temps, et devance Jones qui confirme tous les progrès de la Williams FW07. Et encore l'Australien aurait pu faire mieux sans une jupe endommagée. Andretti est cinquième avec la Lotus 80. Lui aussi aurait pu viser la pole position mais ses efforts se sont achevés par une collision avec Mass. Puis viennent les deux Ferrari de Villeneuve et de Scheckter. Regazzoni est huitième au volant de la seconde Williams. Hunt a repris la WR8 et se classe neuvième, ce qui est jusqu'alors sa meilleure qualification de l'année. On trouve ensuite Reutemann et les Tyrrell. Sur l'Alfa Romeo Giacomelli obtient une qualification fort honorable, en quatorzième position, juste derrière Lauda. L'Autrichien n'est pas du tout satisfait de sa prestation.
Excellent le vendredi, Jabouille a été accablé d'ennuis avec son moteur au cours du samedi et se retrouve relégué en neuvième ligne aux côtés de son équipier Arnoux. McLaren continue de sombrer. Watson a détruit sa M28B lors des essais. Au volant de la voiture de Tambay, il ne se qualifie qu'au dix-neuvième rang. Et que dire de Fittipaldi, vingt-troisième au volant de vieille F5...
Daly, Merzario et Brancatelli ne sont pas qualifiés, ce qui n'est pas une surprise. Tambay reste lui aussi sur le carreau. Après avoir donné sa M28 à Watson, il échoue à qualifier une vieille M26 alignée en rechange.
Niki Lauda ne comprend pas comment il a pu si mal se qualifier tandis que son équipier Nelson Piquet est troisième sur la grille. Ingénument, le Brésilien lui avoue qu'on lui a donné un meilleur moteur. Furieux, Lauda s'accroche avec Bernie Ecclestone. Il songe de plus en plus à quitter une équipe Brabham en pleine déconfiture.
Le Grand Prix
Patrick Depailler utilise son mulet pour la course après avoir détruit sa voiture à la fin des essais qualificatifs. Mario Andretti reprend quant à lui sa Lotus 79 après avoir rencontré des problèmes de moteur lors de l'échauffement du dimanche matin.
Départ: Depailler prend un bien meilleur envol que Laffite et s'empare du commandement. Laffite se fait déborder par la droite par Jones et par la gauche par Piquet. L'Australien prend l'avantage sur le Brésilien au premier freinage.
1er tour: Les leaders sont tous roues dans roues. Depailler mène devant Jones, Piquet, Laffite, Andretti, Regazzoni, Scheckter, Villeneuve, Reutemann et Hunt.
2e: A l'abord du premier virage Jones se montre dans les rétroviseurs de Depailler, mais celui-ci tient bon. Piquet est dans les échappements de la Williams. A la petite chicane, Scheckter double Regazzoni par l'extérieur mais le Suisse se frotte à la Ferrari. Il sort de l'enchaînement au ralenti et est alors percuté à l'arrière par Villeneuve. Regazzoni s'arrête dans l'herbe, tandis que le Québécois continue sa route avec le train avant endommagé.
3e: Villeneuve est aux stands pour changer la calandre de sa Ferrari. Il ressort des stands en dernière position après avoir perdu cinquante-trois secondes.
4e: En début de tour Scheckter passe Andretti. Depailler et Jones ont pris du champ sur Piquet, menacé par Laffite. Le Français finit par passer le jeune Brésilien à la chicane. Piquet est bientôt sous la menace d'un train composé de Scheckter, d'Andretti et de Reutemann.
5e : Depailler mène devant Jones (1s.), Laffite (4s.), Piquet (4.5s.), Scheckter (4.9s.), Andretti (5.5s.), Reutemann (6s.), Hunt (9s.), Pironi (10s.), Jarier (11s.), Mass (17s.), Lauda (17.5s.), Patrese (18s.) et Stuck (19s.).
6e: Laffite se rapproche des deux premiers. Piquet sort trop large du premier virage et se fait doubler par Scheckter.
7e: Jones met la pression sur Depailler. Piquet s'incline face à Andretti et est harcelé par Reutemann.
8e: Laffite est revenu à trois secondes de Depailler. Piquet se fait doubler par Reutemann puis ralentit. Il entre dans les stands pour changer de pneus et ne repart qu'en vingtième position.
