Présentation de la saison
Le championnat du monde 1972 de Formule 1 commence le 23 janvier par le Grand Prix d'Argentine.
L'année précédente, Tyrrell-Ford-Cosworth a remporté les deux titres mondiaux ainsi que sept des onze Grands Prix du championnat du monde. Pour 1972 elle fait le pari de la stabilité. Le champion en titre Jackie Stewart conduit toujours la 003, assisté par le jeune et brillant François Cevert au volant de la 002. Stewart espère bien évidemment remporter un troisième titre de champion du monde. Il est en tout cas le favori des bookmakers. Cevert pour sa part désire continuer à progresser et remporter d'autres victoires après son succès aux USA lors de l'épreuve de clôture du championnat 71.
BRM a obtenu l'année précédente la deuxième place du championnat des constructeurs mais a été frappée par les décès de Pedro Rodríguez et Jo Siffert. Durant l'hiver, elle perd le soutien financier de Yardley qui rejoint McLaren. Mais Louis Stanley conclut un accord juteux avec le cigarettier Philip Morris, représenté par Patrick Duffeler. Les BRM adoptent les couleurs blanche et rouge de Marlboro. Toutefois Duffeler a posé comme condition à Stanley l'engagement de... cinq voitures ! L'équipe ne peut assurer l'entretien d'autant de bolides, mais Stanley accepte. Comme premier pilote, il engage Jean-Pierre Beltoise qui, contraint et forcé, a quitté Matra où on le cantonnait à un rôle subalterne. Howden Ganley et Peter Gethin conservent leurs places dans l'équipe, de même que le jeune Autrichien Helmut Marko. Enfin le riche Espagnol Alex Soler-Roig obtient le dernier volant. BRM débute la saison avec une version modifiée de sa P160. Mais l'équipe est affaiblie par le départ de ses deux ingénieurs Tony Southgate et Aubrey Woods, tandis que Louis Stanley est la cible de critiques de la part de Sir Alfred Owen, toujours propriétaire officiel de l'équipe.
La situation n'est guère plus glorieuse chez Ferrari. En 1971 la 312 B2, mal adaptée aux pneus Firestone, n'a pas été performante. En attendant la sortie d'une 312 B3, Mauro Forghieri a modifié la B2 en lui donnant une suspension traditionnelle et un train arrière plus chargé. Si Peter Schetty demeure à la tête du département sportif, l'équipe de Formule 1 est désormais dirigée par Alessandro Colombo, un homme d'expérience issu de Fiat. Jacky Ickx demeure premier pilote, associé au rapide mais inconstant Clay Regazzoni. Comme l'année précédente, Mario Andretti pilotera une troisième voiture lorsque son vaste emploi du temps le lui permettra.
En 1971 Lotus a connu sa première saison sans victoire depuis 1959. Colin Chapman s'est en effet égaré en développant sa voiture à turbine. Mais pour 1972, il se concentre sur la version D de la Lotus 72, championne du monde en 1970 avec Jochen Rindt. Néanmoins il doit faire face à des difficultés financières, Gold Leaf ayant réduit de moitié sa subvention. Finalement, le groupe Imperial Tabacco décide de se servir de Lotus pour promouvoir la marque John Player Special. Les voitures prennent le nom de J.P.S. et arborent une splendide livrée noire et or. Emerson Fittipaldi avoue avoir eu une réaction contrastée face à ces nouvelles couleurs : « Lorsque j'ai vu la J.P.S. pour la première fois, j'ai eu un choc. J'ai dit à Colin qu'elle ressemblait à un cercueil, qu'il n'y avait plus qu'à lui rajouter quatre poignées sur les côtés... » Côté pilotes, le fin et talentueux Brésilien demeure donc le leader de l'équipe et a de grandes ambitions pour cette nouvelle saison. Son équipier est le prometteur Australien Dave Walker qui a dominé la Formule 3 britannique l'année précédente.
Brabham entame un nouveau chapitre de son histoire. L'ambitieux businessman Bernie Ecclestone a pris le contrôle de l'équipe et marginalisé Ron Tauranac. Il place à la tête de l'encadrement technique Ralph Bellamy, transfuge de chez McLaren, associé à un jeune ingénieur sud-africain, Gordon Murray. L'ancien pilote Keith Greene est nommé directeur sportif. Les mécaniciens Bob Dance (ex-Lotus) et Mike « Herbie » Blash » (ex-March) sont aussi recrutés. Blash ne restera toutefois que quelques jours, le temps de se fâcher avec l'autoritaire Tauranac.
