Présentation de la saison 1969
Le report du Grand Prix d'Afrique du Sud au 1er mars permet aux équipes d'apporter un grand nombre de nouveautés, mais les monoplaces « définitives » de la saison 1969 n'apparaîtront qu'au Grand Prix d'Espagne au printemps.
Matra porte ses efforts sur le championnat du monde des marques, et notamment sur les 24 heures du Mans suite à la superbe prestation d'Henri Pescarolo dans la Sarthe en 1968. Le constructeur français confie à nouveau ses voitures à l'équipe Matra-Elf International, c'est-à-dire à Ken Tyrrell. Néanmoins Jean-Luc Lagardère a chargé Bernard Boyer de la construction d'une toute nouvelle voiture, la MS80. C'est un modèle inédit, beaucoup plus « ventru » que la MS10. Boyer a regroupé les masses le plus près possible du centre de gravité. Les freins arrière ne sont plus dans les roues mais apposés à la boîte de vitesses. L'essence est logée de part et d'autre du cockpit. Mais à cause de problèmes de moteur, ce sont les anciennes MS10 qui roulent à Kyalami, équipées d'un aileron arrière et deux ailerons attachées à la calandre. L'Écossais Jackie Stewart est toujours le leader de l'équipe, et bien décidé à devenir cette fois champion du monde. A ses côtés Jean-Pierre Beltoise, champion d'Europe de Formule 2, nourrit aussi de grandes ambitions.
Le Team Lotus espère bien conserver ses deux titres mondiaux. Le champion Graham Hill, qui atteint les 40 ans, est mis en concurrence avec le jeune et rapide Autrichien Jochen Rindt, en provenance de Brabham. Bien que leurs styles de conduite soient différents, les deux hommes partagent le même hédonisme et la même excentricité. Ils s'entendent donc très bien. Grâce à Ford et à Firestone, Colin Chapman s'adjoint aussi les services de la star américaine Mario Andretti qui a impressionné tout le monde lors de ses premiers Grand Prix en 1968. Sur le plan technique, Chapman a lancé la conception d'une voiture à quatre roues motrices. Pour le moment, trois 49B sont présentes en Afrique du Sud. Chaque modèle possède une aile avant - mobile comme à l'arrière - fixée sur les bras de suspensions. Les deux ailes sont actionnées par le pilote via une pédale, selon le dispositif apparu à Mexico l'année précédente. Enfin, une quatrième 49B est engagée pour Jo Siffert sous les couleurs du team de Rob Walker.
Ferrari n'aligne qu'un seul bolide cette saison pour Chris Amon, toujours à la recherche de sa première victoire. Le Néo-Zélandais vient de remporter la série Tasman au volant de la Dino 246. Tino Brambilla sera le pilote de développement. Le directeur technique de la Scuderia est désormais Stefano Jacoponi. Mauro Forghieri s'est vu confier la direction d'un département de recherche qui travaille sur un moteur « boxer ». Bien que neuve, la 312 F1/69 confiée à Amon ne diffère guère de ses devancières. Les radiateurs et le réservoir d'huile sont désormais placés à l'arrière, au-dessus de la boîte, tandis que les échappements sont latéraux. Mais là n'est pas le plus important : les finances de Maranello sont dans le rouge et Enzo Ferrari négocie le rachat d'une part de son entreprise par Fiat.
Comme Chapman, Bruce McLaren élabore un modèle à quatre roues motrices. Mais en attendant, il conduit toujours avec son ami Denny Hulme les M7A à moteur Ford-Cosworth. La seule évolution majeure provient de la coque, inspirée de la McLaren de F5000. A l'arrière se trouve une aile mobile fixée aux suspensions. Comme en 1968, les deux Néo-Zélandais visent chacun le titre en fin de saison.
Brabham a troqué le V8 Repco contre le V8 Ford-Cosworth, et attend de substantielles améliorations. Le « vieux Jack » est toujours au rendez-vous, associé au jeune espoir Jacky Ickx qui a choisi de quitter Ferrari. Ce transfert n'est pas innocent : en rejoignant Brabham, Ickx conserve le soutient de Goodyear et de Gulf, les deux sponsors qui le financent en Endurance avec l'équipe de John Wyer. Il y a peu de modifications techniques : Ron Tauranac s'est contenté de retoucher la cloison arrière de la BT26A pour la fixation du nouveau moteur. Les ailes sont fixes.