10e: Depailler mène devant Jones (0.8s.), Laffite (1.5s.), Scheckter (4s.) et Andretti (9s.). Suivent Reutemann, Hunt, Pironi, Jarier, Lauda et Mass. Ce dernier fait un excellent début de course puisqu'il partait 22ème. Jabouille est au stand Renault où il change de gommes.
11e: Reutemann se fait passer par Hunt. Il subit une crevaison et doit passer par les stands pour changer de pneus. Il ressort vingt-et-unième. Piquet de son côté est dix-huitième, après avoir passé Arnoux et Lammers. Jabouille reprend la piste.
12e: Depailler, Jones et Laffite forment désormais un train. Pironi prend la sixième place à Hunt.
14e: En début de tour Jones prend l'aspiration derrière Depailler et le déborde par l'extérieur. Mais le Français résiste et l'Australien part en survirage à la sortie de la première courbe. Gardant sa ligne, Laffite en profite pour passer la Williams à Sterrewacht. Rebaque abandonne, en panne de transmission.
15e: Les deux Ligier sont maintenant en tête, et se répète la situation du GP d'Espagne, Depailler résistant à Laffite. Jones est désormais troisième et rattrapé par Scheckter.
16e : Depailler mène devant Laffite (0.5s.), Jones (3s.), Scheckter (4s.), Andretti (9s.), Pironi (15s.), Hunt (16s.) et Jarier (17s.). Jabouille se retire, son turbo ne fonctionnant plus.
18e : Laffite menace dangereusement Depailler. Jones et Scheckter sont dans leur sillage. Mass part en tête-à-queue en sortant de la courbe Lucien Bianchi et se retrouve en travers de la piste. Son Arrows est dégagée par les commissaires de piste.
19e: Laffite passe Depailler et s'empare du commandement de l'épreuve. Jones attaque aussitôt la seconde Ligier au virage Jochen Rindt, sans succès.
20e: Laffite prend une petite avance en tête de l'épreuve. Jones menace certes Depailler mais Scheckter est sur ses talons.
21e: Jones attaque Depailler et le dépasse au virage n°8. Lauda est en difficulté car il se fait doubler par Stuck puis par Patrese.
22e: Jones se lance à la poursuite de Laffite. Beaucoup plus loin dans le peloton, à la petite chicane, de Angelis percute rudement Giacomelli par l'arrière. La Shadow et l'Alfa Romeo sont très endommagées et les deux pilotes italiens sont hors course.
23e: Depailler fait une erreur à la sortie du premier virage et met deux roues dans les graviers. Le Français est sous la pression de Scheckter. Arnoux abandonne suite à une panne de turbo, comme son équipier.
24e: En sortant du premier virage, Laffite manque un changement de vitesse. Jones ne se fait pas prier pour repasser la Ligier à Sterrewacht et s'empare ainsi de la tête. Laffite recolle aussitôt à la Williams mais il est trop tard. Chez Brabham c'est la soupe à la grimace: Lauda abandonne à son stand, en panne de moteur, et est imité quelques instants plus tard par Piquet pour les mêmes raisons.
25e: Laffite est sous la pression de Depailler. Quant à Scheckter, il a perdu du temps et est relégué à plus de cinq secondes des Ligier. Hunt reprend la sixième place à Pironi. Villeneuve est le plus rapide en piste et est revenu au douzième rang. La piste est glissante parce que Lauda a répandu de l'huile avant d'abandonner.
26e: Depailler attaque et passe Laffite à la première chicane. Andretti roule au pas car il n'a plus de freins.
27e: Jones mène désormais avec deux secondes et demie d'avance sur Depailler et Laffite qui souffrent de soucis d'adhérence. Scheckter est quatrième à treize secondes. Suivent Hunt, Pironi, Jarier, Stuck, Patrese et Watson. Andretti est au garage Lotus où il abandonne.
28e: Scheckter est rattrapé par le trio constitué de Hunt et des deux Tyrrell.
30e: Jones mène devant Depailler (4s.), Laffite (8s.), Scheckter (22s.) et Hunt (24s.). Juste derrière la Wolf, Jarier passe son équipier Pironi. Suivent Stuck, Patrese et Watson. Villeneuve est onzième avec environ une minute de retard.
33e: Jones semble se diriger vers sa deuxième victoire en carrière, la première pour Frank Williams. Il a six secondes d'avance sur Depailler, dix secondes sur Laffite. Scheckter et Hunt commencent à revenir sur les Ligier.