Faute de sponsor, les Brabham arborent une livrée immaculée. Ecclestone a conservé Graham Hill, bien qu'il ne l'apprécie guère. Il le relègue cependant au rang de second pilote, lui confiant la vieille BT33. Il mise toutes ses chances sur l'Argentin Carlos Reutemann, 30 ans, vice-champion d'Europe de F2 en 1971 et grand espoir du sport automobile sud-américain. Celui-ci pilote une BT34 très remaniée, en attendant la BT37 conçue par Bellamy.
March a connu une bonne année en 1971 grâce à Ronnie Peterson, vice-champion du monde de Formule 1 et champion d'Europe de Formule 2. Le Suédois demeure dans l'équipe en 1972. Le nom de son coéquipier laisse pantois les observateurs. Il s'agit de l'Autrichien Niki Lauda, 23 ans, qui n'a jusqu'ici rien prouvé en F2 ou en F3. Mais fin 71, March était au bord de la faillite. Soutenu financièrement par la banque autrichienne Raiffeisenkasse, Lauda a apporté l'argent nécessaire à sa survie. Entretemps la direction a perdu Alan Rees et Graham Coaker. Désormais seul aux commandes, Max Mosley a commandé à Robin Herd une voiture audacieuse. Celle-ci ne débutera qu'en Europe, et c'est une voiture de transition, la 721, qui roule lors des premières manches. C'est une évolution de la 711 surmontée d'une imposante cheminée.
Après une saison 71 difficile, McLaren se restructure en vue de 1972. Phil Kerr a obtenu un contrat de sponsoring avec la firme Yardley. Les McLaren perdent leur livrée orange pour arborer le blanc et brun de leur commanditaire. Denny Hulme mène toujours l'équipe associé à l'Américain Peter Revson, champion de CanAm en 71 avec McLaren. Ce solide duo pilote une M19 revue par Gordon Coppuck, avec une suspension arrière traditionnelle après l'échec du « système Bellamy » de l'année précédente, ainsi qu'un nouvel aileron.
Matra arrive à un tournant de son histoire. En Endurance, la nouvelle réglementation 3 litres donne au constructeur français de grandes chances de victoires, tandis que l'équipe de Formule 1 n'obtient pas de résultats. 1972 est l'année de la dernière chance pour celle-ci. Matra Sport se concentre sur une seule voiture, celle de Chris Amon. Elle se nomme MS120C et n'est qu'une évolution de la monoplace précédente. Elle bénéficie toutefois d'un nouveau moteur affichant 485 chevaux. Mais elle est surtout trop lourde, pesant soixante kilos de plus que la Tyrrell 003 !
En 1971 John Surtees s'est rendu compte qu'il ne pouvait plus à la fois diriger son écurie et se concentrer sur le pilotage. La mort dans l'âme, « Big John » a remisé son casque et ses gants. Mais il peut se reposer sur son nouveau pilote Mike Hailwood, nonuple champion du monde de moto, qui a effectué deux brillantes piges en Grand Prix fin 71. Il sera cependant absent pour le GP d'Argentine. Son équipier est l'Australien Tim Schenken, remercié par Brabham malgré des performances assez satisfaisantes. Une troisième voiture financée par la compagnie italienne Ceramica Pagnossin est alignée pour Andrea de Adamich, libéré d'Alfa Romeo qui abandonne la Formule 1 en tant que motoriste. Surtees utilise une version B de la TS9 de 1971, agrémentée d'une calandre « façon Tyrrell ».
Frank Williams a confié à Ron Tauranac la construction de sa propre monoplace, avec le soutien financier de la marque de jouets Politoys. Cependant cette machine est loin d'être prête en ce début de saison. Williams est donc contraint de prolonger son accord avec March et engage une 721 peinte en noir. Faute d'avoir trouvé un meilleur volant, Henri Pescarolo est resté fidèle à l'équipe. Mais il va surtout se concentrer cette année-là sur l'Endurance au volant de la Matra MS670
Toutes les voitures présentes à Buenos Aires sont donc de simples évolutions de celles présentes la saison passée.
Règlement et pneumatiques
Plusieurs changements sont intervenus dans la réglementation. La cylindrée des moteurs compressés est augmenté à 1500 cm³. Le poids minimal des bolides est porté à 550 kilos. Des mesures de sécurité sont aussi prises pour éviter les incendies, comme l'instauration d'une mousse autour des réservoirs. Un dispositif de coupure électrique est couplé à une pognée permettant la mise en marche de l'extincteur. Les harnais des pilotes doivent comporter obligatoirement six points d'ancrage. Enfin la C.S.I. a publié un code de conduite pour les pilotes.
