Gilles VILLENEUVE
 G.VILLENEUVE
Ferrari
Alan JONES
 A.JONES
Williams Ford Cosworth
Jacques LAFFITE
 J.LAFFITE
Ligier Ford Cosworth

324. Großer Preis

XVII Grosser Preis von Osterreich
Bedeckt
Österreichring
Sonntag, 12. August 1979
54 Runden x 5.942 km - 320.868 km
Affiche
F1
Coupe

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Bilan d'étape

Cette saison 1979 est divisée en cycles distincts. Lors des deux premières manches sud-américaines, les Ligier JS 11 écrasaient la concurrence. Puis pendant deux mois les Ferrari 312 T4 furent les machines à battre. Depuis Silverstone, les Saudia-Williams d'Alan Jones et Clay Regazzoni sont nettement au-dessus du lot. Chacune de ces écuries a successivement amélioré le principe de l'effet de sol, jusqu'à cette Williams FW07 dont l'adhérence en courbe est extraordinaire. En cet été les seules concurrentes des Williams sont les Renault turbo en pleine ascension, mais qui pèchent encore par manque de fiabilité.

 

Mais la splendide Williams ne peut rien contre le règlement qui, en ne retenant que les quatre meilleurs résultats de chaque moitié du championnat du monde, exclut ses pilotes de la course au titre mondial. A cinq épreuves du but la compétition concerne encore Jody Scheckter (35 pts), Jacques Laffite (28 pts) et Gilles Villeneuve (26 pts). Scheckter est le favori grâce à sa stratégie calculatrice, « épicière » disent les mauvaises langues. Il n'a en effet gagné que deux courses cette saison mais est toujours à l'arrivée depuis São Paulo. Il engrange point sur point pendant que ses deux rivaux ont du mal à rallier l'arrivée. Gilles Villeneuve est sans doute intrinsèquement plus rapide que son équipier, mais son style généreux lui fait commettre des erreurs, et surtout il est clairement le pilote n°2 de la Scuderia. Reste Jacques Laffite, dont la Ligier n'est plus capable de triompher à la régulière, mais qui demeure extrêmement combatif et ne baisse jamais les bras, tel un Bayard des temps modernes.

 

Lotus: brouille entre Andretti et Reutemann

Après des mois de tension, la crise est ouverte chez Lotus. Après l'échec retentissant de la 80, la mésentente s'est insinuée entre les deux pilotes qui ne se parlent plus : Mario Andretti s'est installé dans la caravane Essex, Carlos Reutemann dans celle de Martini. Andretti reproche à Reutemann de s'est complètement désintéressé du développement de la 80 et de ne chercher qu'à grappiller le plus de points possibles au championnat. Dans une interview à un journal suisse il déclare que son équipier doit quitter Lotus. L'Argentin lui réplique, cinglant : « Mario est fâché que je ne me sois pas comporté en satellite. » En effet, il n'est pas Ronnie Peterson et n'a jamais voulu être le lieutenant de qui que ce soit. Il était arrivé chez Lotus en croyant recueillir une machine ultra-dominatrice, et le voici végétant en milieu de grille. Reutemann a déjà pris contact avec d'autres équipes pour la saison 1980. Bien qu'il affirme le contraire devant les journalistes, Colin Chapman ne cherche guère à retenir un pilote certes très doué mais humainement difficile à supporter. Il promet encore une fois « 80 B » d'ici la fin de l'année, mais cela ne semble être qu'une carabistouille de plus.

 

Présentation de l'épreuve

L'ambiance n'est pas meilleure chez Brabham où Niki Lauda bataille toujours avec Bernie Ecclestone pour obtenir un contrat mirifique de deux millions de dollars. L'Autrichien est quelque peu mis à l'écart par l'équipe et reste seul avec son fidèle mécanicien Ermanno Cuoghi. Plusieurs quotidiens viennois annoncent que Lauda serait en pourparlers avancés pour rejoindre McLaren en 1980. Mais il aurait aussi des contacts avec Renault.

 

Jean-Pierre Jarier étant toujours hospitalisé, Ken Tyrrell donne cette fois-ci sa chance au jeune Irlandais Derek Daly qui a montré de belles choses depuis un an au volant des catastrophiques Ensign.

 

Ligier tente de retrouver sa superbe de début de saison en procédant à des modifications. Les JS 11 possèdent désormais un nouveau carénage enveloppant le dessous du moteur et des pontons modifiés pour accroître l'effet de sol.