BRM a réalisé une bonne opération en engageant John Surtees, laissé libre par le départ de Honda. Toutefois l'ancien motocycliste a d'autres projets et s'est ainsi lancé dans la conception d'une voiture de F5000. Pour l'heure, il pilote la P142 munie du nouveau moteur V12 BRM, qui est en fait le bloc de 1968 surmonté de culasses d'un type nouveau à quatre soupapes par cylindre. L'échappement se situe au centre du V. Ce moteur est censé développer 420 chevaux. Surtees est associé au jeune pilote anglais Jackie Oliver, non conservé par Lotus. Celui-ci pilote la P133 autrefois dévolue à Pedro Rodríguez.
Ce même Rodríguez conduit toujours une BRM pour le compte de l'équipe privée de Tim Parnell. Il s'agit d'une P126 identique à la 123 d'Oliver.
L'écurie Cooper est absente et selon certains experts bien informés, on ne la reverra plus, faute d'argent. Le retrait de BP a porté un coup fatal à sa trésorerie. John Cooper clame pourtant qu'il sera présent au Grand Prix d'Espagne avec une voiture à moteur Ford-Cosworth. En revanche l'équipe de Frank Williams débutera en Europe avec une Brabham achetée pour le jeune espoir britannique Piers Courage.
Côté pneus, Dunlop a effectué des essais intensifs durant la trêve hivernale, notamment avec Jackie Stewart. Le profil des gommes anglaises est très bas pour diminuer le maître couple et accroître la rigidité des flancs. Firestone fournit toujours Lotus, Ferrari et Walker, tandis que Brabham, McLaren et Parnell restent fidèles à Goodyear.
La Commission sportive internationale présidée par Maurice Baumgartner impose pour cette saison la pose d'extincteurs automatiques débouchant à la fois dans le cockpit et dans le compartiment moteur. Chez Lotus, BRM et Brabham, on utilise une bonbonne de gaz sous pression de marque Graviner. McLaren a choisi la firme Pyrotector et Matra le fabricant français M.A.I.P.
Présentation de l'épreuve
Jackie Stewart et Tyrrell ont très sérieusement préparé cette manche d'ouverture. L'équipe anglo-française s'est rendue à Kyalami en janvier pour des essais intensifs au cours desquels Stewart a évalué pas moins de quinze types de pneus Dunlop. Aussi la Matra-Ford de l'Écossais est-elle parfaitement mise au point pour le coup d'envoi de la saison.
Les Matra, les Lotus et les Brabham roulent donc avec non plus un mais deux échafaudages de stabilisateurs, à l'avant et l'arrière. Outre leur laideur, ces appareillages paraissent peu solides et certains craignent des accidents à haute vitesse. A signaler que seules les voitures de Tingle et de Klerk sont dépourvues d'aileron, ce qui leur donne un aspect suranné.
La plupart des équipes se posent la question de l'utilisation des échappements utilisés avant le dernier GP d'Italie. Ainsi chez Lotus, Hill et Andretti disposent des nouvelles pièces tandis que Rindt utilise un échappement « pré-Monza ». Les Lotus possèdent aussi des boîtes de vitesses différentes : Rindt et Hill ont des DG300 et Andretti une Hewland FG 200 plus légère.
Le Grand Prix d'Afrique du Sud accueille comme chaque année des champions locaux qui eux aussi ont quelques bonnes idées pour exploiter les ailerons arrière mobiles. Le Rhodésien John Love conduit une Lotus 49 engagée par sa propre équipe, le Team Gunston (une marque de cigarette du pays). Cette voiture est munie d'un aileron se positionnant en incidence nulle grâce à un ingénieux dispositif d'air comprimé lorsque la cinquième est enclenchée ! Love a pour équipier son compatriote Sam Tingle qui pilote une Brabham BT24 à moteur Repco. Le Sud-Africain Basil van Rooyen a acheté une McLaren M7A/1 grâce à la chaîne de garage Lawson. Cette voiture possède une aile arrière mobile à commande hydraulique fixée aux suspensions. Enfin Peter de Klerk conduit une antique Brabham BT20 de 1966 (!) propulsée par le moteur Repco à bloc Oldsmobile.