En ce qui concerne les pneumatiques, March a abandonné Firestone pour rejoindre Goodyear. Firestone ne présente qu'un seul nouveau type de gomme slick, tandis que Goodyear propose quatre choix différents à ses clients: gommes dure, moyenne, tendre et super-tendre.
Présentation de l'épreuve
Le Grand Prix d'Argentine est de nouveau au calendrier du championnat du monde après douze années d'absence. Ce retour est le fruit des efforts du champion national Juan Manuel Fangio et du représentant du pays auprès de la C.S.I. Juan Manuel Bordeu. Le circuit utilisé est toujours l'Autodrome du 17 octobre à Buenos Aires, rebaptisé depuis Autodrome Almirante Brown. Le tracé est sensiblement le même que celui utilisé dans les années 50. Seul le secteur du Toboggan a été quelque peu raccourci.
Un an après le décès accidentel d'Ignazio Giunti à Buenos Aires, Jean-Pierre Beltoise est toujours menacé de poursuites par la justice argentine. Le lendemain de la course doit d'ailleurs se tenir une audience au tribunal concernant le montant de sa caution. Beltoise craint d'être appréhendé par la police et mis sous les verrous. Par prudence, il décide de ne pas faire le déplacement outre-Atlantique. BRM le remplace par le Suédois Reine Wisell, récemment renvoyé par Lotus.
Mike Hailwood est aussi forfait pour la course. Seuls Tim Schenken et Andrea de Adamich pilotent pour Surtees.
Les qualifications
Lors des essais, les Tyrrell semblent toujours aussi compétitives mais on note la vélocité des McLaren. Et pourtant, à la surprise générale, c'est le néophyte Reutemann qui signe la pole position dès sa première participation ! C'est la première pole de l'écurie Brabham depuis deux ans. Reutemann ne doit toutefois pas cette performance qu'à son seul talent puisqu'il a chaussé les pneus les plus tendres possibles, les Goodyear 852. Il précède Stewart de deux dixièmes. En seconde ligne on trouve les McLaren de Revson et Hulme. Les quatre premiers sont chaussés de pneus Goodyear. Fittipaldi obtient une belle cinquième place avec la Lotus 72D. Il précède Regazzoni, Cevert et Ickx. Andretti et Peterson occupent la cinquième ligne. En sixième ligne on trouve la Surtees de Schenken et la Matra d'Amon.
On signale la déroute des BRM: Ganley est 13ème, Wisell, 17ème, Gethin 18ème, Marko 19ème et Soler-Roig 21ème ! Parmi les autres déceptions, on trouve Hill (16ème après un accident) et Walker (18ème). Le jeune Lauda ferme la marche.
Le Grand Prix
La course se déroule sous un soleil de plomb. Plus de 80 000 spectateurs sont présents sur le circuit, mais la marée humaine est impressionnante car on compte des milliers de resquilleurs, sans compter les fans massés aux abords de la piste. La plupart sont venus encourager Carlos « Lole » Reutemann, promu héros national en une seule journée. Le président de la Nation argentine le général Alejandro Lanusse est présent dans la tribune d'honneur.
Afin de briller devant ses supporteurs, Reutemann a choisi de s'élancer avec les pneus ultra-tendres utilisés en qualifications. Son pari est très risqué car cette gomme s'altère rapidement. Les autres coureurs s'élancent en pneus durs, et notamment Stewart qui prend les Goodyear G31.
Catastrophe chez Matra: la boîte de vitesses casse sur la voiture d'Amon peu avant le départ. A cause de cela, Amon ne parvient pas à se placer sur la grille cinq minutes avant le départ, et doit donc rester au garage. Voilà encore de quoi faire fulminer Jean-Luc Lagardère...
Départ: Reutemann prend un bon envol mais c'est Stewart qui part le mieux et vire en tête dans la Curvòn Passadore devant l'Argentin, Hulme et Fittipaldi. Revson est enfermé au milieu du paquet et perd des places.
1er tour: Stewart mène devant Reutemann, Hulme, Fittipaldi, Regazzoni, Peterson, Cevert, Revson, Schenken et Pescarolo. Wisell doit s'arrêter au garage BRM à cause d'un accélérateur coincé.
2e: Fittipaldi déborde Hulme et s'empare de la troisième place. Plus loin Ickx double Pescarolo. Soler-Roig sort de la route et atterrit dans les protections à cause d'un accélérateur bloqué. Son équipier Gethin doit lui aussi renoncer suite à la rupture d'une canalisation d'huile.
3e: L'accélérateur de Walker est bloqué au niveau de la ligne droite des stands. L'Australien sort de sa Lotus et court vers son garage pour chercher de l'outillage afin de réparer lui-même la panne. Wisell a quant à lui repris sa route.