 

ATS aligne pour Hans Joachim Stuck sa nouvelle monoplace, la D3 conçue par Nigel Stroud. Cette voiture ne diffère pas beaucoup de la très médiocre D2, même si la coque et les suspensions sont nouvelles. Dans l'ensemble Stuck est satisfait de ce modèle. Il serait temps en effet qu'ATS obtienne des résultats car dans le paddock Günther Schmidt passe plus pour un hurluberlu caractériel que pour un capitaine d'entreprise.

 

Essais et qualifications

Cette piste très rapide est un terrain de jeu idéal pour les Williams et les Renault. Les voitures françaises sont les plus véloces, mais cette fois-ci c'est Arnoux qui mène la danse. Le petit Grenoblois réalise sa première pole position après avoir dominé les essais. Jones a utilisé d'innombrables pneus Goodyear pour le devancer, sans succès. Il se contente de la deuxième place sur la grille. Jabouille est troisième après avoir souffert d'ennuis mécaniques. Ces trois pilotes devancent nettement la concurrence. Pour la première fois depuis plusieurs semaines Lauda domine Piquet et se classe quatrième. Le jeune Brésilien est septième. En troisième ligne on trouve Villeneuve et Regazzoni. Laffite a vu son nouveau carénage se désagréger et n'est que huitième. Scheckter est neuvième devant les Tyrrell de Pironi et de Daly. Hésitant entre ses WR8 et WR9 modifiées, Rosberg choisit la seconde et se qualifie au 12ème rang.

 

Cela va toujours aussi mal pour les Arrows (Patrese 13ème, Mass 20ème), les McLaren (Tambay 14ème, Watson 16ème) et les Lotus (Andretti 15ème, Reutemann 17ème). Stuck réalise de bons débuts avec l'ATS D3 et se classe 18ème. Après avoir explosé le moteur de sa F6A, Fittipaldi se qualifie au 19ème rang avec sa vieille F5. Ickx n'a cessé de se plaindre de la tenue de route de sa Ligier et n'est que vingt-et-unième. De Angelis, Lammers et Gaillard complètent le fond de la grille, tandis que Rebaque et Merzario sont éliminés.

 

Lors de la séance d'essais libres du samedi matin, Niki Lauda prend la piste pour quelques instants avant de ne plus repasser devant la ligne de chronométrage. Ermanno Cuoghi se précipite sur le circuit tandis qu'une ambulance se met en route. Pendant de nombreuses minutes, on craint qu'il soit arrivé malheur à Lauda. Lorsque l'ambulance revient dans les stands, Niki en sort tout sourire, parfaitement indemne: il a simplement voulu vérifier le temps de réaction des secours !

 

Le Grand Prix

La course se déroule sous un ciel couvert. A cause d'un moteur Cosworth récalcitrant, Ickx choisit de disputer la course avec le mulet de Laffite.

Depuis plusieurs courses on s'aperçoit que les Renault ne profitent pas de leurs pole positions, tout simplement parce que le temps de réponse du turbo est légèrement supérieur à celui du DFV Ford-Cosworth. Arnoux sait donc qu'il a peu de chances de virer en tête au premier virage.

 

Départ : Comme on s'y attendait Arnoux ne part pas bien et Jones le double aussitôt. Mais soudain surgit sur la droite de la piste Villeneuve qui a pris un envol absolument remarquable. Il se faufile entre le muret des stands et la Renault d'Arnoux puis déborde Jones et aborde le premier virage en tête. Suivent Jones, Lauda, Arnoux et Jabouille. Andretti n'a effectué que quelques mètres avant que son embrayage ne rende l'âme.

 

1er Dans la descente vers la Bosch Kurve Jones se montre menaçant derrière Villeneuve mais celui-ci tient bon. Jabouille est à la peine et perd de nombreuses places.

En fin de tour Villeneuve mène devant Jones, Lauda, Arnoux, Regazzoni, Pironi, Laffite, Scheckter, Jabouille et Daly.

 

2e : Le peloton est très compact. Arnoux dépasse Lauda. Laffite et Jabouille doublent Pironi et Scheckter. Mass s'arrête sur le bas-côté avec un moteur en flammes.

 

3e : Jones se fait pressant derrière Villeneuve. Regazzoni dépasse Lauda sur la ligne de chronométrage. Laffite perd deux positions au profit de Jabouille et de Scheckter. Villeneuve part en travers dans la courbe Jochen Rindt, ce qui permet à Jones de prendre l'aspiration derrière la Ferrari à l'abord du quatrième tour.

 

4e : Jones déborde Villeneuve par l'extérieur devant les stands et s'empare du commandement à la chicane. Lauda perd encore une place, cette fois-ci face à Scheckter. Lammers part en tête-à-queue à la courbe Bosch et tape le rail par l'arrière. Il sort de sa Shadow que les commissaires viennent dégager.