Goodyear se distingue aux essais avec ses nouveaux pneus DG12, les plus larges du moment. Ils jouent certainement un rôle dans les excellents chronos réalisés par Brabham et par Hulme. Firestone lance ses ZB11 de quinze pouces présents sur les trois Lotus officielles. La Ferrari d'Amon conserve des pneus de treize pouces à l'avant.
La rivalité qui oppose Love à van Rooyen durant le championnat d'Afrique du Sud subsiste dans cette épreuve où ils sont pourtant condamnés à la figuration. Tous deux possèdent de chauds partisans dans les tribunes et les spectateurs se divisent en deux clans, qui arborant un badge « I am for Love », qui proclamant « I am for Basil ».
Les qualifications
Les essais officiels s'étalent du mercredi au vendredi. Brabham crée la surprise en se plaçant en pole position avec un chrono d'1' 20''. Le vétéran n'est pas fini ! Il a surtout eu la bonne idée d'effectuer quelques essais préliminaires sur cette piste et sa voiture est donc très bien réglée. Son jeune équipier Ickx, victime d'un levier de vitesse récalcitrant, n'est que treizième. Les Lotus rencontrent de nombreux soucis et notamment des bris d'ailes arrière. Rindt obtient une belle seconde place tandis qu'Hill et Andretti se contentent respectivement des sixième et septième rangs. Les McLaren font bonne figure : Hulme se classe troisième (avec des échappements « pré-Monza ») et Bruce huitième (avec les nouveaux échappements). Chez Matra, Stewart obtient une satisfaisante quatrième place pendant que Beltoise se plaint d'une direction trop lourde et n'est qu'onzième. Amon décroche une brillante cinquième place avec sa toute nouvelle Ferrari.
Les BRM déçoivent : Surtees a cassé un moteur tandis qu'Oliver et Rodríguez sont repoussés en sixième ligne. Les deux rivaux van Rooyen (9ème) et Love (10ème) se partagent la quatrième ligne. Siffert est douzième avec la Lotus du Team Walker. En dernière ligne on retrouve de Klerk et Tingle qui n'a presque pas pu rouler à cause de soucis techniques.
Le Grand Prix
Le samedi matin, Surtees casse son moteur à 48 soupapes. Faute de bloc de rechange, il doit monter dans son mulet équipé d'un « 24 soupapes » et s'élance depuis le dernier rang.
Le ciel se voile peu avant le départ, ce qui fait hésiter les ingénieurs sur le type de pneus à adopter. Finalement, les nuages s'envolent vers l'océan et l'épreuve se déroulera sous le soleil. Totalement inefficaces sur piste sèche, les BRM sont chaussées de pneus Dunlop de type intermédiaires. Tim Parnell prie pour qu'il pleuve...
Départ : Stewart bondit depuis la deuxième ligne et s'échappe immédiatement devant Brabham et Rindt. Bon envol de Hill qui double Hulme à Crowthorne. Andretti est prisonnier du paquet après que son embrayage a collé. Mauvais départ également pour van Rooyen. Tingle démarre avec beaucoup de retard.
1er tour : Stewart mène devant Brabham, Rindt, Hill, Hulme, McLaren, Amon, Love, Siffert et Andretti.
2e : Stewart s'envole au commandement : ni Brabham ni les Lotus ni les McLaren ne peuvent le suivre. Siffert dépose Love.
3e : Stewart possède trois secondes d'avance sur Brabham. Love s'incline devant Andretti. Dans le peloton, Beltoise et Ickx tentent de se frayer un chemin.
5e : Stewart mène devant Brabham (4s.), Rindt (4.5s.), Hill (6s.), Hulme (7.5s.), McLaren (8.5s.), Amon (10s.), Siffert (11s.) et Andretti (12s.). Surtees pointe au quatorzième rang après que son coéquipier Olivier l'a gentiment laissé passer.
6e : L'aileron arrière de Brabham se brise. Le pilote australien lève le pied et regagne son stand. Amon s'incline devant Siffert et Andretti.
7e : Les mécaniciens de Brabham arrachent son aileron arrière. L'Australien va reprendre la piste en dernière position avec deux boucles de retard, sous le nez d'Amon.
8e : Hill déborde Rindt dans la descente vers Crowthorne. L'Autrichien se plaint d'un moteur poussif. Andretti poursuit sa remontée et déborde Siffert. Amon est copieusement bouchonné par Brabham.