5e: Stewart compte une seconde et demie d'avance sur Reutemann, pourchassé par Fittipaldi et par Hulme.
7e: Fittipaldi est désormais juste derrière Reutemann. Andretti s'arrête au stand Ferrari à cause de soucis avec son allumage. Il repart après quelques secondes d'arrêt, ses mécaniciens ne pouvant rien faire pour l'aider.
8e: Fittipaldi déborde Reutemann et prend ainsi la seconde place.
9e: Fittipaldi revient juste derrière Stewart. Ickx est dans les roues de Schenken et Revson, qu'il va déborder au tour suivant. Walker est disqualifié pour avoir essayé de réparer sa voiture en dehors de la voie des stands.
10e: Stewart mène devant Fittipaldi (0.6s.), Reutemann (3.7s.), Hulme (4.1s.), Regazzoni (8.6s.), Peterson (10.1s.), Cevert (10.6s.), Ickx (13.4s.), Revson (14.1s.) et Schenken (15s.).
12e: Hulme prend la troisième place à Reutemann qui ne peut pas faire grand-chose pour lui résister: ses pneus ultra-tendres sont déjà usés. Son équipier Hill abandonne à cause d'une panne de pompe à essence. La course est aussi finie pour de Adamich qui rencontre un problème d'alimentation.
14e: Fittipaldi demeure dans le sillage de Stewart. Hulme se rapproche des deux leaders.
16e: Stewart, Fittipaldi et Hulme se tiennent en à peine deux secondes. Reutemann est distancé et précède Regazzoni. Cevert prend la sixième place à Peterson.
18e: Stewart commence à prendre une certaine marge sur ses deux poursuivants Fittipaldi et Hulme. Ceux-ci ne peuvent pas suivre le rythme imposé par la Tyrrell. Ickx double Peterson.
20e: Stewart est premier devant Fittipaldi (4.2s.), Hulme (6.6s.) et Reutemann (15s.).
22e: Des flammes s'échappent par intermittence des pots d'échappement de la Ferrari d'Andretti. Par prudence, l'Américain décide d'abandonner.
24e: Fittipaldi a quelques problèmes avec sa boîte de vitesses. Il ne parvient plus à suivre Stewart.
25e: Stewart réalise le meilleur tour en course: 1'13''66'''.
27e: Stewart a six secondes d'avance sur Fittipaldi. Hulme est à sept secondes de l'Écossais. Reutemann est relégué à plus de vingt secondes. Suivent Regazzoni, Cevert, Ickx, Peterson et Revson.
30e: Stewart est désormais tranquillement installé au commandement avec dix secondes d'avance sur Fittipaldi. Celui-ci est de plus en plus menacé par Hulme.
32e: A plus de quarante secondes de la tête de course, Regazzoni voit revenir Cevert et Ickx dans ses rétroviseurs.
33e: Fittipaldi se démène avec son levier de vitesses. Hulme est dans ses échappements.
34e: Cevert prend la cinquième place à Regazzoni.
35e: Hulme s'empare de la deuxième position aux dépens de Fittipaldi. Le Néo-Zélandais se trouve à une quinzaine de secondes de Stewart.
36e: Ickx dépasse son coéquipier Regazzoni.
38e: Isolé au quatrième rang, Reutemann se débat avec des pneus complétement détruits. Il est inconcevable qu'il puisse aller au bout de la course dans ces conditions.
40e: Tout va bien pour Stewart à l'approche de la mi-course. Il possède dix-huit secondes de marge sur Hulme. Fittipaldi est à plus de vingt secondes.
43e: Reutemann a du mal à garder sa Brabham en piste tant ses gommes sont abîmées. Son directeur sportif Keith Greene est contraint de le rappeler aux stands.
45e: Les pneus de Reutemann sont détruits: son choix était trop audacieux. L'Argentin s'arrête au stand Brabham pour prendre des Goodyear G31. Il perd un tour dans l'opération et ne se relance qu'en quatorzième et avant-dernière position. Le public est déçu.
47e: Peterson commet une erreur et effectue un petit tête-à-queue. En voulant l'éviter, Revson sort de la route et passe dans les graviers. Peterson repart sans perdre en place, mais Revson tourne désormais au ralenti.
48e: Revson a dégringolé au treizième rang. Son moteur a avalé des graviers et ne tourne plus rond.
50e: Stewart mène devant Hulme (20.3s.), Fittipaldi (28.8s.), Cevert (51.5s.), Ickx (56.5s.), Regazzoni (57.2s.), Peterson (57.6s.) et Schenken (1m. 09s.). Suivent Pescarolo, Ganley, Marko, Lauda et Reutemann, relégués à un tour.