 

5e : Jones a une seconde d'avance sur Villeneuve, trois secondes sur Arnoux. Laffite prend la septième place à Lauda. Piquet double Daly. Les drapeaux jaunes sont agités pendant que l'on évacue la voiture de Lammers.

 

6e : Troisième et quatrième, Arnoux et Jabouille sont lancés à la poursuite de Villeneuve.

 

8e : Jones s'échappe et possède cinq secondes d'avance sur Villeneuve. Scheckter menace la cinquième place de Regazzoni.

 

9e : Piquet prend la neuvième place à Pironi.

 

10e : Les Renault sont dans le sillage de la Ferrari de Villeneuve. Scheckter s'impose face à Regazzoni. Fittipaldi s'arrête à son stand pour résoudre un problème de freins.

 

11e : Arnoux dépasse Villeneuve par l'extérieur dans la descente vers Bosch Kurve.

 

12e : Jabouille prend à son tour l'avantage sur Villeneuve.

 

13e : Avant d'aborder la chicane, Arnoux ralentit et fait signe à Jabouille de le doubler, ce qui est fait aussitôt. Il respecte ainsi son statut de pilote n°2. Jabouille se lance à la poursuite de Jones.

 

14e : Jones mène devant Jabouille (7.5s.), Arnoux (9s.) et Villeneuve (12s.). A vingt secondes se trouve Scheckter qui précède Regazzoni et Laffite. Puis viennent Lauda, Piquet, Pironi, Daly, Rosberg et Tambay.

 

16e : Depuis quelques tours Jabouille sélectionne ses vitesses sans son embrayage qui est défectueux. Sa boîte de vitesses finit par casser. Le Français regagne son stand pour abandonner. Piquet tente une attaque très osée sur Lauda au freinage de la chicane. Le contact est évité de peu et le Brésilien parvient à doubler son équipier.

 

17e : Après avoir lutté contre Daly et Tambay, Rosberg s'arrête dans l'herbe, victime d'une panne de circuit électrique. Fittipaldi abandonne aussi, sentant que son moteur est sur le point de serrer, tandis que ses freins sont endommagés.

 

18e : Jones mène devant Arnoux (13s.) et Villeneuve (14.5s.). A trente secondes Scheckter précède Regazzoni et Laffite.

 

20e : Laffite attaque Regazzoni. Les deux voitures passent côte à côte devant les stands, et Rega conserve l'avantage au freinage de la chicane. Naviguant en quinzième position, Reutemann s'arrête au stand Lotus pour changer de pneus.

 

21e : Après la courbe Sebring, Regazzoni et Laffite prennent un tour à Gaillard. Laffite profite de la manœuvre pour se faufiler à l'extérieur et parvient ainsi à prendre le meilleur sur Regazzoni. Lauda repasse devant Piquet.

 

22e : Jones poursuit sa promenade de santé et creuse l'écart sur Arnoux qui est toujours suivi par Villeneuve.

 

23e : Insatisfait de ses nouveaux pneus, Reutemann revient à son stand. Visiblement fâchés, ses mécaniciens semblent peu pressés de lui obéir. Excédé, Reutemann sort de sa voiture et regagne sa caravane...

 

25e : Jones a maintenant une vingtaine de secondes d'avance sur Arnoux. Personne ne peut l'arrêter aujourd'hui.

 

27e : A mi-course Jones mène devant Arnoux (23s.), Villeneuve (25s.), Scheckter (39s.), Laffite (40s.), Regazzoni (41s.), Lauda (1m. 07s.), Piquet (1m. 08s.) et Pironi (1m. 19s.),

 

28e : La bagarre continue entre les Brabham : Piquet reprend la septième place à Lauda. Ickx abandonne suite à une panne de moteur. Il n'occupait que le seizième rang au volant d'un mulet qui talonnait faute de réglage.

 

29e : Après une sortie plutôt satisfaisante pour la nouvelle ATS, Stuck renonce avec un moteur en panne.

 

30e : Jones a 25 secondes d'avance sur Arnoux qui commence à semer Villeneuve. Scheckter est quatrième à quarante secondes. Laffite a du mal à suivre le Sud-Africain car suite à un mauvais réglage sa Ligier survire beaucoup, tandis que son allumage fait des siennes.

 

32e : Piquet est au ralenti : son moteur Alfa Romeo vient de rendre l'âme. Il rentre au garage Brabham.

 

33e : Vingt-trois secondes séparent Jones et Arnoux. Villeneuve est maintenant distancé par le Grenoblois. Daly roule en neuvième position et résiste à la pression des McLaren de Tambay et de Watson.