35e: Stuck est aux stands pour changer un pneu arrière défectueux. Le pilote ATS dégringole dans le classement, passant de la huitième à la treizième place. Villeneuve est désormais dixième, juste devant Reutemann.
37e: Jones a neuf secondes et demie d'avance sur Depailler, douze secondes sur Laffite. A une vingtaine de secondes se trouve Scheckter qui grappille quelques dixièmes sur les Ligier.
38e: Villeneuve poursuit sa course folle. Il passe Watson et s'empare de la neuvième place. Le Québécois part à la chasse du huitième, Riccardo Patrese.
40e: La Williams de Jones tombe en panne électrique. Un fil du régulateur de charge de batterie s'est débranché. Jones n'a plus qu'à s'arrêter sur un bas-côté. Du coup, Depailler récupère la première place.
41e: A la sortie la courbe Jochen Rindt, Hunt perd le contrôle de sa Wolf et tape le rail par l'arrière. Il finit sa course en travers de la piste. Jarier qui le suivait fait un énorme écart pour éviter un commissaire qui s'était aventuré sur la piste, mais ce faisant endommage sa calandre. Les commissaires parviennent à dégager rapidement la voiture accidentée. Pironi récupère la quatrième place devant Jarier qui peut repartir malgré l'accrochage.
42e: Depailler et Laffite sont roues dans roues, mais cependant inquiets du comportement instable de leurs voitures. La courbe de leurs chronos est en dents de scie. Désormais septième, Villeneuve menace Patrese, mais le jeune Italien résiste au pilote Ferrari.
43e: Jusqu'à alors cinquième, Jarier doit revenir aux stands pour réparer sa Tyrrell. Villeneuve est maintenant sixième, mais toujours bloqué derrière Patrese.
44e : Jarier ressort des stands devant les deux Ligier. Il laisse passer Depailler mais au deuxième virage manque de peu de se rabattre devant Laffite. Celui-ci réussit à passer.
45e: Depailler mène devant Laffite (0.5s.), Scheckter (12s.) et Pironi (38s.). Viennent ensuite Patrese, Villeneuve, Reutemann, Watson, Stuck, Fittipaldi, Jarier et Lammers.
46e : Jarier se plaint de sa tenue de route. Il passe de nouveau par son stand et repart ensuite.
47e: Au premier virage, la Ligier de Depailler refuse de tourner, tire tout droit, part en tête-à-queue dans l'herbe et atterrit dans les protections. Le pilote sort sans problème de sa voiture mais s'est fait mal au poignet droit. Laffite s'empare de la tête.
48e: A vingt tours du but, Laffite est loin d'avoir course gagnée car il est menacé Scheckter. Après avoir ménagé sa monture et ses pneus pendant les deux premiers tiers de la course, le Sud-Africain sonne la charge et remonte comme une balle sur la Ligier. Six secondes les séparent.
49e: Scheckter est revenu à trois secondes de Laffite. Pironi est troisième à trente secondes. Villeneuve est toujours bloqué derrière Patrese et commence à s'impatienter. Comme à son habitude, le jeune Italien zigzague devant son adversaire pour ne pas perdre de place.
50e : Laffite mène devant Scheckter (2.5s.), Pironi (40s.), Patrese (56s.), Villeneuve (57s.) et Reutemann (1m. 03s.). Suivent Watson, Stuck, Fittipaldi, Lammers et Jarier.
51e: Scheckter négocie mal le dernier virage et perd un peu de temps. Mais la Ferrari est bien plus rapide que la Ligier de tête. L'écart est de deux secondes et quatre dixièmes.
52e: Villeneuve est enfin venu à bout de Patrese et pointe au quatrième rang. Reutemann est désormais sur les talons du pilote Arrows.
54e: Scheckter est revenu dans les roues de Laffite. A la sortie de la courbe Lucien Bianchi, il déborde la Ligier par l'intérieur et s'impose à la petite chicane. Il est le nouveau leader. En fin de tour Laffite est de nouveau gêné par Jarier.
55e: Scheckter creuse tout de suite un certain écart avec Laffite. Pironi voit Villeneuve revenir rapidement derrière lui. Il ne peut pas hausser son rythme car sa pédale de frein colle au plancher.
56e: Scheckter a six secondes d'avance sur Laffite. La Ligier est instable au freinage. Reutemann prend la cinquième place à Patrese.