9e : Hulme se rapproche de Rindt. Décidément déchaîné, Andretti prend le meilleur sur McLaren.
10e : Stewart est leader devant Hill (5s.), Rindt (7s.), Hulme (7.8s.), Andretti (9.5s.), McLaren (10s.), Siffert (11s.) et Amon (14s.). Suivent Love, Beltoise, Ickx, van Rooyen, Surtees et Oliver.
11e : Stewart prend déjà un tour aux BRM... Siffert s'empare de la sixième place aux dépens de McLaren.
12e : Hulme prend la troisième place à Rindt.
13e : Siffert reprend l'avantage sur Andretti. Love se fait doubler par Beltoise puis par Ickx. Van Rooyen abandonne suite à une défaillance de ses freins. Il roulait en douzième position.
15e : En plus de son moteur hésitant, Rindt se débat avec une mauvaise tenue de route. Il cède à Siffert et à Andretti. Ickx dépasse Beltoise après une belle bagarre.
17e : Six secondes séparent Stewart et Hill. Siffert et Andretti fondent sur Hulme. A cause de son moteur, Rindt ne peut résister à McLaren dans la longue ligne droite.
18e : Siffert déborde Hulme sur la ligne de chronométrage. Le Néo-Zélandais se retrouve sous la pression d'Andretti.
19e : Hulme ne peut rien faire contre la pointe de vitesse des Lotus et cède la quatrième place à Andretti.
20e : Au quart de la course, Stewart est premier devant Hill (6s.), Siffert (13s.), Andretti (14s.), Hulme (15s.), McLaren (18s.), Rindt (26s.), Amon (28s.), Ickx (38s.), Beltoise (41s.) et Love (42s.).
21e : Andretti dépasse Siffert. Les deux ailes de la Brabham d'Ickx s'effondrent. Le Belge regagne les stands au petit trot. Ses mécaniciens retirent les montants abîmés. Ickx envisage de repartir sans appui mais son démarreur se bloque. C'est l'abandon.
23e : Andretti part à l'assaut de Hill et se rapproche au rythme d'une seconde par tour. Il entraîne Siffert dans son sillage.
25e : L'attaque d'Andretti contraint à Hill à appuyer sur le champignon. Son retard sur Stewart diminue par conséquent légèrement. Bien plus loin, Love repasse devant Beltoise.
27e : Stewart mène devant Hill (5s.), Andretti (11s.), Siffert (12.5s.) et Hulme (15s.). Suit un peloton composé de McLaren, Rindt et Amon.
30e : Stewart a sept secondes d'avance sur Hill. Andretti n'est plus qu'à trois secondes de son équipier. Siffert ne parvient plus à suivre les autres Lotus et voit Hulme se rapprocher dangereusement.
31e : Andretti poursuit son effort et n'est plus qu'à une seconde et demie de Hill.
32e : Lorsqu'elle passe devant les stands, la Lotus d'Andretti émet un bruit horrible. La boîte de vitesses s'est bloquée. Andretti se laisse glisser le long de la pente avant de s'arrêter sur le bas-côté. Sa nouvelle boîte Hewland n'a pas tenu le coup, et son superbe début de course est ainsi anéanti. Love s'immobilise aussi dans l'herbe, en panne d'alimentation.
33e : Cela va mal pour Siffert qui a de plus en plus de mal à freiner à Crowthorne. Amon double Rindt.
34e : Hulme dépasse Siffert au bout de la longue pleine charge. Amon rejoint le stand Ferrari au ralenti, allumage hors d'usage. La course s'arrête là également pour Brabham dont la voiture désailée s'avère impossible à conduire.
36e : Douze secondes séparent Stewart et Hill. Hulme concède dix-sept secondes au leader.
38e : Stewart creuse de nouveau un écart substantiel sur Hill qui n'est décidément pas une menace.
39e : Stewart prend un tour à Beltoise. Rodríguez rejoint les stands avec un moteur surchauffé et met pied à terre.
40e : Stewart est un tranquille leader devant Hill (13s.), Hulme (24s.), Siffert (30s.), McLaren (43s.) et Rindt (49s.). Suivent Beltoise, Surtees, Oliver, de Klerk et Tingle, ce dernier étant très attardé.
42e : Surtees doit abandonner : comme pour Rodríguez, son moteur BRM a trop chauffé.