 

35e : Les mécaniques souffrent : de Angelis stoppe à l'entrée des stands avec un moteur cassé. De son côté Patrese est obligé de renoncer suite à un bris de suspension arrière.

 

37e : Jones précède Arnoux (24s.) et Villeneuve (31s.). A quarante-cinq secondes Scheckter voit Laffite revenir dans ses rétroviseurs. Regazzoni roule à quelques secondes de ces deux pilotes.

 

38e : Laffite est maintenant très rapide. Il s'est souvenu que dans son habitacle se trouvait une molette de réglage de la barre antiroulis ! Après y avoir touché, le survirage qui affectait sa voiture a disparu.

 

40e : Arnoux réalise le meilleur tour de la course : 1'35''77'''.

 

41e : Laffite est revenu à moins de deux secondes de Scheckter. Voici donc une lutte entre les deux candidats au titre mondial.

 

42e : En suivant Daly, Tambay manque son freinage à la chicane et part dans le gazon. Il cède ainsi une position à Watson et ne sera plus une menace puisque l'herbe récoltée obstrue ses radiateurs et provoque une surchauffe.

 

43e : Gaillard s'arrête sur le bas-côté avec une suspension avant droite tordue.

 

44e : Jones mène devant Arnoux (23s.), Villeneuve (34s.), Scheckter (48s.), Laffite (49.5s.) et Regazzoni (51s.). Puis viennent à un tour Pironi, Lauda, Daly, Watson et Tambay.

 

45e : Le calvaire continue pour Lauda. Cette fois-ci c'est une fuite d'huile qui l'oblige à regagner son stand.

 

47e : Laffite est dans le sillage de Scheckter mais ne trouve pas l'ouverture. Le Sud-Africain a néanmoins du mal à se maintenir car ses freins ne sont pas en bon état.

 

49e : En passant devant les stands le V6 turbo d'Arnoux tousse de manière inquiétante.

 

50e : Arnoux finit cette boucle au ralenti, en panne d'essence ! Il parvient à entrer moteur coupé aux stands. Ses mécaniciens se précipitent sur un bidon de quinze litres qu'ils déversent dans le réservoir. Arnoux reprend la piste en sixième position, avec un tour de retard.

 

51e : Jones mène avec trente-cinq secondes d'avance sur Villeneuve. A quarante-cinq secondes Scheckter et Laffite sont en bagarre pour la troisième place, suivis d'assez près par Regazzoni.

 

53e : Laffite est dans les échappements de Scheckter mais celui-ci continue de résister. La Ligier est la plus rapide en courbe, mais la Ferrari a l'avantage à l'accélération.

 

54ème et dernier tour : En abordant pour la dernière fois la chicane, Laffite décide de tenter le tout pour le tour : il plonge à droite, freine très tard et déborde Scheckter. Il évite de peu de partir dans l'herbe et sa manœuvre réussit. Le voici assuré de la troisième place.

 

Alan Jones remporte la victoire après une course très tranquille. Cette fois-ci tout a parfaitement fonctionné sur la Williams. Villeneuve obtient une deuxième place qui doit beaucoup à son superbe départ. Laffite a été superbe et finit troisième devant son rival au championnat Scheckter. Regazzoni se contente de la cinquième place. Très déçu par la panne sèche qui l'a frappé, Arnoux ramène tout de même un point. Pironi est septième et précède Daly qui a dû résister jusque dans les derniers mètres à Watson. Tambay est le seul autre pilote à finir la course.

 

Après la course

Voici donc la troisième victoire consécutive pour les Williams FW07 qui sont tout simplement imbattables. A cause des sourcilleux Saoudiens Alan Jones engloutit une bouteille de jus d'orange pendant que Gilles Villeneuve et Jacques Laffite sablent le champagne.

 

Chez Renault François Castaing essaie de comprendre comme René Arnoux a pu tomber en panne sèche tandis qu'il était parti avec une marge de sécurité de vingt litres. Il s'aperçoit que la responsable est la mousse garnissant le réservoir : elle s'est décomposée et a formé un bouchon obstruant l'orifice de sortie !

 

A quatre courses de la fin de la saison, Laffite et Villeneuve reviennent à six points de Scheckter et peuvent donc espérer lui subtiliser la première place. Jones est désormais quatrième du championnat, à treize points de Scheckter, mais le décompte des points lui sera de toute façon défavorable.

Au classement des constructeurs, Ferrari se rapproche doucement de la victoire finale puisqu'elle possède dix-neuf longueurs d'avance sur Ligier et vingt-cinq sur Williams.

Tony