59e: Scheckter s'échappe en tête de la course. Villeneuve est le pilote le plus rapide et remonte sur Pironi.
60e : A dix tours du but Scheckter mène devant Laffite (15s.), Pironi (38s.), Villeneuve (41s.), Reutemann (56s.) et Patrese (1m. 04s.).
62e: Villeneuve passe Pironi et occupe donc à présent la troisième place.
63e: Villeneuve signe le meilleur tour en course en 1'23''09''' et sème aussitôt Pironi.
65e: Scheckter compte maintenant une quinzaine de secondes d'avance sur Laffite. Villeneuve est à quinze secondes de la Ligier et peut convoiter la seconde place.
68e: Toujours quinze secondes d'écart entre Scheckter et Laffite. Villeneuve est à dix secondes du Français.
70ème et dernier tour: Au début de ce tour, Scheckter essaie de prendre un tour à Fittipaldi dans le premier virage. Mais il se fait une grosse frayeur en ratant sa manœuvre. Il parvient toutefois à récupérer la Ferrari et à éviter d'effectuer la même sortie de route que Depailler. Puis Fittipaldi le laisse passer.
En revanche son équipier a moins de chance. Après une course formidable, Villeneuve tombe en panne d'essence à deux cents mètres de l'arrivée.
Jody Scheckter remporte ce Grand Prix de Belgique, ce qui est sa première victoire depuis un an et demi et sa première pour Ferrari. Laffite termine deuxième et Pironi troisième. C'est le premier podium du jeune pilote Tyrrell qui a dû batailler avec sa pédale de freins. Reutemann finit quatrième. Patrese est cinquième et inscrit les premiers points d'Arrows en 1979. Vingt-deuxième à l'issue du premier tour, Watson arrache le dernier point. Villeneuve est classé septième, devant Stuck, Fittipaldi, Lammers et Jarier.
Après la course
Cette course illustre parfaitement le début de la saison 1979. Les Ligier et les Ferrari se sont merveilleusement battues pour la victoire. Néanmoins on constate l'irruption de sérieux outsiders avec les Williams FW07. Les monoplaces de Patrick Head semblent bien en mesure de remporter des Grands Prix, voire même d'imposer leur domination au reste du plateau. Les magistraux tours en tête effectués par Alan Jones ont de quoi faire peur à Guy Ligier et à Marco Piccinini.
Pour le moment Scheckter est soulagé de ce premier succès avec Ferrari qui fait taire les mauvaises langues à son endroit. Il dédie d'ailleurs cette victoire au Commendatore qui « lui a toujours fait confiance ». Gilles Villeneuve fait grise mine car son impressionnante remontée n'aura servi à rien, sinon à enthousiasmer le public. Mauro Forghieri déclare que Villeneuve lui rappelle Jim Clark par sa rage de courir.
Les déclarations des deux « Ferraristes » après la course en disent long sur leur différence de mentalité :
Jody Scheckter : « Gilles est souvent plus rapide que moi, mais il prend beaucoup trop de risques. Pour cette raison, je pense que je pourrai le devancer au championnat d'ici la fin de la saison. »
Gilles Villeneuve, reprenant les propos de Scheckter : « Je le sais, il me le dit souvent. Cela ne change rien pour moi. Je veux me battre pour être le plus rapide à tous les tours. Je ne veux rien savoir de conduire en pépère pour essayer de gagner un titre, avec des deuxièmes, des troisièmes ou des quatrièmes places. Ce qui m'intéresse le plus, c'est d'essayer de battre le record de victoires de Stewart, pas celui des cinq championnats de Fangio. »
L'ambiance est plus morose chez Ligier. Pendant que Depailler se fait bander le poignet, Gérard Ducarouge et ses mécaniciens cherchent une explication à la défaillance mécanique qui a envoyé le pilote dans le décor.
Le championnat du monde des pilotes est chamboulé. Laffite reprend la tête avec 24 points, à égalité avec Scheckter. Villeneuve et Depailler sont relégués à quatre points et Reutemann à cinq points. Chez les constructeurs Ferrari récupère le commandement avec un point d'avance sur Ligier et douze sur Lotus. Avec désormais quinze unités au compteur Tyrrell émerge franchement au quatrième rang.
Ce succès de Ferrari est le troisième pour Michelin en 1979. Au niveau de la guerre des pneus, le score entre Goodyear et Michelin est donc de trois partout.
Tony