52e: Revson doit renoncer, moteur cassé.
54e: Stewart continue de creuser légèrement l'écart sur Hulme. La Lotus de Fittipaldi est en revanche de moins en moins performante. Le Brésilien perd peu à peu l'usage de ses vitesses.
56e: Stewart compte désormais vingt-cinq secondes d'avance sur Hulme. Fittipaldi perd plusieurs secondes par tour. Beaucoup plus loin, Schenken se rapproche de Peterson dont la March n'est pas très performante.
59e: Schenken prend la septième position à Peterson.
60e: La boîte de vitesses de Cevert est victime d'une fuite d'huile. Le jeune Français regagne le stand Tyrrell et doit mettre pied à terre. Schenken entre dans les points.
61e: Fittipaldi ralentit après Horquilla à cause d'un bris de suspension à l'arrière. De plus, la boîte de vitesses de la Lotus ne fonctionne plus. Le Brésilien regagne son stand à très faible allure.
63e: Jusqu'ici dernier avec plusieurs tours de retard, Wisell renonce suite à l'éclatement d'une durite d'eau. Des cinq BRM, seules celles de Ganley et de Marko sont encore en course.
65e: Stewart a vingt-cinq secondes d'avance sur Hulme. Ickx occupe désormais la troisième place mais possède plus d'une minute de retard sur l'Écossais.
67e: Reutemann remonte dans le peloton grâce à ses pneus neufs. Il a doublé Ganley et Marko, et désormais rattrape Pescarolo.
70e: Stewart est premier devant Hulme (24.7s.), Ickx (1m. 08s.), Regazzoni (1m. 12s.) et Schenken (1m. 13s.). Suivent Peterson, Reutemann, Pescarolo, Ganley, Marko et Lauda, tous à un tour ou plus.
73e: Reutemann prend la septième place à Pescarolo. Un abandon en haut du classement pourrait lui permettre d'inscrire un point pour sa première course...
75e: A vingt tours du but, Stewart baisse le rythme et soulage la mécanique. Hulme est de toute façon bien trop loin pour pouvoir le rattraper.
78e: Stewart prend un tour à Peterson.
80e: L'écart est stable en tête de l'épreuve: Stewart a environ vingt-cinq secondes de marge sur Hulme qui ne cherche pas à revenir sur lui.
82e: En cette fin d'épreuve, Ickx est plus rapide que les deux hommes de tête mais n'a aucun espoir de les rattraper.
84e: La quatrième place de Regazzoni est quelque peu menacée par la remontée de Schenken.
86e: A dix tours du but, Stewart a toujours environ 25s. d'avance sur Hulme. Ickx a un peu plus d'une minute de retard. Suivent Regazzoni et Schenken. Peterson occupe le sixième rang avec une boucle de retard.
90e: Statu quo. Stewart mène devant Hulme (26s.), Ickx (1m. 03s.), Regazzoni (1m. 07s.), Schenken (1m. 11s.) et Peterson (à un tour). Reutemann concède un nouveau tour de retard à Stewart.
92e: La dernière incertitude de cette course concerne la quatrième place, pour laquelle Regazzoni est menacé par Schenken.
95ème et dernier tour: Jackie Stewart remporte sa dix-neuvième victoire en Formule 1 après avoir mené durant toute la course. Hulme termine deuxième et monte ainsi sur son premier podium depuis un an et demi. Ickx et Regazzoni sont respectivement troisième et quatrième, ce qui constitue plutôt une bonne performance pour Ferrari. Schenken termine cinquième pour sa première épreuve avec Surtees. Peterson prend le dernier point. La nouvelle vedette argentine Reutemann se contente de la septième place. Pescarolo, Ganley, Marko et Lauda rallient aussi l'arrivée.
Après la course
Sur le podium, Jackie Stewart reçoit un immense trophée presque aussi grand que lui, tandis que le public n'a d'yeux que pour Carlos Reutemann.
Par ce succès, Stewart prévient ses concurrents: lui et sa Tyrrell seront encore très difficiles à battre cette saison. Mais les McLaren et les Lotus peuvent constituer de sérieuses menaces. Les Ferrari 312 B2 semblent plus fiables mais guère dans le coup, tandis que les BRM ont dégringolé dans la hiérarchie. Enfin, on attend de voir quelles performances produiront les Brabham lorsqu'elles chausseront des pneus « normaux »...
Pour l'heure, Stewart et Tyrrell sont les premiers leaders des deux classements.
Tony