44e : Stewart totalise dix-sept secondes de marge sur Hill.
45e : Le calvaire de Rindt est terminé car sa pompe à essence ne débite plus. Beltoise récupère la sixième place.
47e : La course est peu animée. Beltoise est inquiet car son moteur ne tourne plus que sur sept cylindres. Il est donc astreint à la prudence pour sauver un point.
48e : De Klerk est victime d'un tête-à-queue. Il repart et regagne son garage pour faire inspecter sa voiture.
50e : Stewart conclut le meilleur tour de la course : 1'21''6'''. Il possède dix-huit secondes d'avance sur Hill, vingt-six secondes sur Hulme.
52e : Stewart devance Hill (18s.), Hulme (29s.), Siffert (34s.), McLaren (49s.), Beltoise (-1t.) et Oliver (-2t.).
55e : La course sombre dans la monotonie. Stewart est absolument intouchable et toutes les positions sont figées.
57e : Beltoise concède un deuxième tour à son équipier Stewart. Le Français ménage sagement son moteur endommagé et n'a rien à craindre d'Oliver qui tente d'éviter la surchauffe.
58e : Siffert n'a que sept secondes de retard sur Hulme mais il préfère être prudent plutôt que de convoiter la dernière marche du podium. En effet, sa Lotus souffre toujours d'un déséquilibre au freinage et en outre sa pompe à essence ne tourne pas correctement.
60e : Stewart est premier devant Hill (19s.), Hulme (31s.), Siffert (39s.), McLaren (59s.), Beltoise (-1t.) et Oliver (-2t.).
63e : Hill réalise son meilleur tour de l'après-midi (1'22'') mais sans espoir de rejoindre un Stewart intouchable.
65e : Vingt secondes séparent Stewart et Hill. Hulme accroît son avance sur Siffert.
67e : Nouveau tête-à-queue pour de Klerk. Le pilote sud-africain revient à son stand pour faire régler son embrayage et demeure longtemps immobilisé.
70e : A dix tours du but, Stewart est en tête devant Hill (19.5s.), Hulme (29s.), Siffert (45s.), McLaren (1m. 13s.), Beltoise (-2t.), Oliver (-3t.) et Tingle (-6t.).
72e : Stewart réduit un peu son allure en cette fin de parcours pour préserver la mécanique. Hill et Hulme réduisent très légèrement leur retard.
74e : McLaren concède un tour à Stewart.
75e : De Klerk repart des stands avec beaucoup de retard et ne pourra sans doute pas figurer au classement final.
78e : Stewart précède Hill (18s.), Hulme (29s.), Siffert (51s.), McLaren (-1t.) et Beltoise (-2t.).
80ème et dernier tour : Jackie Stewart remporte son sixième Grand Prix après une grandiose démonstration. Hill et Hulme l'encadrent sur le podium. Siffert obtient la quatrième place pour l'équipe Walker. McLaren inscrit deux points tandis que la dernière unité revient à Beltoise. Oliver et Tingle sont classés, au contraire de de Klerk qui affiche treize boucles de retard à l'arrivée.
La déroute des V12 est totale : les moteurs V8 Ford-Cosworth occupent les six premières places !
Après la course
Stewart - Hill - Hulme, le trio de cette manche d'ouverture est celui qui a dominé la saison 1968. Rien de neuf donc a priori, mais la splendide performance de Stewart impressionne tous les amateurs. Parti en tête, il s'est révélé absolument irrattrapable, ne commettant pas la moindre erreur, ainsi que le faisait naguère le regretté Jim Clark. Plusieurs journalistes comme Gérard Crombac font le parallèle entre les deux Écossais. Selon eux Stewart est le successeur naturel de son ami disparu, même si certains lui reproche un léger manque de panache. Les puristes lui préfèrent le pilotage plus généreux d'un Rindt ou d'un Ickx, par exemple.
Quoiqu'il en soit, Jackie Stewart et Ken Tyrrell savourent une récompense bien méritée. Car ce triomphe sud-africain est tout autant le fruit d'un pilotage impeccable que de l'intense travail abattu par l'Écossais et toute son équipe durant l'intersaison, avec les ingénieurs de Matra, d'Elf et de Dunlop. Cette saison 1969 s'annonce sous les meilleurs auspices pour cette association.
Tony